King Massassy : « Je définis mon travail comme l’Afrique de tous les jours »

Il est le seul Malien à l’honneur dans l’exposition In de la Biennale africaine de la photographie qui se tient actuellement à Bamako. Très éclectique, et après des succès dans le monde de la musique et de la comédie, King Fototala Massassy s’attaque à un nouveau défi. Entretien avec un artiste qui ne se fixe aucune limite.

Journal du Mali : Vous êtes très connu dans le monde du Hip-Hop et aujourd’hui on vous découvre photographe. Comment cela s’est-il fait ?

King Massassy : Je fais des photos depuis longtemps. Après mes tournées en Europe, j’achetais une voiture, je la conduisais jusqu’à Bamako et je prenais des photos que postais sur Internet. Un jour j’ai été contacté par Igo Diarra, de la galerie Médina, qui m’a dit qu’elles étaient belles. Il m’a ensuite envoyé vers une personne très expérimentée en la matière, Amadou Chab Touré. En 2015, j’ai été sélectionné pour l’expo « Focus on Mali », qui mettait en avant de jeunes photographes maliens. C’est comme ça que je me suis retrouvé dans la photo, et j’y ai pris plaisir. Un des premiers appareils photo que j’ai acheté était un jetable, c’était à Montgomery, aux États-Unis. Je venais de discuter avec Rosa Parks et j’ai eu envie d’immortaliser ce que je vivais. Mais je ne me considère comme un véritable photographe que depuis huit mois.

Artiste, auteur, comédien, photographe : comment arrivez-vous à concilier tout cela ?

Pour moi, lorsque l’on sait lire et écrire, nous devons nous donner des possibilités, parce que nul autre ne nous les donnera. Un de mes oncles me disait « Lassine, tu n’es pas talentueux. Tu as 2% de talents, tu dois passer tout le reste du pourcentage à ne pas te reposer sur tes lauriers. Il faut travailler, avoir envie. L’animateur de l’émission G21, Amadou Diop, me disait que l’on naît tous artistes, mais que chacun choisit sa voie. J’aime bien cela. La meilleure manière pour moi de concilier tout cela, c’est de travailler. J’ai plaisir à travailler. Après, selon moi, on arrive à se développer comme on le peut. Je crois que si j’ai une longue vie, d’autres choses viendront.

Quelles sont les particularités de vos œuvres ?

Je prends souvent les gens sur le vif, dans la rue. Je fais beaucoup de contre-plongée, car cela veut dire pour moi, agrandir le sujet. Les personnes que je prends en photo sont pour la plupart des marchands ambulants, ceux qui ne demandent et n’attendent rien de l’État, qui n’ont pas fait 20 ans d’études pour un jour se poser et se présenter comme jeune diplômé sans emploi. Ma façon de photographier ces travailleurs, c’est comme si je me prosternais face à certaines personnes qui se lèvent sans rien demander, qui se battent, qui ne sont pas là à attendre que cela tombe du Ciel. Je fais aussi de la mise en scène, pour montrer l’Afrique qui est là, qui est grande et qui n’est pas dans les médias. Je définis mon travail comme l’Afrique de tous les jours en studio.

Que représente cette Biennale pour vous ?

Une porte, une chance, je dirai même un don. Je ne m’attendais pas à être choisi parmi les photographes maliens, parce que je suis encore un nouveau photographe. Cette Biennale, c’est la boite de Pandore. Soit tu travailles et tu avances, soit tu as eu ta chance et tu te reposes sur le fait d’avoir tout juste été sélectionné et que le reste viendra du Ciel. Non, il ne faut rien attendre, il faut aller le chercher.

Le Mali a eu d’éminents photographes, leur travail vous inspire-il ?

Complètement. On parle de Malick Sidibé, de Seydou Kéita, mais aussi d’Akin Bode Akinbiyi du Nigeria. On ne part jamais de zéro, on s’inspire tout temps de quelque chose et ces personnes-là m’inspirent. Je résume un peu ma vision de la photo au fait que je prends dans le passé pour travailler le présent, dans lequel je suis, puis pour entrebâiller une porte vers un futur proche ou lointain. La photo est un art incroyable et l’un de mes plaisirs est de m’inspirer de tout le monde et de m’incruster au milieu de la porte laissée ouverte.

Samuel Sidibé : « La photographie n’est plus seulement un portrait »

La biennale de la photographie se tient, actuellement, à Bamako du 2 décembre au 31 janvier 2018. Le délégué général de cette manifestation, depuis 2009, Samuel Sidibé, s’est livré au Journal du Mali sur l’organisation technique de ces rencontres. 

Journal du Mali : Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette rencontre ? 

