Sébastien Philippe : un historien du Mali

L’architecte-auteur franco-malien Sébastien Philippe travaille sur des projets de livres sur l’histoire du Mali, qui le passionne tant.

Le 19 juillet 2023, Sébastien Philippe a reçu des mains du Chargé d’affaires permanent de l’ambassade de France au Mali les insignes de Chevalier des Arts et Lettres. Une distinction qui vient s’ajouter à celles de Chevalier de l’Ordre national du Mali et de Chevalier de l’Ordre national du mérite français. Ces distinctions récompensent le travail, notamment dans le domaine de la culture, de ce Franco-malien installé ici depuis plus de deux décennies. Architecte et auteur, Sébastien Philippe est un homme occupé par les nombreux projets qu’il mène de front. Il travaille actuellement à la réédition de son livre « Une histoire de Bamako », en rupture de stock. Sorti en 2009, ce livre de 262 pages retrace l’histoire de la ville au travers de documents d’archives, de traditions orales et d’images inédites. « Des éléments vont changer », confie l’auteur, qui précise qu’il va ajouter un chapitre traitant de la période de 2009 à nos jours. « Ce qui me passionne dans cette histoire est qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver, des archives inexploitées. L’histoire de Bamako est issue de mes recherches dans les archives pour comprendre comment la ville s’est créée, comment elle a évolué, comment les quartiers se sont formés. Il y a encore des sujet de recherche ».

Un siècle d’architecture

Parallèlement à la réédition de l’histoire de Bamako, Sébastien Philippe écrit un nouveau livre qui alliera son métier et sa passion pour l’écriture. Il portera sur l’architecture malienne issue de la période coloniale dite néo-soudanaise. « Ce sera un livre épais qui va s’intéresser à l’architecture militaire et civile dans toutes les régions du Mali. Un siècle d’architecture, depuis la construction du fort de Médine, en 1855, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1960 », dévoile l’auteur. Pour lui, ce sera aussi un devoir de mémoire. « C’est utile d’écrire, puisque cette architecture disparaît. Des bâtiments sont vendus, détruits. Au nord du pays, où l’architecture était de terre, elle a tendance à disparaître avec le temps ». Tirer les « enseignements » de cette période, notamment de la « gestion et du traitement des matériaux utilisés », motivent l’écriture de l’ouvrage. Si les projets ne manquent pas, la diffusion et la démocratisation des livres dans les écoles se posent. Ce qui permettrait aux Maliens, dont trop peu sont imprégnés de l’histoire de leur pays, d’avoir une précieuse documentation à portée de pages.

Mali – Balla Fasséké : l’ancêtre des Kouyaté

Balla Fasséké, de son vrai nom Nyankoman Doka, est un griot qui a joué un rôle déterminant lors du règne de Soundiata Kéïta. Il est mort en 1271 et sa tombe se trouve à Kénioroba, sur la route de Kangaba. Qui était l’ancêtre des Kouyaté?

1218. Soundiata est contraint à l’exil à Mema par Dankaran Touman, son demi-frère et nouveau roi après le décès de leur père, Naré Maghan. À l’époque, le Manding est un vassal de l’empire Sosso du puissant empereur Soumaoro Kanté. Le royaume, exacerbé par les impôts et la soumission, veut s’affranchir, sous la houlette de Dankaran Touman. Soumaoro Kanté, en colère, envahit et détruit le royaume « comme un vieux canari ». Dankaran Touman s’enfuit en territoire guinéen actuel, à Kissidougou.

Au Manding, la résistance s’organise du côté des chasseurs, avec au centre le grand guerrier Kamadjan Camara. Celui-ci et ses conseillers consultent les oracles, qui prédisent une issue favorable à la guerre contre Soumaoro : seul L’enfant lion (Soundiata) pourra venir à bout du grand sorcier du Sosso. Rapidement, deux missions se mettent en place. La première part convaincre Soundiata de regagner la mère patrie. La seconde est conduite par Nyankoman Doka et Sansonma Goninafè, charmante fille de Dankaran Touman. Son objectif est d’amener Sansonma Goninafè à percer le mystère de l’invincibilité de Soumaoro Kanté.

De Nyankoman Doka à Balla Fasséké

À Mema, Soundiata accepte de rentrer libérer le Manding du joug de Soumaoro. Pendant ce temps, Nyankoman Doka est en mission avec Sansonma Goninafè auprès du roi Sosso. Soumaoro est absent. Il est à la chasse en brousse.

