Silencieux depuis août 2021, le chef du JNIM vient de réapparaitre dans une vidéo de propagande diffusée le 12 décembre 2023. Alors que la justice malienne a ouvert une enquête le visant, ainsi que d’autres chefs locaux d’Al-Qaïda et des séparatistes touaregs, le 28 novembre dernier pour « actes de terrorisme, financement du terrorisme et détention illégale d’armes de guerre », Iyad Ag Ghaly décrit un changement dans le conflit au Sahel, citant de nouvelles alliances et appelant à la mobilisation régionale. Ag Ghaly prédit également « l’échec » des gouvernements sahéliens alignés sur la Russie, semblable, selon lui, au sort de l’intervention française. Il soutient que les atrocités présumées commises par ces forces conduiront à une présence djihadiste accrue. Cette réapparition d’Iyad Ag Ghaly coïncide avec la reprise de Kidal, auparavant bastion des groupes rebelles du CSP-PSD, par l’armée malienne. Selon certains analystes, le chef du JNIM cherche à exploiter les dynamiques changeantes, les mécontentements et les réalignements géopolitiques dans le Sahel.
Étiquette : Iyad Ag Ghaly
Dialogue avec les chefs djihadistes : Amadou Kouffa incontournable ?
L’idée de dialogue avec les leaders djihadistes comme piste de solution à l’épineux problème du terrorisme au Mali reçoit de plus en plus l’assentiment de l’État malien. Après son Haut représentant pour les régions du centre, Dioncouda Traoré, qui a assuré leur avoir envoyé des émissaires, le Président de la République lui-même, après plusieurs refus, est désormais favorable à d’éventuels échanges avec eux. Mais Amadou Kouffa, l’un des interlocuteurs visés par l’État est, selon de nombreux observateurs, actuellement fragilisé par des dissidences au sein de la Katiba Macina et menacé par la montée de l’État islamique au grand Sahara (EIGS).
« J’ai le devoir et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Le nombre de morts dans le Sahel devient exponentiel. Je crois qu’il est temps que certaines voies soient explorées (…). Nous ne sommes pas des gens butés, bloqués ou obtus », déclarait Ibrahim Boubacar Keita le 10 février dernier à Addis Abeba, en marge du 33ème sommet de l’Union Africaine.
Pour la première fois, le Chef de l’État, longtemps opposé à toute négociation avec les chefs terroristes et djihadistes, se montrait ouvert à une telle initiative. Mais, si dialogue il doit y avoir, encore faut-il que ce soit avec les bons interlocuteurs. Si Iyad Ag Ghaly parait incontournable, vu sa grande emprise au sein des organisations djihadistes dans le pays, principalement au nord, Amadou Kouffa semble de son côté loin de pouvoir endosser le même costume dans le centre.
Kouffa pas si incontournable ?
« Amadou Kouffa peut être l’un des interlocuteurs. Mais l’idée serait de ne pas s’arrêter à l’individu, et beaucoup plus de s’intéresser à son histoire. On sait d’où il est venu, comment il a eu cette audience qui a prospéré au sein de certaines communautés. Le plus intéressant, au-delà de sa personne, est le combat qu’il a fait sien, sa trajectoire, le discours qui l’a promu et comment les communautés ont adhéré à ce discours », estime Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS Africa).
Pour lui, même si un dialogue est instauré avec Amadou Kouffa, sans que les griefs et les frustrations des communautés dont il est porteur ne soient traités et que tous les autres acteurs ne soient impliqués, il sera difficile de venir à bout de l’insécurité caractérisée par l’activisme des groupes terroristes djihadistes.
Le Professeur Bakary Sambe, Directeur du think thank Timbuktu Institute, assure que Kouffa a perdu de son influence. « Il n’a plus l’emprise sur la Katiba Macina, dont certains éléments ont commencé à rejoindre l’État islamique au grand Sahara, notamment à cause des différents l’opposant au groupe de Mamadou Mombo ».
