RGPH5 : les journalistes formés sur la diffusion des résultats

Du 27 au 30 mars 2023, l’Institut National de la Statistique (INSTAT) en collaboration avec Paris 21 a formé une trentaine de journalistes sur la diffusion des résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH5). Destiné à informer, orienter et sensibiliser sur les enjeux liés au recensement, l’atelier vise notamment à améliorer la diffusion des résultats du RGPH5 auprès du grand public.

S’il produit des données essentielles à l’appréhension des problématiques auxquelles sont confrontées les populations, la diffusion et la compréhension des données de l’INSTAT, restent des défis auxquels la structure veut répondre. Et en tant que vecteurs de l’information auprès du grand public, les journalistes restent des alliés privilégiés.

D’où cette initiative, pour rendre la statistique accessible au plus grand nombre et dans un langage commun. Cette dynamique avec les hommes de média, permettra de faciliter l’accès de la statistique et son utilisation par la population, car même si l’on a l’impression qu’elle n’est faite que pour l’Etat, nous en faisons un usage quotidien, assure M. Arouna Sougané,  le Directeur général de l’INSTAT.

C’est pourquoi il espère que ce n’est qu’un point de départ et que « nous continuerons à cheminer ensemble ».

Durant les 4 jours d’atelier, les journalistes ont été outillés sur les concepts statistiques clés et l’utilité des statistiques officielles. Ils ont aussi été sensibilisés sur la manière dont la communication des statistiques sur le genre peut permettre de créer un environnement plus favorable à l’égalité entre hommes et femmes. Désormais engagés à mettre à la disposition des journalistes toutes les informations nécessaires à la compréhension des résultats du RGPH5, l’INSTAT prépare ainsi la publication des résultats de son travail, qui espère-t-il sera compris par les bénéficiaires, c’est-à-dire la population.

Malgré quelques difficultés lors de la période de recensement, l’Etat s’est pleinement assumé, a expliqué le responsable de l’INSTAT. Cette opération d’envergure entrée dans sa phase active en juin 2022 avec le dénombrement de la population est la cinquième du genre depuis son lancement en 1976.

Les résultats du RGPH5 seront diffusés à travers 3 séries de publication sur la démographie, l’économie et l’habitat en mai 2023.

INSTAT : Premier recensement des unités économiques

L’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT) organise pour la première fois un recensement des unités économiques (RGUE) sur l’ensemble  du territoire. Il s’agit d’un comptage des unités de tous les secteurs, à l’exception du primaire, regroupant  l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie. L’opération, qui a démarré le 14 février 2019, rencontre quelques difficultés, comme la réticence de certains acteurs ou le bouclage de son financement. Le but est d’obtenir des données complètes et fiables et surtout une nouvelle base de calcul pour le PIB.

« Le recensement de ces  unités économiques, formelles et informelles, se déroule en 2 phases », explique Madame Fatou Dia, cheffe du projet RGUE. La première, « Cartographie / repérage », qui a démarré le 14 février par le District de Bamako, consiste en une géolocalisation des entreprises et un certain nombre d’adressages. La seconde phase, quant à elle, prendra en compte toutes les autres caractéristiques pour le dénombrement. Sont concernées toutes unités de production de biens et services, comme par exemple le commerce, l’industrie, etc….

Cependant, seules les unités économiques disposant d’un « local professionnel bâti et d’une porte d’entrée » seront prises en compte au cours de ce recensement, explique M. Seidina Oumar Minta, le Directeur technique du RGUE. Ce qui exclut les unités ambulantes ou autres étalagistes. Cette exclusion n’aura pas cependant un impact  négatif sur l’opération, car ces unités sont peu représentatives.

L’objectif de ce recensement, qui est d’actualiser les bases de données sur les entreprises au niveau du système statistique national, s’étend à la « migration vers le système de comptabilité nationale 2008, qui est une exigence des Nations Unies », ajoute M. Minta. Une telle migration requiert donc une opération statistique de ce genre, afin d’avoir l’exhaustivité et «  d’aller vers une nouvelle année de base ».

Cette nouvelle base permettra en outre  de servir  de base de sondage pour d’autres études et aussi d’avoir une nouvelle base en ce qui concerne les calculs du PIB.

Pour cette première, « les difficultés rencontrées sont celles inhérentes à toutes les opérations de statistique auprès des entreprises », relève M. Minta. Car certains acteurs réticents « se méfient et pensent que toutes les opérations de ce genre sont à but fiscal ». Ces difficultés, qui ne sont pas les moindres, ne devraient cependant pas constituer une entrave, selon le Directeur technique du RGUE.

Le financement d’environ 5 milliards de francs CFA, qui n’est pas encore bouclé, permettra d’exécuter seulement la première phase de l’opération.

