Séisme en Turquie et en Syrie : l’ONU lance un appel d’aide de 400 millions de dollars

 

 

Le secrétaire général de l’ONU a lancé mardi 14 février un appel d’urgence aux dons d’environ 400 millions de dollars pour aider les populations victimes du séisme qui se retrouvent dans les rues, sans abris, sans nourriture et sans soins, en Syrie et en Turquie.

« Aujourd’hui, j’annonce que l’ONU lance un appel humanitaire de 397 millions de dollars pour les populations victimes du séisme qui a ravagé la Syrie. Cela couvrira une période de trois mois », a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’organisation, rassurant qu’un appel aux dons équivalent pour la Turquie était en préparation.

Au total, plus de 7 millions d’enfants sont affectés par ce séisme, selon un communiqué de l’Unicef ce mardi.

« En Turquie, le nombre total d’enfants vivant dans les dix provinces touchées par les deux tremblements de terre s’élevait à 4,6 millions. En Syrie, 2,5 millions d’enfants sont touchés », a précisé James Elder, un porte-parole de l’Unicef, lors d’une conférence de presse à Genève.

Le bilan, encore provisoire, ne cesse de s’alourdir : il s’élevait mardi soir à 39 106 morts – 35 418 morts dans le sud de la Turquie officiellement tandis que les autorités ont dénombré 3 688 morts en Syrie.

Il s’agit du « pire désastre naturel en un siècle » en Europe, a affirmé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce mardi 14 février.

Plus d’une semaine après le puissant séisme d’une magnitude de 7,8 qui a frappé les deux pays, l’espoir de retrouver des survivants diminue néanmoins de nouveaux survivants ont été extraits des décombres.

Mardi, quatre personnes ont encore pu être extraites vivantes des décombres en Turquie, dont un couple de Syriens à Antakya, l’Antioche de l’Antiquité, l’une des villes turques ayant le plus souffert du tremblement de terre.

Idlib : Fort regain de tension entre la Syrie et la Turquie

Les forces de Bachar Al-Assad et de ses alliés ont repris le mardi 11 février aux terroristes et aux rebelles le dernier tronçon d’une autoroute-clé dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cette reprise intervient dans un contexte de tensions inédites entre la Syrie et la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles et dispose de troupes dans le nord-ouest syrien.

Cette autoroute est stratégique pour le gouvernement syrien, car elle relie le sud du pays à la grande ville d’Alep, dans le nord, en passant par la capitale, Damas. Sa reprise survient après des semaines d’offensive des forces gouvernementales et de leur allié russe contre les terroristes et rebelles dans cette région. Depuis le lancement de cette opération, début décembre, les violences ont obligé à se déplacer quelque 700 000 personnes, selon l’ONU.

« Lundi noir »

Lundi soir (10 février), la Turquie a annoncé avoir « neutralisé » plus de 100 soldats syriens en réponse à la mort de cinq soldats turcs tués plus tôt dans la journée. La semaine dernière, huit militaires turcs avaient déjà été frappés par un bombardement de l’armée syrienne dans la région, où les forces de Damas encerclent 3 des 12 postes d’observation tenus par les soldats turcs. Ankara a dépêché ces derniers jours des renforts et des blindés pour les déployer sur de nouvelles positions militaires. Par la suite, le président turc Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs posé un ultimatum à Damas, lui demandant d’éloigner ses troupes des postes d’observation militaires turcs d’ici fin février. Une délégation russe se trouvait cette semaine à Ankara pour faire baisser les tensions. Les responsables turcs ont appelé Moscou à « assumer ses responsabilités » en tant qu’État garant de l’accord de cessez-le-feu parrainé par les deux pays et conclu à Sotchi en 2018, a rapporté l’agence turque Anadolu. La Turquie redoute que l’offensive de Damas, soutenue par Moscou, dans la région ne déclenche une nouvelle vague migratoire vers la Turquie, où plus de 3,5 millions de Syriens ont déjà trouvé refuge depuis 2011. Selon plusieurs observateurs, le front d’Idlib représente la dernière grande bataille stratégique de l’armée syrienne, qui contrôle désormais plus de 70 % du territoire national.

