Orange Mali- Moov Africa Malitel : les conséquences d’une condamnation

Le 13 mars 2023, la Cour suprême a condamné les opérateurs de téléphonie mobile Orange Mali et Moov Africa à payer la somme de 176 milliards de francs CFA, au titre de principal et dommages et intérêts. Ils avaient été assignés en justice par le Réseau malien des consommateurs de téléphonie mobile (REMACOTEM). L’association, qui se réjouit de sa victoire, promet qu’aucun emploi n’est menacé suite à cette condamnation et que des projets structurants pourront être réalisés afin de permettre un meilleur épanouissement du secteur, qui doit être plus rentable.

C’est une amende qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Dans un arrêt rendu le 13 mars 2023, la Cour suprême a confirmé la condamnation prononcée le 3 novembre 2021 contre Orange Mali et Moov Africa Malitel pour avoir facturé des appels sur répondeur. Une douche froide pour les deux opérateurs, qui espéraient une annulation de la condamnation. Ils doivent s’acquitter d’une amende record de de 176 milliards de francs CFA. Moov Africa doit s’acquitter de 53 milliards de francs CFA et Orange Mali de 123 milliards Le Réseau des consommateurs maliens de téléphonie mobile (REMACOTEM), qui a porté l’affaire devant la justice, se réjouit de ce verdict, qui est l’aboutissement, selon son Président Dr Adama Traoré, d’une lutte de plus d’une décennie. En 2009, il organise un atelier dont l’objectif était d’évoquer les enjeux du secteur en interpellant les autorités sur la question. Devant le peu de réactions, il adresse une demande à l’Autorité malienne de régulation des télécommunications et des Postes (AMRTP) dirigé à l’époque par Choguel Kokalla Maiga, actuel Premier ministre de la transition. L’AMRTP, qui statue en première instance, ne donne pas suite. Il décide donc de porter l’affaire devant les tribunaux. Une plainte est déposée en 2013 au tribunal de la Commune III pour « abus et vol sur les appels vers répondeur ». Pendant plusieurs années, l’affaire stagne et le REMACOTEM n’arrive pas à avoir gain de cause. Notamment parce que l’Autorité de régulation, saisie par la justice, avait conclu à la « légalité de cette facturation », conforme selon elle au « principe de la liberté tarifaire ». Mais l’affaire est ensuite portée devant la Cour d’appel, qui demande l’avis d’un expert indépendant. Ce dernier juge les facturations illégales. Les conseils des deux opérateurs contestent le rapport de l’expert, mais le 3 novembre 2021, la Cour d’Appel condamne tout de même Orange et Moov Africa Malitel.

Une amende record

Cette amende record est l’une des plus importantes infligées à des opérateurs de téléphonie en Afrique depuis ces dernières années. Entre 2014 et 2021, au Niger, au Ghana, au Bénin, au Cameroun ou encore au Sénégal, des opérateurs de téléphonie mobile ont été frappés par des amendes infligées par l’autorité de régulation de leurs pays. Du non-respect de la qualité de service à la violation de la réglementation, ils ont été sanctionnés à payer jusqu’à 20 milliards (pour le Sénégal) pour n’avoir pas honoré leurs devoirs. Ce n’est donc pas une exception, mais l’amende infligée aux opérateurs au Mali n’est à nulle autre pareille. « Ils sont condamnés à payer aux consommateurs ce qui a été grugé », justifie Dr Adama Traoré, Président du REMACOTEM.

Selon une recommandation de l’Union internationale des télécommunications (UIT), « le répondeur jusqu’à l’action utilisateur est gratuit (environ 5 secondes) », explique un acteur. C’est donc la facturation indue de ce service gratuit qui a été sanctionnée. En effet, il est paradoxal qu’un client qui émet un appel et tombe sur la voix de l’opérateur, même s’il n’a pas son correspondant, paye l’annonce de l’opérateur. Or, souvent, par encombrement, on tombe sur le répondeur, donc par la faute même de l’opérateur », ajoute le Dr Traoré.

Recours possible ?

