Olivier Dubois : « Impossible de leur échapper »

La liberté n’a pas de prix. Olivier Dubois savoure cette assertion. Libéré le 20 mars dernier, après 711 jours de captivité passés aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, il renoue depuis avec les siens. Dans cette longue interview, le journaliste, ancien collaborateur du Journal du Mali qui se décrit comme une tête chercheuse en mouvement, répond à nos questions sur ses conditions de détention et ses perspectives.

Pouvez-vous revenir sur votre enlèvement, le 8 avril 2021. Comment cela s’est-il passé ?

Le 8 avril 2021, je prends un avion Sky Mali pour Gao. J’arrive sur les coups de 11h. Souleymane, mon contact, est là pour m’accueillir et m’emmène à l’hôtel Askia. Nous allons passer deux heures là-bas, puis il va aller chercher à manger. Moi, je prépare mes questions. Je dois interviewer un cadre du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Mais une demi-heure avant de partir, Souleymane (un infirmier qui était en lien avec un terroriste) reçoit un coup de fil et me dit : « écoute, je devais venir avec toi initialement, mais ils ne veulent plus que je vienne, tu dois y aller seul ». J’avoue qu’à ce moment-là je suis désemparé. J’ai envie de tout annuler parce que ce n’est pas ce qui était prévu. Ça ne devait pas se passer comme ça. Je redemande à Souleymane si avec cette nouvelle situation je peux leur faire confiance, s’il faut annuler ou pas. Il me dit non ça va, il est sûr qu’il n’y aura pas de problème. De toute façon, le cadre que je dois voir a le diabète et doit recevoir une piqûre pour cela directement après notre entretien, ajoute-t-il.

Il dit qu’il doute vraiment qu’il puisse m’arriver quelque chose. Donc on part dans sa voiture, je pense en périphérie de Gao, où on doit avoir cette rencontre avec les moudjahidines. Ils arrivent dans un pick-up couleur sable à notre niveau. Je me souviens d’avoir ouvert la portière, de m’être tourné vers Souleymane, de lui avoir dit « tu es mon dernier filet de sécurité ». Je sors et me dirige vers le pick-up. Je monte à l’intérieur et nous partons. On va rouler avec les moudjahidines, dont trois derrière, armés. On va rouler 5 voire 10 minutes puis on va croiser un autre pick-up de la même couleur, avec des personnes à l’intérieur qui ressemblent vraiment à celles avec lesquelles je suis.

Moi, je suis concentré sur mes questions, sur cette interview. On me dira un jour après que nous avons été pris en chasse par le pick-up que nous avons croisé et que des coups de feu ont été échangés. Moi je n’ai rien entendu personnellement. Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment l’un des hommes à l’arrière a tapé sur la voiture pour dire au chauffeur d’accélérer. Pendant quatre heures, nous allons rouler tambour battant jusqu’à la région de Kidal. Une fois là-bas, je suis avisé que je suis maintenant leur otage. La longue période qui va durer presque 2 ans commence à ce moment-là.

Qu’avez-vous ressenti les premières heures après votre enlèvement ?

Je me souviens d’avoir été traversé par plusieurs sentiments. Premièrement un sentiment d’injustice, parce que j’avais préparé l’interview, j’avais eu leur accord, j’avais  eu une lettre d’invitation et je me retrouvais kidnappé. J’ai donc ressenti un fort sentiment d’injustice, puis ensuite un sentiment un peu étrange, comme si j’étais abasourdi. Cela mêlé à de la peur. Je me dis qu’est-ce qu’il va se passer maintenant? Dans deux jours, je suis censé prendre l’avion de Gao pour revenir à Bamako. Je comprends à ce moment-là que je ne serais pas dans cet avion. Donc comment réagiront mes proches, ma famille? Même si à ce moment-là, je me dis que les choses vont s’arranger, que c’est juste que cette katiba n’est pas au courant que je devais interviewer un cadre. Donc j’ai des sentiments ambivalents, confus, qui font que durant cette première nuit de captivité je ne dormirai pas du tout.

Vous avez déclaré ne pas avoir été maltraité. Ce traitement vous a-t-il surpris ?

