Niger : Bazoum démarre avec 33 ministres

Le nouveau président nigérien, Mohamed Bazoum, a nommé un gouvernement qui promeut la jeunesse et l’expertise de ses membres.Bazoum tient son équipe. Après sa prise de fonction le 1er avril dernier, il a procédé le 7 avril à la nomination de son gouvernement. Il s’agit de trente-trois ministres dont cinq femmes.

Le même jour déjà, le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, nommé en fin de semaine dernière, a prêté serment devant les députés. Il dirigera le reste de l’équipe qui devra conduire la politique du successeur de Mahamadou Issoufou.

Le fils de ce dernier, Mahamane Sani Mahamadou, 37 ans, directeur de campagne du président Bazoum, est propulsé ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables. D’après les témoignages, il a fait de brillantes études aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Cette nomination entre en droite ligne dans la politique que veut prôner le nouveau président. Dorénavant, la gestion de l’action publique sera assurée par « des cadres promus sur la base de leurs compétences techniques et de leur moralité », avait-il dit dans son discours d’investiture.

Ainsi dans ce premier gouvernement, beaucoup de jeunes font leur entrée même s’il marque son ancrage au sein des formations qui composent la mouvance présidentielle, à savoir la Mouvance pour le renouveau national (MRN) qui a soutenu la candidature du président Bazoum. Les trois principaux partis de cette formation se taillent la part du lion. Le PNDS se retrouve avec 16 postes ministériels, le MPR cinq et le MNSD quatre.

Mais selon plusieurs observateurs, le gouvernement est, en plus d’être renouvelé, rajeuni à plus de 50%. Outre Mahamane Sani Mahamadou, d’autres jeunes sont nommés à la tête de ministères comme les Finances, la Justice, le Plan et l’Éducation nationale.

Voici la liste du nouveau gouvernement :

1. Premier ministre : Ouhoumoudou Mahamadou

2. Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération : Hassoumi Massoudou

3. Ministre d’Etat à la Présidence de la République : Rhissa Ag Boula

4. Ministre de la Défense Nationale : Alkassoum Indattou

5. Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation : Alkache Alhada

6. Ministre de la Formation Professionnelle : Kassoum Maman Moctar

7. Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche : Phd. Mamoudou Djibo

8. Ministre de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales : Dr Illiassou Idi Maïnassara

9. Ministre des Mines : Madame Ousseini Hadizatou Yacouba

10. Ministre de la Poste et des Nouvelles Technologies de l’Information : Hassane Barazé Moussa

11. Ministre des Transports : Oumarou Malam Alma

12. Ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes : Laouan Magagi

13. Ministre de l’Elevage, Porte parole du Gouvernement : Tidjani Idrissa Abdoulkadri

14. Ministre de l’Equipement : Hamadou Adamou Souley

15. Ministre de la Justice, Garde des Sceaux : Dr Boubakar Hassan

16. Ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions : Zada Mahamadou

17. Ministre des Finances : Ahmat Jidoud

18. Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes : Gado Sabo Moctar

19. Ministre de l’Agriculture : Dr Alambedji Abba Issa

20. Ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Assainissement : Maïzoumbou Laoual Amadou

21. Ministre du Plan : Abdou Rabiou

22. Ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies Renouvelables : Mahamane Sani Mahamadou

23. Ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat : Mohamed Hamid

24. Ministre de l’Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire : Maman Ibrahim Mahaman

25. Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant : Madame Allahoury Aminata Zourkaleini

26. Ministre de l’Education Nationale : Dr Rabiou Ousman

27. Ministre de l’Hydraulique : Adamou Mahaman

28. Ministre de la Fonction Publique et du Travail : Madame Ataka Zaharatou Aboubacar

29. Ministre de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification : Madame Garama Saratou Rabiou Inoussa

30. Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale : Dr Ibrahim Boukary

31. Ministre de la Jeunesse et du Sport : Sekou Doro Adamou

32. Ministre déléguée auprès du Ministre des Finances chargée du Budget : Madame Gourouza Magagi Salmou

33. Ministre délégué auprès du Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, chargé de la Décentralisation : Dardaou Zaneidou

34. Ministre délégué auprès du Ministre d’Etat aux Affaires Etrangères et de la Coopération, chargé de l’Intégration Africaine : Youssouf Mohamed Almouctar

Afrique : « le déficit de culture démocratique » à l’origine des crises électorales (chercheur)

Sur le continent noir, la lutte pour le pouvoir donne souvent lieu à des élections sous haute tension. Pour Gilles Yabi, analyste politique, il faut couper le mal à la racine.Du diagnostic du fondateur du Think tank Wathi, il ressort que « le déficit de culture démocratique » a plongé un certain nombre de pays africains dans des violences électorales récurrentes.

Pour que les scrutins, surtout la présidentielle, ne soient plus des moments d’instabilité, Gilles Yabi propose un remède : « Il faut investir dans les dimensions non électorales de la démocratie. Il s’agit notamment de l’éducation civique, de la culture politique, de la qualité de l’offre politique et de toutes les institutions impliquées dans l’organisation des élections. Il faut toujours penser à ces éléments même si on n’est pas en période électorale ».

S’exprimant ce mercredi 7 avril à Dakar, en marge de la conférence de presse de Partners West Africa Sénégal qui prépare un hommage au Général Lamine Cissé, le spécialiste des questions politiques a déconseillé la recherche de « solutions faciles ».

Par rapport au troisième mandat ayant divisé des pays africains, M. Yabi a soutenu que cette quête prouve « le manque d’éthique dans la gestion des affaires publiques », non sans mentionner qu’ « on ne peut pas consolider la démocratie si les gouvernants n’ont pas de culture démocratique ».

Les sources d’instabilité sont à éviter en Afrique de l’Ouest d’autant plus que les mouvements jihadistes y sévissent déjà. De l’avis du politologue, la région est confrontée à d’ « énormes défis sécuritaires » qui pourraient se corser « davantage dans le futur ».

Pour que cette prédiction ne se réalise pas, le Directeur exécutif de Wathi a invité à repenser la relation entre les gouvernants et les gouvernés. « La réponse strictement militaire ne suffit pas à régler durablement les problèmes de sécurité. On le voit bien au Sahel. Il faut également une approche politique, sociale et économique », a-t-il préconisé.

Dans le cadre de la célébration du second anniversaire de la disparition du Général Lamine Cissé (1939-2019), Partners West Africa Sénégal, dont il fut le tout premier président du Conseil d’administration, organise un colloque international le 16 avril prochain dans la capitale sénégalaise.

Le thème retenu pour ces activités de réflexion en mixte, présentiel et dématérialisé est « L’intégrité, l’éthique et la bonne gouvernance au service de la paix et de la sécurité, sur la voie tracée par un homme d’exception : le Général Lamine Cissé ».

Ce dernier fut notamment ministre de l’Intérieur du Sénégal, Chef d’Etat-Major Général des Armées du Sénégal, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Centrafrique et Secrétaire Général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.

Fmi -Dette : des mesures en faveur de 22 pays africains

En raison de son intérêt, nous reproduisons cet article de notre partenaire Financialafrik.com.(Financialafrik.com) Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé lundi 5 avril avoir approuvé le 1er avril, une troisième tranche de subventions pour l’allégement du service de la dette de 28 pays membres dits pauvres dans le cadre du Catastrophe Containment and Relief Trust (CCRT). Parmi eux, 22 sont africains.

Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, de la Centrafrique, des Comores, de la RD Congo, de Djibouti, de l’Éthiopie, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, de Haïti, du Libéria, de Madagascar, du Malawi, du Mozambique, du Népal, du Niger, du Rwanda, de Sao Tomé-et-Principe, de la Sierra Leone, de la Tanzanie, du Tchad et du Togo. A eux s’ajoutent l’Afghanistan, Haïti, le Népal, les Îles Salomon, le Tadjikistan et le Yémen.

Selon le FMI, cette nouvelle approbation fait suite à deux tranches antérieures approuvées respectivement le 13 avril 2020 et le 2 octobre 2020. Elle permet le décaissement de dons du CCRT pour le paiement de tous les services de la dette éligibles dus au Fonds par ses membres les plus pauvres et les plus vulnérables du 14 avril 2021 au 15 octobre 2021, estimés à 238 millions USD.

« Cette tranche de subventions pour l’allégement du service de la dette continuera à aider à libérer des ressources financières limitées pour un soutien sanitaire, social et économique d’urgence vital afin d’atténuer l’impact de la pandémie de Covid-19 », indique l’institution dans un communiqué. D’ailleurs, elle ajoute qu’un allégement du service de la dette pourrait être accordé pour la période restante allant du 16 octobre 2021 au 13 avril 2022.

Niger: « Issoufou est auréolé d’un grand prestige » (Bazoum)

Le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum, a rendu un hommage mérité à son prédécesseur, Mahamadou Issoufou.« Comme homme tout court et comme homme politique, Mahamadou Issoufou est digne de tous les hommages. Comme dirigeant, il est désormais auréolé d’un grand prestige. Et le jury Mo Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique ne s’y est pas trompé à en faisant son lauréat pour l’année 2020 », a notamment dit le chef de l’Etat nigérien.

S’exprimant lors de sa prestation de serment, hier vendredi à Niamey, M. Bazoum a rappelé que l’ex président « vient au terme de son dernier mandat de respecter la Constitution en acceptant de quitter le pouvoir de bonne grâce tout en organisant des élections les plus transparentes basées pour la première fois sur un fichier électoral biométrique ».

« Pendant les 30 années que j’ai passées à ses côtés à travers une relation de grande proximité dans les épreuves comme dans les moments de calme, à l’opposition comme au pouvoir, Mahamadou Issoufou est toujours resté le même. Pendant ces trente années de collaboration, quasi quotidienne, je n’ai jamais perçu même à travers un regard si furtif soit-il quelque chose d’un tant soit peu douteux à mon égard. Nous avons lui et moi en permanence baigné dans une relation de confiance absolue », a-t-il témoigné.

