OMC: Grâce au cadre intégré renforcé, le Mali veut améliorer ses filières porteuses

Au troisième jour de la conférence ministérielle de l’OMC qui se tient à Abu Dhabi, les négociations se poursuivent et sur certains dossiers les positions sont toujours tranchées. En outre du coton qui constitue l’épine dorsale de sa présence, le Mali participe à d’autres échanges notamment ceux sur le cadre intégré renforcé (CIR). Ce programme d’aide a été mis en place en 1997 et élargi en 2006. Il est destiné aux pays les moins avancés (PMA) afin d’utiliser le commerce comme moteur de développement et de réduction de la pauvreté. Le CIR est présent au Mali depuis 2005 où les autorités se sont engagées dans une dynamique de valorisation des produits locaux.  Parmi elles, la mangue, la gomme arabique, le sésame et le karité, ou encore la filière bétail-viande. Chacune étant capable d’apporter un plus au développement économique. La mise en œuvre du CIR est assurée par l’Unité de mise en œuvre du Cadre intégré (UMOCI). Actuellement, elle est sur 3 projets dont le lancement a été effectué le 27 septembre 2022 : le projet de soutien à la durabilité, le projet de développement de la filière karité et le projet de développement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique.

L’objectif du premier est d’améliorer les offres des produits maliens sur les marchés internationaux afin d’en tirer le meilleur parti. Quelques actions ont été menées, dont l’accompagnement d’acteurs privés pour des manifestations commerciales et la formation en qualité en 2022.

Pour le développement de la filière karité, dont l’objectif est l’amélioration des conditions de vie des acteurs, l’exportation des produits et l’exploitation rationnelle des ressources, des actions ont été entreprises pour renforcer les compétences des acteurs et les soutenir grâce à la construction de magasins de stockage et d’entrepôts. Selon le coordinateur national du CIR Dansiré Coulibaly, 3 millions de femmes maliennes interviennent dans la filière karité, le Mali est le deuxième producteur au monde derrière le Nigéria. « Avec le CIR, nous avons voulu organiser et améliorer des secteurs qui ne l’étaient pas avant » explique M.Coulibaly. Ainsi, selon un document officiel, le soutien du CIR a contribué à l’augmentation des exportations de mangues fraîches et transformées, qui ont atteint 28 983 tonnes en 2017, pour un total d’environ 13 millions de dollars américains. La filière gomme arabique, qui vise les mêmes objectifs, a permis notamment d’augmenter les exportations de 2 475 tonnes en 2015 à 11 870 en 2020. Le Mali est l’un des bons exemples selon les responsables du CIR où le gouvernement injecte de l’argent dans les projets. Une contribution à hauteur de 2 millions de dollars par an est apportée notamment à la filière gomme arabique. Les discussions du CIR se tiennent alors que l’Union européenne menace de suspendre ses financements, mais rien n’est encore acté. D’un autre côté, d’autres pays ont promis plus d’argent, le Royaume-Uni s’est engagé sur 1 million de dollars alors que les Émirats Arabes Unis ont évoqué trois millions de dollars lors d’échanges hier mardi.

La Maison du Karité : Une transformation de mains de femmes

La Maison du Karité, ce sont les produits d’une coopérative de femmes de Siby actives dans la mise en valeur du karité et de ses dérivés. Avec leur siège à Siby et une représentation à Bamako, elles ambitionnent de faire connaître le karité du Mali hors de ses frontières. 

C’est dans la commune de Siby, à 45 kilomètres de Bamako la capitale du Mali, qu’est logée la Maison du Karité. Elle transforme par an neuf tonnes de beurre de karité de première et deuxième qualités. La première qualité est transformée pour des fins alimentaires, cosmétiques et pharmacologiques et la deuxième dédiée à une gamme variée de savons et autres produits d’hygiène corporelle.

La Maison du Karité tire son nom de l’engagement de 40 groupements de femmes réunies autour de la COOPROKASI (Coopérative des productrices de beurre de karité de Siby). Active depuis les premières lueurs des années 2000 dans sa forme actuelle, la coopérative a obtenu son récépissé le 19 juillet 2006. Depuis, la Maison du Karité, également « un centre de commercialisation » de produits finis, a été dotée de dix centres de production à Siby, où les femmes qui collectent la matière première viennent la vendre à l’institution pour sa transformation.

