Mopti et Tombouctou : L’insécurité augmente le risque de famine

Au Mali, la dégradation de la situation sécuritaire et les changements climatiques affectent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance d’environ 3 000 000 de personnes. Parmi elles, 548 000 sont en situation de crise. Particulièrement touchée, la région de Mopti enregistre une augmentation importante de la malnutrition globale, qui est passée de 5% à près de 9% en 2018.

Près de la moitié des ménages ne disposent pas d’une dotation alimentaire suffisante. Si l’insécurité et les conflits compliquent les interventions, les réponses durables se font également attendre dans cette zone, l’un des greniers du Mali.

« Nous espérons que cette année les programmes de réponse nationale seront mis en œuvre avec moins de difficultés que l’année dernière », affirme Madame Silvia Caruso, la Directrice pays et Représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) au Mali.  En effet, faute de moyens, le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) n’a pu effectuer de distributions gratuites en 2018 dans la région de Mopti.

Plusieurs localités de cette région et de celle de Tombouctou sont durement  touchées par une crise alimentaire et nutritionnelle résultant « des effets  combinés du dérèglement climatique, des périodes de soudure de plus en plus longues, (…) et de la dégradation continue de la situation sécuritaire », explique M. Félix Ackébo, Représentant Adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Mali.

Cette dégradation sécuritaire, qui a empêché plusieurs zones de produire, a  aggravé « une situation alimentaire déjà catastrophique », relève Madame Diallo, Présidente de l’Organisation pour un développement intégré au Sahel (ODI Sahel), qui œuvre dans le domaine du  changement climatique et  de la gestion des ressources en eau notamment, partenaire du Commissariat à la sécurité alimentaire dans le cadre de la distribution gratuite de vivres et d’aliment bétail. Comme quelques organisations encore présentes dans la région de Mopti, et malgré le contexte sécuritaire difficile, l’ONG espère que la situation va s’améliorer et permettre la mise en place d’actions durables, et surtout de conditions favorables, pour permettre aux populations de continuer à assurer leur propre subsistance.

En attendant, les actions d’urgence continuent. L’ambassade de France au Mali a procédé le 9 avril à la signature d’une convention avec le PAM, l’UNICEF et Solidarités Internationales dans le cadre du projet « Assistance alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables au centre du Mali ». Elle concerne une aide alimentaire d’urgence d’environ 1 milliard de francs CFA (1,5 million d’euros) au bénéfice  de 65 432 personnes dans les régions de Mopti et Tombouctou.

À Mopti, le financement, environ 655,9 millions de francs CFA, fournira une assistance alimentaire et nutritionnelle, à travers des transferts monétaires, à 6 393 personnes déplacées internes, ainsi qu’une prise en charge de la malnutrition pour 15 099 enfants et 2 250 femmes enceintes et allaitantes. À Tombouctou, l’aide de 327,97 millions de francs CFA est destinée aux personnes déplacées des communes de Goundam, Tonka et Télé.

Somalie: C’est la faim!

Deux régions du sud de la Somalie, le sud de Bakool, et Lower Shabelle, sont concernées. Il y sévit la pire sécheresse que ce pays connaà®t depuis 60 ans. C’’est en fait toute la région est du continent appelée la Corne de l’Afrique qui est touchée en ce moment par une sécheresse. A ce phénomène naturel s’ajoutent la a crise provoquée par l’instabilité politique du pays et les conflits armés. Dix millions de personnes sont menacées dans cette zone, surnommée le «triangle de la mort». Alors que l’ONU a livré des premières aides d’urgence, des centaines de personnes meurent chaque jour de malnutrition. Les ONG se retrouvent impuissantes en recevant des malades qui meurent avant que l’on puisse leur prodiguer les soins nécessaires. «Près de la moitié de la population somalienne – 3,7 millions de personnes – sont maintenant en crise, dont environ 2,8 millions de personnes sont dans le sud», a déclaré Mark Bowden, le coordinateur humanitaire de l’ONU pour la Somalie.Une grave sécheresse a entraà®né des pertes de bétail, de mauvaises récoltes et donc une flambée des prix alimentaires. Mais en Somalie, cette crise vient s’ajouter aux combats qui font rage entre forces gouvernementales et rebelles dans la capitale, Mogadiscio. «Si nous n’agissons pas maintenant, la famine se propage à  l’ensemble des huit régions du sud de la Somalie dans les deux mois, en raison de récoltes médiocres et les flambées de maladies infectieuses», a encore dit Mark Bowden. Les insurgés islamistes d’Al Shebaab ont respecté leur engagement de laisser les convois et les travailleurs humanitaires circuler librement. Selon certains analystes, les membres d’Al Shebaab ne veulent prendre aucun risque de se mettre à  dos la population, qui souffre de la sécheresse. Mais selon d’autres experts, ils ont pris cette décision d’autoriser la livraison de ces cargaisons afin de pouvoir se servir au passage. L’Unicef a mis en place un pont aérien acheminant des vivres et des médicaments vers Baidoa en utilisant une piste aérienne dont les rebelles interdisaient jusque-là  l’utilisation. Selon le Président de la Banque Africaine de Développement, Donald Kabruka, C’’est la guerre civile incessante, et pas seulement la sécheresse ui a conduit la Somalie à  la famine. Il estime que toute solution à  cette crise devait inclure un accord de paix. « Je suis étonné que les gens voient (la famine) comme une conséquence du manque de pluie et de nourriture », a précisé M. Kaberuka pour qui la crise alimentaire de cette année « est absolument liée (…) aux destructions causées par la crise somalienne ». « J’espère que cette fois la communauté internationale va se réunir pour une solution en trois points. La Somalie a besoin d’une réponse à  court et à  long terme pour stabiliser l’économie, le financement et le système d’élevage », a-t-il ajouté. Plongée dans une guerre civile quasi incessante depuis la chute du régime du président Mohamed Siad Barré en 1991 et des catastrophes naturelles à  répétition, la situation en Somalie a été décrite comme étant l’une des pires crises humanitaires. Selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), un quart de la population somalienne est soit déplacée à  l’intérieur du pays ou vit comme réfugié en dehors du pays. Cette année, au moins 135.000 Somaliens ont traversé les frontières pour trouver refuge, mais aussi de la nourriture et de l’eau. D’après M. Kaberuka, « l’urgence est de sauver les bébés, les mères, les enfants, tous ceux qui comptent ».