Nyankoman Doka, en se baladant dans les appartements privés de son hôte, tombe sur un instrument: le sosobala, un balafon magique dont les génies ont fait cadeau à Soumaoro Kanté, qui en jouait à chaque fois qu’il devait sortir en brousse. Nyankoman Doka se mit donc à jouer sur le sosobala. Soumaoro, grand thaumaturge, entendit la mélodie de son instrument de musique favori. Pris de colère, il s’interrogea : « quelle créature audacieuse joue de mon balafon ? »écrit Drissa Diakité dans « Kuma ou la force du serment ». Soumaoro se hâta de rentrer et tomba sur Nyankoman Doka, très étonné par les notes mélodieuses mêlées aux louanges qui lui étaient adressées par le griot. « L’art que tu montres à jouer du balafon est un don de Dieu. (…). À partir d’aujourd’hui, tu seras à mon service et tu veilleras sur mon balafon tel un épervier (sègè) qui veillera sur moi-même et sur tout mon clan. Tu seras mon balafasègè – L’épervier maître de mon balafon – ». C’est ainsi que Nyankoman Doka est devenu Balla Fasséké, toujours selon l’œuvre de Drissa Diakité.

Cependant, Doka refusera l’offre de Soumaoro et lui exposera le message du Manding. « Je suis déjà au service d’un autre roi. Et le Manding m’a mandaté auprès de toi afin de t’informer de son allégeance. Ô vous, l’invaincu et l’invincible, en gage de bonne foi, le Manding vous fait présent de cette jeune femme nubile pour renforcer les alliances qui nous lient depuis des lustres ». Soumaoro en sera ravi. Cependant, il coupera les tendons d’Achille de Balla Fasséké après que celui-ci ait tenté de s’évader plusieurs fois. Il deviendra ainsi perclus.

Des jours durant, Sansonma Goninafè va user de sa force de séduction pour ravir à Soumaoro son secret d’invincibilité, son « tana ». Elle y parviendra enfin : c’est l’ergot d’un coq blanc. L’empereur sorcier et magicien sosso avait 69 façons de se métamorphoser. Il faudra attendre qu’il se transforme en un lutin blanc avec un point noir, lequel devra être écorché par l’ergot d’un coq blanc, ce qui lui sera fatal. Sansonma Goninafè s’enfuit donc avec ce secret vers le Manding. Et c’est cela qui permettra à Soundiata, déjà rentré au royaume, de vaincre Soumaoro.

Après la prise du Sosso, Soundiata, reconnaissant à l’égard de Balla Fasséké, aurait lié un pacte de fidélité avec lui. « À partir d’aujourd’hui, Kounyantiè (il y a désormais un pacte de fidélité entre toi, moi et toute ma descendance) », jurera-t-il.

Et c’est ainsi que Balla Fasséké prit le patronyme Kouyaté. Il sera par la suite nommé premier conseiller de la famille royale. Et il sera décidé que le sossobala ferait désormais partie du patrimoine de Doka et que ses descendants pourraient en hériter. De nos jours, le sossobala se trouve à Nyagasola, en Guinée.

Le Maroc et ses voisins du Sud, une histoire très ancienne

Le Maroc et l’Afrique de l’Ouest partagent une histoire ancienne qui remonte au Moyen Âge. Si elle fut pleine de vicissitudes, elle a laissé une empreinte sociale et culturelle particulièrement au Mali et en Mauritanie.

Le point de mire des relations maroco-maliennes, reste incontestablement la ville de Tombouctou et sa région. En effet, la Cité des 333 saints doit sa célébrité mondiale à un illustre marocain, Hassan Al-Wazzan, dit Léon l’Africain, originaire de la ville de Fès. Rappelons que très jeune déjà, ce natif andalou, victime de la Reconquista de Isabelle la Catholique, accompagnait son oncle diplomate auprès du souverain songhaï Askia Mohamed. C’est lors de ses multiples pérégrinations que Hassan Al-Wazzan fut capturé par des pirates et vendu comme esclave. Impressionné par son savoir encyclopédique, le Pape Léon X le baptisa et lui donna le nom de Johannes Leo Africanus, dit Léon l’Africain. À la demande du souverain pontife, il rédigea un traité géographique intitulé « Cosmographia de Africa » ou « Description de l’Afrique ». C’est grâce notamment à l’ouvrage de ce grand voyageur marocain, que Tombouctou devint une ville mythique dans l’imaginaire occidental et inspira René Caillé.