La coopérative travaille avec l’association Conseil pour le développement (ACOD), dont le Directeur exécutif est Elisée Sidibé. Il explique qu’avant la création de la Maison du Karité, les femmes ont été formées aux techniques de transformation artisanales dans le respect des normes environnementales. Aujourd’hui, « le beurre de karité, qui est produit et transformé par plus de 1 000 femmes, est traité et conditionné en différents sous-produits », comme les pommades et les savons au karité, associés à des éléments naturels comme le concombre ou la cire d’abeille.

La Maison du Karité, à travers la coopérative, participe à l’entrepreneuriat et à l’autonomisation des femmes de Siby. Kinimba Niaré, comptable de la COOPROKASI et membre depuis 2009, en est une illustration, car le karité lui permet de gérer ses charges familiales et la scolarité de ses enfants.

Idelette BISSUU

Industrie du karité : Garantir un futur rentable

La 13ème édition de la Conférence internationale annuelle du karité se tiendra du 6 au 8 avril 2020 à Lomé, au Togo. Pour « Créer l’industrie de demain », thème de la rencontre, l’Alliance globale du karité (AGK) veut une coordination entre les gouvernements et le secteur privé pour une gestion durable de l’industrie du karité.

« Il est important d’œuvrer ensemble afin que les acteurs primaires de cette chaîne, notamment des milliers de femmes, puissent sortir de la pauvreté et gagner leur autonomisation », a indiqué la Présidente de la filière karité du Togo (FIKATO) lors de la conférence de lancement de la rencontre annuelle, le 30 janvier 2020. Avant de souligner l’urgence de relever le défi de la gestion durable des « arbres à karité, qui poussent à l’état sauvage et sont souvent abattus par des exploitants illicites ».

Plus de 500 acteurs de l’industrie du karité se retrouveront autour de panels de discussions, d’un forum affaires ou de la création de petites et moyennes entreprises. Au cours de la rencontre de 2019, 115 liens de marché avaient été établis entre les participants et 15 organisations, pour 25 contrats signés.

Croissance et défis

Aux États Unis, en France, en Allemagne, au Royaume Uni, le karité est l’huile naturelle la plus utilisée pour les soins de la peau. Si les investissements dans l’industrie des pays producteurs augmentent pour répondre à cette demande croissante, des défis en termes de prix et de disponibilité se posent en raison de la chute du nombre d’arbres, du changement climatique et du manque de jachères de l’agriculture industrielle. Des défis auxquels tenteront de répondre les acteurs pour « façonner la décennie de l’industrie du karité ».

Pour le Mali, deuxième producteur africain de cette noix après le Nigeria, la perspective de l’industrialisation s’annonce comme une opportunité de plus value pour un secteur vital, qui emploie environ 3 000 000 de femmes, selon les autorités. De la collecte à la confection de produits dérivés, en passant par la transformation en beurre, elles y tirent 80% de leurs revenus annuels. La première usine malienne, qui doit entrer en production à partir de septembre 2020, permettra de produire environ 14 000 tonnes de beurre de karité. En plus d’une centaine d’emplois, elle permettra à 120 000 femmes collectrices de noix d’accroître leurs revenus d’environ 60%, grâce à des contrats durables d’achat. Le potentiel de production du pays est estimé à 250 000 tonnes, dont 53 000 destinées à l’exportation.

Karité, potentiel et paradoxe

Les fruits frais font le bonheur des petits et des grands. Le karité est avant tout une richesse agricole du Mali, mais de gros efforts restent à faire pour lui apporter une nécessaire valeur-ajoutée.

Le karité est l’un des produits phares de la cosmétologie et de l’agro-alimentaire. Alors que la nature a fait de lui le deuxième producteur de karité au monde après le Nigéria, le Mali occupe la sixième place en terme d’exportation. La production qui avait atteint des records dans les années 2000 (190 000 tonnes en 2008 selon la FAO), baisse drastiquement et ne tourne plus qu’autour de 90 000 tonnes ces dernières années. Il faut reconnaître, souligne Monsieur Issa Keïta, président de l’Association malienne des exportateurs des produits de cueillette (AMEPROC), que la quantité de noix exportée a, quant à elle, considérablement cru au fil des années, passant de 2 432 tonnes en 2004 à 75% de la récolte actuelle soit environ 67 500 tonnes, qui génèrent environ 7 milliards de francs CFA de recettes. « Ce sont les noix qui sortent à l’export », explique M. Keïta, qui indique comme pays de destination des amandes de karité maliennes, principalement le Danemark, la Hollande, la France et l’Inde. Les 25% de la production locale sont transformés en beurre de manière quasi artisanale par les femmes de plusieurs localités du pays réunies au sein de coopératives, dont les plus célèbres sont l’Union des coopératives de producteurs de beurre de karité de Zantiébougou, la Coopérative des productrices de karitéde Siby, ou encore le groupement des femmes handicapées de Kita. Grâce à des formations, elles ont acquis la capacité de produire un beurre de qualité, doté de la certification ISO 9000, et qui peut être exporté.

