D’une Constitution à l’autre : quelles avancées?

De l’indépendance à nos jours, le Mali a connu trois Républiques. Et donc trois Constitutions, dont l’évolution donne une certaine indication de l’avancée des principes démocratiques, mais dont la mise en pratique laisse souvent à désirer.

En certains points, les Constitutions maliennes peuvent ressembler à de faux beaux textes. Toutes les trois garantissent les droits et libertés des citoyens et se fondent sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Mais, dans les faits, ces libertés et ces droits n’ont pas toujours été garantis. Durant le régime du Président Moussa Traoré, par exemple, la Constitution du 2 juin 1974 garantissait les droits et libertés des citoyens, même si en réalité cela n’était qu’une utopie. « La République du Mali réaffirme solennellement les droits et les libertés de l’Homme et du citoyen consacrés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Elle reconnaît à tous les hommes le droit au travail et au repos, le droit de grève, la liberté de se grouper au sein d’organisations de coopération ou d’organisations syndicales de leur choix pour la défense de leurs intérêts professionnels », stipulait la Constitution du 2 juin 1974 dans son préambule.

La Constitution du 22 septembre 1960 et celle du 2 juin 1974 instituaient un régime présidentiel. Le Président de la République était le « Président du gouvernement ». Elles instauraient également un système de parti unique, même si sous la Deuxième République cela était plus explicite que sous la Première. Dans la Constitution du 2 juin 1974, le « Parti » faisait partie des institutions de la République au même titre que le Président de la République et le gouvernement. Il était en outre écrit noir sur blanc « le parti est unique ». « Dans la Constitution du 22 septembre 1960, il y avait des principes démocratiques, mais dans la pratique institutionnelle c’était autre chose. Dans la Constitution du 2 juin 1974, il y avait un semblant de démocratie. En ce qui concernait l’accession au pouvoir, il fallait passer par des élections, mais le système électoral n’était pas ouvert à l’époque. Cela supposait l’existence de plusieurs partis politiques, alors qu’on en avait un seul, constitutionnel, l’UDPM. La démocratie électorale a traversé toutes les Constitutions maliennes, mais l’effectivité des droits, des libertés fondamentales, n’a pas été le cas tout le temps. Les choses ont changé avec la Constitution du 25 février 1992 », explique Mohamed Touré, enseignant-chercheur à la Faculté de droit public de Bamako.

Le salut viendra finalement de cette Constitution, qui a institué la séparation des pouvoirs et le pluralisme politique et rendu effectifs les droits et libertés des citoyens.

Décès de Moussa Traoré : les minutes qui ont suivi

La nouvelle est tombée tel un couperet. Rien d’alarmant n’avait filtré quant à son état de santé, bien qu’il a fait des séjours médicaux au Maroc. C’est avec surprise que le Mali a appris le décès de son ancien Président, le général Moussa Traoré, le 15 septembre dans sa famille à Bamako, à l’âge de 84 ans. Quelques-uns de ses proches nous l’ont raconté.

Moussa Traoré s’en est allé en laissant son sac d’arachides entre les mains de Tiona Mathieu Koné. Son conseiller en communication alors qu’il était au pouvoir avait pour dessein de le lui remettre le 16 septembre, afin qu’il admire la qualité du produit venant de ses champs de Kadiolo. Mais voilà, le destin en a décidé autrement. « Ce mardi (15 septembre, ndlr), j’étais fatigué et je me suis dit que si j’allais chez lui il allait me retenir. En plus, on m’avait dit qu’il ne se sentait pas bien. Donc j’avais décidé de lui remettre le sac d’arachides le lendemain. Pendant que je mangeais, son fils Idy (Idrissa Traoré, ndlr) m’a appelé pour me dire qu’il était décédé », témoigne-t-il.

Aussitôt l’amère nouvelle avalée, Tiona Mathieu Koné se rend dans la famille Traoré, en compagnie d’Ahmed Mohamed Ag Hamani, un ancien ministre du défunt président. Moussa Traoré était décédé dans son lit vers 14 heures. « Il n’a pas souffert ». Mariam Traoré, l’ancienne Première Dame, « a le moral. Elle est très peinée, mais lucide ».

Un cortège civilo-militaire, escorté par deux motards de la gendarmerie, a conduit la dépouille à la morgue de l’ex Institut Marchoux, à Djikoroni-Para. Le cortège revient dans la famille pour recevoir les visiteurs. « Tous les anciens collaborateurs convergeaient vers là. J’ai vu Cheick Modibo Diarra, Diango Cissoko, Ousmane Issoufi Maïga, les anciens de l’UDPM, le voisinage, les anciens gardes du corps», raconte Koné.

Si à Tiona Mathieu Koné Moussa traoré a laissé un sac d’arachides, Mohamed Bamba n’aura pas de réponse à sa demande d’audience. Plus tôt dans la même journée, il était venu demander audience au Président Traoré pour avoir confirmation de sa présence à une activité qu’il organise ce 22 septembre. Désormais, c’est avec une décharge de demande qu’il se retrouve. « C’est après avoir quitté son domicile qu’arrivés au niveau du Haut conseil islamique nous avons appris son décès sur les réseaux sociaux », déclare-t-il.

Mohamed Bamba a été choqué d’apprendre la disparition de son « idole ». Entre l’ancien président et lui, « c’est toute une histoire ». Il se souvient encore qu’il l’avait un jour encouragé, quand il était à l’école fondamentale, alors qu’il avait 10 ans. Il déclare avoir demandé cette année-là à Moussa Traoré pourquoi son père n’était pas comme l’ancien président. «  Ton père n’a pas été comme moi, mais toi tu peux être plus que moi», lui avait-il répondu.

Controversé

Moussa Traoré est né le 25 septembre 1936 à Sébétou, dans la région de Kayes. Il suit une formation d’officier à l’école militaire de Fréjus, en France, en 1960, d’où il sortira major de sa promotion. « Sur son bulletin de notation, il était décrit comme homme de caractère, homme de forte personnalité », explique Tiona Mathieu Koné. Le 19 novembre 1968, Moussa Traoré participe au coup d’État militaire qui renverse le Président Modibo Keïta.

Il devient  président du Comité militaire de libération nationale, puis président de la République le 19 septembre 1969, jusqu’au 26 mars 1991, où il est renversé par un autre coup d’État militaire. Il lui est reproché d’avoir ordonné la répression d’une marche de milliers d’étudiants ayant fait une centaine de morts. Cela a valu au Président Moussa Traoré, en plus des accusations de violations des droits de l’Homme, d’être considéré comme un « dictateur ». « Il était très pieux, très laïc surtout. La preuve, je suis chrétien et il le savait. Il avait un garde du corps aussi chrétien, du nom de Jean. Quand on a fait un pareil parcours, on ne peut pas plaire à tout le monde. Tout ne lui a pas réussi, mais tout n’a pas été mal fait. Même les prophètes n’ont pas fait l’unanimité. Laissons le récit aux médias, historiens du présent, et enfin laissons la tâche aux historiens pour tamiser son parcours, ses succès et ses échecs », conclut Tiona Mathieu Koné.

Pratique démocratique, vues d’ailleurs

Si elle est la doctrine la plus prônée en politique, au point d’être exportée de force vers les pays réfractaires à sa venue, la démocratie est aussi le système politique le plus soumis à interprétation dans sa pratique de par le monde. Petit tour d’horizon des principaux « systèmes démocratiques » à l’usage, au nord comme au sud de l’équateur.

Si pour le philosophe Jacques Dérida, « être démocrate, [c’est] agir en reconnaissant que nous ne vivons jamais dans une société assez démocratique », certains pays peuvent cependant être cités en exemple pour leur pratique de la démocratie. C’est notamment le cas de la Suisse où le peuple est le plus impliqué dans le processus décisionnel. Au delà de son rôle d’électeur, ce dernier est en effet au cœur de la vie politique. La République fédérale est composée de 26 cantons régis chacun par sa propre constitution. Le gouvernement, aussi appelé Conseil fédéral, n’est composé que de 7 personnes, élues par le Parlement, représentant les principales forces politiques du pays. Il n’existe donc pas à proprement parler de parti d’opposition, vu que tous (ou presque) sont représentés au gouvernement. C’est une démocratie « consociationnelle », en opposition aux démocraties, majoritaires comme c’est le cas aux États-Unis, autre fédération.

Le cas américain La vie politique y est dominée par deux grands partis politiques : démocrate et républicain. Les électeurs élisent les représentants locaux (au niveau de l’État fédéral) et ceux de l’État central. S’il n’est pas évident de dire que l’un des fondements de la démocratie tel que pensé par Montesquieu, la séparation des pouvoirs, n’est pas respecté dans nos démocraties, aux États-Unis, c’est la population qui élit les juges et les shérifs, contrairement au Québec où, selon la chercheuse Vanessa Raté, « les juges sont nommés par le parti vainqueur ». Le recall ou scrutin de rappel y est aussi pratiqué pour permettre aux électeurs d’obtenir qu’un élu s’en aille avant la fin de son mandat ou, tout du moins, qu’il se présente de nouveau devant les électeurs. Le recall existe sous d’autres formes dans nombre de pays du continent américain, à l’instar du Brésil où la présidente Dilma Roussef en a fait récemment les frais.

Zone francophone En France, dite « patrie de la démocratie », pas de recall ni de vote pour nommer les juges, la gauche et la droite se tirent dessus, dans la quête du pouvoir présidentiel. Les pays d’Afrique ne demeurent pas en reste. S’il est vrai qu’il n’y a pas de démocratie sans alternance au pouvoir, le Bénin a encore récemment donné l’exemple en mettant en échec le parti du président sortant, Yayi Boni, en faisant l’impasse sur le clientélisme, les votes ethniques qui, selon le politologue américain Samuel Huntington, constituent une entrave à la démocratie…

25 ans d’une démocratie à parfaire

Hier 15 septembre, le monde célèbrait la Journée internationale de la démocratie. La démocratie pour tous, un slogan séculaire qui aura justifié bien des guerres, sans pour autant que la notion elle-même soit bien comprise des peuples auxquels on entend l’appliquer. C’est d’ailleurs bien le cas au Mali, où la pratique démocratique, longtemps citée en exemple en Afrique et dans le monde, vient de souffler ses 25 bougies. Les bilans ont été dressés avec plus ou moins d’objectivité sur la « démocratie à la malienne», qui a bien ses spécificités, ses richesses mais aussi des faiblesses qui doivent être corrigées.

Pour l’édition 2016 du « democracy day », les Nations unies nous invitent à réfléchir sur le thème « La démocratie et le programme de développement durable à l’horizon 2030 ». En septembre 2015, 193 pays adoptaient les nouveaux objectifs du millénaire et selon Ban Ki Moon, le secrétaire géné- ral de l’ONU, pour les mettre en œuvre, « il nous faut une société civile active et forte, qui tienne compte des personnes faibles et des laissés-pour-compte. Nous devons défendre la liberté de la société civile d’agir et d’accomplir cette tâche essentielle ».

Aux origines Avant d’aller plus loin, tâchons donc de rappeler ce qu’il est convenu d’entendre par « démocratie ». Le terme démocratie vient de deux mots grecs : demos, qui désigne « le peuple » et kratein, qui signifie « gouverner ». Dans la Grèce antique où l’on situe donc ses origines, la démocratie désignait la prise de décision en matière politique et législative par les citoyens réunis en assemblée populaire. À l’époque moderne, un autre type d’organe législatif a vu le jour, pour limiter le pouvoir des gouvernants et les « obliger à rendre des comptes, à savoir l’Assemblée représentative ou Parlement, qui est élu(e) par le peuple, et agit en son nom. C’est de ce système que ce sont inspirées la plupart des démocraties modernes, avec des adaptations plus ou moins libres, selon le contexte socio-économique et politique. La « démocratie malienne », à l’instar de la plupart des pays francophones africains, date des années 90, après le fameux discours de la Baule de François Mitterrand, alors président français, qui appelait les Africains à adopter ce système, gage de paix et de développement. 25 ans plus tard et après des expériences plus ou moins réussies à travers le continent, force est de constater que si la quasi-totalité des régimes se réclament de la pratique démocratique, nombre d’entre eux en piétinent encore les principes fondamentaux que sont « la transparence, la recevabilité et la justice sociale», comme l’explique Amadou Keïta, politologue et enseignant-chercheur.

Démocratie variable Le quart de siècle de démocratie malienne aura connu des systèmes divers. Après la chute du régime Moussa Traoré, le Mali s’est engagé dans un processus qui a consisté en la mise en place d’une démocratie constitutionnelle à travers l’adoption d’une constitution écrite, élaborée suivant un processus participatif et adoptée par référendum. « Si on regarde de plus près cette constitution, on verra qu’elle s’inspire largement de la démocratie libérale, c’est-à-dire qu’elle prônait le multipartisme, la protection des droits et libertés ainsi que la reconnaissance et le respect de l’opposition. Ce processus a mis en place les prémices d’un État de droit en postulant que le pouvoir doit s’appuyer et s’exercer uniquement par le droit », poursuit le Pr Keïta. La mise en œuvre de cette démocratie, telle que voulue par le peuple à travers le référendum, s’est cependant heurtée à plusieurs écueils. « Dans le contexte malien, les gens ont compris et interprété la démocratie selon les convenances. Mais le problème c’est que ceux qui ont initié le concept ne se sont pas inscrits dans une logique explicative. Ce qui nous amène à dire que c’est une thématique mal abordée. Les efforts de communication ont cruellement manqué », estime le Dr. Aly Tounkara, chargé de cours au département Sociologie de la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation. « Que ce soit le consensus d’ATT ou le régime d’IBK, nous la seule chose qu’on voit, c’est que les politiciens s’entendent sur notre dos. Comment comprendre qu’on paie les opposants maintenant au Mali pour jouer leur rôle ? », s’indigne ce jeune cadre sous couvert d’anonymat. « Ils ont raison, parce que c’est nous qui leur donnons ce pouvoir », conclut-il avec amertume. Tous les experts sont en effet unanimes, la démocratie, pouvoir du peuple, se limite bien souvent aux urnes. C’est ce que le Pr. Keïta qualifie de démocratie « minimaliste». Celle-ci s’oppose à l’approche maximaliste, où au-delà des élections, il faut une bonne gestion des affaires publiques de la part des dirigeants qui doivent rendre compte, une participation effective de la société civile dans la gestion des affaires, mais aussi l’effectivité du droit. « Cela veut dire que tout le monde doit être soumis au droit, gouvernants comme gouvernés. Il faut surtout aussi la justice sociale », poursuit le chercheur. « Au Mali, tous ces fondamentaux n’ont pas été atteints, et un vide s’est installé. Et certains en sont arrivés à penser que la démocratie c’est la corruption, le désordre, le népotisme, le laisseraller… donc l’absence de gouvernance réelle ».

ADEMA-PASJ : Nouvel envol ?

Le 25 mai 2016, l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) a soufflé sa 25ème bougie.

