Justice : Chouala Bayaya Haidara placé sous mandat de dépôt sera jugé le 12 mars 2024

Le leader religieux Chouala Bayaya Haidara a été finalement placé sous mandat de dépôt et transféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ce 20 décembre 2023, après avoir été présenté mardi au procureur Adama Coulibaly du pôle spécialisé de lutte contre la cybercriminalité du tribunal de la commune VI.  Alors que ses fidèles étaient nombreux devant la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ), il a été conduit discrètement à la MCA ce matin aux environs de 11heures 30 minutes. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat, et de la diffusion de propos mensongers, de nature à troubler l’ordre public. Alors que son jugement est fixé au 12 mars 2024, l’appel du 20 février a appelé à sa libération immédiate. La CMAS de l’imam Mahmoud Dicko lui a également apporté son soutien. Le haut conseil islamique dont il est membre a convoqué une réunion extraordinaire mercredi dont les conclusions ne sont pas encore connues. Dans une récente vidéo, il a dénonce ce qu’il qualifie de détention arbitraire notamment concernant Ras Bath, Rose Doumbia dit « Vie chère » mais également Madame Bouare Fily Sissoko. 

Paix dans les pays du Sahel : les leaders religieux musulmans en conclave à Bamako

Le premier Forum sous régional des leaders religieux musulmans sur la paix et la stabilité dans les pays du sahel, a ouvert ses travaux en présence du Premier ministre par intérim, pour deux jours, ce mercredi 21 septembre au Centre international de Bamako. Ce forum réunit plusieurs leaders religieux musulmans qui vont mener des réflexions afin de parvenir à la paix dans le Sahel.

Mettre en place un cadre inclusif de concertation et de coordination sous régionale pour une synergie d’action des leaders musulmans dans le cadre de la lutte et la prévention de l’extrémisme violent dans la zone sahélo-saharienne, tel est l’objectif de ce forum sous-régional initié par le Haut Conseil Islamique du Mali.

Premier forum sous régional des leaders religieux musulmans, des participants de 10 pays sont présents à Bamako pour prendre part à l’évènement qui durera deux jours. Pour le Premier ministre par intérim Abdoulaye Maïga, cette initiative du Haut Conseil islamique est un cadre idéal pour la recherche de solution d’un retour de la paix et de la quiétude des populations au Mali et ceux de la région du Sahel.

Cette rencontre pour les leaders religieux est une manière pour eux d’apporter leur contribution pour le retour de la paix dans la sous-région en général et le Mali en particulier.

Une véritable diplomatie religieuse sera enclenchée à partir de ce forum de Bamako. Puisqu’elle sera également une occasion pour les leaders religieux venus de la sous-région de réfléchir ensemble sur les causes profondes de l’extrémisme religieux sous toutes ses formes.

La rencontre regroupe plus de 200 participants venant de Bamako et de l’intérieur, principalement des représentants des organisations confessionnelles et des leaders religieux. Aussi, des délégations étrangères sont également présents à Bamako tels le Burkina Faso, la Mauritanie, le Sénégal, la Côté d’Ivoire, le Niger, le Ghana et le Bénin, le Nigéria.

 

Issa N’Diaye : « La dérive du religieux vers le politique est un danger pour la République »

Dimanche dernier, le Président du Haut conseil islamique (HCI), l’imam Mahmoud Dicko, et le Chérif de Nioro mobilisaient des milliers de fidèles au stade du 26 mars pour une « journée de prières et de réconciliation ». Mais le meeting a été dominé par des sujets politiques. Le Professeur Issa N’Diaye, ancien ministre, président du forum civique, « espace de réflexion et d’action pour la démocratie », répond aux questions de Journal du Mali sur cet évènement.

Ce meeting était-il pour un acte politique ?

C’est devenu un acte politique, dans la mesure où il y eu a des prises de positions sur des questions politiques et non religieuses. Ce glissement est dangereux. Et c’était prévisible, dès lors que le religieux s’affranchit des limites de l’espace de culte et vient sur la scène publique, notamment dans un stade. Depuis un certain nombre d’années, les politiques se sont mis à courtiser les religieux et c’est ce qui les a amenés à sortir des mosquées et à envahir les places publiques. Le gouvernement lui-même a créé un ministère du Culte. Ce glissement permet aux religieux de jouer un rôle sur l’échiquier politique alors que n’est pas leur lieu. La dérive du religieux vers le politique constitue un danger pour la République. C’est assez grave comme perspective.

Quelles pourraient être les conséquences d’une fracture entre le gouvernement et les religieux ?