En terme de transformation industrielle, celle-ci a fait long feu après les fermetures de SICA Mali et de Huicoma, qui transformaient le beurre de karité. Aujourd’hui, il n’y a plus que la SODIMA du groupe Achcar qui créé une valeur ajoutée, à travers le savon qu’elle produit. Pour M. Keïta, la transformation reste donc, à l’instar des autres produits de cueillette, le défi que doit relever le karité malien. Espérons que les 13 millions de dollars américains qu’injectent l’Alliance globale du karité (GSA) et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) dans la filière pour la promotion des débouchés du marché au plan mondial, et pour l’amélioration de sa production pérenne en Afrique, inspireront les investisseurs et les pousseront à créer une offre de produits à base de karité de qualité made in Mali.

Siby : Il faut sauver la maison du Karité

Le karité est un arbre sacré. La noix qu’il produit est tout aussi précieuse à  tous égards. Le beurre de karité a de nombreuses qualités. Il possède ainsi diverses fonctions thérapeutiques, est utilisé dans la cuisine et entre dans la fabrication du chocolat et de produits cosmétiques. Il se trouve qu’heureusement, notre pays est l’un des plus gros producteurs de beurre de karité au monde. l’activité a un visage essentiellement féminin. C’’est la grande affaire des femmes rurales. Dans les zones de production, elle constitue la principale source de revenus pour celles-ci qui sont les pauvres parmi les pauvres. La chaà®ne de production commence au début de l’hivernage par le ramassage des fruits mûrs tombés sous l’arbre. La chair qui enveloppe la noix est très appréciée. l’étape suivante est l’épluchage de l’amande, le pilonnage et le battage manuel ou la pression mécanique à  l’aide de moulins. Les revenus tirés du karité aident les femmes rurales à  subvenir à  une grande partie de leurs besoins. Ayant pris la mesure du rôle du karité dans la vie de la femme rurale, notre pays a engagé une politique de développement et de promotion de la production du karité. Des organisations non gouvernementales (ONG) et des partenaires techniques et financiers soutiennent fortement le développement de la filière en organisant les femmes en coopératives ou associations. C’’est le cas du Centre canadien d’études et de coopération internationale (CECI) et de l’Association conseil pour le développement (ACOD) dans la commune rurale de Siby à  quelques encablures de Bamako, dans le cercle de Kati. Ils s’attachent conjointement à  aider à  accroà®tre le niveau de vie des femmes dans la commune grâce à  une maison de production de beurre de karité. Regroupées en coopérative, 1 245 productrices ont été dotées, sur place, d’outils de transformation et de conditionnement de la noix de karité. La valeur ajoutée ainsi créée localement permet aux femmes d’accroà®tre leurs revenus, de renforcer leur position dans la filière, d’assurer une exploitation durable de la ressource et d’améliorer leurs conditions de vie. Grâce à  l’initiative de la Maison du karité et à  l’écotourisme, la commune rurale de Siby a amorcé un certain essor. La coopérative des femmes que gère la Maison est dirigée par Mme Camara Fatoumata Fabou Camara. Elle a permis de mieux valoriser le karité à  Siby. « Nous avons appris des techniques modernes en matière de fabrication de beurre de karité. Surtout pour le conditionnement et l’emballage de nos produits. Cette activité est grande génératrice de revenus pour les femmes », confirme-t-elle. [b Première coopérative En juillet 2010, la Coopérative des productrices de beurre de karité de la commune de Siby (COOPROKASI) est devenue la première