Si la condamnation des deux plus grands opérateurs de téléphonie du Mali a été prononcée par le dernier degré de juridiction, le rabat d’arrêt peut être porté, dans le cas d’espèce, par les sociétés condamnées devant la Chambre civile de la Cour suprême. En dépit de nos nombreuses sollicitations, ni les opérateurs, ni les syndicats qui y sont liés n’ont souhaité s’exprimer. Mais, selon nos informations, leurs conseils ont déjà déposé un recours pour le rabat d’arrêt. Il consiste à demander à la juridiction qui a tranché le litige de revenir sur sa décision à travers des arguments de droit. Encore faut-il être en mesure de prouver des erreurs de procédures, précise Maître Mamadou Camara, juriste. Un recours exceptionnel, potentiellement possible à mettre en œuvre, mais qui ne suspend pas l’exécution de la décision prise, explique-t-il. Si la Cour accueille favorablement la demande, elle peut remettre la décision en cause.

Graves conséquences

Si les opérateurs épuisaient tous leurs recours sans succès, quelles conséquences pourrait avoir cette condamnation? Les commentaires s’enchaînent sur les réseaux sociaux, souvent mêlés à de la désinformation. L’opérateur culturel Abou Guitteye d’Africa Scène, qui a initié Bama-art, y était tombé avec un post alarmiste sur Orange qui a mis fin à son soutien aux activités culturelles. Selon un observateur qui a requis l’anonymat, cela pourrait être l’une des nombreuses conséquences. « Ces opérateurs soutiennent la culture, le sport, et font aussi beaucoup d’activités pour les populations. Tout ceci pourrait être menacé ». Sur le plan économique, c’est encore difficile à évoluer, les sociétés n’ayant pas communiqué récemment sur leurs résultats. Le groupe sénégalais Sonatel, dont Orange Mali est une filiale en partenariat avec Orange (France), se réjouit de sa santé financière. Le 24 février 2023, Sonatel a publié son chiffre d’affaires pour l’année 2022, soit qui est de 1 455 milliards de francs CFA sur cinq pays (Mali, Sénégal, Guinée, Guinée Bissau, Sierra Leone). Le chiffre d’affaires par pays n’a pas été précisé. En 2019, sur un chiffre d’affaires de 1 086 milliards de francs CFA réalisé par Sonatel, la filiale malienne a contribué à hauteur de 321 milliards. Orange Mali revendique aujourd’hui plus de 12 millions d’abonnés. Avec Moov Africa Malitel, filiale à 51% du groupe Maroc Télécom, les deux opérateurs paieraient environ 200 milliards de francs CFA par an aux impôts.

Mieux surveiller

« Il y a beaucoup à faire concernant les multinationales, qu’il s’agisse du domaine minier ou de celui des opérateurs de téléphonie », afin que les États qui les accueillent aient une vue complète sur leurs activités, explique Maître Camara. La préoccupation est pour les investissements futurs. Ceux-ci pourraient craindre une insécurité juridique ou judiciaire, même si les condamnations peuvent paraître équitables au regard de ce qui est souvent dissimulé, comme le reproche le Réseau des consommateurs. Il est donc judicieux de mieux contrôler pour sauvegarder les intérêts du public.

Mais, dans le cas présent, « il faut souhaiter que cela se termine pour le bien de tous », estime maître Camara. Sans commenter la décision de justice, on ne peut nier son impact social et économique. « La négociation étant toujours possible, il faut espérer que les parties n’iront pas à l’exécution forcée et que la raison prévaudra », espère-t-il.

Mais le débat n’est pas qu’une question d’argent, c’est un problème de fait, relève le Dr Traoré. Par jour, un client peut payer jusqu’à 1 000 francs CFA pour le répondeur. Les opérateurs revendiquant chacun plusieurs millions d’abonnés, cela représente une somme colossale. Le combat est donc « d’arrêter cette hémorragie ». « Nous nous sommes engagés dans des projets structurants. Nous avons mis en place SOS création d’emplois. L’argent reviendra aux Maliens ».

Estimant que les sommes perdues vis-à-vis des opérateurs sont colossales, le REMACOTEM a confié au Centre scientifique des chercheurs du Mali la responsabilité de rédiger un document afin d’avoir un regard plus vigilant sur l’argent généré par les opérateurs de téléphonie. Des opérateurs « liquides » qui doivent rétribuer davantage.

