Fana : le récit de l’arrestation du principal suspect dans l’affaire des décapitations

Les autorités judiciaires de Fana ont annoncé l’arrestation du principal suspect dans la série de décapitations qui a créé la psychose dans cette ville. Récit d’une affaire hors norme.

Serait-ce l’épilogue du mystère des décapitations de Fana ? Depuis avril 2018 et le début de la série de décapitations dans la ville, les enquêtes n’avaient pas encore abouti. Pis, le mystère ne cessait de s’épaissir. Mais, en fin de semaine dernière, un suspect du nom d’Aldiouma Djibo, 42 ans, a avoué être l’auteur des crimes, selon les autorités judiciaires de la localité. 11 décapitations en tout, 10 à Fana et 1 à Bamako, d’après ce qu’il a affirmé aux enquêteurs. « Les détails qu’il donne des crimes correspondent à ce qui s’est passé » précise Boubacar Moussa Diarra, Procureur près du tribunal de Fana. Il ajoute que le suspect avait déjà été interpellé par le passé pour l’un des meurtres mais mis hors de cause faute d’éléments à charge probants.

En prison depuis 2021

L’enquête a commencé à évoluer après le 2 août 2021. Ce jour-là, Aguibou Bagayoko, un repris de justice d’une vingtaine d’années, avait été retrouvé décapité dans la concession qu’il occupait à Fana. La victime partageait une chambre avec Aldiouma Djibo et ce dernier avait rapidement disparu après le meurtre. Bagayoko, déjà condamné par la justice pour association de malfaiteurs et vol qualifié, fréquentait un groupe qui s’illustrait par ses larcins. Aux premières heures de l’enquête, tous les membres du groupe ont été arrêtés par la Police judiciaire. Mais les recherches se sont poursuivies, notamment pour retrouver Djibo. Dans un premier temps, les enquêteurs cherchaient à savoir s’il n’avait pas lui-même été victime du ou des assassin(s). Après plusieurs jours de traque, il sera localisé à Bamako, au niveau du quartier de Faladiè. Alors que les soupçons des enquêteurs à son égard grandissaient, il sera arrêté le 18 août 2021 dans une station d’essence près de la Tour de l’Afrique par le Commissariat du 7ème arrondissement. Transféré à Fana pour les besoins de l’enquête, pendant plusieurs mois il réfutera les accusations portées à son encontre et assurera ne pas être lié aux meurtres. Il restera cependant en prison et, depuis sa cellule, selon des sources proches de l’affaire, il essayera de semer le trouble. Il reconnaîtra les faits devant le Procureur Boubacar Moussa Diarra, avant de se rétracter devant le juge d’instruction en charge du dossier. Plusieurs semaines durant, les enquêteurs n’en tireront rien, mais une certitude se dégagera. Depuis l’arrestation de Djibo, plus aucune décapitation n’a été signalée. Ce n’est que début 2023 que la justice entrapercevra le bout du tunnel. Il assurera plus tard avoir choisi cette stratégie car craignant la peine qui lui serait infligée. Selon notre source, il est conscient qu’elle sera très lourde. « Des voleurs de bétails prennent plusieurs années, alors quelqu’un qui a tué… » se serait-il exprimé. Notre source poursuit en affirmant que les enquêteurs sont arrivés à le « persuader » de passer aux aveux. Comment s’y sont-ils pris ? Un voile couvre encore la réponse à cette interrogation.