Tombouctou et sa région passèrent sous domination marocaine lors de sa conquête par le sultan marocain de la dynastie saadienne Al-Mansour en 1591 à la bataille de Tondibi à 50 km de Gao. Le pachalik de Tombouctou bénéficiait cependant d’une certaine indépendance du fait de l’éloignement géographique et des soubresauts dynastiques que connut le Maroc à cette période. Il pris fin au début du XIXème siècle avec le renforcement de l’influence touarègue sur la région et l’avènement de l’empire du Macina.

Malgré les péripéties de l’Histoire, Tombouctou est restée très marocaine jusqu’à nos jours, avec la présence d’une forte communauté arabe attachée à ses origines. En vérité, la description des anciennes relations entre l’Afrique de l’Ouest et le Maroc, présente un triangle civilisationnel Tombouctou-Marrakech-Tékrour.

En effet, l’ancien royaume du Tékrour, sur les bords du fleuve du Sénégal, d’où est originaire le grand souverain Askia Mohamed, selon son contemporain l’érudit Mahmud Kati, a été une composante politique et militaire du mouvement Almoravide qui a conquis Awdaghost de l’empire du Ghana, en 1054, et fondé la ville de Marrakech, en 1070 avec Youssouf Tachfine, avant de conquérir l’Espagne. C’est dire que l’histoire du Maroc est intimement liée à celle de ses voisins du Sud, dans un mouvement perpétuel d’échanges de biens, de savoirs mais aussi d’affrontements. Le foyer religieux de Chinguetti en Mauritanie témoigne de ce dynamisme séculaire de transfert de savoirs islamiques qui structurait les relations multidimensionnelles entre le vieux Maroc et l’Afrique de l’Ouest. Beaucoup de manuscrits en arabe, relatifs à l’histoire ouest africaine, sont encore disséminés à travers les collections publiques et privées du royaume.

 

Festival de Kirina : A la source de l’histoire du Mandé

C’’est parti depuis hier jeudi, 9 avril 2015, pour la première édition du festival de Kirina dans le Mandé. Placé sous le thème : « la Culture au service de la paix », le festival vise à  promouvoir et valoriser l’histoire et la culture du Mandé. Du 9 au 12 avril, le village de Kirina, situé à  30 kilomètre de Bamako va vibrer au rythme de diverses activités culturelles dont des conférences-débats, des concerts, visites de sites touristiques et autres activités culturelles inspirées de la culture de la zone. La cérémonie de lancement a réuni du beau monde autour du ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, du représentant de l’Ambassade du Maroc au Mali, des députés à  l’Assemblée nationale, le maire du Mandé et des griots et notabilités de Kirina. Les couleurs de la cérémonie de lancement ont été annoncées par des prestations musicales de l’ensemble instrumentale du Mali qui a interprété une chanson dédiée à  la paix et le morceau ‘’Douga » réservé aux braves hommes du Mandé. La paix, l’entente et la réconciliation ont été chantées aussi par le groupe musical des enfants, ‘’Djiguiya », dans plusieurs de nos langues nationales. La partie a été agrémentée également par les prestations des groupes folkloriques, la danse des masques et le passage impressionnant des chasseurs de Kirina devant un public impressionné. Le chef de village de Kirina, Bengaly Kamissoko et le maire de la commune de Mandé, Mamourou Kéita, ont tous salué l’initiative avant de magnifier toute la place que le village occupe dans l’histoire du Mali en général et du Mandé en particulier. Abondant dans le même sens, le directeur du festival, Lassana Kamissoko, a indiqué que C’’est seulement à  Kirina qu’on pourra avoir la version réelle et authentique de la bataille de Kirina entre Soundiata Kéita et Soumaoro Kanté en 1235. Pour le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a apprécié une initiative locale qui, selon elle, permet de renforcer la paix et la cohésion sociale à  travers une meilleure connaissance des valeurs culturelles édictée dans la charte de Kurukan fuga et de participer à  la découverte du potentiel culturel de Kirina. Par ce voyage, il ne s’agit pas de refaire le monde, à  en croire Mme N’Diaye Ramatoulaye Daillo, mais de construire la mémoire actuelle. Et de faire savoir que son département envisage de renforcer les initiatives existantes et développer de nouvelles stratégies pour la promotion d’un tourisme axé sur la découverte de soi. Avant de retourner à  Bamako, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo a procédé à  la pose de la première pierre du monument dédié à  Soundjata Kéita. La cérémonie a pris fin par la reconstitution partielle de la bataille de Kirina très appréciée par le public. Le festival se poursuivra jusqu’au dimanche prochain.