Au final, le combat du Réseau est pour les travailleurs des sociétés concernées. « Les travailleurs sont lésés ici au Mali par rapport aux travailleurs » de la compagnie mère. Le combat est pour le syndicat et personne n’ira au chômage », assure le Président du Réseau.

Kayes : des « esclavagistes » condamnés à la peine de mort

Un grand pas a été franchi dans la lutte contre l’esclavage dans la région de Kayes. Au cours de la session spéciale de la cour d’Assises de la région au titre de l’année judiciaire 2023, ouverte depuis le 27 février et toujours en cours,au moins sept « esclavagistes » ont été condamnés à mort et à cinq ans de prison  pour les meurtres de Youssouf Cissoko, Mountaga Diarrisso, Gossi Cissoko et Djané Cissoko, quatre militants anti-esclavagistes, qui ont été battus à mort dans le village de Djandjamé le 1er septembre 2020.

Il s’agit de Djibril Badiaga, Moussa Sissoko dit Papi, Ousmane Diarrisso dit Tamba, Hameye Diarrisso, Mohamed Diawara, Mohamed Diaby dit Hameye, tous condamnés à mort et Lamba Cissé qui a écopé de cinq ans.

Si les associations de lutte contre l’esclavage par ascendance se félicitent des verdicts, les charges retenues contre les condamnés (associations de malfaiteurs, assassinats, complicité d’assassinat, coups et blessures volontaires) ne leur convient pas pour autant.

« Nous espérons toujours que le gouvernement va adopter une loi spécifique pour criminaliser l’esclavage par ascendance qui fait des ravages dans nos localités. Elle n’est pas spécifiée actuellement dans les lois existantes », regrette Mikhailou Diallo, le président régional Kayes de la fédération malienne des associations de lutte contre l’exclusion, la discrimination, l’esclavage par ascendance et les inégalités sociales (FMALEDEI).

Selon les organisations, les crimes liés à l’esclavage sont considérés comme des problèmes de terre, des conflits entre clans, des coups et blessures… par la justice.

« Il ne pourrait en être autrement en absence de loi criminalisant la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali », atteste Me Lury Nkouessom, chef de file de la composante accès à la justice du projet Mali Justice Project (MJP).

Cependant d’autres mesures sont en vigueur au Mali pour lutter contre la traite des personnes. En février 2011, le gouvernement a créé le Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées (CNLTP). Cela a été suivi par l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012, relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (elle prévoit des sanctions pénales pour les individus coupables de traite des personnes pouvant aller de 5 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité selon les circonstances), et le lancement d’un Plan d’action national (2018-2022) en février 2019. Le Plan d’action national 2018-2022, qui fait actuellement l’objet d’une révision par les parties prenantes, prévoit, entre autres, de promouvoir la coordination et la coopération des acteurs dans la lutte contre la traite des personnes. Le Ministre de la justice Mamadou Kassogué a, en outre, appelé, en décembre 2021, les procureurs généraux « à prendre des dispositions pour que des poursuites soient engagées pour tous les cas de violences physiques et d’atteintes aux biens exercées contre ces personnes en considération de leur statut ».

Au Mali, l’esclavage a été abolit par l’administration coloniale depuis décembre 1905. Las, il persiste toujours dans le pays notamment dans la région de Kayes où plusieurs cas ont été recensés récemment. Rien qu’en juillet dernier, le cadavre brulé et mutilé de Djogou Sidibé, 71 ans, a été retrouvé près de son champ, non loin de son village, Lany Mody, dans le cercle de Kayes. La raison de l’assassinat, à en croire, plusieurs organisations de lutte contre l’esclavage est liée au refus de la vieille femme de se soumettre au statut d’esclave.

 

Coup d’État du 18 août : Réactions de la classe politique

Au lendemain du coup d’État qui a mis fin au régime d’IBK le 18 août 2020, des acteurs de la scène politique nationale ont réagi, condamnant tous le renversement de l’ordre constitutionnel et appelant à un retour rapide à la normalité. Pour Aliou Boubacar Diallo, « on ne peut que regretter et condamner l’intrusion des forces armées dans le jeu démocratique malien, mais on ne peut pas non plus ignorer que le peuple les soutient très massivement ». Le parti Yelema de Moussa Mara condamne également le coup d’État, « perpétré par une partie de la hiérarchie militaire ». Le RPM appelle la communauté internationale et l’ensemble des démocrates et républicains à œuvrer pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. La Codem lance aussi un appel à la communauté internationale et aux partenaires pour un maintien de la coopération avec le Mali. La CFR invite l’ensemble des forces vives de la Nation à s’impliquer pour un dénouement heureux de la crise sociopolitique par le dialogue et la concertation.