Bemba Traoré, le facteur X

Dans la semaine du 23 janvier 2023, Aldiouma Djibo, avoue 11 meurtres, dont 1 dans la capitale. Il donne des précisions, avec des dates que seul le tueur ou un complice peuvent connaître. Les enquêteurs sont alors confortés dans la piste qu’ils exploitent depuis deux ans. L’assassinat de Bemba Traoré, un réparateur de radio d’une quarantaine d’années, sera le facteur X. Djibo raconte avoir remis sa radio et payé 1500 francs CFA à Traoré pour réparer son appareil. Mécontent du travail, il demandera quelques jours plus tard à ce dernier de le rembourser, ce que celui-ci refusera. D’après son récit, le réparateur de radio s’emportera contre lui et le menacera. Les jours suivants, il les passera à filer Traoré et à s’imprégner de ses habitudes. Il passera à l’acte dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre 2020, jour de Maouloud. Traoré, marié, dort seul dans sa chambre alors que son épouse et ses quatre enfants dorment dans une autre pièce à côté. Djibo s’introduira chez lui et le surprendra dans son sommeil en lui assénant de violents coups de gourdin sur la tête, avant de le décapiter. Après le crime, il raconte avoir emporté avec lui le téléphone, la radio ainsi que la volaille de la victime. Les enquêteurs ont effectivement constaté que tout ceci manquait après le meurtre.

Sain d’esprit ?

Les motivations avancées par Djibo pour expliquer ses crimes tournent toutes autour de la vengeance. Le 13 mai 2018, une petite fille de 5 ans atteinte d’albinisme, Ramata Diarra est décapitée, éventrée et son sang et sa tête emportés. Aldiouma Djibo assure face au Procureur que c’est la mère de la petite fille qu’il visait. Quelques jours plus tôt, il aurait eu une altercation avec elle au marché. Mais, lorsqu’il s’est rendu dans leur maison, elle était absente. Il a donc pris sa fille pour se venger. Djibo connait bien la ville et ses habitants. Aux yeux de ces derniers, il est considéré comme un malade mental. Ses actions incohérentes ont contribué à cette conclusion. Il porte trois tenues les unes par-dessus les autres, avec de manière plus apparente une veste toute fripée et sale dans laquelle il garde des grains de mil. Muni d’un bâton, il appâtait des poules avec ce mil avant de leur taper dessus. La population locale l’a alors catalogué comme étant un malade mental qui se nourrissait de cadavres d’animaux. Avant cela, cet ancien talibé écumait les différents quartiers de la ville pour chercher l’aumône. Il était déjà décrit à cette époque comme étant à fleur de peau, supportant mal un « non » ou qu’on lui « manque de respect ». Grand amateur de reggae, il aimait cuisiner en écoutant ce genre musical.

Zones d’ombres

De multiples interrogations subsistent encore sur cette affaire et les investigations se poursuivent pour tenter d’y répondre. Djibo est-il vraiment sain d’esprit ? Se comportait-il ainsi simplement pour tromper la vigilance des locaux ? Le mobile des crimes était-il de la vengeance ou un rituel ? Est-il le seul impliqué ou a-t-il des complices ? Autant de questions dans une affaire qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Devant les autorités en charge du dossier, il assure par exemple avoir tué Binafou Touré, un gardien d’une antenne relais de la SOTELMA parce que ce dernier l’avait visé avec un lance-pierre. La famille de Touré a déposé plainte contre lui dans la ville, même si certains estiment ce mobile si léger qu’ils peinent à y croire. À la question « pourquoi décapite-t-il ses victimes ? », il aurait, d’après une source proche de l’enquête, assuré que c’était pour se protéger. Selon Djibo, un mort conserve dans ses yeux l’image de la dernière personne qu’il a vue. Ce serait pour cette raisons qu’il décapite ses victime et emporte leurs têtes avec lui. Toutefois, cette version n’a pas totalement convaincu les enquêteurs et la piste des crimes rituels n’est pas écartée. Car, en plus de la tête, le sang des victimes est prélevé. À quelles fins ? Les crimes rituels sont d’ailleurs l’hypothèse très vite le plus souvent avancée pour expliquer la série de décapitations. Et cela est renforcé par le profil de certaines victimes. Une jeune fille atteinte d’albinisme, une malade mentale et sa fille ou un ex-militaire décrit aussi comme un esclave. Mais, au-delà de ces cas spécifiques, les autres victimes n’ont rien qui les lie et aucune particularité. Les enquêteurs essayent encore de démêler tous les fils de cette affaire, qui n’a pas encore fini de faire parler d’elle.