Il y a déjà une division du monde religieux, en tout cas du côté islamique, parce qu’il y a un clan pro pouvoir et un autre anti pouvoir. Ce qui peut conduire à des affrontements entre ces deux tendances. Il y a  aussi un risque de polarisation politique, dans la mesure où des leaders de partis d’opposition étaient présents à ce meeting. C’est une vieille habitude, mais une présence significative des partis politiques de l’opposition veut dire qu’il y a un enchainement logique : un des camps se positionne en faveur de l’opposition et l’autre du pouvoir.

La démission du Premier ministre qu’ils réclament est-elle envisageable ?

De leur point de vue oui, mais là ils ont franchi un pas qu’ils ne devaient pas. En franchissant cette limite ils deviennent partisans sur le plan politique. Ce qui n’est pas, par définition, leur rôle. C’est une faute et cela me surprend de la part de Dicko, qui m’a paru être un homme assez intelligent. L’immixtion dans le politique risque de lui faire perdre beaucoup des plumes. En poussant l’analyse, on peut se demander s’ils n’y a pas un projet politique et s’il n’y aura pas un imam candidat à la prochaine élection présidentielle.

Trois candidats, Un même combat

Madame Djeneba N’diaye et Messieurs Cheick Harouna Sankaré et Mamadou Traoré sont tous candidats pour la première fois à l’élection du Président de la République, qui se tient ce 29 juillet 2018. S’ils ne figurent pas parmi les favoris, leurs candidatures n’en suscitent pas moins l’intérêt. Car même si elles restent symboliques, elles représentent néanmoins certains espoirs.

« Avoir la volonté de briguer la magistrature suprême, cela veut dire que l’on a des projets, que l’on a de l’amour pour le pays. De la part d’un jeune c’est encore mieux », se réjouit Adama Bengoro Coulibaly, Président du collectif des jeunes de Bozola et Secrétaire général du Conseil National des Jeunes (CNJ) de la commune II. Jugée audacieuse, la candidature de Mamadou Traoiré est néanmoins à encourager, selon lui. Servir d’exemple et surtout impulser une dynamique positive pour la représentativité des jeunes, c’est aussi ce qu’attendent certains de M. Mamadou Traoré, 37 ans, le plus jeune des 24 candidats. Il ne s’agit cependant pas d’un conflit de génération, souligne M. Coulibaly. « Le pays a besoin d’un homme responsable, qu’il soit jeune ou pas ». Regrettant que les jeunes n’aient pas encore pris conscience du rôle qu’ils peuvent jouer, il les invite à refuser de se faire manipuler. Mais il faut « une rééducation politique », grâce notamment à l’implication de « l’ancienne génération, qui doit aux jeunes la somme de ses expériences ».

Une candidature salutaire et un motif de « fierté » pour M. Abdoul Karim Maïga, chargé de communication au CNJ. Une telle prise de décision suppose, selon lui, que les « jeunes commencent à comprendre qu’ils doivent se positionner pour la relève et ont leur mot à dire ». L’occasion pour l’organisation d’encourager d’autres jeunes à la candidature pour les futures échéances. Pour mieux faire prendre en compte leurs préoccupations et permettre aux jeunes de choisir en toute connaissance de cause, les responsables du CNJ ont entrepris de rencontrer différentes autorités et souhaitent aussi échanger avec les différents candidats, afin que les jeunes aient connaissance de leurs projets.

Des attentes nombreuses

Engagées dans la même démarche, les femmes aussi ont envie de faire entendre leur voix. Que cela passe par la seule femme candidate à la présidentielle du 29 juillet ou pas. Car l’objectif n’est pas tant d’avoir une candidature féminine, mais un candidat qui fait siennes les priorités des femmes, désormais inscrites dans un agenda harmonisé. Pour assurer une meilleure mise en œuvre des projets qui veulent rehausser la participation des femmes au processus électoral, le ministère en charge de la Promotion féminine les a « fédérés », afin qu’ils constituent « un agenda harmonisé », explique Madame Diallo Mama Diarra, la Directrice du Centre national de documentation et d’information sur la femme et l’enfant (CNDIFE). Cet agenda est un recueil des priorités des femmes dans tous les domaines. Il sera soumis aux différents candidats et un engagement sera signé avec ceux qui les prennent en compte. Véritable outil de plaidoyer, il sera suggéré à ceux dont les programmes ne prennent pas en charge ces préoccupations. Les femmes pourront alors interpeller le candidat élu sur leur mise en œuvre.

