La gestion des déchets de Bamako confiée à une société marocaine

En effet, le groupe a conclu un accord avec la ville malienne pour la transformation des déchets en ressources énergétiques, indique l’agence Panapress. Le montant de la convention s’élève à  9 milliards de FCFA (plus de 150 millions de dirhams) pour une durée de 8 ans. Ozone va assurer le balayage des rues, le transport des déchets de ménages et des déchets biomédicaux des hôpitaux pour les acheminer vers un dépôt final. En plus du transport des déchets, l’entreprise marocaine envisage de réaliser des centres pour la transformation des déchets solides en ressources énergétiques pour le Mali. Des ingénieurs marocains avaient auparavant séjourné au Mali pour étudier la faisabilité du projet. Ce partenariat est le résultat de plusieurs mois de concertation entre Ozone et les autorités maliennes. La gestion des déchets : une épine dans le pied des autorités L’assainissement et la gestion des déchets dans la capitale malienne ont toujours été un problème pour les autorités maliennes; manque de financement ou manque de volonté politique des maires et autres responsables locaux, la question a souvent divisé les habitants et leurs élus. Au point que dernièrement, des citoyens en colère d’un quartier de Bamako ont décidé de déverser des ordures en pleine rue. C’est dire l’exaspération des populations face à  tant d’insalubrité et de négligence. Celle-ci est encore plus lancinante en période d’hivernage, lorsque les caniveaux sont bouchés, saturés d’ordures ou lorsque l’eau charrie les monceaux de déchets à  travers les artères de la capitale. Un spectacle désolant qui se répète chaque année et finit en fin de compte par devenir banal en provoquant l’indifférence de tous. Il ne faut pas non plus oublier les immenses montagnes de déchets solides à  Hamdallaye ACI et au quartier Ngolonina, o๠femmes et enfants ont trouvé un fond de commerce. Ramasser et extraire tout ce qui peut être récupéré, bouteilles de plastiques ou boà®tes de conserve, ceux qui cherchent leur pitance du jour, y ont trouvé de quoi vivre. Si le contrat passé avec la société marocaine Ozone qui prendra bientôt en charge la gestion des déchets de Bamako, est un petit signe d’espoir, l’entreprise a t’elle prévu de s’attaquer à  ces montagnes d’ordures, qui il faut bien l’avouer dire, ont quelque peu modifié le paysage de Bamako…