Mali – Décapitations en série: Fana dans psychose

La scène macabre est intacte. Ce samedi 13 juin 2020, la natte et la couverture, maculées de sang, sont étalées dans une cour non clôturée à la sortie sud-est de la ville. Bakary Sangaré, la cinquantaine environ, a été assassiné dans la nuit du 10 juin. Il est la dernière victime d’une macabre série de décapitations qui inquiètent dans la ville de Fana. Peinés d’être les témoins impuissants de ces innommables sinistres, les habitants sollicitent une implication plus efficiente des autorités pour mettre définitivement hors d’état de nuire les criminels. Enquête dans la ville.

L’histoire est digne d’un polar mystique et effrayant. Tout commence au matin du 29 avril 2018. Fana découvre alors les corps d’une malade mentale et de sa fille de deux ans, décapitées. Rapidement s’enchainent les crimes du même genre. En l’espace de deux ans ce sont au total huit cas que l’on dénombre. Le modus operandi est toujours le même. À chaque fois, les victimes sont décapitées et leur sang prélevé. Le cas de la petite fille atteinte d’albinisme, Ramata Diarra, survenu le 13 mai 2018, est une exception. En plus d’avoir été décapitée, elle a aussi été éventrée et son sang et sa tête emportés. Le monde entier a été horrifié par cet assassinat et ceux qui l’ont précédé et suivi en questionnent plus d’un.

Sur place à Fana, comme ailleurs au Mali, la piste de crimes rituels semble être la plus plausible. « Les crimes rituels sont l’une des hypothèses possibles. Il doit y avoir une forte demande en sang humain qui aurait été instaurée par des individus travaillant dans les domaines occultes. Chez nous, on a tendance à croire qu’avec du sang humain on peut arriver au plus haut sommet de la hiérarchie sociale », explique Dr. Bouréma Kansaye, criminologue.  Selon lui, l’être humain se trouve au sommet des êtres vivants et son sacrifice intervient uniquement en des occasions exceptionnelles. Cela signifie que ce qu’on demande à Dieu en sacrifiant un être humain est d’une valeur importante. Il peut s’agir du pouvoir ou d’une immense richesse, par exemple.

Le mode opératoire laisse à croire que le ou les auteurs des différents crimes ont une très grande connaissance de la ville de Fana. Toutes les victimes sont des personnes vulnérables et isolées : deux malades mentaux, deux petites filles, un ancien militaire instable, deux femmes et un gardien de la SOTELMA. Elles  ont toutes été décapitées durant la nuit, à des heures très tardives.  « Il se peut qu’il y ait plusieurs personnes impliquées. Les commanditaires, qui cherchent du sang humain, les exécutants, ou les deux dans une même personne. Et ils doivent être des individus qui sont de la zone et qui s’assurent de la vulnérabilité de leurs victimes avant d’exécuter leurs crimes avec une très grande préméditation. Des étrangers ne se hasarderaient pas nuitamment dans une ville qu’ils ne connaissent pas », analyse Dr. Bouréma Kansaye. Il soutient « on peut écarter l’hypothèse selon laquelle ce serait une femme, si l’on considère que c’est une seule personne. Ce doit être un homme qui a une grande habilité à manier le couteau ».

La colère des habitants

Alors qu’elle cherchait encore à comprendre l’incompréhensible, la population de Fana à dû faire face de nouveau à l’horreur. Une autre décapitation, assurément celle de trop. Ramata Diarra, 5 ans, assassinée dans son sommeil, arrachée des mains de sa mère aux premières heures de ce 13 mai 2018.

Très vite, la stupeur et le choc font place à la colère devant l’abominable. Invitée par le sous-préfet de l’arrondissement de Fana à une réunion urgente sur la situation, la population se rend en masse à la mairie.

Selon plusieurs témoins ayant assisté à la réunion, le sous-préfet, M. Benena Mounkoro, propose d’organiser avec les jeunes des fouilles dans les bars et les « lieux de pratiques mystiques ». Des bonnes volontés se proposent alors pour soutenir les patrouilles avec les forces de l’ordre par un appui financier.