Samuel Sidibé : Les rencontres sont une plateforme qui permettent aux photographes africains du continent et de la diaspora de montrer leur travail. Vous savez, la photographie s’est développée vers une approche artistique. On est aujourd’hui dans une approche différente. Elle est une démarche artistique pour les photographes qui cherchent ainsi par la photographie exprimer leur vision du monde, leurs préoccupations. Depuis plusieurs années, en Afrique, on essaie de faire de la photographie un moyen d’expression artistique. La biennale, c’est offrir l’opportunité aux artistes africains, qu’on appelle plus simplement photographes, de montrer ce qu’ils savent faire. Je pense en ce sens que la biennale est aujourd’hui devenu quelque chose de vraiment important pour les photographes africains en terme de visibilité internationale.

Pourquoi organiser cette biennale au Mali ?

La biennale existe depuis 1994 et a toujours eu lieu au Mali. C’est un concours de circonstances. En 1992, l’idée de faire cette biennale a émergé en marge de l’exposition de Françoise Huguier à Bamako. Par un jeu de circonstances, le milieu international de la photographie re-découvrait à cette époque les illustres photographes maliens : Seydou Keita et Malick Sidibé. L’idée de faire cette grande rencontre de la photographie en Afrique est apparue à ce moment et Bamako était considéré comme l’espace naturel pour initier ces rencontres. 

Pouvez-vous nous parler de ce que cela représente ?

Les rencontres constituent un plan majeur pour le Mali, à l’international. Et le fait qu’il soit organisé au musée contribue à donner une plus grande visibilité au musée national tout d’abord. Traditionnellement, les musées s’intéressent au passé. Le fait de s’investir dans la création contemporaine et artistique permet au musée d’élargir son offre culturelle. En élargissant l’offre culturelle au public, on attire d’avantage de personnes, notamment les jeunes.

Qu’est ce que c’est que d’organiser cette rencontre internationale à Bamako ? 

Le point de départ, c’est d’abord pour nous de choisir un commissaire, capable de prendre la responsabilité scientifique et artistique du projet. Cette personne en la personne de Marie-Ann Yemsi pour cette édition nous a proposé une thématique qui est « Afrotopia » qui sera une sorte de réflexion sur les utopies africaines et sur comment l’Afrique peut à partir de ces propres valeurs, et de son potentiel s’interroger sur son avenir. A partir de cela, les photographes ont développé leur propre approche artistique. Nous avons reçu tout un ensemble de travaux de différentes natures qui montraient la façon dont les photographes réagissaient aux phénomènes divers dans la société tels que l’urbanisation, les questions politique et sociale, ou plus prosaïquement la relation entre les hommes.Après avoir rassemblé tout ce travail, on a mis en place un comité qui a sélectionné les propositions des photographes. Cette dernière sélection a permis de choisir 40 photographes qui seront à Bamako.

À quoi aura droit le public du 2 décembre au 31 janvier 2018 ?

Au musée national, il y aura une exposition panafricaine qui sera inaugurée dès le 2 décembre. Cette exposition fera l’objet d’une évaluation par un jury et des prix seront attribués à certains artistes dont le prix Seydou Keita financé à hauteur de 5000 euros par le ministère malien de la culture. Pour développer un nouveau public autour de la création artistique et permettre aux jeunes de développer une sensibilité artistique. 
Aussi du 2 au 5 décembre, a eu lieu la semaine professionnelle. Les rencontres sont certes une occasion parfaite pour rencontrer un lot important d’artistes. Toutefois, nous souhaitons que le travail artistique et celui intellectuel se rejoignent. Ainsi des intellectuels, des commissaires, des directeurs de musée, de galerie et tout un ensemble de gens des mondes de la culture de l’Afrique, de la France, de Brésil, de l’Espagne, de l’Angleterre seront présents pour organiser des débats, des masters class, des discussions autour de la photographie afin d’enrichir la biennale d’un débat intellectuel. Car, je le rappelle, la photographie est perçue, pour les photographes, comme un moyen d’expression. Les photographes réfléchissent sur les problèmes sociaux, et leur art est une forme d’écriture. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un clic de l’appareil. C’est toute une réflexion. La plupart des photographes tiennent un discours et veulent à travers leur photographie dire leur façon de penser le monde. On s’est demandé comment les photographes et les intellectuels peuvent se rencontrer pour partager leur vision sur la relation de la photographie avec le discours politique par exemple, ou la relation de la photographie avec les questions d’identité. 
Au musée du district, il y aura un regard de la photographie africaine des indépendances, particulièrement la joie de vivre illustrée par James Barnor. Il y aura ensuite une exposition à la galerie medina sur l’afro-futurisme, une réflexion sur l’Afrique future, et à l’institut français sur « La part de l’autre ». En marge, des montages-vidéos de la biennale seront projetés dans les espaces publics afin de toujours élargir le public. 

Biennale de la Photographie : clics sur Bamako

Le monde et l’Afrique de la Photographie se donnent rendez-vous dès ce 2 décembre à Bamako pour une rencontre devenue incontournable dans le calendrier artistique du continent. La Biennale de Photographie s’ouvre avec sa semaine professionnelle et elle promet pour les deux mois à venir.