Pouvoir d’achat : Une quête permanente

C’est en 1996, suite à la dévaluation du franc CFA, que les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ont adopté un outil d’évaluation des prix, parce que certains produits passaient du simple au double. Cet indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) constitue, avec les revenus, les éléments  déterminants du pouvoir d’achat. Si l’équilibre entre ces 2 éléments permet de mesurer le pouvoir d’achat, l’indice des prix  a de multiples fonctions.

Avec un panier de départ de 321 produits, pour prendre en compte les dépenses de consommation courante des ménages, l’outil en compte 650 depuis 2008. À Bamako, un échantillon de ménages a été choisi et interrogé sur ses habitudes. Ce qui a conduit à une « pondération » pour certains produits de consommation courante. C’est sur ceux-ci que la division statistique des revenus de la consommation (SRC) de l’INSTAT (Institut national de la statistique) effectue des relevés chaque mois, sur une dizaine de marchés de la capitale. Cette moyenne de prix servait d’indice pour le Mali. Actuellement, l’indice est national et permet de mesurer l’inflation et le coût de la vie pays.

L’IHPC est obtenu aujourd’hui à partir d’un volume constant de biens et de services.  « Il sert à la fois d’instrument de mesure de l’inflation dans l’économie, d’indexation des revenus à l’évolution des niveaux de prix et de déflateur de certains agrégats macroéconomiques », selon la note de l’INSTAT sur le nouvel indice des prix base 2014.

La  variation de l’IHPC est liée au changement de la structure de consommation des ménages, pour être en « conformité avec la réalité », précise M. Issa Sidibé, responsable de la division SRC à l’INSTAT.

À Bamako, le prix à la consommation des ménages au mois de janvier 2019 a diminué de 2,1% par rapport au mois précédent. En un an (janvier 2018 à janvier 2019), les prix ont régressé de 0,1%, selon le commentaire de l’IHPC pour les pays de l’UEMOA.

Si la baisse des prix de certains produits (riz et viande) rendue effective il y a quelques jours est une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat, sa faiblesse est une réalité au Mali et son rehaussement une quête permanente.  « Au Mali, le revenu est strictement égal, sinon quelquefois inférieur, à la consommation. L’amélioration du pouvoir d’achat passera soit par l’augmentation de ces revenus ou par la baisse des prix à la consommation », explique le Professeur Georges Hady Keïta, Vice Doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG).

(Défis de 2019-3/7): Croissance économique inclusive : Encore des efforts !

Jugée « solide » par les autorités maliennes, la croissance économique du pays est l’une « des plus performantes de la sous-région ». Le taux de croissance du PIB enregistré en 2017, 5,3%, reste cependant insuffisant pour réduire de façon significative la pauvreté, dont l’incidence a été estimée à 44,9% par le CREDD sur la même période. D’où la nécessité d’une inclusion pour faire profiter le maximum de Maliens des fruits de la croissance. Mais la réalisation de cet objectif est liée à de nombreux facteurs, dont la volonté politique, décisive pour réduire les inégalités sociales.

« Nous avons la mission de suivre l’évolution du niveau de pauvreté et d’alerter les autorités », explique M. Mahamadou Zibo Maïga, Coordonnateur de la Cellule technique du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CT/CSLP). Au Mali, cette structure a connu plusieurs évolutions avant de devenir le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD), en 2016. C’est le cadre de référence pour la conception, la mise en œuvre et le suivi des différentes politiques et stratégies de développement. Ces cellules, présentes dans de nombreux pays, doivent désormais intégrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux du développement, afin d’éradiquer la pauvreté et d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.

Selon le rapport 2017 du CREDD, les parts des secteurs primaire et tertiaire dans le PIB ont été « prédominantes », avec respectivement 38,3% et 36,7%. Celle du secteur secondaire stagnant à 16,6%.

Nécessaire équilibre

Malgré cette contribution importante à la production de la richesse nationale, le secteur primaire, qui occupe près de 80% de la population, reste le plus touché par la pauvreté. En effet, selon l’Institut national de la statistique (INSTAT), « les trois formes de pauvreté sévissent au Mali et sont plus répandues en milieu rural, quelle qu’en soit la forme », selon les résultats de l’Enquête modulaire et permanente auprès des ménages (EMOP 2016).

Afin d’assurer une « croissance économique inclusive et durable », il « faut des politiques publiques plus ciblées » également, relève le Docteur Dramane Lassana Traoré, économiste à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG).

