Mali-NOUHOUM SARR : « La transition passera, le Mali restera »

Qualifié de nouveau défenseur du gouvernement, le président du Front africain pour le développement (FAD) revient sur l’actualité politique et les perspectives

Après votre débat, samedi 20 février, sur une chaine nationale, plusieurs personnes vous accusent « d’avoir oublié le peuple » et d’être le « nouvel avocat du régime en place ». Qu’avez-vous à répondre ?

J’ai décidé de dédier ma carrière politique à la défense des intérêts immédiats et futurs de notre peuple. Tous les jours je cherche à faire en sorte que le peuple malien soit au cœur des préoccupations des autorités, en atteste mon intervention devant le Premier ministre relatif à la réhabilitation de nos hôpitaux. La vérité c’est que notre pays a été déstructuré pendant plusieurs décennies, ce n’est pas en quelques mois qu’il se relèvera. Dans ce pays on sait qui est qui. Il est de notoriété publique que mes prises de position n’obéissent qu’a un double critère : mes convictions et les intérêts de notre peuple

Lors de son meeting du dimanche dernier, le M5-RFP a déclaré poser « le premier jalon de l’entreprise de rectification de la transition ». Y a-t-il une crainte que le M5 sape les efforts du Gouvernement de transition ?

Je n’aime pas parler du M5 version reconstituée car il y a au moins 3 personnalités que je respecte. On rectifie une trajectoire qu’on connaît. Le cap de la trajectoire de la transition a été fixé à l’occasion de la présentation du Plan d’Action du Gouvernement et nous attendons de juger le gouvernement aux actes. Nous lui accordons le bénéfice du doute. Quand on réduit la politique à des questions de personnes ça devient dangereux. Ceux qui réclament la refondation sont ceux qui sont les auteurs de la faillite morale de notre pays. Ils font partie intégrante du problème, donc sont très loin des solutions. Le moment est venu de rassembler les énergies positives autour de notre pays au-delà des clivages et des clichés, la transition passera, le Mali restera.

En novembre dernier, vous avez rencontré Hama Amadou à Niamey. Quel en était le but ?

J’étais en visite privée à Niamey au Niger et j’ai jugé utile de rencontrer le Président Hama Amadou qui est incontestablement une des plus grandes figures politiques de l’Afrique contemporaine. Échanger avec lui est toujours bénéfique, il maîtrise bien les questions sécuritaires dans le Sahel.

Bientôt ce seront les futures échéances électorales. Quelles sont les perspectives du FAD ?

Notre engagement pour le Mali va au-delà des contingences électoralistes, c’est un engagement de tous les jours pour remettre notre pays au travail et ramener la paix et la concorde nationale. Notre parti prendra part aux élections à venir et nous jouerons pleinement notre partition.

Boubacar Diallo

Nouhoum Sarr « Les politiciens de la vieille génération ont manipulé la jeunesse »

 

Créé en 2010 pour réunir les jeunes en vue de relever les multiples défis auxquels ils sont confrontés, le Front africain pour le développement (FAD) est aujourd’hui sur tous les fronts. En témoigne sa réaction après la tuerie de Gao suite à la marche du 12 juillet dernier.

Dirigé par un jeune de 30 ans, le Front africain pour le développement est membre de l’Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise (ADPS), mouvement de l’opposition. Juriste d’affaires, celui qui fut le directeur adjoint de campagne du Docteur Zoumana Sacko lors de l’élection présidentielle de 2013, félicite la jeunesse de Gao pour sa mobilisation significative contre la mise en place des autorités intérimaires. « Notre parti a exprimé, à travers une déclaration, sa profonde indignation face aux tirs à balles réelles contre des citoyens exprimant leur droit constitutionnel à marcher pacifiquement et exigé que les responsables soient traduits devant la justice », explique Nouhoum Sarr. Pour lui, la situation survenue dans la grande ville du nord n’est que la conséquence directe de l’accord signé par le gouvernement malien le 15 mai 2015. « La tuerie de Gao est révélatrice d’une volonté manifeste de passer en force à l’application d’un accord dépourvu de toute légitimité et programmant de façon cynique la partition du Mali », ajoute-t-il.

Nouvelle génération S’il n’est pas membre de l’opposition dirigée par l’honorable Soumaïla Cissé, le FAD se positionne néanmoins comme opposant et considère que les tenants du pouvoir, après 20 ans de gestion, ne sont plus fidèles aux idéaux qui ont prévalu en mars 1991. « À défaut de pouvoir infléchir la politique de l’État dans la direction du changement souhaité par le peuple malien, il ne fallait pas être complices de ceux qui veulent faire du neuf avec de l’ancien », indique M. Sarr. Pour le FAD, la jeunesse malienne a beaucoup souffert d’être manipulée par des « politiciens de la vieille génération » qui n’ont plus la solution dans un monde en perpétuel changement, d’où « notre soutien à la jeunesse de Gao qui va au-delà des contingences politiques », explique t-il. Créé et dirigé par des jeunes, le FAD compte jouer dans la cour des grands en prenant activement part aux élections communales et régionales à venir, dans les six communes de Bamako, à Kayes, Koulikoro, Ségou et Gao, avec la candidature de jeunes épris de justice et de progrès.