Citoyenneté malienne : À quand l’action ?

On devient citoyen lorsqu’on aime sa cité, son pays et qu’on s’engage pour le progrès de ceux-ci, au détriment de ses propres intérêts. Les insultes et les critiques insensées doivent laisser place à l’action. C’est seulement comme ça qu’on peut contribuer à améliorer le niveau de gouvernance de la société dans laquelle on vit et veiller ainsi à ce que les promesses de campagne des hommes politiques soient réalisées sur le terrain. Ceci passe par la mise en place d’un contrôle citoyen rigoureux au niveau de toutes les couches sociales. Cette façon de voir, de faire et de vivre c’est ce dont a urgemment besoin le malien d’aujourd’hui, notamment la jeunesse, pour la construction d’un État plus fort, plus souverain et plus démocratique.

A Sabalibougou, assis autour d’une théière, Drissa et ses amis se passent à tour de rôle les verres de thé qu’ils sirotent avec gaieté. Les chaises légèrement tirées vers l’arrière, à l’ombre, leurs évitent de mettre les pieds dans l’eau sale et boueuse qui stagne depuis longtemps tout le long de la rue. «Tout notre quartier est comme ça depuis que j’ai cinq ans. Notre maire ne fait rien pour gérer la situation », affirme Drissa. Les éffluves nauséabonds dégagées par ces nappes de fanges ne semblent point les déranger. Une situation devenue familière pour ces jeunes qui seraient l’« avenir de la nation ». Un avenir pour le moins hypothéqué lorsque personne ne se sent concerné par les réalités au niveau de sa commune voir de son pays. Il est plus qu’évident que le malien souhaite le changement mais, à quel prix ? Personne ne semble prêt « à faire le premier pas ». Tous semble attendre un changement qui viendrait de lui-même comme par enchantement, dans une société où les populations, la société civile et les acteurs politiques, pour la majorité, ont vendu leurs âmes au diable contre des miettes.

Depuis l’instauration de la démocratie et de la décentralisation administrative au Mali, à partir de l’année 1991, plusieurs associations politiques ont vu le jour, ainsi que des écoles pour la plupart communautaires. Pendant, cette même période, la citoyenneté aurait du suivre et se construire à différent niveau.

Si par le passé, l’école malienne était un exemple dans la sous-région, elle ne l’est plus aujourd’hui. Que dire des actions de développement, peu accompagnées par les populations au sein de leur commune. Tous attendent que les élus communaux prennent les rênes du changement sans jamais se questionner sur leur propre part de responsabilité dans ce même processus de changement, long et semé d’embûches. Or, « il est difficile pour les leaders de se contrôler eux-mêmes, en pleine action », écrit sur son site, Moussa Mara, ancien Premier ministre malien et leader du parti Yéléma. Et d’ajouter que « cette tâche revient, en démocratie, aux forces politiques qui ne sont pas au pouvoir ». Cette tâche n’est pas dévolue qu’au politique, c’est aussi le rôle du citoyen lambda, conscient et soucieux de l’avenir de sa nation.

Bien que globalement le processus de planification locale offre aujourd’hui l’opportunité aux citoyens de s’impliquer dans les prises de décision, au Mali on se sent pas concerné par le développement local voir même national. Certains vont même à dire que « Mali te djô » [1] qui signifie en français que le Mali ne sera pas construit. Un pessimisme nourrit au fil des années par la gouvernance peu reluisante d’un État fragile au niveau sécuritaire, social et économique.

Du contrôle citoyen à la redevabilité

Imaginons, un instant que Drissa et ses amis décident eux-mêmes d’assainir leurs cadres de vie. Ils poseront ainsi, un acte citoyen qui pourrait être suivi d’un contrôle social au niveau de plusieurs couches à travers le pays. Ils pourraient par exemple, participer au conseil communal notamment à la session budgétaire. Ils dénonceraient aussi les cas de dysfonctionnement au niveau de la collectivité. Des actions qui pourront être reprises par les associations de jeunes à travers le pays et qui permettraient d’asseoir un contrôle citoyen au niveau local. Un premier pas qui, selon le docteur Traoré Idrissa Soïba, militant actif de la société civile « doit permettre au national et au régional de répondre aux défis sociaux, politiques et économiques qui les interpellent ».