Selon lui, sa victoire à l’élection présidentielle a été possible car « notre parti (Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) a bénéficié d’un leadership hors du commun » et que le président Issoufou a, en effet, été un dirigeant exceptionnel car il réunissait en lui de grandes qualités : droiture, loyauté, générosité, rigueur et patriotisme.

« Ces qualités, a-t-il dit, ont servi de ciment pour maintenir la cohésion au sein de notre parti et lui assurer ainsi sa croissance progressive tout au long des 20 années au cours desquelles il l’a dirigé. Les mêmes qualités vont l’aider à mettre en œuvre un leadership remarquable à la tête de l’Etat en tant que président de la République depuis le 2 avril 2011. Ce qui a permis à notre pays non seulement de faire honorablement face aux nombreux défis notamment sécuritaires par rapport à notre sous-région depuis les évènements survenus en Lybie en 2011 mais aussi d’avancer dans le sens du progrès économique et social ».

Revenant sur les défis qui l’attendent, il a promis que le combat pour la justice sociale quant à lui sera beaucoup plus rude au regard des enjeux qui le sous-tendent « mais que je mènerai avec détermination car c’est là que se noue mon engagement moral et politique avec le peuple qui m’a fait l’honneur et le privilège de me confier sa destinée pour les cinq années à venir ».

Niger : Mohamed Bazoum prête serment

Le nouveau président du Niger a officiellement été installé, ce vendredi 2 avril à Niamey, dans ses fonctions.Vêtu d’un boubou blanc et d’un bonnet rouge, Mohamed Bazoum a pris le relais de Mahamadou Issoufou. Pour ce jour historique, le Centre de conférences Mahatma Gandhi de Niamey était plein comme un œuf.

Selon le nouvel homme fort de Niamey, c’est « un moment inédit à l’occasion duquel une passation du pouvoir à la tête de l’Etat a lieu entre deux civils élus au suffrage démocratique ». Dans son discours d’investiture, le vainqueur du second tour de la présidentielle organisé le 21 février dernier n’a que trop conscience de ce qui l’attend : « Gérer un Etat est un défi. Le faire après une personnalité de cette envergure, c’est un grand défi ».

L’analyse du chef de l’Etat est d’autant plus froide que le Niger a des faiblesses. En effet, a expliqué M. Bazoum, « son enclavement est un vrai handicap. Le port le plus proche de Niamey, celui de Cotonou (Bénin), est distant de 1000 kilomètres. Notre pays, plus saharien que sahélien, est de surcroit très vaste. Son climat aride a souffert ces dernières décennies des changements climatiques entraînant des sécheresses sévères et paradoxalement des inondations catastrophiques ».

En outre, a noté l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le Niger se trouve de façon conjoncturelle en plein cœur de la zone affectée par l’insécurité sévissant dans l’espace sahélo-saharien.

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« Riverain du Lac Tchad, il fait face au défi de Boko Haram. Voisin de la Lybie, il est affecté par le crime transnational organisé dont le Sud de ce pays constitue une solide plateforme depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi. Partageant plus de 800 kilomètres de frontière avec la partie septentrionale du Mali, il confronté aux agissements des organisations criminelles et terroristes qui écument cette zone », a détaillé Mohamed Bazoum.

Mais aux yeux de celui qui incarne désormais le pouvoir exécutif, « le plus grand défi du Niger réside, depuis son indépendance, dans les faiblesses de son système éducatif ». Partant de là, il a établi un lien entre « le faible taux de scolarité, les échecs scolaires » et « les mariages précoces ».

Au Niger, a révélé son président, « 77 % des jeunes filles sont mariées avant 18 ans et 28 % avant 15 ans ». A cela s’ajoute « un taux de fécondité synthétique de sept enfants par femme ». Un record planétaire se traduisant par « un taux de croissance démographique de 3,9 % ». Ce qui fait du Niger « le pays où la population croît le plus vite au monde ».

En définitive, ce pays de l’Afrique de l’Ouest est « dans un cercle vicieux » d’après le successeur de Mahamadou Issoufou qui a tiré la sonnette d’alarme : « Plus nous faisons d’enfants, moins nous sommes capables de les éduquer. Moins nous les éduquons, plus ils feront des enfants à leur tour. C’est un facteur, dans notre contexte socioéconomique, de retard de développement et de croissance ».

Vent d’espoir

Le Niger, « bien que vaste, désertique et enclavé » selon les mots de Mohamed Bazoum, possède des atouts. « L’étendue de son territoire signifie une certaine diversité géologique et un réel potentiel de richesses minérales et énergétiques. Même aride, notre pays regorge en son sous-sol d’un grand potentiel hydrique. Le charbon, l’uranium, le pétrole, le gaz, le soleil sont de précieuses sources d’énergie », a souligné le chef de l’Etat.

Dans le même ordre d’idées, il a fait savoir que « la croissance échevelée de notre démographie constitue actuellement un grand défi pour nos ressources budgétaires (mais) elle comporte des avantages sur le plan économique avec une population très jeune et en bonne santé disponible ».

Tout compte fait, « la conviction intime » de l’ancien professeur de Philosophie est que son pays « a devant lui un bel avenir » pourvu qu’il apporte les bonnes réponses à ses défis. Dans ce dessein, le nouveau président se fixe prioritairement deux objectifs : « promouvoir la bonne gouvernance et repenser radicalement le système éducatif dans l’optique de faire des actifs démographiques des dividendes économiques ».

Puisque le programme électoral sur la base duquel il a été élu « s’inscrit dans la continuité du travail accompli par Issoufou », Bazoum s’est engagé à « en consolider les acquis et en apportant les améliorations nécessaires ».

Ce sexagénaire est persuadé que « l’un des plus grands acquis » du Niger est « le raffermissement progressif de son expérience démocratique » dont la prestation de serment de ce 2 avril « représente le meilleur symbole de cette évolution ».

Pour autant, a averti le natif de la région de Diffa, « l’organisation de bonnes élections est une condition nécessaire mais nullement suffisante pour la paix et la stabilité d’un pays ». Dans la pratique, a affirmé le cofondateur du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), « elle a toujours besoin d’être confortée par une gouvernance susceptible de mettre en valeur toutes les promesses de l’idéal démocratique ».

Or, a regretté Mohamed Bazoum, les Nigériens ont « tendance, pour diverses raisons, à s’accommoder des comportements qui s’écartent des normes définies par les lois et règlements ».

Reddition des comptes

D’un ton ferme, le président de la République du Niger a déclaré que « quiconque a une responsabilité dans l’administration publique, répondra dorénavant tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa base électorale, sa famille et sa communauté ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre ».

De plus, l’ex-chef de la diplomatie nigérienne a exigé que « les cadres à tous les échelons de l’administration soient promus sur la base de leur compétence technique et de leur moralité ». Pour une gouvernance plus vertueuse, Bazoum a promis une croisade contre les « pratiques de concussion et de corruption » dans l’administration.

« Cette dernière prend diverses formes : pots de vin vulgaires, surfacturations, dépenses inopportunes, commandes fictives, commandes partiellement livrées, etc. De telles pratiques ont cours malgré tous les dispositifs administratifs et juridiques mis en place pour les prévenir et les punir », a relevé l’ancien étudiant de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).

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A en croire le président nigérien, « la meilleure façon de lutter contre la corruption est de sévir contre ceux qui s’en rendent coupables ». Ainsi Bazoum compte principalement miser « sur la pédagogie de l’exemple en ne tolérant d’aucune façon l’impunité ». Et ce dernier de jurer : « Je serai implacable contre les délinquants parce que j’ai conscience du tort que la corruption porte au développement du pays ».

En fin de compte, pour le chef de l’Etat, « la viabilité et la pérennité du régime démocratique sont tributaires de notre capacité à instaurer une gouvernance éthique conforme au pacte de confiance qui nous lie au peuple ».

Afrique: 2,3 à 3,4 % de croissance en 2021 (BM)

Les prévisions de croissance en Afrique subsaharienne tablent sur une progression comprise entre 2,3 et 3,4 % en 2021, selon le dernier rapport d’Africa’s Pulse de la Banque mondiale.L’économie d’Afrique noire va renaître de ses cendres malgré la récession causée par la Covid-19. C’est en tout cas ce que laisse croire la dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine. Il indique dans un communiqué reçu vendredi à APA que la croissance va progresser de l’ordre de 2,3 à 3,4 % cette année. Mais que cela dépendra « des politiques adoptées par les pays et la communauté internationale ».

Avec un taux d’infection d’environ 40 % supérieur à celui de la première vague, la deuxième vague de coronavirus risque de tirer ces prévisions vers la fourchette basse. A ce jour, le continent a enregistré plus de 4,3 millions de cas et près de 120.000 décès. La BM constate que certains pays sont parvenus à faire reculer significativement la propagation du virus grâce aux mesures de confinement, alors que d’autres sont confrontés à une hausse des contaminations.

Grâce à la « conjonction de plusieurs facteurs », comme la progression lente du virus et un faible taux de létalité, de nombreuses économies d’Afrique « ont pu résister à la tourmente » provoquée par la pandémie, note Africa’s Pulse. « Cela tient aussi à la bonne tenue de la production agricole et au redressement plus rapide qu’attendu des cours des matières premières ».

Réformes

Le rapport souligne en outre que « la reprise économique dépendra de l’ampleur des réformes engagées par les pays pour soutenir la création d’emplois, encourager les investissements et accroître la compétitivité ».

«
L’an dernier, les pays africains ont consenti des investissements considérables pour maintenir leurs économies à flot et préserver la vie et les moyens de subsistance de leurs populations. Afin d’intensifier ces efforts et d’ouvrir la voie à une reprise plus solide sur tout le continent, ils doivent mettre en œuvre des
réformes ambitieuses qui permettront d’accompagner la création d’emplois, d’encourager une croissance équitable, de protéger les personnes vulnérables et de préserver l’environnement », a recommandé le Camerounais Albert G. Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique

Par ailleurs, précise Pulse, les pays d’Afrique subsaharienne ne bénéficieront pas tous de la même dynamique de reprise cette année. Les économies pauvres en ressources naturelles, comme la Côte d’Ivoire et le Kenya, et dans les économies dépendantes de l’extraction minière, comme le Botswana et la Guinée, devraient enregistrer un rebond solide en 2021, à la faveur d’une reprise de la consommation et des investissements privés portée par le retour de la confiance et d’une hausse des exportations.