Boubacar Sidiki Haidara

« Les missiles arrivent » : Donald Trump menace la Syrie de nouvelles frappes

Dans un tweet publié mercredi, le chef de la Maison-Blanche Donald Trump a invité la Russie à «être prête» à contrer les missiles américains en Syrie.

« Tiens-toi prête, Russie, les missiles arrivent. » Les mots sont signés du président des Etats-Unis. Dans un tweet, Donald Trump avertit Moscou de frappes imminentes contre la Syrie après l’attaque chimique présumée dans la ville insurgée de Douma. Les Russes ne doivent pas « être les partenaires d’un animal qui tue son peuple avec des gaz », a continué Trump dans un tweet, en faisant allusion au président syrien, Bachar Al-Assad, et à l’attaque chimique présumée de samedi soir.

« Nos relations avec la Russie est pire aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été, et cela inclut la guerre froide, a encore rebondi le président américain, dans un nouveau message. Il n’y a pas de raison à cela. La Russie a besoin qu’on l’aide sur son économie, ce qui devrait être très facile à faire, et nous avons besoin que toutes les nations travaillent ensemble. Arrêtons la course aux armements ? »

Moscou dément toute utilisation d’armes chimiques et avait mis en garde les Etats-Unis contre des frappes qui auraient « de graves conséquences ». L’armée russe a déjà promis « des mesures de riposte » directes en cas de menace pour la vie des soldats russes stationnés en Syrie.

La réaction de Moscou n’a pas tardé après le tweet de Donald Trump. « Les missiles intelligents doivent voler en direction des terroristes et non pas en direction du gouvernement légitime, qui lutte depuis plusieurs années contre le terrorisme international sur son territoire », a réagi sur Facebook la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Elle a également insinué que les frappes américaines pourraient servir à « effacer les traces des provocations » que les Occidentaux dénoncent comme une attaque à l’arme chimique dans l’enclave rebelle de Douma.

« Nous avons prévenu plus d’une fois les Etats-Unis des conséquences négatives qu’aurait un recours à la force contre le gouvernement légitime syrien, surtout si des militaires russes sont affectés, a également réaffirmé une source diplomatique russe. La Russie fera tout le nécessaire pour défendre ses citoyens sur le territoire syrien ».

 

Carla Del Ponte jette l’éponge

Carla Del Ponte, la magistrate suisse, quitte la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, après 5 ans passé à lister crimes de guerre et violations des droits de l’homme, frustrée et découragée par la portée quasi nulle du travail effectué et le manque de volonté politique de mettre en œuvre la justice.

« Je suis frustrée, j’abandonne ! J’ai déjà écrit ma lettre de démission et vais l’envoyer dans les prochains jours », c’est par ces mots, lâchés lors d’une interview au journal suisse Blick, dimanche dernier, que Carla Del Ponte, l’ex-procureure des tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie, connue pour son franc-parler, a annoncé qu’elle démissionnait de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, dans laquelle elle siégeait depuis 2012. Durant 5 ans dans cette commission, forte de trois membres, Carla Del Ponte a participé à l’élaboration d’une douzaine de rapports sur les atrocités commises en Syrie, comme les génocides contre la population irakienne yazidi, les attaques aux armes chimiques et les bombardements de convois humanitaires. En mai 2013, Carla Del Ponte choquait l’opinion internationale en affirmant avoir « de forts soupçons » que les rebelles en Syrie utilisaient du gaz sarin. Dans un autre rapport, elle pointait du doigt la responsabilité du gouvernement de Bachar al-Assad, dans le bombardement de convois humanitaires, mais la commission, qui a pourtant a documenté de nombreuses violations des droits de l’homme et crimes de guerre, n’a jamais été entendue pour que la Cour pénale internationale se saisisse des cas exposés dans ces rapports.