Le local est « un niveau stratégique de refondation de la gouvernance en Afrique par sa capacité potentielle à légitimer et à relier les modes et les systèmes de gestion des affaires publiques ». En d’autres termes, il faut partir du local pour refonder la gouvernance actuelle. L’enjeu est donc aujourd’hui de refonder la citoyenneté, de contribuer à ce que chacun se sente concerné, des citoyens en capacité de contribuer à la vie publique. Dans son livre « Citoyenneté, un enjeu local partagé » [2], Corinne Lajarge, experte des questions de citoyenneté internationale et de développement local écrit que « l’essence de la citoyenneté « est » la participation des individus à la vie publique de leur société, de leur communauté ». Une assertion partagée par Moussa Mara, qui pense plutôt que « c’est aux populations communales (soit individuellement, soit collectivement) que revient le contrôle citoyen des affaires locales », écrit-il dans le guide sur les questions de redevabilité [3].

Dans toutes les sociétés démocratiques, les gouvernements doivent au minimum rendre compte de leurs actes. C’est d’autant valable pour les institutions publiques que les représentations privées (les PDG rendent compte aux actionnaires, les organisations internationales et associations rendent compte au conseil d’administration…)

Cette forme de redevabilité comporte selon Moussa Mara, « une dimension multi acteurs sans laquelle des acteurs se trouveraient chargés de devoirs sans droits alors que les autres n’auraient que des droits à faire valoir ». Autant les élus sont redevables aux populations des politiques publiques locales qu’ils conduisent dans l’intérêt commun, autant les populations sont redevables aux élus de leur participation et contribution active au développement de la collectivité. C’est donc une direction que les Maliens devront tôt ou tard prendre pour une gouvernance plus inclusive dans l’intérêt de tous.

Face à une société civile politisée qui s’éloigne progressivement et inéluctablement de son champ d’action, le peuple malien est appelé à prendre son destin en main. Il devra faire fi de son mutisme assourdissant et de son manque de volonté à s’unir et à se mobiliser à chaque fois que la situation l’exige. Il est plus que temps, que les débats se tournent vers les sujets de refondation et de reconstruction d’une démocratie adaptée aux réalités socio-culturelles maliennes pour une gouvernance efficace. L’union faisant la force, seul, personne n’arrivera à rien.

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[1] Expression très usitée par le malien lambda

[2]Corinne Lajarge, citoyenneté Un enjeu local partagé, atelier du réseau à Madagascar – Mars 2014, page 8

[3]Moussa MARA, Guide redevabilité, Sur le chemin de la démocratie locale, Août 2012

 

 

Jeunesse et citoyenneté: le CRAC expose les problèmes actuels

Le club des amis du centre d’étude et de culture pour jeunes Mon seigneur Luc Sangare (CECJ) et le cercle d’action et de réflexion citoyenne (CRAC) ont initié ce samedi 20 février une conférence débat sur le thème, « la jeunesse face à  la perte des valeurs familiales et conjugales ». Elle a été animée par plusieurs conférenciers tels que le Dr Simaga. Alors même que le monde actuel se situe entre modernité et tradition, Salimata TOGORA, principale initiatrice de ce débat a offert aux jeunes, une tribune de rêve afin d’échanger avec le patriarche. Dr SIMAGA, 77 ans après avoir fait un bref historique de la culture malienne, exhortera les participants en ces mots, « Soyez une jeunesse pensante et non une jeunesse pensée ». En d’autres termes, Dr Simaga appelle les jeunes à  forger leur propre identité tout en faisant la part des choses, « il faut savoir mimer ce qui ne dégrade pas notre personnalité et rejeter les attitudes qui ne sont pas conformes à  nos valeurs », a-t-il dit. Quant à  l’écrivain Salimata TOGORA, elle rappellera l’urgence du moment, « suite au constat de la dégradation des valeurs sociales, il était plus que nécessaire d’organiser un panel de ce genre afin d’amener la jeunesse à  prendre conscience des réalités actuelles ». Elle ajoutera que « le modernisme ne doit pas être une raison pour faire fi de nos traditions qui nous définis en tant malien ». Modibo Kamissoko, chef du projet CRAC, quant à  lui dira que le but poursuivi à  travers les activités du CRAC est de sensibiliser la jeunesse sur la citoyenneté afin qu’elle soit capable de relever le défi du Mali de demain.