Globalement, je n’ai pas été maltraité. Je n’avais pas un harassement quotidien physique ou des choses comme ça. Il y a eu des épisodes difficiles, mais est-ce que j’étais surpris? Je dirais non. Non, pas vraiment, parce que vous comprenez aussi que quand vous êtes avec eux, ils suivent le Coran, et le Coran est clair en ce qui concerne les prisonniers. Pour eux, si vous ne causez pas de problèmes, il y a pas de raisons qu’ils vous en causent. Maintenant, si vous en causez, là il peut se passer des choses difficiles. Mais j’aimerais ajouter aussi que c’est surtout une affaire d’hommes, dans le sens où ça dépend des moudjahidines que vous avez avec vous. Je suis tombé sur des moudjahidines qui pouvaient être mauvais, sur d’autres qui étaient indifférents, sur d’autres qui étaient respectueux. Ça dépend vraiment de cela. Mais oui, globalement, je peux dire qu’il n’y a pas eu de maltraitance et je pense que c’est premièrement parce que ce sont des musulmans et deuxièmement parce que vous avez aussi pour eux une certaine valeur. Leur but c’est quand même de tirer quelque chose de vous. Comme je disais à mon partenaire, le Sud-Africain Gerco Van Deventer (Enlevé en 2017) qui était avec moi en détention, nous avons une marge. Vous êtes un infidèle pour eux, c’est entendu, mais vous êtes aussi un prisonnier, un investissement. Vous êtes quelqu’un dont ils veulent tirer quelque chose et cela vous donne une marge, qui n’est pas grande, qui n’est pas confortable, mais si vous savez jouer avec cette marge vous pouvez globalement traverser cette page de captivité avec moins de difficultés.

Mais vous étiez tout de même enchainé…

Oui, tout à fait, vous êtes enchainé parce que vous êtes prisonnier. Durant mes presque deux années de captivité, j’étais enchainé tous les jours. À un moment beaucoup plus que d’habitude. On va dire qu’entre le 8 juillet 2021 et le 2 février 2022 j’étais enchainé nuit et jour, que ce soit à un arbre, une grande jante de camion. Vous êtes enchainé, ça c’est clair. Et ils le justifient par le fait que de toute façon vous êtes un prisonnier et que vous pouvez potentiellement vous évader. Donc par sécurité, surtout la nuit, vous devez être enchaîné. Après, si vous vous comportez mal, comme ça m’est arrivé, vous êtes enchainé nuit et jour. Moi j’étais enchainé principalement aux jambes. Ils ont des niveaux d’enchainement. J’ai vu d’autres prisonniers qui étaient enchainés du cou au poignet, autour de la taille et après aux jambes. Un peu comme les prisonniers qu’on pouvait voir à Guantanamo (Prison militaire américaine à Cuba).

Vous avez fait trois tentatives d’évasion qui ont toutes échoué. Après la dernière, avez-vous perdu espoir ?

Sur les tentatives d’évasion, les deux premières ont été annulées de mon fait. C’est à dire que je quittais le camp, je faisais quelques kilomètres et, pour différentes raisons, je revenais. La plupart du temps, c’était par manque d’eau ou encore parce que j’avais mal jugé le terrain. Pour la troisième tentative, je pars dans la nuit et ils me récupèrent vers midi le lendemain. Ça m’a porté un coup le fait de me faire attraper. Et ce désir de m’échapper va vraiment s’éteindre en décembre 2021. J’étais détenu dans une sorte de prison à ciel ouvert et puis il y a ces deux jeunes Touaregs qui vont s’évader, comme je l’ai fait, et qui vont être récupérés le lendemain. Ils sont ramenés enchaînés. Et là je me suis dit que ce n’était pas possible. Moi j’ai tenté, j’ai raté, et eux qui connaissent le terrain ont raté aussi. On ne peut pas leur échapper, me suis-je dit. C’est quasiment impossible de leur échapper.  Et là je dois penser à une autre stratégie, parce que je me dis à ce moment-là que l’évasion n’est pas la solution.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris à la radio le départ de la Force Barkhane du Mali ?

Je me dis que je suis laissé seul. Ça va être très compliqué pour moi d’être libéré, et là, oui, j’ai quand même eu une perte d’espoir. Mais après il faut savoir que dans cette situation-là l’espoir, c’est quand même quelque chose qui vous maintient et il est très important de trouver d’autres voies pour raviver cet espoir. Mais je dois avouer que sur le coup, quand j’ai su à la radio que la France se retirait du Mali, ça m’a touché. J’ai commencé à douter d’une libération prochaine et je me dis que le temps allait être long.