Les déchets, une opportunité de « Green business » en Afrique

« Economie verte et enjeux sociaux : Eradication de la pauvreté, emplois verts, santé et gestion des déchets » était le thème de la première table ronde de la Conférence Africaine de Haut Niveau sur l’Economie Verte qui s’est tenue le 22 et 23 février à  Oran (Algérie). Eriger la problématique écologique au sommet de l’agenda des Ministres Africains de l’Environnement, n’est que logique. Mais on attend surtout de la pratique et de l’innovation. Pour passer à  l’action, il faudra probablement une révolution. Dans son intervention à  Oran, le représentant de la Banque Africaine de Développement a indiqué que « Si l’Afrique a raté la révolution industrielle, elle ne doit pas rater la révolution écologique ». Faire du business éco logique n’est ce pas logique dans une Afrique en pleine mutation exposée aux chocs ? Mais pour éviter les chocs et réussir la double révolution industrielle et écologique, il faut une évolution des mentalités. Les déchets ne sont pas une fatalité mais offre des opportunités Les déchets peuvent rester une fatalité si les pollueurs ont un sentiment d’impunité. Pour éviter cette erreur appliquons donc le principe pollueur – payeur. C’’est aussi une erreur de ne pas transformer les déchets en opportunités. Pour faciliter l’évolution des mentalités dans l’optique de cette double révolution, le renforcement des capacités est indispensable. C’’est également impensable de constater encore aujourd’hui le manque d’approche globale en matière de gestion des déchets ainsi que l’absence d’identification des opportunités de création d’éco-entreprises et d’emplois verts. Comment ne pas avoir d’inquiétude face à  ce manque d’étude sur le green business et l’économie verte en Afrique ? Pourtant, à  la vue de certaines statistiques, on sourit. En Algérie, une étude sur l’économie verte sur cinq filières (énergies renouvelables, gestion des déchets, gestion de l’eau, services à  l’environnement, espace vert et bâtiment vert) conclut qu’on pourrait passer de 447 962 emplois verts ou verdis en 2012 à  près de 1 421 619 à  l’horizon 2025. A l’horizon 2025, le nombre d’emplois verts ou verdis dans le secteur de la récupération et la valorisation des déchets serait de 161 180 contre 23 848 en 2012. Selon le rapport What a Waste : A Global Review of Solid Waste Management, de la Banque Mondiale l’Afrique Subsaharienne et MENA (Moyen-Orient Afrique du Nord) représentent respectivement 5 et 6 % de la production mondiale des déchets solides dans le monde. Par jour l’Afrique Subsaharienne produit environ 169 119 000tonnes de déchets et MENA 173 545 000 tonnes. Mais en 2025 la population urbaine sera de 518 millions d’habitants avec une production de déchets qui passera à  0,85 kg par personne. Ce qui donne un total journalier de 441840 000 tonnes de déchets. Pour MENA la production annuelle va passer de 1,1 kg/personne/jour à  1,43 pour un total de 369320 000tonnes / jour pour les 257 millions de personnes en zone urbaine en 2025. Une attention particulière devrait également être portée aux Déchets d’à‰quipements à‰lectriques à‰lectroniques (DEEE). D’après le rapport de l’ONU, DEEE ? O๠en sommes-nous en Afrique ? La consommation intérieure est à  l’origine de la majorité (jusqu’à  85 %) des DEEE en Afrique de l’Ouest. l’ONU a focalisé son analyse sur cinq pays : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Libéria et Nigeria. Il en ressort que 650 000 à  1 000 000 de tonnes de déchets électroniques issus de la consommation intérieure sont produits chaque année et doivent être gérés afin de protéger la santé et l’environnement de la région. Autant d’opportunités de green business et de création d’emplois verts ou de verdissement des emplois. Le projet de transformation de la décharge de Oued Smar en un gigantesque parc national a été décidé par un arrêté interministériel à  l’initiative des ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement. Le parc s’étalera sur une superficie de 204 hectares en plus de l’espace de la décharge qui est de 50 hectares. l’enveloppe dégagée pour ce projet est de l’ordre de 6,5 milliards de dinars (environ 3 milliards d’euros). Et si l’Algérie devenait la locomotive africaine de l’économie verte et du green business ? Dans le pays, il faudra dans tous les cas compter avec la ville d’Oran. Après Los Angeles, Genève, Rio et Pékin, elle vient d’être choisie comme cinquième ville pilote de la région du bassin méditerranéen pour le projet « zéro déchet » de l’association R20. A suivre…

Déchets dangereux: début de la première COP à Bamako

La première Conférence des Parties à  la convention de Bamako sur l’interdiction d’importation en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontaliers et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique a débuté ce lundi matin à  l’hôtel Azala௠Salam de Bamako. l’examen et l’évaluation des points inscrits dans un nouveau texte sur cette convention sont en cours. l’objectif principal de cette rencontre à  Bamako est la mise en œuvre d’un cadre politique pour l’application effective du contenu de ces décisions. l’Afrique a été pendant longtemps, le principal point de chute des déchets toxiques, et elle devrait « réagir » à  présent. C’’est de cette prise de conscience généralisée pour mettre l’Afrique à  l’abri des menaces des dangers résultant des mouvements transfrontières des déchets dangereux, qu’est née l’idée d’élaborer une convention purement Africaine sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux, le contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux produits en Afrique. Le but de la Convention de Bamako, c’est aussi d’interdire l’importation de tous les déchets dangereux et radioactifs vers le continent africain quelle qu’en soit la raison; minimiser et contrôler les mouvements transfrontières de déchets dangereux dans le continent africain. Il s’agit aussi d’nterdire toute immersion de déchets dangereux dans les océans et les eaux intérieures ou toute incinération de déchets dangereux. Il est également important d’assurer que l’élimination des déchets est réalisée de manière écologiquement rationnelle. Les Parties veulent promouvoir la production propre s’appuyant sur la poursuite d’une approche d’émissions acceptables basée sur les hypothèses de capacité d’absorption. Et enfin, établir le principe de précaution. Protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets nocifs Cette réunion a quatre objectifs fondamentaux à  savoir : promouvoir les méthodes de production et des techniques destinées à  assurer une gestion rationnelle des déchets dangereux produits en Afrique, en particulier pour éviter, réduire et éliminer la production de ces déchets ; déplacer en cas de nécessité, les déchets dangereux conformément aux conventions et recommandations régionales et internationales pertinentes ; protéger par un contrôle strict, la santé humaine et l’environnement contre les effets nocifs résultants de la production des déchets dangereux ; et s’attaquer de façon responsable au problème des déchets dangereux produits sur le continent africain. La Convention de Bamako est une réponse à  l’article 11 de la convention de Bâle qui encourage les Etats à  conclure des accords bilatéraux, multilatéraux et régionaux sur les déchets dangereux pour aider à  réaliser les objectifs de la convention. l’impulsion de la Convention de Bamako est provoquée également par l’incapacité de la convention de Bâle à  interdire le commerce des déchets dangereux vers les pays les moins développés ainsi que le constat que plusieurs pays développés exportaient des déchets dangereux vers l’Afrique (cas de Koko au Nigéria, cas du Probo Koala en Côte d’Ivoire…). Les travaux se poursuivent demain mardi. Et mercredi 26 juin, les acteurs vont se retrouver pour la restitution des travaux et la clotûre de la rencontre de Bamako ainsi que la réunion des ministres de l’environnement des pays Parties.

