Sébastien Philippe : un historien du Mali

L’architecte-auteur franco-malien Sébastien Philippe travaille sur des projets de livres sur l’histoire du Mali, qui le passionne tant.

Le 19 juillet 2023, Sébastien Philippe a reçu des mains du Chargé d’affaires permanent de l’ambassade de France au Mali les insignes de Chevalier des Arts et Lettres. Une distinction qui vient s’ajouter à celles de Chevalier de l’Ordre national du Mali et de Chevalier de l’Ordre national du mérite français. Ces distinctions récompensent le travail, notamment dans le domaine de la culture, de ce Franco-malien installé ici depuis plus de deux décennies. Architecte et auteur, Sébastien Philippe est un homme occupé par les nombreux projets qu’il mène de front. Il travaille actuellement à la réédition de son livre « Une histoire de Bamako », en rupture de stock. Sorti en 2009, ce livre de 262 pages retrace l’histoire de la ville au travers de documents d’archives, de traditions orales et d’images inédites. « Des éléments vont changer », confie l’auteur, qui précise qu’il va ajouter un chapitre traitant de la période de 2009 à nos jours. « Ce qui me passionne dans cette histoire est qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver, des archives inexploitées. L’histoire de Bamako est issue de mes recherches dans les archives pour comprendre comment la ville s’est créée, comment elle a évolué, comment les quartiers se sont formés. Il y a encore des sujet de recherche ».

Un siècle d’architecture

Parallèlement à la réédition de l’histoire de Bamako, Sébastien Philippe écrit un nouveau livre qui alliera son métier et sa passion pour l’écriture. Il portera sur l’architecture malienne issue de la période coloniale dite néo-soudanaise. « Ce sera un livre épais qui va s’intéresser à l’architecture militaire et civile dans toutes les régions du Mali. Un siècle d’architecture, depuis la construction du fort de Médine, en 1855, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1960 », dévoile l’auteur. Pour lui, ce sera aussi un devoir de mémoire. « C’est utile d’écrire, puisque cette architecture disparaît. Des bâtiments sont vendus, détruits. Au nord du pays, où l’architecture était de terre, elle a tendance à disparaître avec le temps ». Tirer les « enseignements » de cette période, notamment de la « gestion et du traitement des matériaux utilisés », motivent l’écriture de l’ouvrage. Si les projets ne manquent pas, la diffusion et la démocratisation des livres dans les écoles se posent. Ce qui permettrait aux Maliens, dont trop peu sont imprégnés de l’histoire de leur pays, d’avoir une précieuse documentation à portée de pages.

Promotion du livre et de la lecture : les journées internationales du livre au Mali lancées

C’est une édition spéciale qui sert de trait d’union entre l’organisation des journées nationales du livre qui a déjà connu quatre éditions et le Salon internationale du livre de Bamako (Saliba) dont la relance est prévue pour mai 2024. Ouvertes mercredi 24 mai 2023, les journées internationales du livre du Mali initiées par l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL) se tiennent jusqu’au 28 mai prochain à la Bibliothèque nationale.

« Rôle et place du livre dans le processus de refondation du Mali ». C’est le thème retenu pour cette édition spéciale qui cible en particulier, en dehors du grand public, les professionnels du livre, les scolaires et les universitaires et dont l’objectif général est non seulement de promouvoir la lecture mais aussi l’industrie du livre et la protection de la propriété intellectuelle au Mali.

Durant ces 5 jours autour du livre et de la lecture et à son issue, l’OMEL espère créer un espace de visibilité des productions maliennes, produire un effet médiatique majeur sur la nécessité de l’adoption de la politique nationale du livre et de la lecture et mieux mobiliser les décideurs nationaux sur son urgence.

Pour l’écrivain Samba Niaré, le livre a bel et bien une place et un rôle dans le processus de refondation en cours du Mali. « Les raisons de notre défaillance ne sont pas que politiques, elles sont d’ordre intellectuels », a-t-il soutenu devant quelques personnalités littéraires et politiques présentes à la cérémonie d’ouverture  qui s’est achevée par une visite des stands des maisons d’éditions présentes à ces journées à l’instar, entre autres des éditions Prince du Sahel, Harmattan du Mali,  Figueira, et Asselar. « Il faudrait que le livre contribue à la mise en place des autres sécurités vitales pour le pays », a-t-il ajouté.

Placées sous le haut parrainage du président de la Transition, Colonel Assimi Goita, ces journées internationales du livre au Mali, dont la marraine est Aicha Baba Keita, Présidente de la Forsat Civile s’articuleront autour de plusieurs activités telles que des expositions de livres, des table-rondes, des conférences débats sur le thème générique et des sous-thèmes et des animations autour de la lecture et de l’écriture.  La journée du 25 mai sera dédiée à une visite des Institutions du Mali, le 26 mai aux anciens ministres auteurs pour la plupart et le 27 mai aux Ambassades.

Yambo Ouologuem : L’enfant terrible des lettres francophones

Yambo Ouologuem auteur du célèbre et dérangeant roman, Le devoir de violence, pour lequel il reçoit le prix Renaudot en 1968, s’est éteint le samedi 14 septembre chez lui (au Mali) à l’hôpital de Sévaré. Celui dont la mort littéraire secoue le monde du livre depuis quelques années, vient d’emprunter le chemin de l’au-delà, laissant deux fois orphelins une œuvre dense et riche.

Il y’a 49 ans un jeune malien fraîchement diplômé (Lettres, Philosophie et d’Anglais) venait jeter un pavé dans la mare de la négritude. C’est l’histoire de Yambo Ouologuem, l’histoire tragique d’un sacrifié sur l’autel de la littérature africaine. Un an après « Le devoir de violence » paraissait « Lettre à la France Nègre », un recueil de 13 treize pamphlets où : «  Noirs et Blancs jetés dans un même grand sac subissent la bastonnade, et seule la femme échappe peut-être à la correction, elle, la nègre de l’homme. »(Babelio). Des textes qui acculent ses deux rives : la France et l’Afrique. Le ton de l’enfant terrible, est posé, tout le monde en prendra pour son compte.

La consécration et la descente en enfer

En 1968 l’intelligentsia parisienne venait de consacrer une œuvre littéraire atypique, ainsi célébrait du même coup le premier auteur africain à accéder à un prix littéraire en France, le Renaudot. Le premier roman de Yambo tombe aussitôt dans un procès de plagiat qui pour finir, aura raison de la longévité littéraire de son auteur. Un talent mort-né. C’est le destin tragique de l’enfant du pays dogon, promu à un bel avenir. Yambo blessé dans sa chair se retire du monde moderne, décide d’un retour au pays, direction sa ville natale Bandiagara qui le vit naître un 22 août 1940.

Yambo Ouologuem, l’avant-gardiste  sacrifié sur l’autel de la littérature africaine

Accusé de plagiat, alors que le manuscrit est déposé à l’éditeur avec guillemets, le talent à peine découvert se trouve embarqué dans un tourbillon médiatique.

L’accusation de plagiat le poursuivra des années durant en France, avant d’être réhabilité. Il est établi que son manuscrit comportait une annexe recensant et expliquant chaque emprunt, allusion ou hommage, document que son éditeur décida simplement d’occulter. Le mal est fait, l’auteur aura tout le mal du monde à se défendre. Le romancier quitte plein d’amertume.

Du rejet de la France, Yambo opte pour le repli dans la religion musulmane et devient prêcheur-marabout à ses heures, devient hostile au monde extérieur. Des tentatives successives pour le ramener à la littérature échoueront, puisque du monde moderne il ne veut rien en entendre, encore moins de ses écrits. Et depuis 2012 un prix porte son nom au Mali.

Quand la négraille nargue antinomiquement la négritude

A l’époque où les lumières sont braquées sur la négritude, un jeune malien du nom de Yambo Ouologuem vient troubler les eaux tranquilles du tout nouveau courant littéraire porté par Senghor, Damas et Césaire. Avec fracas Devoir de violence, jette le pavé dans la mare de la négritude et la nargue de son concept de négraille, assumé par son concepteur à la négritude à fleur de plume.

Bousculer le lecteur dans ses retranchements, une fois que l’on referme Le devoir de violence, l’œuvre gêne tant elle est frontale. L’auteur n’épargne pas son lecteur bouleversé. De claque on en prend sur chaque joue. L’essence même de la littérature d’engagement. La plume de Yambo se veut de vérité. Son roman, une invitation à se regarder dans la glace de la réalité historique, cruelle telle qu’elle se présenta. Celle de la responsabilité de notabilités locales africaines dans la déportation de leurs congénères, pendant la traite négrière. Oui Yambo gênait.

Une fois que la quatrième de couverture se rabat sur la narration bouillonnante de Yambo Ouologuem, il est évident qu’on prend partie soit on l’aime, soit on se prémunit du reflexe primaire, cet écrivain a trahi l’Afrique, comment a-t-il pu oser ? Un comportement qui a scellé le destin de l’auteur et précipité sa chute. Dans les facultés de lettres africaines Yambo divise jusque dans les chaires de recherche.