Charles Taylor, de nouveau condamné

Un tribunal ad hoc soutenu par l’ONU a confirmé jeudi en appel la condamnation à  cinquante ans de prison de l’ex-président du Liberia Charles Taylor pour des crimes contre l’humanité commis lors de la guerre civile en Sierra Leone (1991-2002). «La chambre d’appel est d’avis que la peine imposée en première instance est juste à  la lumière de la totalité des crimes commis», a déclaré le juge George King lors d’une audience publique à  Leidschendam, dans la banlieue de La Haye (Pays-Bas). Ce jugement rendu par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone marque la fin de cette procédure marathon qui dure depuis plus de sept ans contre l’ancien homme fort de l’Afrique de l’ouest. La guerre en Sierra Leone est l’une des plus atroces de l’histoire africaine récente, avec 120 000 morts et des milliers de civils mutilés. Charles Taylor avait, selon les juges, fourni armes, munitions, médicaments, cigarettes, alcool et autres aides logistiques au rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en échange de diamants. Souvent drogués, les rebelles se sont rendus tristement célèbres pour des meurtres, viols systématiques, enlèvements et amputations. Ils ont en outre kidnappé des milliers d’enfants, obligés de combattre dans leurs rangs. Arrêté et transféré à  La Haye en 2006, Charles a aidé à  planifier «certains des crimes les plus haineux de l’histoire de l’humanité» sans pour autant avoir le contrôle direct des rebelles du RUF, avaient estimé les juges en première instance. Dernier round pour Taylor Charles Taylor, 65 ans, avait été reconnu coupable en avril 2012 d’avoir aidé et encouragé une campagne de terreur visant à  obtenir le contrôle de la Sierra Leone. Sa peine avait ensuite été fixée à  50 ans de prison alors que l’accusation en réclamait 80. C’’est certainement le dernier jugement du TSSL, qui siège pour les autres procès à  Freetown, en Sierra Leone : un seul suspect reste en fuite mais des rumeurs, jamais vérifiées, ont annoncé son décès. Le procès de Charles Taylor avait été délocalisé de Freetown à  La Haye pour des raisons de sécurité.«C’’est un jour extrêmement décevant pour nous et nous sommes profondément déçus après ce jugement», a pour sa part regretté l’avocat de Charles Taylor, Morris Anyah. Le jugement en première instance était le premier rendu par la justice pénale internationale contre un ancien chef d’à‰tat depuis celui prononcé en 1946 par le tribunal militaire international de Nuremberg qui jugea 24 des principaux responsables nazis. Le procès en première instance de Charles Taylor, terminé en mars 2011, avait notamment été marqué par le témoignage de l’ancien mannequin Naomi Campbell, qui avait dit avoir reçu des diamants bruts, selon elle envoyés par Charles Taylor après un dà®ner organisé en 1997 en Afrique du Sud.

Destructions à Tombouctou : « Les musulmans sont choqués »