Premier parti du Mali pendant près de deux décennies, il connait des difficultés qui ont fragilisé son assise sur la scène politique. À l’occasion de cet anniversaire, les abeilles sonnent le rassemblement et entendent relancer la machine qui a contribué à l’avènement de la démocratie et donné deux présidents de la République au Mali. Les tractations vont bon train et la « Famille ADEMA-PASJ » des premières heures rêve de retrouver son aura et, pourquoi pas, le pouvoir…

Étaient présents au congrès des 25 et 26 mai 1991 les représentants de plusieurs partis à l’époque clandestins, opposés au régime de Moussa Traoré. Membre fondateur, le professeur en médecine Ali Nouhoum Diallo se souvient de « l’association Alliance pour la démocratie au Mali qui est l’une des héritières du Front national démocratique populaire (FNDP), composé de l’US-RDA, du Parti malien des travailleurs (PMT), du Parti malien pour la révolution et la démocratie (PMRD) et du Front démocratique des patriotes maliens, qui résidait en France ». La chute du régime militaire a ouvert le champ politique et ce sont naturellement les premiers acteurs de cette chute qui se sont organisés pour l’occuper.
« La question était de savoir si toutes les composantes du FNDP allaient rester ensemble. En tant que parti historique issu de l’indépendance, l’US-RDA a jugé nécessaire le maintien de son autonomie. Les hommes et les femmes de l’Alliance ont donc créé le Parti africain pour la solidarité et justice (PASJ). Son appel au peuple, son projet de société et son programme lui ont valu de conduire les premiers pas de la démocratie avec le président Alpha Oumar Konaré », rappelle un cadre de la première heure.

 Pouvoir et divisions

Pendant les dix années du règne d’Alpha Oumar Konaré (1992-2002), le parti a élargi son empreinte au point de devenir le deuxième plus grand parti d’Afrique après l’ANC (Afrique du Sud). Sur dix ans, il a conservé la majorité absolue au parlement et comptait dans ses rangs plus de 3 000 conseillers communaux. Mais la gestion du pouvoir rouge et blanc a été marquée par des crises sociales, économiques et politiques qui ont mené à de nombreuses saignées dans ses rangs avec les départs de cadres suivis par leurs partisans. Le premier départ significatif fut celui de feu Mamadou Lamine Traoré, qui quitte la Ruche en 1994 estimant qu’elle avait été envahie par les frelons, pour créer le MIRIA. La deuxième grande crise au sein du parti fut le départ en 2000 de son président d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta. Quelques mois après avoir quitté la Primature, il faisait face à une fronde conduite par les hommes du « clan CMDT ». Les batailles de leadership se multipliant à l’approche de l’élection présidentielle de 2002, le parti ne peut éviter les primaires. Le manque de cohésion et les dérapages pendant la campagne ont été payées cash : le parti perd la présidentielle et son candidat, Soumaïla Cissé, s’estimant trahi au profit de son adversaire indépendant, Amadou Toumani Touré, créé l’Union pour la République et démocratie (URD) en 2003. Ces crises à répétition, l’ADEMA-PASJ en a payé le prix fort lors de l’élection présidentielle de 2013, avec son candidat, Dramane Dembelé, qui n’est arrivé que 3ème, loin derrière les leaders du RPM et de l’URD. Lors des législatives qui ont suivi, le parti de l’Abeille a touché le fond, n’obtenant que 16 sièges sur 147, alors qu’il avait dominé le parlement pendant les deux dernières décennies.

 Un nouvel essaim ?

Et pourtant, l’optimisme reste de rigueur. Les acquis des 25 années d’existence et surtout des dix années de pouvoir, Moustaph Dicko, 4ème vice-président et président de la commission d’organisation du 25ème anniversaire, ne veut pas les oublier. Mais il reconnait que « beaucoup reste à faire et l’ADEMA-PASJ fait face aux mêmes défis que le pays : l’unité et la réconciliation ». Cette volonté de reconstitution de la Famille Adema a été clairement exprimée lors du 5ème congrès, tenu les 24 et 25 mai 2015. Ce dernier a porté à la tête du parti Tiémoko Sangaré, ancien ministre, qui s’est donné comme mission « la renaissance de l’ADEMA-PASJ ». Tournées régulières pour reconquérir la base, divisée après la présidentielle de 2013, mais aussi rapprochement avec les autres partis « socialistes » afin de préparer, et de gagner, les prochaines échéances électorales. « Le pari peut paraître utopique, mais l’idée séduit au-delà du comité exécutif de l’ADEMA-PASJ », selon Moustaph Dicko. « À terme, il s’agit de rebâtir le parti à partir d’un regroupement de partis de gauche », explique Issa Togo, artisan de la création du groupe parlementaire ADEMA-ASMA/CFP. Avec ses désormais 14 députés à l’Assemblée nationale, le parti s’est en effet rapproché de l’Alliance pour la solidarité au Mali – Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP), le parti de Soumeylou Boubeye Maïga, un autre ancien de la « Ruche ». L’honorable Togo mène aujourd’hui les « discussions » avec le Fare Anka Wili de Modibo Sidibé, le PS Yelen Koura d’Amadou Goïta, et d’autres formations politiques. « Nous espérons le retour des anciennes figures du parti », avoue-t-il, confiant. « Les documents sont entrain d’être élaborés dans ce sens. Fondamentalement, tous les partis qui ont quitté l’ADEMA pour faire de la politique autrement n’ont pas eu d’autres programmes ni de projets de société différents de celui de l’ADEMA. Après dix ans, vingt ans, si on a une vision pour le pays, je ne vois pas ce qui peut nous éloigner les uns et les autres », conclut-il.

Retrouver la confiance
Aujourd’hui, après sa traversée du désert, la « Ruche » sonne donc le rappel de ses troupes et veut retrouver sur le terrain sa vigueur et son rayonnement. Toutes choses qui ne seront possibles sans deux éléments essentiels, les finances et la confiance. Pour le premier, avec sa troisième place sur l’échiquier politique, le parti continue de recevoir des subsides conséquents de l’État. Au titre de 2016, ce sont plus de 400 millions de francs CFA qui pourront contribuer à remettre en place le maillage qui faisait la force du parti, en particulier à l’intérieur du pays, et ce, même si « les cadres riches du parti ne sont plus là », comme le déplore un militant. En ce qui concerne la confiance, le gros du travail reste à faire. Pour le président du parti, il convient de rester « sereins parce que nous savons que nos difficultés étaient inhérentes à l’évolution du pays, à partir de la situation dans laquelle nous l’avions trouvé ». « Tant que le parti a évolué conformément à ses valeurs, les Maliens lui ont fait confiance », rappelle Tiémoko Sangaré, qui déplore que cette confiance se soit érodée. « Notre parti a souffert et nous avons identifié les thérapies qui doivent être appliquées. Nous sommes convaincus que l’ADEMA retrouvera son lustre d’antan parce que nous remettons au centre des choses ces valeurs ». Reste à convaincre à nouveau les Maliens, qui à l’image de ce jeune cadre du CNID, estiment que le parti est comptable de tous les maux que vit le Mali aujourd’hui et que « la vie est un cycle, l’ADEMA est en déclin ». Séga Diarrah, politologue, nuance ces propos mais estime que ce tournant est celui de la dernière chance car « l’ADEMA-PASJ doit prendre le chemin de la renaissance, au risque de sombrer dans l’impasse politique ». Pour cela, il manque aux Abeilles une « Reine mère », capable de faire consensus autour de sa personne pour emmener la colonie vers de nouveaux succès.

25 années de démocratie: le parcours du combattant

Le samedi prochain marquera les 25 années de démocratie et de multipartisme intégral dans notre pays. Ces années ont été marquées par des actes concrets mais aussi des incertitudes. Ce 25ème anniversaire offre donc l’occasion de jeter un coup d’œil serein sur le processus démocratique du pays. Il y a 25 ans, le 26 mars 1991, le Mali tournait une page de son histoire. Le peuple malien, toutes couches sociales confondues, dans un élan irrésistible arrachait dans le sang et les larmes l’instauration du multipartisme et posait les jalons d’un Etat de droit. 25 ans, après que reste-t-il des idéaux du 26 mars ? La misère des larges couches populaires s’accentue en contradiction le plus souvent avec les discours tapageurs déclarant les voyants économiques au vert. Pour le peuple, la célébration du 26 mars ne constitue pas seulement un souvenir historique. Elle est et reste une source d’inspiration inépuisable pour un Mali politique pluriel, socialement uni, économiquement prospère. Ce brave peuple de Kayes à  Kidal rendra hommage aux martyrs et s’inclinera devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés pour que soit un Mali démocratique prospère. Aujourd’hui pour la mémoire de ces martyrs qui ont versé leur sang pour que soit géré autrement, il est nécessaire de s’arrêter et jeter un regard sur ce qui a été fait en 25 ans. Moussa Traoré avait refusé le multipartisme, aujourd’hui C’’est une réalité, on dénombre plus de 160 partis politiques sur l’échiquier national. Malgré tout, les systèmes politiques de la IIIème République ont du mal à  s’adapter aux réalités socio-politico-économiques du pays. Tout le monde s’accorde à  dire que le changement tant attendu tarde à  venir. Le comportement de certains partis politiques relatif aux différentes crises notamment à  celle du nord dénote de l’amateurisme des leaders d’opinion face aux grands problèmes d’intérêt national. Pour des petits calculs électoraux, on préfère se taire et opter pour la neutralité. Et quand on décide de monter au créneau, C’’est tout juste pour glisser un bâton dans les roues du parti au pouvoir. Voilà  pourquoi et C’’est dommage, nos partis politiques dont la plupart ne vivent que par la grâce d’un récépissé ont été créés. Cela étant dit, la démocratie multipartite, comme l’on s’accorde bien à  dire, après un soutien médiatique exceptionnel dès son avènement n’a pas comblé les espoirs attendus. La vie démocratique fait figure d’une morosité faute d’une participation active selon les règles du jeu démocratique par ces mêmes démocrates. La batterie d’actions adoptées par certains partis politiques aux premières heures de gestion démocratique et qui avait suscité une relative euphorie s’est vite estompée. Le plus grand hommage que l’on pourrait aux martyrs, au-delà  des discours, C’’est d’accomplir l’idéal pour lequel ils sont tombés. Aujourd’hui plus que jamais, il est vraiment temps que les militants convaincus du mouvement démocratique, ceux-là  qui à  leurs risques et périls ont œuvrés à  l’instauration de la démocratie d’entreprendre ensemble résolument et rapidement au nom de l’honneur, la vérité, la dignité, la justice, le patriotisme et le repos des martyrs, les transformations qualitatives tant attendues. Amadou Coulibaly

Islam et Politique: à qui la faute?

On se souvient qu’en 2013, lors de l’élection présidentielle, plusieurs leaders religieux avaient appelé à  voter pour un candidat, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, lui apportant ainsi un soutien décisif. Avant cela, l’épisode du code de la famille de juillet 2009 était passé par là . Le vote par l’Assemblée nationale d’un texte jugé progressiste et favorable aux femmes avait provoqué un tollé dans les milieux religieux musulmans qui, en guise de représailles, avaient organisé une manifestation géante réunissant plus de cinquante mille personnes au Stade du 26 mars. Cette démonstration de force s’était accompagnée de prêches violents dans les mosquées et sur les radios, entrainant la capitulation des pouvoirs publics, qui consacraient ainsi la toute puissance du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), présidé par l’imam Mahmoud Dicko. Depuis, un ministère du culte et des affaires religieuses a été créé. Comment en est-on arrivé là  ? Selon Moussa Balla Coulibaly, ancien président du patronat et du Conseil économique, social et culturel, « les politiques ayant démissionné, les leaders religieux se sont accaparé le pouvoir ». Même son de cloche pour Gilles Holder, anthropologue et spécialiste de l’islam au Mali, qui affirme que « les organisations politiques traditionnelles ont été vidées de leur substance par la culture du consensus promue au sommet de l’Etat (période ATT), et par le développement exponentiel du clientélisme ». Cette tendance a inspiré Alioune Ifra N’Diaye, promoteur culturel malien, qui ne cesse de la dénoncer et estime qu’ « il y a trente ans, le pouvoir se prenait par les armes, il y a dix ans par l’argent, et aujourd’hui par la religion». La danse du ventre pratiquée par certains politiques, qui vont de mosquée en mosquée, témoigne de la réalité du phénomène. Qu’en pensent les leaders religieux eux-mêmes ? Le célèbre prêcheur Ousmane Madani Cherif Haidara proclame leur neutralité dans la gestion des affaires publiques. Et pourtant, le mouvement Sabati 2013 a joué un rôle important lors des dernières élections, réussissant même à  faire élire des députés en son sein. «Les textes de l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMA) nous interdisent de faire de la politique, C’’est la raison pour laquelle ceux qui ont décidé de s’y lancer ont créé leur propre mouvement », explique Abdou Diarra de l’UJMA. Pour d’autres, il est difficile d’exclure les religieux de la politique, étant des électeurs comme les autres, mais ils ne doivent pas devenir des acteurs. Va-t-on vers la création de partis religieux comme au Maghreb ? Dans un contexte de radicalisation et de menace fondamentaliste, « il ne faut pas tirer sur cette corde là  car elle est extrêmement dangereuse», selon Soumaà¯la Cissé, chef de fil de l’opposition.

EID : la parole aux sans voix !

En 19 éditions, et depuis que l’idée a germé dans l’esprit de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, l’espace d’interpellation démocratique est devenu une tradition au Mali, une récurrence nationale. l’exercice placé sous la haute présidence du Médiateur de la République, M. Baba Akib Haà¯dara pour cette année, consiste à  débattre, à  examiner les plaintes et réclamations des citoyens maliens. l’évènement est symbolique à  plus d’un titre, puisqu’il célèbre le 19è anniversaire de l’EID ; Pour la circonstance, un film documentaire a été projeté retraçant les grands moments de l’EID. Il revient sur les principaux acteurs qui sont intervenus dans la mise en œuvre de l’EID, des personnalités comme Cheikna Kamissoko, l’avocat sénégalais Me Sidiki Kaba ou encore Catherine Choquet de la FIDH. Défenses des valeurs des droits de l’homme l’EID s’inscrit résolument dans la promotion et la défense des valeurs des droits de l’homme, depuis la déclaration universelle en 1948. l’Espace d’interpellation démocratique est considéré au Mali comme un instrument de dialogue social, un outil de renforcement de la démocratie. l’EID est médiatisé chaque année et retransmis en direct à  la télévision nationale. Créée en en Mai 1996, l’espace d’interpellation démocratique vise aussi à  renforcer l’ancrage démocratique en mettant face à  face gouvernants et gouvernés. Pour la session 2014, 294 dossiers ont été reçus, dont 194 pour Bamako, et le reste pour l’intérieur du pays. Ils couvrent pour la plupart des violations des droits de l’homme, des cas d’injustices sociales, ou des litiges entre administrés et départements ministériels, la non exécution de décisions de justices, ou encore des retards dans les dossiers. Mais l’EID va plus loin et donne la parole à  la société, aux sans voix, aux citoyens de tous bords, aux acteurs de la société civile. Il est l’occasion d’évoquer les injustices, le cas des enfants maltraités, les litiges fonciers, les droits des femmes, des jeunes, des familles expulsées de leur logement parmi tant d’autres cas. l’occasion surtout de mettre nos autorités face à  leurs responsabilités. Enfin de compte, une catharsis collective, mais pour quel résultat ?

Statut de l’opposition : Avancée ou piège démocratique ?