Du devoir de violence, Y.O souffrit de la violence de dire la vérité. A nous, celui de rendre hommage à l’un des plus talentueux des écrivains d’Afrique, du Mali.

Le fils d’Amma vient de fermer les yeux chez lui à Bandiagara, qui le garda en son sein en mère nourricière quand le mondain l’expulsa de son antre. il existe des fils de leur époque, que l’époque rejette, Yambo l’a accepté avec dignité. Qu’Amma l’accueille les bras ouverts. « Verba volant scripta manet ».

 

A suivre un extrait de Le devoir de violence :

« Ce Saïf connut donc le bonheur d’avoir été assez habile pour jouer ce rôle de messie, où de nombreux fils de notables s’étaient escrimés en vain, et appauvris. N’est pas Christ qui veut. Pardonnez-nous, Seigneur, de tant révérer les cultes dont on vous habille…

… Lancées de partout en cette seconde moitié du XIXème siècle, multiples sociétés de géographie, associations internationales de philanthropes, de pionniers, d’économistes, d’affairistes, patronnés par les banques, l’Instruction publique, la Marine, l’Armée, déclenchèrent une concurrence à mort entre les puissances européennes qui, essaimant à travers le Nakem, y bataillèrent, conquérant, pacifiant, obtenant des traités, enterrant, en signe de paix, cartouches, pierres à fusils, poudre de canons, balles. (…)
Et ce fut la ruée vers la négraille. Les Blancs, définissant un droit colonial international, avalisaient la théorie des zones d’influence : les droits du premier occupant étaient légitimés. Mais ces puissances colonisatrices arrivaient trop tard déjà, puisque, avec l’aristocratie notable, le colonialiste, depuis longtemps en place, n’était autre que le Saïf, dont le conquérant européen faisait – tout à son insu ! – le jeu. C’était l’assistance technique, déjà ! Soit. Seigneur, que votre œuvre soit sanctifiée. Et exaltée. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Albakaye Kounta s’en est allé

L’un des écrivains les plus prolifiques de sa générationa été porté en terre ce 16 mars 2017. Albakaye Kounta, décédé le 11 mars dernier à l’âge de 82 ans aura marqué l’histoire de la littérature malienne et africaine. Conteur, scénariste, auteur de romans et de poèmes, dont certains sont encore à l‘état de manuscrits, Albakaye Kounta était aussi un penseur. Ses romans, à l’image de ceux d’un certain Paulo Coelho, sont de vrais récits initiatiques qui plongent le lecteur dans l’univers et les réalités des peuples du nord du Mali et d’ailleurs, avec des personnages qui s’interrogent, comme nous aujourd’hui, sur les contingences de la vie terrestre.
« Les sans repères » (Editions Grandvaux, 2006), sans doute son œuvre la plus connue, raconte de destin d’un jeune esclave et pose les questions de cette condition qui est encore d’actualité. On peut également lire ses magnifiques poèmes dans « Djenné-ferey », un livre de photographies consacré à la superbe architecture de terre des villes maliennes (Djenné, Gao, Tombouctou, Ségou). Son dernier ouvrage de 246 pages, « Couleurs et douleurs du silence » a été présenté le 25 février dernier et est un récit d’aventures autour du fleuve et du désert.
Albakaye Kounta, c’était aussi un peintre talentueux qui savait poser sur la toile les couleurs chaleureuses du désert. C’est à cet artiste pluriel que les Maliens ont dit adieu.

Rentrée Littéraire 2017 : renouveler le monde

Du 21 au 25 février se tiendra la rentrée littéraire, 2017, ayant pour thème ‘’renouveler le monde’’. Avec plusieurs activités au programme, ce rendez-vous incontestable des amoureux de la lecture et de la culture s’inscrit désormais dans l’agenda malien.

Cafés littéraires, tables rondes, conférences, débats, spectacles, ateliers, hommages et prix littéraires 2017 sont entre autres les sujets qui seront abordés lors de cette nouvelle édition de la Rentrée Littéraire. L’évènement en grande pompe aura lieu du 21 au 25 février, et l’institut français, la maison de la presse, les universités, les lycées et collège, le bla-bla, le restaurant La Gare, la galerie Médina et la bibliothèque nationale sont les lieux que les organisateurs comptent assaillir dans la capitale. Avec comme nouveau thème ‘’renouveler le monde’’, le lancement de l’activité a fait l’objet d’une conférence de presse à la maison de la presse de Bamako, animée par l’initiateur de la rentrée littéraire du Mali, Ibréhima Aya et le coordinateur, de l’édition 2017, Sékou Fofana. Les partenaires inconditionnels de l’évènement, à savoir la directrice de l’Institut français du Mali, Corinne Michaelli Mulholland, celle de l’Union Européenne au Mali Mme Maiga Assa Diallo et de l’Ambassade de la Belgique, Mme Annie Janicot étaient également présentes.

Avec plus d’une centaine d’artistes, écrivains et intervenants africains et européens (Mali, Tunisie, Cote d’Ivoire, Bénin, France, Sénégal etc.) dans les domaines de la lecture et de la culture, la rentrée littéraire dont la 1ère édition a eu lieu en 2008, sera cette fois-ci l’occasion de mettre l’accent sur la littérature jeune et de nombreux nouveaux écrivains. « La conférence inaugurale se tiendra à l’Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako, et cette fois-ci, les directeurs des lycées sont vraiment sollicités. Nous avons vraiment franchi un cap, quand je pense qu’en 2008 il n’y avait pas plus de 5 titres et que maintenant il y en a plus d’une trentaine. En plus, grâce à nos partenaires, les activités sont entièrement gratuites mais cette fois-ci, certaines seront sur invitations gratuites et imprimables sur le site de l’Institut français », explique Ibréhima Aya. « Cette année, nous avons fait le pari d’aller vers le public, c’est pourquoi 10 lycées et collèges ont été choisis dans chaque rive de la capitale et nous avons ciblé des endroits stratégiques. Les thèmes cadrent avec nos activités et l’etat du pays, tels que la gouvernance, la démocratie, l’intégration, l’égalité des hommes et des femmes, la sécurité, etc. », ajoute Sékou Fofana.

Le train littéraire pose ses bagages à Bamako

Lorsque Grand Corps Malade, slameur et poète français dans son tube le « voyage en train » relate chaque étape important de l’amour, il n’a surement pas pensé que son texte inspirerait des amoureux de la littérature.  Encore moins des écrivains Maliens. C’est pourtant ce tube qui a inspiré la création de cette activité littéraire dénommée « Train littéraire » à Bamako, la capitale malienne. Initié par Birama Konaré, promoteur de Binthily Communication et fils de l’ancien président Alpha Omar Konaré, « Train littéraire » se veut une activité 100% littéraire, première du genre au Mali qui se tient désormais chaque dernier jeudi du mois. Birama Konaré qui est lui-même écrivain a écrit plusieurs œuvres dont la dernière a été publiée récemment aux éditions L’Harmattan. Il s’agit de la nouvelle, « Les marguerites ne poussent pas dans le désert ». Issu d’une famille qui partage le goût de l’écriture notamment sa mère, Adam Ba Konaré, elle-même auteur, Birama Konaré souhaite à travers ce concept donner de la visibilité aux auteurs Maliens y compris les jeunes auteurs en devenir. Dans une salle aménagée pour l’occasion au premier étage du restaurant « la Gare » sise à Bamakocoura non loin de l’hôtel de ville, s’est tenue la première activité « Train littéraire »  jeudi 28 juillet. Sur les murs de la salle de réception, étaient estampillés le nom de grands auteurs Maliens et étrangers ; tous ceux qui ont marqué de près ou de loin la littérature africaine. De Maryse Condé en passant par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, l’esprit de tous ces grands auteurs semble se retrouver dans cette salle devenue désormais le point de Rendez-vous des rencontres littéraires à Bamako. A bord du train pour le premier voyage littéraire, un grand nombre d’invité, tous piqués par le virus de la littérature. Le seul critère pour participer au concept : « avoir été publiée par une maison d’édition », précise Birama. Pour ce début, les auteurs maliens sont prioritaires.

« La Saga des Rois Maudits » ou « le Cimetière des Illusions »

Ancien ministre de l’artisanat et du tourisme (2002-2011) sous le régime du président Amadou Toumani Touré, N’Diaye Bah est le premier auteur malien convié à bord de ce voyage litéraire. Auteur du roman la « Saga des Rois Maudits » ou « le Cimetière des Illusions » paru en 2016 aux éditions le L’Harmattan, l’auteur dans un style classique et clair relate des faits entre deux mondes : le vécu et la fiction. Dans son œuvre, il pose la problématique de la bonne gouvernance en « Afrique » qu’il nomme en Bambara « le Fasoba ». Un récit axé sur la transmission du pouvoir en Afrique qui interpelle le lecteur sur les événements qui ont marqués l’histoire politique du « Fasoba » émaillé de vive contestation de part et d’autre. L’œuvre est aussi un éveil de conscience pour la nouvelle génération et une source de leçon pour les nouvelles autorités africaines.