En Afrique de l’Est et australe, la croissance devrait reculer à -3 % en 2020, plombée en particulier par les performances modestes de l’Afrique du Sud et de l’Angola, les deux locomotives de la sous-région. En dehors de ces deux pays, l’activité économique devrait rebondir de 2,6 % en 2021 et de 4 % en 2022.

2022, une autre année

En Afrique de l’Ouest et centrale, la croissance s’est contractée de 1,1 % en 2020, un résultat supérieur aux prévisions d’octobre 2020, grâce à un fléchissement moins prononcé que prévu de l’activité au second semestre au Nigéria, la première économie de la sous-région. Le PIB réel en Afrique de l’Ouest et centrale devrait progresser de 2,1 % en 2021 et de 3 % en 2022.

Ainsi, fait remarquer l’institution de Breton Wood, la croissance du PIB réel pour 2022 est estimée à 3,1 %. Dans la plupart des pays de la région, le niveau d’activité à la fin de l’année 2021 sera bien inférieur aux prévisions établies avant la survenue de la pandémie. Cette situation « risque d’aggraver les conséquences négatives durables de la crise sanitaire sur le niveau de vie des habitants ».

En dehors des investissements en faveur du capital humain et des réformes encourageant une hausse d’une productivité inclusive et de la compétitivité, le rapport note que l’allégement du fardeau de la dette permettra aux pays africains « de dégager des ressources publiques pour investir notamment dans l’éducation, la santé et les infrastructures ».

Selon Africa’s Pulse, les douze prochains mois « seront décisifs » pour permettre à la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) de jouer pleinement son rôle pour accélérer l’intégration des pays d’Afrique dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

« Global Africa », la nouvelle revue scientifique africaine

Lancement au Sénégal d’une ambitieuse revue de recherche scientifique sur l’Afrique.L’Université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal (UGB) a annoncé, ce jeudi 1er avril 2021, le lancement de « Global Africa », une revue scientifique internationale et pluridisciplinaire, associée à des actions de renforcement de la recherche africaine, soutenue par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 1,5 million d’euros. Ce programme mobilisera plus d’une dizaine d’institutions partenaires africaines ou françaises.

La revue, rattachée au Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (LASPAD) de l’UGB, vise à rendre compte des enjeux politiques, sociaux, économiques, écologiques, technologiques de l’Afrique et du monde.

Editée en quatre langues (français, anglais, arabe et swahili), cette publication dont les premiers appels à contribution vont être diffusés prochainement, est dotée des standards internationaux d’évaluation des articles. Au-delà des sciences sociales, elle est ouverte à la science de la durabilité et aux approches pluridisciplinaires.

« Global Africa » a été imaginée par un consortium, qui comprend, aux côtés du LASPAD de l’UGB, l’IRD (Institut de recherche pour le développement, France), le Center for Global Studies de l’UIR (Université internationale de Rabat, Maroc) et le LASDEL (Laboratoire d’études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local, Niger). L’AFD apporte pendant quatre ans un soutien au lancement du programme à travers un financement d’1,5 million d’euros pour un budget global de 2,65 millions d’euros.

Un programme de formations et d’événements est prévu pour compléter l’offre éditoriale de la nouvelle revue scientifique africaine.

Niger : Mahamadou Issoufou honoré

L’ancien chef de l’Etat du Niger (2011-2021) a reçu un dernier hommage du personnel du palais présidentiel.A tout seigneur, tout honneur. Mahamadou Issoufou quitte ses fonctions avec le sentiment du devoir accompli. Une cérémonie d’adieu, tenue le mercredi 31 mars 2021, a permis à l’ensemble du personnel de la Présidence de la République de témoigner au prédécesseur de Mohamed Bazoum leur « infinie gratitude » et leur « immense reconnaissance ».

A en croire Foumakoye Gado, ministre d’Etat, « au-delà du peuple nigérien, c’est le monde entier qui vous honore aujourd’hui à travers les multiples récompenses qui vous ont été décernées notamment le Prix Mo Ibrahim ».

En outre, M. Gado, par ailleurs Directeur de cabinet par intérim du président de la République, a loué « les qualités intrinsèques d’Homme d’Etat » notamment « son attachement aux valeurs du travail, du mérite et son sens élevé de l’intérêt général ».

Concluant son propos, il a déclaré que c’est la fin « de dix années passionnantes ensemble au service du peuple nigérien ». Pour sa part, Mahamadou Issoufou a souligné que tout le personnel de la Présidence de la République peut « être fier du travail accompli (et) des résultats obtenus ».

Enfin, l’ex-président de la République s’est réjoui de sa collaboration avec  les « directeurs de cabinet adjoints, le Secrétaire Générale et le Secrétaire Général adjoint de la Présidence, les conseillers  avec rang de ministre, les responsables des services rattachés, les conseillers spéciaux et techniques, les directeurs, les chefs de service et les agents ».

Niger : qui en veut à Bazoum ?

Moussa Aksar, analyste politique à Niamey, explique pour Apa news pourquoi à deux jours de l’investiture de Mohamed Bazoum comme nouveau président du Niger, des militaires ont voulu prendre le pouvoir.Ce n’est pas le genre de climat par lequel un président nouvellement élu souhaite débuter son mandat. Deux jours avant son investiture à la tête du Niger, prévue vendredi 2 avril, Mohamed Bazoum a vu une poignée de militaires tenter de prendre le pouvoir par la force. La tentative finalement échouée serait l’œuvre d’une unité de l’armée de l’air basée dans la zone de l’aéroport de Niamey, la capitale. A bord de trois véhicules lourdement armés, ces militaires qui ont traversé la ville d’est en ouest sans attirer l’attention, sont parvenus jusqu’aux abords du palais présidentiel dans le quartier du plateau, au centre de la capitale.

Le cerveau présumé de cette tentative de putsch serait un capitaine chargé de la sécurité de la compagnie aérienne de d’escadrille de Niamey : Sani Saley Gourouza. Selon plusieurs sources, l’officier qui serait en fuite serait vivement recherché, tandis qu’une quinzaine de ses complices présumés seraient déjà arrêtés.

Au Niger, cette énième tentative de coup d’état dans ce pays qui a connu pas moins de quatre putschs réussis en soixante ans d’indépendance, suscite de vives interrogations. Comment un officier subalterne anonyme a-t-il eu l’idée d’un coup de force dans un pays qui s’apprête, pour la première fois de son histoire, à voir le pouvoir passer d’un président élu à un autre ? Comment dans un pays où la présidence est censée être protégée par une puissante garde présidentielle, un capitaine aux moyens militaires en principe limités a-t-il nourri un tel projet ?

« Le climat politique a sans doute favorisé l’idée d’un coup d’état chez ces militaires, explique Moussa Aksar, journaliste et analyste politique nigérien. Ce n’est pas le président nouvellement élu, Mohamed Bazoum, qui serait visé mais, c’est son prédécesseur et allié, Mahamadou Issoufou. Les dix années que ce dernier a passées au pouvoir ont produit beaucoup de mécontents, en raison de ses méthodes de gestion de l’Etat et du pouvoir. Cette tentative de putsch ratée ne serait d’ailleurs que l’expression armée de la colère de beaucoup de nigériens contre le président sortant Issoufou », poursuit cet éditorialiste respecté de Niamey.

Le capitaine Gourouza a-t-il agi seul, sans l’accord d’officier plus gradés ou d’alliés au sein des autres unités de l’armée, sinon le simple bras armé d’une partie des adversaires politiques du duo Issoufou-Bazoum dont certains n’ont toujours pas à ce jour accepté le passage du pouvoir entre les deux hommes ?

« L’hypothèse d’un acte solitaire paraît, à mon avis, un peu fragile. Celle d’un plan avec la participation d’autres unités me paraît vraisemblable, sinon c’était complètement suicidaire de vouloir prendre le pouvoir avec seulement trois véhicules alors que le palais présidentiel qui était la cible était gardé par une puissante force d’élite », analyse Moussa Aksar.

Le journaliste craint-il que cet épisode « malheureux qui inaugure en quelque sorte les premiers pas de Bazoum à la tête du Niger » pousse à une chasse aux sorcières ?

« A la différence d’Issoufou qui est réputé pour ses réactions dictées par les émotions ou les sentiments, Bazoum est un cérébral très réfléchi. On le voit mal tomber dans le piège des suspicions et des règlements de comptes », conclut l’analyste.

Covid-19 : l’Afrique exhortée à une relance économique résiliente

La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) exhorte les pays africains à adopter des mesures politiques qui encouragent les investissements verts visant à accroître la productivité pour faciliter une relance durable à la suite de la crise de coronavirus et parvenir à une industrialisation durable.« Les pays doivent également soutenir les Petites et moyennes entreprises (PME) et renforcer les systèmes de protection sociale pour revitaliser les moyens de subsistance », affirme Hopestone Kayiska Chavula, qui assure l’intérim de la Section d’analyse macroéconomique, de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, de la CEA.

Il présentait son rapport axé sur les récents développements économiques et sociaux en Afrique présenté lors la 39ème réunion du Comité d’experts de la CEA dans le cadre de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, ouvert depuis mercredi dernier à Addis-Abeba (Ethiopie).

« Le renforcement des systèmes de santé, notamment par la création de centres de santé régionaux à la pointe de la technologie, est également essentiel », dit-il, ajoutant que les pays doivent également renforcer les systèmes de suivi et d’évaluation et les systèmes statistiques existants pour évaluer et affiner en permanence les mesures d’atténuation et de relance.