Du point de vue de Mohamed Elkhalil, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel, l’idée même d’entreprendre des échanges avec Amadou Kouffa et ses alliés au centre serait carrément suicidaire pour le Mali.
« Négocier avec Kouffa, c’est juste signer la mort du Mali. Cela va pousser l’État malien dans une position de faiblesse, alors qu’avec la nouvelle opération Maliko qui vient d’être lancée et une bonne coopération en renseignements des populations au centre, il peut parvenir à neutraliser ce leader terroriste sans négociations », croit-il.
Le géopolitologue Abdoulaye Tamboura est pour sa part convaincu de la légitimité de Kouffa à être un interlocuteur important dans un quelconque dialogue avec les autorités maliennes.
« Amadou Kouffa ne parle pas au nom d’une région. Il parle au nom d’une Charia qu’il veut étendre sur toute l’étendue du territoire malien. Sa vision ne se limite pas au Macina ou au Gourma et il tire sa légitimité du soutien de son mentor, Iyad Ag Ghaly, sans lequel il ne peut rien entreprendre en terme de négociations. Pour moi, il est un interlocuteur incontournable aujourd’hui si dialogue il doit y avoir », soutient-il.
Bons offices à Kidal : Délicate mission pour Mahmoud Dicko
Annoncée par le premier ministre Abdoulaye Idrissa MAÏGA, la mission des Bons Offices chargée de faciliter le retour de l’administration dans le septentrion malien a pris son bâton de pèlerin.
Conduite par le président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), Mahmoud DICKO qui a pris ses derniers conseils auprès du premier ministre ce 03 juillet 2017 avant d’entamer sa délicate et exaltante mission. Convaincre les groupes armés qui occupent le terrain à renoncer à la violence et permettre le retour de l’Etat. Le Coordinateur de cette mission, Mahmoud DICKO qui en mesure les enjeux reste convaincu de sa nécessité. Car il faut « faire en sorte que les frères se retrouvent ». « Nous allons à Kidal et dans le Delta Central du Niger pour voir dans quelle mesure les services sociaux de base peuvent être installés », ajoute Mahmoud DICKO confiant et rassuré « que le Mali va se retrouver dans le Mali ».
Même si cette mission voulue par l’Etat et composée par plusieurs autres personnalités de la société, n’est pas la première de Mahmoud DICKO, elle intervient dans un contexte différent. On se souvient qu’il avait pris l’initiative d’une médiation avec Iyad Ag GHALY (Chef de la coalition djihadiste Nosrat al-Islam wal Mouslimine) au plus fort de la crise. Le chef islamiste avait accepté de remettre au HCI plusieurs militaires maliens faits prisonniers pendant la crise en 2012.
Les enjeux de la présente mission sont de donner un coup de pouce au processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation signé entre le gouvernement du Mali et les groupes armés il y a maintenant 02 ans. L’espoir c’est de pouvoir rendre effective l’installation des autorités de transition pour le retour de l’administration. L’installation de celles de Kidal étant prévu pour ce 20 juillet.
Retour de l’administration à Kidal : Un problème de calendrier ?
Annoncé pour le 20 juin 2017, le retour effectif de l’administration dans la ville de Kidal n’aura pas eu lieu. Selon le chronogramme annoncé par la médiation internationale à l’issue de la 18è session du Comité de suivi de l’accord, c’est à travers le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé de sécuriser la ville et sa région, que devait avoir lieu le redéploiement de l’État dans la ville occupée par les groupes armés depuis 2014. Sur place, à Kidal, ce report n’est pas une surprise, la situation de tension actuelle générée par le conflit intercommunautaire entre les Imghads du GATIA et les Idnanes n’a pas encouragé la CMA à adhérer à un chronogramme dont elle dit « ne pas être associée ». La coordination a rappelé ses forces à Kidal tandis que celles du GATIA sont à présent positionnées à une dizaine de KM de la ville. L’un des premiers grand défi de l’installation du MOC à Kidal sera de faire collaborer ces deux camps hostiles au sein des patrouilles mixtes.