Un livre : « Echo Saharien, inconsolable nostalgie… »

Ce sont là  les premiers mots de l’aventure d’Intagrist El Ansari, à  travers ce roman Echo Saharien, Inconsolable Nostalgie paru aux éditions Langlois Cécile. Préfacé par l’écrivain Mauritanien Beyrouk, c’est d’abord un récit de voyage par voie terrestre entre 2009 et 2010. Avant les événements de la crise malienne. Le point de départ est Paris. Le sujet profond (Le Sahara) n’est abordé qu’à  partir de Ménaka, une ville touarègue, située à  1 500 kilomètres au nord-est de Bamako. L’auteur traversera l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, avant d’atteindre la capitale malienne et de poursuivre au nord du pays, vers Ménaka, siège de la dernière rébellion en Janvier 2012. Ce voyage est une réflexion intérieure, personnelle, parfois intime ou poétique, sur la nature humaine toute petite graine de sable dans un immense désert, à  la recherche des origines perdues dans la sédentarité, des grands espaces, d’émotions profondes simples et vraies que notre monde « uniforme », fait parfois d’artifices, ne permet plus de percevoir. Intagrist El Ansari est auteur indépendant. Il est Réalisateur, reporter et correspondant en Afrique du Nord-Ouest (Sahel/Sahara), pour Magazines TV et pour la presse écrite internationale. Il a notamment réalisé plusieurs magazines (formats : 3′ – 6′ – 12′ et 26′), pour l’émission « + d’Afrique » sur Canal + Afrique, Afrik’Art sur TV5Monde, Planète + et pour People TV, entre autres. Il a écrit de nombreux articles sur les cultures sahariennes, ses analyses et reportages sur le conflit malien et ses conséquences, sont publiés dans des journaux et magazines internationaux, notamment dans Courrier International (France), le Temps (Suisse), le Courrier (Genève), InfoSud (Suisse), La Libre Belgique, l’Humanité (France), Slate Afrique, Al-Jazeera English, Le Huffington Post… « Echo Saharien, l’inconsolable nostalgie », est son premier roman, paru aux éditions Langlois Cécile. Intagrist participe à  l’ouvrage de Titouan Lamazou, sur les Touaregs (Textes et portraits, parution, fin 2014, chez Gallimard). En 2013, il coordonne, en Mauritanie, le tournage et le contenu éditorial, du prochain film de Yann Arthus-Bertrand, « Human » (sortie prévue en 2015). Intagrist collabore, en 2011, pour l’écriture et la réalisation du documentaire « Woodstock à  Tombouctou », diffusé sur la WDR (Allemagne) et sélectionné dans de nombreux festivals du film.

Erik Orsenna redevient « Madame Bâ »

Erik Orsenna aime l’Afrique, c’est peu de le dire. L’immortel, car il siège à  l’Accadémie Française, s’est épris du continent il y a une cinquantaine d’années et depuis, c’est le grand amour. « J’ai eu la chance, quand j’avais 21 ans, d’aller au Sénégal en tant que jeune économiste. J’ai vu un continent qui m’a tout à  fait fasciné et à  partir du Sénégal, j’ai été dans beaucoup de pays africains et j’ai vu à  quel point l’Afrique est diverse, il y a 50 Afriques qui ne se ressemblent pas. Le Mali, c’est le lieu, en plus, o๠il y a la musique », racontait l’écrivain ce matin sur la chaà®ne française RTL, pour expliquer sa passion pour le continent. Le retour de Madame Bâ Il y a dix ans, Orsenna publiait Madame Bâ, l’un de ses plus grands succès. Il y racontait l’histoire d’une grand-mère malienne venue en France pour sauver son petit-fils abandonné par les agents recruteurs du PSG. « J’avais envie d’explorer cette réalité de femme et de malienne. Quand on a réussi à  créer un personnage, c’est comme un bateau, il sert à  naviguer, à  aller au loin, à  explorer, donc j’avais envie de continuer l’exploration », raconte-t-il. La vieille dame qui n’a rien perdu de son caractère bien trempé, de sa générosité et de son légendaire manque de modestie qui ont séduit les lecteurs, a décidé de rentrer au pays en compagnie de son petit-fils. Telle Jeanne d’Arc, elle se sent investie d’une mission, bouter hors de son pays, non pas par les Anglais mais les djihadistes. Pour l’auteur, ce livre est l’occasion « de raconter, par le regard et les oreilles de cette dame formidable, ce qui se passe aujourd’hui au Mali », poursuit-il. « Mali, ô Mali » est un roman qui joue un rôle pédagogique. L’objectif est d’informer tout en distrayant le lecteur de ce qu’est le Mali d’aujourd’hui. La démographie galopante, défi majeur auquel le pays est confronté, l’invasion djihadiste, autant de sujets évoqués par Erik Orsenna dans son roman. Pour l’auteur, il est évident que la dimension islamiste religieuse d’Aqmi, c’est un centième de la dimension de gangsters, « en fait, ce sont des gangsters ». « Il y a une sorte de personnage dans ce livre, c’est le Niger, l’un des plus longs fleuves du monde, qui traverse le Mali »rapporte RTL.fr. Un fleuve fascinant qui « affronte » le désert, « c’est la guerre de l’eau et du sable », illustre l’Académicien. Cette bataille c’est la métaphore du faible qui se confronte au fort et qui perd. Ici le fort c’est le désert. Erik Orsenna a été chercheur et enseignant, dans le domaine de la finance internationale et de l’économie et du développement. Il a reçu le prix Goncourt en 1988 pour L’Exposition coloniale. Il est élu membre de l’Académie française au 17e fauteuil le 28 mai 1998, le même jour que Georges Vedel. La même année, il cofonde Cytale, entreprise ayant commercialisé la première liseuse électronique en France7. Erik Orsenna est vice-président du conseil d’administration de la fondation FARM (Fondation pour l’Agriculture et la Ruralité dans le Monde).

Prix Nobel de littérature: pourquoi si peu d’Africains depuis 1901?

Les supputations vont bon train, et depuis le début de la semaine des Nobel, le 7 octobre, chacun y va de son pronostic quant au successeur du Chinois Mo Yan, prix Nobel de littérature en 2012. Si, selon toute vraisemblance, la distinction sera faite le jeudi 10 octobre, le nom du futur lauréat est quasiment impossible à  deviner. Pourtant, les bookmakers et autres observateurs voient le romancier Japonais Haruki Murakami remporter l’honorable distinction. Mais, cela ferait que deux auteurs d’une même région (l’Asie, en l’occurrence) auront remporté le prix deux années consécutives. Ce qui, pour les spécialistes ès-Nobel est rarissime. Ainsi le nom de Philiph Roth est évoqué pour être le prochain américain, après Toni Morrison, il y a 20 ans, à  être nobélisé. Mais quid de l’Afrique dans tout cela? Les pronostics sont peu généreux lorsqu’il s’agit de possibles lauréats. Pour l’heure, seul le Kényan N’gugi Wa Thiongo est cité. Cet immense écrivain de 75 ans a ses chances, au même titre que tous les autres. Et si C’’était la surprise de 2013, se demande d’ailleurs Le Figaro. La carrière de N’gugi Wa Thiongo commence avec la pièce de théâtre The Black Hermit, en 1963. Opposant marxiste dans son pays, il rejette le christianisme et son nom de baptême James Ngugi pour prendre un nom kikuyu (son ethnie d’origine, d’o๠N’gugi Wa Thiongo) en 1967. La même année, il cesse d’écrire en anglais pour le faire dans sa langue maternelle. Son abondante production littéraire lui vaudra plusieurs fois la prison. Le romancier devient en 1992, professeur de littérature comparée à  New York. Son œuvre porte principalement sur l’importance des langues africaines dans l’éveil de la mémoire du continent. Lire la suite sur http://www.slateafrique.com/398006/prix-nobel-litterature-favroris-dafricains-ngugi-wa-thiongo

Littérature Afrique : la Rwandaise Scholastique Mukasonga est la lauréate du prix Renaudot 2012

Scholastique Mukasonga est la tenante du prix Renaudot édition 2012. Ce sacre elle le doit à  son quatrième livre et premier roman Notre-Dame du Nil, publié dans la collection Romans noir chez Gallimard. A 56 ans, cette rwandaise qui s’est toujours considérée comme une écrivaine francophone, pas française est une survivante du génocide rwandais de 1994. Durant ce massacre tribal, elle a perdu sa mère et 37 membres de sa famille. Son livre Notre-Dame du Ni n’est pas un témoignage du carnage, mais une fresque pour comprendre les prémices du génocide. l’histoire se déroule dans un lycée de jeunes filles, nommé « Notre-Dame du Nil ». A 2 500 mètres d’altitude, ce pensionnat isolé du reste du monde, est considéré comme une institution pour former l’élite des jeunes filles rwandaises. Et cela tombe bien, un certain Monsieur de Fontenaille, un peintre blanc fasciné par les jeunes filles tutsies, est complètement persuadé que les Tutsis sont les descendants des « pharaons noirs »… Pour Scholastique Mukasonga, écrire et témoigner, ce sont les deux faces de la même histoire. Ecrire, un devoir, résultat d’un « exil intérieur » entamé longtemps avant d’avoir trouvé en France un exil extérieur. A cet effet elle affirme que : «J’étais destinée à  être la mémoire de la famille, parce que J’ai appris le français, parce que le français était le passeport international ». Elle succède ainsi à  Emmanuel Carrère qui avait remporté l’édition 2011 pour son livre Limonov. Le prix Théophraste Renaudot, plus couramment appelé prix Renaudot, est un prix littéraire qui a été créé en 1926 par dix journalistes et critiques littéraires, attendant les résultats de la délibération du jury du prix Goncourt. Le premier jury se composait de Raymond de Nys, Marcel Espiau, Georges Le Fèvre, Noà«l Sabord, Georges Martin, Odette Pannetier, Henri Guilac, Gaston Picard, Pierre Demartre, et Georges Charensol. Ceux-ci ont écrit une biographie de Renaudot en dix chapitres, dans laquelle chaque chapitre a été confié à  un auteur différent. Elle a été publiée en 1929 chez Gallimard : La Vie de Théophraste Renaudot. Outre le prix principal, le jury décerne chaque année depuis 2003 un Prix Renaudot de l’essai et depuis 2009 un Prix Renaudot du livre de poche. Il existe également depuis 1992 un Prix Renaudot des lycéens.