Selon M. Chavula, il faut un soutien de la communauté internationale pour faire face aux contraintes de liquidités et promouvoir la relance. Ce qui peut se faire grâce à de nouvelles émissions et réaffectations de Droits de tirage spéciaux (DTS), à une baisse du coût du crédit, à une restructuration ordonnée de la dette et à la recapitalisation des banques multilatérales de développement (BMD).

« Une grande partie des progrès réalisés ces dernières années en matière d’éducation, de santé et d’éradication de la pauvreté a été stoppée ou annulée par la pandémie de Covid-19 », Hopestone Kayiska Chavula, soulignant que la CEA estime qu’entre 49 et 161 millions de personnes tomberont dans une pauvreté profonde en raison de la crise.

On estime que le PIB de l’Afrique s’est contracté en 2020 malgré une relance aux 3e et 4e trimestres mais les perspectives pour 2021 sont positives.

Les déficits budgétaires se sont creusés en raison de l’augmentation des dépenses publiques visant à enrayer la propagation de la pandémie, et de nombreux autres pays africains risquent en conséquence d’être surendettés.

Des politiques monétaires accommodantes ont été maintenues pour amortir les effets négatifs de la pandémie sur l’activité économique malgré les pressions inflationnistes dans certains pays, déclare M. Chavula.

Le commerce africain a diminué mais connaîtra une hausse avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

La croissance du PIB réel est restée modérée sur le continent, principalement en raison des risques de baisse associés à la deuxième vague d’infections, à la baisse des prix des produits de base et aux risques budgétaires importants ainsi qu’aux conflits dans certains pays.

L’année 2021 s’annonce positive, indique M. Chavula, en raison de la disponibilité des vaccins contre la COVID-19 et de l’amélioration de l’activité économique au 4ème trimestre 2020, des dépenses pour les fêtes et les frais de voyage.

Prix Ibrahim : Mahamadou Issoufou lauréat 2020

L’ancien président du Niger (2011-2021) remporte cette distinction pour son « leadership exceptionnel et (son) respect pour la démocratie ».C’est tout sauf une surprise. Le Prix Ibrahim 2020 pour un leadership d’excellence en Afrique a été décerné au président du Niger, Mahamadou Issoufou (68 ans). « La Fondation Mo Ibrahim a annoncé l’attribution du prix à l’issue d’une réunion de son Comité du Prix indépendant », annonce un communiqué reçu ce mardi à APA.

Le sixième lauréat du Prix Ibrahim, souligne le document, « a effectué deux quinquennats présidentiels » au Niger. M. Issoufou, contrairement certains chefs d’Etat ouest-africains, n’a pas brigué un troisième mandat.

Selon le Comité du Prix, le prédécesseur de Mohamed Bazoum a conforté, tout au long de la dernière décennie, la croissance économique au bénéfice de ses concitoyens, fait preuve d’un engagement indéfectible en faveur de la stabilité régionale et défendu sans relâche le respect de la règle constitutionnelle et démocratique.

Pour justifier le choix porté sur l’ancien président nigérien, Festus Mogae, président du Comité du Prix Ibrahim, a déclaré : « Face aux problèmes politiques et économiques les plus graves, notamment un extrémisme violent et une désertification croissante, M. Issoufou a su conduire ses concitoyens sur la voie du progrès. Aujourd’hui, le nombre de Nigériens vivant sous le seuil de pauvreté est tombé à 40 % contre 48 % il y a dix ans ».

Dans son argumentaire, l’ex-chef de l’Etat du Botswana a indiqué que « les défis demeurent conséquents, mais le président Issoufou a tenu ses engagements auprès du peuple nigérien et leur a ouvert la voie d’un avenir meilleur. Après mûre réflexion, le Comité a considéré (qu’il) est le digne lauréat 2020 du Prix Ibrahim ».

Car au cours des dix années de présidence de Mahamadou Issoufou, soutient le Comité du Prix, le Niger a progressé dans de nombreux domaines, notamment dans chacune des quatre dimensions de la catégorie Développement humain- Santé, Education, Protection sociale, Environnement. Poursuivant, le jury précise que ce pays sahélien « figure parmi les dix Etats africains qui ont réalisé les plus fortes progressions dans le renforcement des opportunités socio-économiques pour les femmes au cours de la décennie écoulée ».

Mo Ibrahim, président de la Fondation éponyme, a rendu un vibrant hommage au lauréat de cette année : « Le président Issoufou est un dirigeant exceptionnel qui a œuvré sans relâche pour son peuple, pour son pays et pour sa région, en relevant des défis apparemment incommensurables avec courage et détermination. J’espère que son parcours inspirera de nombreuses générations de leaders africains ».

Avant Mahamadou Issoufou, Ellen Johnson Sirleaf du Libéria (2017), Hifikepunye Pohamba de la Namibie (2014), Pedro Pires du Cabo Verde (2011), Festus Mogae du Botswana (2008) et Joaquim Chissano du Mozambique (2007) ont reçu ce prix dont l’icône Nelson Mandela a été nommé le premier lauréat honoraire en 2007.

Le Prix Ibrahim, doté d’une enveloppe de 5 millions de dollars US versés sur dix ans, permet à l’Afrique de « continuer à bénéficier de l’expérience et de la sagesse de ses dirigeants d’exception en donnant à ces derniers l’occasion de poursuivre une action citoyenne sur le continent une fois leur mandat national achevé ».

Prix Mo Ibrahim: Mahamadou Issoufou lauréat 2020

Le Prix Ibrahim 2020 est décerné au président du Niger, Mahamadou Issoufou.La Fondation Mo Ibrahim l’a annoncé, hier dimanche, à l’issue d’une réunion de son Comité du Prix indépendant.

« Le président Issoufou a effectué deux quinquennats présidentiels, de 2011 à 2020. Il est le sixième lauréat du Prix Ibrahim, qui récompense et met à l’honneur le leadership africain d’excellence », explique la fondation dans un communiqué de presse.

Elle rappelle que ce Prix Ibrahim, décernée pour la dernière en 2017 à l’ex présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, « vise à distinguer les dirigeants exceptionnels qui, au cours de leur mandat, ont développé leur pays et renforcé la démocratie et l’état de droit pour le bénéfice de l’ensemble de leurs concitoyens ».

Le Prix Ibrahim est une récompense d’une valeur de cinq millions de dollars US versée sur dix ans. Il permet au continent africain de continuer à bénéficier de l’expérience et de la sagesse de ses dirigeants d’exception en donnant à ces derniers l’occasion de poursuivre une action citoyenne sur le continent une fois leur mandat achevé.

Le Comité du Prix souligne le leadership exceptionnel du président Issoufou, à la tête d’un des pays les plus pauvres au monde, confronté à un cumul de défis apparemment insurmontables. « Tout au long de son mandat, il a conforté la croissance économique au bénéfice de ses concitoyens, fait preuve d’un engagement indéfectible en faveur de la stabilité régionale et défendu sans relâche le respect de la règle constitutionnelle et démocratique », poursuit notre source.

« Face aux problèmes politiques et économiques les plus graves, notamment un extrémisme violent et une désertification croissante, le président Issoufou a su conduire ses concitoyens sur la voie du progrès. Aujourd’hui, le nombre de Nigériens vivant sous le seuil de pauvreté est tombé à 40 %, contre 48 % il y a dix ans », affirme Festus Mogae, président du Comité du Prix et ancien président du Botswana.

Toutefois, il note : « Bien évidemment les défis demeurent conséquents, mais le président Issoufou a tenu ses engagements auprès du peuple nigérien et leur a ouvert la voie d’un avenir meilleur ».

Mahamadou Issoufou a été élu président par la voie démocratique pour la première fois en 2011, après de nombreuses années de régime militaire au Niger. Il a été réélu pour un second mandat en 2016. Son dauphin Mohamed Bazoum est élu président de la République, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier, avec 55,75% des voix, devant son adversaire Mahamane Ousmane qui a récolté 45,25% des suffrages.

La facilitation des investissements, un pilier de la Zlecaf (CEA)

Les négociations imminentes de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) doivent se focaliser sur la facilitation des investissements.Stephen Karingi de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) qui a fait ce plaidoyer, estime que la facilitation des investissements devient de plus en plus un domaine d’intérêt dans le discours sur l’investissement en Afrique.

S’exprimant lors d’une table ronde virtuelle de haut niveau sur la facilitation des investissements pour le développement, M. Karingi, directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, met l’accent sur les avantages et les défis des cadres internationaux de facilitation des investissements pour le développement des économies africaines.

Il fait remarquer que les Investissements directs étrangers (IDE) en Afrique ont diminué à la suite de la pandémie de COVID-19 et que les décideurs en matière d’investissement ont un énorme défi pour redresser la tendance.

« La facilitation des investissements sera essentielle pour promouvoir une plus grande valeur ajoutée et une plus grande industrialisation en Afrique qui, comme vous le savez, est l’un des piliers fondamentaux de la Zlecaf », a-t-il affirmé.

Dans son propre discours, la Directrice exécutive du Centre du commerce international, Pamela Coke-Hamilton, appelle à un « partenariat en action et un partenariat pour l’action » afin de faire face aux difficultés sanitaires et économiques créées par le Pandémie de covid-19.

« Nous devons mettre en commun nos ressources et notre expertise pour reconstruire les voies d’investissement en Afrique », la pandémie ayant laissé des effets dévastateurs sur l’investissement, illustrés par la baisse d’environ 40% des IDE africains en 2020, déclare Coke-Hamilton.

«L’Afrique doit tirer profit de la Zlecaf» (expert)

Les pays du continent doivent tirer profit de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), affirme l’expert en affaires internationales, Me Pierre Djemis.« La Zlecaf est devenue réalité depuis 1er janvier 2021. C’est une zone énorme, c’est un marché énorme (…) que nous devons saisir. L’Afrique ne doit pas louper les opportunités de la Zlecaf. Elle permet par exemple de commercer (…) sans payer des droits de », a notamment dit Me Djemis, spécialisé en droit et pratique des affaires internationales.