D’autres raison moins vérifiables ou avouables à ce report sont aussi avancées. « la CMA doit envoyer des signes positifs d’avancement à la communauté internationale mais en même temps elle doit ménager les djihadistes qui ne veulent pas un retour de l’administration et de l’armée à Kidal. Beaucoup ici disent que c’est Iyad Ag Ghaly qui pilote les décisions importantes », affirme cette source proche des mouvements. Pour elle, le MOC, les autorités intérimaires, tout serait possible et faisable dans les délais. « Les véhicules du MOC pour les FAMA et la Plateforme sont déjà prêt, il ne manque plus que la CMA. Avec l’insécurité qui règne en ce moment à Kidal, le MOC et ses patrouilles seraient le bienvenue », ajoute-t-il. Selon Pierre Buyoya, cité le 20 juin par Studio Tamani, ce report est dû à un « problème de calendrier », il assure que le retour effectif de l’administration se fera dans les prochains jours. Comme en réponse, la fête de l’Aid qui se fêtera ce dimanche partout sur le territoire Malien sera célébrée un jour plus tard à Kidal, selon le calendrier imposé par la CMA, qui ne tient pas à fêter la fin du ramadan en même temps que le Mali.
Laurent Bigot « Tant qu’on attendra la solution de la France, il ne se passera rien ! »
Ancien diplomate français et consultant indépendant, Laurent Bigot, connu pour ses analyses sur la politique sécuritaire en Afrique, revient sur les enjeux de la visite d’Emmanuel Macron à Gao.
Lors de sa visite à Gao, Macron a appelé l’Algérie à arrêter le double jeu avec Iyad Ag Ghaly. Est-ce à dire que la politique entre la France et le Mali prend une nouvelle tournure ?
Je ne crois pas aux postures et je me méfie des discours. Dans ces sujets sensibles, la discrétion est de mise. Je ne suis pas certain qu’en interpellant publiquement l’Algérie, on obtienne de meilleurs résultats. Si la France a des choses à dire à Algérie, il y a une relation bilatérale pour cela.
N’est-il pas trop tard pour que la France et ses alliés africains cessent de payer le lourd tribut de leurs compromissions passées avec le terrorisme ?
Il n’est jamais trop tard, c’est un principe de l’action politique! Quant aux compromissions auxquelles vous faites allusion, je ne sais pas de quoi vous parlez. En revanche, je peux dire qu’il est temps que la complaisance avec la mauvaise gouvernance cesse car c’est bien cela le cœur du problème. À toujours désigner les terroristes comme coupables, on oublie que le problème structurel est la mauvaise gouvernance des élites politiques.
« L’opération Barkhane ne s’arrêtera pas avant que l’ensemble des groupements terroristes n’aient été éradiqués », a annoncé Emmanuel Macron. Quelle peut être sa nouvelle politique sécuritaire pour les années à venir en rapport avec Barkhane ?
Avec une telle annonce, on signe un bail de cent ans pour Barkhane! Les dirigeants politiques sont obsédés par la communication. Il serait temps d’arrêter les roulements de tambour, de s’assoir et d’écouter, humblement, ceux qui souffrent de cette situation et à qui on ne donne jamais la parole.
Quid des engagements du président français pour renforcer le dispositif sécuritaire de la force Barkhane ?
Le Nord du Mali est hors contrôle, plongé dans une spirale de violence comme jamais il n’en a connu. On peut toujours renforcer Barkhane mais quand comprendra-t-on que la solution n’est pas là ? Regardez l’Afghanistan et l’Irak! Ce sont les Maliens qui ont la solution et tant qu’ils attendront la solution de la France, il ne se passera rien!
« Agir vite, fort et de manière déterminée sur le plan politique et militaire ». Comment cette déclaration d’Emmanuel Macron pourrait se concrétiser sur le terrain ?
Posez-lui la question! Tout ça c’est de la communication. Ce sont des lieux communs.