Naffet Keïta décrypte « L’esclavage au Mali »

Bien qu’ayant été condamné en des termes clairs sur le plan du droit international, l’esclavage et les pratiques assimilées continuent de persister dans de nombreuses localités de notre pays. La thématique a inspiré un livre chez un groupe de chercheurs, sous la houlette de Naffet Keà¯ta, professeur à  la Faculté des lettres, langues et sciences humaines (FLASH) de l’Université de Bamako.Publié aux éditions «Â l’Harmattan », «Â l’esclavage au Mali » est un ouvrage qui confronte plusieurs sources et données sur l’esclavage contemporain dans notre pays à  partir des mémoires locales d’esclaves, de descendants d’esclaves, d’affranchis et de maitres d’esclaves dans quatre régions o๠la pratique est réputée très développée.Il s’agit notamment des régions de Kayes, Mopti, Tombouctou et Gao. «Â Les données recueillies et analysées montrent que l’esclavage existe aujourd’hui au Mali et révèlent les processus complexes de reproduction et de maintien de groupes de personnes en situation et conditions d’esclavage. Elles montrent aussi des modes d’affranchissement en dehors des cadres normatifs de l’abolition », nous explique l’auteur au cours d’un entretien qu’il nous accordé. Le statut de l’esclave au Mali Pour Naffet Keà¯ta, la problématique de cette question réside dans la définition même du terme. Dans le contexte malien, argue l’auteur, «Â il faut faire la différence entre le statut d’esclave et la condition de l’esclavage ». Le statut, précise-t-il, est à  situer du côté des représentations, de l’idéologie qui instituent, légitiment et rendent acceptable le statut servile aux yeux de la société. Or, poursuit le chercheur, la condition, elle désigne la situation que vit la personne sur laquelle s’exerce les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux. «Â La condition et le statut d’esclave sont en passe de devenir des oublis de l’histoire du pays, faute d’espace public national réceptif, non seulement pour la restitution de ces mémoires, mais aussi à  leur actualité », remarque l’universitaire. Qui s’interroge si «Â la disparition des mémoires d’esclaves n’est pas sans doute la seule possibilité d’une vraie disparition de l’esclavage ? » Une loi à  insuffisances La publication de cet ouvrage intervient au moment o๠le projet de loi interdisant l’esclavage et les pratiques assimilées se trouve sur la table de l’Assemblée nationale. Mais pour l’auteur du livre, le texte contient d’énormes insuffisances. Car, tranche-t-il, même de son adoption, il ne faut pas s’attendre à  une réponse concrète à  la question de l’esclavage au Mali. «Â Ce projet de loi, par rapport à  sa lecture juridique, ne peux valablement lutter contre la pratique de l’esclavage. «Â On n’y parle pas de l’esclavage en tant que tel, malheureusement…Aujourd’hui, le débat est de savoir si les gens ont conscience même que la pratique existe », assène Naffet Keà¯ta. Qui rappelle deux principales recommandations pour y faire face sont de mettre fin à  la pratique de l’esclavage et lutter contre ses séquelles. Quelle solution faut-il alors adopter ? En réponse à  cette question, le chercheur recommande que la loi se serve du 1er article de la Constitution de notre pays, qui stipule que «Â les gens naissent égaux ». En clair, conclue M. Keà¯ta, la lutte contre l’esclavage n’est pas contre une communauté. Mais il faut voir la condition humaine.

Salimata Togora, écrivaine de son temps…

17 nouvelles publiées à  ce jour et deux pièces de théâtres, l’aventure littéraire est prometteuse pour l’écrivaine de 31 ans. Elle vient de mettre dans les librairies son nouveau livre intitulé «Â Deny et Denistar » suivi de «Â Un 31 décembre », publié chez les éditions «Â La Sahélienne » en collaboration avec «Â l’Harmattan ». Un bouquin de 36 pages qui donne du plaisir à  lire. l’auteur s’exprime dans une simplicité d’expression accessible par tous, et la thématique est un sujet de jeune génération. « Deny et Denistar » est une pièce écrite pendant le Chantier panafricain d’écriture dramatique des femmes (« Femmes en scènes », édition 2009-2011). Elle oppose Deny, une jeune femme rangée de 28 ans, vivant encore chez ses parents o๠elle doit subir sa mère. Sentimentale et rêveuse, elle est véritablement amoureuse de Bouba. Elle subit les exigences de l’éducation de la société traditionnelle africaine. Mais au finish, l’objectif recherché ne sera pas atteint. Deny est tout le contraire de Dénistar. Une prostituée enceinte de 29 ans, en fin de carrière, elle vit dans la rue, o๠elle peine à  trouver des clients. Désabusée, elle aime lire les verts du poète Léon Gontran Damas. « Deny et Dénistar », C’’est véritablement le choc des modes d’éducation, une confrontation de deux réalités (modernisme et tradition) dont l’auteure se sert pour poser la problématique et invite à  la réflexion. « l’exemple dans les cas est nuisible dans l’excès » nous explique-t-elle. « Un 31 décembre » est tout aussi un récit époustouflant que le premier. Il revêt l’histoire d’un vieil homme sur les traces de son fils. Une vendeuse de beignets à  la recherche d’un amour passé, un homme silencieux. Leurs destins se croisent cette nuit du 31 décembre. La suite ? Le livre nous en dit plus. Un ouvrage d’exception à  lire absolument. Fruit de l’inspiration fertile de cette jeune auteure, ce livre a un contenu facile d’accès pour tous les niveaux d’instruction. Du talent à  faire parler Salimata Togora a choisi un des genres littéraires les plus pointus : la nouvelle et la pièce de théâtre. La première est une synthèse claire et précise des idées, une sorte de récit hyper condensé qui exige une certaine qualité de son auteur. Le second, on n’en a pas vraiment beaucoup au Mali, et tout explique sa complexité. Mais l’aventure est osée pour Salimata Togora. Lorsqu’on demande à  cette mathématicienne comment elle est arrivée dans la littéraire ? l’histoire est passionnante. Car tout a commencé très tôt depuis les petites classes, o๠sa grand-mère aimait lui raconter des histoires. « La nouvelle s’est imposée en moi depuis temps. Le genre n’a séduit, car il permet d’aller à  l’essentiel, il capte l’attention du lecteur car il faut que l’histoire touche. C’’est vraiment le genre littéraire qui colle avec la réalité malienne, au moment o๠les gens lisent de moins en moins », nous explique la jeune écrivaine. Ce qui fera dire aux critiques littéraires que Salimata Togora est le témoignage de la ténacité dans l’apprentissage. Auteure de plusieurs nouvelles publiées dans les journaux « l’Essor » et « Le Challenger », Salimata a été lauréate du Prix du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille à  la rentrée littéraire 2010 à  Bamako. Avec ses 17 nouvelles publiées à  ce jour et 2 pièces théâtres, son nouveau livre promet un succès d’audience. Pour les critiques littéraires, « C’’est une écrivaine de son temps ».