Pays du Sahel : la crise alimentaire menace à nouveau

l’UNICEF annonçait mardi dans un communiqué à  l’agence France presse, l’impact probable d’une prochaine crise alimentaire due aux mauvaises récoltes de la saison agricole écoulée. Ainsi, deux millions de personnes pourraient être affectées dans toute la zone sahélienne, en particulier le Niger, le Tchad, le Burkina Faso, le Nigeria, la Mauritanie et le Mali. Environ 860.000 enfants auront besoins de traitements contre une malnutrition sévère. Par ailleurs, le Niger reste le pays le plus touché avec 378.000 enfants malnutris. Le Nigeria emboà®te le pas avec 212.000 enfants du nord du pays, suivi du Burkina Faso (144.000), du Mali (83.000), du Tchad (33.500) et de la Mauritanie (8.900). L’Unicef met en garde l’UNICEF indique que « l’impact de l’insécurité alimentaire se fait déjà  sentir au Niger et au Tchad sur les enfants âgés de six mois à  cinq ans et oà¹, des milliers de foyers manquent déjà  de stocks de vivres. » l’ONU précise qu’une augmentation du nombre des adminssions dans les centres thérapeutiques est attendue. Et la malnutrition rend les enfants, très vulnérables aux maladies et infections. Signalons que la période de soudure a commencé plus tôt cette année et s’annonce selon l’ONU, plus longue et plus sévère cette année. Puis, les enfants manquant d’une bonne alimentation, risquent de souffrir terriblement du manque de vivres. A la fin du mois écoulé, l’ONG Oxfam avait appelé à  des réponses urgentes sur la question de la crise alimentaire qui pourrait toucher à  peu près dix millions de personnes. Cas du Mali Dans l’optique d’éviter que 83.000 enfants ne tombent dans une situation de crise grave, impactant fortement sur leur santé, le commissariat à  la sécurité alimentaire a mis un certain nombre de stratégies en place. en 2003, le chef de l’Etat avait créée le commissariat à  la sécurité alimentaire. Ce commissariat avait alors implanté des banques de céréales dans les 703 communes du Mali afin de lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire. Cette initiative a bien été saluée par les populations surtout rurales qui en avaient et en ont toujours besoin. Le commissariat continue sa lutte malgré de nombreuses difficultés rencontrées dans l’écoulement des céréales, en particulier dans les zones les plus reculées du pays. La commissaire à  la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haà¯dara précise que le Mali est bien préparé pour amortir le choc de cette future crise alimentaire qui menace tout le sahel. « Nous faisons tout notre possible pour éviter que notre pays soit touché par ce problème. La malnutrition dans les zones enclavées n’est pas complètement éradiquée mais, je pense beaucoup d’efforts ont été fournis à  ce niveau »,indique-t-elle. Toute fois, en milieu rural malien o๠vivent plus des 2/3 de la population, 33% des enfants de moins de 3 ans accusent un retard de croissance selon l’enquête démographique et de santé. Tous les Etats sahéliens sont avertis face à  la crise à  venir et chacun à  son niveau, prend les dispositions nécessaires pour éviter de sombrer dans une situation désastreuse. Par ailleurs, toutes les cinq secondes, un enfant meurt de malnutrition, soit 637.000 morts par an. Surtout que la situation sanitaire dans les pays du Sahara est plus que préoccupante. Le Sahara fait partie des zones les plus pauvres du monde. La malnutrition est la troisième cause de mortalité en Afrique.