Tout ça pour rien « Je ne peux pas rester dans cette commission, qui ne fait absolument rien », a poursuivi Mme Del Ponte, frustrée face à l’incapacité de traduire les auteurs devant la justice et qui dit n’avoir jamais vu de tels crimes commis ailleurs, se référant à l’ex-Yougoslavie et au Rwanda, où elle a également étudié de manière approfondie les atrocités de la guerre. Pour cette ancienne avocate, impulsive et au caractère bien trempé, qui auparavant enquêtait sur les milieux mafieux, « tout le monde en Syrie est du mauvais côté ». Pour elle, le gouvernement Assad a perpétré des crimes horribles contre l’humanité et utilisé des armes chimiques et l’opposition compte dans ses rangs des extrémistes et des terroristes. Carle Del Ponte claque la porte pour d’autres horizons, où ses investigations auront un effet réel. Elle laisse à ses ex-deux collègues, un Brésilien et une Américaine, le soin d’investiguer les atrocités quotidiennes d’une guerre qui a tué 330 000 personnes et en a déplacé des millions.

Syrie : Russie-USA-Iran au bord de la crise de l’air

Dimanche 18 juin, un avion de combat américain abattait un appareil de la force aérienne syrienne, glaçant les relations entre la Russie et les États-Unis. Mardi 20 juin, c’est au tour d’un drone de l’Iran, un pays qui soutient le régime syrien, d’être détruit par un tir américain. Le jeu de pouvoir et d’influence sur fond de guerre contre l’EI en Syrie pourrait déboucher sur une collision entre la Russie, les USA et leurs alliés.

« Les actions de combat répétées menées par l’aviation américaine sous le couvert du contre-terrorisme contre les forces armées licites d’un pays membre de l’ONU constituent une violation massive du droit international et de facto une agression militaire contre la République arabe syrienne », déclarait, sans ambages, le ministère de la Défense de Vladimir Poutine à propos du chasseur syrien abattu par l’armée américaine. Cette dernière affirme qu’il bombardait des rebelles soutenus par les Etats-Unis, alors que Damas affirme que son avion visait les forces de l’État islamique (EI). La destruction dimanche de cet appareil militaire syrien jugé hostile par les USA fait suite au lancement par le président Trump de dizaines de missiles de croisière contre un aérodrome syrien, en avril, dont les avions étaient censés utiliser des armes chimiques sur des civils.

Tensions Depuis dimanche, le ton est considérablement monté entre les États-Unis et la Russie, qui menace désormais de cibler les avions de la coalition internationale à l’ouest de l’Euphrate. « Tout objet volant, incluant des avions ou des drones de la coalition internationale, détecté à l’ouest de l’Euphrate sera considéré par les systèmes de défense russes comme une cible », a annoncé Moscou, qui a aussi suspendu sa coopération avec Washington dans la prévention des incidents aériens.

La coalition internationale, menée par les Etats-Unis, lutte en appuyant des forces kurdes et arabes sur le terrain contre l’EI, notamment autour de son fief de Raqqa. Le régime syrien, de son côté, aidé par la Russie, combat différentes factions rebelles ainsi que les djihadistes. Facteur de complication, le soutien de l’Iran au régime Assad, qui a attaqué les positions de l’EI, en riposte à l’attaque de Téhéran qui a fait 12 victimes il y a deux semaines. Mardi 20 juin, un avion américain a abattu un drone iranien armé qui progressait trop près des forces de la coalition dans le sud de la Syrie. C’est la cinquième fois depuis la fin du mois de mai que l’armée américaine a bombardé des forces pro-syriennes dans cette région. Certains observateurs, se placent déjà après la chute de l’EI à Raqqa et s’interrogent sur le positionnement des États-Unis, qui voudront consolider la position des rebelles syriens et des Kurdes sur une partie du territoire syrien aux dépens de Damas, soutenu par la Russie, le Hezbollah, l’Iran et même la Turquie.