Littérature : Sidi Alamine Ag Doho livre son « Chagrin nomade »

Directeur de l’école fondamentale de Tarkint au nord de la région de Gao, cercle de Bourem, Sidi Alamine Ag Doho est opérateur de saisie à  la maison d’édition «Â La Sahélienne » au début des années 1990. l’instituteur profite de ce court répit dans sa vie (comme l’affirme-t-il) pour écrire le récit de ses années d’errance. Le pari est gagné et traduit dans un livre intitulé «Â Touareg, 1973-1997 : Vingt-cinq ans d’errance  et de déchirement » paru en 2010 aux éditions «Â La Sahélienne » dans la collection «Â Dune verte ». Au C’œur de la richesse touareg l’auteur revient dans les librairies avec son nouveau livre «Â Chagrin nomade », édité par la même édition en collaboration avec «Â l’Harmattan » dans la collection «Â Dune verte ». Dans ce livre de 120 pages, Sidi Alamine Ag Doho met en lumière les composantes et les valeurs du monde touareg. «Â Voici venue l’heure du «Â tendé » et de son rituel de séduction o๠l’esprit comme le corps sont mis à  l’épreuve. l’enjeu, nous explique-t-il, est de gagner le C’œur d’une femme sans troubler la bonne entente entre les campements. Erachante relève le défi ». A travers trois histoires, de jeunes touaregs affleurent les usages d’une communauté célébrant autant la culture que la bravoure, la beauté que l’esprit. Pourtant, ces mêmes traditions qui subliment l’amour ne sont pas toujours tendres envers les amoureux et gare à  qui voudrait nager à  contre-courant. Le contexte de la rédaction de ce livre, nous confie l’auteur, remonte aux années 1994, marquées par la mouvance de la grande sécheresse qui a frappé notre pays, et la mouvance de la démocratie. l’œuvre, qui rappelle le bien-vivre touareg, est une histoire de culture, de bravoure, mais également d’amour. Bref, dans «Â Chagrin nomade », l’auteur dépeint de manière saisissante une société de l’apparat, dont il dévoile les contradictions avec son écriture intimiste. Dans cette œuvre, Sidi Alamine démontre, sans doute, sa nostalgie de ce qu’était la société touareg, dans la splendeur de ses richesses, o๠les communautés vivaient en harmonie, et o๠la richesse des cultures offrait aux populations l’aisance de vivre. Aujourd’hui, tout a disparu, regrette-t-il. Précisant en revanche que le livre n’est pas une interpellation. «Â Je n’aime pas ce terme lorsqu’il s’agit du rôle d’un écrivain », nous répond-il. Expliquant que l’objectif de cette œuvre est de faire savoir que le monde évolue bien avec peu de choses. «Â Je pose le problème du changement de nos habitudes et de la perte de certains de nos repères…Car l’homme est devenu trop individualiste », remarque Sidi Alamine. Qui annonce prochainement son troisième livre, dont il ne dévoile pas encore la teneur. Issa Fakaba SISSOKO

Littérature : Bakary Kamian fait l’apologie des « Dogons »

l’ouvrage de plus de 400 pages retrace l’histoire de la résistance des Dogons à  la pénétration française et met en exergue la culture de ce peuple, sa bravoure, son refus de la domination étrangère et son sens élevé du patriotisme. Comparant son livre à  un serpent de mer, l’auteur relève qu’on sait o๠commence l’œuvre sans savoir o๠elle prend fin. En plus du Mali, indique-t-il, le livre s’adresse au Burkina Faso, à  la Côte d’Ivoire, au Ghana, au Niger et au Nigéria. Pour le professeur Filifing Sacko, lecteur du livre, le livre fait l’histoire coloniale française en Afrique à  un moment donnée. Selon plusieurs points de vue, l’ouvrage participe à  la renaissance culturelle du Mali en particulier et de l’Afrique d’une manière générale. A travers cet ouvrage, Bakary Kamian semble mieux faire que Marcel Griaule dont l’œuvre a pourtant contribué à  faire connaà®tre les Dogons à  travers le monde. Le livre ainsi présenté « exhume la quintessence de la culture de l’Etre dogon ». Notons que le Pr Bakary kamian a accompli de nombreuses actions en faveur du développement de notre pays et de l’émancipation des peuples. Né en 1928 à  San dans la Région de Ségou, le professeur Bakary Kamian est le premier Africain agrégé en géographie de l’Université de la Sorbonne (France). Il a été professeur censeur du lycée Askia Mohamed de 1959 à  1963, puis directeur général de l’Ecole normale supérieure (ENSUP). Entre 1967 et 1968, il a travaillé à  la présidence de la République du Mali avant d’entamer une longue carrière de fonctionnaire international à  l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). l’universitaire et chercheur a reçu plusieurs distinctions honorifiques : Commandeur de l’Ordre national de la Guinée Conakry en 1979, Commandeur de l’Ordre national du Lion du Sénégal la même année, Commandeur de l’Ordre national du mérite de la France en 2003 et Commandeur de l’Ordre national du Mali en 2008. Membre d’honneur de la Société de géographie de France, il est officier des palmes académiques de France depuis 2003. Le livre, imprimé par « Bittar Impressions », est disponible dans les librairies de Bamako au prix de 10 000 Fcfa.

Hommes et Sciences occultes : Les arcanes du mysticisme

Les grands maà®tres ont aussi leurs limites. Samba est un ancien maà®tre du fétiche, nouvellement converti à  l’islam. Moussa est un maà®tre coranique qui arrive dans le village de celui-ci. Les deux hommes s’allient d’amitié. Après s’être complètement intégré dans le village, Moussa finit par devenir l’imam du village. Fidèle à  l’amitié, Samba peine à  dénoncer les sales coups et mauvais comportements de son ami, au grand dam de Sériba, son autre ami de longue date, et grand chasseur du village voisin Séribabougou. Les trois maà®tres connaitront une fin peu glorieuse que l’auteur nous invite à  découvrir. La limite des grands hommes Samba est l’un des personnages principaux autour duquel, se déroule les faits marquants de ce fabuleux récit. M’Bouna est le village dans lequel il réside avec sa famille, son ami Moussa et la plus grande partie de l’histoire. Dans cet ouvrage, l’auteur montre que malgré les grandes puissances et connaissances mystiques de certains grands maà®tres aussi bien des sciences occultes que du Coran, il peut parfois exister des limites. Ces limites rappellent tout simplement que ces maà®tres, ne sont après tout que des êtres humains et l’homme une machine qui peut être un jour être défaillante, et se bloquer un beau jour… Samba était dans le temps, l’un des meilleurs chasseurs et grand maà®tres des sciences occultes de la région. Chaque année, était organisé à  M’Bouna, des cérémonies rituelles au cours desquelles se faisaient des sacrifices aux dieux et génies protecteurs du village. Tous les grands chasseurs montraient alors leur puissance et savoir-faire. Samba étaient le meilleur de tous. Cependant, l’arrivée de Moussa apportera d’énormes changements dans le village. Arrivé avec une dizaine de disciples à  M’Bouna, il sera accueilli à  bras ouvert par les habitants et se liera d’amitié avec Samba. Marabout hors pair, Moussa convertira tout le village à  la nouvelle religion en date, l’islam. Une mosquée sera même construite par tous les habitants afin de renforcer les liens entre les frères musulmans. Samba est alors choisi par Moussa pour devenir le muézin (celui qui fait l’appel à  la prière). Ce dernier abandonne tous ses fétiches et met de côté toutes ses connaissances mystiques pour se consacrer à  l’islam qui est contre ce genre de pratiques. Un faux marabout Moussa réussira à  se faire aimer et intégrer dans le village. Il est craint et respecté par tout grâce à  sa prétendue maà®trise du coran et ses dons de voyants. Il réussit surtout à  embobiner son ami Samba qui ferme les yeux sur tous ses méfaits. Moussa met la belle fille de son ami enceinte. Il prétendait que celle-ci était pourchassée par un mauvais génie qui l’empêcherait d’enfanter et mener une vie normale avec un homme dans le futur. Il fallait donc lui administrer un traitement traditionnel pour conjurer le mauvais sort. Samba laisse donc la petite vierge passer tous les soirs, du temps avec l’imam. Celle-ci ne pouvant désobéir à  son beau père, s’exécuta. Abus de pouvoir Dans le village voisin de Séribabougou, Sériba terrorisait tous les habitants. Tous avaient peur de lui parce qu’il réservait un destin terrible à  quiconque s’érigerait contre sa volonté. C’’est ainsi qu’il a fait perdre la raison à  un jeune homme dénommé Solo. Celui-ci était fiancé avec la belle Batourou que Sériba chérissait tendrement. Les parents de la jeune fille acceptèrent les colas du grand maà®tre chasseur. Cela dit, les deux tourtereaux prendront la tangente le jour même des cérémonies de mariages pour un village voisin. Sériba ne tardera pas à  retrouver leur trace grâce à  ses dons de voyances à  travers les cauris. Il enverra ses disciples chercher les audacieux jeunes gens et consommera son mariage avec la malheureuse Batourou. La nuit suivante, Solo est retrouvé fou dans la brousse. Par ailleurs, Sériba s’est également approprié les biens d’une famille orpheline. Le fils de la famille ayant atteint la maturité, a demandé à  Sériba la permission de disposer d’une partie du champ de son défunt père afin de subvenir aux besoins de sa mère et sa femme. Ce dernier refusera catégoriquement en provoquant l’énervement du jeune homme qui aura du mal à  se contenir. Toute chose à  une fin Moussa et Samba sont finalement devenu des ennemis jurés après que le dernier ait fait un songe dans lequel, il avait vu tous les méfaits de son ami de longue date. Ce rêve lui était apparu comme une sorte d’illumination. Il demande dès son réveil, au chef du village de M’Bouna, le vieux Alou, de chasser Moussa du village parce que C’’est un escroc. Le chef ne se le fit pas répéter et s’exécuta sur le champ. Sériba se son côté, perdit un banal duel face à  un jeune maà®tre chasseur. Hanté par la honte, il décide de mettre fin à  ses jours dans le brousse. Son ami Samba en fit de même et les deux hommes se lancèrent nuitamment dans la forêt. Ce récit montre que quoi qu’il advienne, l’homme est un mortel et nul n’est infaillible. Il ne faut non plus pas sous-estimer les plus petits que soi car la vie est pleine de surprises.