Du samedi 30 juin au lundi 2 juillet, les islamistes d’Ançar Dine et d’AQMI ont détruit sept des seize mausolées que compte Tombouctou et ont cassé la porte d’entrée de la mosquée Sidi Yeyia. Un tollé général a suivi ces actes, condamnés tant à  l’intérieur qu’à  l’extérieur du pays. Au-delà  de la richesse culturelle des sites détruits, ce sont bien des monuments religieux o๠des milliers de fidèles musulmans se rendaient chaque année pour se recueillir et prier. Alors, à  Bamako comme ailleurs, on en comprenait pas le silence des autorités religieuses face à  ces destructions. Approbation ? Refus de prendre position ? Si oui pourquoi ? Ces incompréhensions peuvent désormais être dissipées. Le Haut Conseil Islamique s’est réuni le lundi dernier, au moment même o๠les occupants de Tombouctou brisaient la porte de la mosquée. Et voici son point de vue, présenté au Premier Ministre hier mardi lors d’une audience à  la Primature. Selon El Hadj Mahmoud Dicko, président du HCI tous les musulmans ont le C’œur meurtri suite aux événements survenus à  Tombouctou. Ce qui est en train de se dérouler présentement à  Tombouctou les a énormément « choqués ». « La religion musulmane n’a jusqu’ici jamais accepté de tels comportements et la société a une éthique et la religion musulmane ont pour référence Tombouctou » affirme-t-il. Indignation et implication l’objectif de la rencontre avec le chef du gouvernement était d’abord de dire la « profonde indignation devant des agissements qui ne font pas honneur à  la religion musulmane ». Il est difficile pour des musulmans de comprendre qu’on puisse se réclamer de l’islam et poser de tels actes. Le HCI a donc décidé de mettre en place un groupe de hauts dignitaires musulmans qui auront pour mission d’expliquer le droit musulman à  l’opinion. Ceci dans le but de dissiper les malentendus existants sur divers sujets par des arguments convaincants. Au cours de cette même rencontre à  laquelle ont pris part plusieurs personnalités du monde islamique malien dont Ousmane Chérif Haà¯dara , il a été proposé Premier ministre une implication du HCI dans la recherche de solution à  la crise du nord. l’objectif serait de permettre aux autorités maliennes de rencontrer le chef rebelle, Iyad Ag Ghaly, de discuter avec lui et de « trouver ensemble un accord pour faire cesser la souffrance de nos compatriotes dans le nord du Mali ». « Nous pensons qu’il y a aujourd’hui des aspects de cette crise qui sont religieux, nous sommes en train de faire en sortes que tous les érudits du Mali se réunissent pour qu’ensemble nous étudions ce problème », selon le président du Haut conseil islamique, l’Imam Mahmoud Dicko.

Tabassage de Dioncounda Traoré : condamnation unanime

s’il y a au moins une chose qui est sure, C’’est que l’acte posé par les manifestants à  Koulouba, le lundi dernier, ne reçoit l’aval de personne. Même les instigateurs de la manifestation s’en sont désolidarisés. Tout comme la junte, dont se réclament les marcheurs, qui a condamné une agression « inqualifiable et répréhensible ». « Inqualifiable » et « injsutifiable » Le tout-premier communiqué que nous avons reçu à  notre rédaction émanait du Front Uni pour la Sauvegarde de la Démocratie et de la République (F pour qui cette agression « est l’aboutissement de la campagne de haine et d’apologie du crime entretenue depuis plusieurs semaines sur un certain nombre des radios FM privées et par des acteurs de la scène politique et de la société civile ». La déclaration finit sur une mise en garde du FDR contre « tous ceux qui veulent rendre ce pays ingouvernable ». Ont également tiré à  boulets rouge sur les instigateurs et les auteurs de cette manifestation, le PARENA, le RPM, entres autres. Le parti d’Ibrahim Boubacar Kéita dit dans on communiqué toute sa consternation et rappelle qu’ « en toutes circonstances, les institutions de la République doivent être respectées par l’ensemble des citoyens maliens, et nul ne saurait porter atteinte à  l’intégrité physique des représentants de l’Etat ». Toujours selon le RPM, ce genre de situation aurait pu être évité si les forces vives de la Nation avaient été associées au processus de décisions concernant la transition. Pas de sécurité au Palais? Tous s’étonnent que les mesures de sécurité n’aient pas été prises pour protéger le Président par intérim puisque les manifestations étaient prévisibles. Le FDR souhaite que ceux qui ont la responsabilité de la sécurité publique et de la protection des personnalités répondent de cette agression. Et que « les défaillances dans la chaine des responsabilités devraient être également identifiées et sanctionnées avec rigueur ». Du côté du SADI d’Oumar Mariko, l’un des meneurs du front anti-Dioncounda, on exprime son regret tout en rappelant que des manifestants avaient aussi été « blessés par balles lors de ces mouvements au palais présidentiel ». Le Bureau politique du parti écrit également que « dans un Etat de droit, un tel acte n’est pas justifiable quels qu’en soient les raisons ». La condamnation qui a fait le plus de bruit est celle venue du MNLA. Interviewé par RFI, un des responsables du Mouvement National de Libération de l’Azawad qui détient avec ses alliés, les deux-tiers du territoire malien a déclaré qu’il s’agissait d’un acte « irresponsable ». « Toute institution d’un pays a droit au respect… » a-t-il poursuivi.