 

 

Syrie: accord Russie-Turquie-Iran sur la création de zones sécurisées

La Russie et l’Iran, alliés de Bachar al-Assad, et la Turquie, soutien des rebelles, ont adopté jeudi à Astana un plan russe pour la Syrie en guerre visant à créer des zones sécurisées pour instaurer une trêve durable dans plusieurs régions.

Les chefs des délégations des trois pays parrainant les pourparlers de paix qui se tenaient pendant deux jours au Kazakhstan ont signé « un mémorandum sur la création de zones de désescalade en Syrie », a indiqué au terme des négociations le chef de la diplomatie, Kaïrat Abdrakhmanov.

Les émissaires des rebelles et des émissaires du régime syrien n’étaient pas été invités à signer ce texte.

Selon cet accord, dont une copie a été consultée par l’AFP, les pays garants doivent désormais définir avant le 4 juin les contours de ces zones, qui sont instaurées avec une validité initiale de six mois avec possibilité de prolongation.

« Nous sommes en train d’envisager l’éventualité qu’elle n’ait pas de limite de temps », a indiqué l’envoyé spécial du président russe Vladimir Poutine pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev.

Un groupe de travail constitué des représentants des trois pays garants doit être constitué d’ici deux semaines.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit jeudi soir « encouragé » par cet accord, selon son porte-parole Stéphane Dujarric.

Présent à Astana, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait plus tôt salué « un jour important », disant espérer des progrès concrets vers l’instauration de ces zones d’ici deux semaines, avant la reprise des pourparlers de paix à Genève (Suisse).

Prudence de Washington

Damas a déclaré soutenir l’initiative par la voix du chef de sa délégation, Bachar al-Jaafari. Et avant la signature, les rebelles avaient eux loué une mesure de nature à « améliorer la situation humanitaire difficile des civils », bien qu’ils n’acceptent pas le fait que l’Iran soit co-signataire du document.

« Nous ne prenons pas part à cet accord, c’est un accord entre ces trois pays. Bien entendu, nous ne sommes pas d’accord du tout pour que l’Iran (…) soit un garant de cet accord », a dénoncé lors d’un point presse Oussama Abou Zeid, le porte-parole de la délégation rebelle.

Les Etats-Unis, pays observateur dans les négociations d’Astana, ont pour leur part salué avec grande prudence cet accord, disant dans un communiqué « soutenir tout effort qui puisse véritablement réduire la violence en Syrie ».

Le plan russe est apparu au grand jour mardi pendant une conversation téléphonique entre le président russe et son homologue américain Donald Trump.

Le lendemain, recevant son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Sotchi (sud-ouest de la Russie), M. Poutine avait déroulé son plan visant à « une plus grande pacification » de la Syrie et à « un renforcement du cessez-le-feu ».

Pour cela, il s’agit de créer des « zones sécurisées » ou zones dites « de désescalade », un terme flou qui pourrait s’approcher de l’idée d’une zone-tampon sans toutefois impliquer de déploiement massif de soldats pour assurer le cessez-le-feu.

Antonio Guterres a avancé que les Nations unies soutiendraient ces efforts de désescalade, sans toutefois préciser si l’organisation jouerait un rôle.

Zones d’exclusion aérienne

D’après le texte de l’accord, les « zones de désescalade » seront créées dans l’ensemble de la province d’Idleb, dans des zones délimitées au sein des provinces de Lattaquié, d’Alep, de Hama, d’Homs et de Damas avec la Ghouta orientale, ainsi que dans des zones délimitées des régions de Deraa et Kuneitra.

La première version de ce projet, consultée en arabe par l’AFP, prévoyait la création de quatre zones uniquement.

Selon cette version, « des zones de sécurité » seront constituées autour de ces « zones de désescalade », avec postes de contrôle et centres de surveillance tenus conjointement par « les forces des pays garants sur la base du consensus ».