Parallèlement, un groupe d’individus improvise une marche. Selon les Fanois, les habitants d’autres localités voisines s’y joignent à la marche, en raison de l’émotion suscitée par le cas de cette petite fille. Mais la marche dégénère et les manifestants s’attaquent à des bars et restaurants et brûlent les locaux de la gendarmerie.

« Des débordements regrettables », qui n’entament cependant pas la détermination des jeunes à mettre fin à ce phénomène, qui a terni l’image de leur ville, déplore  Abdoulaye Koné, le Président du Conseil communal de la jeunesse du Guégnéka.   « En deux ans et demi, et dans une petite ville comme Fana, 8 têtes coupées cela fait beaucoup », soupire-t-il.

Crise de confiance

Si les incidents du 13 mai 2018 ont occasionné des dégâts matériels importants, la réaction des « forces de l’ordre était disproportionnée », relève Bakary Sangaré, conseiller au chef de village de Fana. « Au point que les habitants estiment que l’on cherche plutôt à mater ceux qui cherchent les coupables qu’à arrêter ces derniers ». Une situation qui a largement entamé la confiance des populations envers les forces de sécurité et entraîné une grande méfiance.

Sollicité par le sous-préfet de Fana pour « calmer les jeunes » après les manifestations violentes du 13 mai 2018, Lamine Dembélé, le Président du Conseil local de la société civile, revit avec émotion ces douloureux évènements. « J’ai été appelé par le sous-préfet pour calmer les jeunes. Mais, avec l’arrivée des renforts, j’ai été parmi les premières personnes arrêtées », témoigne-t-il, les larmes aux yeux.

Cette arrestation, qui sera suivie de celles de plusieurs autres acteurs de la société civile, membres d’associations et simples citoyens, a choqué les Fanois et les a rendus très réticents à collaborer avec les autorités, ajoute-t-il.

Pourtant, la population, à sa tête le chef de village, qui en a le sommeil coupé selon ses conseillers, n’a qu’une envie : démasquer les malfaiteurs et redonner à la cité sa quiétude d’antan. « Nous avons tout fait, mais nous n’avons pas encore réussi. Notre souhait est juste d’attraper ces malfaiteurs », espère Amadou Traoré, le chef de village.

Impuissance

Mais, derrière cette volonté de mettre fin à la psychose qu’elles vivent et l’envie de ne plus voir le nom de leur ville associée à des crimes aussi graves, se cache un vrai sentiment d’impuissance de la part des populations.

Un sentiment exacerbé par l’absence d’informations sur les affaires, la poursuite des assassinats et l’existence de facteurs d’insécurité contribuant à la persistance de ces crimes. Il s’agit notamment de l’absence d’éclairage public ou de l’insuffisance en personnel des forces de l’ordre.

Si elle entend jouer pleinement son rôle pour résoudre les énigmes de ces décapitations, la jeunesse de la ville estime qu’elle « n’a pas à elle seule la solution, même si elle peut être un maillon important », selon le Président du Conseil communal de la jeunesse.

Impliqués auprès des autorités, « depuis qu’il n’y avait qu’un poste de gendarmerie », les jeunes ont réitéré leur engagement lors de la réunion du 11 juin 2020 avec les autres représentants de la société civile et les autorités, suite à la découverte de la dernière décapitation, le 10 juin 2020.

Sensibilisation de l’opinion à la situation de Fana et de la population de la ville pour fournir aux forces de l’ordre des informations, le combat des jeunes pour aider à la découverte de la vérité nécessite « l’implication de tous les acteurs », insiste le Président du Conseil communal.

Des acteurs au premier rang desquels se trouvent les autorités, fortement interpellées pour élucider ces crimes commis à Fana. « Les autorités doivent prendre leurs responsabilités. Nous sommes aussi des Maliens ! Fana est impuissante face à cette situation », s’indigne Minamba Bagayogo, Président de l’association Djiguiyaton.