«La géométrie des variables»:Mamadou Mahmoud N’Dongo lève le voile sur les méandres du pouvoir

Un émigré bien dans ses baskets Mamadou N’Dongo est né le 17 octobre 1970 à  Pikine au Sénégal. Il vit entre Amsterdam (Pays-Bas) et Drancy (France). Issu d’une famille noble toucouleur, l’homme est descendant direct du fondateur de l’empire toucouleur et précurseur de l’islam en Afrique noire El Hadj Oumar Tall. Exilé en France depuis l’enfance, Mamadou N’Dongo n’a pour autant pas laissé ses origines en marge da sa vie. Parlant très bien peulh, il voudrait inculquer cela à  ses enfants. Polyvalent, ce français d’origine sénégalaise est en même temps écrivain, cinéaste, photographe. Il a étudié l’histoire de l’art, la littérature, la guitare classique et l’histoire de la musique au conservatoire de Drancy. C’’est un excellent joueur de piano et ses talents musicaux se ressentent assez bien dans ses écrits. Mamadou Mahmoud N’Dongo a participé et continue de participer à  de nombreuses rencontres littéraires dont les festivals étonnants voyageurs et lire en fête. Il a d’ailleurs participé en novembre 2006, à  la 6e édition du festival combiné « lire en fête/étonnants voyageurs » organisé tous les deux ans à  Bamako (Mali). Ce rendez-vous littéraire réunit de nombreux écrivains du continent et d’ailleurs dans la capitale malienne. La géométrie des variables La géométrie des variables est un roman qui nous mène dans les arcanes du monde politique. Ce livre nous offre une nette vision sur les liens tissés entre les politiques et leurs conseillers. Roman très engagé, La géométrie des variables pointe du doigt, le manque de démocratie dans les pays africains et l’absence de volonté des pays occidentaux qui fait en sorte que rien ne bouge sur le continent. Comme s’ils ne souhaitaient pas que l’Afrique connaisse et applique les véritables données démocratiques. s’entremêlent amour et intellectualisme. Un monde o๠dans les années 1960, le mariage mixte était considéré comme un acte politique. l’auteur nous entraine dans l’univers des communicants politiques, doux euphoriques pour désigner ceux qu’on appelle souvent les faiseurs de pluie. Ce sont des hommes de l’ombre qui font le bonheur ou le malheur des politiciens : François Mitterrand, Nicolas Sarkozy, Ronald Reagan, Barak Obama, Darius Jones (Libéria). Il nous fait parcourir plus de trente ans d’histoire politique à  travers les personnages de Daour Tembely et Pierre-Alexy de Bainville. Le regard que porte le romancier sur le monde contemporain est à  la fois précis, dénué de tout artifice, hanté par la quête d’une vérité tronquée, et teinté d’humour. Dans les arcanes du pouvoir Pierre-Alexy de Bainville est un conseiller tapi dans l’ombre o๠il façonne l’image des hommes politiques quels qu’ils soient. Dans sa mission qui n’est guère de tout repos, il se fait seconder par son fidèle assistant métis sénégalais Daour Tembely. Ainsi durant plus de 30 ans, les deux hommes aident de nombreux politiques à  accéder ou rester à  la tête de l’Etat. Leurs actions seront d’ailleurs récompensées par un prix dénommé Konrad Van Bahr décerné au Pays-Bas pour mérites rendus. Mais au fur et à  mesure que le monde avance, Pierre Alexy n’a plus le même engouement qu’au départ. Il ne croit plus vraiment à  ses idéaux de jeunesse qui l’avaient de tout temps guidé et dont il était vraiment fier. En fin de compte, l’homme se lasse de répéter le traintrain habituel. Il ne croit plus vraiment à  la nouvelle classe d’hommes politiques qui est entrain de se former. Il décide alors de s’exiler à  Berlin (Allemagne). Daour Tembely prend la relève. Il se voit confié le dossier Darius Jones, dictateur et chef de guerre libérien. Daour est chargé de faire élire cet homme à  la tête du Libéria, un pays qu’il ne connait que de nom. Il sera alors affecté à  New York o๠il partagera le travail avec ses collègues Olivia et Lincoln, aussi bien rodé dans le métier que lui-même. La géométrie des variables est une œuvre à  lire et absolument. C’’est un roman qui nous fait voyager dans un tourbillon indescriptible.

Témoin du Cinquantenaire : Fily Dabo Sissoko, de l’anti-socialisme à la poésie

Né en 1900 à  Bafoulabé, dans la région de Kayes, Fily Dabo Sissoko, est l’une des grandes figures qui ont marqué l’histoire du Mali. D’ethnie, Kassonkhé, il fait ses études primaires à  Bafoulabé, puis s’inscrit à  l’à‰cole normale William Ponty de Gorée (Sénégal). Il enseigne à  l’école régionale de Bafoulabé avant de devenir en 1933 chef de canton de Niambia, succédant à  son père. Il participe aux activités liées au Front populaire et à  la Résistance. Nommé chef de canton de Niambia dans le cercle de Bafoulabé en 1933, il participera aux organisations nées de l’activité du Front populaire et de la Résistance au Soudan français. C’’est en 1945, qu’il débuta la politique, avec son élection à  l’Assemblée constituante en 1946, 1951 et 1956 à  travers le parti progressiste soudanais (PSP) qui a été absorbé par l’US-RDA en 1959. Ainsi, il fut élu à  l’Assemblée nationale française en 1946, 1951 et 1956. Il devient sous-secrétaire d’à‰tat à  l’Industrie et au Commerce du gouvernement Robert Schuman (2) (du 5 au 11 novembre 1948). Prisonnier de l’indépendance Plus tard, Fily Dabo Sissoko est à  la tête du Parti progressiste soudanais (PSP), parti politique conservateur, ayant le soutien des chefs traditionnels et des colonisateurs. En 1957, lors des élections cantonales, le PSP est battu pour l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US/RDA) de Modibo Keita. Alors que les partis fusionnent en 1959, Fily Dabo Sissoko s’oppose à  l’option socialiste prônée par Modibo Keà¯ta. C’’est ainsi que celui-ci, devenu président du Mali indépendant, le fait prisonnier en 1962 parce qu’il s’oppose à  la création du Franc malien. Condamné donc à  mort pour tentative de déstabilisation de l’à‰tat, sa peine est commuée en prison à  perpétuité. Il purge sa peine dans un bagne près de Kidal o๠il meurt dans des conditions mystérieuses en 1964. Homme de lettres Parallèlement à  sa carrière politique, Fily Dabo était écrivain. Il publia de nombreux poèmes, des nouvelles et des essais, s’attachant à  la défense de l’identité culturelle malienne. Il participe à  la réhabilitation de la tradition orale. La Politesse et la civilité des Noirs (essai publié dans le Bulletin de la recherche du Soudan) 1950 : Les Noirs et la culture : Introduction aux problèmes de l’évolution des peuples noirs (essai publié à  New York) 1953 : Crayons et portraits (poésie, Mulhouse, Imprimerie Union) 1953 : Harmakhis, poèmes du terroir africain, en 1955 : Sagesse noire, sentences et poèmes malinkés (Paris, à‰ditions de la Tour du Guet) 1955 : La passion de Djimé (roman Paris, à‰ditions de la Tour du Guet) 1957 : Coup de sagaie, controverse sur l’Union française (essai, à‰ditions La Tour du Guet, Paris,) 1959 : Une page est tournée (essai, Dakar, Diop) 1962 : La savane rouge (Avignon, Presses universelles) 1963 : Poèmes de l’Afrique noire, en 1970 : Les Jeux de destin 1970… Notons qu’aujourd’hui, plusieurs structures éducatives (lycées, Centre de formations professionnels…) portent le nom de cet illustre homme.