Les territoires concernés seront doublés de zones d’exclusion aérienne, « à condition qu’il n’y ait aucune activité militaire dans ces zones », selon M. Poutine.

Le plan favorisera la mise en place « d’un dialogue politique entre les belligérants », avait assuré mercredi M. Poutine, affirmant que « ce processus politique doit amener en fin de compte à un rétablissement complet de l’intégrité territoriale du pays ».

La lutte contre les « organisations terroristes », telles que le groupe jihadiste Etat islamique et le Front Fateh al-Cham, ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie, se poursuivra malgré l’éventuelle constitution de telles zones.

M. Erdogan a estimé jeudi que ce « nouveau concept » permettrait de résoudre le conflit syrien à « 50% ». La guerre a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés depuis mars 2011.

La Syrie accuse Israël de tirs de missiles près de Damas

La Syrie a accusé son voisin israélien d’avoir provoqué une énorme explosion jeudi en tirant des missiles sur une position militaire, près de l’aéroport international de Damas.

L’Etat hébreu, qui confirme rarement ses nombreuses attaques lancées en territoire syrien depuis le début de la guerre civile en 2011, a laissé entendre qu’il pourrait en être l’auteur.

Si son implication se confirmait, il s’agirait de la deuxième attaque menée en quatre jours par Israël contre des cibles en Syrie.

« Une position militaire au sud-ouest de l’aéroport international de Damas a été la cible à l’aube d’une agression israélienne avec plusieurs missiles (…) », qui a provoqué des dégâts matériels, a indiqué l’agence officielle Sana citant une source militaire. Elle n’a pas précisé s’il s’agissait d’une position syrienne.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a lui indiqué qu’un dépôt d’armes, vraisemblablement appartenant au Hezbollah libanais, avait explosé près de l’aéroport sans fournir d’autres détails. La plus grande partie de l’entrepôt était vide, a dit l’ONG.

Bête noire d’Israël, le Hezbollah combat au côté du régime de Bachar al-Assad contre rebelles et jihadistes.

Selon la télévision Al-Manar du Hezbollah, l’explosion, « vraisemblablement due à un raid aérien israélien » s’est « produite dans des dépôts de fuel et un entrepôt ».

En Israël, le ministre du Renseignement Israël Katz a déclaré que la frappe présumée était « cohérente » avec la politique israélienne, sans confirmer une responsabilité de son pays.

« Boule de feu »

L’aéroport international de Damas est situé à environ 25 km au sud-est de Damas, un bastion du régime Assad.

Un témoin habitant dans le quartier de Dawwar al-Baytara à Damas, a raconté à l’AFP avoir entendu une puissante déflagration.

« Vers 04H00 du matin, j’ai entendu une énorme explosion, j’ai accouru au balcon et en regardant du côté de l’aéroport, j’ai vu une énorme boule de feu », a dit Maytham, 47 ans.

La Russie, autre allié de poids du régime syrien, a appelé « tous les pays » à la « retenue » et a mis en garde contre une « montée des tensions » en Syrie, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Israël s’alarme de la présence en Syrie du Hezbollah et de forces envoyées par l’Iran, son autre ennemi juré, pour prêter main forte au régime.

Mi-mars, Israël et la Syrie ont connu leur plus sérieux incident depuis le début du conflit syrien. Un raid israélien près de Palmyre (centre) sur des cibles présentées par Israël comme liées au Hezbollah a provoqué une riposte de l’armée de l’air syrienne et un tir de missile en direction d’Israël a été intercepté.

Israël avait reconnu ce raid contre le Hezbollah, soutenu par Téhéran.

« Quand l’on identifie des tentatives de transfert d’armes sophistiquées au Hezbollah et que nous avons des informations des services de renseignement à ce sujet, nous agissons pour les prévenir », avait alors dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« Lignes rouges »

Deux jours plus tard, Israël Katz rappelait ce qu’Israël considère comme des « lignes rouges »: empêcher le transfert d’armements sophistiqués au Hezbollah et l’ouverture d’un front près du territoire israélien.