Citoyenneté : les « Sofas de la République » en remettent une couche

Les SOFAS de la République, un mouvement militant composé de jeunes leaders, estime que la question du nord si elle est complexe, n’empêche pas une bonne préparation des futures élections au Mali. l’organisation a tenu une conférence de presse jeudi 13 septembre, au Carrefour des Jeunes de Bamako pour lancer un appeler la jeunesse malienne au sursaut. Esprit civique Convaincus que la crise malienne est la conséquence d’élections frauduleuses, les SOFAS de la République estiment que pour maintenir la paix et de la démocratie, il faut la tenue d’élections libres et crédibles. Avec une meilleure implication des jeunes qui ont trop souvent été instrumentalisés par les politiques. «Â Ce mauvais comportement des dirigeant a été dicté par l’ignorance. Inconsciemment , la jeunesse a toujours eu une attitude de foule et non civique lors des élections », rappelle l’un des leaders. [«Â  Ma carte d’électeur, mon arme civique » ] Pour remédier à  tout ca, les SOFAS ont initié une vaste campagne civique intitulée «Â Ma carte d’électeur, mon arme civique ». Elle vise à  apporter aux jeunes des connaissances pour «Â mesurer la valeur du bulletin de vote et de sa portée sur l’avenir du citoyen et son pays », précise Mohamed Bathily, porte-parole du Mouvement. Le combat de Rass Batch et de ses amis, est d’aller à  la rencontre des jeunes pour cultiver en eux l’esprit de civisme. «Â Nous irons partout o๠nos moyens nous permettront d’arriver. Nous ne comptons que sur nous même », ajoute-t-il. l’ ignorance des populations sur les institutions de la République (telle l’Assemblée nationale), le sens du vote sont autant de phénomènes auxquels les SOFAS de la République veulent s’attaquer. Sur la question de la rétention des armes du Mali à  la frontière guinéenne, et qui fait les choux gras de la presse, Rass Batch s’est montré ferme, indiquant que la CEDEAO doit se ressaisir pour ne pas constituer un obstacle aux intérêts du Mali : «Â Il n’y a aucune raison qui puisse justifier la rétention des armes » a t-il déclaré. Organisation politique du point de vue philosophique, les SOFAS ne veulent plus cautionner «Â l’attitude passive de la jeunesse malienne ». Elle doit se faire entendre !

Citoyenneté démocratique et décentralisation : la jeunesse de Koulikoro sensibilise

Le thème de ce « projet de la campagne intégrée de communication sur la décentralisation en faveur des jeunes de la commune urbaine de Koulikoro » n’est pas fortuit. Selon le directeur général Séga Diabaté de la Radio Dionanka, ce thème d’une importance capitale pour une jeune démocratie comme la notre, alimente également les débats des jeunes dans leur grin autour du thé. « Le présent projet est un montage financier de 3948380 francs CFA dont les 90% sont à  la charge du programme ARIANE soit 3555540 francs CFAet le reste 10°/° sur fonds propres de la radio soit 394840 francs CFA » révèle t-il. Formation des jeunes La moitié de ce fonds a été mobilisée poursuit-il dans la formation des jeunes et animateurs de la radio, dans l’achat de matériel de production, de radio cassettes pour améliorer l’écoute radiophonique de leurs émissions par les membres des clubs. Satisfait de ce geste par la radio à  travers le programme Ariane , le porte-parole des clubs d’écoute de cette radio a promis aux donateurs d’honorer leurs engagements et dit être disposé à  mettre leurs temps et leurs savoirs-faire pour que ce projet puisse atteindre son objectif visé dans la commune urbaine de Koulikoro. Pour Amadou Lamine Singaré 2ème adjoint du maire, la communication intégrée sur la citoyenneté démocratique et la décentralisation est venue au bon moment dans sa commune. Arguant que la décentralisation est mal comprise à  Koulikoro à  savoir la mairie de Koulikoro est confrontée à  des problèmes de mobilisation de fonds surtout depuis la chute de l’huicoma qui versait plus de 60 millions dans la caisse de la mairie. Citoyenneté et jeunesse s’adressant aux jeunes venus massivement M. Singaré ajoute que ce projet est un défi à  relever par jeunesse. La cérémonie s’est achevée par la remise des matériels de communications aux représentants des clubs d’écoute des jeunes avant que le représentant du maire ne remette les matériels au coordinateur de ce projet Boussefou Koité. Ces matériels ne sont autres que des radios numériques pour faire les jeunes les éclaireurs auprès de la commune.