« Afrotopia », c’est le thème des Rencontres de Bamako édition 2017, qui se tiendront du 2 décembre au 31 janvier prochains. « Ces Rencontres de Bamako sont une escapade heureuse de la situation que notre pays a connue », se réjouit N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la Culture du Mali. « Leur tenue est, à chaque fois, un défi organisationnel et surtout une jauge unique de la confiance des partenaires en notre pays. Ce partenariat est en premier lieu celui que nous avons avec nos illustres artistes invités », poursuit-elle.

Pour le Délégué général de la Biennale, non moins Directeur du Musée national du Mali, Samuel Sidibé, cet évènement est « une plateforme qui permet aux photographes africains du continent et de la diaspora de montrer leur travail. La photographie s’est développée vers une approche artistique, une approche différente. La photographie n’est plus seulement le portrait. Elle est une démarche artistique pour les photographes qui cherchent ainsi à exprimer leur vision du monde, leurs préoccupations ». « La photographie au centre des catalyseurs possibles de notre développement endogène. Par la culture, et ceci est une autre forte conviction des autorités du Mali, le développement économique est possible. Par la culture, le développement social s’impose », estime pour sa part la ministre de la Culture.

Les utopies africaines

Sous la direction de Marie-Ann Yemsi, Commissaire de cette 11ème édition, « Afrotopia » se veut une réflexion sur les utopies africaines et sur comment l’Afrique peut, à partir de ces propres valeurs et de son potentiel, s’interroger sur son avenir. De cette réflexion sont sorties les œuvres de la quarantaine de photographes, qui ont développé leur propre approche artistique, qui exposeront à Bamako. Elles portent sur des phénomènes divers dans la société tels que l’urbanisation, les questions politique et sociale, ou plus prosaïquement la relation entre les hommes. .

La Biennale existe depuis 1994 et a toujours eu lieu au Mali. La semaine professionnelle qui s’ouvre le 2 décembre est un espace permettant « que le travail artistique et le débat intellectuel se rejoignent », comme l’explique le Délégué général. Des intellectuels, des commissaires, des directeurs de musée, de galeries, tout un ensemble de gens des mondes de la culture d’Afrique, de France, du Brésil, d’Espagne, d’Angleterre, seront présents pour organiser des débats, des master classes, des discussions autour de la photographie, afin d’enrichir la Biennale d’un débat intellectuel.

Photographie : « 15 regards sur Bamako »

Une promenade à travers Bamako, la ville aux trois caïmans, c’est ce que propose cette exposition, fruit de la collaboration entre la coopération suisse, la Galerie Médina et le Musée national du Mali.

En réunissant des photos prises par 15 jeunes photographes, dont 4 femmes, cette exposition est l’occasion de présenter Bamako à travers des points de vue différents, sous ses différentes facettes : son architecture ou ses artisans entre autres. La capitale de la photographie africaine sera donc la star de cette exposition photo baptisée « 15 regards sur Bamako » et qui débute ce jeudi 16 février 2016 au Musée national.

À chacun son regard Sélectionnés à la suite d’un atelier organisé par la coopération suisse, la Galerie Médina et le Musée national, les jeunes exposants venus de divers horizons du Mali ont un point commun : la photographie comme mode d’expression. Si certains en ont hérité, d’autres ont été formés dans des écoles. Pour Seydou Camara, « la photographie est un repère. Sans elle, la vie est sombre ». La facette de Bamako choisie par ce trentenaire est « la tolérance religieuse » à travers des portraits de guides religieux soufis dans leurs mosquées en compagnie de leurs disciples et lors de leurs méditations. «  C’est pour moi une manière de montrer que l’islam c’est la joie, le pardon et la maîtrise de soi », explique-t-il.

Oumou Diarra, quant à elle, veut, à travers ses œuvres, « exprimer la bravoure des jeunes Bamakois qui pratiquent la teinture du bazin », malgré leurs diplômes. « L’objectif est de montrer le talent des maçons maliens dans la construction », explique laconiquement Hamdia Traoré, un autre exposant. Le photographe veut dénoncer le mauvais procès qui est fait aux ouvriers maliens du bâtiment, réputés moins bons que les étrangers. Quant à Mahalmadane Ahmed Maouloud, natif de Tombouctou, c’est avec curiosité qu’il a photographié les tisserands à l’œuvre en plein cœur de la capitale.

Pour découvrir ces regards à la fois intimes et professionnels sur Bamako, rendez-vous ce jeudi au Musée national !

 

Kayes, le soleil de décembre

Ouvrage collectif de 130 pages, « Kayes, le soleil de décembre » est disponible depuis ce jeudi 29 décembre. Publié par la Maison Africaine de la Photographie, c’est un ouvrage qui fait la synthèse de regards multiples de dix sept photographes maliens ayant travaillé en atelier sur le paysage urbain de Kayes. C’est un condensé de 90 photos prises en 2012 qui retrace le quotidien de la cité des rails en un mois de décembre en ensoleillé. Pour Ramatoulaye Ndiaye Diallo, ministre de la culture, « Kayes, le soleil de décembre » revisite en images l’histoire de cette ancienne capitale coloniale du Haut Senegal-Niger et de ses environs.

