Police nationale : le limogeage du directeur national suffira-t-il ?

Exit le contrôleur général de police, Odiouma Koné ! Le patron de la Police malienne aura passé moins d’un an à  sa place. l’onde de choc provoqué par les incidents entre policiers le jeudi 4 avril 2013(et ayant occasionné la mort d’un militaire le samedi dernier), lui aura coûté son fauteuil. l’information est tombée lors du conseil de ministre du mercredi 10 avril 2013. Ce limogeage sonne une volonté des autorités de mettre le holà  aux pantalonnades à  répétition des policiers et de nettoyer les écuries d’Augias d’une corporation déjà  critiquée pour ses agissements peu orthodoxes. Pour réussir ce pari, le choix a été porté sur l’inspecteur général de police, Alioune Badra Diamouténé, riche d’un long parcours. Patate chaude Alioune Badra Diamouténé, le nouveau directeur général héritera donc de la patate chaude que constitue cette fameuse affaire de promotions exceptionnelles en faveurs de certains policiers supposés proches de l’ex-junte. Il se fera fort de résoudre cette équation qui pollue depuis déjà  quelques mois l‘atmosphère à  la Police malienne. A priori son statut de vieux flic et son expérience plaident en sa faveur. Mais cela suffira-t-il pour mener à  bien sa mission ? Difficile de se prononcer d’avance. Mais déjà  beaucoup de Maliens estiment qu’il lui faudra une bonne dose de fermeté et de flegme pour réussir. Si certains ont apprécié le limogeage du directeur à  cause de son incapacité à  régler le problème, d’autres pensent qu’il a tout simplement été l’agneau de sacrifice. Un doigt accusateur est porté au ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le Général Tiéfing Konaté, pour son manque d’anticipation et d’autorité. Selon un policier qui a préféré l’anonymat, C’’est le ministre qui a cautionné l’injustice des promotions exceptionnelles qui ont conduit à  la situation regrettable dans laquelle la police se trouve. « La Police malienne est à  l’image du pays. Le remplacement du directeur ne changera rien si on ne moralise pas d’une part la corporation, pour réparer l’injustice commise d’autre part», tranche Amadou Kéita. Comme quoi, Alioune Badra Diamouténé a du pain sur la planche.