coopérative du genre dans notre pays à  obtenir la certification équitable Flo-Cert. « La certification équitable émise par Flo-Cert vient renforcer la mission de la Maison du karité et ce label confirme l’engagement de la coopérative de Siby à  bénéficier des avantages du commerce équitable à  travers le monde. Cela offre à  ses membres un juste prix pour le beurre de karité. Les femmes participent ainsi activement au développement communautaire grâce aux revenus supplémentaires tirés du commerce équitable. l’octroi du label repose sur le respect d’un cahier des charges exigeant défini par Fairtrade Labelling Organisation (FLO) et des contrôles sur place des acteurs économiques (producteurs, importateurs et industriels) », détaille Mme Camara Fatoumata Fabou Camara avec une pointe de fierté. UNE ACTIVITE SAISONNIERE. Malheureusement, les activités de la Maison du karité sont aujourd’hui perturbées par un conflit ouvert entre les autorités municipales de la commune de Siby et la coopérative. Et le différend s’est exacerbé depuis plus deux mois avec la fermeture de la Maison par le maire de la commune. Selon la présidente de la coopérative, Mme Camara Fatoumata Fabou Camara, il y a un peu plus de trois mois, la coopérative a reçu une note de la mairie, expliquant que la coopérative devait payer une taxe mensuelle de 100 000 Fcfa, soit 1,2 million de Fcfa par an. Surprise par cette assignation, certaines femmes de la coopérative, dont la présidente, se sont rendues à  la mairie pour se faire expliquer la justification de cette taxe municipale. « Nous avons expliqué au maire que cette activité est surtout saisonnière et que le taxe qu’il veut imposer allait vraiment nous pénaliser. Comment peut-il nous demander de payer 100 000 Fcfa par mois alors que nous ne gagnons même pas cette somme mensuellement. La mairie n’a rien voulu entendre et a même menacé de fermer la Maison du karité si la somme fixée n’était pas réglée. Nous avons saisi les notabilités du village et les associations de jeunes pour leur expliquer la situation. A notre grande surprise, nous avons été convoquées à  la gendarmerie par la mairie pour nous mettre en demeure de payer sans délai la somme fixée. J’ai expliqué la situation aux gendarmes qui se sont montrés compréhensifs. Nous avons aussi saisi le sous-préfet de Siby et le préfet du cercle de Kati. Celui-ci a tranché en nous demandant de verser 18 000 Fcfa comme taxe annuelle soit 54 000 Fcfa pour les trois années d’activités. Cette décision de Kati a fortement irrité le maire. Sans autre forme de procès, il a envoyé des agents de la mairie fermer par la force notre maison. Ils ont même saccagé du matériel », raconte Mme Traoré Oumou Touré, la magasinière de la coopérative. La préfecture informée de ces faits, dépêcha une mission pour rouvrir la Maison. Faisant toujours fi de la position du préfet, le maire a, il y a trois semaines, envoyé une nouvelle sommation à  la coopérative demandant cette fois-ci le paiement de … 3,9 millions de Fcfa au titre de la taxe. De fait, plus de 1250 femmes voient aujourd’hui leurs revenus menacés par cette escalade d’autant plus incompréhensible que le maire ne s’est jamais soucié d’expliquer la méthode de calcul utilisée pour parvenir à  ces montants démésurés. « Il nous empêche de travailler au gré de son humeur. Tout le monde sait que le karité est un produit saisonnier. Cette Maison est notre seul espoir pour nous épanouir », insiste Mme Traoré Oumou Touré. Nous avons bien tenté de rencontrer le maire pour avoir sa version des événements. Mais nos multiples tentatives sont restées vaines. Que penser d’une telle attitude ?