Même si elle craint que cette candidature ne soit que de la figuration, Madame Diallo se félicite néanmoins qu’elle existe. « S’il n y avait aucune candidature féminine sur les 24, cela soulignerait davantage la sous-représentativité des femmes ».

Politique et religion, un duo incompatible?

Même si certains y voient une intrusion dangereuse, faire de la politique et être un leader religieux n’a rien de contradictoire, selon M. Youssouf Diagouraga, islamologue. Saluant la candidature du guide spirituel Cheick Harouna Sankaré, non moins maire de Ouenkoro, il y voit une démonstration de la maturité politique, puisque « la démocratie permet à chacun, quel que soit son bord politique et religieux, dans le cadre de la laïcité, de participer à l’élection présidentielle ».

Loin donc de représenter une menace pour la laïcité, cette candidature pourrait selon lui contribuer à sa consolidation. Puisque la laïcité est justement la possibilité donnée à chacun de pratiquer sa foi dans le respect de la loi. « Un religieux est d’abord un citoyen, et à ce titre autorisé à être électeur ou éligible », explique M. Diagouraga.

« Tous les candidats ont leurs convictions religieuses. C’est la République qui nous réunit », soutient l’islamologue. L’essentiel étant, qu’à l’instar des autres candidats, il puisse « servir le Mali dans sa diversité culturelle et religieuse », conclut-il.

Bamako, capitale du syncrétisme religieux

Musulmans comme chrétiens, animistes comme athées, tous y passent. Ils croient aux sciences occultes que d’aucuns appellent « la chimie africaine » et d’autres « la sorcellerie ». Prier à  la mosquée, célébrer la messe à  la cathédrale, se confesser devant le curé et s’amender devant le pasteur ne suffisent plus, « il faut se blinder contre les ennemis qui ne veulent ni de ton avancement ni de ton bonheur. Nous sommes en Afrique et si tu ne crois pas en la sorcellerie, la sorcellerie aura tôt ou tard raison de toi » explique Ibrahim, mécanicien de son état. Trouvé aux abords du troisième pont, Ibrahim dit « être venu offrir dix litres de lait aux caà¯mans protecteurs de la ville. Tout se joue ici, les trois caà¯mans viennent ici tous les soirs recueillir les offrandes des fils de la ville et si tu veux gagner quelque chose à  Bamako ou y avoir pignon sur rue, il faut contenter ces génies protecteurs de la capitale. Les hommes politiques viennent tard le soir égorger ici des bœufs, des moutons ou des chèvres selon les prescriptions de leurs marabouts. Les vieux que tu vois assis sous la tente sont souvent sollicités pour faire les offrandes ». Pour leur part, les vieux omniprésents dans la zone se refusent à  tous commentaires tout en menaçant « ceux qui doutent de la puissance des génies protecteurs de nuisance ». Des offrandes au carrefour A la descente du troisième pont, non loin du carrefour Général Soumaré, des canaris remplis d’herbes bouillies sûrement pendant des heures gà®t au milieu de la chaussée et les automobilistes l’évitent. Une mendiante assise non loin révèle que « C’’est fréquent de voir des personnes nanties déposer ces offrandes au carrefour tard le soir. Elles sont souvent sous le coup d’un contrôle financier ou compétissent pour un marché juteux. s’agissant des femmes, elles viennent parfois le soir avec des côtes d’âne à  brûler en plein air pour chasser leurs coépouses du foyer ». Anita, gabonaise naturalisée malienne et mariée localement, ne cache pas être tombée dans la tourmente des charlatans « je suis obligée de recourir à  mon féticheur pour savoir ce qui risque d’arriver et des œufs aux coqs en passant par les colas à  jeter aux carrefours, à  ensevelir dans un cimetière ou à  offrir à  une femme qui a des jumeaux, je suis les recommandations pour ne perdre ni mon boulot ni mon mari ». Quid des prescriptions de la religion ? Mame Téné, voyante à  Hamdallaye, soutient que « le coran récuse la voyance mais que voulez-vous ? Les clients viennent et pour entretenir nos compagnons djinns nous exigeons la modique somme de 2 000 francs pour lire l’avenir de la personne ». Monsieur Konaré, lui fait des consultations sur une radio de la place et à  domicile. Il brandit son appartenance à  une religion révélée et s’interroge « voulez-vous que je chôme ou mendie ? La voyance me fait vivre. J’aide les clients à  se protéger contre des adversaires qui dépensent des fortunes pour rester au sommet. La religion nous exige de prier et le reste nous appartient ». Un responsable de secteur de la toute nouvelle compagnie OZONE chargée du nettoiement de la capitale révèle que « les offrandes collectées au quotidien peuvent peser jusqu’à  17 kilos par jour à  Bamako ».

