OGM : la mauvaise expérience des paysans maliens

Seydou Camara est un paysan de Bacoumana, un village situé à  une cinquantaine de km de la capitale malienne. Il raconte sa mauvaise expérience des OGM : « On m’a sensibilisé pour que je me mette à  cultiver des semences à  base d’OGM avec comme argument que le rendement serait triplé, par rapport aux semences naturelles que nous cultivons habituellement. Hélas, je n’ai récolté que 10 sacs pour un hectare de maà¯s cultivé contrairement aux 30 sacs que je moissonnais traditionnellement ». Les OGM pourtant sont recommandés par les partenaires techniques et financiers du secteur agricole au Mali. Il s’agit d’organismes vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par intervention humaine. Avec des semences à  base d’OGM, vous pouvez récolter des tomates plus grosses ou des courges plus étendues. Pour le maire adjoint de la commune rurale de Siby, lui-même cultivateur, les OGM créent pourtant une dépendance des paysans face aux grands semenciers. Adama Keita est lui conseiller communal. Il s’insurge contre l’utilisation des OGM : « Malgré la rentabilité, nous avons des problèmes à  conserver les semences. Ce qui nous oblige à  solliciter les semenciers à  chaque année. Alors que nous gérions mieux nos propres semences auparavant ». Broulaye Kante vient lui de la région de Koulikoro et estime que le coût de la semence génétiquement modifiée dépasse les capacités du paysan malien déjà  très peu aidé et sans subventions de l‘état. Problèmes de conservation « En réalité, la culture des semences à  base d’OGM sur des légumes tels que les tomates, oignons et autres, donne de bons rendements. Le hic, C’’est la conservation de ces légumes », ajoute Broulaye Kanté, qui a tout de même abandonné ce type de cultures. Pour des experts comme Assétou Founè Samaké, biologiste, il faut sans doute un peu de patience : « Nous avons bénéficié d’une formation sur les OGM pour accompagner les paysans dans leur cultures habituelles et dans les champs. Ce qu’il faut savoir, C’’est que les semences à  base d’OGM, demandent beaucoup d’intrants et une très bonne pluviométrie ».

Campagne agricole 2009-2010 : Intensification des variétés de maïs et de blé

Lors de la présente campagne agricole, un accent particulier est mis sur le renforcement de la production du mais et du blé. Diversification des cultures La politique d’intensification de la production d’autres céréales, outre le riz, procède de la volonté des pouvoirs publics maliens, de pouvoir contenir la consommation intérieure à  travers une forte production nationale. Bonne chose ! Serait-on tenté de dire, car cela va non seulement confirmer la réputation du Mali en tant que pays à  vocation agropastorale, mais aussi cela va garantir, la souveraineté alimentaire tant clamée à  longueur de…discours par les autorités. En tout cas, l’objectif de production que s’était assigné l’initiative riz, la campagne dernière, à  savoir : l1,6 millions de tonnes de paddy (non décortiqué), soit 1 million de tonnes de riz marchand, a été largement atteint. Infléchir sur la hausse des prix Mais la préoccupation des consommateurs se situe surtout au niveau de la hausse réelle des prix. En fait, malgré la forte production, les prix n’ont pas chuté. D’ores et déjà , nombre de consommateurs maliens se demandent si la production en grande quantité des nouvelles variétés (mais et blé) ne va pas produire les mêmes effets que l’initiative riz. En tout cas, l’épisode de l’initiative riz, n’aura pas permis de rendre abordable au consommateur moyen, le prix du riz sur le marché. A en croire, M Coulibaly, un consommateur local, ce riz était quasiment introuvable sur le marché, tant il était plus cher que le riz importé. Comme quoi, une chose est d’accroà®tre la production nationale, une autre est de fléchir les prix pour le consommateur. En raison de la tendance prometteuse de l’initiative riz, le Gouvernement du Mali a opté pour le renforcement d’autres variétés de cultures. C’’est ainsi que, pour la campagne en cours, un accent particulier a été mis sur le mais et le blé. Le mais et le blé : Une alternative heureuse ? Cette initiative procède de la volonté de procéder à  l’intensification de la production agricole en général. Même si la consommation du riz s’est beaucoup accrue au Mali, il faut souligner par ailleurs, que certains produits tels que le mais et le blé sont très consommés, indique un opérateur céréalier de la place. La consommation du mais a même augmenté au cours des 20 dernières années : « Il y a 10 ans, J’importais 200 tonnes de mais par an, aujourd’hui, J’en importe 600 ». Coté Gouvernement, le Directeur national de l’Agriculture, Daniel Kelema a laissé entendre que tous les moyens techniques sont utilisés pour conforter les paysans à  la culture des deux variétés céréalières.