Nouveau code minier : quelles sont les innovations ?

Le Conseil national de transition a adopté hier mardi 8 août deux projets de loi dans le secteur minier. L’un portant Code minier au Mali et l’autre relatif au Contenu local dans le secteur minier. L’objectif de ces réformes est de corriger « les insuffisances pour une amélioration substantielle de la contribution du secteur minier à l’essor économique et social », expliquent les autorités.

Le nouveau projet de Code minier est censé apporter des innovations par rapport à celles adoptées par le Code de 2019. Tout en réaffirmant la souveraineté de l’État sur les ressources minérales du sous-sol, les changements sont relatifs à la réorganisation du régime des titres miniers et la réforme du régime fiscal et financier et entendent combler un vide juridique et résoudre des incohérences.

L’une des premières innovations concerne la mise en place de deux conventions d’établissement. Alors que le Code de 2019 prévoyait une convention unique pour la recherche et l’exploitation, d’une durée de 20 ans, la nouvelle disposition prévoit une convention d’établissement pour la phase de recherche d’une durée totale de 9 ans, y compris les 2 renouvellements, et une convention d’établissement pour la phase d’exploitation d’une durée de 12 ans, dont 2 pour la phase de construction de la mine.

Optimiser les profits

La suppression des exonérations sur les produits pétroliers en phase d’exploitation est également une innovation majeure introduite pour mieux faire profiter l’État de l’exploitation minière. En effet, pendant plus de 30 ans, il a exonéré les sociétés minières sur les achats de produits pétroliers durant la phase d’exploitation. Ce qui a coûté en moyenne 60 milliards de francs CFA par an sur les 3 dernières années, selon les rapports d’audit, alors que les sociétés minières n’ont versé que 36 milliards de dividendes à l’État au titre de sa participation sur la même période.

L’indexation de la taxe ad valorem sur le cours de l’or et des autres substances minérales est également une nouvelle disposition qui vise à permettre à l’État de bénéficier de la hausse des cours de ces produits.

Et pour mieux faire profiter l’économie nationale du potentiel de l’industrie minière, une loi sur le Contenu local a été initiée. L’innovation principale consiste à l’encadrer efficacement et à le promouvoir. Ceci permettra notamment d’augmenter la valeur ajoutée locale et la création d’emplois, de favoriser le développement d’une main-d’œuvre locale qualifiée et compétente et de contribuer ainsi à une participation plus accrue des populations à la chaîne de valeur des industries minières.

Contrats miniers : Comment gagner plus ?

Le Mali est le troisième pays producteur d’or en Afrique, après le Ghana et l’Afrique du Sud. Mais, pour beaucoup de Maliens, l’or ne brille pas assez pour eux. Si après plus de 30 ans d’exploitation industrielle des évolutions sont à noter, notamment en matière de lois, pour profiter davantage des retombées du secteur minier certains préalables sont requis.

La Loi minière en vigueur au Mali est l’ordonnance 2019-022 du 27 septembre 2019, entré en vigueur depuis un an, dont le décret d’application a été ratifié le 23 octobre 2020. Les Codes miniers successifs, jusqu’en 2012, étaient jugés très attractifs par les investisseurs. Le Mali, ne disposant pas du savoir-faire nécessaire, faisait alors la part belle aux sociétés minières pour assurer l’exploitation de son potentiel. Mais la dynamique est en train de changer, assurent les acteurs.

De 1970 à 2018, des exonérations étaient accordées, pour l’importation par exemple des produits pétroliers, à toutes les sociétés qui s’installaient au Mali. Désormais, elles sont taxables, depuis la loi de 2019. Mais cette loi n’est pas rétroactive, selon un principe intangible du droit. C’est pour cela que les sociétés déjà installées et dont les conventions, signées pour 30 ans, sont adossées aux codes précédents, ne sont pas régies par la loi de 2019, qui prévoit que désormais les conventions types, les mêmes pour toutes les sociétés, seront signées pour une durée de 20 ans. .

Les dispositions relatives à l’exonération de la TVA, accordée durant trois ans, même si la société commence à produire, n’existeront plus. Les sociétés devront la payer dès la première année de production.

Maximiser les ressources

« Tous les grands pays producteurs d’or se sont développés en misant sur la fiscalité minière et le Mali ne fait pas exception », explique M. Diadié Amadou Keita, Conseiller technique au ministère des Mines et du pétrole. Pour mieux profiter de son potentiel minier, l’État malien doit donc améliorer la fiscalité et mettre en adéquation la formation des Maliens avec les besoins du secteur, afin de favoriser le recrutement d’un personnel local qualifié. La mise en place prochaine de l’École des mines va dans ce sens, ajoute M. Keita. La mine de Nampala emploie par exemple un millier de personnes, dont vingt expatriés.

Une vie après l’exploitation est également prévue, avec des retombées non négligeables. Mais il faut tout d’abord assurer la transparence dans la gestion des ressources issues du secteur minierLorsqu’une société veut s’implanter, elle convient avec les communautés d’un plan de développement validé par la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM) et le département des Mines, rappelle M. Keita. L’étude d’impact environnemental valide aussi, ou non, l’exploitation, à travers le ministère en charge de l’Environnement.

C’est également la loi qui détermine la clé de répartition des patentes versées par les sociétés minières. 60% des montants sont destinés à la commune où l’exploitation est effectuée, 20% au cercle et 20% sont reversés au budget régional, en plus du paiement des impôts locaux. À titre d’exemple, « la commune de Sitakily a reçu environ 1,9 milliard de francs CFA de patentes l’année dernière de B2 Gold » et la même somme de Barrick.

Si l’État a souverainement décidé de limiter sa participation à 20% dans les années 1980, compte tenu de la particularité de l’activité, il peut en décider autrement. Cependant, il doit continuer à jouer son rôle régalien pour assurer la réalisation des infrastructures de base. « Faisons plutôt en sorte que les sociétés payent de façon juste et équitable ce qu’elles doivent à l’État », suggère M Keita. Parce que, « si le potentiel reste important, pour en profiter rien n’est irréversible », conclut-il.

Nouveau code minier: La durée de la clause de stabilisation fixée à 20 ans

Les investissements des compagnies minières opérant au Mali seront désormais protégés des modifications de régimes fiscaux et douaniers pour 20 ans. C’est ce qu’a déclaré en fin de semaine dernière la ministre des Mines Lelanta Hawa Baba Bah, précisant que cela représente une baisse par rapport aux 30 ans de l’ancien code minier.

Si le Mali a d’abord proposé dans son nouveau code minier, la période de stabilité à 10 ans, cette durée a été jugée trop courte et susceptible de décourager les investisseurs.

« Nous devons considérer que la phase de recherche minière peut prendre au moins sept, huit ou neuf ans. Nous avons donc opté pour une période de stabilité de 20 ans », a déclaré la ministre.

Dans la plupart des juridictions minières, les investisseurs tiennent beaucoup au respect et au maintien de la période de stabilité convenue lors de la signature des contrats. Le Mali entend par ce compromis garder son attractivité sur le marché minier international, alors qu’il cherche à accroître la contribution du secteur minier (principalement aurifère) à son économie.

Source: Agence Ecofin