Agression de Dioncounda Traoré: ce qu’en pensent les Bamakois

«C’’est une malédiction pour le pays de porter la main sur le président de la république. Le Président C’’est la première institution de la République. Ces agresseurs sont des ignares qui ne savent même pas qu’est ce que l’Etat. Le ministre de l’intérieur doit démissionner. Les instigateurs doivent être traduits en justice » déclare, outré, Moussa Koné un expert comptable rencontré à  l’ACI 2000. « Frapper le Président, c’est comme bruler le drapeau « C’’est honteux d’apprendre cette agression de Dioncounda Traoré Président de la république du MALI. Moi, je pense que Dioncounda représente la constitution malienne. Frapper Dioncounda C’’est comme bruler le drapeau malien le symbole de l’Etat. Avec cette situation d’insécurité dont le premier responsable a été victime, lynché par les badauds sans l’intervention de la force l’ordre, le spectre d’une guerre civile qui plane sur le Mali » ajoute son voisin, jeune juriste stagiaire. « Le ministre de la sécurité intérieur doit démissionner pour son irresponsabilité dans l’agression du président de la République. Qui peut imaginer dans un pays de droit qu’une poignée d’individus s’en prenne au président de la République sans la résistance de la force de Sécurité. Cela signifie une complicité des gens qui sont chargés d’assurer la sécurité de l’homme » affirme quant à  lui Broulaye Kouyaté économiste d’une entreprise en commune de Bamako. Habib Traoré , un entrepreneur, pense que l’année 2012 est une année de malheur pour le Mali« Le Mali est devenu une terre maudite, cette année 2012, on a assisté à  la division du territoire malien, le coup d’Etat militaire, l’affrontement entre les bérets rouges et les verts et même on frappe même le président de la République». Amissétou Sidibé, elle, dit craindre la démission de Dioncounda Traoré. « Si Dioncounda Traoré démissionne, C’’est le Mali tombe dans le chaos. Les manifestants d’hier étaient manipulés par une minorité politique qui veut profiter de la situation désastreuse du pays pour prendre le pouvoir». Amadou Kamissoko est un menuiser pense que C’’est la CEDEAO qui a provoqué cette agression de Dioncounda Traoré. « Tout le monde sait que le consensus est loin d’être autour de Dioncounda comme président de la République. C’’est Amadou Haya Sanogo qui a fait le coup d’Etat. C’’est lui qui doit diriger cette transition. Vu son âge, on ne devait le frapper mais ca va servir de leçon à  toute personne qui veut tromper le peuple malien».

Communiqué du FDR

Le Front Uni pour la Sauvegarde de la Démocratie et de la République (F condamne avec la dernière énergie l’agression inqualifiable perpétrée ce jour contre le président de la République dans ses bureaux. Cette agression inqualifiable est l’aboutissement de la campagne de haine et d’apologie du crime entretenue depuis plusieurs semaines sur un certain nombre des radios FM privées et par des acteurs de la scène politique et de la société civile. Le FDR s’étonne que des mesures de sécurité appropriées n’aient pas été prises pour protéger le palais présidentiel et le président de la République devant l’avancée des manifestants hostiles. Cet acte grave et inqualifiable interpelle ceux qui ont la responsabilité de la sécurité publique et de la protection des personnalités. Le FDR invite le Gouvernement à  prendre des mesures diligentes pour faire toute la lumière sur l’agression contre le président de la République, identifier les auteurs et les traduire en justice. Les défaillances dans la chaine des responsabilités devraient être également identifiées et sanctionnées avec rigueur. Le FDR met en garde tous ceux qui veulent rendre ce pays ingouvernable. Bamako, le 21 mai 2012 Le FDR

Condamnation de Taylor : Pourquoi tout ce bruit ?