Une mini révolution en perspective dans le landernau politique au Mali. l’opposition politique aura bientôt un nouveau statut. Ainsi en a décidé le conseil des ministres lors de sa session ordinaire de ce mercredi 13 août 2014. Ce projet de loi ainsi adopté vient corriger les imperfections découlant de la loi la n°00-047 du 13 juillet 2000 qui avait conféré aux partis politiques de l’opposition un statut juridique. Ces imperfections, selon le communiqué du conseil des ministres, concerne la focalisation de cette loi sur les problèmes généraux des partis politiques, l’insuffisance des règles précises concernant la consultation de l’opposition par les autorités sur les préoccupations nationales , l’inexistence d’une périodicité dans la production du rapport sur l’application de la loi et l’absence de règle de représentation officielle de l’opposition dans ses relations avec le pouvoir, en termes de reconnaissance et de respect de ses droits. Nouvelle donne Cette nouvelle donne politique devrait permettre à  l’opposition politique d’avoir un réel statut avec en prime l’institutionnalisation d’un chef de l’opposition. Celui-ci devient ipso facto le porte-parole de l’opposition politique. Last but not least, le chef de l’opposition sera consulté par le président de la République et le premier ministre. Le projet de loi doit fixer une périodicité de la production du rapport et déterminer les règles de représentation officielle du chef de l’opposition. En sus, le chef de file de l’opposition aura les mêmes avantages que le vice-président de l’Assemblée nationale. Cette décision est pour l’instant diversement appréciée. Si pour certains il s’agit d’une avancée démocratique qui met le Mali au diapason des grandes démocraties, d’autres estiment tout simplement qu’il s’agit d’une manière subreptice d’inviter l’opposition autour du gâteau national pour la faire taire. Pour les premiers, ce statut devrait permet à  l’opposition d’être à  l’abri de toute indépendance ou influence de quelque nature que ce soit qui l’empêche de jouer son véritable rôle de contre-pouvoir comme dans les grandes démocraties du monde. Ainsi le chef de l’opposition sera bien informé des grands dossiers du pays, sera associé aux prises de décisions et aura les coudées franches pour agir au nom de ses pairs. La nouvelle donne, indique-t-on sortira l’opposition de sa torpeur et gommera certainement certaines idées reçues qui assimilent les opposants aux aigris sociaux, ennemis du pouvoir, voire de fossoyeurs de la République. On se rappelle dans l’histoire de la jeune démocratie malienne le sort réservé aux opposants du régime d’Alpha Oumar Konaré. Emmené par feu Almamy Sylla du Rassemblement pour la démocratie et le progrès(RDP), le Collectif des partis politiques de l’opposition(COPPO), créé en avril 1997 et comprenant les partis politiques : MIRIA, CNID, COPP, PARI, PUDP, RDP, MPR). Les responsables de ce collectif dont les défunts Almamy Sylla et le professeur Mamadou Lamine Traoré ou encore Mountaga Tall ont essuyé le courroux et la force du régime en 1997 jusqu’à  l’empoissonnement. Dix ans plus tard, le Front pour la Démocratie et le Progrès(F composé du RPM, PARENA, COPP, RDS et beaucoup de petits partis, était voué aux gémonies. l’ostracisme et l’acharnement dont ont fait l’objet les cadres de l’actuel parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali(RPM), en 2007 lorsque le parti du Tisserand a décidé d’aller dans l’opposition après 5 ans de compagnonnage avec le régime, en est une illustration éloquente. Pour les seconds, ce projet de loi est une manière déguisée d’appeler l’opposition au partage du gâteau avec la lourde conséquence pour celle-ci de donner un blanc-seing au pouvoir. Pour eux le schéma qui se dessine est le suivant : une opposition presque inféodée au pouvoir avec des avantages considérables. Et le résultat, déduit-on, donne une opposition dépendante, pouvoir galvaudée et insignifiante. Toutes comparaisons gardées, le schéma pourrait rappeler dans la pratique, prévient-on, le très atypique consensus démocratique expérimenté sous l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré avec des résultats qui se passent de tout commentaire.

Tech Camp 2014 : un concentré de technologie au service de la société civile

Prenez des bloggeurs, des activistes, des militants de la société civile. Ajoutez-y quelques ONG, des journalistes, un web marketeur, un slameur engagé et des formateurs de talent, cela vous donne le Tech Camp. Un concentré de savoir et de technologie au service de la société civile et qui a lieu dans plusieurs villes du monde de Sao Paulo au Brésil à  Manille aux Phillipines. Plusieurs questions. Quel webcitoyen êtes-vous ? Comment impactez-vous grâce aux réseaux sociaux comme facebook, twitter ou Whats App pour changer un monde qui évolue à  une vitesse cosmique. Désormais, la communauté virtuelle a pris le pas. Donne le ton du changement comme le Printemps Arabe l’a fait. Le président Obama est intimement convaincu que C’’est de la base que tout part vers le sommet. Il sait de quoi il parle. Pour y arriver, une société civile forte, des « ordinary people », socle des changements positifs dans les communautés mondiales. Alors n’attendez plus tout des autres et agissez à  votre niveau ! Les participants à  ce premier Tech Camp viennent de neuf pays. Mali, Guinée, Niger, Côte d’Ivoire, Togo, RDC, USA, Sénégal et France. Les formateurs s’appellent Nick, Nana, Nora, Boubacar, Coumba, Renaud, Bacely, Mohamed et Fatouma. Diaby Mohamed se définit lui comme un « futuristic dreamer » ou rêveur du futur et révolutionne son quotidien grâce aux technologies. Il ne fait que ça. A Abidjan, il planche 26h sur 24, sur le comment et le pourquoi, mais aussi la nécessité de bâtir une communauté virtuelle. Et comment gagner de l’argent, beaucoup d’argent grâce au mobile money ou au crowdfunding. En clair, vous avez un projet ? Vous pouvez le faire financer par le monde entier grâce à  des portails comme Indiegogo.com ou kickstart.com etC’… Il suffit que ce projet bien ficelé capte l’attention d’un bailleur du fin fond du Dakota… Pour Renaud, le Offline, est une autre manière de consulter du contenu comme wikisource en étant hors ligne. Oui, C’’est faisable sans forcément être connecté. Kiwix, vous connaissez ? A découvrir d’urgence. Et Wikipédia connu pour enrichir et partager son savoir. « l’Afrique deviendra alors cette communauté globale, indépendante et non plus ce terrain de jeux au service des puissances étrangères, prêche pour sa part Cyriac, tête pensante de ConciergeOvillage, qui en passant, fait la promo de wikidata et autres outils pour faire le maximum de buzzzzz… Tout ça, C’’est beau hein ? Malheureusement, force est de constater que nous n’avons pas tous un smartphone ou une connexion haut débit. Alors comment faire ? Diabi, architecte du système informatique et qui nous vient de Paris a une réponse : « Pas besoin de se tracasser, on peut faire fort avec très peu, rien que sur l’Afrique, la couverture cellulaire 1G/2G est de 700 millions de citoyens ». C’’est simple, le sms, l’envoi et la réception de contenus productifs, ça cartonne. Au pays de Mandela, propose du mentorat de jeunes et d’éducateurs et à  Accra au Ghana, Wordreader propose l’alphabétisation de base au moyen de liseuses électroniques. A destination des masses populaires. Grâce à  cet apprentissage mobile, on décentralise le savoir qui n’est plus l’apanage des institutions classiques d’éducation, mais est in fine démocratisé à  travers les sms. Pareil pour Nick, concepteur de Textit.in, un service de messagerie qui offre des contenus utiles, pédagogiques et même de santé à  destination de tous, femmes en tête. Exemple : « Bonjour Salie, n’oubliez pas le vaccin anti polio de Momo aujourd’hui. Nous sommes le 23 février… ». Une manière de reconnecter des mères trop occupés et qui ont besoin d’un petit rappel. Et ça marche sans se ruiner avec un téléphone dernière génération. La 1G et la 2G suffisent largement. Pour Fatouma Harber, les choses se sont passées autrement. La jeune citoyenne de Tombouctou, a attiré l’attention du département d’Etat américain, par un, devinez quoi, un tweet ! Dans lequel, elle dénonçait les atrocités commises à  Tombouctou par les jihadistes en 2012 et dans l’anonymat le plus total. Résultat : Barack Obama himself a lu ce tweet. Du coup, les américains ont soutenu et facilité l’intervention française au Mali. Et depuis Fatouma Harber essaie à  travers son blog de fair bouger sa communauté. Un seul clic a suffi. Si malgré tout, vous n’êtes toujours pas familiers avec les réseaux sociaux, la e-life et compagnie, Bacely de Côte d’Ivoire se fera un plaisir de vous initier. Le jeune CEO de SocialSpot, a dans sa boite plusieurs tours de magie. Tels Doodle, Asana, Trello, google agenda, des outils de planification pour lancer une activité et la mener au succès total. Formidable non ? En fin de compte, que vous soyez un novice en matière de Technologie et contenus web, vous allez très vite prendre la mesure dans le village interplanétaire. Vous n’avez pas le choix en fait et la technologie, C’’est quand même super ! Tellement génial à  condition bien sûr de savoir en sortir. Pour les participants à  ce premier Tech Camp, il s’agit en définitive de trouver de solutions durables à  nos problèmes quotidiens. Comment faire la promotion de nos organisations via les technologies, comment lutter contre la corruption petite ou grande et travailler avec le gouvernement ! Les convaincre de nous faire confiance et avoir l’info. Mais ne soyons pas toujours dans la posture de recevoir au risque d’être instrumentalisés et créons notre propre communauté d’influence. C’’est la seule façon d’être entendu librement pour devenir de vrais soldats de la société civile globalisée, celle dont rêve Barack Obama pour construire des démocraties millénaires en Afrique.

Leçons du 26 Mars : « Honneur, dignité et grandeur pour les Maliens », dixit Maître Konaté

Journaldumali.com : Que fut réellement le 26 mars 1991 pour le peuple malien, une révolution ou une régression ? Maà®tre Mamadou Ismaila Konaté : Il s’agit sans doute d’une révolution plus que d’une régression. l’aspiration profonde du peuple du Mali était l’ouverture démocratique, incompatible avec le régime politique de l’époque, basé sur l’unicité et le centralisme démocratique. Ce régime de parti unique était d’ailleurs conforme à  ce qui existait dans la plupart des pays d’Afrique, caractérisé par l’absence de grande compétition, peu favorable au suffrage universel. Sans doute que la Révolution parait énorme dans la mesure o๠malgré le bouleversement politique qui a entrainé un changement à  la tête de l’Etat, la société malienne est fondamentalement restée la même, sans que ce bouleversement n’ait pu entrainer des changements positifs en matière d’éducation, d’amélioration de la santé, de bien-être, de construction de l’Etat, et pour ce qui est de la consolidation des institutions et de la démocratie. Aujourd’hui, 23 ans après le 26 mars, pouvons-nous conclure que la démocratie a été un échec sur toute la ligne? On ne peut pas dire que la démocratie a été un échec. En disant cela, il faut tout de même reconnaitre que 20 ans après, les acquis sont maigres. Le 22 mars 2012,un régime constitutionnel, légal a été renversé par un coup d’Etat militaire. Sur ce plan, il reste à  faire beaucoup d’efforts pour faire accepter que le seul mode d’accession au pouvoir reste l’élection. Pour autant, la démocratie ne doit pas permettre à  une oligarchie politique, d’exercer le pouvoir solitaire et exclusif,par le biais d’un suffrage tronqué, au nom d’un peuple pour lequel on plaide par procureur, contre son gré. Dans le système démocratique malien, l’intérêt particulier a tendance à  prendre le pas sur l’intérêt général. Le système démocratique est un pis-aller dans notre pays, qui donne l’opportunité à  des hommes et des femmes, d’exercer le pouvoir politique, au nom d’une puissance publique, qu’ils ramènent à  leur petite personne. Pour qui a vu l’histoire récente du Mali, disloqué, embrasé, dans un contexte de manque de cohésion sociale, face à  des hommes et des femmes, incapables de commercer entre eux, en faisant fi, au nom de la nation et de la patrie, de leur race, souvent différente, de leur religion en contraste, de leur origine éloignée, alors même qu’ils n’ont pas d’autre choix que de se réclamer du Mali et de ce qui est malien. Ce défi est celui de la réconciliation nationale qui incombe à  chaque malien que l’histoire nationale interpelle. Pensez-vous que ceux qui ont renversé le régime dictatorial de Moussa Traoré n’ont pas mieux fait que lui ? Il ne s’agit pas de reconnaitre en ce 26 mars 2014 le meilleur ou le plus valeureux des fils du Mali qui se sont succédés à  la tête de l’Etat. Modibo Keita jadis, Moussa Traoré ensuite, Alpha Oumar Konaré avant hier et Amadou Toumani Touré par deux fois, aujourd’hui Ibrahim Boubacar Keita ont jurés de donner le meilleur d’eux-mêmes, pour construire le pays de leurs ancêtres. Chacun de ces chefs a sans doute participé au devenir de la nation malienne, dans un contexte, un environnement et face à  des exigences d’un peuple et d’une nation qui ont aussi évolué. Nul n’est dupe, chacun de ces hommes a du commettre qui, des impairs, qui, des erreurs, qui, des fautes que seule l’histoire jugera. Au demeurant, le Mali leur saura reconnaissant ou pas. Ce peuple aspire comme tout peuple au bonheur, à  la concorde et au développement. Ce défi incombe aujourd’hui à  celui qui est à  la tête de l’Etat aujourd’hui. Il doit s’engager aujourd’hui à  réunir le territoire et ses hommes, à  fructifier la richesse nationale, à  assurer l’égalité des chances de tous ses fils, à  maintenir la paix et la concorde. Sur l’avenir des institutions maliennes, êtes-vous optimiste ? Le Mali est-il définitivement à  l’abri d’un nouveau coup d’Etat ? Les institutions actuelles de la République sont celles là  mêmes qui se sont essoufflées dès les premières heures du coup d’Etat militaire. Ces institutions n’ont pas pu éviter l’écroulement de l’Etat. Tout cela est rendu facile face à  une faible conscience nationale et un engagement politique d’acteurs politiques et publics dont le crédit fait quelque peu défaut. Contre ce phénomène, il s’agit de réfléchir et de proposer un cadre institutionnel le plus en rapport avec nous mêmes, notre environnement, notre culture et notre pratique démocratique. On peut s’interroger sur le caractère effectivement universel du suffrage à  tous les coups contesté. On peut également s’interroger sur le rôle et la mission d’un député représentant de la nation, incapable d’exercer son pouvoir de contrôle sur l’exécutif. On peut également s’interroger sur la nature particulière de la justice et du juge qui refusent de se bander les yeux, pour rendre la justice conformément à  la loi, sans aucune référence à  la race des protagonistes, à  leur origine, à  leur religion et à  leur état de fortune. Qu’est ce que C’’est que cette justice qui n’est pas à  l’abri des influences par rapport à  son indépendance ? On peut s’interroger sur les rapports homme et femme, sur les rapports interreligieux, sur les rapports sociaux, en l’absence d’un véritable cadre teinté de moral, dans un contexte de manque d’éthique. Toutes ces questions doivent être prises en charge, pour permettre à  ce grand Mali, issu du Soudan français, des empires et des royaumes d’antan, de faire renaitre à  l’esprit de chaque malien un honneur, une dignité, une grandeur

Noël Diakité: « nous voulons un changement majeur pour le Mali »

