Justice : Chouala Bayaya Haidara placé sous mandat de dépôt sera jugé le 12 mars 2024

Le leader religieux Chouala Bayaya Haidara a été finalement placé sous mandat de dépôt et transféré à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ce 20 décembre 2023, après avoir été présenté mardi au procureur Adama Coulibaly du pôle spécialisé de lutte contre la cybercriminalité du tribunal de la commune VI.  Alors que ses fidèles étaient nombreux devant la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ), il a été conduit discrètement à la MCA ce matin aux environs de 11heures 30 minutes. Il est accusé d’atteinte au crédit de l’Etat, et de la diffusion de propos mensongers, de nature à troubler l’ordre public. Alors que son jugement est fixé au 12 mars 2024, l’appel du 20 février a appelé à sa libération immédiate. La CMAS de l’imam Mahmoud Dicko lui a également apporté son soutien. Le haut conseil islamique dont il est membre a convoqué une réunion extraordinaire mercredi dont les conclusions ne sont pas encore connues. Dans une récente vidéo, il a dénonce ce qu’il qualifie de détention arbitraire notamment concernant Ras Bath, Rose Doumbia dit « Vie chère » mais également Madame Bouare Fily Sissoko. 

Désengorger les prisons : une nécessité vitale

La surpopulation carcérale est un fléau qui mine les prisons maliennes depuis plusieurs années. Conçue pour accueillir seulement 450 pensionnaires, la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako compte plus de 3 800 prisonniers.

À en croire un rapport de la Mission d’appui à la formulation de la politique pénitentiaire du Mali datant de 2018, les principales causes de la surpopulation carcérale sont de deux ordres. D’abord une croissance du nombre des personnes incarcérées au regard du nombre de places en établissements pénitentiaires et d’éducation surveillée et une pratique judiciaire réduisant la prison au statut de « bonne à tout faire » du système pénal.

« En effet, alors que la législation prévoit quelques alternatives à l’incarcération, comme le travail d’intérêt général ou le contrôle judiciaire, force est de constater l’insuffisance de l’application des mesures alternatives à l’emprisonnement au Mali », indique le rapport.

Parmi les 3 590 pensionnaires que comptait la Maison centrale de Bamako le 25 avril 2023, 2 910, soit plus de 81%, étaient en détention provisoire. À l’instar de Bamako, les établissements pénitentiaires de quelques grandes villes du pays, comme Koulikoro, Kati, Kayes, Ségou, Mopti et d’autres sont confrontés à la même réalité.

Pour changer la donne, la CNDH, qui œuvre à la réduction des chiffres de la détention provisoire au Mali, s’attelle à établir un « dialogue constructif et permanent avec tous les acteurs concernés par la problématique dans le but de parvenir à un changement de paradigme ».

Actions

Construite pour assurer le désengorgement de la prison centrale de Bamako, la maison d’arrêt de Kéniéroba accueille depuis 2021 des prisonniers en provenance de la capitale. Selon Ibrahim Tounkara, ancien Directeur national de l’Administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, la mise à disposition de cette nouvelle maison d’arrêt a permis le transfert d’un grand nombre de détenus de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, permettant « de façon très significative » de la désengorger.

Si la CNDH salue la poursuite du transfèrement des pensionnaires de la MCA vers la nouvelle prison et tous les autres efforts du gouvernement en matière de désengorgement des prisons, elle recommande dans son rapport annuel 2021 sur la situation des Droits de l’Homme, publié en octobre 2022, de construire de nouvelles prisons aux normes internationales et dmettre en œuvre des peines alternatives à l’incarcération.

Au pouvoir judiciaire, la Commission demande de « privilégier la liberté comme principe lorsqu’il existe d’autres alternatives, notamment en cas d’infractions mineures et certains délits » et « d’envisager la détention comme exception lorsqu’il n’existe pas d’autres alternative ».

Ras Bath : sa vie derrière les murs

Le  chroniqueur  Mohamed Youssouf  Bathily, alias Ras Bath, est en détention provisoire depuis le 31 décembre 2020, pour des « faits d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». À la Maison centrale d’arrêt de Bamako, il est plutôt en forme et garde le contact avec ses soutiens, qui ne ménagent rien pour obtenir sa libération.

Même s’il n’a plus ses dreadlocks, Ras Bath garde sa tête froide. « Il a un moral d’acier », affirme Boubacar Yalcoué, Secrétaire administratif du CDR (Collectif pour la défense de la République). Depuis sa mise en détention provisoire, il a pu lui rendre visite plusieurs fois.

Selon lui, Ras Bath est détenu au « premier cabinet », « le lieu le plus confortable de la Maison centrale d’arrêt ». Il a une journée chargée. Après l’appel quotidien des prisonniers, vers 6 heures du matin, Ras Bath s’acquitte de sa prière. Ensuite, il vient à la rencontre de ceux qui viennent lui rendre visite, de huit heures jusqu’à dans l’après-midi. « Par moments il est même débordé ».