Leçons du 26 Mars : « Honneur, dignité et grandeur pour les Maliens », dixit Maître Konaté

Journaldumali.com : Que fut réellement le 26 mars 1991 pour le peuple malien, une révolution ou une régression ? Maà®tre Mamadou Ismaila Konaté : Il s’agit sans doute d’une révolution plus que d’une régression. l’aspiration profonde du peuple du Mali était l’ouverture démocratique, incompatible avec le régime politique de l’époque, basé sur l’unicité et le centralisme démocratique. Ce régime de parti unique était d’ailleurs conforme à  ce qui existait dans la plupart des pays d’Afrique, caractérisé par l’absence de grande compétition, peu favorable au suffrage universel. Sans doute que la Révolution parait énorme dans la mesure o๠malgré le bouleversement politique qui a entrainé un changement à  la tête de l’Etat, la société malienne est fondamentalement restée la même, sans que ce bouleversement n’ait pu entrainer des changements positifs en matière d’éducation, d’amélioration de la santé, de bien-être, de construction de l’Etat, et pour ce qui est de la consolidation des institutions et de la démocratie. Aujourd’hui, 23 ans après le 26 mars, pouvons-nous conclure que la démocratie a été un échec sur toute la ligne? On ne peut pas dire que la démocratie a été un échec. En disant cela, il faut tout de même reconnaitre que 20 ans après, les acquis sont maigres. Le 22 mars 2012,un régime constitutionnel, légal a été renversé par un coup d’Etat militaire. Sur ce plan, il reste à  faire beaucoup d’efforts pour faire accepter que le seul mode d’accession au pouvoir reste l’élection. Pour autant, la démocratie ne doit pas permettre à  une oligarchie politique, d’exercer le pouvoir solitaire et exclusif,par le biais d’un suffrage tronqué, au nom d’un peuple pour lequel on plaide par procureur, contre son gré. Dans le système démocratique malien, l’intérêt particulier a tendance à  prendre le pas sur l’intérêt général. Le système démocratique est un pis-aller dans notre pays, qui donne l’opportunité à  des hommes et des femmes, d’exercer le pouvoir politique, au nom d’une puissance publique, qu’ils ramènent à  leur petite personne. Pour qui a vu l’histoire récente du Mali, disloqué, embrasé, dans un contexte de manque de cohésion sociale, face à  des hommes et des femmes, incapables de commercer entre eux, en faisant fi, au nom de la nation et de la patrie, de leur race, souvent différente, de leur religion en contraste, de leur origine éloignée, alors même qu’ils n’ont pas d’autre choix que de se réclamer du Mali et de ce qui est malien. Ce défi est celui de la réconciliation nationale qui incombe à  chaque malien que l’histoire nationale interpelle. Pensez-vous que ceux qui ont renversé le régime dictatorial de Moussa Traoré n’ont pas mieux fait que lui ? Il ne s’agit pas de reconnaitre en ce 26 mars 2014 le meilleur ou le plus valeureux des fils du Mali qui se sont succédés à  la tête de l’Etat. Modibo Keita jadis, Moussa Traoré ensuite, Alpha Oumar Konaré avant hier et Amadou Toumani Touré par deux fois, aujourd’hui Ibrahim Boubacar Keita ont jurés de donner le meilleur d’eux-mêmes, pour construire le pays de leurs ancêtres. Chacun de ces chefs a sans doute participé au devenir de la nation malienne, dans un contexte, un environnement et face à  des exigences d’un peuple et d’une nation qui ont aussi évolué. Nul n’est dupe, chacun de ces hommes a du commettre qui, des impairs, qui, des erreurs, qui, des fautes que seule l’histoire jugera. Au demeurant, le Mali leur saura reconnaissant ou pas. Ce peuple aspire comme tout peuple au bonheur, à  la concorde et au développement. Ce défi incombe aujourd’hui à  celui qui est à  la tête de l’Etat aujourd’hui. Il doit s’engager aujourd’hui à  réunir le territoire et ses hommes, à  fructifier la richesse nationale, à  assurer l’égalité des chances de tous ses fils, à  maintenir la paix et la concorde. Sur l’avenir des institutions maliennes, êtes-vous optimiste ? Le Mali est-il définitivement à  l’abri d’un nouveau coup d’Etat ? Les institutions actuelles de la République sont celles là  mêmes qui se sont essoufflées dès les premières heures du coup d’Etat militaire. Ces institutions n’ont pas pu éviter l’écroulement de l’Etat. Tout cela est rendu facile face à  une faible conscience nationale et un engagement politique d’acteurs politiques et publics dont le crédit fait quelque peu défaut. Contre ce phénomène, il s’agit de réfléchir et de proposer un cadre institutionnel le plus en rapport avec nous mêmes, notre environnement, notre culture et notre pratique démocratique. On peut s’interroger sur le caractère effectivement universel du suffrage à  tous les coups contesté. On peut également s’interroger sur le rôle et la mission d’un député représentant de la nation, incapable d’exercer son pouvoir de contrôle sur l’exécutif. On peut également s’interroger sur la nature particulière de la justice et du juge qui refusent de se bander les yeux, pour rendre la justice conformément à  la loi, sans aucune référence à  la race des protagonistes, à  leur origine, à  leur religion et à  leur état de fortune. Qu’est ce que C’’est que cette justice qui n’est pas à  l’abri des influences par rapport à  son indépendance ? On peut s’interroger sur les rapports homme et femme, sur les rapports interreligieux, sur les rapports sociaux, en l’absence d’un véritable cadre teinté de moral, dans un contexte de manque d’éthique. Toutes ces questions doivent être prises en charge, pour permettre à  ce grand Mali, issu du Soudan français, des empires et des royaumes d’antan, de faire renaitre à  l’esprit de chaque malien un honneur, une dignité, une grandeur