Les Islamistes menacent un chef religieux malien

Il s’agit du leader du Mouvement Spirituel Ansar Dine. «Chérif Ousmane Madani Haà¯dara a reçu ces derniers jours plusieurs menaces de mort par téléphone, directement ou via ses proches. Ce sont les islamistes du Nord qui ont téléphoné», a affirmé Ousmane Diallo, un proche de M.Haà¯dara. Selon M. Diallo, un de ceux qui l’ont menacé lui a dit : «On va te tuer parce que tu ne veux pas de notre islam. (…) On va te tuer parce que tu ne veux pas de la charia (loi islamique) au Mali.» Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, le plus célèbre prêcheur malien, dirige une association musulmane qui regroupe des dizaines de milliers de fidèles au Mali et dans d’autres pays ouest-africains. Cette association, Ançar Eddine (défenseurs de l’islam), porte le même nom qu’un des trois groupes islamistes armés liés à  Al Qaà®da qui occupent le nord du Mali, mais elle s’en démarque totalement… «Nous n’avons rien à  voir avec Ançar Eddine du Nord. Nous condamnons les mains qu’ils coupent. Nous condamnons leur islam», avait déclaré M. Haà¯dara à  l’AFP. Le président de l’Union des jeunes musulmans du Mali, Mohamed Macky Ba, un imam de Bamako, Mahamadou Diallo, ainsi qu’un autre prêcheur, Thierno Hady Thiam, ont également affirmé avoir reçu des menaces de mort par téléphone. Interrogé par l’AFP, un responsable au ministère malien de la Sécurité a indiqué être «au courant» de ces menaces et affirmé que le ministère avait pris «les dispositions sécuritaires nécessaires pour assurer la protection des personnes menacées».

Cherif Ousmane Madani Haidara :  » Il est temps que les Maliens se donnent la main »

Em marge du Forum des leaders spirituels musulmans du Mali qui a eu lieu du 24 au 25 novembre au Centre International de conférence de Bamako, le leader religieux Ousmane Chérif Madani Haidara a lancé un appel aux quatre hommes forts du Mali, afin qu’ils s’unissent pour sortir le Mali de la crise. Ces quatre hommes forts seraient Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre, Dioncounda Traoré, le Président par intérim, Amadou Haya Sanogo, et Younoussi Touré, Président de l’Assemblée Nationale. La cérémonie d’ouverture elle a enregistré la présence bien remarquée du capitaine Amadou Haya Sanogo méconnaissable dans un large boubou blanc et un bonnet qui jurait avec sa tenue habituelle de militaire. Pour un islam uni Le thème ‘’ensemble pour un islam authentique dans un pays apaisé et unifié » était à  l’ordre du jour. « Les maliens ont les yeux rivés sur le président Dioncounda Traoré, le premier ministre Cheick Modibo Traoré, le président de l’Assemblée Nationale, Younoussi Touré et le capitaine Amadou Aya Sanogo. Ces quatre personnalités doivent combler l’attente légitime du peuple malien ». C’’est en ces termes que Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, membre du regroupement des leaders spirituels musulmans s’est adressé au public. A l’en croire, ce regroupement n’est pas venu pour s’ériger en système, mais pour consolider les acquis d’un islam authentique. « Apporter la bonne information en islam pour contrecarrer les mauvaises langues et autres pratiques qui ternissent l’image de l’islam. Pour Mahmoud Dicko, Président du haut conseil islamique : « Tous les musulmans du Mali se reconnaissent dans ce regroupement. Durant les deux jours du forum, les participants ont échangé et élaboré une feuille de route pour contribuer à  une sortie de crise.