Noà«l Diakité est consultant en informatique (développement et Logiciel) et Secrétaire Général de l’ODG. JDM : Qu’est-ce que l’ODG ? Noà«l Diakité : ODG, C’’est observatoire pour la démocratie et la gouvernance. Je crois qu’à  travers ces deux mots, nous sommes dans le vif du sujet actuel du Mali o๠chacun pense que la démocratie a failli et que nous en sommes à  ce niveau de crise à  cause de cela. C’’est une association apolitique mais nous voulons travailler et faire avancer les choses pour le Mali. Nous voulons un changement majeur pour le Mali. Ainsi, nous avons jugé nécessaire de créer une association pour que nos idées soient formelles et sortir du seul cadre des « grins » o๠chacun se plaint dans son coin. Nous sommes au moins cent jeunes gens du Mali, du Sénégal entre autres. D’o๠vient l’idée de créer ce genre de regroupement ? l’idée est venue de moi et de mes amis et collaborateurs avec qui nous avons l’habitude de critiquer la démocratie de ce pays. Nous nous sommes dit, au lieu de rester là  à  parler et à  émettre des idées sans lendemain, pourquoi ne pas mettre cela en pratique. Nous avons eu notre récépissé il y a une semaine. Je suis le secrétaire général de l’association et J’ai eu l’idée de l’activité qu’on devra mener pour les élections. Ceci étant, je pense sincèrement qu’un grand nombre de membres fondateurs nourrissaient déjà  l’idée d’agir pour ce pays au sein d’un groupe, bien avant que je vienne les voir pour mettre sur pied cette association qu’est l’ODG. Que propose l’ODG concrètement pour une bonne démocratie et une bonne gouvernance au Mali ? l’ODG va mener sa première grande activité lors des élections à  venir au Mali. Il s’agira de créer un réseau d’observateurs pour les élections. Dans un premier temps, nous ne somme pas sûrs de toucher tous les 25 000 bureaux de vote du Mali mais notre objectif est de montrer l’utilité de ce genre d’observation et de faire en sorte que les tendances des résultats soient connues le soir du vote et instantanément. Et pour cela, nous sommes en train de mettre en œuvre un logiciel pour le comptage. C’’est un logiciel qui sera accessible à  toute personne connectée à  Internet. Je pense aussi qu’en se mettant dans une association pour porter nos prochaines activités et études, nous optons et comptons d’une part, sur un grand nombre de ressources humaines compétentes au sein de même de l’association, et d’autre part sur des partenariats techniques forts. Quelles sont vos relations avec les autorités maliennes pour mener à  bien cette première activité ? Nous sommes en train de chercher les accréditations auprès des autorités compétentes pour cela. Nous proposons notre J’aimerais insister sur le fait que nous ne proclamons aucun résultat, notre rôle sera de donner des tendances plus rapidement. Pour éviter une nouvelle crise, les prochaines élections doivent être irréprochables. Combien de jeunes avez-vous déjà  mobilisé ou comptez-vous mobiliser? Nous ne sommes pas si nombreux que cela. l’association compte entre 80 et 100 membres (membres fondateur et d’autres membres), mais nous sommes aussi en train de nouer des partenariats avec d’autres associations de jeunes et même des ONG (NDI, IFES, CNI etc.). Nous voulons des partenariats avec la presse malienne aussi. Ceci étant nous continuons notre recrutement afin de consolider notre base et aussi nous permettre de ratisser plus largement. C’’est un début, les années à  venir nous aurons assez d’expérience et ça ira crescendo. Quelles sont les prochaines activités que vous comptez mener au sein de l’ODG? Nous voulons faire des études et évaluer les besoins réels des Maliens en matière de démocratie et de gouvernance. Notre deuxième activité pourrait être par exemple de mettre un tableau de bord en place pour permettre à  la population de revoir les promesses d’élection des élus. Ce qu’ont dit les hommes politiques avant d’être élus et ce qu’ils feront et dans quel ordre. Ceci pourra permettre aux populations de suivre en temps réel les programmes des élus au moment de l’exécuter. Ce sont là  des idées auxquelles nous continuerons de réfléchir pour pouvoir les mener à  bien.

Obama choisit le Sénégal, la Tanzanie et l’Afrique du Sud

Il était temps. Près de cinq ans après sa première élection et au début de son second mandat, le président américain Barack Obama a décidé d’effectuer sa première tournée d’importance en Afrique, du 26 juin au 3 juillet, en compagnie de son épouse Michelle. Destination : Sénégal, Afrique du Sud et Tanzanie, mais pas le Kenya, la terre natale de son père dont l’actuel président, Uhuru Kenyatta, est poursuivi par la CPI pour crimes contre l’humanité. Si Obama s’était rendu en 2006 au Kenya, il n’était pas encore chef d’à‰tat mais venait d’être élu au Sénat de Washington. « Le président insistera sur l’importance que les à‰tats-Unis accordent à  nos liens en plein développement avec les pays d’Afrique subsaharienne », indique la Maison Blanche dans un communiqué, en évoquant également la nécessité d’« étendre la croissance économique, l’investissement et le commerce, de renforcer les institutions démocratiques, et d’investir dans une nouvelle génération de dirigeants africains ». Espoir Jusqu’à  présent, Barack Obama ne s’était rendu officiellement qu’une fois en Afrique subsaharienne, au Ghana, en juillet 2009, pour une courte visite qui avait suscité beaucoup d’espoir. Son discours devant le Parlement, en juillet 2009 à  Accra, au cours duquel il avait proclamé que « l’avenir de l’Afrique appartient aux Africains », avait marqué les esprits. Quant à  Michelle Obama, elle avait effectué une tournée en Afrique australe en juin 2011. Elle avait notamment rencontré, en Afrique du Sud, le premier président noir du pays et héros de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela. Le programme d’Obama s’inscrit dans une volonté de soutenir les « bons élèves de la démocratie » – c’est-à -dire des pays o๠la course pour le pouvoir n’a pas récemment donné lieu à  des massacres et o๠l’alternance s’est passée de manière relativement pacifique. Fin mars, Obama avait ainsi reçu son nouvel homologue sénégalais, Macky Sall, et trois autres dirigeants africains élus, en saluant dans leurs pays des « démocraties solides et émergentes ». Tout en promettant à  plusieurs reprises que les à‰tats-Unis resteraient des « partenaires inconditionnels » des pays africains démocratiques, Obama avait rendue publique, en juin 2012, sa stratégie en faveur du développement de l’Afrique, avec comme objectifs principaux le renforcement de la sécurité face à  la menace terroriste, et la contre-offensive face à  la Chine sur le plan économique.

Le FDR appelle les forces armées à la cohésion nationale…

BAMAKO, Le Front Uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république (F  » demeure lourdement préoccupé par le manque de cohésion au sein des forces armées et de sécurité du Mali », indique un communiqué du front, déposé dimanche à  Xinhua. A noter que le communiqué est relatif à  la résolution n°2085 des Nations unies adoptée le 21 décembre dernier par le Conseil de sécurité. Le FDR « note avec satisfaction le vote de la résolution 2085 », affirmant  »Cependant qu’il demeure lourdement préoccupé par le manque de cohésion au sein de nos forces armées et de sécurité ». Le même front  » invite par conséquent les protagonistes à  une saine et entière réconciliation des différentes composantes de nos forces armées et de sécurité nationale, gage et condition sine qua non de leur réussite sur le théâtre des opérations ». Par ailleurs, le FDR  »en appelle le président de la république, chef suprême des armées pour user de toute son autorité pour réconcilier très rapidement nos forces armées et de sécurité », indique le texte. Selon le premier vice-président du front, Ibrahima N’Diaye, signataire du communiqué, cet appel s’adresse également au  » Premier ministre, chef du Gouvernement, aux responsables des forces de défense et de sécurité, aux chefs coutumiers, aux leaders religieux, aux forces politiques et à  la Société Civile ». Le front souhaite que les acteurs cités  »mènent des actions immédiates ». Ce, en vue de  »contribuer à  faciliter un dialogue constructif entre les différents segments des forces armées et de sécurité ». Il s’agit aussi de contribuer à   »réaliser l’unité et la cohésion de toutes les forces armées chargées de la défense et de la sécurité du pays (Police, Garde Nationale, Gendarmerie, Armée de Terre, Armée de l’Air, Bérets Rouges, Bérets verts..) ». La cohésion au sein des forces armées et de sécurité du Mali était au centre des propos du président malien, Dioncounda Traoré, mercredi dernier, lors de la cérémonie d’accueil réservée à  l’ équipe de football de l’Union sportive des forces armées et de sécurité (USFAS) du pays. En effet, celui-ci avait laissé entendre que  »l’USFAS vient de nous administrer que lorsqu’on joue en équipe, on gagne toujours ». La même position a été défendue par le ministre malien de la défense et des anciens combattants, le général Yamoussa Camara. A noter que dans la nuit du 30 avril au 1er mai dernier, des militaires maliens (bérets verts et rouges) se sont affrontés à  l’ arme lourde, un différend qui n’a pas encore connu officiellement son épilogue, car certains bérets sont toujours dans la nature au « risque de ne pas se faire arrêter ». Pour rappel, la résolution 2085 autorise le déploiement de la MISMA (Mission Internationale au Mali), pour une durée initiale d’ un an. Selon la résolution, la MISMA est investie du mandat « de prendre toute mesure utile, dans le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme et dans le respect le plus total de la souveraineté de l’intégrité et de l’unité du Mali ».

Mali : avant tout, refonder la démocratie !

Les palinodies des chefs à  Bamako, les embrouilles de la Cédéao, le théâtre d’ombre des Nations Unies… Décidément, la situation au Mali s’aggrave, les centres de décision se multiplient et se neutralisent, les puissances extérieures se livrent à  des immixtions croissantes- avant la guerre ? Seuls quelques intellectuels lucides comme le politologue Michel Galy ou la sociologue Aminata Traoré, et quelques politiques maliens courageux – comme Ibrahim Boubacar Keita (IBK), qui aurait été sans doute le prochain président élu si les élections s’étaient tenues, semblent avoir tiré les leçons de la chute du président Amadou Toumani Touré (ATT), renversé par une fraction de l’armée le 22 mars dernier. Car c’est de la démocratie malienne dont il est question, et c’est de son échec dont les putschistes, particulièrement le capitaine Sanogo sont le mom, l’incarnation et le symptôme. Cette démocratie malienne est à  refonder, par les urnes ou, peut être auparavant, par une réunion rapide des forces vives du pays. Nous sommes dans une période de transition, et une double crise. Or les délais et obstacles diplomatiques et techniques à  la constitution éventuelle d’une force de reconquête du territoire sont tels que la partition de facto du pays a de bonnes chances de se prolonger dans les mois à  venir. On ne sait toujours pas avec clarté qui commande au Sud ! L’évolution de cette double crise institutionnelle et politique est en grande partie conditionnée par les choix des acteurs nationaux et internationaux engagés depuis le coup d’Etat dans une intense activité diplomatique. C’est un secret de polichinelle que le manque de légitimité du président intérimaire Dioncounda Traoré – adoubé plus par ses pairs africains et le gouvernement français que par le peuple, ainsi que d’un premier ministre, Cheick Modibo Diarra (CMD) dont les succès universitaires américains dissimulent mal le retour galopant aux commandes des hommes du dictateur Moussa Traoré, son beau-père. A quoi donc a servi la lutte en 1991, dans le sang des martyrs, pour installer une démocratie aujourd’hui introuvable ? Car les interventions extérieures, sous forme de pseudo « médiations », ont été, il faut bien le dire, catastrophiques ! Ainsi le président Blaise Compaoré avait cherché à  préserver son statut de médiateur incontournable des conflits régionaux dont il tirait le soutien international nécessaire à  sa survie politique dans l’espace national burkinabè. Si nul ne doute de sa parfaite connaissance du terrain, son influence politique sur le dossier malien n’a pas du tout été appréciée par la classe politique malienne et la société civile dans sa quasi-totalité, pour avoir été trop bienveillant envers les putschistes au lendemain du coup d’état. Ce qui avait donné le sentiment d’une influence disproportionnée du médiateur sur la transition malienne pour nombres de Maliens. Ainsi, la formation du premier gouvernement de transition et le choix du premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra (CMD) n’ont pas fait l’objet d’aucune consultation au sein de la classe politique. Or cette question de la démocratie dans le pays légal est un préalable, et conditionne la reconquête du Nord, et la légitimité à  empêcher les mouvements islamistes à  étendre leur territoire. Et ce n’est pas en confortant comme ailleurs des hommes de paille et des marionnettes, ou pire en faisant un « putsch » légal à  Bamako (via les forces spéciales françaises ou l’armée de « tirailleurs » de la Cédéao) que l’ancienne puissance coloniale confortera le pouvoir légal : par son intervention militaire, la France ne risque t’elle pas au contraire d’abattre ce qu’il reste de l’Etat malien ? Des lors, dans la perspective d’élections rapides (fussent elles dans le « Mali légal »), seule la solution d’une « Conférence Nationale » représentant les forces vives et l’opposition civile offre une alternative à  un pouvoir d’opérette et une mise sous tutelle militaire ! Cette Conférence pourrait en outre créer les conditions d’une négociation avec les acteurs armés non terroristes et les représentants des communautés du Nord, y compris ceux que le conflit a repoussé hors des frontières maliennes. Et cette conférence nationale pourrait enfin nommer un pouvoir exécutif issu d’un large consensus ! Une prise en compte large de l’expression de l’ensemble des composantes de la société doit être promue tant il est crucial que soit reconstituée la légitimité de l’Etat. La mise en place rapide d’un véritable gouvernement d’Union Nationale, à  l’issue de consultations larges avec les principaux partis politiques et les organisations de la société civile, afin de consolider la légitimité des autorités de transition Oumar Keà¯ta, historien EHESS, chercheur associé au GSPR (Groupe de Sociologie Pragmatique et Réflexive)

Un conseil des ministres pas comme les autres

Pour ce premier conseil des ministres du gouvernement de transition II, la sobriété et la réserve était de rigueur. Au sortir de la réunion, Dioncounda Traoré se voit remettre un Ciwara, symbole du Mali, en bois verni par le nouveau ministre de la Culture, une façon de marquer la richesse du patrimoine historique malien. Drôle d’époque o๠les symboles sont nécessaires pour rehausser l’image ternie et meurtrie de notre pays. Retrouver un peu de ce Maliba perdu… Il nous faut pourtant nous accrocher à  nos valeurs, à  ce qui fait notre identité, semble exprimer cette image du président statuette en mains. Autour de lui, il y a ces hommes et ces femmes, équipage d’un bateau qui cherche encore sa direction dans une époque trouble pour le Mali. Combien de temps cela prendra ? «Â Il ne faudra pas s’attarder sur la durée mais sur la qualité d’une transition durable », dira un doyen de la scène politique. Exercice constitutionnel de haut niveau, le Conseil des ministres est le lieu des grandes décisions. Celui du nouveau gouvernement d’Union nationale le sera-t-il pour sortir le mali de l’ornière ? De cette nouvelle formation, on attend beaucoup et pas qu’une sempiternelle mise en scène ou de grandes déclarations de principe. Ceux qui ont intégré l’équipe, devront se mettre en tête que chacun de leurs faits, gestes ou paroles seront décryptés, analysés et passés à  la loupe. Ils n’oublieront pas non plus qu’ils sont sur un siège éjectable. Et si le poste de ministre a été l’un des plus recherchés ces derniers temps, ceux dont le «Â CV » a finalement été retenu ne sont pas au bout de leur intégration. Conscients de la lourde tâche qui les attend, les hommes du GUN, gardent une réserve certaine. On ne leur en voudra pas. Si le ministre du Culte devra trouver une identité à  son ministère, celui Délégué à  la Décentralisation aura un rôle à  jouer auprès de son ministère de tutelle, tandis qu’aux Affaires étrangères, la diplomatie devra peser avec art sur la sortie de crise. Et même si un porte-parole manque à  ce gouvernement, la feuille de route elle est vivement attendue. Première mission, engager ou non cette intervention militaire au nord, pour chasser les occupants, en accord avec la CEDEAO et les Nations-Unies. Et deuxième mission, redonner confiance au Malien sur son pays, sa capacité à  y vivre en paix et dans le respect des institutions de la République, fut-ce en temps de crise. Il faut lever le pessimisme qui règne dans le Mandé !