Wax, racontes-moi ton histoire…

Le wax habille des millions d’Africains. Ces derniers le vendent ou l’achètent, souvent à  des producteurs européens, asiatiques ou américains. Mais d’o๠vient donc ce tissu teint à  la cire et dont la qualité lui assure une cote sans accroc depuis plus d’un siècle ? Comment a-t-il conquis l’Afrique ? Plongée au C’œur de ses fibres. Plus d’un siècle d’amour. Les Africains et les Africaines ne se lassent pas du très célèbre wax. Les couleurs vives et la qualité de ce tissu lui offre une vie prospère, de même qu’à  la majorité de ses producteurs. Ces pièces de coton, imprimées des deux côtés grâce à  un système de cire, ont gagné tout le Continent et sont disponibles dans plusieurs pays européens ainsi que dans une partie des Etats-Unis. Voilà , en somme, pour le wax aujourd’hui. Mais qu’en est-il de ses origines ? Des origines indonésiennes Certains récits sur l’histoire de ce tissu expliquent que ses origines sont indonésiennes. A la fin du 19e siècle, des colonisateurs anglais et hollandais s’inspirent du batik javanais, qui est teint avec l’aide de cire – un procédé permettant de mieux fixer les couleurs. Les Européens reprennent cette méthode (d’o๠le nom « wax », « cire » en français) et impriment sur l’étoffe des motifs très colorés et séduisant les Africains. l’idée aurait en premier lieu plu aux soldats ghanéens qui combattent pour la force coloniale hollandaise, qui convoite Java, Bornéo et Sumatra. Des Africains de cette même origine, qui sont postés dans ces à®les pour travailler dans des commerces hollandais, auraient aussi flairé la bonne affaire. A l’heure du départ, ils rentrent chez eux les valises pleines du nouveau tissu. l’occasion de constater que leur intuition était juste : les couleurs vives et les dessins plaisent beaucoup. Les fabricants européens exportent alors vers le Ghana, qui devient le détenteur du marché dans tout l’Ouest de l’Afrique. « Une compagnie hollandaise qui avait des comptoirs en Afrique a envoyé du wax au Ghana. Les gens étaient vraiment très intéressés. Les commerçants des alentours se rendaient même à  Acrra pour s’approvisionner », explique Yao Ahiaba, directeur de CTD Togo, filiale de la société anglaise ABC Wax. 120 millions de clients La fin de l’hégémonie du pays est signée par le Président Kwame N’Krumah. « Dans les années 60, il a fait construire une usine de textile et mis en place des droits de douanes prohibitifs pour les exportateurs de wax européens. Dans ce contexte, ils ne pouvaient plus vendre leurs produits. Ils se sont alors tournés vers les commerçants togolais, qui ont accepté », poursuit Yao Ahiaba. La frénésie « s’étend progressivement le long de la côte Atlantique et pénètre en Afrique Centrale jusqu’au Congo RDC (République Démocratique du Congo, ndlr) », explique un document de So Wax, Premier salon international du wax et du textile africain à  Paris (12-15 mai 2005). Les compagnies de wax hollandaise, asiatiques ou anglaises, font une concurrence de taille aux petites productions locales. Elles déjouent leurs lacunes, comme la longueur des productions et leur coût élevé, en produisant rapidement et meilleur marché grâce aux économies d’échelles. Selon So Wax, « ce marché compte une population de plus de 120 millions d’Africains, dont les Nigérians et les Congolais constituent la grande majorité ».