Réponses concrètes

Ces crimes graves ne sont malheureusement pas les seuls maux dont souffre cette ville frontière, à mi-chemin entre Bamako et Ségou. Les vols de bétail y sont aussi monnaie courante. Un phénomène contre lequel se battent les jeunes, qui ont récemment démantelé un réseau de voleurs comprenant des agents de la garde nationale, aujourd’hui interpellés.

« Cette réussite nous donne plus de crédibilité qu’aux hommes politiques, c’est pourquoi ils nous combattent », soutient Bagayogo.

Libéré sous caution, après avoir été interpellé suite à la manifestation du 13 juin 2018, Mamadou Diarra, Président du Comité local pour la défense de la République (CDR), dit avoir été arrêté pour avoir crié « Boua Ka Bla » lors de la marche pacifique que le collectif avait initiée pour exprimer son mécontentement suite à l’assassinat de la jeune Ramata.

Comme lui, les habitants de la ville attendent des moyens suffisants pour lutter contre ces crimes. Parmi ceux-ci, la réponse judiciaire semble être la plus attendue. Parce qu’en la matière c’est « l’impunité qui encourage les auteurs », estime le Président de l’association Djiguiya.

Enquêtes

Depuis la survenue des deux premiers cas de décapitation, en avril 2018, les autorités locales s’activent pour retrouver le ou les auteurs des crimes. Selon Boubacar Moussa Diarra, procureur de la République près du tribunal d’instance de Fana, des enquêtes ont été ouvertes et à ce jour 11 prévenus sont en détention à la suite de dénonciations et de « faits concordants ». « Concernant l’avant-dernier cas, (l’assassinat du gardien de la SOTELMA, le 5 janvier 2020), deux interpellations ont été faites à la suite de dénonciations, avec un suspect détenu à la maison d’arrêt de Dioïla et un deuxième à Fana. Bientôt un troisième va être interpellé. Pour le dernier cas, l’enquête est sur une bonne voie », détaille le procureur.

Mamadou Kanouté fait partie du lot de prévenus détenus lors des enquêtes. Joint au téléphone, depuis la maison d’arrêt de Dioïla il soutient qu’il est innocent et détenu sans jugement depuis le 21 mai 2018, dans l’affaire de la petite fille atteinte d’albinisme Ramata Diarra. « Les gendarmes ont perquisitionné ma maison et ils n’y ont rien trouvé. Ensuite, on m’a fait savoir que le père de la petite Ramata avait déclaré qu’il saurait reconnaître la personne qui a enlevé sa fille. On m’a présenté à ce monsieur et il n’a pas pu me designer comme coupable. Une année après, la femme peule et sa fille ont été décapitées. Cela ne les a toujours pas convaincus de me libérer et ils ont rejeté toutes les demandes de mise en liberté provisoire de mon avocat », soupire le prévenu.

Malgré ces différentes arrestations, la ville continue toujours d’être assiégée par « les coupeurs de têtes ». Le dispositif sécuritaire a été renforcé par la création d’un poste de police, dont les éléments viennent du commissariat de Dioïla. Et, le 11 juin dernier, le Directeur général de la Police, Moussa Ag Infahi, a promis la création  prochaine d’un commissariat à Fana. La population, impuissante et impatiente de voir finir la série macabre, s’en prend au dispositif sécuritaire, qu’elle juge inefficace, opinion que le procureur  de la République Boubacar Moussa Diarra ne partage pas. « Je ne peux pas forcément croire à la faiblesse du dispositif sécuritaire existant. L’assassinat par décapitation n’est connu qu’à Fana ville. À environ un kilomètre de Fana, de tels crimes ne  sont pas commis, alors que dans les hameaux il n’y a  ni policier,  ni gendarme. L’unique autorité y est peut-être le chef de village».

Sur le terrain, la réalité est toute une autre. C’est toute une ville qui est terrifiée. Chacun est suspect. On se méfie d’envoyer les enfants en commission. Plus questions de dormir en plein air, même s’il fait chaud. C’est une population meurtrie qui demande la tête de ses bourreaux.

Boubacar Diallo et Fatoumata Maguiraga