Étiez-vous tenu au courant des négociations en cours pour votre libération ?

Durant ma captivité, j’ai eu très peu d’informations concernant une négociation entre le GSIM et la France. Les moudjahidines vous gardent dans le flou. Ils ne vont pas vous mettre au courant étape par étape de ce qui se passe. Seul moment où je comprends qu’il y a des négociations, c’est en novembre 2021. Parce qu’ils viennent me voir pour tourner une vidéo preuve de vie. On me dit qu’ils sont en train de discuter avec les français et que ces derniers demandent cette vidéo. Mais je n’étais pas tenu au courant de ce qui se passait.

Vous êtes journaliste et vous étiez à l’intérieur du groupe. Des dispositions particulières ont-elles été prises pour que vous n’ayez pas accès à des informations sensibles ?

Je ne sais pas si ce sont des dispositions, je dirai plutôt des précautions, mais ils savaient que j’étais journaliste. Durant le premier mois de ma captivité, par exemple, le groupe qui me surveillait, composé de 5 jeunes, avait ordre de ne pas discuter avec moi, de ne pas répondre à mes questions. Pendant une bonne partie de la première année, c’était difficile pour moi d’obtenir des stylos et du papier pour écrire quoi que ce soit. Ils n’aiment pas vous voir écrire. Donc oui, je pense que mon statut de journaliste pouvait poser des problèmes et en même temps ça m’a permis d’établir quelque chose avec eux. Ils ont compris que je voulais comprendre, ils ont compris que je voulais faire comprendre aux autres qui ils sont et ce qu’ils font. Cela a pris du temps, mais, pour répondre à la question, la majeure partie de cette détention s’est faite dans une relative méfiance par rapport à mon statut de journaliste.

Durant votre captivité, vos ravisseurs ont-ils essayé de vous convertir ?

Oui, bien sûr, ils ont essayé de me convertir. Mais je crois que c’est l’un des buts des moudjahidines quand vous êtes leur prisonnier. J’ai demandé à partir de novembre 2021 à lire le Coran et cela a accéléré cet état de fait. J’ai eu beaucoup de débats, beaucoup de discussions. On venait me voir pour me parler de l’Islam, m’encourager et me convaincre de devenir musulman.

Cela a-t-il marché ?

Non, je ne me suis pas converti. Ils n’ont pas réussi à me convertir.

Avez-vous pu communiquer avec eux, créer des liens ?

C’était l’un de mes buts. Je suis à l’intérieur, je me suis résigné à ma condition de prisonnier. Je me dis Olivier tu es journaliste, tu es à l’intérieur, tente de comprendre ce qui se passe, observe, parle, essaie de ramener un maximum d’informations. Pour cela, il faut créer des liens. Il y a la barrière de la langue évidemment : la plupart d’entre eux ne parlent que tamasheq et arabe. Certains parlent français, mais c’est quand même difficile. Donc j’ai essayé d’établir des liens, de discuter avec eux, ça n’a pas été facile. La lecture du Coran à aider un petit peu à briser la glace. Oui, des liens ont pu être créés malgré ces différentes barrières, le fait que je ne sois qu’un infidèle, le fait que je ne parle pas forcément la langue et le fait que je sois journaliste.

Vous les appelez moudjahidines, pourquoi ?

Ils détestent qu’on les appelle des terroristes. Ils ne se considèrent pas comme des terroristes et j’utilise le terme moudjahidines parce que c’est le terme qu’ils utilisent et qui est peut-être le plus fidèle à ce qu’ils sont. C’est l’habitude que j’ai eu ces deux dernières années et c’est vrai qu’au lieu de mettre djihadistes, quoique djihadistes soit plus précis, plus vrai, je les appelle plutôt moudjahidines.

Certains otages développent un syndrome de Stockholm avec leurs ravisseurs. Cela a-t-il été votre cas ?