Kolondiéba, contrée oubliée?

Histoire et géographie « Kolondiéba » tire son nom d’un grand puits sacré situé à  l’entrée, au milieu d’un paysage appelé « siritu » (la broussaille mystique). Les anciens nous expliquent que ce lieu est depuis des centaines d’années le lieu de sacrifices afin d’avoir la tolérance des esprits du village. « Ils protègent le village », nous disent-ils. En ce qui concerne l’accès à  ce lieu hautement mystique, la consigne est claire : interdiction formelle à  un étranger d’y mettre pied. Les noms majoritaires dans cette commune sont les Koné (qui détiennent la chefferie du village), les Fané et les Bamba. La « Case sacrée », appelée aussi vestibule du village, est aussi vieille que la localité. Bâtie en architecture de terre, elle est située au C’œur du village. Construite par le fondateur dudit village, cette case constitue la tribune symbolique qui abrite les discussions sur les grandes questions de la communauté. La chefferie dans ce village est coutumière (de père en fils) nous apprennent les anciens. Un quotidien difficile Localité très enclavée, difficile accès à  l’eau et à  l’électricité…, le quotidien des populations de la commune de Kolondiéba est un cauchemar. Cette localité est située à  moins de 235 km de Bamako, donc moins loin de la capitale que Ségou. s’y rendre relève du véritable parcours du combattant. Si la réhabilitation du tronçon Bamako-Bougouni a réduit le trajet pour les usagers, le virage à  partir de Koualé marque le début d’une étape très difficile. Sur un tronçon de seulement 62 km, certains véhicules mettent 3 heures ! En cette période hivernale, l’état de la route se dégrade encore plus et les usagers ont purement et simplement abandonné la route à  partir de Zantiébougou à  cause de son état de dégradation avancée. Les populations nous apprennent qu’avant 2005, la commune était coupée en deux à  cause des eaux hivernales. Ce n’est qu’avec la construction du pont de Kanguéla (en juin 2005) que le trafic est redevenu possible en saison pluvieuse. Malgré ce ouf de soulagement, le trafic demeure difficile en dépit des opportunités que représente l’axe. Or, le cercle de Kolondiéba pourrait constituer un axe stratégique dans le trafic routier international, notamment vers la Côte d’Ivoire. Il est situé à  moins de 100 km de ce pays frontalier. La vie des populations de Kolondiéba n’est du tout aisée. Si la pluviométrie est encore acceptable (malgré la déforestation sauvage), la chute du coton depuis quelques années a rendu la vie dure à  de nombreux cultivateurs. Les cultures vivrières, qui avaient laissé place au coton, ont fait leur réapparition, sans toutefois permettre de générer des revenus suffisants. La pauvreté des producteurs leur a rendu l’acquisition de matériels et intrants agricoles impossible. Pauvreté et vie précaire ont poussé des centaines de jeunes de la localité à  l’exode voire l’immigration. Sur le plan de l’accès à  l’électricité et à  l’eau potable, C’’est une autre croix que les habitants portent au quotidien. l’électricité, qui est produite par l’AMADER (Agence malienne pour le développement de l’énergie renouvelable) est véritablement loin de pouvoir couvrir les besoins énergétiques. Les foyers n’y ont accès que de 19 heures à  00 h, soit 5 heures seulement de disponibilité. Quant à  l’approvisionnement en eau, il n’est assuré que le matin avant 11 heures. Passée cette heure, il faut attendre jusqu’au lendemain. Les ménages se sont organisés pour faire face à  la situation en prenant des dispositions de réserve d’eau. Autant dire que la localité est encore loin d’offrir à  ses habitants les conditions pour une vie décente…Populations qui se disent laissées pour compte et qui attendent beaucoup de leurs élus locaux qui jusqu’ici semblent vouloir assurer le service minimum.