Décembre où le soleil se lève longuement et longtemps dans cette ville de pierre et de briques anciennes. Une ville traversée par le fer rouille des ponts et des chemins de fer qui portent encore les traces d’une souffrance passée. C’est tout cet aspect à la fois singulier et particulier de la ville de Kayes qui est désormais immortalisé dans cet ouvrage. Photographier une ville pareille, une tâche pas très aisée pour ces photographes de studio. Pour Chab Toure, Professeur d’esthétique critique Art, cela paraît comme aller au combat, au corps à corps. Mais la forme de la cité et ses couleurs uniques ont permis à chaque photographe de faire en seulement deux jours des photos impressionnantes sans indication contraignante.

Kayes, le soleil de décembre est sans nul doute un livre qui s’ouvre et se referme sur les rails.

Malick Sidibé a tiré sa révérence

Le grand photographe malien Malick Sidibé s’est éteint jeudi 14 avril au soir, à  80 ans, à  la suite d’un diabète. C’est par un communiqué lapidaire qu’André Magnin marchand d’art africain et ami du photographe a révélé la mort de celui qu’on surnommait « l’oeil de Bamako », sur Facebook. Pendant plus de 50 ans, ce photographe passionné dont la renommée et rapidement devenue internationale, incarnait la photographie africaine. Il a était récompensé en 2003 par le prestigieux Prix de la photographie Hasselblad et en 2007 d’un lion d’or à  la biennale d’art contemporain de Venise. Une sélection de ses photos étaient exposées dernièrement dans la section « Bamako eyes » des rencontres de Bamako 2015. Il officiait généralement dans son studio boutique de Bagadadji, le studio Malick, une pièce sombre de taille moyenne, aujourd’hui véritable capharnaà¼m de la photographie, avec un grand rideau en fond, dans lequel il a fixé sur celluloà¯d les plus beaux moments de la vie populaire et des fêtes bamakoises des années 60-70, les mariages, la jeunesse qui s’éclate sur les pistes de danse ou en écoutant les nouveaux courants musicaux venus d’Europe ou des à‰tat-Unis. C’est avec des appareils photo aux marques de référence comme rolleiflex, Nikon ou Canon mais aussi plus confidentiel comme Lubitel, Zénit ou Zenza, qu’il a raconté en images cette époque festive et insouciante. Son travail mettra la vie populaire malienne sur l’avant-scène et sera exposé internationalement. Il a formé nombre de photographe à  l’instar Youssouf Sogodogo, directeur du CFP Bamako, l’école de photographie de la capitale. « Je l’ai connu, et nous sommes tous passé par lui pour notre formation, ils nous a beaucoup appris dans la photographie, sa disparition est une grande perte pour le Mali et pour moi, mais je me dis qu’il reste avec nous à  travers ses photos et les personnes qu’il a formées ». Au dernier jour de sa vie il ne sortait plus beaucoup amoindri par sa santé. Le studio tenu par son fils tournait beaucoup plus lentement qu’aux belles heures de sa renommée, mais l’antre de l’artiste photographe ne s’est pas dépareillé du charme vintage et créatif qu’il a laissé dans ce lieu chargé de souvenirs.

Photographie : les griottes maliennes à l’honneur

l’initiative est l’œuvre de l’association des femmes photographes du Mali. Après le 8 mars, journée internationale de la femme, place désormais aux griottes du Mali à  travers une exposition photo. Qui sont ces dames et que font-elles? Les griottes sont des dames emblématiques, dépositaires de la tradition orale. Les griots et les griottes ont pour mission de transmettre l’histoire du Mali et de ses familles, en paroles ou en musique. Les plus connus du grand public sont surtout musiciens avec Toumani Diabaté, Yacouba Sissoko, Habib Koité ou encore Babani Koné pour ne citer qu’eux… mais il y a aussi tous les autres, véritables acteurs sociaux auprès des familles, notamment à  l’occasion de leurs grands évènements. Ce sont elles qui animent les célébrations familiales, les mariages, les baptêmes, en clamant les louanges des jeunes mariés ou des nouveaux parents, apportant ainsi leur bénédiction à  l’heureux évènement, en contrepartie bien sûr, de petites coupures jetées au gré des grandes phrases qui font le plus sensation. Elles sont omniprésentes et leur présence est indispensable de telle sorte que leur absence est parfois considérée comme un manque de gaieté qui annihile l’aspect festif de toute célébration. C’’est en ce mois de la femme que l’association des femmes photographes vous présente sur un plateau d’argent le fruit d’un reportage sur les griottes, notamment celles de Bamako. Rendez-vous à  l’institut français. La genèse du griot au Mali Balla Fasséké, le griot de Soundiata Keita, rois du manding donna naissance à  la lignée des griots Kouyaté dont l’activité se poursuit encore de nos jours. Le terme malinké ‘’djéliya » signifie « activité du djéli », autrement dit l’ensemble des activités du djéli ; il pourrait également designer « transmission par le sang ». C’’est pourquoi l’on affirme avec exigence qu’« On ne devient pas griot, on naà®t griot par des liens particuliers ». Autrement dit, àŠtre griot, c’est appartenir à  la caste des djélis (« sang »), caste qui peut être identifiée par le nom de famille : Kouyaté, Diabaté, Niakaté, Soumano, Sissoko… Il n’est donc pas possible de passer d’une caste à  une autre.