Adama Bictogo : pourquoi ADO l’a viré

l’annonce est tombeé le mardi dernier en fin de journée. Le chef de l’Etat ivoirien relevait de ses fonctions le ministre de l’Intégration Africaine, Adama Bictogo. Au Mali, la nouvelle a fait le tour des bureaux et des grins et chacun y est allé de son commentaire. « C’’est la façon dont il a géré le cas malien qui lui tombe sur la tête » nous confie A Sangaré, qui ajoute savoir de sources sures que « M. Bictogo est tombé à  cause de faux rapports qu’il faisait à  ADO sur le dossier malien ». C’’est effectivement cette version que l’on pouvait lire sur le site Koaci.com le 22 mai dernier, juste après l’annonce du limogeage. Nos confrères écrivaient que qu’ « Adama Bictogo, envoyé au Mali en tant que représentant de Ouattara pour le compte de la Cedeao dans la crise malienne faisait, au delà  des faits de mauvais rapports présentés au président en exercice de la CEDEAO, l’objet de multiples scandales ces derniers jours dont […] des connivences supposées avec des membres de l’ex junte du CNRDRE sur des marchés liés notamment à  l’or à  l’est du pays ». Le président ivoirien en voulait à  son ministre de ternir son image auprès des maliens qui ne supportaient déjà  pas qu’il se mêle de leurs histoires. Plausible… Des relents de déchets toxiques Mais la vraie raison, du moins la raison officielle de cette disgrâce du ministre Bictogo, C’’est une casserole qu’il traine depuis des années et qui vient lui brûler les doigts. Depuis quelques temps, les victimes de l’affaire des déchets toxiques déversés en 2006 à  Akoedo (Abidjan) manifestent régulièrement au Plateau, quartier adminitratif de la capitale ivoirienne. Elles réclament l’arrestation d’Adama Bictogo, Koné Cheick Oumar, patron du cabinet juridique Konéco et président de l’Africa Sport, Claude Gohourou, président de la Coordination des victimes de déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Cndvt-Ci), entres autres. Toutes ces personnes sont accusées d’avoir détourné la somme de 4,658 milliards fcfa destinéé à  indemniser 6624 victimes des déchets toxiques. Parmi les preuves avancées se trouve un rapport détaillé de la police économique qui fait cas du détournement de la somme de 600 millions fcfa par Adama Bictogo par l’entremise de ses hommes de main : les avocats Kouamé Bi Iritié et Tella Osther Henri Vincent. M. Bictogo aurait perçu, selon les avocats, cette somme comme frais de mission de facilitation. Le hic, C’’est qu’il n’aurait dû recevoir que 56 millions fcfa comme rémunération. Entendre le nom d’un ministre en exercice crié par une foule en colère et en quête de justice, ça fait désordre. Le cas Bictogo a donc été évoqué en Conseil des ministres, le jeudi 16 mai dernier. Alassane Dramane Ouattara a mis à  disposition séance tenante un milliard fcfa pour payer les premières victimes. Mais, le président ivoirien n’entendait pas laisser passer. Ainsi donc, Adama Bictogo est débarqué et le ministre des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan assurera l’intérim. Son départ du gouvernement ne signifie malheureusement pas pour lui la fin de ses déboires. Les victimes exigent maintenant qu’il quitte ses fonctions de député d’Agboville et qu’il soit mis aux arrêts. Et quand on voit la rigueur et la célérité avec laquelle la présidence ivoirienne gère cette affaire, le désormais ex-ministre a du souci à  se faire…

Sécurité intérieure : Diagouraga n’échappe pas au limogeage

A l’exception du D.G des douanes, il était encore le seul «Â survivant » dans la hiérarchie des forces armées et de sécurité à  ne pas avoir subi le coup de balai entrepris depuis le coup d’Etat du 22 mars. Depuis mercredi, C’’est chose faite. Le ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, le général Tièfing Konaté, a relevé Mahamadou Diagouraga de ses fonctions de directeur général de la police nationale. Il est remplacé par Odà¯ouma Koné. Forte pression Au ministère de la sécurité intérieure on se refuse à  tout commentaire quant aux raisons de ce limogeage. Cependant, tout porte à  croire que l’atmosphère délétère au sein de la police et les bon rapports entre Diagouraga et le président déçu ATT, ont précipité ce départ. Depuis le coup d’Etat du 22, une majorité de policiers a demandé sa démission. En témoigne la marche organisée le jeudi 26 avril dernier, o๠les manifestants scandaient des slogans hostiles au directeur général de la police. ». Au motif que ce dernier n’a pu résoudre, depuis qu’il est aux commandes, aucun des défis qui se posent à  la corporation. En sa qualité de secrétaire général adjoint du Syndicat de la police nationale (SPN), le sergent-chef Siriman Fané a critiqué le règne de l’ancien président. Selon lui, ATT et ses hommes ont violé les droits des policiers et volé leurs salaires en utilisant l’argent à  des fins injustifiées et inavouées. « Victoire du syndicat » «C’’est Diagouraga qui a donné vie à  des syndicats moribonds et a encouragé la tension au sein de la police. Il avait déjà  été relevé en 2005 pour incompétence, pourquoi devrons-nous le garder après la chute d’ATT qui a signé son décret ?»; s’interroge au cours d’un meeting le sergent-chef Siriman Fané, secrétaire général du Syndicat de la police nationale. Qui exigeait son limogeage dès le premier Conseil des ministres. On comprend ainsi la forte tension qui régnait entre le D.G et ses hommes. Et le changement intervenu le mercredi 16 avril, consacre la victoire la victoire du syndicat. Jusque là  très peu connu du grand public, le nouveau patron des policiers aura sans doute du pain sur la place. Car il hérite d’une corporation très divisée entre les pros Sadio Gassama (ancien ministre) et les policiers proches du Comité de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat (CNRDRE). La nomination d’Odà¯ouma Koné intervient dans un contexte d’extrême fragilité sur le plan sécuritaire à  Bamako et dans les villes de l’intérieur du pays.