Tombouctou : Attaque contre le camp de la MINUSMA
Gourma Rharous : les FAMA et Barkhane neutralisent une dizaine de terroristes
Le groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans « Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin » du chef djihadiste Iyad Ag Ghaly, a revendiqué l’attaque meurtrière, mardi 18 avril, qui a ciblé un camp de FAMA à Gourma Rharous, à environ 150 km à l’est de Tombouctou.
Cette attaque a fait au moins cinq victimes parmi les militaires et plusieurs blessés. Les djihadistes ont emporté des munistions et plusieurs véhicules et en ont brûlés d’autres appartenant à l’armée.
La riposte ne s’est pas fait attendre. Les forces armées maliennes (FAMa) appuyées par la force Barkhane sont rapidement intervenue s et ont neutralisé deux picks up dérobés et lourdement armés à une trentaine de kilomètres de Gourma Rharous. Une dizaine de terroristes ont été neutralisés durant l’intervention aéroportée du groupement tactique désert aéromobile transportant à son bord des commandos montagne de la force française. L’armée malienne a aussitôt conduit des opérations dynamiques de contrôle de zone au sud de Gourma Rharous afin d’intercepter d’autres assaillants en fuite.
Les groupes terroristes sont responsables de nombreuses attaques contre les forces internationales et locales, ainsi que d’exactions répétées à l’encontre des populations maliennes. C’est la troisième fois que cette localité subit une attaque meurtrière. La première fois était en 2015. Au mois de novembre 2016, la localité avait de nouveau subit une attaque qui avait été revendiquée par Ançar Dine.
Les tribus du nord du Mali réunies en Algérie pour contrer le nouveau groupe d’al-Qaïda
Mardi et mercredi, les tribus du nord du Mali se sont concertées à Adrar, dans le sud algérien, pour trouver des moyens d’empêcher les recrutements par le nouveau groupe armé affilié à al-Qaïda et dirigé par le Touareg Iyad ag-Ghali.
Une source diplomatique algérienne a révélé à au site d’information Middle East Eye que des notables de onze tribus du nord du Mali – arabes, touaregs, peuls – se sont réunis en urgence ce mardi et mercredi à Adrar, à 1 400 kilomètres au sud-est d’Alger.
L’objectif de cette rencontre est d’étudier les moyens de contrer le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans au Maghreb islamique.
Ce mouvement islamiste armé, créé en février, réunit plusieurs groupes de la région, en particulier al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar, l’émirat du Sahara de Djamel Okacha, les katibas du Macina d’Amadou Koufa, et Ansar Dine d’Iyad ag-Ghali, le nouveau chef du consortium. Selon des sources sécuritaires, le mouvement représenterait une force de quelque 2 000 hommes.
#Urgent :un tournant dans le jihadisme au#Sahel #Ansardine #Aqmi #Almourabitoun et katibat de #Macina viennent de se réunifier pic.twitter.com/aD2i2brjAQ
— Sidi Kounta (@sidikounta7) March 2, 2017
« Les tribus craignent que le scénario de 2012 se reproduise », précise le diplomate. À l’époque, profitant d’une rébellion des Touaregs contre l’autorité centrale de Bamako, plusieurs groupes islamistes armés avaient pris le contrôle de plusieurs villes du nord du pays.
« La situation est très tendue », poursuit une source sécuritaire algérienne. « D’une part parce que les tribus du nord ont toujours l’impression de vivre « sous occupation » malienne et perçoivent les Français comme des alliés de Bamako. D’autre part parce que la situation économique au nord du Mali est toujours aussi désastreuse. La marginalisation et le chômage poussent les jeunes à rejoindre les rangs des groupes armés. »
Appel aux nouveaux combattants
D’autant que le nouveau groupe aurait commencé depuis quelques semaines à distribuer des fascicules et des CD aux jeunes pour les recruter.
« Les rapports sécuritaires français et maliens se sont alarmés de la dangerosité de cette propagande et craignent le potentiel de nuisance du mouvement d’ag-Ghali, qui a lancé un appel aux nouveaux combattants », poursuit notre interlocuteur.