Compte tenu du fait que  c’est au niveau du secteur primaire que se retrouve une grande masse de la population, « il serait mieux que la production de richesse vienne de ce secteur. Il n’y aurait ainsi plus besoin de redistribution », explique M. Traoré. Car, la redistribution connaissant des contraintes, le monde rural, où se concentre globalement la pauvreté, pourrait directement accéder aux biens et services nécessaires à son épanouissement. Ce qui nécessitera, selon le spécialiste, d’importants investissements.

Des enjeux majeurs

Afin de réaliser cet objectif, assurer l’inclusion économique passe par la mise en œuvre d’une volonté politique soutenue par « la rigueur et le suivi », ajoute M. Sadio Koly Kéïta, analyste à la CT/CSLP.

Dans l’atteinte de cette « croissance économique inclusive et durable », le Mali a donc défini des domaines prioritaires, tels que le développement rural et la sécurité alimentaire. Les autorités ont développé à cet effet plusieurs approches et stratégies, dont le Plan de passage à l’approche sectorielle du développement rural, et fourni des « efforts dans la gouvernance du secteur agricole », comme la mise en œuvre de la Loi d’orientation agricole, selon le rapport 2017 du CREDD.

Mais, malgré les investissements consentis dans le cadre de la modernisation de l’agriculture et de l’augmentation de la production, « des efforts doivent être déployés pour mieux cerner les problèmes de gestion, de commercialisation et de transformation des produits agricoles », préconise le rapport du CREDD.

Concernant le secteur de l’éducation, le rapport relève que les indicateurs  connaissent des évolutions mitigées et sont aggravés par la fermeture de nombreuses écoles dans le Centre et le Nord du pays, en raison de l’insécurité grandissante dans ces zones. Il suggère donc de prendre en compte les indicateurs de qualité et les recommandations du cadre de partenariat impliquant tous les acteurs.

Quant au secteur de la santé, il reste confronté à de nombreuses contraintes, parmi lesquelles  l’insécurité, limitant l’accès à certaines localités, les retards dans les annonces de financement des PTF (Partenaires techniques et financiers) au moment de la planification, la non disponibilité de locaux adaptés et l’insuffisance en matériel biomédical et en spécialistes de sa maintenance.

Ainsi, les enjeux en termes de développement institutionnel, économique et social sont considérables, selon le CREDD. Il convient alors d’obtenir une « meilleure performance des politiques publiques dans tous les secteurs », conclut son rapport.

 

Cet article a été publié dans le Journal du Mali l’Hebdo (N°196) du 10 janvier 2019.

Les statistiques, outil d’aide à la décision

Le 20 octobre marquait la célébration d’une journée mondiale particulière, celle des statistiques. Cette journée, décrétée par les Nations unies en 2010, est en effet fêtée chaque cinq ans. Mais nous avons décidé de ne pas attendre 2020 pour découvrir à quoi servent toutes ces données que collectent en permanence les statisticiens.

La statistique, qu’est-ce que c’est ? La définition la plus commune dit qu’il s’agit de l’étude de la collecte de données, leur analyse, leur traitement, l’interprétation des résultats et leur présentation afin de rendre les données compréhensibles par tous. C’est à la fois une science, une méthode et un ensemble de techniques. Dans la vie de tous les jours, nous avons recours plus souvent que nous le pensons, à ces outils indispensables pour la prise de décision, dans tous les domaines.

Un outil indispensable « Au quotidien, chacun fait de la statistique. La ménagère, quand elle fait la cuisine, prend une petite quantité, qu’elle goute pour connaitre le degré de salinité : ça, c’est du sondage ! Le sondage est comme vous le savez, un outil de collecte de données », explique Arouna Koné, directeur général adjoint de l’Institut national de statistique (INSTAT). À l’échelle d’un pays, poursuit-il, les statistiques jouent un rôle essentiel dans l’économie et sont utilisées pour suivre et évaluer des politiques publiques. Par exemple, « le gouvernement a besoin de connaitre les données sur la répartition spatiale des investissements pour apprécier les besoins et les efforts à entreprendre. Il a également besoin de connaître le niveau de l’activité économique afin de décider du degré approprié de taxation de chaque secteur. Ou encore le montant des revenus à collecter chaque année afin de budgétiser les dépenses sociales et les infrastructures de développement ».

Les ressources statistiques sont collectées de plusieurs manières et par différents acteurs. Au niveau de l’INSTAT, une équipe est dédiée à la collecte à travers un exercice régulier appelé Enquête modulaire auprès des ménages. Il s’agit d’une enquête annuelle à quatre passages (tous les 3 mois). « C’est à partir des données collectées qu’on parvient à déterminer l’indice du seuil de pauvreté qui est mis chaque mois de mars ou avril à la disposition des autorités, qui les utilisent pour la planification du développement et la lutte contre la pauvreté», précise M. Koné.