Gouvernance : un audit nécessaire pour mieux repartir

Après le coup d’Etat de 1968, le CMLN avait prétendu que le pays était mal gouverné et qu’il fallait mieux orienter la gouvernance pour le développement de la nation. Vingt trois (23) ans après, en 1991, la mal gouvernance était sur toutes les lèvres lorsque le régime de l’UDPM a été renversé. La popularité d’un certain ATT s’est bâtie sur les « mots » justes qu’il a su utiliser entre mars 1991 et juin 1992. « Sur papier, on avait fini de construire le Mali », avait-il dit entre autres pour expliquer comment les gouvernants avaient détourné les ressources empruntés ou reçu en dons. « A toutes les occasions, on nous demandait de serrer la ceinture. A force de serrer certains ont eu soit des maux ou carrément les reins brisés. » Une autre citation des premières heures du coup de force qui a parachevé le soulèvement populaire en mars 1991.En mars 2012, l’incompétence et la mal gouvernance étaient au centre des griefs formulés dans les déclarations des jeunes militaires qui ont profité d’une mutinerie pour bouleverser le fonctionnement de l’Etat. Depuis la démission du Chef de l’Etat en avril 2012, rien ne semble aller comme il le faut au Mali. Ceux qui ont pris les armes au Nord n’ont qu’un seul mot sur la langue, la mal gouvernance qui aurait mis les régions du Nord pour en situation des laissés-pour-compte. On sait que cet argument est un prétexte qui cache un autre aspect de la mal gouvernance avec toutes sortes de trafic dans ces zones. Sommes-nous compétents pour une bonne gouvernance ? La question peut paraitre provocatrice et même insultante à  bien des égards mais pas du tout saugrenue au vu du comportement de ce qui se veut être l’élite qui nous gouverne ou qui aspire à  le faire. Depuis mars 2012 la classe politique malienne s’est illustrée par ses multiples contradictions et oppositions stériles à  toute proposition de sortie de crise. A l’ entendre, l’observateur a l’impression qu’il ne s’agit pas du même pays. Mais qu’est ce qui motive ces contradictions et oppositions ? Les intérêts partisans bien sûr, « le manque d’idéal vrai pour le Mali », rétorque un observateur étranger averti qui suggère une mise à  l’écart de certains hommes politiques, sinon, estime-t-il le Mali ne connaitra jamais la stabilité recherchée tant que « ces gens garderont leur capacité de nuisance contre le pays ». Dix ans de consensus aurait du permettre à  la classe politique de s’accorder sur l’essentiel mais on se rend compte que le consensus était forgé sur le partage des maigres ressources du pays. « Je te tiens, tu me tiens. On bouffe et tout le monde se tait », tel semblait être la devise ou le mot de passe. Sinon les règles de base semblaient claires au départ, une alliance pour la mise en commun des efforts afin de permettre au Mali de se développer. l’idéal « non partisan » était une motivation supplémentaire faisant de l’élu de 2002 une sorte de « main de Dieu » pour le Mali. Mais la trahison a été trop grande et Dieu lui-même a du se poser des questions sur la tournure de la gouvernance et la rapacité des hommes qui en étaient chargés. La bonne gouvernance n’a rien à  voir avec les capacités et la technicité livresques. Il s’agit beaucoup plus de la capacité de transformer un idéal en conditions de vie améliorées pour des populations. Ceci passe par une vision et un cadre d’action bien balisés et suivis. Quelle vision pour le Mali ? Les évènements prouvent que pour le moment nous n’avons jamais su depuis les indépendances bâtir et ancrer une vision pour le Mali. Tout ce que nous avons eu jusque là  ce sont des visions d’homme qui disparaissent avec les tenants mais ne constituent nullement une vision pour la Mali. Il est bon de rappeler que les projets ne sont pas des visions pour un pays surtout pas des projets financés de l’extérieur. La vision pour un pays repose sur la construction de l’humain, de ses capacités intrinsèques à  être un citoyen modèle, à  prouver son patriotisme dans toutes les conditions et circonstances et qui se traduit par une expression de fierté à  l’évocation de son pays pour lequel aucun sacrifice n’est trop grand à  ses yeux. Toutes les grandes nations ont su bâtir d’abord une vision pour le pays dans laquelle tous ceux qui se réclament dudit pays se reconnaissent, s’en identifient et s’investissent pour sa réalisation. C’’est un rêve que les dirigeants font naà®tre en chacun et tous les moyens sont mis en place pour le rendre réel au niveau individuel et collectif. Ceci ne vient pas de l’extérieur mais construit sur des valeurs nationales que l’on élève au niveau de culte basé sur des principes universels comme le travail bien fait, la discipline, le civisme, le respect, mais aussi le combat contre l’oisiveté, la pauvreté, le vol et tous ses corollaires, etc. Pour bien repartir ! La remise en cause de la marche normale de l’Etat de janvier et mars 2012 a montré que l’idéal de gouvernance vers lequel on nous faisait tendre était encore une illusion. Dans la mesure o๠nous sommes condamnés à  sortir de la mauvaise passe actuelle, l’occasion est plus qu’idéale pour partir sur de bonnes bases avec de vrais leaders. Et comme le dit un internaute « un leader ce n’est pas une personne, c’est une vision faite de lucidité, un état d’esprit, un style de vie. Et cette révolution se fera avec le temps, avec des Hommes intègres et non avec des gens qui tuent le peuple, qui laissent leur jeunesse dans l’ignorance, la faim, le chômage, la violence, la maladie etc. » Un préalable à  tout cela serait un audit de la gouvernance au Mali depuis 1960. Ce travail peut et doit être fait par le Gouvernement de transition si tant est que ce gouvernement a de l’ambition pour le Mali et qu’on lui laisse les mains libre. « Rien ne doit plus être comme avant ». Et « rien ne sera plus comme avant », comme aime à  le répéter un grand frère depuis le déclenchement des attaques de janvier. l’audit permettra de : – Déterminer les capacités du pays à  se sortir de crise (pas la crise actuelle) en terme de prospective ; – Dégager les forces et les faiblesses des différents modes de gouvernance appliqués au Mali en tenant compte des disponibilités des ressources humaines, financières et autres à  chaque période afin de dégager les besoins du pays en terme de formation, et d’orientation de l’action ; – Proposer les axes d’orientation du système de gouvernance à  même de sortir rapidement le Mali de son état et relancer le développement intégral ; – Donner des orientations pour la prise en compte des préoccupations populaires afin de mieux faire le lien entre les centres de décisions et les administrés ; – Etc. On a parlé pour le premier gouvernement de la transition de technocrates et pour cela ce gouvernement devrait montrer sa technicité en présentant, je ne ferai pas l’insulte de croire ou même de dire qu’il n’y a pas de feuille de route, une direction à  atteindre avec les chemins probables qui peuvent nous y conduire. Une chose essentielle qui devrait aider un régime « normal » d’après élection à  bien conduire le Mali est un bon audit de la manière dont l’Etat a été géré sur le plan structurel et humain depuis l’indépendance. Ceci est d’autant plus important que les postulats de la formation du gouvernement actuel est que ce sont les « anciens » qui disposent de la technicité au Mali. Les jeunes pour le moment, mal formés et presqu’indisciplinés ont besoin de faire preuve de patriotisme pour mériter du respect. Les vingt (20) d’anarchie scolaire ne plaident pas contre ce postulat. Au contraire ! Depuis janvier 1991, début des grands mouvements qui ont abouti à  la chute de la 2ème République, l’école et la classe politique maliennes ont crée une « alliance » dangereuse contre l’avenir du Mali. Les élèves et étudiants ont découvert les « délices » de l’action politique et les politiques se sont rendus compte de tout « l’avantage » qu’ils pouvaient tirer de l’usage de cette force « inconsciente » pour les besoins politiciens. Ainsi se sont constitués de véritables miliciens dans les écoles entretenus par des hommes politiques et utilisés selon les besoins pour perturber le fonctionnement normal des choses. Tout le monde croit manipuler tout le monde et C’’est le Mali qui en sort perdant, les jeunes étant naturellement les sacrifiés sur l’autel de l’inconscience politique. Il y a un peu plus de 10 ans, nous tirions la sonnette d’alarme en disant que « dans 15-20 ans ce sont les autres peuples de l’espace CEDEAO en construction qui viendraient gouverner le Mali à  la place de nos enfants mal formés, indisciplinés et incapables de bâtir des stratégies de développement » en souhaitant que cela ne soit juste qu’un avertissement. A l’évidence, il est temps de recadrer les choses afin que nous n’en soyons pas là  ! (un euphémisme au vu de la situation actuelle). Si Ouagadougou n’avait pas existé ! Se serait écrié quelqu’un en observant la « ruée » vers la capitale du Burkina des « forces vives » maliennes pour discuter du sort du Mali. Comme à  l’époque, tout le monde en avait conscience, mais malheureusement tout le monde a laissé faire. On continue dans les mêmes erreurs et entêtements. Ceux qui ont pris les armes occupent le nord du pays, Bamako est occupé par l’égocentrisme ! Ce qui est un sentiment très enfantin dénué de toute objectivité. s’agit-il encore d’une prise de conscience ? Peut-on valablement prétendre encore au Mali qu’il faut que les gens prennent conscience de la dérive de la gouvernance du pays ? C’’est le scepticisme qui nous anime en ce moment. Si la masse populaire vocifère à  longueur de journée, chacun avec ses solutions idylliques, il est très inquiétant de constater que les têtes pensantes du système sont encore à  penser à  leur ventre, à  l’influence « sociale » qu’ils peuvent avoir et tout le bénéfice matériel à  tirer d’une bonne présence dans l’appareil décisionnel du pays à  la dérive. Le souci de mettre le pays sur pied ne leur vient que lorsque certains intérêts à  eux sont bloqués justement à  cause de la situation de crise. Que peut-on attendre de tels personnages ? C’’est pourtant le cas de beaucoup de nos leaders politiques qui ne pensent qu’en termes de positionnement quitte à  marcher sur le cadavre doublement « assassiné » de compatriotes déjà  à  terre. C’’est ça le manque de vision pour un pays ! Ceci est un scandale à  nos yeux. Sidi Coulibaly, journaliste Ouagadougou

Le poing levé du FDR pour la démocratie

Ce qu’il faut retenir de ce meeting tenu samedi 21 avril au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba de Bamako, C’’est la salle archicomble et la fougue des membres du Front Uni pour la Sauvegarde de la République galvanisés par les récentes arrestations de personnalités politiques par la junte au motif d‘un contre coup d‘état. «Â  Les militaires ne font que distraire la population » Constitué d’une centaine d’associations de la société civile et d’une cinquantaine de partis politiques, le FDR a réuni plus de 3000 personnes pour faire passer un seul message, celui de la sauvegarde de la démocratie et le retour à  l’intégrité territoriale du Mali. Pour Siaka Diakité, Président du Front, la population malienne doit agir et ne peut continuer à  se laisser distraire par les militaires : D’autres leaders du FDR comme Tiéman Coulibaly ou Maà®tre Kassoum Tapo, tous deux galvanisés par leur 48h de détention au camp de Kati, n’ont pas fait dans la dentelle : «Â  Tolérance zéro face à  la violation de la constitution », a clamé l’avocat à  la foule, le poing en l’air. Expliquant les causes de leur arrestation par le CNRDRE, Maà®tre Tapo et Tiéman Coulibaly, ajouteront que la junte n‘a pas apprécié leur déclaration à  Ouagadougou concernant l‘application de l‘Accord Cadre et qui doit en principe respecter la Constitution maliennede 1992 : , précise Kassoum Tapo profitant de l’occasion. «Â  l’appel à  la CEDEAO pour libérer le nord «Â  Iba Ndiaye, premier vice président de l’Adema, a lui lancé un vibrant appel à  la CEDEAO pour qu’elle intervienne de toute urgence et renforce l’armée malienne pour reconquérir les régions occupées du nord. Au moment o๠Cheick Modibo Diarra, Premier ministre appelle à  la négociation avec les occupants du nord dans son premier discours à  la nation, certains, échauffés par les agissements de la junte à  Bamako, réclament l’offensive : Pour Amadou Koita, président de la jeunesse FDR, le CNRDRE ferait mieux d’encercler les régions du nord au lieu de faire pression sur la télévision nationale et transformer le camp Soundiata de Kati en « bounker ». Grands absents à  ce meeting du FDR, Soumaila Cissé, le leader de l’URD qui s’est envolé ce week-end à  Paris pour y recevoir des soins. Son interpellation la semaine dernière lui a valu quelques blessures sérieuses. Et Modibo Sidibé, le candidat indépendant qui en était à  sa troisième interpellation… Le Front poursuit lui son action.

Siaka Diakité :  » La rencontre de Ouaga était satisfaisante ! « 

Journaldumali.com : Quel bilan faà®tes-vous de ces 48 h à  Ouaga ? Siaka Diakité : Cette rencontre qui a réuni une centaine d’associations de la société civile et une cinquantaine de partis politiques, a permis à  l’ensemble des Maliens de se réunir et débattre de la situation qui prévaut au Mali et de faire part de leurs préoccupations. Nous membres du Front n’avons qu’une seule préoccupation, c’est le retour à  la légalité constitutionnelle et à  la normalisation de la situation. Et cette rencontre a abouti à  la déclaration de Ouagadougou du 15 Avril 2012. Journaldumali.com : Cette concertation ne pouvait-elle pas avoir lieu à  Bamako ? Siaka Diakité : Non du fait du contexte très tendu, nous avons répondu à  une invitation du médiatuer Compaoré qui nous a reçu à  Ouaga. Nous y avons discuté de cette Accord Cadre signé entre la junte et la CEDEAO et dont la mise en oeuvre nous implique. Nous nous avons un rôle consultatif et lors des discussions, nous avons eu à  apporter notre éclairage sur les modalités de cet accord. Journaldumali.com : Justement, il y a plusieurs niveaux de lecture à  cet Accord Cadre. L’un des points de discorde est la durée de l’intérim de 40 jours ? Siaka Diakité : Oui justement, c’est le délai qui est prévu par l’Accord Cadre et que les signataires de l’Accord ont paraphé, je veux parler de la junte et de la CEDEAO, mais nous nous avons apporté une analyse pour parfaire cet accord cadre. L’Accord trace des grands lignes et il faut en amont, expliciter certains points qui ne sont pas clairs pour tout le monde. La nomination du Premier ministre de transition doit se faire selon l’Accord Cadre, avec l’aval des signaitaires. La Cédéao peut-elle désigner le Premier Ministre ? Le président par Intérim peut-il déroger au principe constitutionnel de nomination du PM ? [b Journaldumali.com : Beaucoup croyaient que la junte allait se retirer après l’investiture de Dioncounda Traoré ? Siaka Diakité : C’est faire une mauvaise lecture de l’Accord Cadre. Le problème de l’Africain, c’est qu’il ne connaà®t pas sa constitution, qui a prévu des dispositions bien précises dans ce genre de situation. La junte dans cette affaire joue son rôle. Le Président par Intérim ne dispose aujourd’hui d’aucune prérogative. Et l’Armée malienne, joue t-elle son rôle ? Nous sommes dans une situation o๠le gouvernement n’est pas encore formé, alors chaque partie a un rôle à  jouer jusqu’à  ce que nous obtenions le retour à  la normalité constitutionnelle. Ordre constitutionnel, intégrité territoriale et unité nationale, lorsque nous aurons atteint ces trois objectifs, moi je retournerai dans mon syndicat ! Qu’a prévu la rencontre de Ouagadougou sur la question du nord ? Siaka Diakité : La CEDEAO s’est engagée à  aider le Mali. La CEDEAO doit agir dans ce sens. D’ores et déjà , il ressort de la déclartion de Ouagadougou, la mise en place urgente d’un corridor humanitaire, le renforcement et l’implication de la CEDEAO pour amplifier les actions humanitaires, c’est déjà  un début de solutions. Journaldumali.com : Tiébilen Dramé a été mandaté par le Président par Intérim à  Nouakchott pour rencontrer le président Mauritanien et cette rencontre a permis de discuter avec des membres du MNLA ? Comment voyez-vous ce début de négociation ? Siaka Diakité : Moi j’ai appris cette information sur RFI ce matin. Et je ne peux me prononcer là  dessus. Pour le moment, je ne sais pas ce qui en est ressorti. Ce que que je peux vous dire, c’est qu’au FDR, nous nous sommes mis ensemble pour réagir face à  une situation donnée et obtenir des solutions. Journaldumali.com : Siaka Diakité, êtes vous optimiste pour l’avenir démocratique du Mali ? Siaka Diakité : Sans aucun doute. Le Mali a ses réalités. Moi j’ai la certitude que dans les quelques mois à  venir, nous aurons retrouvé toute notre légalité constitutionnelle. Je n’ai jamais encore vu dans aucun autre pays o๠il y a eu un coup d’état, un retour rapide à  l’ordre constitutionnel en seulement un mois.  