Déchets biomédicaux : diminuer les risques de contamination

Le mercredi 18 avril 2013 était consacrée journée d’information sur la gestion des déchets biomédicaux. Les activités ont été lancées par le secrétaire général du ministre de la Santé dans les locaux de l’Institut de recherche et de la santé publique(INRSP). l’amélioration et l’élargissement du plateau technique des structures de références telles que les hôpitaux, les cliniques, pharmacies et laboratoire qui ont contribué à  la multiplication des déchets biomédicaux. Des sites de traitement existent certes mais ils ne sont pas toujours sans dangers. La manipulation de ces déchets comporte des risques physiques comme des coupures ou piqures avec des matériaux tranchants et piquants, irradiation avec du matériel radio actif, explosion du gaz sous pression. D’autres risques appelés biologiques peuvent être des infections. Sans oublier les risques chimiques. Pis, l’hépatite B et le VIH SIDA donnent d’autres dimensions au problème en raison des risques accrus de contamination. Qui sont les plus exposés ? Les plus exposés au risque de contamination sont les patients hospitalisés, le personnel soignant, les accompagnants, les agents chargés de l’élimination des déchets (collecte, entreposage, transport et élimination). Sont également concernés les récupérateurs informels qui pratiquent de façon permanente ou occasionnelle la fouille des déchets, les populations qui utilisent les objets de récupérations pour des usages domestiques. l’environnement est également touché par le phénomène. Ce qui fait dire le secrétaire général du ministère de l’environnement et de l’assainissement que la résolution des problèmes biomédicaux et environnementaux interpelle tout le monde. C’’est pour cette raison que le secrétaire général du ministère de la santé a exhorté acteurs de la gestion des déchets biomédicaux de s’investir davantage pour une meilleure gestion des déchets biomédicaux dans les établissements sanitaires à  travers l’application bienveillante des normes et procédures en vigueur. « Le ministère de la santé en collaboration avec celui de l’environnement ne ménagera aucun effort pour soutenir la mise en place d’un système durable de gestion des déchets » a-t-il déclaré. La cérémonie a pris fin par la visite deux incinérateurs offerts au ministère de la santé par la société Total Mali SA . •

Wawou Naciré, « recycleuse » avant l’heure

« Mes sandales avaient brûlé, J’étais tellement frustrée que je me suis mise à  jouer avec la pate de plastique molle qui était à  mes pieds. Et C’’est comme ça que tout a commencé », raconte Wawou Naciré, la cinquantaine pétillante. Cela fait près d’une quarantaine d’années que Wawou a inventé son métier. Elle est devenue recycleuse de sandales en plastiques, alors même que la notion de recyclage était inconnue sous nos cieux. Du flair, de l’ingéniosité et voilà , le système D qui crée des richesses. Un savoir-faire partagé A partir de la matière plastique récupérée et ramollie, elle fabrique bracelets, bagues et colliers qui ont fait sa réputation à  Djénné, sa ville natale et bien au-delà . « Quand les touristes venaient, mes produits étaient parmi les plus prisés » explique-t-elle en précisant que depuis presque deux ans maintenant, les affaires ne marchent plus bien. Avant, les marchands d’objets d’art en argent et autres maroquiniers venaient troquer leur marchandise contre la sienne qui avait plus de succès auprès des visiteurs. «Aujourd’hui, ce n’est pas pareil. Mais ce n’est pas pour autant que je vais arrêter ! » s’empresse-t-elle d’affirmer. Il est vrai que Wawou a tout gagné avec le plastique recyclé. Un savoir-faire qu’elle a transmis à  plusieurs générations après elle. Mais aussi des revenus conséquents qui lui ont permis de subvenir aux besoins de sa famille. Mariée et mère de dix enfants, elle a transmis sa connaissance à  plusieurs de ses filles qui suivent ses traces. Elle a également réussi à  regrouper les femmes de Djénné au sein d’une coopérative dénommée « Sabou Maaya »qui regroupe une centaine de femmes. « Nous avons inventé les bracelets pour la diva Oumou Sangaré. D’ailleurs ces créations portent son nom. Nous en sommes très fières. Mais on ne s’arrête pas en si bon chemin. Même si le marché n’est plus très bon, on continue d’innover. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on en crée quelque chose. Là , on a fait des bagues avec de jolies couleurs, mais il y aussi plein d’autres choses ». Pour Wawou Naciré, ce qui manque le plus ce sont les fonds et les contacts. Car, elle aimerait bien participer à  des foires internationales, comme les autres artisans maliens et porter le message de ses sœurs de Djénné qui ont adhéré avec elle au principe que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Environnement : le recyclage de déchets plastiques, une solution écolo-citoyenne