C’est difficile de répondre à cette question, compliqué de faire une sorte d’auto diagnostic psychologique. Mais bon, si on reprend ce qui est le syndrome de Stockholm, en gros partager après un certain temps les points de vue de ses ravisseurs et éprouver une sorte de sympathie, voire d’affection, pour eux, ce n’est pas mon cas. Ce qui m’a fait résister et aider à traverser ces presque deux années, c’est justement quelque part en m’appuyant sur moi-même, en développant un programme qui me renforçait  mentalement et physiquement, en faisant appel à des choses que j’aimais, que je savais faire et qui me faisaient du bien. Donc je n’étais pas vraiment sur leur tempo. Et puis j’ai continué à être un journaliste quand j’étais à l’intérieur. L’idée n’était pas de partager leur point de vue, mais d’interroger leur vision. Ça m’a préservé de ça. Après, c’est une question de temps. Deux ans c’est beaucoup, mais est-ce qu’on développe un syndrome de Stockholm en deux ans, je ne sais pas. J’étais par exemple avec un Sud-Africain (Gerco Van Deventer) qui lui était depuis plus de cinq ans leur otage. Lui pourrait répondre à cette question mieux que moi. Mais voilà, j’ai mis des garde-fous pour justement me préserver de ça et je pense que ça a marché.

Votre libération a été un regain d’espoir pour la famille de ce Sud-Africain, qui a depuis lancé un nouvel appel à sa libération…

Alors oui, j’ai entendu et vu cet appel, qui a été lancé par sa femme. Je l’ai rencontrée pour lui donner des informations. J’ai passé plus d’un an et demi avec lui. Et je continue de mon côté à travailler à sa libération. Nous nous étions promis cela, d’ailleurs. Celui qui sortait en premier devait aider l’autre. Du moins joindre la famille de l’autre et lui donner des nouvelles. Je pense que quelque part ça a dû motiver sa famille à faire ce message. Maintenant je pense qu’elle est mobilisée sur son cas depuis un certain temps. Moi, ce que je peux apporter maintenant ce sont des informations par rapport à ce qu’on a vécu ces deux dernières années et peut-être les aiguiller un petit peu. J’espère que mes contributions pourront les aider.

Vous avez été déplacé de nombreuses fois. Avez-vous une idée du lieu où vous étiez retenu en captivité ?

Nous avons été déplacés de nombreuses fois et, quand vous êtes en captivité, à un moment vous commencez petit à petit à essayer de savoir où vous êtes. Dans quelle direction vous allez. Vous suivez le soleil, si vous avez une montre, vous commencez à calculer les distances par rapport au temps, donc j’ai une idée de là où j’étais détenu. J’ai la certitude que je suis resté dans la région de Kidal lors de mes presque deux ans de captivité.

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de votre libération ?

Je dirais d’abord qu’il y a la joie, bien évidemment, d’être libéré. Après, vous êtes déboussolé, parce qu’il faut savoir que les cinq derniers jours vous passez par différentes émotions. Vous êtes excité par la possibilité de cette liberté, elle semble toute proche. En même temps vous avez passé deux ans en captivité, vous avez des réflexes, vous avez une adaptation, vous avez une façon de vivre, vous vous êtes habitué à ça. Donc ça ne s’arrête pas du jour au lendemain. Moi, je me suis senti libre au moment où je suis sorti du véhicule des moudjahidines et que j’ai vu au loin deux militaires français, je me suis dit ça y est, c’est fait. Et puis après tout va très vite, vous prenez l’avion, vous arrivez sur Niamey et puis vous revoyez une ville, plein de monde, des journalistes, des flashes et des caméras. Vous êtes déboussolé. Je dirais heureux, déboussolé et très fatigué.

Aujourd’hui, libre, que ressentez-vous, qu’allez-vous faire ?

Ma priorité au jour d’aujourd’hui, c’est prendre du repos, de me reconnecter avec ma famille et puis petit à petit de tourner la page de ces deux dernières années. Après on verra. Il faut aller de l’avant. Il n’y a rien de déterminé pour le moment. Il y a des possibilités, on verra, mais ce n’est pas ma priorité pour l’instant.

Savez-vous dans quelles conditions vous avez été libéré ?

Non, je n’en sais pas plus que vous. Quand j’étais là-bas, on ne m’a pas informé des contreparties de ma libération. Ce qu’on m’a dit lorsque j’ai été libéré, c’est que l’un des grands acteurs sont les autorités nigériennes, qui ont vraiment permis cette libération. Après, quelles sont les conditions de cette libération, qu’est ce qui a été donné aux moudjahidines? Je n’en sais rien. Nous ne le saurons peut-être jamais.