Foire du cinquantenaire : Mme Kaboré, productrice de Karité

La cinquantaine bien remplie, Martine Kabore est la promotrice de l’association burkinabé RIMTERB-SOM (dieu se souvient de nous en moré), basée à  Ouagadougou la capitale burkinabé. Elle est à  Bamako dans le cadre de la foire du cinquantenaire. Petit à  petit l’oiseau fait son nid Le Mali et le Burkina Faso sont les deux principaux producteurs de beurre de karité. La majeure partie des producteurs est constituée de femmes. Ce sont le plus souvent elles qui s’adonnent à  la récolte et à  la transformation de ce produit, même s’il est cultivé par la gent masculine. Martine Kabore explique que l’amour pour cette denrée est innée en elle. En 1994, elle a réuni autour d’elle une dizaine de femmes démunies et ou veuves comme elle-même. Objectif, créer une association de femmes productrices et transformatrices de karité. l’argument principal qu’elle avançait, «Â ne pas toujours tout laisser entre les mains des hommes. Apprendre à  se débrouiller et compter sur soi. Mes sœurs, n’attendez pas que vos maris ne soient plus là  pour vous lever et vouloir faire quelques chose de votre vie. Il faut toujours anticiper sur la vie. » C’’est ainsi que l’association verra le jour en début 1994 avec toute une poignée de femmes et une machine transformatrice. Elle explique que comme toute entreprise, le début n’était pas facile. Il leur a fallu du courage et de la volonté pour tenir bon. Après 10 ans de fonctionnement, RIMTEREB-SOM a atteint environ 500 boites de karité quotidienne. Les multiples vertus du karité Grâce à  son amour pour le métier et cette denrée, le beurre de karité, Martine Kabore a reçu plusieurs formations. Elle s’est perfectionnée dans toutes les techniques de transformation du karité et a appris à  les marier avec d’autres denrées. Elle a reçu ses premières formations au pays, notamment le Burkina Faso, avant de se rendre en France pour acquérir plus d’expériences. l’association qui dispose aujourd’hui d’une usine multifonctionnelle, produit quotidiennement plus d’une tonne de produits à  usages multiples. Ce sont entre autres : De la pommade pour cheveux, du savon (toilette, lessive…), du savon à  l’argile verte, pommade médicinale, crème de massage, pommade anti-moustique, du karité à  la carotte, au citron, au miel et à  l’aloé. En cette année 2010, Mme Kabore regroupe plus de 400 membres dans son association. Uniquement des femmes issues de milieux défavorisés. l’usine pour sa part embauche 10 permanemment et 5 temporaires. Cela dit, elles font régulièrement appel à  des conseillers hommes qui ont selon elles, une autre vision de la chose. Donc, cela constitue une expérience de plus. A l’impossible nul n’est tenu Lorsque Martine Kabore mettait son initiative sur pied, elle n’avait selon elle, aucune ressource. Elle «Â fondera son espoir sur le bon dieu ». Ce qui explique le nom choisi qui signifie ‘dieu se souvient de nous’. Elle était veuve et avait à  sa charge, ses enfants. C’’est ainsi qu’elle et ses camarades mettront sur pieds cette entreprise qui a donné du travail à  plus de 500 personnes. Pour la petite histoire, Mme Kabore confie que les premières personnes qui l’ont formé au pays, demandent à  être formées à  leur tour par elle. Car en effet, elle a acquis de nombreuses expériences. Depuis 2004, elle est devenue formatrice des formateurs. Elle est régulièrement consultée aussi bien par ses compatriotes que par des étrangers. Ses produits sont régulièrement exposés en France, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Belgique, au Sénégal…et bien entendu au Burkina Faso. Elle participe tous les ans au salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) et aussi, à  la foire exposition de Bamako (FEBAK).

Karité : une ressource sous exploitée au Mali

Ressource alimentaire et économique très importante pour les ménages ruraux Au Mali, les produits de cueillette dont le karité, représentent environ 8,5% de la production du secteur agricole. Le karité est une ressource exploitée par les femmes. Le potentiel de développement de cette ressource est très important pour le Mali qui possède l’un des plus vastes parcs de karité dans la sous-région. Un arbre fruitier à  croissance lente, le karité pousse dans la savane de l’Afrique subsaharienne, à  l’intérieur d’une étroite bande de végétation de 5000 km de long. Cette bande s’étend du Sénégal à  l’ouest jusqu’à  l’Ouganda et l’à‰thiopie au sud et à  l’est. De tous les pays situés sur cette bande, le Mali est celui qui abrite le plus grand nombre d’arbres, soit 74 millions de pieds. Cet arbre fournit annuellement à  notre pays une quantité importante de fruits nutritifs et un pourcentage élevé d’huile comestible, connue sous le nom de beurre de karité, qui est une ressource alimentaire et économique très importante pour les ménages et les communautés rurales. Cette ressource unique est cependant encore sous exploitée. Les arbres à  karité maliens produisent 1 053 000 tonnes de fruits frais, pour un potentiel d’amandes de 300 000 tonnes. Cependant, seulement 40 % de ces amandes sont réellement exploités, soit 35000 tonnes. Ces quelques chiffres démontrent le travail qui reste à  accomplir pour développer la filière du karité et lui permettre d’exploiter de façon optimale le karité, a expliqué Mme Maà¯ga Sina Damba lors de la journée nationale du karité. Un secteur exploité par les femmes Le beurre de karité est l’histoire des femmes au Mali. Elles sont au C’œur de toutes les activités de transformation primaires des amandes et du beurre de karité. Pour la fabrication, les femmes récoltent les noix de karité entre mi-juin et mi-septembre et qui sont ensuite débarrassées de la pulpe. On obtient alors une noix dont on récupère l’amande. On la lave et la laisse sécher. Elle est ensuite concassée, torréfiée, moulue jusqu’à  obtenir une pâte épaisse qui est mélangée à  l’eau puis vigoureusement barattée. l’immersion dans l’eau bouillante va permettre de séparer le beurre des autres composants de l’amande, notamment les impuretés qui se déposent au fond du récipient. Une fois retiré, le beurre flottant en surface est malaxé avant d’être cuit longuement afin de permettre à  l’eau de s’évaporer et aux impuretés de se déposer. l’huile (en fait le beurre liquide) ainsi obtenue sera filtrée avant d’être conditionnée. Développer la filière Karité Conscient du potentiel offert par le karité et les difficultés que développent de la filière rencontre, le gouvernement du Mali a initié une journée nationale du karité pour que les femmes puissent un jour bénéficier des retombées économiques à  hauteur de leurs efforts. Aujourd’hui le karité est inscrit sur la liste des filières porteuses avec l’adoption, par le ministère en charge du Commerce, d’une stratégie sectorielle nationale pour le karité au Mali. Les partenaires techniques et financiers sont nombreux pour développer ce secteur afin d’approvisionner la sous région en beurre de karité.