Les déchets plastiques envahissent les champs, les rivières, les caniveaux, les rues de Bamako. Et sont propices au développement de maladies. Les efforts consentis non seulement par le gouvernement mais aussi par les organisations non gouvernementales pour résorber le phénomène demeurent insuffisants. Les autorités compétentes ont mis en place le groupement d’intérêt économique (GIE) pour le ramassage des déchets. Seul le recyclage des déchets plastiques peut lutter efficacement contre le phénomène. Il aide à  diminuer les quantités de déchets à  éliminer par enfouissement ou par incinération. Le recyclage comme activité économique Pour contrer l’augmentation de la production des déchets plastiques, il faut une démarche plus large. D’o๠l’idée de créer une activité économique à  partir du recyclage. Il constitue un moyen de création de richesses pour les entreprises de ce secteur. Il participe à  la lutte contre la pauvreté en milieu urbain. Certains enfants font le ramassage des ordures comme activité régénératrice de revenus. Il s’agit des enfants de familles démunies. Issa Diarra a 11 ans, il ramasse les bouteilles vides et les sachets plastiques noires sur les tas d’ordures à  Doumanzana « je ramasse ces bouteilles et les plastiques pour les revendre au grand marché, et par jour, je peux avoir 500 F ou 600 F ». Ceci montre les bénéfices économiques et environnementaux générés par le recyclage des déchets. Le recyclage crée des emplois jeunes En vue de rentabiliser les déchets plastiques, certains particuliers se sont spécialisés dans le domaine du recyclage et de la transformation. Ils ont crée des centres de recyclage et de transformation des déchets plastiques en objets d’art ou objets à  usage domestiques comme des éventails, paniers, vans, sous-plats etc. Ces centres recrutent et forment des jeunes à  la technique de transformation des déchets plastiques en pavés. La chaà®ne de recyclage des déchets plastiques commence par la collecte. Les déchets triés sont pris en charge par les centres de transformation. Ils sont intégrés dans une chaà®ne de transformation spécifique. Les produits finis issus du recyclage sont proposés aux consommateurs Déchets et combustible Soungalo Sanogo dirige une unité artisanale de confection de pavés à  partir des déchets plastiques. L’activité consiste à  fondre le plastique de récupération. La pâte issue de cette récupération est mélangée au sable fin. Il en résulte une sorte de goudron qui sera versé chaud dans un moule spécial. Le liquide refroidi donne un bloc de pavé. Les pavés sont vendus sous toutes les formes. Et il en existe de toutes les tailles. Les déchets plastiques peuvent aussi être utilisés comme combustible dans la cuisson. Une quantité de 20 kilos de déchets plastiques fondus génère 5 kilos de plastiques combustibles. Initiatives écolos Mme Mariko Fatoumata Diallo est la promotrice du centre de recyclage de déchets plastiques, « DàˆBO GOLOBE » (Femmes travailleuses en peulh). Le centre, crée en 1997 est spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets plastiques. Il emploie plus d’une trentaine de jeunes filles. A partir des déchets recyclés, le centre fabrique beaucoup d’objets d’usage courant et de gadgets. Le centre a aussi une vocation sociale et écologique, indique Mme Mariko. Les revenus générés par la vente des produits aident les employées à  faire face aux petites dépenses et à  réaliser des épargnes. Outre la production, le centre forme des jeunes aux techniques de ramassage des déchets. Le centre « DEBO GOLOBE » a participé à  plusieurs salons d’exposition d’art au Mali et dans la sous région. Le développement des activités de recyclage des déchets plastiques contribue à  freiner la pollution de l’environnement. La fondation Trust Aga Khan pour la Culture (AKTC), œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations dans le monde. Elle est impliquée dans la rénovation et l’assainissement de la ville de Mopti et de Sévaré, en 5è région. La fondation s’est inspirée du développement de l’artisanat de récupération qui a fait école au Niger. La fondation collabore avec l’ONG nigérienne, RESEDA (réseau d’entreprises pour le développement de l’artisanat). Leur projet forme des jeunes aux techniques de transformation des déchets plastiques. Il s’agira à  terme de doter la ville de Séparé de la première usine de fabrication de pavés plastiques au Mali.