Le Premier ministre de transition Choguel Kokala Maïga a assuré que le Mali avait joué un rôle…

Oui, j’ai entendu la déclaration du Premier ministre Choguel Kokala Maïga. Moi, personnellement, je ne connais pas tous les acteurs qui ont participé à ma libération. Ce que je sais, c’est que durant les premiers mois de ma captivité le Mali a joué un rôle. En tout cas, il y aurait eu des contacts avec mes ravisseurs pour tenter de négocier, de faire quelque chose. Après, ce que ça a donné, est-ce que ça a continué jusqu’au bout, je ne sais pas? Mais j’étais détenu en territoire malien, dans la région de Kidal, donc il ne me semble pas non plus impossible de penser que le Mali a joué un rôle dans ma libération, je ne sais pas dans quelle proportion.

Vous avez un lien particulier avec le Mali, comptez-vous y retourner vous installer ?

Le Mali, c’est quelque chose d’important pour moi. Parce que ce sont six ans de vie professionnelle, six ans de vie familiale à Bamako. On reste souvent rarement autant de temps dans un pays que l’on n’aime pas. Je dirais que les deux dernières années de captivité n’ont pas altéré cela. J’aime le Mali, je m’y sentais bien avec ma famille. Maintenant, est-ce que je vais y retourner pour m’y installer? C’est trop tôt pour le dire. J’ai été libéré il y environ une quinzaine de jours. Je suis maintenant en France, j’ai besoin de repos, j’ai besoin de me reconnecter puis j’ai besoin après de planifier mon futur. Moi je suis journaliste et travailler comme journaliste étranger au Mali est devenu un peu compliqué. C’est un pays que j’aime beaucoup, bien qu’il me soit arrivé ce qui m’est arrivé. C’est un peu trop tôt pour répondre à cette question, pour moi en tout cas, mais il est clair que oui, c’est quelque chose à quoi je devrai songer prochainement.

Olivier Dubois : le journaliste libéré après près de deux années de captivité

Le journaliste français Olivier Dubois, ancien collaborateur du Journal du Mali a été libéré ce 20 mars après 711 jours de captivité. Il avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao par le groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghlay. Nous n’avons encore que peu d’informations sur sa libération, mais Olivier Dubois a été libéré en même temps qu’un Américain Jeffery Woodke qui avait été enlevé au Niger en 2016. Sur des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, on aperçoit les deux ex-otages à l’aéroport de Niamey. Pour sa première prise de parole, Olivier Dubois a remercié le Niger, la France ainsi qu’RFI qui lui a permis de garder contact avec les siens durant sa captivité. Le Niger aurait joué un grand rôle dans les libérations. Le Français et l’Américain ont été remis aux autorités nigériennes qui les a ensuite remis aux autorités francaises et américaines. L’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté a remercié les autorités nigériennes pour avoir « activement contribué à ce dénouement heureux ». Olivier Dubois devrait arriver en France demain mardi.

Olivier Dubois : 22 mois de captivité

Cela fait 22 mois soit 669 jours que le journaliste Olivier DUBOIS, ancien collaborateur du Journal du Mali est retenu en otage par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à Al-Qaïda. Il a été enlevé à Gao dans le nord du pays le 8 avril 2021. La dernière apparition d’Olivier Dubois remonte au 13 mars 2022 sur les réseaux sociaux, sans précision de la date à laquelle les images avaient été tournées. Olivier Dubois, père de deux enfants est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Le Parquet national antiterroriste français (PNAT) avait ouvert une enquête préliminaire pour « enlèvement en bande organisée » et « en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations ont été confiées à des juges d’instruction le 3 octobre, a fait savoir une source judiciaire, mardi 10 janvier.

 

Olivier Dubois : 20 mois de captivité

Aujourd’hui, jeudi 8 décembre 2022, cela fait vingt mois que le journaliste français, Olivier Dubois, est retenu par un groupe terroriste après avoir été enlevé à Gao le 8 avril 2021. Depuis son enlèvement il y a 609 jours, Olivier Dubois est apparu dans deux vidéos diffusées par ses ravisseurs, dans lesquelles il explique lui-même être détenu par le Jnim. Les autorités maliennes et françaises ont indiqué à plusieurs reprises être pleinement mobilisées pour sa libération, tout en rappelant la nécessité d’une grande discrétion sur les actions pouvant être entreprises. Pour les 18 mois de son enlèvement, le 8 octobre, quarante rédacteurs en chef des principaux médias français ont signé un appel à ne pas l’oublier, ont demandé aux autorités françaises de poursuivre et surtout d’intensifier leurs efforts pour le libérer. D’autres journalistes sont également retenus en otage depuis plusieurs mois, notamment Moussa Dicko et Hamadoun Nialibouly dont les familles n’ont plus de nouvelles.