Littérature : Birama Konaré de retour avec : « Les marguerites ne poussent pas dans le désert »

l’écriture dans le sang Né le 17 juillet 1982 à  Paris, Birama Konaré à  l’image de son père Alpha Oumar Konaré, de sa mère Adame Ba Konaré et sa sœur aà®née Kadiatou Konaré, a trouvé sa place dans l’écriture. En 2004, il obtient un Bachelor en communication des médias. Deux ans plus tard, il décroche un master en communication. Son premier livre « la colline sur la tête » sorti en 2003, est une autobiographie, un journal intime qu’il gardait jalousement jusqu’au jour o๠sa mère lui suggère d’en faire une publication. Il y relate ses vécus, ses crises d’adolescence, son mal être…alors que son père Alpha Oumar Konaré est président du Mali. Sorti au début de ce mois aux éditions Jamana, « les marguerites ne poussent pas dans le désert » est un assemblage de six nouvelles. Les thèmes évoqués sont relatifs aux faits sociaux et aux réalités du Mali profond. Il s’agit entre autres du mariage forcé, de la crise scolaire, du chômage, de la migration, de la polygamie et de la difficile condition des femmes dans la société malienne. Chacune des nouvelles porte le nom du personnage principal. Une manière pour l’auteur de permettre à  chacun de s’identifier à  travers les vécus et expériences des personnages en cause. Sira Guèye Cette première histoire relate la vie d’une femme désespérée, méprisée par son mari malgré tout le sacrifice consenti après une dizaine d’années de mariage. Mariée à  cet homme qu’elle a secrètement aimé depuis sa tendre enfance, Sira ne connaà®tra jamais le bonheur d’être heureuse auprès de l’élu de son C’œur. Leur union a été scellée depuis ses sept ans oà¹, les deux familles ont décidé d’unir leurs enfants comme C’’est souvent le cas dans notre société. La belle Sira Guèye après des études de médecine bien remplie, se retrouve finalement contrainte à  rester à  la maison et s’occuper de ses trois garçons. Elle sacrifie sa carrière de médecin au profit d’une vie au foyer. Espérant d’année en année que son mari arrivera un jour à  l’aimer réellement. Malheureusement pour elle, le destin lui réservera un sort terrible. Elle échappe un jour, à  une tentative d’assassinat mais, son mari lui brisera la colonne vertébrale. Elle restera handicapée toute sa vie et refusera d’aider la police à  mettre son mari sous les verrous, au nom de l’amour. Un amour aveugle, un amour pur malgré la non réciprocité. Marguerite Jenepo Marguerite Jenepo est une jeune diplômée de droit de l’université de Bamako. Elle a toujours fait l’impossible pour devenir un haut cadre du pays en bossant très dur à  l’école. Toujours première de sa classe jusqu’à  l’obtention de sa maà®trise de droit, Marguerite ne se doutait pas le destin lui réservait un sort particulier. Après la fac, la jeune diplômée de 26 ans traà®ne de services en services sans trouver d’emploi. En fin de compte, elle se lance dans le commerce de Bazin entre le Mali et le Sénégal. Ce job lui réussira jusqu’à  assurer la survie de sa famille. Elle était devenue comme on dit, le pilier sur qui, tout le monde comptait. Malgré les insultes dont elle faisait l’objet de la part des voisins la qualifiant de prostituée, elle continuait toujours à  bosser dur sans se soucier du qu’en dira-t-on ? Elle rêvait de faire partir ses frères et sœurs dans les meilleures écoles à  l’étranger. Cependant, le sort lui joue un mauvais. Son père tombe malade et elle est obligée d’investir toutes son économie pour la prise en charge médicale de ce dernier. Mais il rendra l’âme. Elle se voit donc obligé de fuir et tout abandonner. Elle tente l’aventure de l’Europe d’abord par les voies normales qui ne lui réussiront guère. Ensuite par le ‘dougoumasira’, la clandestinité. Elle se retrouve finalement délaissée en plein désert, à  la frontière entre le Mali et l’Algérie, par ses guides qui les dépouillent elle et ses compagnons de fortune. Marguerite reste prisonnière de cette vaste étendue de sable, avec ses désillusions. Marguerite Tembely Au Mali, les mariages entre certaines ethnies sont strictement interdits au risque de se voir maudit par la foudre des anciens. Ce sera le cas entre cette belle femme bozo du nom d’Alimatou Kampo et un jeune instituteur dogon Aly Tembely. Malgré les avertissements des sages du village, Aly s’entête à  épouser sa bien aimée. Celle-ci intègre la société dogon et s’accommode à  leurs coutumes et traditions. Mais malheureusement, elle perdra la vie en donnant naissance à  une fillette, Mercedes Tembely. Son père lui donne ce nom parce que la Mercedes qui devait transporter sa femme a refusé de démarrer et elle n’a donc pas survécu à  des heures d’attente insupportable. Est-ce la sanction des anciens qui est tombée ? Bintou Coulibaly Le mariage forcé est un fait récurrent dans toute société africaine. Cette nouvelle relate l’histoire d’une belle jeune fille d’une vingtaine d’année, donnée en mariage à  son vieil oncle de 40 ans son aà®né. Celui-ci a déjà  une première épouse qui lui a donné une dizaine de gosses plus âgés que la pauvre Bintou qui n’a pour seul amour que Samba Diallo. Ce dernier parti étudier à  l’étranger, lui a fait promettre de l’attendre jusqu’à  son retour. La vie de Bintou se transformera en cauchemar lorsqu’elle osera dire non devant le maire. Du jamais vu au Mali. Elle se fait tabasser par le maire, le mari, les témoins et on l’oblige à  signer l’acte de mariage. Mais, une tragédie arriva le soir à  l’hôtel o๠devaient se tenir les noces. Elle se jette du 16e étage de l’immeuble. Sinaya La polygamie est l’un des phénomènes assez fréquents dans notre société. La famille Coulibaly à  l’image d’un bon nombre de familles africaines, n’échappe pas à  la règle. Ses deux épouses Maimouna et Djènèba sont comme on dit, chien et chat. Cependant, elles auront deux fils d’un même âge qui malgré les dissensions de leurs mères, s’aiment d’un amour pur. Mais avec le décès du vieux du sida, les deux femmes s’accusent mutuellement d’avoir jeté des sorts à  ce dernier. La seconde contaminée, tombe malade. La première étant épargnée grâce au fait qu’elle n’a plus eu de rapports intimes avec son mari depuis la venue de la seconde. Les deux jeunes garçons Fousseyni et Lassina se sont jurés de ne jamais se faire de mal quoi qu’il arrive.

Prix littéraire Amadou Hampaté Bâ : les lauréats récompensés

Au total, ils étaient 19 candidats à  concourir sur les sujets de dissertation de culture générale et de philosophie avec une préférence sur les citations d’Amadou Hampaté BA. Selon l’auteur du Prix, C’’est un ambitieux projet de développement à  dimension nationale et internationale à  l’intention des élèves et écrivains. Une initiative qui entend, apporter, sa modeste contribution à  la promotion de l’éducation et de la culture, lesquelles constituent la base de tout développement.Après une minute de silence observée à  la mémoire de l’homme, l’initiateur, Lanfia Sinaba, écrivain a planté le décor sur la Cérémonie. Ensuite, les prix ont été remis à  des lauréats dans des catégories différentes. Les chefs d’établissements, les proviseurs, et les parents d’élèves ont pu assister à  la dite cérémonie. Dans chaque catégorie, trois lauréats ont reçu des prix. Dans la catégorie 10ème lettre, la première s’appelle Awa Malinké, la 2ème Koniba Ballo  etla troisième Fanta Diallo.  Ils ont tousbénéficié de livres d’Amadou Hampaté Ba. Des prix spéciaux pour les meilleurs Au delà  des prix des lauréats, des prix spéciaux ont été remis à  des meilleurs. C’’est Souleymane Goudiam, le représentant du ministre qui a remis le prix spécial à  la lauréate de 10è science. Cette première édition a touché les deux académies d’enseignement secondaire (Rive gauche et rive droite) de Bamako. Pour Lanfia Sinaba, C’’est une manière de rendre un vibrant hommage à  Amadou Hampaté BA à  son engagement, sa détermination et son combat pour la promotion et l’épanouissement de la femme africaine. Par ailleurs, il s’agit d’encourager et de promouvoir la scolarisation de la jeune fille au cycle secondaire général. Le représentant du Ministre a salué cette initiative qui selon lui a un vrai intérêt : il s’agit de la notoriété de l’homme qui est une figure emblématique de la culture malienne. « Mes remerciements vont à  l’adresse des élèves qui ont pris part à  cette compétition. l’initiative est noble et encourageante »; A signaler que la cérémonie de remise des prix était prévue le 15 mai, date anniversaire de la disparition de l’illustre homme de culture, éminent philosophe, Amadou Hampaté BA (Paix à  son âme), mais pour mieux organiser la cérémonie ils ont retenu le 14 Août.Initié depuis 2002 ce projet a vu le jour le 20 mars 2010 lors de la Journée Internationale de la Francophonie. Il faut signaler la présence de Makan Koné président de la maison de la presse, Ibrahima Famakan Keita président de l’UJAO, et le directeur de l’APEJ.