Les anti-putsch font bloc derrière Dioncounda Traoré

Après avoir vivement condamné le coup de force des putschistes dans la nuit du 21 au 22 mars, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (F fait bloc derrière le futur président par intérim Dioncounda Traoré. Constitué d’une centaines d’associations et de partis politiques dont l’Adema, l’URD, l’UDD et d’autres, le Front se dit satisfait de l’évolution de la situation, en faveur de Dioncounda dont l’investiture est prévue ce 12 avril. « C’’est Dieu qui vous mis là , on vous soutient de tout C’œur », a adressé un des porte-paroles à  l’ancien président de l’Assemblée nationale. Le sort des prisonniers L’ordre constitutionnel étant revenu, le secrétaire général de l’Union des travailleurs du Mali et président du FDR Siaka Diakité a mis l’accent sur le second objectif : recouvrer l’intégrité territoriale du Mali. Le FDR va remettre prochainement à  Dioncounda Traoré des pistes de réfléxions à  ce sujet. Le FDR a également formulé à  Dioncounda Traoré une requête concernant les anciens membres du gouvernement toujours détenus par la junte au camp Soundiata Keita à  Kati. Selon Tiébilé Dramé, président du parti Parena et membre du FUR, une mission d’Amnesty International serait arrivée à  Bamako. « Nous devons aller au-delà  des clivages » Entouré d’Iba Ndiaye, premier vice-président de l’ADEMA, Dioncounda Traoré a remercié les membres du FDR pour leur soutien : « Aujourd’hui, nous devons aller au-delà  des clivages politiques et rester vigilants. Les évènements du 21 mars ont montré toute la fragilité de notre démocratie, que nous allons nous atteler à  reconstruire ». Sobre et précis, Dioncounda Traoré a rappelé la tâche lourde qui attend les Maliens et le gouvernement qui devra conduire la transition : «Dans les heures à  venir, nous aurons un travail délicat, difficile mais vital à  accomplir. Confucius disait qu’en toute chose, il y a du bon…». «Le plus dur à  combattre, C’’est AQMI et les islamistes qui ont envahi notre pays» Sur la question du Nord, le futur président est clair : «Concernant le MNLA, ça ne prendra pas beaucoup de temps», a-t-il déclaré. « Le plus dur à  combattre, C’’est AQMI et les islamistes qui ont envahi notre pays ». D’o๠la nécessité d’un réarmement rapide de l’armée malienne pour reconquérir les territoires occupés. Dioncounda Traoré s’est dit ouvert à  toutes propositions, idées et suggestions des Maliens pour conduire sa mission

Fragile démocratie malienne…

Le calendrier est troublant. Le retour de l’histoire effarant. A quelques jours près, un dictateur renversé, voit celui qui lui a retiré le pouvoir, à  son tour renversé ? Le général Moussa Traoré, que l’on veut pour mort, puisqu’une nouvelle rumeur a circulé, doit avoir ardemment songé à  ce 26 Mars 1991 o๠il tombait du pouvoir . Du reste, si un coup d’état, à  l’heure actuelle, n’était pas la solution pour le Mali, à  un mois des échéances électorales, le temps a fini par avoir raison d’ATT. Celui qu’on citait en exemple, comme un chantre de la démocratie en Afrique, a t-il raté son rendez-vous avec l’histoire, raté sa sortie ? Un proverbe bambara dit que la mort est préférable à  la honte, verra t-on de nouveau le général s’exprimer face au peuple malien ? Pour l’heure, le temps est à  la réflexion… Il reste évident que l’histoire retiendra ce double coup d’état à  quelques jours près, même si ces motifs en sont différents. Le premier orchestré un 26 Mars 1991, visait à  renverser un régime o๠seul comptait la voix du parti unique. Un coup d’état qui a mis fin à  20 ans de dictature militaire et qui a ouvert une nouvelle ère, celle de la démocratie pour le Mali. ATT remettait ensuite ce pouvoir à  Alpha Oumar Konaré, qui le lui rendait à  nouveau en 2002. Echange de bons procédés. Le deuxième coup d’état, aux allures d’improvisation, ce 22 Mars 2012, est né de la frustration de soldats contre un gouvernement et dans un contexte de crise au Nord. En colère contre un ordre établi, imparfait certes, les putschistes du général ont renversé d’un seul coup, tout l’ordre constitutionnel d’un peuple et mis à  sac les efforts consentis par le leaders politiques, la société civile pendant près de vingt ans. Consolidation de la démocratie, acquis du 26 Mars, pluralisme des partis politiques, liberté d’expression, liberté des médias, que n’a-t-on loué le Mali, comme un exemple dans la sous région, un modèle de stabilité avec à  sa tête, le soldat ATT, un militaire reconverti en apôtre de la démocratie. Un sage en Afrique… A côté de ses voisins ivoiriens ou guinéens, le Mali s’était aussi posté en médiateur de crises, en terre africaine, o๠les conflits n’avaient pas la voix. Mais à  force de naà¯veté, Amadou Toumani Touré a fini par tourner le dos aux problèmes de son pays. Affublé d’une cour qui le suivait partout, le soldat de la démocratie, auréolé de son aura, a fini par perdre le nord et érigé le clanisme et le griotisme en mode de gouvernance. Ses affidés y réfléchissent-ils dans leur détention au camp militaire de Kati, on dit que l’habitude est une seconde nature… Le nord justement. Un problème ancien pour le Mali, que l’ancien hôte de Koulouba, un palais aujourd’hui vulgairement dévalisé par les putschistes du 22 Mars 2012, n’a pas su prendre à  bras le corps. Coup du sort, le temps aura eu raison de sa détermination à  partir. Il est des échéances qui ne vous laissent décidément pas le choix. Un mois seulement aurait suffi. Un versant de la colline de Koulouba a vu chuter les ambitions d’une sortie élégante du pouvoir pour ATT. La descente a dit-on été de justesse. Aussi, le Mali se trouve aujourd’hui dans une confusion sans nom, privé de ses aides, des ses investisseurs, plus grave, privé d’un ordre constitutionnel, le Mali se trouve donc aux mains de putschistes qui ne mesurent pas la gravité de leurs actes et l’ampleur de la tâche, d’o๠le retour à  cet ordre constitutionnel immédiat, et par une transition, s’il le faut… Si les putschistes ne veulent pas hypothéquer l’avenir d’un pays tout entier et d’un peuple, qui a payé lourd le sacrifice pour la démocratie au Mali, ils doivent prendre conscience de l’urgence de restituer ce pouvoir au peuple, ce même peuple qui a choisi un nouveau leader au Sénégal, ce même peuple, celui du Mali, s’est levé pour dire NON à  la junte ! Si les putschistes qui avaient des revendications légitimes ne veulent pas aggraver le chaos, qui règne déjà  dans une partie du territoire, il est crucial qu’ils tiennent leurs promesses de ne pas s’éterniser au pouvoir en rendant le pouvoir aux civils dans les plus brefs délais. Oui à  l’ordre constitutionnel, Oui à  la restauration de la démocratie. Comme le Mali en a toujours fait un crédo ! Un peuple, un but, une foi.

La belle leçon de démocratie du Sénégal

Qui l’aurait cru ? Alors que le Mali vit le retour de l’histoire, ce 26 Mars, avec une junte militaire qui a renversé Amadou Toumani Touré, C’’est le Sénégal, o๠toutes les craintes étaient vives face à  l’obstination d’Abdoulaye Wade à  conserver le pouvoir, qui surprend l’Afrique toute entière. La démocratie est donc bien ancrée au Sénégal. Et les sénégalais n’en arriveront pas à  l’ultime, ne franchiront pas la ligne rouge qu’a franchi le capitaine Sanogo et ses hommes en reversant ATT jeudi 22 Mars. Faut-il douter de l’ancrage démocratique au Mali ? Cette démocratie de façade et constamment louée, 20 ans après la révolution de Mars 91, a eu raison des idéaux de ceux qui l’ont conduite. Le Mali vit la stupeur, revit ses craintes, et le Sénégal respire d’avoir un nouvel homme fort à  sa tête, au terme d’un scrutin à  risque, mais face à  une société civile organisée, qui n’a pas lâché d’un doigt, les appels à  la démocratie, les garde fous ont fonctionné. Abdoulaye Wade qui a félicité son rival et été battu au terme d’un vote sanction, presque un référendum déguisé, a donné l’exemple. En 2000, il battait Abdou Diouf et cette fois, il félicite Macky Sall, nouveau président élu. Le coup de force des putschistes maliens a-t-il dissuadé le vieux gorgui de toute contestation ? Les urnes ont parlé d’elle-même et en cela, la démocratie a fonctionné. Gage de stabilité politique durable au pays de la Téranga. Dans un pays, o๠le débat démocratique fonctionne et o๠l’opposition regroupé sous les coalition M23, a réfuté toute tentative de tripatouillage constitutionnel, on peut parler d’une victoire du jeu politique. Avec la voix du peuple entendue ! Alors qu’ATT sort par la petite porte, Wade s’éclipse dignement d’un pouvoir longtemps convoité. Tout l’honneur lui en revient. Le Mali peut prendre exemple sur le Sénégal et tirer les leçons de ce putsch, qui chaque malien, l’espère, ne sera qu’un épisode transitoire, vers l’organisations d’élections libres et transparentes, et l’élection d’un président élu démocratiquement. Les leçons de l’histoire s’oublient décidément très vite en terre du Mandé, mais l’histoire rattrape toujours les hommes ? N’est-ce pas mon général ?

Démocratie : L’autorité traditionnelle en questions

Autrefois pilier de la société, garante de la stabilité, de la justice et de la sécurité de la communauté, l’autorité traditionnelle au Mali (comme dans beaucoup d’autres pays africains) a été dépossédée de ses pouvoirs face aux enjeux d’une société en pleine mutation. Comment redonner à  ces « anciens » toute leur place, et renforcer leur rôle dans le processus de démocratisation et de décentralisation dans notre pays ? La problématique est au centre d’un forum qui s’est ouvert hier à  Mopti. Initiative de l’Association « Cri-2002 » en partenariat avec le ministère délégué chargé de la décentralisation, et celui des relations avec les institutions et de la Coopération Suisse, la rencontre regroupe les participants venus des régions du Nord. Pour les organisateurs, elle vise l’information, la sensibilisation, et la formation des acteurs sur le chemin de la participation, de l’implication, de la responsabilisation et de l’autonomisation des autorités traditionnelles dans le cadre de la démocratie et de la décentralisation. Pour une meilleure implication de l’autorité traditionnelle l’autorité traditionnelle peut se définir comme une personne, ou un groupe de personnes de notoriété respectable reconnue par la communauté, et à  qui on confie des pouvoirs de gestion, de surveillance de la stabilité…On comprend qu’en Afrique cette couche, qui incarne des valeurs de tradition, avait une place de choix dans la société. Les chefs traditionnels étaient garants de la sécurité (territoriale et alimentaire) de la communauté, ils avaient le monopole d’un certain pouvoir, ils contrôlaient le culte de la pluie, etc. Bref, ils organisaient le pouvoir. Dans le contexte démocratique actuel, l’autorité traditionnelle est peu prise en compte dans la dimension des prises de décisions participatives. La rencontre de Mopti a été donc l’occasion d’adopter une nouvelle feuille de route dans le but de valoriser son rôle dans le renforcement de la démocratie et de la décentralisation. Mopti a été aussi le cadre de lancement des premières balises en vue de l’opérationnalisation des résultats et recommandations du « Forum National sur la décentralisation : Bilan et perspectives », tenu en juin dernier. Les échanges ont, en effet, abouti à  la conceptualisation, l’élaboration et l’opérationnalisation de passerelles pour réussir une synergie d’action entre les acteurs. Cela, non seulement dans leurs relations avec l’administration d’Etat, les organes des collectivités territoriales et les citoyens, mais également dans leur participation, implication et responsabilisation dans la mobilisation des ressources internes, notamment les taxes de développement régional et local (TDRL) et autres taxes et impôts régionaux et locaux. A la fin des débats, prévue ce jeudi, les participants devront adopter un document dit « Appel de Mopti ». Il vise l’application correcte des textes de la décentralisation, l’opérationnalisation des textes portant sur les motivations et indemnités des chefs de villages, fractions et quartiers, la professionnalisation de la fonction de chef de village, fraction et quartier, l’implication des autorités traditionnelles dans l’identification des citoyens afin de permettre de s’acquitter de leur devoir de citoyens dans leur communauté. A Mopti, il a été question aussi de la mise à  jour du répertoire des chefs de villages, fractions et de quartiers, la tenue d’un registre des autorités traditionnelles, etc.

« Mali, le procès permanent », Un regard sans complaisance

Il est question dans cet ouvrage sur la démocratie malienne de ce qui a bien marché, des ratés, des hauts et des bas, ainsi que des causes du désintérêt et du désenchantement des maliens. l’auteur qui n’est autre que le secrétaire général du Mouvement Sans-voix, Tahirou Bah. Enseignant en Histoire et Géographie, il y relate l’analyse de la situation politique et sociale du Mali, près de deux décennies après la chute de la dictature, et l’instauration de la démocratie. l’avant propos campe le décor. Il y est question de la démocratie et du multipartisme intégral instaurés en 1991. Selon l’auteur, cela n’aurait pu être possible si les maliens n’étaient descendus comme un seul homme dans les rues, parfois au prix de leur vie pour affronter la répression. « Ils ont cru aux promesses que les acteurs du mouvement démocratique leur miroiter avec malice. Le mouvement démocratique avait laissé entendre que la chute du dictateur suffirait pour que le bien-être des maliens soit assuré. Tous les maux d’antan perdurent et s’institutionnalisent. Quant aux non maliens qui pourraient rester sur leur faim par rapport à  certains détails manquants, nous les encourageons à  rassasier leur curiosité en s’informant sur ces dits détails, souvent complexes mais passionnants. Ils sont les parties invisibles de ce livre » dit l’auteur. Un parterre d’acteurs de la démocratisation du Mali était présent à  ce lancement. On peut citer notamment Victor Sy, Mamadou Konaré professeur chargé de cours la faculté des sciences juridiques et politiques(FSJP). l’un des invités dira du livre que « rien n’a donc été oublié durant en ce qui concerne la faiblesse de la démocratie malienne» ! l’auteur a pour sa part remercié le public pour avoir effectué le déplacement massivement tout en l’exhortant à  la lecture du nouvel ouvrage qui n’aurait pas été réalisé sans le concours de certaines bonnes volontés. La contribution des uns et des autres ont été saluée, mais aussi la part des jeunes. « Il est important que les maliens lambdas sachent avec précision tout sur la démocratie malienne qui a profité seulement à  une poignée d’individus et non au peuple. Voila, une des raisons qui m’ont poussé à  écrire ce livre » confiera Tahirou Bah à  ses invités.