Photographie: Aliou Sissoko, le goût du beau

Amoureux des belles couleurs Aliou Sissoko est un reporter-photo qui a déjà  sillonné le Mali depuis plus de 20 ans. Pour cette compétition, il avait choisi de présenter trois œuvres. La première est un champ de riz à  l’Office du Niger. Sur cette photo, on voit une jeune fille derrière une charrue tirée par des zébus. La beauté de l’image est évidente. « La couleur verte pour moi, symbolise à  elle seule le secteur primaire C’’est-à -dire l’agriculture, l’élevage ou la pêche. Cette scène à  l’Office du Niger m’a tout de suite attiré », indique le photographe. La deuxième œuvre mettait en exergue le jaune est une vue de la mine d’or de Siama à  ciel ouvert. On y voit les ouvriers à  la tâche. Leur ardeur est très instructive. Aliou estime que nos compatriotes sont de véritables bourreaux de travail. Cette mine le prouve à  suffisance. Notre photographe a symbolisé le rouge par un missile sur un porte-char de l’armée malienne. Il montre la force de frappe de notre armée. Le rouge symbolise aussi le serment des soldats qui ont promis d’aller au sacrifice suprême pour la défense de la patrie malienne. « Sans eux, nous ne dormirions pas tranquilles », commente-t-il. Notre collègue, toujours attiré par l’esthétique et la beauté, vient de le prouver encore une fois à  travers ces images. Le concours de photos intitulé « Triptyque pour le Mali » était organisé par la Maison africaine de la photographie (MAP) dans le cadre du cinquantenaire. Une vieille vocation enfin récompensée Il n’a pourtant pris part qu’à  deux ou trois concours car il n’est pas très porté sur ce genre d’exercice. En sa qualité de responsable des photographes, il travaille pratiquement toute la journée sur l’actualité au quotidien. Mais il avoue cette deuxième place pourrait l’inciter à  travailler sur d’autres concours. Il n’a jamais exposé individuellement, mais à  la faveur de différentes sessions de formation, ses photos ont été exposées à  Lomé (Togo) en 1990 et 1992, puis à  Abidjan en 1995. C’’est en octobre 1989 que Aliou Sissoko, âgé seulement de 20 ans, commence à  travailler à  l’AMAP comme laborantin. à€ l’époque, le journal utilisait le noir et blanc, C’’était difficile, reconnaà®t-il aujourd’hui avec le recul du temps. “ Quelle que soit la qualité du photographe sur le terrain, si le labo ne réussit pas, son travail tombe à  l’eau ”. Il fallait être très attentif sur le temps d’exposition. A cette époque, les appareils photo se réglaient toujours de façon manuelle ». Ousmane Kéà¯ta, Feu Boubacar Sidibé dit Mezy, Tiécoura Sangaré, Issa Kéà¯ta, feu Abdoulaye Camara, Seydou Coulibaly et Nouhoum Samaké, sont des maà®tres de la prise de vue et du travail de labo auprès desquels Aliou Sissoko a tout appris du métier. Il cogite actuellement à  un projet d’exposition individuelle. Il préfère rester discret sur le thème mais indique qu’elle aura trait à  la vie en société.