Sublime bazin, toxique harmonie des couleurs…

Depuis le début des années 90, le Mali est la plaque tournante de la production et de l’exportation de Bazin, un tissu fait à  base de coton et importé d’Allemagne. Toute la sous-région vient s’approvisionner en Bazin au pays d’Oumou Sangaré. C’’est la tenue que portent les maliens pour de grandes occasions ainsi que les grands griots du pays pour leurs cérémonies. Malheureusement, les fabricants ce trésor nationale, se soucient peu des effets des produits utilisés, sur la santé et l’environnement. Le procédé de fabrication du Bazin Initialement blanc, le tissu destiné à  la confection du bazin, est teint en plusieurs couleurs avec une multitude de motifs. Avant les années 70, les produits utilisés étaient de la potasse à  base de cendre et l’argile, très peu dangereux et comportant moins de risques. Mais depuis les années 90, les procédés de fabrication se sont modernisés avec l’usage de la soude caustique et de l’hydrosulfate. Une fois la teinture choisie, la soude caustique, et l’hydrosulfate sont dissous, dans une eau préalablement bouillie à  plus de 190°. Ces deux produits permettent, par réaction chimique, une meilleure tenue de la teinture sur le coton. Après imprégnation, le bazin est lavé plusieurs fois à  l’eau froide jusqu’à  ce que les produits disparaissent complètement. Pour éviter que le tissu se déchire, on le met à  sécher au soleil. Ces nouveaux produits permettent un travail plus rapide et donc une production plus importante avec des couleurs vives et variées. La plupart des teinturiers sont des femmes. Environ 11% font leur travail au bord du fleuve Niger et déversent directement leurs eaux dans le fleuve après utilisation. 60% exercent à  la maison et versent leurs déchets dans les caniveaux à  proximité ou dans la rue. Celles qui travaillent au bord du Niger mettent en avant l’espace et la facilité d’accès à  l’eau, alors que celles qui travaillant à  domicile, évoquent l’aspect pratique notamment pour recevoir les clients. Les teinturiers sont conscients de la nocivité des produits utilisés. La soude et l’acide étant très corrosifs, lorsqu’il y a contact direct avec la peau, l’effet est immédiat et C’’est une brûlure du 2e degré qui survient. C’’est pourquoi tous les teinturiers portent des gants qu’ils remplissent d’eau fraà®che afin d’éviter toute brûlure. « Nous consommons presque tous du lait à  la fin de la journée pour éviter des problèmes de gorge. Nous portons également des masques, des lunettes et des bottes de protection », explique Mme Fofana Anna Maiga, teinturière à  Daoudabougou depuis 22 ans. Mais, ces précautions ne sont pas toujours respectées. Les effets toxiques de la teinture Les gaz s’échappant du liquide engendre de nombreuses maladies : cancers de la peau et des poumons, des maladies respiratoires, des brûlures… Par ailleurs, l’environnement subit la pollution de l’eau du fleuve. Certaines nappes phréatiques trop polluées ne sont plus réutilisables. Le produit fini est lui distribué dans des emballages plastiques qui sont source de pollution. l’association des femmes teinturières de Kalanban Coura a vu le jour il y’a a 3 ans, pour lutter contre la dégradation de l’environnement et l’altération de la santé. Ces femmes recyclent les eaux des teintures pour assainir la ville de Bamako. l’exemple des femmes de Kalaban est unique dans la cité. Certaines nappes phréatiques trop polluées ne sont plus réutilisables. Le produit fini est lui distribué dans des emballages plastiques qui sont source de pollution. Ceci pour respecter les règles de protection et éviter toute complication sanitaire plus tard. Sur 100% de teinturiers, seulement 18% se protègent. 5% meurent chaque année par inhalation et 4% de maladies respiratoires. Dans le cadre de la quinzaine de l’environnement, il est utile de rappeler la nocivité des produits utilisés pour la confection du bazin. Si le précieux tissu est source de richesse pour l’économie, il faut veiller au respect des règles d’hygiène et de santé.