Festival à Dire : valoriser le patrimoine historique et culturel

Dire est un cercle cosmopolite situé dans la région de Tombouctou au nord du Mali. Avec une superficie de 2400km2, ce cercle a une population d’environ 86.444 habitants composées de Sonrhai; de peuls, de Tamasheq, de bozos, de bambaras et de mossis vivant d’agriculture, d’élevage et de pêche. Le commerce représente le lien entre ces trois activités de base. Dans la circonscription de ce cercle on compte treize communes. Pourquoi ce festival? Initié par les ressortissants du cercle, ce festival vise à  renforcer l’esprit d’entente et de solidarité entre des communautés du cercle ; contribuer à  la consolidation de la paix, de la sécurité ; la cohésion sociale dans le cercle. Il s’agit aussi de valoriser le patrimoine historique et culturel du cercle, d’identifier les sites touristiques et tombeaux des saints en vue de leur réhabilitation. De faire connaitre les potentialités des artisans, éleveurs et paysans du cercle. Comme le souligne le président de la commission : « Dire est le cercle le plus arrosé de la région de Tombouctou par le fleuve Niger au vu de sa position géographique ». Il s’agit aussi de mobiliser les populations du cercle à  fêter le cinquantenaire de la création du cercle de Dire en 2011. Sur le plan de la communication le cercle possède des fils intellectuels qui peuvent vendre l’image de Dire tout en développant les thèmes « Dire d’hier à  aujourd’hui » , « la centralisation, les conflits sociaux, le tourisme et le rôle des communautés dans la lutte contre le paludisme ». Pour Abdoulaye Dicko, président de la commission d’organisation, le festival occupe une place prépondérante dans l’économie de la région de Tombouctou. Au cours de ce festival, il est prévu la tenue d’un forum avec d’éminents intellectuels appuyés par les cadres locaux. Qu’attendre de ce festival ? Abdoulaye Dicko en réponse aux confrères dira que les attentes sont entre autres : le renforcement des liens de fraternité entres différentes communautés, un plan de consolidation de la paix, du tissu social, la consolidation du partenariat entre les autorités locales et les associations de ressortissants, les potentialités des artisans et artistes, la valorisation du patrimoine culturel et historique etc… Le montant prévu Une telle activité demande un coup : l’enveloppe prévue pour ce festival est estimé à  76 millions. Les sponsors sont la BNDA Mali, orange Mali, avec au menu le projet de développement du système de Faguiibine à  Goudam, avec la Chambre de commerce du Mali etc. Environ 1000 personnes prendront part à  ce festival dont 400 viendront de Bamako et le reste des communes de Dire.

Point d’histoire : l’origine de la Garde Nationale du Mali

Garde régionale La place d’armes du Camp de Garde abrite, depuis le 1er avril, les activités de la quinzaine du cinquantenaire de la Garde Nationale. Une initiative, qui intervient après celle de l’armée de Terre, de la Gendarmerie nationale et de l’armée de l’Air, vise le renforcement des relations civilo-militaires. Lors de la cérémonie de lancement des activités, le vendredi 2 avril, le Chef d’Etat major de la Garde, le Colonel Broulaye Koné, a fait un rappel historique sur l’évolution de son corps, qui tire ses origines de la période coloniale. Selon lui, l’appellation de la Garde parue pour la première fois, le 21 octobre 1894 sous le vocale « Garde Régionale ». En ce moment, le personnel était recruté par les anciens militaires détenteurs d’un certificat de bonne conduite. Depuis cette époque, le choix de la qualité de l’homme était la préoccupation des autorités de la Garde. « Cela est encore d’actualité, car nous n’épargnerons aucun effort pour extirper de nos rangs les éléments de mauvaise moralité », a déclaré le Colonel Broulaye Koné. De 1894 à  nos jours, plusieurs appellations furent adoptées en fonction des différentes doctrines d’emploi de la Garde aux réalités du moment. Garde à  vous ! Ainsi, pendant la période coloniale ont les appelait, successivement Gardes Goumiers, Milices, Gardes indigènes et gardes-cercles territoriaux. Les appellations de la période post coloniale sont : Garde autonome, Garde Républicaine et Goum du Mali. Depuis le 20 juillet 1994, le corps s’appelle la Garde Nationale. Aujourd’hui, elle est une force armée relevant du ministère de la Défense et des anciens combattants mise à  la disposition du département en charge de la Sécurité intérieure et de la protection civile pour emploi. C’’est pourquoi, on voit toujours ses éléments auprès des militaires dans les missions de combat et auprès de la Gendarmerie nationale et de la Police dans des missions de maintien d’ordre. Au- delà  de cette mission régalienne, la Garde nationale a également en charge de la sécurité de beaucoup.