Grand Nettoyage dans l’administration : ATT limoge les DG

l’information est venue du dernier Conseil des ministres, o๠il a été procédé à  l’abrogation de tous les décrets portant nomination des Directeurs Administratifs et Financiers à  la primature et la présidence. Après le limogeage des « Daf » ministériels, il y’a une semaine, les nouveaux DAF remerciés viennent de recevoir un coup dur de la part du président ATT. Une première dans les annales de notre pays. ‘’C’’est un signal politique fort que le président de la République a voulu donner, et qui va dans le sens de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, tout en restaurant la confiance des citoyens », avait précisé Sidiki Nfa Konaté, nouveau ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement au journal télévisé de l’ORTM. Un toilettage de fond dans des structures administratives et financières, minées par la corruption et la gabegie financière. Les chiffres de détournement sont colossaux et dépassent le milliard. Pour exemple, révèle l’Indépendant du 20 Avril, un DAF aurait «Â dépanné » un proche sous le coup d’une hypothèque immobilière, à  hauteur d’une trentaine de millions. Rien à  perdre ? Cette nouvelle stratégie dans laquelle s’est engagée le président de la République à  quelques mois de la fin de son mandat n’en serait qu’à  son début, révèlent les observateurs politiques, de quoi donner des insomnies dans les services étatiques. Le message est clair. ATT qui doit passer le témoin, le 8 juin 2012, n’a rien à  perdre et cherche à  mettre un peu d’ordre dans la maison. Et comme pour réparer un oubli lors du précédent Conseil des ministres, il a également mis fin ce mercredi, au contrat des D.a.f. de la Présidence de la République et de la Primature. « Quand tu frappes les morts, les vivants auront peur », dit l’adage. On peut difficilement faire un procès d’intention à  ATT qui avait par précaution mis en place le Bureau du Vérificateur Général pour lutter contre la corruption et la délinquance financière. Même si sa création a été saluée à  travers le monde, sa mise en place a provoqué le tollé au Mali et occasionné bien des tracas à  Sidi Sosso Diarra, l’ex végal du Mali. Mais le patriotisme du président ATT, ses engagements démocratiques, sa pondération sont donc unanimement reconnus par tous. A Dakar, lors de la remise à  ATT du prix Kéba M’Baye, l’ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, Me Sidiki Kaba, a rappelé dans son discours le rôle de gendarme des finances publiques du Bureau du Vérificateur général du Mali. Par ailleurs, tous ceux qui ont le privilège de le côtoyer témoignent que ATT n’est pas un homme porté sur l’argent. Et en tout état de cause, ce n’est pas la volonté politique qui lui manque. Pourquoi maintenant ? En limogeant tour à  tour les DAF, le président donne un signal à  tous les ministres et partis politiques qui veulent faire des départements ministériels et des services un grand réservoir dans lequel on peut puiser impunément. Et certains de rappeler qu’ATT a longtemps cautionné ces malversations financières durant son mandat et ce n’est pas à  un an de son départ, qu’il peut s’afficher comme Monsieur propre et faire le « grand nettoyage ». D’autres estiment que ces mesures risquent de provoquer l’effet contraire en créant la zizanie dans les services. Car les maliens ne sont plus dupes et savent bien que la lutte contre la corruption ne peut se faire en un court laps de temps. Il s’agit pourtant de donner un signal fort, confie une source proche de la présidence. Alors, ces relèvements de DAF et de directeurs nationaux ne seraient pas que des fausses colères du président de la république. Jusqu’ou ira le coup de balai ?