Ce 26 avril 2012 est sans nul doute un jour important dans l’histoire de la justice internationale. Depuis Nuremberg, à  la fin de la seconde guerre mondiale, aucun chef d’Etat n’avait comparu devant un tribunal pour répondre de crimes de guerre. Le tristement célèbre ex-président du Libéria, Charles Taylor, vient de rouvrir, du moins l’espère-t-on, la liste. l’ex-homme fort arrêté en 2006 au Nigéria, rapatrié dans son pays puis transféré au Tribunal Spécial pour la Sierra Leone qui l’a jugé coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il avait en effet apporté un soutien actifs à  des groupes rebelles de ce pays. Le déploiement médiatique autour de cet événement a permis au monde entier d’être au courant de ce qui se passait dans ce tribunal ou des années durant, des centaines de témoins, plus de 50 000 pages d’enquête ont été écouté, examiné, pour faire la lumière sur le passé criminel de M. Taylor. Les défenseurs des droits de l’homme se disent satisfaits du verdict. Pour elles, C’’est la fin du règne de l’impunité. Pour Elise Keppler, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch, « les dirigeants puissants vivent confortablement depuis trop longtemps en pensant être au-dessus de la loi », «la condamnation de Taylor envoie un message aux détenteurs du pouvoir, les avertissant qu’ils risquent de devoir rendre des comptes pour des crimes graves». Les chefs de guerre ont-ils vraiment du souci à  se faire? Les regards se sont bien entendu tournés vers le prochain sur la liste, l’ivoirien Laurent Gbagbo, incarcéré lui à  la Haye pour crimes contre l’humanité pendant la crise postélectorale dans son pays. Ce qui est reproché à  Charles Taylor a encore cours dans de nombreux pays c’est-à -dire des meurtres, des atteintes à  la dignité de la personne, des traitements cruels, des pillages, et recrutement et exploitation d’enfants soldats, etC’… Le Soudanais Omar-el Béchir continue de se soustraire à  la justice et se promène dans le monde entier malgré un mandat d’arrêt international. Faut-il donc vraiment être satisfait de la condamnation de Taylor ? Enverra-t-elle réellement un signal fort à  ceux qui comme lui usent de la violence et de la mort pour arriver à  leur fins ? Rien n’est moins sur. Les seules peut-être à  souffler aujourd’hui, ce sont les familles des milliers de victimes et un motif d’espoir pour celles qui, de par le monde réclament que justice leur soient rendues, quelles soient chiliennes, tchétchènes ou de la République démocratique du Congo. Pour elles, « il s’agit d’une victoire pour les victimes sierra-léonaises qui ont subi les crimes atroces perpétrés par Taylor, et pour tous ceux qui cherchent à  obtenir justice lorsque les exactions les plus graves sont commises». Pour revenir au procès, l’équipe de la défense dispose d’un délai de 14 jours à  compter de la réception de l’intégralité du jugement pour notifier à  la cour son intention d’interjeter appel. La peine retenue contre Taylor sera prononcée le 30 mai prochain. Toute peine de prison sera purgée au Royaume-Uni conformément à  un accord conclu avec les Pays-Bas.

Coup d’Etat : 10 partis politiques comdamnent le coup de force

Considérant que le Mali vit un des moments les plus dramatiques et les plus périlleux de son histoire démocratique. Considérant en effet, qu’un coup d’Etat militaire vient de s‘opérer, empêchant du coup l‘aboutissement normal du processus démocratique par lequel le peuple du Mali devrait choisir librement ses nouveaux responsables à  la tête de l’Etat. Les partis politiques ci-dessous signataires : – condamnent fermement ce coup de force qui constitue un recul grave pour notre démocratie et exigent le retour à  une vie constitutionnelle normale; – demandent que le rétablissement de la paix dans le nord du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes soient les deux priorités de l’heure ; – appellent l’ensemble de la classe politique et toutes les forces vives de la Nation de s‘unir pour la réalisation de ces objectifs ; – exigent l’arrêt immédiat des pillages et des exactions, et demandent la libération immédiate de toutes les personnalités civiles et militaires. Fait à  Bamako, le 23 mars 2012 Les partis signataires : ADEMA PASJ URD UDD PDES UFDP MPR PSP PDJ PDP MDD