 

 

Olivier Dubois : 17 mois de captivité

Ce jeudi 08 septembre 2022, marque le 17ème mois de captivité du journaliste français Olivier Dubois, ancien collaborateur du Journal du Mali. Enlevé le 8 avril 2021 alors qu’il était en reportage à Gao par le groupe terroriste JNILM, deux preuves de vie ont été diffusées depuis par vidéo, le 5 mai 2021 dans laquelle, il confirmait lui-même son enlèvement et le 13 mars 2022. Il est à ce jour le seul otage français recensé dans le monde.  Le 20 août dernier, à l’occasion du 500ème jour de sa captivité, une vidéo rassemblant plusieurs personnalités du monde des médias, des proches ou encore d’anciens otages a été diffusée en soutien au journaliste. 

Olivier Dubois : 6 mois de captivité

8 avril 2021- 8 octobre 2021. Cela fait 6 mois jour pour jour qu’Olivier Dubois, journaliste français, ancien collaborateur de Journal du Mali, a été enlevé à Gao par un  groupe djihadiste.

Pour marquer cette date, le comité de soutien à Olivier Dubois a organisé à la Maison de la presse une masterclass autour de six journalistes pour évoquer « un métier d’engagement ».

Le doyen Diomansi Bomboté, Maciré Diop, journaliste-reporter presse écrite, Mahamadou Touré de Studio Tamani, la correspondante de France 24 au Mali, Anne-Fleur Lespiaud, le photographe Nicolas Réméné, et Abdoulaye Guindo de la plateforme Benbere, ont successivement partagé leurs expériences pratiques du métier avec le public essentiellement composé de jeunes étudiants en journalisme.

Parralèlement, en France, à l’initiative de Reporters sans frontières, 12 grandes villes, en plus du 10è arrondissement de Paris, porteront à 13 le nombre de mairies qui déploient une banderole de soutien à la libération d’Olivier Dubois sur leur façade à partir de ce 8 octobre. Il s’agit de Paris, Bayeux, Fort-de-France d’où est originaire la famille du journaliste, Marseille, Nantes puis Lyon, Nice, Bordeaux, Pau, Montpellier, Rennes, La Rochelle et Reims.

Dans l’espoir d’une libération prochaine

Déborah Al Hawi Al Masri, la compagne d’Olivier, avec qui il a deux enfants de 13 et 5 ans, reste confiante et ne doute « pas un seul jour » de le revoir.

«C’est très dur. Nous à la maison, nous sommes passés de la vie avec un super papa à la vie sans papa. On n’était pas préparé mais on reste unis, soudés et forts, parce qu’on l’aime et il compte sur nous pour qu’on puisse tenir et c’est cela notre motivation, tenir pour lui jusqu’à son retour pour reprendre tous ensemble une vie normale », confie-t-elle.

Les Etats malien et français engagés dans sa libération travaillent dans la discrétion. Une  discrétion que Déborah comprend et respecte mais qui lui est « douloureuse » parce que « c’est difficile de se lever chaque jour sans avoir une seule nouvelle de lui. C’est cela qui est le plus dur pour lui et pour nous, de ne pas avoir de contacts ». Pour autant, elle n’abandonne pas l’espoir d’une libération prochaine.

Pour rappel, dans une vidéo de 21 secondes diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit du 4 au 5 mai Olivier Dubois, qui s’était rendu à Gao début avril, confirmait son enlèvement par le GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans) et demandait à sa famille, ses amis, et aux autorités françaises de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour le faire libérer.