Le FDR cède à la prière des confessions religieuses

Ils étaient réunis ce lundi à  l’hôtel Nord-Sud de Bamako. Mahmoud Dicko du Haut conseil islamique, les représentants des églises catholiques et protestantes, les familles fondatrices et les notables de Bamako. Du coté du FDR, on pouvait enregistrer la présence de responsables comme le président du front, Siaka Diakité, Me Kassoum Tapo, porte-parole, Iba Diaye, Tiébilé Dramé, Oumar Hamadoun Dicko et Docteur Madou Diallo. Les leaders religieux ont réussi à  convaincre les responsables du FDR de renoncer à  la marche programmée ce mardi, tout en prenant en compte les préoccupations exprimées par le FDR sur le fonctionnement des institutions. Il s’agit de libérer l’Assemblée nationale des griffes de « Yerewolo ton », un mouvement de jeunes qui empêchent les députés d’accéder à  l’hémicycle. l’occupation l’ORTM par les militaires et l‘occupation du Nord par les groupes armés. En réponse Mahmoud Dicko a promis de parler aux jeunes manifestants qui ont élu domicile devant l’Assemblée nationale. l’unité plus que tout Sur l’agression de Dioncounda Traoré président par intérim du Mali, le FDR exige avec détermination que les agresseurs et leurs complices soient traduits devant la justice. Dans sa posture de médiateur l’imam Mahmoud Dicko a lancé un appel à  tous les maliens pour qu’ils s’unissent et fassent des bénédictions pour le Mali. «Â Ni les opinions politiques, ni les confessions religieuses ne doivent diviser le pays mais au contraire cette diversité doit renforcer les liens ». La nouvelle du report de la marche a fait grincer des dents chez de nombreux jeunes déterminés à  battre le pavé. Pour Sirima Coulibaly, militant de l’Union pour la république et la démocratie(URD), « il fallait donner une réponse à  la COPAM qui ne constitue qu’une minorité au Mali ». Diakaridia Sangaré, élu communal du parti économique pour le développement et de la solidarité(PDES) regrette l’annulation de la marche, une occasion de montrer au reste du monde, que tous les Maliens ne sont pas des «Â sauvages ». Cette marche allait constituer la deuxième grande manifestation du FDR, après celle de la Bourse du travail début avril, et qui a tourné à  l’affrontement entre pro-putschistes et anti putschistes.

L’appel à la paix des leaders religieux

Sans exception, toutes les confessions religieuses étaient représentées à  ce meeting qui a rassemblé du monde au Stade Omnisports Modibo Keita de Bamako. La communauté chrétienne était représentée par l’archevêque Jean Zerbo, et protestante par Daniel Coulibaly , le pasteur de la communauté protestante ainsi que Mahmoud Dicko du Haut Conseil islamique du Mali. Malgré un soleil de plomb, des milliers de citoyens maliens ont répondu à  l’appel de leurs leaders religieux parmi lesquels de femmes en burka dans la tribune d’honneur. « Allah Akbar, lahillah illah », scandaient les fidèles musulmans pour accompagner leur leader Mahmoud Dicko. Dialogue et paix Dans une déclaration lue par le secrétaire général Mahamadou Diamoutani, les religieux ont exhorté les maliens et les maliennes, de l’intérieur comme de l’extérieur, à  la retenue, à  la sagesse et au calme pour un apaisement du climat social. Les leaders religieux ont demandé aux Forces vives de la nation de privilégier le dialogue comme outil de négociation et de résolution de la crise. Ils ont invité la classe politique, dans ses différentes configurations, à  mettre l’intérêt supérieur de l’Etat au-dessus de toutes autres considérations et enjeux du pouvoir. Les leaders religieux ont demandé aux pays voisins et aux partenaires du Mali d’accompagner et de soutenir les efforts entrepris par les Forces Vives de la Nation, notamment pour la résolution la crise au nord. Mahmoud Dicko a invité la CEDEAO en particulier et la Communauté Internationale en général à  privilégier la concertation pour une solution négociée de sortie de crise. Et d’exhorter le CNRDRE à  convenir avec l’ensemble des forces vives de la nation d’un programme de transition assorti d’un chronogramme précis de gestion de la crise. L’appel de Mahmoud Dicko à  Iyad Ag Ghaly « La situation du nord est plus préoccupante que l’organisation des élections. Les politiciens doivent nous laisser en paix avec leur histoire d’élection présidentielle », Tierno Hady Thiam, une des figures de proue du meeting… Selon Mahmoud Dicko, il faut aller au delà  de toutes les considérations et prier pour la paix « Je demande solennellement aux musulmans maliens de prier pour la paix. Dans le septentrion malien, les populations sont meurtries dans leur chaires. Et je demainde à  Iyad Ag Agaly d’Ançar Dine de faire preuve de retenue. l’archevêque de la communauté catholique, Monseigneur Jean Zerbo, a rappelé que le Mali est un vieux pays qui a toujours connu la paix . « La paix est devenue un comportement. Je demande à  la communauté chrétienne de prier à  son tour pour préserver notre Mali de tout conflit et de guerre et que Dieu bénisse le Mali ». Modibo Fofana