Ouassa Pangassy Sangaré : Quand la photo déchaîne les passions

Issue d’une famille d’intellos, Ouassa Sangaré est la seule à  avoir suivi une carrière dans le domaine de l’audiovisuel. Sa sœur jumelle Founè est architecte et ses deux frères ont quant à  eux, suivi des carrières de juristes et économique. Le père lui, est général d’armée à  la retraite. Elle est passionnée de cet art depuis sa tendre enfance o๠son père ne cessait de les prendre en photos. Il lui offrira à  son 7e anniversaire, son premier appareil photo amateur, parce qu’elle adorait photographier les autres avec celui de son père. Elle est née le 21 décembre 1978 à  Bamako. Enfant, elle ne jouait qu’avec les garçons, contrairement à  sa sœur qui restait collée aux poupées avec ses copines. A l’école de photos La jeune photographe fréquentera pendant deux ans, l’école de photo de Bamako ‘Promofam’ o๠elle obtient son diplôme de photographe et de caméraman en 1998. Elle ira ensuite se perfectionner à  Abidjan (Côte d’Ivoire), au Burkina Faso et au Sénégal. La jeune fille multiplie les expériences jusqu’à  décrocher des voyages en Italie, en Hollande et en Belgique. Pression familiale Au départ, Ouassa n’avait aucun problème avec sa famille sur le fait qu’elle exerce le métier de photographe réservé jusqu’à  cette décennie aux hommes. Cependant, les soucis débuteront lorsqu’elle entamera les voyages à  l’extérieur du pays. Elle explique que son père et sa mère se souciaient beaucoup des considérations sociales. « Vous savez chez nous en Afrique, les gens parlent beaucoup. Quand ils voient une fille faire un métier peu ordinaire tel que la photo et qui voyage beaucoup, ils te regardent d’un mauvais œil comme si ce genre de fille était dévergondée. C’’est donc ça le gros souci de mes parents. Mais J’essaye tant bien que mal de les mettre en confiance par rapport à  ce que je fais »,explique t-elle. Voir la vie en rose A 32 ans, Ouassa est célibataire sans enfants et cette situation pèse beaucoup sur son moral. Elle confesse « mon plus grand vœu en ce moment, C’’est de me marier et d’avoir des enfants. Je serai la femme la plus heureuse du monde si cela arrivait un jour car je prie le bon dieu chaque jour qu’il fait.» Cela lui pèse sur le moral parce qu’au Mali, lorsqu’une jeune fille atteint 25 ans sans être mariée, on commence à  se poser des questions sur les raisons de son célibat. Ouassa a un autre talent caché qui n’a rien à  avoir la photo. Elle est experte en cuisine et ses services sont même loués par les grands organismes nationaux et internationaux du Mali. Elle fait aussi bien les plats africains qu’occidentaux. Indépendante et engagée Ouassa Sangaré travaille de façon indépendante et n’est liée à  aucune structure. Néanmoins depuis 2000, elle collabore avec le centre de promotion artistique et culturel ‘soleil d’Afrique.’ Elle participe à  toutes leurs activités qui, elle le reconnaà®t, lui ont permis de se faire de la visibilité. « Le centre m’a permis de faire mes preuves aussi bien au Mali qu’au-delà  des frontières de ce pays.» Lors de la 8e édition de la Biennale de la photo de Bamako du 7 novembre au 7 décembre dernier, elle a exposé ses œuvres au centre international de conférence. A partir de ce instant, elle se fera de nombreuses relations et obtiendra des invitations à  exposer en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Inspiration La photographe s’inspire beaucoup de tout ce qui l’entoure pour faire ses photos. En matière de photo, elle dit préférer l’argentique au numérique. Car en effet, avec l’argentique, les clichés sont là , comme des preuves de ses prestations et réalisations. Le numérique n’a aucune garantie de pérennité. Par ailleurs, elle préfère les photos noir et blanc à  la couleur, les trouvant plus authentiques.

Photographie : La maison Africaine dévoile ses cartes pour 2010

Le Directeur Général de la Maison Africaine de la photographie, Mr Moussa Konaté estime que ce programme est assez ambitieux, et tient compte de la spécificité de l’année 2010. Cette année est effectivement marquée par la tenue de la biennale artistique et culturelle de Sikasso et la célébration du cinquantenaire de l’indépendance Mr Konaté indique que « deux grandes expositions sont prévues. La première expo est intitulée ‘les critiques du Mali’. Ce que nous allons demander aux photographes après le lancement d’un appel à  propositions, C’’est de s’inspirer de la signification des trois couleurs vert, or, rouge du drapeau national». A partir donc du drapeau national, les photographes devront proposer des images qui seront exposées et soumises aux critiques à  l’occasion du cinquantenaire. ‘Images d’époques, photographies des années 60′ La deuxième grande activité selon le DG, concernera une exposition dénommée ‘images d’époques, photographies des années 60′. Pour cette expo, la maison africaine de la photographie propose aux photographes de sortir leurs archives et définir des thématiques qui puissent permettre de présenter des images à  l’occasion du cinquantenaire. Aussi présenter des images sur le comportement des maliens pendant les premières années de l’indépendance de notre pays. Par ailleurs, des activités classiques sont aussi prévues. Il s’agit notamment des inventaires à  faire pour les premières années de la photo au Mali. Aussi, des régions telles que le pays Dogon seront sujettes à  des visites régulières afin de constituer selon Mr Konaté, des fonds d’images qui un jour, nous permettront de retracer, l’histoire environnementale de la zone, mais aussi, tout ce qu’elle recèle en patrimoine architectural. 172 millions de FCFA pour 2010 Notons que le budget global de ce programme s’élève à  172 millions de FCFA. Il a été approuvé ce mardi, par les administrateurs qui encouragent la Maison africaine de la photographie, à  susciter la création et la créativité chez les photographes et à  veiller à  une meilleure circulation des œuvres maliennes.

Culture : A qui profitent vraiment les Rencontres de Bamako ?