Beauté : Les vertus du beurre de Karité

Origines du karité Depuis des millénaires, le beure de karité est utilisé en Afrique. l’histoire nous enseigne que certaines reines s’enduisaient de karité afin de donner un éclat particulier à  leur beauté. L’arbre de karité pousse dans le sahel avec une pluviométrie allant jusqu’à  1000 mm et deux saisons bien distinctes. Il faut au karité une longue période sèche. Il n’existe qu’en Afrique et la zone s’étend de la frontière du Sénégal et de la Guinée pour s’enfoncer vers l’Afrique Centrale à  travers le Mali, le Nord de la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Nord de Ghana, du Togo et du Bénin puis le Nigéria. L’arbre de karité mesure 10 à  15 m présente un système radiculaire fortement pivotant permettant des cultures associées. Le fruit est charnu et ressemble à  un petit avocat avec une pulpe sucré et comestible. Il renferme le plus souvent une graine entourée d’une coque mince. Il mûrit en cinq mois. La production moyenne est de 15 à  20 kg de fruit frais par arbre, soit 3 à  4 kg d’amandes sèches commercialisées.La noix contient environ 50% de matière grasse. Vertus cosmétiques Hydratant, adoucissant, protecteur et embellissant,le beurre de karité possède des vertus réelles pour la peau. Il est composé, des vitamines (A, D, E, F). Il est recommandé pour les mères d’enduire leurs bébés de beurre de karité pour leur adoucir la peau ou pour prévenir les vergétures suite à  une grossesse. Quelques conseils pratiques Pour maintenir un visage souriant, il est recommandé d’utiliser quotidiennement le beurre de karité. Il suffit de se masser pendant une dizaine de minutes pour donner un résultat extraordinaire.Bien, insister sur les zones inertes (bases du nez, commissures des lèvres). Il permet ainsi l’élasticité de la peau. La peau qui bénéficie l’usage quotidien du beure de karité, est protégée des maladies dermatologiques. Sa protection est réelle et dure longtemps. En période de froid, le beure de karité est indiqué pour se préserver contre la sécheresse des lèvres qui absorbent rapidement le beurre. Karité et Agroalimentaire Avec ses vertus cosmétiques, le beurre de karité est aussi utilisé dans l’alimentation. Aujourd’hui, on fabrique le chocolat avec, ce qui explique la ruée des occidentaux sur ce produit ces dernières années. L’exportation du beurre de Karité vers l’occident se développe de plus en plus avec une demande très forte sur le marché des cosmétiques et surtout de l’agroalimentaire (essentiellement pour le chocolat). A retenir que la récolte et l’extraction du karité sont surtout effectuées par les femmes des zones rurales : cette activité occupe des milliers de femmes au Mali, qui tirent 80% de leurs revenus de cette culture informelle. Elles ont aussi développé le commerce équitable grâce au karité et à  Siby au Mali, on trouve la Maison du Karité,une coopérative qui transforme, stocke et revend le karité sous forme de savons ou de crèmes aux touristes étrangers. Ce produit est aussi un facteur d’autonomisation des femmes qui en connaissent ses secrets éternels. Vive le karité !