À la Maison centrale d’arrêt, il mange bien, grâce à sa famille et au CDR.  Souffrant de problèmes de genoux, il bénéficie également d’un suivi médical. « J’en ai été témoin quelques fois. Quand on arrive, on le trouve en train de checker son état de santé avec des médecins », témoigne Boubacar Yalcoué.

Ras Bath n’est pas déconnecté de l’actualité. À chaque fois que les membres du CDR lui rendent visite, ils en débattent. « Le guide » profite aussi de ces occasions pour mûrir la stratégie de ses soutiens qui se mobilisent pour sa libération.  « On a de tout temps échangé avec lui », explique Boubacar Yalcoué. « Le seul message qu’il ne cesse de nous répéter, c’est de rester républicains et démocrates, de ne jamais poser des actes qui portent atteinte aux lois maliennes. Nous sommes dans ce canevas. Quand nous souhaitons poser des actions, on échange avec lui sur ce qu’il y a lieu de faire. »

Le CDR prévoyait une marche qui a été interdite à cause de l’état d’urgence et de la pandémie de Covid-19. Ensuite, c’est une demande de sit-in au Camp I de la gendarmerie, à la sécurité d’État et au tribunal de la Commune III qui a été retoquée pour les mêmes raisons. Ce 21 janvier, le CDR prévoit une caravane à travers Bamako. « Nous en avons parlé à Ras Bath et il n’y a vu aucun inconvénient ».

Aéroports: Consession n’est pas privatisation!

Dans le but d’ « améliorer la qualité de service et de maintenance et de la performance commerciale », le gouvernement a décidé en 2010 de concéder la gestion de l’Aéroport international de Bamako Sénou à  un privé. Le concessionnaire sera connu d’ici à  juin, assure le gouvernement. Les autorités maliennes parlent de « concession ». Les syndicalistes considèrent qu’il s’agit d’une privatisation qui ne dit pas son nom. La direction nationale de l’Agence nationale d’avion civile (ANAC) et celle des Aéroports du Mali (ADM), relevant du ministère de l’Equipement et des transports (MET), ont donc tenu à  en dire plus sur cette décision polémique. « Pas une privatisation », selon le gouvernement « Cette concession est l’une des conditionnalités posées par le Millenium Challenge Account-Mali (fond étasusien) pour le financement, la modernisation et l’extension de l’aéroport de Bamako Sénou », a indiqué Mme Cissé Kadidia Traoré, conseillère technique au MET. Une concession n’est pas une privatisation, a-t-elle insisté en précisant que la mise en concession prévue d’ici juin 2012 n’implique pas un transfert complet de l’exploitation du service public au repreneur. Les installations aéroportuaires appartiendront toujours à  l’Etat malien, a notamment expliqué le directeur général de l’ANAC, Abdoulaye Coulibaly. La directrice des Aéroports du Mali mise à  la porte « Toute défaillance au titre des obligations du concessionnaire en termes de garanties financières, de protection de l’environnement, de sécurité et de refus de communication constitue une faute contractuelle donnant droit à  une résiliation de la Convention », a-t-il également rappelé. La décision de mise en concession n’est nullement liée à  la gestion controversée de l’ancienne directrice générale de la structure, Mme Thiam Aya Diallo, a ajouté Mme Cissé kadidia Traoré. Après des semaines de protestations des employés la directrice a été remercié le 22 février. Le syndicat des travailleurs est farouchement opposé à  toute idée de mise concession, qu’il perçoit comme une privatisation pure et simple. Si cette concession venait à  être effective l’entreprise et ses employés seraient menacés, ont estimé les travailleurs et le collectif des femmes. Toutes les garanties sont prises pour la préservation des emplois, a affirmé de son côté la conseillère technique du ministère.