Il s’exprimait, mardi à Dakar, en prélude à une formation de 300 entrepreneurs sénégalais sur l’accès à l’information relative aux financements des PME/PMI. Celle-ci entre dans le cadre d’une série de rencontres dénommées « Entreprendre en Afrique », visant à mettre en relation les porteurs de projet et un réseau de partenaires techniques et financiers.

Dans son discours dont APA a obtenu copie, Me Pierre Djemis a indiqué que « nous devons faire en sorte que nos PME/PMI saisissent les opportunités de la Zlecaf qui est un projet innovant ». « C’est une opportunité à saisir par les PME/PMI », a-t-il renchérit.

Selon lui, « la plus grande richesse de l’Afrique réside bien dans sa jeunesse et sa soif d’entreprendre ».

« L’engouement pour l’entrepreneuriat n’a jamais été aussi puissant qu’aujourd’hui, l’entrepreneuriat est au cœur du développement en Afrique. Cependant, entreprendre en Afrique s’avèrera une stratégie payante à condition d’être parfaitement informé sur les spécificités des marchés et surtout d’avoir accès à des financements », a conclu Me Pierre Djemis.

Niger : l’opposant Hama Amadou placé sous mandat de dépôt

L’opposant Hama Amadou été emprisonné lundi à Niamey après trois jours de garde à vue.L’ancien Premier ministre a joué pour son rôle présumé dans les troubles ayant suivi la proclamation des résultats de la présidentielle au Niger, ont annoncé à l’AFP les services du procureur.

« il a été placé sous mandat de dépôt à (la prison de) Filingué »à Niamey sous « beaucoup de chefs d’accusation »,  dont « sa complicité » dans des manifestations et destructions de biens, selon ces services. 

Parmi les autres chefs d’inculpation qui pèsent sur sa tête figurent le délit « de propagande régionaliste » et de propos de nature à dresser les gens les uns contre les autres ».

D’autres personnes détenues en lien avec les troubles ayant suivi la proclamation des résultats provisoires du second tour la présidentielle du 21 février « ont également été placées sous mandat de dépôt »,  selon les services du procureur.

Niger : l’Onu et la Cedeao tirent la sonnette d’alarme

L’Organisation des Nations unies et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) « condamnent fermement » les violences post électorales au Niger.Dans un communiqué conjoint, les deux organisations se désolent « des actes de violences survenus suite à la proclamation des résultats provisoires (du second tour de la présidentielle du 21 février 2021) et appellent toutes les parties prenantes à la retenue ». 

L’Onu et la Cedeao invitent les parties prenantes à se conformer aux dispositions légales qui garantissent le déroulement pacifique du processus électoral, notamment celles relatives aux procédures de règlement des contentieux électoraux, et les encouragent à œuvrer ensemble afin de conduire le processus électoral à son terme. 

Suite à la proclamation des résultats provisoires, des violences avaient éclaté dans la capitale nigérienne et dans d’autres villes du pays. Ce jeudi, six maisons dont celle du correspondant de Radio France Internationale (RFI) ont été vandalisées à Niamey. 

A en croire le ministre de l’Intérieur, Alkache Alhada, les heurts ont fait depuis mardi dernier deux morts et 468 personnes ont été arrêtées. 

Suffisant pour que la Cedeao et l’Onu renouvellent leur disponibilité à accompagner le peuple nigérien dans ses efforts pour consolider la paix et la démocratie.

Selon les résultats provisoires, publiés le 23 février, par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le candidat du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya), Mohamed Bazoum, a été élu président avec 2.501.459 voix, soit 55,75 %. 

Son challenger, Mahamane Ousmane du Rassemblement Démocratique et Républicain (RDR Tchanji), a recueilli 1.895.736 voix, soit 45,25 %. Mais son camp conteste ces résultats et dénonce « un hold-up électoral ».

Niger : quels défis pour le nouveau président

Ibrahim Moussa, Rédacteur en chef du journal nigérien La Roue de l’Histoire, analyse pour APA les principaux chantiers de Mohamed Bazoum.Comment appréciez-vous le déroulement du scrutin présidentiel de dimanche dernier ?

En dépit de quelques irrégularités, notamment la saisie de faux bulletins de vote à Dogondoutchi (Sud-Ouest) par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et l’attaque terroriste qui a fait sept morts à Dorgol, dans la région de Tillabéri (Extrême-Ouest), le vote s’est globalement déroulé dans le calme et la sérénité.

L’élection de Mohamed Bazoum à la tête du Niger ouvre une nouvelle page dans l’Histoire du pays. Car, pour la première fois depuis l’indépendance en 1960, un président démocratiquement élu passe le témoin à un autre par le même procédé.

Quels sont les principaux défis du nouveau président ?

Le chef de l’Etat sera confronté à des défis de plusieurs ordres. C’est d’abord la lutte contre le jihadisme. Cinq des huit régions que compte le Niger sont touchés par ce phénomène. Il s’agit de Diffa, Tillabéri, Tahoua, Agadez et Maradi.

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Le Niger est entouré de foyers d’insécurité au niveau de quatre de ses frontières. Au Nord, depuis la chute en Libye de Mouammar Kadhafi, la situation s’est détériorée.

Dans sa frontière Sud-Est avec le Nigeria, la région Diffa proche des Etats fédérés de Borno et Yobé, est notamment la cible d’attaques terroristes depuis février 2015.

A l’Ouest du pays, les localités situées le long des frontières entre le Mali et le Burkina Faso subissent des attaques quasi-quotidiennes. C’est d’ailleurs dans ce territoire appelé la zone des trois frontières que les agents de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont été tués le 21 février dernier, jour même du scrutin.

Hormis le défi sécuritaire, il y a la question de l’emploi et de l’employabilité des jeunes, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation. Bazoum a réservé une part belle à l’éducation des jeunes filles dans son programme de campagne. 

Pour que celles-ci étudient jusqu’à la classe de 3e au moins, il a évoqué la création de cantines scolaires surtout dans les zones nomades et dans les localités où les populations sont extrêmement vulnérables.

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Sur le plan politique, le successeur de Mahamadou Issoufou a du pain sur la planche. Avec une classe politique que tout oppose. Dans son premier discours, après la proclamation des résultats provisoires, l’ancien ministre de l’Intérieur a lancé un appel à l’endroit de son challenger, Mahamane Ousmane, et de toute la classe politique en vue de s’unir et travailler pour le développement du Niger.

Mouhamadou Issoufou a décidé de respecter la Constitution en ne se présentant pas à la présidentielle. Quel sens donnez-vous à cet acte du président sortant ?

Cette décision de ne pas briguer un 3e mandat, dans une sous-région où la tentation est très forte, a été saluée par tout le continent africain voire la communauté internationale. A travers cette attitude, Issoufou inscrit son nom en lettres d’or dans les annales de l’Histoire politique du Niger. En outre, il peut servir de modèle à Mohamed Bazoum en matière du respect de la Constitution.

Niger : Bazoum, le continuateur de l’œuvre d’Issoufou

Co-fondateurs du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) en 1990, le président sortant et son successeur partagent depuis trente ans les mêmes idéaux pour leur pays.Après deux mandats consécutifs, Mouhamadou Issoufou (69 ans) passe sans anicroche le témoin à Mohamed Bazoum (61 ans). Cette transition policée du pouvoir exécutif est inédite au Niger où les coups d’Etat sont légion.

Bazoum, dans son tout premier discours en tant que président de la République, a rendu un vibrant hommage à son compagnon de route : « Je voudrais remercier Issoufou pour le travail accompli pour notre pays et surtout pour sa loyauté à son égard. Il vient de nous permettre de réaliser quelque chose d’inédit. Le Niger lui devra cela pour l’éternité. Il est définitivement rentré dans l’Histoire ».

Titulaire d’un Diplôme d’études approfondies en Philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad, Sénégal), le nouvel homme fort du Niger a une idée claire de ce qu’il veut pour sa nation.

« Je consoliderai, ainsi que le dit mon slogan de campagne, le travail accompli sous l’autorité du président (sortant) et j’avancerai dans le sens des objectifs que j’ai soumis au peuple dans le cadre de mon programme électoral », a déclaré le natif de Diffa (Sud-Est).

La gouvernance en vigueur pour le prochain quinquennat, à en croire l’ex-ministre des Affaires étrangères, ne sera rien d’autre que la synthèse des « succès et échecs » de la dernière décennie. Le néo-président du Niger, qui se prévaut de connaître « parfaitement » son pays et d’avoir « une grande connaissance de l’Etat », se sent « en état d’assumer
(avec) loyauté et probité » cette nouvelle fonction.

Pour qu’il enfile officiellement son costume présidentiel, la Cour constitutionnelle devra confirmer les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Aussitôt après, Mohamed Bazoum compte presser le pas : « Je m’appuierai sur ma majorité parlementaire forte de 129 députés pour former un gouvernement que je mettrai (immédiatement) au travail ».

En tout cas, il a du pain sur la planche surtout avec la menace jihadiste qui tourmente le Niger. Récemment, sept agents électoraux sont décédés dans l’explosion d’une mine. En outre, un agent électoral a été tué par une roquette. « Ces événements nous rappellent l’urgence et l’énormité du défi que constitue le combat contre le terrorisme. Je le mènerai avec méthode et détermination », a promis le chef de l’exécutif.

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La question jihadiste figurera tout en haut dans la hiérarchie des priorités du membre de la tribu des Ouled Slimane.  « Pour avoir assidûment fréquenté durant ces huit derniers mois les populations, je sais que partout où prévaut l’insécurité, c’est le premier besoin qu’elles expriment et qu’elles nous demandent de régler », a expliqué Bazoum.

A tous les leaders des partis qui l’ont soutenu dans sa quête du pouvoir, le vainqueur du scrutin du 21 février dernier s’est engagé à être « loyal » mais c’est « dans la loyauté commune vis-à-vis » du Niger que l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique entend collaborer avec eux.

Dans cette perspective, le successeur d’Issoufou a prévu de promouvoir la « gouvernance toute d’éthique en vue notamment de lutter contre la pauvreté, de réhabiliter le système éducatif, de former les jeunes et de lutter contre le chômage ».