16è EID : la plaie du foncier

Désormais inscrit dans la tradition, l’EID s’est déroulé le 10 décembre 2011 au Centre international des conférences de Bamako sous la présidence du chef du Gouvernement, Mme Cissé Mariam Kaà¯dama Sidibé. Au nombre des griefs formulés contre le gouvernement pour l’édition 2011, certains résultent de la non satisfaction des recommandations de l’édition précédente. Une situation qui, selon certains plaignants, jette un discrédit sur la justice malienne. «Si les recommandations issues des éditions précédentes et les décisions de justice intervenues à  cet effet, étaient correctement appliquées, il y aurait moins d’interpellations. l’initiative est bonne, mais si tout cela n’est pas suivi d’effet, nous risquons de passer à  côté », nous confiait un interpellant. Abondant dans le même sens, un autre nous déclare : « Tout ceci est dû à  une mauvaise répartition de la justice. On a une justice à  double vitesse qui n’applique pas ses propres décisions et cela en fonction des situations. Les droits des pauvres sont lésés au profit des riches. On est tout simplement inquiets». Quelques exemples de litige foncier Boubacar Sow, lui, est fonctionnaire des collectivités territoriales. Il ne perçoit pas de salaire depuis quelques mois à  cause de l’incapacité du département à  payer les travailleurs des communes. Il a porté plainte. Le tribunal a condamné la commune de Diafarabé à  lui payer la somme due. Ce cas sera pris en compte par le département qui promet de le remettre dans ses droits. Les autres interpellations adressées au ministre de l’Administration territoriale et de Collectivités locales, Kafougouna Koné ont fait l’objet de réponses transversales avec son homologue du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme. Dans un autre registre, l’Association pour le développement et la solidarité entre les habitants de la Cité Mali-Univers dénonce la construction par l’entreprise SODEMA, d’une usine et d’un entrepôt dans une zone d’habitation. La réalisation a fortement provoqué la détérioration de l’environnement et cause beaucoup de nuisances. Le département du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme a demandé au gouvernorat du District de Bamako, d’annuler la décision autorisant la société à  construire l’usine. La SODEMA a saisi le tribunal administratif pour abus de pouvoir. Le ministre en charge du Logement, Yacouba Diallo a demandé d’arrêter tous les travaux sur le chantier en entendant de prendre une décision pour la démolition. Pour garder le sens et la portée de cette tribune d’expression populaire qu’est l’E.I.D, les autorités au plus haut niveau doivent veiller à  la mise en œuvre des différentes recommandations et donner des réponses idoines aux griefs formulés. Notons que sur un total de 96 dossiers reçus par la commission nationale d’organisation, 86 ont été examinés et 33 ont fait l’objet de rejet. Ces requêtes ont visé une vingtaine de départements du gouvernement Kaà¯dama.

Guinée: l’obsession de la crise

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond en Guinée. A chaque fois que l’opportunité historique d’un nouveau départ politique, économique et social se présente, des acteurs de premier plan font des efforts surhumains pour l’enterrer au plus vite. C’’est dans un contexte de désunion profonde, de tensions politiques, de manifestations étouffées par une répression certes moins meurtrière que par le passé mais toujours musclée que le pays a commémoré le deuxième anniversaire du massacre du stade du 28 septembre. Trois morts tout de même, des bastonnades, des arrestations, des incursions dans les maisons, des étranges apparitions comme celles de chasseurs traditionnels «donzos » qui n’ont rien à  faire en pleine ville. Alpha Condé, élu en décembre 2010 Sous Alpha Condé, élu président en décembre 2010, la Guinée n’a pas encore changé. Ce n’est pas le plus grave. Il eût en effet fallu un rare concours de circonstances pour afficher après neuf mois une rupture radicale. Le vrai problème est que la Guinée du président civil démocratiquement élu Condé est mal partie sur le plan de la stabilité politique, de la cohésion nationale et du respect des libertés publiques. On est encore bien loin du succès guinéen que des diplomates pensaient pouvoir célébrer au moment du transfert de pouvoir d’une junte militaire à  un régime civil issu des urnes. Les responsables de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA) et du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest doivent se remobiliser pour la Guinée avant que la promesse de démocratisation ne se transforme en un nouveau mirage. Nouvelle poussée de fièvre? D’o๠est venue la nouvelle poussée de fièvre? Le « collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition » avait appelé à  des manifestations pacifiques à  compter du 27 septembre pour dénoncer le refus du gouvernement de renégocier les conditions d’organisation des prochaines élections législatives. Ce collectif inclut l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, les partis des deux principaux rivaux d’Alpha Condé lors de l’élection présidentielle de l’an dernier. Les points de désaccord touchent à  toutes les composantes cruciales du processus : la composition de la commission électorale nationale indépendante, la répartition des tâches entre cette commission et le ministère de l’administration territoriale, la nature du fichier électoral et la date du scrutin qui dépend directement des paramètres précédents. Alors que le gouvernement avait ignoré les demandes formulées par le collectif dans un mémorandum déposé à  la mi-août, le président de la commission électorale Lousény Camara, très contesté par l’opposition, annonçait la date du 29 décembre pour la tenue des législatives, une date qui ne pourrait être respectée que si la révision des listes électorales commençait immédiatement et si aucune modification n’était apportée au dispositif électoral actuel. Autrement dit, après avoir tardé à  communiquer sur la question des élections législatives, le gouvernement avait décidé de lancer les préparatifs techniques sans rechercher le moindre accord avec les partis politiques importants. Dialogue de sourds On pourrait se dire qu’il n’y a là  rien d’exceptionnel: ce type de dialogue de sourds entre le gouvernement (et le parti du président) et les partis d’opposition est devenu une tradition dans la majorité des pays africains à  l’approche d’échéances électorales. Dans le cas guinéen, la volonté du pouvoir d’aller aux élections à  ses conditions est d’autant moins surprenante que le parti présidentiel, le Rassemblement pour la Guinée (RPG) a de bonnes raisons de redouter le scrutin législatif. Vainqueur laborieux de l’élection présidentielle après avoir été distancé au premier tour, Alpha Condé sait que l’UFDG pourrait réaliser un bon résultat lors des législatives et devenir une force incontournable au sein du Parlement. Il sait également que les autres partis importants négocieront chèrement une possible alliance post-législatives avec le RPG. Pour le président Condé, le scrutin à  venir est donc crucial. Cette montée de tension ne relèverait-elle donc pas des ruses normales qu’impliquent la bagarre politique? Convient-il de « taper » sur le jeune régime Condé simplement parce qu’il fait tout pour que la prochaine Assemblée nationale ne vienne pas contrarier si tôt l’exercice plein de son pouvoir? La Guinée, un pays très fragile La réponse à  cette dernière question est oui. Parce que la Guinée n’est pas un pays africain comme un autre qui se prépare à  des élections. C’’est un pays très fragile dont le sort préoccupe l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest depuis la longue fin de règne catastrophique de Lansana Conté, décédé en décembre 2008. C’’est un pays o๠des centaines de civils ont été tués pendant des manifestations sous Conté en 2006 et 2007, puis sous Dadis Camara en 2009 en réclamant un « changement » de gouvernance politique et économique. La rigidité du locataire de la présidence C’’est un pays o๠la communauté internationale a investi des efforts de médiation conséquents et soutenus pour éviter d’abord une violente crise de succession après le décès de Conté, puis pour contraindre les militaires putschistes à  transférer le pouvoir à  des autorités politiques civiles élues. Le président Condé a certes consacré l’essentiel de sa vie au combat pour la démocratie, comme il ne manque pas de le rappeler, mais il n’est pas le seul à  avoir participé à  cette lutte au cours des dernières années. Les mobilisations populaires de 2007-2009 ont été conduites par un large rassemblement d’acteurs de la société civile et politique guinéenne, de toutes origines ethniques et régionales. Des propos provocateurs visant la communauté peul l’élection présidentielle, caractérisée par des faiblesses organisationnelles importantes et par une absence flagrante de confiance dans la neutralité de la commission électorale, n’a pas mis fin à  la transition de la Guinée vers un système démocratique. Elle n’en constituait qu’une étape importante. Le dialogue politique, la médiation des organisations de la société civile et l’implication forte des acteurs régionaux et internationaux qui ont permis à  la Guinée d’éviter le chaos au moment de l’élection présidentielle ne peuvent pas être aujourd’hui rejetés par des acteurs qui en ont profité pour accéder au pouvoir. La rigidité du locataire de la présidence à  Conakry est d’autant plus inquiétante qu’elle se double d’un discours ambivalent qui fait planer des doutes sur sa volonté d’apaiser les tensions ethniques ravivées par l’élection présidentielle, et notamment par un second tour qui avait pris les allures d’un duel entre un candidat Malinké et un représentant de la communauté peul. Des personnalités importantes comme le ministre de l’Intérieur, le médiateur de la République ou encore le gouverneur de Conakry, le commandant Sékou Resco Camara qui peine à  incarner un régime civil démocratique avec son béret rouge et ses menaces dignes de l’époque Conté ou Dadis Camara, ont tenu des propos provocateurs visant explicitement ou implicitement la communauté peul, et cela sans que le président ne s’en émeuve. Il a semblé au contraire aller dans le même sens, en multipliant des allusions à  des citoyens jamais identifiés adeptes du « sabotage » des actions de l’Etat, des non-dits qui rappellent de mauvais souvenirs en Guinée. La mobilisation politique sur l’ethnicité n’est pas unique à  la Guinée et il n’est pas réaliste d’espérer la voir reculer à  court terme. Mais il y a des limites qui ne doivent pas être franchies, au risque de favoriser le passage de la violence rhétorique aux violences physiques intercommunautaires. Que des extrémistes qui ne jurent que par le référent ethnique existent aussi bien dans le camp de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo que dans celui du président Condé ne change rien à  la responsabilité singulière de ceux qui, aujourd’hui, incarnent le pouvoir d’Etat. La perspective des législatives ne saurait en aucun cas justifier une stratégie de la tension politico-ethnique. Lorsque des discours vicieux tolérés par les autorités publiques pénètrent les esprits de cercles de jeunes peu éduqués et frustrés par les conditions socioéconomiques d’un pays en crise depuis des décennies, qu’ils soient peul, malinké, soussou ou kissi, le pire n’est plus à  exclure comme l’a montré l’exemple ivoirien. Les forces sociales et traditionnelles positives qui en Guinée ont souvent prôné la modération et la cohabitation pacifique des communautés ne résisteront pas indéfiniment au jeu malsain de ceux qui attisent les tensions à  des fins politiques. Processus électoral dans un contexte de suspicion généralisée Il faut espérer que les propos conciliateurs tenus par le président Condé dans son discours de commémoration de l’indépendance le 2 octobre inaugurent une phase de rectification de sa gouvernance politique. Il nourrit manifestement de grandes ambitions pour son pays. Aucun des objectifs de développement économique et social ne sera cependant atteint au bout de son mandat de cinq ans s’il n’opte pas pour le dialogue, la négociation et l’apaisement. Dans l’immédiat, l’organisation des élections législatives sur des bases consensuelles est la priorité. Il convient pour le gouvernement de suspendre tous les préparatifs électoraux, pour le président de rencontrer en personne les chefs des partis politiques du collectif pour la finalisation de la transition et de conclure avec eux un accord sur toutes les modalités du processus électoral. Dans un contexte de suspicion généralisée qui a peu de chances de changer dans les prochaines semaines, l’implication de facilitateurs extérieurs est indispensable: la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA) et les Nations unies doivent dès maintenant conduire une mission de bons offices à  Conakry pour faciliter le dialogue politique et offrir ensuite une assistance technique pour l’organisation des élections législatives.

Révision constitutionnelle : Quelle urgence face aux problèmes des Maliens ?

Voté le 02 aout dernier par l’écrasante majorité des députés à  nationale du Mali, la réforme constitutionnelle reste une question d’actualité sur la scène politique malienne. Des agitations de gauche à  droite pour pousser le président de la république Amadou Toumani Touré , l’initiateur des réformes, à  surseoir à  la tenue du référendum qui doit parachever le processus de consolidation de la démocratie commencé en 2008, avec la mise en place de la Commission de la Commission Daba Diawara, aux soubresauts des partis politiques, la révision constitutionnelle continue de faire débat. Si le débat est nécessaire, voire indispensable, pour l’enracinement de la démocratie, les tiraillements autour de ce projet donnent l’impression que le gouvernement, la classe politique et la société civile souffrent d’un mal incurable. Celui d’une impuissance et d’un manque de voix face aux décisions du pouvoir en place. Tiens, des cadres d’une compétence avérée sont même clochardisés pour obtenir des postes qui leur reviennent de droit. Ils sont réduits à  leur plus simple expression. Il y a certainement deux poids, deux mesures, dans le traitement des agents du service public. D’autres problèmes plus urgents que le projet de réforme ! Dans ce pays, on a l’impression que la société civile est muselée , car les citoyens assistent aux abus de pourvoir sans qu’aucune organisation ne lève le petit doigt. Face à  la hausse vertigineuse des prix des produits de grande consommation, un grand fossé se creuse entre riches et pauvres dans notre pays et personne ne s’en émeut. Récemment, nous évoquions le cas des organismes génétiquement modifiés dont l’expérimentation a été autorisé par le gouvernement dans notre pays, après le vote par l’Assemblée nationale d’une loi portant sur la biosécurité. Il faut être courage de le dire : nous sommes dans un système o๠le pouvoir enrichit le riche et appauvrit davantage le pauvre. La chute du système éducatif Prenons un exemple sur l’éducation. Dans l’acte fondamental, œuvre des révolutionnaires de mars 1991, il était écrit, noir sur blanc, que l’enseignement public est gratuit. Tout constat fait, et honnêteté intellectuelle oblige, personne ne peut nier qu’il existe au Mali une école pour les enfants des riches et une autre pour ceux des pauvres. Cette année, la grève des enseignants du supérieur qui a eu comme conséquence immédiate la fermeture des universités et autres écoles supérieures n’a suscité aucune indignation de la part de ceux et celles qui s’agitent aujourd’hui. Or, ils pouvaient bien faire pression sur les deux parties à  savoir le gouvernement et les syndicats, pour éviter cette décision extrême qui n’honore pas notre école. Mais tout se passe comme si une année blanche était sans dommage pour le cursus scolaire des étudiants et l’économie des parents. Ne soyons pas dupes. Les révolutionnaires de mars 1991 avaient écrit dans la loi fondamentale que les Maliens ont droit au travail. Mais qu’en est-il, en réalité, de la problématique de l’emploi au Mali ? De l’aveu du président de la République, Amadou Toumani Touré, l’emploi, surtout celui des jeunes, est une question de sécurité nationale. La Constitution a-t-elle pu empêcher la privatisation pour ne pas dire la braderie des sociétés nationales qui a mis en chômage des milliers de chefs de famille ? Non ! Prenons notre courage à  deux mains pour faire un tour à  la bourse du travail. Echangeons avec ces‘’victimes du dérapage du système démocratique ». l’épisode dramatique de ‘’Huicomabougou », avec des travailleurs désabusés de l’huilerie cotonnière du Mali qui ont passé 365 jours dans des conditions inhumaines, est un cas parmi bien d’autres.