Kadiatou Konaré :  » La littérature malienne ne me fait plus rêver « 

L’amour du livre Après la création de la maison d’édition : «Â Cauris » en 2001, celle qu’on appelle affectueusement «Â Atou », se bat sur tous les fronts pour rehausser l’image de la femme. C’’est ainsi qu’entourée de femmes convaincues et pleinement engagées pour la cause féminine, elle a réussi à  monter une association dénommée «Â Image au Féminin ». Très courtoise et affable, Atou est ouverte et reste très à  l’aise avec tous ceux qui l’approchent (même pour la toute première fois), et n’hésitent pas à  partager ses convictions avec eux. Elle reconnaà®t être née dans le livre, d’o๠son choix d’être éditrice. Né d’un père homme politique et d’une mère historienne, Kadiatou Konaré a choisi d’emboà®ter le pas aux siens en se positionnant autrement. Aujourd’hui, elle est l’une des grandes figures du monde des lettres Maliens. Du livre à  l’édition Son idée de créer une maison d’édition n‘était pas évidente au départ. La création de Cauris édition est le fruit d’un hasard, raconte t-elle. «Â Je suis tombéE dans l’édition, mais bien avant, je suis tombée dans le livre et j’ai grandi avec. Et tout mon parcours, qu’il soit familial ou scolaire, m’a orienté vers le livre ». Sa toute première œuvre éditée est intitulée : «Â le Mali de talents ». «Â Il y a une petite dizaine d’année, J’ai eu l’idée de faire un livre sur le Mali, mon pays. Au moment ou J’avais beaucoup avancé dans la concrétisation du projet, mon éditeur (un français) m’a opposé son incapacité de parachever le travail. Alors, l’idée m’est toute suite venue de créer moi-même une structure pour le faire. Voilà  comment est né Cauris édition ». Je ne pouvais pas abandonner le projet, vu que J’avais énormément avancé dans sa matérialisation, après avoir engagé une équipe sur le terrain… ». Ainsi, juste après la publication du «Â Mali de talents » en 2001, l’éditrice s’est convaincue de la nécessité de pérenniser la structure, en la mettant au service des œuvres littéraires tous azimut. «Â Editer signifiait pour moi de rendre hommage au livre ». Autant Kadiatou Konaré exerce dans le livre, autant elle fait une large ouverture sur tout ce qui a trait à  l’identité de l’Afrique et du monde. « Dans tout ce que Cauris Edition a eu à  publier, très peu de place était accordé à  la littérature ». l’édition est une chaà®ne de métiers, dans laquelle se côtoient écrivains (ou auteurs), dessinateurs, imprimeurs, photographes, ceux qui font les maquettes, les agents commerciaux… Tout cela reste, bien sur, coordonné par un chef d’orchestre, l’éditeur. Créer des liens entre l’Afrique et le monde, à  travers Cauris Editions l’une des missions que s’est assignée « Cauris édition », C’’est d’être un pont entre le Mali et l’extérieur, entre l’Afrique et le reste du monde. « Cauris édition se veut une passerelle ». En plus de la littérature, Cauris Edition s’investit dans la publication d’autres d’œuvres : les essais, les guides touristiques, bref, tout ce qui contribue à  parler du continent africain ». Par ailleurs, elle reconnaà®t que le Mali est un grand pays de lettres Pour avoir produit des sommités dans le domaine tels que Seydou Badian, Amadou Ampathé Bah, Massa Makan Diabaté… Pour Kadiatou Dramé Cauris Edition se veut un instrument au service de tous. l’éditrice pense qu’on ne peut pas parler d’œuvres littéraires sans prendre en compte les besoins du lectorat.  » Le lectorat malien est entrain de rompre avec les œuvres littéraires, pour des raisons dues certainement au manque de créativité en la matière  » Manque de créativité littéraire Se démarquant de toute forme de jugement, Kadiatou Konaré pose un constat amer sur la littérature de son pays : « La littérature de mon pays ne me fait pas tant rêver. J’en suis frustrée. Car, en réalité, je voudrais autre chose en terme de créativité, d’innovation ». Elle reconnait cependant qu’il est important pour les maliens de lire ce qui est produit à  l’échelle nationale, car C’’est en cela que s’affirme l’identité culturelle. Quant aux frustrations, Kadiatou Konaré dira qu’elles sont d’abord intellectuelles, ensuite matérielles et financières. « Faire des livres, demande énormément de moyens financiers, et malheureusement, C’’est un métier ou la rentabilité n’est pas aussi réelle et évidente. Cauris et le cinquantenaire La structure entend marquer le Cinquantenaire du Mali par des écrits. « Nous projetons de consigner dans des ouvrages les faits marquants du Mali indépendant. Cela me semble urgent. Car l’on ne saurait passer sous silence les 50 ans du Mali ». Des projets de livre sur les grands témoins du cinquantenaire, un dictionnaire du cinquantenaire, les hommes et les femmes qui ont fait le cinquantenaire, des bibliographies sur les pères de l’indépendance, à  savoir Modibo Keita, Mamadou Konaté…sont entre autre projets de « Cauris Editions ». Une maison à  soutenir.

Mandé Alpha Diarra ou l’art de conjuguer science et littérature

Né à  Nonkon, petit village de la région de Kayes, Mandé fait ses études primaires à  l’école de son village. Dès la classe de CM2, il se fait remarquer par ses professeurs à  travers ses notes de rédaction. Ses feuilles circulaient partout à  l’école en guise d’exemple afin de motiver les autres élèves à  suivre son exemple. Vu l’encouragement de ses profs, Mandé confesse : « Mes profs me disaient tous les jours, C’’est du bon boulot mon garçon, continue comme cela. Tu seras un futur cadre de ce pays. Je me suis alors dis dès cet instant que je serai écrivain. » A partir de la classe de seconde, il rédige une série de poèmes et remporte le prix du meilleur élève écrivain en herbe à  la fin de chaque année scolaire. Il maà®trisait non seulement la littérature mais aussi les sciences et sera orienté en biologie. Après son succès au bac, il ira en section vétérinaire, option qui était son dernier choix après ceux de réalisateur de cinéma et de psychopédiatre. En 1976, Mandé reçoit une bourse d’étude pour l’école vétérinaire de Paris. Il obtient son diplôme de docteur vétérinaire en 1980 puis intègre un an plus tard l’institut de médecine tropicale o๠il étudie l’Economie de développement rural à  Montpellier (Sud de la la France). A la fin de ses études en 1984, il a ainsi une casquette de Dr vétérinaire économiste. Le début d’une carrière littéraire prometteuse Dans les années 1976, Mandé fait la rencontre à  l’université du célèbre écrivain malien Seydou Badian Kouyaté. Il lui donne le manuscrit de son tout premier roman. Celui-ci, après avoir jetté un coup d’œil, l’apprécie immédiatement. « C’’est grâce à  mon ainé Seydou Badian que J’ai eu le courage de continuer à  écrire» témoigne ainsi Diarra. Mais ce n’est qu’en 1981 que « Sahel sanglant sécheresse » paraitra aux Editions Présence Africaine. Dans ce roman, l’auteur nous parle de la grande sécheresse des années 1973-74 qu’a connu le Mali, avec une histoire qui se déroule dans un petit village près les rails, dénommé Léa. Le chef d’arrondissement détourne l’aide internationale envoyée pour la population, qui finit par se révolter sous la direction d’un jeune scolaire Loum et de son frère Boua. Au final, les deux frères arrivent à  convaincre les pauvres villageois d’effectuer un partage équitable des grains. En 1985, il publiera la nouvelle « Pourquoi écrivez-vous ? », avec l’écrivain Massa Makan Diabaté, dans un numéro spécial du journal français ‘Libération’, qui sera ensuite édité en livre de poche. Les nouvelles pour dénoncer… En 1988, il participera à  la rédaction de nouvelles intitulées «Paris-Dakar et autres nouvelles » autour du rallye automobile du même nom, aux Editions Souffles, dirigées par Bernard Magnier ainsi que des écrivains sénégalais, maliens, négériens, algériens et burkinabés. Mandé Alpha mettra 10 ans à  rédiger son second roman intilué « La Nièce de l’imam ». Le livre paraitra en 1994 aux éditions Sépia à  Paris et Jamana à  Bamako. Le roman traite la condition d’une jeune femme dans une famille polygame du Sahel malien. Elle est mariée a Bilayi, un riche commerçant et bailleur de fonds de l’Etat. Ce dernier achète tout le monde avec son argent. Mais les esprits commencent à  se réveiller et à  se révolter. C’’est le début des problèmes entre Balayi et sa famille ». Cahier d’un retour au pays natal Son dernier roman est intitulé « Rapt à  Bamako » est coécrit avec Mari Florence Ehret, paru en 1999, aux éditions Figuier/EDICEF. C’’est un roman jeunesse/policier, relatant l’histoire d’un jeune français d’origine malienne. ‘Rapt à  Bamako’ est certainement le roman qui aura le plus frappé l’esprit des jeunes lecteurs. Revenu à  Bamako pour assister aux élections présidentielles de son pays, le héros a d’abord le regard du jeune de culture française sur la société malienne. Il épouse les aspects qui l’avantagent tels que les relations avec sa grand-mère et repousse ce qui est en contradiction avec la culture française. Ce roman dénonce également la façon dont sont organisées les élections au Mali. Sutout les superstitions. Les féticheurs de l’un des candidats réussissent à  lui faire croire que s’il réussit à  couper le bras d’une femme albinos, il sera indiscutablement élu. En voulant donc enlever sa propre nièce qui est albinos, il se trompe et enlève une jeune française venue au nom de la francophonie, assister aux élections. Voilà  un roman policier à  la malienne, à  vrai dire assez passionnant. Mandé Alpha Diarra est actuellement le chargé de communication de la compagnie malienne de développement du textile (CMDT). Parallèlement, il est journaliste à  mi-temps et romancier. L’auteur a participé à  de nombreuses rencontres littéraires aussi bien en France qu’au Mali. Par ailleurs, Mandé est en pleine rédaction du tome 2 de ‘Rapt à  Bamako’.