Enfin, Mohamed Bazoum a tendu la main à son rival Mahamane Ousmane dont le parti a dénoncé « un hold-up électoral » : « Connaissant sa sagesse, je voudrais compter sur lui pour créer un nouveau climat entre le pouvoir et l’opposition, mettre fin aux tensions inutiles et nous (entendre) sur l’essentiel par ces temps de grands défis terroristes ». D’autant plus que la Ceni « aura travaillé, comme d’habitude, de façon totalement transparente et inclusive », selon le PNDS Tarayya.

Niger : Mohamed Bazoum élu président

Le candidat du parti au pouvoir, avec 55,75 % des suffrages, est déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle du 21 février dernier.Sans surprise, Mohamed Bazoum succédera à Mouhamadou Issoufou. Selon les résultats provisoires publiés, ce mardi 23 février, par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le candidat du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) a obtenu 2.501.459 voix.

Son challenger, Mahamane Ousmane du Rassemblement Démocratique et Républicain (RDR Tchanji), a pu récolter 1.895.736 voix, soit 45,25%.

À l’issue du premier tour, le dauphin du président sortant avait obtenu 39,30% contre 16,98% pour l’ex-chef de l’État (1993-1996).

Occupant respectivement la 3e et la 4e place au terme du premier acte, les leaders du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) et du Mouvement Patriotique pour la République (MPR Jamhuriya) avaient finalement adoubé Mohamed Bazoum.

En outre, d’autres recalés comme Oumarou Malam Alma du Rassemblement pour la Paix et le Progrès (RPP Farrilla) et Hassane Barazé Moussa de l’Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès (ANDP Zaman Lahiya) avaient demandé à leurs partisans de voter pour lui.

Pour ce scrutin, 7,4 millions de Nigériens, sur une population globale estimée à 24 millions, étaient appelés aux urnes à travers 26.000 bureaux de vote.

Présidentielle nigérienne: sept membres de la Céni tués dans une explosion

Sept membres locaux de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont été tués dimanche dans l’explosion de leur véhicule qui a roulé sur une mine.Le drame est survenu à Waraou, une localité située sur la commune de Dargol dans la région de Tillabéri, à une centaine de km de Niamey, zone dite « des trois frontières » entre Niger, Mali et Burkina Faso.

« J’ai eu l’information vers midi (11h GMT), il y a eu sept morts lorsque le véhicule a sauté sur une mine. Il s’agit de présidents de bureaux de vote et de leurs secrétaires », recrutés par la Céni, a expliqué à l’AFP Tidjani Ibrahim Katiella, gouverneur de la région de Tillabéri. L’accident a également fait trois blessés graves selon lui.

En dépit de l’insécurité provoquée par les jihadistes, les électeurs ont voté ce dimanche globalement dans le calme afin de choisir entre le favori Mohamed Bazoum candidat du pouvoir, et l’opposant Mahamane Ousmane, ancien président de la république.

Bazoum avait récolté 39,3 % des suffrages au premier tour, contre 17% pour Ousmane.  Le taux de participation au premier tour était de 69,7 %.

Présidentielle nigérienne : jour de vérité pour Bazoum et Ousmane

Les Nigériens élisent ce dimanche leur président pour les cinq prochaines années. Sur les trente candidats de la ligne de départ, il n’en reste que deux : Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane.La première alternance démocratique du Niger, indépendant depuis le 3 août 1960, est toute proche. Ce 21 février, 7,4 millions d’électeurs doivent choisir un successeur à Mahamadou Issoufou. L’actuel chef de l’État qui entrera dans les livres d’Histoire pour avoir respecté la limitation constitutionnelle du mandat présidentiel.

Au premier tour, Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir, a recueilli 39,3% des suffrages valablement exprimés contre 16,9% pour l’ancien président de la République, Mahamane Ousmane.

Le 18 février dernier, le président sortant, Mahamadou Issoufou, s’est offert une tribune lors de la cérémonie d’inauguration d’un troisième pont sur le Fleuve Niger à Niamey, la capitale : « Le Niger est un pays un et indivisible. Je lance donc un appel à tous en cette veille d’élection pour qu’ils ne perdent jamais de vu cela. Pour qu’ils ne perdent jamais de vu l’importance de cet acquis du peuple nigérien ».

Pour ce scrutin historique, les 26.000 bureaux de vote du pays sont ouverts de 8 à 19 heures (GMT+1). La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) devrait annoncer les résultats provisoires dans 5 jours.

Présidentielle au Niger : appel à un scrutin apaisé

Quatre organisations internationales appellent les Nigériens à l’apaisement pour le second tour de la présidentielle qui se tient ce dimanche.Dans une déclaration conjointe, l’Union africaine (UA), la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne (UE), et les Nations Unies (ONU) appellent les institutions nationales, les parties prenantes, la société civile, les forces vives (…) à s’engager pour un scrutin présidentiel apaisé le 21 février 2021. 

« (…) nous rappelons aux parties prenantes au processus électoral de maintenir leur attitude responsable et constructive afin de renforcer la cohésion sociale et préserver la paix », écrivent ces organisations, ajoutant : « Nous encourageons les parties prenantes à éviter tout acte qui viserait à empêcher l’électeur d’opérer un choix éclairé et indépendant lors du scrutin du dimanche 21 février 2021 ».

Elles estiment qu’en cas de désaccord avec les résultats de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), seule institution habilitée à diffuser les compilations des voix, les acteurs doivent recourir aux voies légales par la saisine des juridictions compétentes, conformément à la Constitution et aux lois du Niger.« Nous exhortons le peuple nigérien, qui a démontré lors du premier tour son attachement aux valeurs démocratiques, à maintenir la même dynamique pour le second tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021 », poursuivent l’UA, l’UE, la CEDEAO et l’ONU. 

Le 30 janvier 2021, la Cour Constitutionnelle du Niger a validé les résultats du double scrutin du 27 décembre 2020. Pour la présidentielle, la Cour a déclaré le candidat du parti au pouvoir le PNDS TARAYYA, Mohamed Bazoum, premier avec 39,30%, il est suivi par le candidat du RDR TCHANJI, Mahamane Ousmane qui a récolté 16,98%. 

Sur la base de ces résultats, la Cour Constitutionnelle a confirmé les candidats Bazoum et Mahamane pour le second tour. La campagne électorale a débuté depuis le dimanche 31 janvier 2021 et s’est achevée ce hier vendredi à minuit.

Niger : dernière ligne droite dans la course au palais

Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane, adversaires pour le second tour de l’élection présidentielle du 21 février, ont sillonné pendant une dizaine de jours le pays.Le verdict des urnes est proche. Dans trois jours, 7,4 millions de Nigériens, sur une population globale estimée à 24 millions, se prononceront pour départager le candidat du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) et celui du Rassemblement Démocratique et Républicain (RDR Tchanji).

Bazoum, crédité au premier tour de 39,3 % des suffrages valablement exprimés contre 16,99 % pour Ousmane, a la faveur des pronostics. En valeur absolue, le dauphin du président sortant, Mahamadou Issoufou, a récolté plus d’un million de voix par rapport à son rival.

Si l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a récemment affirmé que « le pouvoir est déjà entre nos mains », c’est en partie grâce au ralliement de Seïni Oumarou et d’Albabé Abouba.

Occupant respectivement la 3e et la 4e place au terme du premier acte, les leaders du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) et du Mouvement Patriotique pour la République (MPR Jamhuriya) ont finalement adoubé le candidat du parti au pouvoir dont le slogan de campagne est « Ensemble, consolidons et avançons ».

En outre, d’autres recalés comme Oumarou Malam Alma du Rassemblement pour la Paix et le Progrès (RPP Farrilla) et Hassane Barazé Moussa de l’Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès (ANDP Zaman Lahiya) ont demandé à leurs partisans de voter pour Mohamed Bazoum. Ce dernier, dès le premier tour, avait pu compter sur le soutien de Moctar Kassoum, le président du Congrès Pour la République (CPR Inganci).

C’est dire que l’ancien chef de l’Etat (1993-1996), Mahamane Ousmane, doit faire face à une redoutable machine de guerre électorale pour arracher un mandat de cinq ans à la tête du Niger. La campagne pour le second tour prend officiellement fin ce vendredi à minuit.

Sommet de N’Djamena : la Force conjointe au centre de toutes les attentions

Le G5 Sahel a lancé un appel international pour doter sa Force conjointe de moyens suffisants à travers un « financement pérenne » afin de gagner la bataille contre les groupes jihadistes.« L’argent est le nerf de la guerre ». Un truisme qui ne se dément presque jamais. Réunis les 15 et 16 février à N’Djamena, au Tchad, pour la 7e Session ordinaire de la Conférence des chefs d’État, les cinq pays membres du G5 Sahel ont sollicité « un soutien conséquent » de la communauté internationale.

Le Burkina, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ont, en effet, exhorté le Conseil de Sécurité des Nations unies à placer la Force conjointe sous le Chapitre VII de la Charte de l’Organisation des nations unies (Onu). En outre, les Sahéliens ont exprimé « le souhait de la création d’un Bureau des Nations unies (qui lui soit) spécialement dédié ».

Le G5 Sahel, dans le communiqué final de cette rencontre, s’est félicité de l’approbation, par l’Union africaine (UA), de la requête relative à l’appui de la capacité opérationnelle de la Force conjointe pour un montant de 20 millions d’euros via la Facilité africaine de paix (APF).

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D’ailleurs, un Fonds fiduciaire de la Force conjointe a été mis en place pour renflouer les caisses. Sa gestion est assurée par un Comité de soutien sous la responsabilité du Secrétaire exécutif du G5 Sahel. Le Rwanda, la Turquie, les Emirats Arabes Unis, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont contribué à l’alimentation de ce fonds.

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Roch Marc Christian Kaboré, Bah N’Daw, Mahamadou Issoufou et Idriss Déby Itno, respectivement présidents de la Mauritanie, du Burkina, du Mali, du Niger et du Tchad, ont salué « les efforts des partenaires en faveur du G5 Sahel », avant de souligner « le rôle essentiel joué par la force Barkhane ».