« Il ne faut pas oublier qu’Iyad ag-Ghali, qui est issu d’une grande famille de notables des Ifoghas [région montagneuse du nord-est du Mali], est une personne très influente dans la région. »
Dans un entretien au journal d’al-Qaïda au Yémen, Al Massar, publié lundi, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans a appelé « tous les peuples musulmans du Sahara » à « se lever pour combattre » la France et ses alliés au Mali.
Samedi 1er avril, le groupe a revendiqué une attaque menée le 29 mars contre l’armée malienne. Des hommes armés avaient attaqué un poste de sécurité à la frontière avec le Burkina, tuant deux gendarmes et un civil maliens, selon des sources de sécurité maliennes.
Le 5 mars, onze militaires maliens avaient été déjà été tués au même endroit dans une attaque également revendiquée par le groupe.
Le chef de Nusrat al-Islam dresse une liste de 11 pays « ennemis »
Le chef du groupe djihadist Nusrat al-Islam Wal Muslimin, Iyad Ag Aly, a dressé une liste de onze (11) pays « ennemis » qui se trouvent sur les continent africain, américain et européen (Etats unis, Allemagne, France, pays bas, Suède, Tchad, Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Niger).
Le chef djihadiste accordait sa première interview au journal Al-Mousri d’Al-Qaïda au Yémen, ce après sa désignation à la tête de Nusrat al-Islam Wal Muslimin, le nouveau mouvement djihadiste né de la fusion des principaux groupes islamistes armés actifs dans le nord du Mali. Il a qualifié particulièrement la France « d’ennemie historique des musulmans de cette partie du monde islamique ».
Iyad Ag Aly a également dévoilé la stratégie militaire de Nusrat al-Islam Wal Muslimin qui est « d’élargir sa présence dans un plus grand espace géographique, d’affaiblir l’ennemi et de le cibler partout où il se trouverait ».
Selon le chef djihadiste, Nusrat al-Islam Wal Muslimin va aussi « dresser les gens contre l’ennemi, chercher le soutien populaire et préserver et renforcer ses relations avec les populations ».
Nusrat al-Islam Wal Muslimin va mener des « actions armées » basées sur un modèle de « guérira tout en utilisant, parfois, la méthode de guerre classique ».
Le Mali doit-il entamer des pourparlers avec des groupes islamistes ?
Une des recommandations de la Conférence d’entente nationale sur laquelle auront à réfléchir les sages qui constitueront la charte pour la paix, invite le gouvernement malien à entamer des pourparlers avec les dirigeants d’Ansar Dine et de la Katiba Macina, Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. Ces deux groupes islamistes sont responsables de nombreuses attaques mortelles contre des soldats maliens, français et des casques bleus de l’ONU.
La Conférence d’entente nationale qui s’est tenu du 27 mars au 2 avril, a parmi ses recommandations exhorté le gouvernement à des pourparlers avec Amadou Koufa, chef de la katiba Macina et Iyad Ag Ghali, chef du groupe islamiste Ansar Dine, qui ont tous deux fusionné début mars avec AQMI au Sahara et Al-Mourabitoune pour former Jamaat Nusrat al-Islam wa-l-Muslimin (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans).
Depuis janvier 2013, Iyad Ag Ghaly ex-chef d’Ansar Dine et nouveau leader de Nusrat Al-Islam, sévit dans les confins du désert algéro-malien. Autrefois en bons termes avec l’État malien, il est tombé en disgrâce et fut exclu des négociations en raison de son appartenance à la nébuleuse djihadiste et à son rôle dans la chute du Nord. Il demeure actuellement le seul chef rebelle encore recherché par la justice malienne alors qu’elle a levé les mandats d’arrêt lancés contre ses anciens alliés de la CMA.