Villes : Ségou, la cité des Balanzans

La ville de Ségou a l’une des histoires les plus et les mieux racontées au Mali. Contée et chantée par les griots (maà®tre de la parole), cette histoire ségovienne est transmise de père en fils. Le mythe de Ségou Qu’est ce que le balanzan et son lien avec Ségou ? Du nom scientifique , le balazan est cette plante qui pousse dans le sahel. Plante épineuse supportant la sécheresse, elle est l’une des plantes les plus dominantes de la région de Ségou. Le balanzan est donc considéré dans l’histoire de Ségou comme l’arbre qui ne se soucie pas de la sécheresse. Il résiste au soleil, au vent, aux pluies abondantes, et au manque d’eau. Que de mystèree autour du balanzan. Les guerriers de Ségou à  l’époque, pour donner le nombre de combattants actifs dans l’armée choisissaient le nom balanzan. C’’est ainsi qu’on parle aisément de 4444 balanzans et un. Les 4444 qui correspondaient au nombre exact des guerriers au temps de Damonzon, fils de Monzon Diarra. Des siècles après, on parle encore des triomphes de cette armée ségovienne face aux agressions externes. Le parcours du combattant Après l’implantation des pêcheurs bozos, des soninkés, malinkés et bamanans, deux siècles plutard, Biton Mamary Coulibaly, un chasseur venu de la rive gauche fonda le royaume Bamanan de Ségou. l’élection de Biton à  la tête du royaume fut un exemple patent que la démocratie, cette gestion collective du pouvoir a existé au Mali depuis la nuit des temps. Quand le vote fut organisé, Biton a recueilli plus de « suffrages ». Certaines responsables de la «commission électorale » auraient demandé à  ce qu’on reprenne le scrutin. D’autres se seraient opposés parce qu’il avait été choisi à  l’unanimité. C’’est ce Biton Coulibaly qui a élargi le Royaume de Bamako à  Tombouctou. Avec les pêcheurs, il crée une flotte de guerre et régna de 1712 à  sa mort en 1755. A sa mort, le pouvoir passe des mains de son fils Dinkoro aux Diarra. N’golo Diarra captif de guerre viole la loi en s’installa au trône en 1766 pour y rester jusqu’en 1790. En bon guerrier, N’golo Diarra organisa la succession de ses fils à  la tête de Ségou contrairement à  Biton. La prise de Ségou Monzon Diarra succède à  son père et dirigea Ségou jusqu’en 1808 avant de passer le témoin à  son fils Da qui fit 20 ans de règne. Après celui-ci, l’un des plus connus du règne des Diarra, l’empire commence à  se rétrécir. Elle fut dans un premier temps attaquer par Sékou Amadou, puis par El hadj Omar Tall. El hadj Omar Tall s’attaqua à  Ségou vers mars 1861 et contraint les bamanans pratiquants de la religion traditionnelle animiste à  se convertir à  l’Islam. Avant de poursuivre sa conquête vers Tombouctou la mystérieuse, El Hadj Omar installa son fils à  la tête de Ségou. Ahmadou Tall eut donc toutes les peines face aux bamanans qui voulaient coûte que coûte, vaille que vaille, récupérer le fauteuil de leur ancêtre Biton Coulibaly. Le combat fut alors très rude. Mais les bamanans lutèrent en vain. L’arrivée du colon Blanc Trente ans après, C’’est à  dire en 1890, le colonisateur se mêle de la danse et s’allie aux bamanans pour combattre le fils d’El Hadj Omar qui faisait ses conquêtes en faveur de la religion musulmane. Pour la deuxième fois, le combat fut très rude. La chasse à  l’homme fut ouverte contre les toucouleurs. C’’est dans cette atmosphère que Ségou devint chef lieu de cercle administratif colonial regroupant les territoires des cercles actuels de Dioà¯la, Baraouéli, Bla, San… Plus tard la ville de Ségou devient une capitale régionale. Après ce long parcours, Ségou semble retrouver son vrai chemin. Une ville culturelle avec une population hétérogène constituée de Bamanans, Peulh, Bozos, Somonos, Dogon et Soninkés. Aujourd’hui, la ville de Ségou compte 501 447 habitant. La ville est donc issue d’un long parcours historique quelquefois taché de sang. Bon vent à  la nouvelle Ségou.