Au contact des troupes françaises, 5100 soldats déployés au Sahel, la maturation de la Force conjointe est « progressive » d’après ces chefs de l’Etat. Ces derniers ont également bien accueilli « les succès opérationnels (récemment) enregistrés ».

Pour davantage de résultats sur le terrain, le G5 Sahel a appelé à « une meilleure coordination entre la Force conjointe et la Force Multinationale Mixte (FMM) de stabilisation du Bassin du Lac Tchad ». Le diagnostic de N’Djamena a montré que les groupes jihadistes « constituent toujours une menace importante pour les populations sahéliennes ».

Ainsi, les présidents des pays concernés ont fait part de leurs « préoccupations relatives à la persistance de zones d’insécurité et à la diffusion des menaces, notamment vers le Sud du Sahel ». Dans le dessein de barrer la route aux mouvements jihadistes, le renforcement des capacités des acteurs avec des structures de formation a été identifié comme étant un point essentiel.

Avec un dispositif de défense et de sécurité comme suit : le Collège de défense du G5 Sahel à Nouakchott (Mauritanie), le Collège sahélien de sécurité à Bamako (Mali) et l’Académie régionale de police à Koundoul (Tchad), la collecte des informations et le partage de renseignements à travers la Plateforme de coopération en matière de sécurité et le Centre de fusion des renseignements à Niamey (Niger), l’analyse stratégique et l’alerte précoce avec le Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce à Ouagadougou (Burkina).

Sur initiative de la Mauritanie, la création d’un prix dénommé « Prix du Sahel pour la promotion de la culture de la Paix » a été décidée dans la capitale tchadienne. Cette récompense sera décernée « aux individus, institutions ou organismes publics, privés ou de la société civile ayant le mieux œuvré pour la prévention et la résolution des conflits et pour la culture de la paix et de la tolérance entre les communautés ».

Dans l’espace sahélien, la paupérisation d’une importante frange des populations facilite aux jihadistes le recrutement de combattants. À cet égard, les chefs d’État ont particulièrement apprécié « la conclusion ou la finalisation au cours de l’année 2020, avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel, de projets visant la lutte contre la Covid-19, les conflits, les changements climatiques, l’autonomisation des femmes et des jeunes, la résilience des entreprises des jeunes ».

Poursuivant, ils se sont réjouis de la réalisation, sur fonds propres, de l’étude de faisabilité du projet de construction du chemin de fer du G5 Sahel (Le transsahélien). Dans cette dynamique, le Conseil des ministres et le Secrétariat exécutif G5 Sahel ont été invités « à prendre les dispositions pour donner suite au projet à travers notamment la recherche de partenariats stratégiques ».

Au niveau international, l’Alliance Sahel qui regroupe 24 partenaires compte débourser 50 millions d’euros en 2021 pour financer des projets de développement avec le soutien du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement.

Une réforme du Secrétariat exécutif du G5 Sahel est à l’étude pour plus d’efficacité dans le travail. Les présidents sahéliens « ont pris note de l’évolution du processus » et « réaffirmé leur volonté de consolider cet important cadre de coopération et de coordination ».

Sur la situation au Mali, la Conférence des chefs d’État a salué la tenue, le 11 février dernier à Kidal, de la cinquième réunion de haut niveau du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Elle a réaffirmé son « attachement à l’unité et à l’intégrité du Mali », non sans se satisfaire de « la mise en place de l’ensemble des organes de la transition » censée durer dix-huit mois.

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Outre les pays membres du G5 Sahel, Nana Akufo-Addo (Ghana), Macky Sall (Sénégal), le Général de Corps d’Armées, Brahim Gabir Ibrahim, membre du Conseil souverain de la transition au Soudan et Saad Dine El Otmani, chef du gouvernement marocain, ont participé au Sommet de N’Djamena.

C’est maintenant le président tchadien, Idriss Déby Itno, qui assure la présidence en exercice du G5 Sahel. Et le prochain sommet ordinaire est prévu en février 2022 à Bamako, au Mali.

Sahel: Macron annonce le maintien des forces françaises

Pour Emmanuel Macron, un retrait prématuré des troupes françaises du Sahel « serait une erreur ».Une éventuelle baisse des troupes françaises au Sahel était récemment sur toutes les lèvres. Ça ne sera pas le cas. Le président français Emmanuel Macron a annoncé, mardi à Ndjamena (Tchad), lors du sommet G5 Sahel, que « la France
ne réduirait pas dans l’immédiat » ses effectifs militaires dans la région. 

Lors de son intervention par visioconférence depuis Paris, le locataire de l’Elysée a toutefois souligné que « des évolutions sans doute significatives seront apportées à notre dispositif militaire au Sahel en temps voulu (…) », ajoutant qu’« il
serait paradoxal d’affaiblir notre dispositif au moment où nous disposons d’un alignement politique et militaire favorable à la réalisation de nos objectifs ».

D’ailleurs il a promis une « action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter » les organisations terroristes.Car même si de « véritables résultats ont été obtenus dans la zone des trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et le principal groupe visé, l’organisation État islamique au grand Sahara (EIGS), « a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes », les organisations terroristes y sont toujours très actives. 

Emmanuel Macron a par la même occasion salué la décision du président tchadien Idriss Déby Itno d’envoyer 1200 soldats dans la zone des trois frontières. « Une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel », a-t-il indiqué. 

De même, il a remercié les pays européens et les autres partenaires internationaux participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, « qui acceptent ainsi de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats ». 

Pour venir à bout des groupes jihadistes, l’action militaire devra être conjuguée avec celle du développement. C’est pourquoi Emmanuel Macron a invité ses homologues du G5 Sahel à « donner une perspective aux populations du Sahel », un « deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations » et « une impulsion au plus niveau de l’État » pour réinvestir les territoires délaissés de la région.

Dans cette perspective, chacun des pays membres du G5 Sahel a signé une convention de financement avec le Fonds international de développement agricole (Fida).

Au cours du sommet de Ndjamena, le Tchad a par ailleurs été désigné pour assurer, pour la deuxième fois, la présidence tournante du G5 Sahel. Djimet Adoum du même pays a en outre été nommé nouveau haut représentant de la Coalition pour le Sahel.

« Nous avons beaucoup parlé au cours de ces rencontres de N’Djamena et nous savons tous ce qui nous attend : l’action et le concret », a écrit sur son compte Twitter le président tchadien, Idriss Déby Itno.

G5 Sahel: « Barkhane est devenue un risque politique »

Analyste politique réputé et expert respecté de l’actualité du Sahel, le journaliste et écrivain, Seidik Abba décortique pour APA News les enjeux du sommet du G5 Sahel qui se tient lundi 15 et mardi 16 février 2021 à N’Djamena, au Tchad.Que peut-on attendre de ce nouveau sommet du G5 Sahel ?

Ce sommet statutaire va être l’occasion de faire le bilan de la situation sécuritaire au Sahel depuis le sommet qui a réuni en janvier 2020 à Pau, dans le Sud de la France, le président Emmanuel Macron et ses homologues de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad et qui a été suivi en juillet par une Conférence des chefs d’État du G5 Sahel en juillet 2020 à Nouakchott, en Mauritanie.

À N’Djamena, on s’attend à une évaluation concrète de la stratégie adoptée à Pau qui avait décidé d’une concentration des efforts militaires sur la zone des trois frontières commune au Burkina, au Niger et au Mali. A Pau, il a avait été décidé de cibler particulièrement l’État islamique au Grand Sahara qui multipliait alors les opérations souvent sanglantes et spectaculaires dans cette zone.

A N’Djamena, cette réorientation stratégique va faire l’objet d’une évaluation complète, en présence virtuelle du président français Emmanuel Macron qui participe au sommet par vidéoconférence. Les activités du Secrétariat exécutif, tout comme la mise en œuvre des projets, seront également examinées.

Cela dit, une des particularités du sommet de N’Djamena, c’est qu’il intervient alors que la France a fait part de son intention de « réajuster » son opération militaire au Sahel. Enfin, nous aurons à N’Djamena le passage de témoin entre le président sortant du G5 Sahel, le Mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani et le président entrant, le Tchadien Idriss Déby Itno.

Vous venez de publier aux éditions L’harmattan à Paris, « Pour comprendre Boko Haram », un livre très remarqué sur les jihadistes actifs dans le bassin du Lac Tchad. Pensez-vous que cette région bénéficie de la même attention que le Sahel ?

Clairement non. Le bassin du Lac Tchad ne bénéficie pas de la même attention que le Sahel. Quelques raisons peuvent être avancées pour expliquer ce désintérêt. Pour les pays occidentaux, Boko Haram, à la différence des groupes terroristes installés au Sahel, notamment dans le Nord du Mali, ne représente pas une menace directe.

Pour eux, il y a peu de chance que des jihadistes partent des rangs de Boko Haram pour attaquer l’Europe. Deuxièmement, dans le bassin du Lac Tchad, il n’y a pas de présence militaire occidentale directe qui aurait pu susciter l’intérêt des médias internationaux et des opinions publiques occidentales.

Enfin, dans le bassin du Lac, les victimes du terrorisme sont principalement des locaux, pas des ressortissants étrangers. Pourtant, il faut prendre garde à ne pas négliger la situation sécuritaire au Sahel. Il serait faux de penser qu’on peut résoudre la crise au Sahel sans associer le bassin du Lac Tchad. Les groupes jihadistes ont, de leur côté, déjà compris l’intérêt qu’il y a à agir ensemble. Nous avons pu documenter de très nombreux exemples de « coopération » entre les groupes jihadistes du Nord Mali et Boko Haram.

Cela fait huit ans que la France a envoyé son armée au Mali et dans le Sahel. Les groupes jihadistes continuent pourtant d’être actifs au Mali et leur présence s’étend à d’autres pays de la région ?Faut-il un réajustement de la stratégie française dans la région ?