Par leurs attaques récurrentes, Iyad Ag Ghaly et Amoudou Kouffa, entravent le processus de paix. Au moins 60 attaques qui ont fait de nombreuses victimes ont été enregistrées au cours du premier trimestre 2017, principalement dans le nord et le centre du Mali, ainsi que dans les régions frontalières. Faut-il donc négocier, dialoguer avec ces chefs djihadistes ? Pour certains, le principe de réalité pour obtenir la paix doit prévaloir sur tous les autres et l’intérêt du pays commande de discuter avec l’ennemi, quel qu’il soit. Comme le souhaite Souleymane Dagnon, président du Groupe d’action pour la réconciliation et le dialogue au Mali (GARD), qui en vue d’amorcer un véritable élan de pardon et de réconciliation nationale souhaite rencontrer « tous les protagonistes de la crise du nord, y compris Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa ».
Lors d’une récente interview pour le Journal du Mali, Alghabass Ag Intalla, chef de la CMA, sur cette question, disait qu’il ne pouvait que se réjouir de toute tentative qui irait dans ce sens. Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, en 2016, dans nos colonnes, avait réfuté toutes possibilités de négociations avec « ces personnes qui utilisent la violence pour se faire entendre et qui ont du sang sur les mains ». On se souvient aussi de la négociation qu’avait discrètement mené avec Iyad Ag Ghaly l’Imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, partisan d’un dialogue avec les islamistes maliens qui « permettra de les déconnecter des islamistes étrangers », pour un cessez-le-feu qui n’a rien donné, si cela était un tant soit peu l’intention de l’éminence grise d’Ansar Dine.
Au niveau du gouvernement, on assure aujourd’hui que cette question « sera approfondi dans les commissions ad hoc qui vont être créées » et qu’une « négociation avec ces chefs djihadistes peut-être une possibilité à envisager », confie cette source proche du dossier.
Cette question qui s’est invitée dans les débats de la Conférence d’entente nationale arrive à un moment où la mise en œuvre de l’accord de paix peine, depuis sa signature en mai 2015, à se mettre en place. Une négociation avec ces chefs djihadistes maliens est considéré aujourd’hui, quasiment deux ans après la signature de l’Accord, comme une nouvelle piste pour ramener la paix, la réconciliation et la sécurité dans le pays. Si cette recommandation obtenait l’aval du gouvernement malien, cette volonté de négocier serait suspendue au bon vouloir de ces groupes, à accepter des pourparlers ainsi qu’à être intégré dans le processus de paix mais aussi à la décision des bailleurs internationaux qui sont impliqués dans la lutte contre le terrorisme.
Nord-Mali : Réunification d’organisations djihadistes sous la bannière d’Al-Qaida
Dans une vidéo, publiée sur les réseaux sociaux, le chef jihadiste d’Ansar dine, Iyad Ag Ghaly, annonce la réunification des organisations djihadistes au Mali : Aqmi, Ansar Dine Katiba Macina et Almourabitoune .
Ces mouvements djihadistes proclament désormais, être au sein d’une seule organisation unifiée baptisée « Jamaât Nasr Al islam wa Al moulimin » ( groupe pour la victoire de l’islam et des musulmans ) au Mali.
Au cours de la vidéo, Iyad Ag Ghaly, présente les chefs des organisations qui ont fusionné avec lui: Yahya Abou Hamam, émir d’Aqmi au Sahara, Amadou Kouffa, émir de la katiba Macina, Al-Hasan Al-Ansari, vice-émir d’Almourabitoune, Abu Abdul Rahman Senhadji, juge d’Aqmi.
Iyad Ghali annonce dans cette même vidéo que le «groupe pour la victoire de l’Islam et les musulmans, » porte son allégeance à Ayman al-Zawahiri, le grand émir d’Al-Qaïda.
Cette nouvelle organisation djihadiste évoluera sous la bannière d’Al-Qaida et reste sous la tutelle de Abdelmalek Droukdel (grand émir d’Aqmi au sahel et Sahara ).
Cette alliance d’organisations djihadistes affiliées à Al-Qaida pourrait s’expliquer par la crainte de l’expansion des groupes jihadistes dans les zones du Burkina, Niger qui portent leur allégeance à l’État islamique d’Abubakar Al Bagdadi, chef suprême de Daesh.