O๠est le public Malien ? l’Institut National des Arts, le Musée du District, principaux lieux d’émergence et de préservation de l’Art du Mali, voient circuler des touristes et professionnels étrangers autour de la photographie africaine, sans pour autant attirer et retenir l’attention des locaux. Les salles d’exposition, pelouses et terrasse du Musée National, en passant les hauts lieux des nuits Bamakoises sont autant de lieux prisés par le public occidental amateur de photo. Comme si les Rencontres de Bamako étaient avant tout un événement conçu, non pour les Maliens, mais pour les étrangers. Rencontres pour…les étrangers Et la coopération culturelle française, avec Culturesfrance en tête d’affiche, profite de l’occasion aussi pour laisser son empreinte sur cette 8e édition consacrée aux  » Frontières », un thème assez flou et fourre-tout. Tous les partenaires techniques et financiers viennent aussi de l’extérieur : Coopération française, Union Européenne, entreprises privées, etc. Mais o๠sont passés les Maliens, annoncés comme partenaires associés de ces 8e Rencontres de Bamako ? l’événement est en effet présenté comme une coproduction du Ministère de la Culture du Mali et de Culturesfrance. Mise à  part la direction du Musée National, la Biennale souligne encore une fois l’absence des opérateurs culturels locaux. Et la faible représentation des jeunes talents de photographie malienne, avec pourtant des photographies de mode de Malick Sidibé qui n’ont rien à  voir avec le thème imposé des expositions.  » On nous a à  peine sollicité pour l’événement et c’est bien dommage, alors que les étrangers sont là  « , regrette Félicia, opératrice culturelle et directrice d’une galerie d’art contemporain à  Bamako.  » Les Rencontres de Bamako, voilà  encore un festival donné par la France au Mali ! « , juge Martin Vogl, un journaliste de la BBC. La vision du Nord sur l’Afrique Cette année, la Biennale a été rebaptisée «Â Rencontres de Bamako », dans le but de rapprocher peuples et territoires et de donner un nouveau mouvement à  cette biennale photographique : Ne plus simplement être une vitrine de la photographie africaine, mais aboutir à  un échange réel entre photographes du continent. En 2009, ce résultat est déjà  loin d’être atteint. Les photographes africains n’ont pas l’occasion de parler de leur art, on le fait parler à  leur place. C’’est en effet l’occidental qui donne majoritairement sa vision du travail des photographes africain dans une optique esthétisante et conceptuelle. Histoire de représentations posées sur l’Afrique et le travail des photographes, sans confrontation des visions, la Biennale nous offre un regard univoque et volontairement tracé par une thématique imposée. Pourtant l’inspiration et les thèmes ne manquent pas sur le continent. Le photographe africain est aussi le mieux placé pour choisir son sujet, saisir son environnement quotidien avec son propre regard. On peut donc se demander si ces Rencontres sont véritablement un lieu d’expression consacré aux photographes africains ou s’il s’agit d’un événement créé pour alimenter la culture des étrangers sur l’Afrique et enrichir l’imaginaire occidental. On est tenté de croire, en tout cas, qu’elles ne servent pas complètement les intérêts des artistes présentés, en leur laissant occuper la place qui leur revient. Le thème choisi cette année « Frontières et territoires » soulignent involontairement, mais incidemment que les rapports de domination culturelle subsistent entre la France, principal bailleur des expositions, et le Mali à  la veille du Cinquantenaire de l’Indépendance. Une ligne de séparation culturelle invisible, mais bien réelle, qui sépare encore organisateurs de l’événement et photographes locaux, véritables témoins et grands portraitistes des sociétés africaines. Et non démonstrateurs d’Afrique ! Ces inégalités subsistent entre la France et son ancienne colonie notamment dans la sphère culturelle, grâce à  une subtile infiltration du milieu de la culture au Mali. Une hégémonie orchestrée de l’extérieur, sachant très bien tirer les ficelles des schémas de domination culturelle tout en utilisant habilement un creuset artistique local, particulièrement prolixe et dans la mouvance du goût occidental. Le viol de l’imaginaire Africain Mettre la photographie africaine sur un plateau d’argent, sans proposer au public malien de goûter ses petits fours, constitue une nouvelle forme de pillage culturel aux contours et aux enjeux financiers, bel et bien dissimulés, mais de moins en moins invisibles aux yeux des Africains. l’arrivée de Culturesfrance comme principal bailleur et financeur de la majorité des projets culturels d’envergure au Mali est très symbolique d’un phénomène déjà  présent en Afrique. Si l’intention manifestée est de faire émerger de nouveaux talents, les objectifs sous-jacents, contribuent finalement au maintien d’un marché de la culture, entre la France et le Mali. Alors, on peut toujours confier la direction artistique des Rencontres de Bamako à  Samuel Sidibé, actuel Directeur du Musée National, et la Présidence du jury à  Malick Sidibé, pour faire bonne figure auprès du public. Dépendance culturelle Les opérateurs culturels 100% maliens restent sur le banc de touche et la coordination générale des Rencontres de Bamako dans une seule et même main, celle des partenaires techniques et financiers étrangers. Des acteurs, dont la présence dans le milieu culturel et sur les projets présentés au Mali est récurrente. Et qui participent globalement à  une tendance voulu discrète : alimenter la dépendance des artistes africains aux financements et aux bailleurs de fonds étrangers. En contrepartie, C’’est le vivier des coopérations culturelles qui se ravit, se félicite et se nourrit des Rencontres de Bamako. Et la production photographique malienne avec pour seule figure de proue Malick Sidibé, reste encore une fois cette année entre ombre et lumière, dans les limites d’un jeu imposé pour cette 8e édition, assez paradoxalement dédiée aux frontières.