La décision d’ajuster on non la présence militaire française appartient à la France. Elle a décidé de le faire non que la situation sécuritaire au Sahel soit redevenue normale.

J’y vois plutôt des considérations de politique intérieure. Dans ce contexte de crise sanitaire avec ses conséquences économiques pour l’État français, certains milieux, y compris au plus haut sommet de l’État, ont pu penser que Barkhane avec un budget annuel compris entre 900 millions et un milliard d’euros coûte chère.

A cette considération économique, s’ajoute un argument de politique intérieure française : la présidentielle de 2022 à laquelle Macron se présente. Disons les choses comme elles sont : avec le retournement de l’opinion contre la présence militaire au Sahel, l’opération Barkhane est devenue un risque politique, surtout dans une période pré-électorale sensible.

Mais pour moi, le plus important n’est pas que la France parte ou reste au Sahel. En effet, ce qui me semble important, c’est comment les pays sahéliens s’organisent pour assurer leur sécurité, y compris en faisant appel à la solidarité africaine.

Certains pays du continent sont de grandes puissances militaires qui peuvent apporter leur contribution sous différentes formes à la lutte contre le terrorisme au Sahel. En tout état de cause, sur la durée, la sécurité au Sahel ne sera assurée que par les Sahéliens. Cela vaut d’ailleurs pour le reste du continent.

Dans certains pays du Sahel, notamment le Mali, la possibilité d’un dialogue avec les jihadistes est désormais publiquement évoquée. Qu’est-ce qui explique ce changement ?

Je constate qu’il y a une évolution de la position malienne de négocier avec les groupes jihadistes. Il y a quelques années, ce sujet était tabou. Aujourd’hui, il est débattu publiquement y compris dans les allées du pouvoir à Bamako. J’estime que cette évolution repose sur des considérations pragmatiques que les Maliens connaissent mieux que leurs partenaires, dont la France, qui défendent eux des principes généraux.

A titre personnel, l’expérience du programme nigérien « Repentir contre pardon » qui a permis de récupérer sans un coup de feu plus de 500 ex-combattants de Boko Haram m’amène à penser que les discussions avec les groupes jihadistes et certains de leurs dirigeants est une option à ne pas écarter. Le débat ne doit plus être faut-il discuter avec les jihadistes mais avec qui, sous quelle forme et où discuter avec les groupes jihadistes.

Des experts et des officiels du renseignement parlent aujourd’hui d’une volonté des groupes jihadistes sahéliens de s’étendre vers les pays du Golfe de Guinée. Est-ce logique ?

Ce n’est pas nouveau. Les groupes jihadistes ont toujours pour agenda l’élargissement de la Willaya d’Afrique de l’Ouest. Ils ont déjà posé des actes en Côte d’Ivoire par deux fois : mars 2016 à Grand Bassam et en juillet dernier à Kafalo sur la frontière ivoiro-burkinabè. Ils ont frappé le Bénin deux fois et ont attaqué sur la frontière entre le Burkina et le Togo. En dépit de sa persistance, cette menace pourra être contenue par une bonne coordination entre les États du Sahel et les pays du Golfe de Guinée. En revanche, le plus inquiétant c’est l’endogénisation du terrorisme au Sahel. Les nouveaux chefs de katibas et les combattants sont des locaux et cela ne peut être combattu par les moyens militaires uniquement.

G5 Sahel : le Sénégal invité au sommet

Le Sénégal prendra part mardi, en qualité de pays invité, à la séance élargie du Sommet du G5 Sahel qui s’ouvre ce lundi à N’Djamena, capitale du Tchad.La séance élargie, à laquelle le président Macky Sall assistera, vise à associer les pays et institutions partenaires du G5 Sahel à la recherche de solutions durables à la crise sécuritaire qui sévit dans l’espace sahélien, souligne le communiqué de la présidence parvenu à APA. 

Avec un effectif de 1305 soldats, le Sénégal est le deuxième pays contributeur de troupes à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). 

Le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité créé en février 2014 par cinq États du Sahel. Il s’agit de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad.

Mali : l’Accord d’Alger passé au peigne fin

Le Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a tenu, jeudi à Kidal, une réunion pour tenter de dénouer ce processus.Le moment est historique. Le lieu symbolique. Kidal, cette ville du nord du Mali est toujours contrôlée par les anciens rebelles regroupés au sein d’une Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui a signé avec le gouvernement malien en 2015 un accord de paix négocié quelques temps plus tôt à Alger.

Dans ce bastion des nationalistes touaregs, une réunion du Comité de suivi de l’Accord de paix issu du processus dit d’Alger n’avait pu s’organiser en septembre 2019. Mais le 11 février, l’État malien et ses partenaires étrangers ainsi que les parties signataires du fameux accord ont pu échanger sur ce texte consensuel censé ramener la paix dans au Mali. Ce texte prévoit entre autres l’intégration des ex-rebelles dans les forces de défense et de sécurité et une plus grande autonomie de cette région.

L’application de l’accord semble plus facile à dire qu’à faire. Mais la relance du processus de paix à Kidal est « un signe d’espoir » selon le Colonel-Major Ismaël Wagué, ministre malien de la Réconciliation nationale au sein du gouvernement de transition mis en place à Bamako, la capitale, dans la foulée du renversement par l’Armée, le 18 août dernier, du président controversé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

L’ancien porte-parole des putschistes a également indiqué que les autorités de la transition comptent mettre en application l’Accord d’Alger. Cela est toutefois conditionné au succès du nouveau processus de « désarmement, démobilisation et réinsertion » au terme duquel « plusieurs centaines d’ex-combattants rebelles » sont censés intégrer les rangs de l’Armée.

Pour sa part, l’ancien Secrétaire général adjoint de l’Onu, le Mauritanien, Ahmedou Ould Abdallah, a déclaré qu’« il est temps d’harmoniser et de coordonner, si possible, les points de vue pour aider le Mali et le Sahel à sortir d’une crise qui coûte très chère ».

L’ancien haut responsable onusien, aujourd’hui à la tête du Centre pour la stratégie et la sécurité dans le Sahel-Sahara (Centre 4s), un Think tank basé à Nouakchott, prône clairement un « changement d’approche » dans la gestion de ce conflit.

Pour surmonter les écueils, plusieurs observateurs s’accordent sur la nécessité d’une refonte de l’Accord dit d’Alger. C’est le point de vue défendu depuis toujours par Nicolas Normand, ex-ambassadeur de la France au Mali et au Sénégal. D’après le Français, « la situation est d’autant plus problématique que l’Accord d’Alger ne traite pas, pour l’avenir, les causes véritables de la rébellion du Nord ».

Intervenant par visioconférence, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé que les discussions de jeudi à Kidal sont « tout un symbole », avant de saluer la « dynamique positive » du processus de paix au Mali.

La réunion de Kidal a eu lieu quatre jours seulement avant le Sommet du G5 Sahel prévu les 15 et 16 février dans la capitale tchadienne en présence du président français, Emmanuel Macron. À N’Djamena, la France, la Mauritanie, le Mali, le Burkina et le Niger feront le point sur la situation sécuritaire qui prévaut aussi bien au Mali que dans le reste du Sahel.

Elections : une mission de l’ONU au Bénin et au Niger

En prélude aux élections présidentielles au Bénin et au Niger, le Représentant spécial des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, effectue une visite dans ces pays. « Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mohamed Ibn Chambas, est au Bénin jusqu’au 10 février. Il se rendra ensuite au Niger du 11 au 14 février », rapporte un communiqué de presse reçu, lundi à APA.

Les deux visites font partie des activités régulières que mène UNOWAS pour soutenir et encourager les pays de la sous-région dans leurs efforts pour organiser des élections présidentielles apaisées, inclusives et transparentes.

« Durant sa mission, le Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, rencontrera les parties prenantes nationales impliquées dans la tenue de l’élection présidentielle au Benin, le 11 avril 2021, et du second tour du scrutin présidentiel au Niger, prévu le 21 février prochain », conclut le texte.

Présidentielle nigérienne : un recalé se rallie à Mohamed Bazoum

Le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) soutient formellement le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) pour le second tour de la présidentielle du 21 février prochain.Mohamed Bazoum, dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, touche le gros lot. En effet, le Bureau politique national du MNSD Nassara, dans une déclaration datée du 3 février, « décide (de lui) apporter son soutien ».

Pour prendre une telle décision, ce parti classé 3e à l’issue du premier tour avec 8,95 % des suffrages valablement exprimés, a pris en compte « le contexte actuel marqué par de nombreux défis persistants en l’occurrence la situation sécuritaire nationale et régionale ».  

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Dans ce sens, le Mouvement National pour la Société de Développement a constaté « la similitude entre le programme du PNDS Tarayya et celui du MNSD Nassara ainsi que l’engagement de (Bazoum) à accorder une importance de premier ordre aux questions de sécurité, d’équité, d’accès aux services sociaux de base, de développement rural inclusif et de bonne gouvernance en cas de victoire ».

Tout compte fait, la formation politique de l’ancien Premier ministre Seïni Oumarou est désireuse « de poursuivre sa collaboration avec le PNDS Tarayya dans un esprit de loyauté, de confiance mutuelle et d’engagement résolu à promouvoir un développement humain équitable et accéléré pour nos vaillantes populations ». 

Par conséquent, elle exhorte ses « militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, ainsi que ceux de ses alliés de l’Alliance pour la Paix et la République (APR), à sortir massivement le 21 février pour voter en faveur de Mohamed Bazoum en vue d’une victoire éclatante ».  

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Le MNSD Nassara s’est réuni, ce mercredi à Niamey (Niger), en session extraordinaire au siège du parti. Le Bureau politique national a profité de cette occasion pour prendre « acte de la proclamation, par la Cour constitutionnelle, des résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle ».  

En outre, le Mouvement Patriotique pour la République (MPR Jamhuriya), 4e au classement du premier tour avec 7,07 %, aurait porté son dévolu sur M. Bazoum. Selon une source anonyme, le parti d’Albabé Abouba devrait, dans les prochaines heures, donné sa consigne de vote en faveur de l’ex-ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.