Hamadoun Nialibouly – Moussa Dicko : Portés disparus

La liberté de la presse est une quête permanente, soumise au Mali à de nombreuses menaces. Insécurité, accès difficile à l’information ou encore intimidations, les défis sont nombreux et l’exercice de la profession de plus en plus compliqué. Une liberté de la presse menacée également par les enlèvements et les détentions arbitraires. Nous avons choisi, au travers d’exemples concrets et récents, de mettre en exergue tous les écueils voire dangers auxquels font face les journalistes dans leur mission d’informer. 
Hamadoun Nialibouly et Moussa Dicko ont en commun d’être des journalistes locaux du centre du Mali et d’avoir été tous deux enlevés en 2020 et 2021. Très probablement à cause de l’exercice de leur profession.
 
En septembre 2020, vers Somadougou, dans la région de Mopti, Hamadoun Nialibouly rentre d’une session de formation organisée par l’URTEL et CFI. Du car qui le ramène de Bamako on le fait descendre, sous le prétexte qu’il aurait participé à une attaque récente contre une communauté locale. Un argument totalement fallacieux, explique M. Mamoudou Bocoum, puisque Nialibouly participait à la formation aux dates indiquées comme étant celles de l’attaque, renchérit le Coordinateur local de l’URTEL pour la région de Mopti.
Lorsque l’on se rend compte qu’il n’est pas arrivé à destination, des investigations sont menées et des discussions sont entamées avec « un intermédiaire». Les échanges dureront environ 3 mois. Puis plus rien, avant que d’autres contacts n’aient lieu avec un autre homme qui s’avérera simplement être « un escroc ». Après avoir encaissé la somme de 300 000 francs CFA pour « assurer l’escorte », il ne donnera plus signe de vie. Puis vient une troisième tentative. Mais, alors que les proches lui demandent une preuve de vie, le contact ne répond plus.
Les proches et les collaborateurs du journaliste sont donc sans nouvelles de lui depuis le mois de janvier 2021. Une situation angoissante, où la peur fait place souvent à la résignation.
Moussa Dicko
Communiquer ou pas ? Dans ces situations délicates, c’est souvent à un dilemme auquel doivent faire face les proches et collaborateurs des journalistes. Chaque cas est différent, mais dans les premiers jours, le choix est souvent fait de ne pas communiquer, explique le Président de la Maison de la Presse, M. Bandiougou Danté. Un choix assumé, pour « ne pas heurter certaines sensibilités » et surtout ne pas mettre en danger la vie de ceux qui sont retenus en otages. « Lorsque les gens vivent dans un tel environnement, même ceux qui sont chargés de relayer l’information doivent faire énormément attention, pour ne pas exposer la vie des autres ».  Et quand il s’agit de zones qui échappent à toute autorité étatique, c’est même une question de responsabilité, ce qui exige énormément de prudence, poursuit-il.
C’est donc vers les forces de sécurité et de renseignement internationales et nationales que se tournent les responsables d’associations de défense des journalistes. Comme c’est souvent le cas dans ce genre de situations, elles ont entrepris d’entrer en contact avec des « chefs locaux» et exploré la possibilité de  passer par certains canaux « sociaux » pour obtenir les libérations. Des pistes ont indiqué un moment que le journaliste était « avec »
un groupuscule armé et qu’il ne risquait rien. Mais, ensuite, « on a perdu toute trace». Fallait-il alors encore garder le silence ? Non, assurément. Il fallait donc porter les faits à la connaissance du public et susciter une large mobilisation dans l’objectif d’une issue heureuse.
Le 18 avril 2021, une autre nouvelle vient assombrir un tableau déjà peu reluisant. Moussa Dicko, Directeur des programme de la radio « La voix de Haïré »
a été enlevé chez lui à Douentza. Des informations contradictoires et l’absence de revendication ajoutent aux difficultés dans les cas similaires. Ni sa famille ni ses proches n’ont plus eu de nouvelles de lui depuis. Selon certaines analyses, les journalistes qui effectuent des allers-retours entre Bamako et les zones concernées deviennent des cibles. Les hommes armés qui y sévissent les soupçonnant de les espionner pour le compte de l’armée malienne ou de forces étrangères. Les cas de Nialibouly et de Dicko sont similaires en ce point : tous les deux avaient séjourné à Bamako peu avant leur enlèvement.
Si l’autocensure est souvent privilégiée pour continuer à exercer, les professionnels reconnaissent travailler « sans liberté »,
y compris celle de se déplacer, qui est largement compromise. Dans certaines régions du Mali, où ne se hasardent plus les journalistes de la capitale, la presse locale est le seul recours pour informer les populations. Elle est devenue la cible privilégiée de ceux qui ont décidé de la réduire au silence ou d’en faire une monnaie d’échange. Il ne reste donc plus aux journalistes que de faire de la « résistance » en attendant le bout du tunnel.
Fatoumata Maguiraga 
Cet article a été publié dans Journal du Mali l’Hebdo n°318 du 13 au 19 mai 2021 