Projet d’irrigation d’Alatona : Une trentaine de villages réhabilités

Situé à  environ 170 km de Ségou, Alatona est un village du cercle de Niono. Il est en pleine réinstallation puisqu’étant la zone choisie pour le vaste projet d’irrigation portant son nom. C’’est un projet initié par le MCA Mali dont la direction générale est rattachée au chef de l’Etat malien Amadou Toumani Touré. Par ailleurs, les Etats Unis, à  travers le Millenium Challenge Corporation (MCC), ont mis à  disposition du Mali, cet ambitieux plan de développement à  travers la signature d’une convention en 2006. Le coût global du projet s’élève à  122,3 milliards de francs CFA (environs 234,6 millions de dollars américain). Aménagement des superficies irrigables Le projet est financé sur 5ans, de 2007 à  2012 et vise à  aménager une superficie brute de 14 000 hectares (ha) de terre à  Alatona. Cela représente une augmentation d’environ 20% des superficies actuelles aménagées ainsi que la réhabilitation et la construction d’une route nationale Niono-Goma Coura. Située dans la zone office du Niger, elle s’étend sur 81 km. Pour cela, ce sont 22 441 ha de terre qui ont été désaffectés de l’Office du Niger et affectés au MCA Mali. Le directeur du projet, Boubacar Mamadou N’Diaye explique que « l’objectif assigné au projet est de prendre en compte, l’accroissement de la production et de la productivité à  travers plusieurs points essentiels. » Entre autres, l’amélioration du régime foncier, la modernisation des systèmes de production irriguée, l’atténuation des incertitudes d’une agriculture de subsistance et par conséquent, l’augmentation du revenu des paysans, sans oublier la réduction du coût du transport. Par ailleurs, ces travaux permettront de renforcer et d’augmenter la capacité du réseau hydraulique principal de l’office du Niger de 180 m3/s à  286m3/s. Ce qui rendra possible d’autres projets d’aménagement hydro-agricoles dans cette zone à  fort potentiel. l’aménagement des premiers 5200 hectares, avec une prévision moyenne de 4 tonnes de riz à  l’hectare, pour la première campagne, va permettre d’accroà®tre considérablement la production globale de la zone. Le Mali, une puissance agricole en Afrique Cet important projet agricole permettra au Mali de figurer parmi les plus grands pays producteurs de riz sur le continent et même au-delà . Mais, cela commence d’abord par les communautés villageoises. En effet, le projet a mis en place un système qui permet aux population d’être propriétaires de terres. Chacun des 32 villages déplacés bénéficient de lopins de terre. Avec 2 hectares mis gratuitement à  leur disposition, ils jouiront de trois autres mais payables sur 20 ans. Le coût de ces 3 hectares s’élève à  4.350.000 francs CFA. Le projet d’irrigation d’Alatona, C’’est aussi l’introduction de nouvelles pratiques dans les domaines de l’agriculture de la gestion de l’eau et des crédits. A côté de cela, des réformes politiques et organisationnelles destinées à  réaliser le potentiel de l’office du Niger comme moteur de la croissance économique. En sommes, il permettra d’assoir son ambition de puissance agricole dans la sous-région. Dans l’un des villages déplacés que nous avons visités, les populations bénéficient d’une banque de céréales. Cette banque dirigée par le chef du village de Wélingara et un comité de gestion, a été désignée meilleure banque cette année. Ils ont reçu les félicitations de la commissaire à  la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haidara. Ils produisent eux même leur riz qui est d’une qualité supérieur et reçoivent des clients de villages voisins.

Millenium Challenge Account : Les projets enfin lancés !

Le Millenium Challenge Account, qu’est ce que c’est ? Ce Fonds pour les défis du Millénaire, est une initiative du Gouvernement Américain destinée à  contribuer à  la croissance accélérée et à  la lutte contre la pauvreté dans certains Pays les Moins Avancés (PMA). Le Mali a bénéficié de ce fonds, afin de poursuivre de grands travaux ! Le montant de ce fonds se chiffre à  près de 500 millions de dollars US, soit à  peu près 600 millions de francs CFA. Parmi ces travaux, figure entre autres la modernisation et l’extension de l’aéroport Bamako Sénou, à  commencer par l’aérogare frêt! Inauguré en avril par le chef de l’état, ce projet s’inscrit dans le développement des infrastructures aéroportuaires modernes. Une initiative dont s’était largement félicié Hamed Diane Semega, ministre de l’équipement et des transports et qui a remercié le Gouvernement Américain à  travers le Millennium Challenge Corporation (MCC) et qui contribue à  faire de l’aéroport Bamako-Sénou un outil de développement et d’intégration. Par ailleurs, la mise en œuvre des travaux d’exécution de la route Niono- Goma Coura, un ouvrage long de 81km, permettra d’améliorer les liaisons routières pour des enfants en âge d’aller à  l’école. Le financement de cette route s’inscrit dans le cadre du programme de réhabilitation de la liaison entre Niono et Tonka, en 6ème région du Mali. Sans oublier le processus d’Immatriculation de la zone du projet d’Irrigation d’Alatona dans l’Office du Niger ou le Parc Industriel. Rencontre entre acteurs impliqués dans le MCA Pour pérenniser ces grands travaux subordonnés au contrôle des Etats-Unis et à  une expertise de qualité, la rencontre de l’hôtel Radisson, a aussi permis de présenter des dossiers d’appels d’offres des grands travaux du Millenium Challenge Account ( MCA) aux entreprises locales, régionales et internationales en rappelant les objectifs du MCA. Le projet Millenium Challenge Account, dérivé de l’administration Bush, est un programme qualitatif, qui s’inscrit hors des politiques de prêts sévères et d’endettement de la Banque Mondiale qui étranglent le plus souvent les états. Si le millenium Challenge Account est une belle opportunité de développer quelques infrastructures au Mali, reste aux acteurs en charge du dossier de mener à  terme ces travaux, ceci pour tenter d’ atteindre les objectifs du Millénaire (OMD) en terme de croissance économique, mais aussi d’amélioration sociale, pour les populations concernées par ces projets. Mais les projets sont enfin lancés !