Diouncounda courtise les religieux

Le président de l’Assemblée nationale (non moins candidat aux primaires de son parti pour les élections présidentielles de 2012), tente de redorer son blason auprès de la communauté religieuse musulmane et chrétienne. Dioncounda Traoré sait qu’il lui faut sérieusement travailler son image après les coups encaissés suite au vote du Code de la famille et des personnes. En s’attirant les foudres des confessions religieuses, notamment musulmanes dans l’affaire dite de ce code, le président de l’Assemblée nationale était devenu persona non gratta dans beaucoup de milieux religieux. la conquête de l’électorat musulman Depuis quelques mois, l’homme politique tente de se remettre sur selle en multipliant des contacts avec le monde religieux. On se rappelle qu’il y a quelques semaines, il prenait part à  la rencontre des Oulémas de l’Afrique de l’ouest sur la paix, organisée à  Bamako par le Haut conseil islamique. En début de ce mois, le candidat aux primaires ADEMA pour les présidentielles, était à  Nioro du Sahel. Objectif, nous rapportent des sources informées, «Â implorer le pardon du Chérif du Nioro après des mois de forte tension après le vote du Code. Le leader religieux, qui a une forte influence sur l’opinion musulmane, n’avait pas caché sa colère face à  la caution de l’Assemblée à  cette loi. En organisant «Â la riposte », il avait dépêché une mission, conduite par son fils, dans plusieurs localités de l’intérieur du pays, afin, disait-il d’expliquer «Â le complot en cours contre l’Islam » dans notre pays. Depuis lors, les relations entre les deux hommes étaient devenues très tendues. Aux dernières nouvelles, des informations nous précisent que «Â la hache de guerre a été définitivement enterrée ». En obtenant donc «Â le pardon » du Chérif, Dioncounda Traoré peut se sentir heureux à  quelques mois des consultations électorales de 2012, o๠le soutien et la bénédiction des leaders religieux sont importants aux yeux des hommes politiques maliens. «Â Il faut la tolérance » La présidence qui lui est accordée pour cette 4ème édition de la Conférence internationale sur le dialogue islamo-chrétien était une autre opportunité. Que le président de l’Assemblée nationale n’avait pas l’intention de rater pour renforcer son offensive de charme auprès des confessions religieuses. Un coup politique réussi, selon de nombreux observateurs, après un discours plein de sagesse qui prône «Â la tolérance ». Dans un discours de huit minutes, le président de l’Assemblée l’a utilisé 7 fois. «Â Sans la tolérance, nous ne pouvons rien réussir. Aucun pays ne peut prétendre au développement, sans cette vertu. Dans de nombreux pays, notamment sur le continent africain, l’absence de tolérance a provoqué l’instabilité et la haine. Nous devons tout faire éviter ce scénario », a conseillé Dioncounda Traoré devant plus de 400 invités venus de 14 pays de tous les continents. C’’est donc en prêcheur que le président de l’Assemblée nationale a donné ce samedi 9 juillet le coup d’envoi des travaux de cette importante rencontre islamo-chrétien. Son discours, qui a visiblement conqui le C’œur des centaines de chrétiens et de musulmans, avait des allures d’une offensive de réconciliation. Comment conquérir le C’œur des représentants des communautés religieuses ? C’’est aujourd’hui tout le défi de Dioncounda Traoré après l’ «Â affaire du Code de la famille ». Et à  quelques mois des consultations électorales de 2012, cette sortie publique lui a tout à  fait réussi.