Réforme constitutionnelle: la grogne de « SOS démocratie »

141 pour, 3 contre et 1 abstention le projet de loi portant révision de la constitution a adopté le mardi 02 juillet 2011 à  l’hémicycle. Après avoir passé des mois à  contester la pertinence et le contenu du projet de loi portant révision de la Constitution de 1992, les députés maliens l’ont fait passer comme lettre à  la poste. Mais la société civile ne l’entend pas de cette oreille et entend bien manifester son mécontentement. « SOS démocratie » et une frange importante de la société affirment leur détermination à  faire échec par tous les moyens au referendum constitutionnel annoncé. Y compris s’emparer de la rue pour élever la contestation populaire. l’atmosphère politique risque de devenir irrespirable avec les questions du fichier électoral, et de la composition de la CENI qui ne sont pas encore réglées. Il faut craindre de revoir le scenario du mouvement de contestation de la rue du code de la famille voté par les députés. On se souvient en effet, qu’il y a tout juste une année, le vote du code de la famille avait suscite un tôlé des associations musulmanes qui ont estimé, que ce texte qu’ils ont d’ailleurs jugé satanique, bafouait l’héritage culturel et religieux des populations maliennes. Le texte avait fini par être retiré de l’arsenal juridique par le président ATT face à  la pression de la rue. La nouvelle constitution qui prend à  présent le chemin vers le référendum va-t-elle échapper à  la loi de la rue ? Une remise en cause des acquis de Mars 91 Selon le quotidien malien « Info matin », un appel a été lancé par la coalition « SOS démocratie » composée de partis, associations politiques et structures de la société civile, dont les membres étaient réunis, le samedi dernier à  la Pyramide du souvenir de Bamako. Autour des Ali Nouhoum Diallo, Abdou Traoré dit Diop Daniel Amagoin Tessougué et des militants de la liberté démocratique, plusieurs acteurs politiques et de la société civile ont dit publiquement leur refus de cautionner ces reformes constitutionnelles qu’ils ont qualifié d’inopportunes et dangereuses pour les avancées démocratique du pays. Il est reproché à  ces reformes institutionnelles de constituer une remise en cause fondamentale des acquis de mars 1991. Et pour cause la coalition, dans une déclaration qu’elle s’apprête à  rendre publique, soutient clairement que ces reformes décriées « introduisent une inégalité entre les citoyens, notamment à  travers l’introduction d’une notion de discrimination dite positive, et l’exclusion des binationaux de la candidature pour les élections présidentielles ». Ce n’est pas tout. Ces reformes institutionnelles toujours selon la Coalition, renforcent excessivement les pouvoirs du Président de la République, et compromettent ainsi dangereusement l’équilibre des pouvoirs partant la démocratie et l’Etat de droit. Pour ce mouvement, qui exige le retrait de ces reformes, celles-ci ne visent qu’ « un accroissement exponentiel et injustifié de la dépense publique, par une augmentation du nombre des institutions (Instauration du sénat) toutes choses qui ne répondent à  des réels besoins ». De ce fait, les membres de la coalition « SOS démocratie » disent non à  la révision de la Constitution qui s’apparente, selon eux, «à  une remise de cause du fait majoritaire et de l’indépendance des institutions».

La démocratie du bâton?

Il y a un phénomène très récurrent dans notre pays, aussi révoltant que condamnable : la violation systématique de la liberté de manifester. Le parti politique MODEM en a fait les frais ce mardi 19 juillet au cours de sa marche contre le chômage des jeunes. En regroupement de protestation devant l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi, ANPE, ce parti, aussi légal que le PDES qui soutient ATT, a eu droit à  une sévère répression de la police nationale. Les manifestants ont été violemment tabassés, puis dispersés par les forces de l’ordre ayant eu consigne de «nettoyer les lieux». Cet exemple n’est pas un cas isolé. En 2006, des femmes agricultrices à  l’Office du Niger avaient été expropriées de leurs terres, parcelles remises ensuite à  des fonctionnaires pour exploitation. La manifestation des pauvres dames a été sanctionnée par une violente répression et des vagues d’emprisonnements, à  l’image de celui de l’actuelle députée de Niono Mme Oumou Coulibaly, en son temps présidente de l’association des femmes exploitantes. En 2008, les membres d’une association féminine de la commune II, voulant marcher sur la Primature contre la vie chère (en pleine crise céréalière), ont été violemment brutalisées par des forces de l’ordre. Des gestes barbares d’une autre époque ont été perpétrées sur des vieilles femmes, dont le tort a été de vouloir exprimer un point (bien réel) au nom de la démocratie. La même année, les responsables du regroupement de jeunes «Mouvement des Sans-Voix » en ont eu pour leur compte. En organisant une marche (également contre la vie chère), son président Tahirou Bâh a été interpellé par le Commissariat du 1er arrondissement o๠il est resté pendant de nombreuses heures avant l’intervention de militants de droits de l’homme. En attendant sa sortie du commissariat, il sera insulté, menacé d’emprisonnement à  la prochaine tentative d’organiser une marche. En 2009, le président du Cercle de réflexion et d’action des jeunes (CRAJ), Mahamane Mariko, a eu la sécurité d’Etat sur le dos. Son tort a été de dénoncer, à  travers son association, « la passivité du gouvernement malien » dans la gestion de la rébellion du Nord, tenue par le terrible Ibrahim Ag Bahagan. Le leader associatif sera soumis à  un long interrogatoire réservé aux chefs de gangs. Son passage dans les locaux des services de renseignement avait défrayé la chronique, et hante encore les esprits de tous ceux qui tentent de dire «non» au régime. l’autre exemple de violation du principe démocratique au Mali, C’’est aussi le refus fait à  l’Association malienne des expulsés (AME) d’organiser une marche sur l’Ambassade de France pour « exiger justice » après la mort de notre compatriote Mahamadou Maregua. Le jeune malien de 30 ans avait été tabassé par des policiers français suite à  une interpellation pour un contrôle de papiers. Le gouvernement, qui ne s’est pas exprimé sur le sujet (pas même à  travers un message de condoléances adressé à  la famille du défunt), a décidé d’interdire toute manifestation liée à  l’affaire. A présent, on s’interroge sur les circonstances réelles de la mort de ce Malien de la diaspora. Des exemples du genre, il en existe beaucoup. Et les nombreuses dénonciations des défenseurs des droits de l’homme, sont tombées dans l’oreille du sourd. Difficile aujourd’hui d’avoir, sous ATT, le droit de manifester. Pour avoir «l’autorisation» de marcher à  Bamako ou à  l’intérieur du Mali, il faut vouloir soutenir le programme du président Amadou Toumani Touré, ou encore exprimer son soutien à  un membre du gouvernement. Et dire que le Mali est cité comme « exemple de démocratie » en Afrique, il y a véritablement de quoi s’interroger.

NDI-Mali : Quel « démocrate » es-tu ?

l’ONG basée à  Washington, aux Etats-Unis, est plus connue dans l’accompagnement des processus électoraux ou des transitions démocratiques ou encore des processus politiques dans des pays en situation de post-coups d‘états. C’’est dire la pertinence de son action, en Afrique, o๠la démocratie a encore du chemin à  faire. Avec un rôle consultatif, et entièrement indépendant de toute idéologie politique, le NDI prône une démocratie participative, inclusive et féconde. Son action s’est récemment déployée à  des pays comme le Togo, la Guinée, le Niger, la Mauritanie ou la Côte d’Ivoire pour soutenir les efforts des démocrates. Le NDI, qui œuvre au Mali depuis le début de la transition démocratique de 1991, a ainsi contribué à  la préparation des lois constitutionnelle et électorale, facilité le dialogue politique à  travers le partage des bonnes pratiques démocratiques. l’Institut a un profond respect pour la souveraineté des Peuples et des acteurs qu’il accompagne et pour cela il se refuse à  se poser en donneur de leçons. Le NDI fait la promotion des valeurs démocratiques avec une vision plus large de la citoyenneté. Au Mali, explique Raphael Ouattara, le Directeur résident du Programme, le passage d’une dictature, avec un parti Unique, au pluralisme démocratique, a entraà®né une floraison de partis politiques qui «Â fragmente » l’espace politique dans lequel le citoyen a du mal à  se retrouver : aujourd’hui, l’option du multipartisme intégral est questionné par ceux-là  même qui l’ont réclamé à  cors et à  cris. Le postulat du NDI, en effet, est qu’il n’y a pas de démocratie forte sans partis politiques forts, un peu à  l’image des partis Républicain et Démocrate aux Etats-Unis, deux grandes formations qui rassemblent en leur sein une multitude de petites formations ou tendances plus ou moins marquées à  gauche, à  droite ou au centre. Un nombre raisonnable de partis donne une plus grande lisibilité aux citoyens dans l’expression de leur suffrage. Facilitation politique Un des champs d’intervention privilégié de NDI est le renforcement des partis politiques pour mieux systématiser leur vision et leurs ambitions pour le Mali. Comment un parti politique peut-il vulgariser son action et ses idées afin de retenir le suffrage le plus large des populations ? Le NDI va donc vers ses partis et leur propose des outils, des modèles de structuration interne, etc. : « Comment voulez-vous promouvoir les valeurs démocratiques au niveau de l’Etat – un parti aspire à  gérer l’Etat – si vous n’avez pas appris à  le faire au sein de votre parti ? », interroge Raphael Ouattara qui déplore le culte de la personnalité et le manque de fonctionnement démocratique dans bon nombre de partis maliens. Lesquels ? : « Il n’y a pas d’intérêt à  indexer tel ou tel mais NDI travaille avec tous les partis qui le veulent sauf les partis «Â extrémistes » ou religieux », précise l’expert. Renforcement des Institutions Le NDI considère que la démocratie ne peut être performante que si les Institutions qui l’animent jouent leur rôle de régulation. l’Assemblée Nationale est parmi les Institutions les plus ciblées par le NDI car, soutient le Directeur de NDI-Mali, «Â  une bonne démocratie se mesure à  la santé de son Assemblée Nationale ». Or au Mali, déplore l’expert, les conditions matérielles et de ressources humaines de l’hémicycle ne permettent pas aux Honorables députés de donner la pleine mesure de ce qu’ils devraient faire. Du point de vue de l’éthique démocratique, le député est plus important que le ministre puisqu’il représente un groupe d’individus alors que le ministre est nommé par la volonté d’un seul individu ! Pourtant le ministre a plus de moyens pour fonctionner. Or dans une démocratie, celui qui représente la voix du peuple est investi d’une légitimité que le ministre n’a pas ! Et pourtant, dans nos pays de tradition française, le ministre dispose d’un cabinet, de conseillers, de ressources financières, de chargés de mission etC’… toutes choses dont le député devrait également être doté. Alors quelles solutions ? « Il faut doter les députés de plus de moyens parce qu’ils sont les représentants du peuple! », explique Raphael Ouattara. Démocratie inclusive Elle est l’un des piliers de l’action du NDI au Mali et vise surtout la participation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées à  la vie politique : « Ce sont des couches de la société bien trop souvent marginalisées ou instrumentalisées dans les processus politiques », juge Raphael Ouattara. « En considérant le Mali on a environ, 4% de femmes conseillères, 10% députés, 6 femmes ministre sur 32″ : ces statistiques ne reflètent ni le poids démographique ni la qualité des femmes au Mali. Alors que comptez-vous faire ? Renforcer leur participation, encourager leur engagement dans la vie publique et outiller celles qui sont élues ou qui le seront à  l’issue des prochaines échéances que nous souhaitons justes, transparentes et équitables. Sous cet objectif, NDI et d’autres partenaires soutiennent un réseau de partage d’expérience, de sensibilisation et de capacitation des femmes en ligne intitulé IknowPolitics dont la coordonnatrice pour l’Afrique au Sud du Sahara est une jeune Malienne, Mme Dramé Mariame Diallo. Ce réseau a pour vocation de servir de bréviaire pour toutes les femmes en politique qui veulent se cultiver, profiter de l’expérience d’autres femmes ou partager les leurs dans un mouvement de solidarité mondiale pour la cause de l’équité du genre. Le défi des élections de 2012 : justice, équité, transparence La question des échéances présidentielles de 2012 ne pouvait être contournée tant elle est d‘actualité. Le NDI Mali se penchera donc sur la mobilisation électorale au Mali, fer de lance pour la légitimité des élus. Plus les populations sont mobilisées et participent dans les élections, plus les élus ont de la légitimité et plus les Institutions qu’ils animent sont fortes, commente Raphael Ouattara qui promet des actions pour encourager cette participation populaire. Mais, il faut se donner les moyens de «Â sécuriser » le suffrage des électeurs pour ne pas assister à  des situations comme celle du voisin du Sud du Mali. Le NDI encouragera et soutiendra une observation citoyenne des élections de 2012 tout en souhaitant au peuple malien d’avoir des élections les plus démocratiques qui soient et dans le vrai sens du terme, C’’est-à -dire avec la participation du plus grand nombre. Bonne gouvernance Cet aspect nous ramène au renforcement des capacités des institutions, piliers de la démocratie. Mais aussi à  la lutte contre la corruption, qui découle selon Raphael Ouattara d’une question de mentalité et d’éducation civique. l’expert analyse la situation du Mali avec lucidité : « Même si on change des têtes dans les services, la corruption est un vaste défi puisqu’elle est profondément ancrée dans la mentalité de certains individus. Il vaut mieux payer une amende donnée par un policier à  un carrefour pour avoir commis une infraction «Â réelle ou imaginaire » que de monnayer votre faute pour vous en tirer, parce que cela encourage les pratiques de corruption. NDI adresse cette question avec l’Assemblée Nationale actuelle en renforcement ses capacités de lutte contre ce fléau. Mais avec le taux de renouvellement des députés, il faudra recommencer ce travail avec la nouvelle Assemblée Nationale et C’’est comme si le travail actuel était «Â perdu »Â ! Pour remedier à  cet état de fait,  «Â  nous allons nous atteler à  former le staff permanent sur les bonnes pratiques démocratiques » a conclu Raphael Ouattara. Facilitation du dialogue social « Lorsque des militaires font irruption dans la vie politique, à  l’occasion d’un coup d’Etat, comme ils n’y sont pas préparés, ils s’accommodent mal de leurs nouveaux costumes et la confiance avec les populations civiles qu’ils sont supposés protégés : Il faut donc restaurer la confiance entre les deux couches Le NDI s’investit également dans ce rapprochement. » Le temps de la transition ? Cela marche t-il toujours ? Peut-on citer le cas du Niger qui vient d’élire un président après le pouvoir de la junte ? C’’est relatif, estime l’expert. l’irruption des militaires se fait souvent avec un tel fracas que le citoyen met de fois quelque temps avant de s’en remettre et de refaire confiance aux «Â hommes » en armes. Pour conclure, quels sont les résultats de vos actions ? Comment les évaluez-vous ? « Il reste beaucoup à  faire, on a eu des résultats probants mais en matière de démocratie, le défi reste de taille ! Mais en ce qui concerne l’impact du travail de NDI au Mali, c’est aux Maliens d’en juger ! », répond Raphael Ouattara.