Mali – Olivier Dubois : Le symbole d’une presse privée de liberté

La liberté de la presse est une quête permanente, soumise au Mali à de nombreuses menaces. Insécurité, accès difficile à l’information ou encore intimidations, les défis sont nombreux et l’exercice de la profession de plus en plus compliqué. Une liberté de la presse menacée également par les enlèvements et les détentions arbitraires. Nous avons choisi, au travers d’exemples concrets et récents, de mettre en exergue tous les écueils voire dangers auxquels font face les journalistes dans leur mission d’informer.
Une nouvelle stupéfiante pour ses confrères et le grand public, qui n’étaient pas encore dans le secret. Mais l’inquiétude était bien réelle dès les 48 heures qui ont suivi sa disparition le 8 avril. Cependant, pour ne pas compromettre une «éventuelle issue positive rapide », Reporter sans frontières, « en concertation avec les rédactions qui l’emploient habituellement », avait pris la décision de ne pas la rendre publique, a expliqué le 5 mai Christophe Deloire, directeur général de l’organisation.
Reporters sans Frontières a aussi demandé aux « autorités maliennes et françaises de tout mettre en œuvre pour obtenir sa libération ». L’enlèvement du journaliste rappelle douloureusement combien il est devenu difficile de travailler dans un contexte caractérisé depuis des années par une situation d’insécurité générale qui sévit également en dehors des frontières du Mali, dans toute la zone du Sahel. Le 26 avril 2021, la mort de deux journalistes espagnols, tués alors qu’ils étaient en reportage au Burkina Faso, avait également choqué l’opinion.
Ce terrain favorable à toutes sortes d’entraves à l’exercice de la liberté de la presse inquiète les professionnels des médias. Olivier Dubois, enlevé alors qu’il était en reportage, connait bien le Mali pour y vivre et y exercer son métier depuis plus de cinq ans. Il a d’ailleurs travaillé au Journal du Mali de 2015 à 2017. Il s’intéresse principalement aux questions sécuritaires et politiques. C’est avant tout un homme de terrain qui en rencontre directement les acteurs, une « tête chercheuse en mouvement » comme il se définit lui-même sur son compte Twitter. Mais le terrain est depuis quelques temps semé de nombreuses embûches et les journalistes, qui peuvent mobiliser derrière eux toute une corporation, sont devenus une denrée convoitée. Mais, au-delà, c’est partout au Mali que la quête de l’information est un risque que prennent chaque jour ceux dont la mission est d’informer.
« À longueur de journée nous recensons des cas de violations, de menaces, d’intimidations et d’enlèvements de journalistes »,
qui s’entendent dire par leurs ravisseurs qu’ils peuvent être enlevés sans témoins et qu’ils ont donc intérêt à « faire attention à ce qu’ils disent », explique M. Bandiougou Danté, le Président de la Maison de la Presse du Mali. Il n’est pas rare dans un tel contexte d’assister à des actes d’autocensure de la part de journalistes qui n’osent plus aborder certains sujets, ou de façon anonyme, ajoute M. Danté. À cette situation s’ajoute « la difficulté d’accéder à une simple information basique », relève Alexis Kalambry, Directeur de publication du bihebdomadaire Mali Tribune.
Lorsqu’elle a été rendue publique à la faveur de la vidéo publiée le 5 mai, la nouvelle de l’enlèvement du journaliste français a vite fait le tour des médias occidentaux, suscitant une vague de réactions et d’émotion. C’est une mobilisation similaire que le Président de la Maison de la Presse souhaiterait voir se manifester pour les confrères maliens. Il se dit même choqué par cette absence de réaction de la part de ces médias pour les cas de disparitions et d’enlèvements pourtant signalés lors de la célébration de la Journée du 3 mai, avant la publication de la vidéo du journaliste français. Un comportement qui « n’encourage pas la confraternité », déplore-t-il.
Fatoumata Maguiraga
Cet article a été publié dans Journal du Mali l’Hebdo n°318 du 13 au 19 mai 2021