Sacrifices religieux, un phénomène de société

Merci Morikè ! En circulant dans les rues de Bamako, vous avez dû tomber dessus au moins une fois. Des trucs étranges posés sur la route à  des endroits bizarres (sur le bord de la chaussée, dans un carrefour…), souvent des canaris, des petits tas d’herbes ou encore des œufs. Ou encore de l’argent. Les gens font très attention à  les éviter, et à  ne pas ramasser les pièces. à‡a vous dit certainement quelque chose…n’est-ce pas ? Non ? Ce sont des « sacrifices ». Très peu de maliens et surtout de maliennes pourraient jurer la main sur le C’œur ne jamais avoir mis les pieds chez un marabout. Les marabouts sont présents dans les moments difficiles. On peut aller les voir pour leur demander des choses plus « banales » ou plus précises : l’amour, le travail, la santé, pour savoir si on va avoir ce marché ou un autre, si on peut voyager ou non…On va aussi souvent les voir pour se protéger d’éventuels sorts. A la fin de la consultation, le « praticien » remet à  son client ses prescriptions. Il peut s’agir d’aller verser du lait dans le fleuve, de donner des galettes ou des piécettes à  un mendiant, de casser des œufs à  un carrefour. On raconte l’histoire d’un homme à  qui on avait demandé de se promener tout nu assis sur un cheval…et qui le fit ! Ces prescriptions doivent en effet être suivies à  la lettre si l’on veut voir son souhait exaucé. Cette dame que nous avons rencontré chez l’un des « karamoko » (nom respectueux signifiant maà®tre) nous avoue être devenue une abonnée. « Tous mes problèmes se gèrent ici. J’étais célibataire après un mariage sans enfant. Et grâce à  lui aujourd’hui je suis mère de famille » nous confie-t-elle avec le sourire sans toutefois vouloir nous révéler les sacrifices qu’elle a fait pour y arriver. Les marabouts ont la côte N’dji Coulibaly vient du cercle de Kolokani et réside au quartier de Banconi, à  Bamako. C’’est un « spécialiste en Géomancie » et il confirme «chez moi,je reçois beaucoup des gens, la plupart sont des femmes. Mon travail est de prédire l’avenir des gens afin de leur proposer des sacrifices à  faire pour éviter les situations difficiles ou s’attirer des circonstances heureuses. Celui qui fait correctement ses sacrifices verra ses vœux exaucés. C’’est un don que J’ai hérité de mon père qui était lui-même géomancien » nous confie- t-il. Amadou Diallo communément appelé Karamoko dans son secteur à  Boulkassoubougou est un marabout réputé surtout auprès des femmes. «Je suis l’un des marabouts le plus sollicité ici. Tu vois, tous mes matériels y compris mon véhicule ont été offerts par les clients, parce je suis un marabout qui donne des solutions immédiates aux problèmes difficiles ». Des chefs d’entreprise aux hommes politiques en passant par les étudiants préparant leurs examens et les jeunes filles en quête d’un conjoint, aucune catégorie sociale n’échappe au phénomène. Le plus souvent, nous confie le marabout, il conseille à  ses clients d’offrir un bélier, une chèvre, des poulets, des colas, ou du lait. Tous ces produits et même les plus improbables comme les griffes de félin ou la peau de reptile sont disponibles sur les « marchés spécialisés ». Des énergies « positives » ? Il existe des endroits plus favorables que d’autres quand on a un sacrifice à  faire. Le lieu le plus prisé de Bamako reste la chaussée submersible de Sotuba. Selon les informations recueillies auprès des sacrificateurs, elle serait le fief des djinns (esprits), et les satisfaire permet de s’attirer leurs bonnes grâces. Les croyances populaires attribuent également un pouvoir particulier à  l’eau. Pour certains, il n’est pas étonnant que des vies se perdent dans les flots tumultueux du fleuve. Mais les sacrifices ne concernent pas seulement la recherche du bonheur ou de la fortune, ils sont aussi le passage obligatoire avant le début de la saison de pêche. On y jette alors des noix de Kola, de la bouillie de mil et l’on égorge ensuite un coq blanc dont le comportement, une fois jeté dans le fleuve, permettra d’interpréter l’avenir de la saison. S’il disparaà®t dans le fleuve, c’est que Faro, génie du fleuve, accepte le sacrifice. D’autres endroits comme les routes, les cimetières sont tout autant prisés car « chargés d’énergie » nécessaire à  influer sur les destins des demandeurs. A Bamako, les carrefours sont particulièrement utilisés, l’intersection permettant de « semer le mauvais sort » qui ainsi ne saurait plus suivre l’infortuné. Ce que recommande l’Islam Faire des sacrifices, est interdit par le Coran. Ce sont là  des pratiques animistes ancestrales, nous dira un musulman intérrogé. Un maà®tre coranique fustige surtout la pratique qui pousse les gens à  faire des sacrifices en tout genre sur les tombes de leurs parents défunts. Cela est formellement interdit par la religion musulmane, selon Alpha Konaté. C’’est dans le but d’aider leurs parents décédés à  obtenir le repos éternel que certaines personnes s’adonnent à  des sacrifices sur leurs tombes. Les jours les plus prisés sont les vendredis o๠les cimetières ne désemplissent pas. Il n’est pas rare de voir sur des tombes, des calebasses de lait frais, des graines de mil, maà¯s, haricot ou même des habits neufs ou usagés. Croyant faire du bien à  leurs défunts, ces sacrificateurs se trompent. « La religion musulmane interdit formellement de déposer des sacrifices sur les tombes au cimetière, quelle qu’en soit la nature »martèle Alpha Konaté. « La religion recommande par contre de faire des bénédictions aux morts, prier pour le repos de leur âme. Pour ce qui est des sacrifices, ils ne doivent pas être déposés sur les tombes comme beaucoup le font mais donnés aux pauvres et aux démunis. Les défunts bénéficieront des retombées positives de ces dons», précise M. Konaté. On peut ainsi préparer de la nourriture et inviter des personnes à  la partager tout en priant pour le défunt. De même, on peut offrir des habits, de l’argent à  des démunis au nom du défunt, au lieu de les déposer sur sa tombe.