Dans l’œil du photographe Malick Sidibé : à 73 ans, il lit sans lunettes !

A 73 ans, le génie malien de la photo n’a pas encore réalisé ses derniers clichés. Il marche sans canne, lit sans lunettes et se déplace seul dans la ville de Bamako qui a vu naà®tre sa gloire. Troisième fils de sa mère, Malick est le seul enfant de sa famille à  avoir fréquenté l’école française du temps des colons. Il a vu le jour dans le petit village de Soloba en 1936. Il confesse : « Un matin, alors que je jouais avec mes camarades, mon père me fit appeler pour m’annoncer que J’étais inscris à  l’école le lendemain. J’étais tout excité à  l’idée de pouvoir apprendre à  lire et à  écrire. » Après l’obtention de son diplôme d’études fondamentales, Malick entre à  l’Institut National des Arts (INA). Sans bourse, il y accède en 1952 grâce au commandant de cercle de Bougouni, monsieur Baker et qui voyait déjà  ses talents de dessinateur. Il lui fallait un métier. Il opte alors pour la bijouterie et gagne un diplôme de dessin en 1955. Malick explique qu’il a choisi la bijouterie pour se maintenir à  l’INA puisque «les peuls n’ont de vocation pour cet art ». Ensuite la chance lui sourit. Son chemin croise celui du photographe français Gérard Guignard qui recherchait un dessinateur pour décorer son studio. Malick était la personne indiquée. C’’est après avoir visionné les photos de Malick que son futur associé lui propose une collaboration. Il devient son apprenti. Du dessin à  la photo, un talent inné… Le talent pour l’image est inné chez Malick Sidibé. Dès le primaire, il dessine avec du charbon de bois. Du dessin, il passe à  la photo. Un jour, alors que la photo était méconnue à  cette époque, sa mère rêve que toute la maison est ornée de photos prises par Malick. Photos qu’elle a jadis qualifié de dessins puisqu’elle ignorait le nom de ces « images », raconte Malick ému. Et lorsque Gérard Guignard lui demande sa collaboration, son premier réflexe est de faire le parallèle entre l’appareil photo et le dessin. « l’appareil photo est plus rapide que le pinceau », avait conclu Malick. En 1956, l’enfant du Fouta Djalon acquière son premier appareil photo. Il s’essaie d’abord à  des prises de nuit, dans les soirées dansantes puis esquisse des portraits en noir et blanc ou de groupes et qui feront sa patte. Chacun veut se faire photographier par le génie Malick. Au studio de Guignard, o๠il travaillait, il représente la sensibilité africaine et Gérard, l’influence occidentale. En 1957, Malick Sidibé se met à  réparer les appareils photos, tout en montrant l’étendue de sa passion. Il était le seul réparateur à  l’époque. « Les gens venaient de Guinée, de Haute volta et même de la Mauritanie pour me confier leurs petits bijoux. C’’est le destin d’un homme qui fait aujourd’hui la fierté du Mali. l’année 1960 marque un tournant dans la vie de Malick Sidibé. l’heure est venue de quitter le maà®tre. l’artiste crée son propre studio photo dans le quartier populaire de Bagadadji à  Bamako et se met à  son compte. La même année, il se marie et peut avec fierté targuer d’être le patriarche d’une quinzaine d’enfants aujourd’hui. Parmi eux, un seul prendra la relève. Un casque difficile à  porter si l’on en croit cette légende de la photographie malienne. Mais Karim répare les appareils comme l’a fait son père en son temps. De 1960 à  nos jours, le studio du maà®tre est resté le même. C’’est là  qu’il se fera connaà®tre grâce à  des clichés qui feront le tour du monde. Une pluie de récompenses Malick Sidibé a reçu il y a quelques jours, le prix photo-Espagna de la meilleure photographie à  Barcelone. C’’était le 22 juin dernier : « Ce n’est pas le prix qui m’a impressionné, mais plutôt l’ambiance autour, l’enthousiasme avec lequel le public m’a accueilli. Cela m’a beaucoup touché. C’’est un honneur pour moi, mais aussi pour le Mali de recevoir ces distinctions », ajoute t-il les yeux brillants. La photo est-elle un art réservé à  quelques privilégiés ? « Je vis biende mon art. Grâce à  mes photos, ma famille est à  l’abri… ». Malick a aussi investi dans plusieurs actions caritatives et contribué à  la construction d’écoles dans son village natal à  Soloba. A 73 ans, il continue d’exercer son métier de photographe et a toujours préféré l’argentique malgré l’avènement du numérique.