Code de la famille : le Mariage religieux en passe d’être légalisé au Mali

Après la décision du chef de l’à‰tat de renvoyer la loi (qui avait été déjà  votée) en seconde lecture, l’Assemblée nationale a débuté, depuis trois semaines, les travaux de relecture. Cela se passe en commission des lois, en présence de 15 députés et de 15 représentants du Haut conseil islamique, un organisme qui regroupe la plupart des leaders et associations musulmans. Entre autres leaders religieux assidus aux débats, on retient Mamadou Diamounténé, secrétaire général du Haut conseil islamique et Moulaye Hamaoula, fils du très influent chérif de Nioro du Sahel. « Nous sommes les seuls religieux entendus à  la commission des lois de l’Assemblée nationale puisque les autres confessions religieuses n’ont jamais contesté le code de la famille », souligne un représentant musulman qui ajoute : « Pour vous dire à  quel point les autorités nous prenent au sérieux, les travaux de la commission sur le code sont présidés par Dioncounda Traoré lui-même, président de l’Assemblée nationale. Il n’a pas raté une séance de travail et il a ordonné à  des députés membres de la commission de se faire remplacer au besoin et de ne pas manquer une seule réunion. » Dioncounda tient-il, par son assiduité, à  se faire pardonner par les associations islamiques qui le rendaient responsable du premier vote du code contesté ? Ou bien a-t-il reçu des instructions fermes de Koulouba ? « Rien de tout cela, explique un député ; le président du parlement veut simplement s’assurer par lui-même que les points qui feront l’objet de consensus sont bien notés ». Le Haut Conseil a soumis aux débats un catalogue d’une quarantaine de doléances qu’il souhaite insérer dans le code sous forme d’amendements. l’un des amendements qui ont déjà  été acceptés par l’ensemble des membres de la commission porte sur la légalisation du mariage religieux. Un représentant religieux raconte : « Ce point a fait l’objet d’un consensus total et ce jour-là , étaient présents des députés importants comme Mountaga Tall, Kassoum Tapo et, bien entendu, Dioncounda. ». Légaliser le mariage religieux (célébré selon la tradition islamique à  la mosquée ou ailleurs) revient à  lui attacher tous les effets juridiques d’un mariage civil (célébré à  la mairie). Le couple marié religieusement pourra ainsi faire transcrire son union dans les régistres d’Etat-civil ; l’épouse bénéficiera de tous les droits d’une épouse civilement mariée, ce qui est une révolution dans la mesure o๠suivant la loi actuelle et le code avorté, l’épouse non mariée devant le maire n’héritait pas de son mari. « La légalisation du mariage religieux, annonce un député, accordera une plus grande protection aux femmes qui, dans notre pays, sont majoritairement mariées sous le seul régime religieux. Les mosquées pourront désormais délivrer, au même titre que les maires, des certificats de mariage en bonne et due forme. ». Autre amendement arraché de haute lutte par les musulmans, la suppression de l’article du Code qui prévoit un « respect mutuel » entre les époux et son remplacement par une diosposition plus conforme aux canons coraniques : « Le mari est chef de la famille. Il doit protection à  son épouse et celle-ci lui doit obéissance. ». Comme pour sécher les larmes des féministes, mais toujours en conformité avec l’Islam, « les charges du ménage pèsent à  titre principal sur le mari » et l’épouse, même si elle en a les moyens, n’est pas obligée de participer aux frais. Les musulmans ont, en outre, obtenu l’interdiction de donner le nom du père adoptif à  l’enfant adopté, ce qui vide l’adoption-filiation de sa substance. La commission poursuit ses travaux tous les mardis et mercredis et des sources proches du Haut conseil islamique affirment fièrement : « Rien ne sera publié dans le prochain code qui violerait les lois de l’Islam, les Maliens étant à  90% musulmans. Ou alors on devra marcher sur notre corps ! ». L