La dernière frappe israélienne en Syrie remonte à dimanche. Trois miliciens loyaux au régime ont été tués dans un bombardement israélien contre leur camp Qouneitra sur le plateau du Golan, selon la milice. Israël s’était refusé à tout commentaire.

En janvier dernier, le régime syrien a accusé l’Etat hébreu d’avoir bombardé son aéroport militaire de Mazzé, dans la banlieue ouest de la capitale, qui abrite les services de renseignements de l’armée de l’air.

En 2016, plusieurs missiles israéliens avaient frappé les environs de cette base militaire. La même année, M. Netanyahu avait admis qu’Israël avait attaqué des dizaines de convois d’armes destinés au Hezbollah en Syrie.

L’aéroport de Damas lui-même a été visé, selon le régime, par des raids israéliens en 2014.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations antirégime, la guerre en Syrie s’est progressivement complexifiée avec l’implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé. Elle a fait plus de 320.000 morts.

Syrie: Paris accuse Damas de l’attaque au sarin de Khan Cheikhoun

L’attaque au sarin contre la localité syrienne de Khan Cheikhoun, qui a tué début avril 87 personnes et horrifié le monde, porte « la signature » de Damas, a accusé mercredi la France dans un rapport de ses services de renseignement incriminant le régime.

Ce document démontre également « que le régime détient toujours des agents chimiques de guerre, en violation des engagements à les éliminer qu’il a pris en 2013 », selon un communiqué de la présidence française.

« La France a décidé de partager avec ses partenaires et avec l’opinion publique mondiale les informations dont elle dispose », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, à l’issue d’un Conseil de défense réuni autour du président François Hollande.

L’attaque perpétrée le 4 avril contre la localité de Khan Cheikhoun, en zone rebelle, a fait 87 morts, dont 31 enfants, et a entraîné des frappes de représailles américaines le 7 avril sur une base aérienne du régime. Ce dernier a toujours démenti être impliqué et estimé que l’attaque était « une fabrication à 100% ».

« Le fait du recours au sarin ne fait guère de doutes, mais il est impossible de faire des conclusions sur qui en est responsable sans une enquête internationale », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui souligne que Moscou « ne comprend pas que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’abstienne pour l’heure d’une telle enquête ».

La France, dont les services assurent avoir « prouvé » cinq attaques au gaz sarin en Syrie depuis avril 2013, selon un décompte fourni avec le rapport, s’appuie sur des prélèvements sur place et analyses effectuées sur les victimes, selon une source diplomatique française.

Le rapport étudie trois aspects-clés de l’attaque de Khan Cheikhoun: la nature du produit, le procédé de fabrication et son mode de dispersion.

Paris, à l’instar de l’OIAC, de la Turquie, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, a conclu à l’utilisation de sarin à Khan Cheikhoun.

Arme chimique banalisée

Mais c’est surtout le procédé de fabrication du gaz qui permet à la France d’incriminer le régime de Damas. Le sarin prélevé à Khan Cheikhoun a été comparé avec des prélèvements réalisés par la France après une attaque de 2013 imputée au régime à Saraqeb (nord-ouest).

La France avait récupéré une munition non explosée et en avait analysé le contenu.

« Nous sommes en mesure de confirmer que le sarin employé le 4 avril est le même sarin que celui qui a été employé dans une attaque intervenue à Saraqeb le 29 avril 2013 », a déclaré M. Ayrault.

Dans les deux cas, de l’hexamine, un stabilisant, a été retrouvé. « Ce procédé de fabrication est celui développé par le CERS au profit du régime syrien », indique le résumé du rapport. Le Centre de recherches et d’études scientifiques de Syrie (CERS) est dans le viseur des pays occidentaux.

Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a estimé vendredi qu’il n’y avait « pas de doute » que le régime avait conservé des armes chimiques et Washington a pris lundi des sanctions contre 271 scientifiques du CERS.

Enfin, l’analyse du contexte militaire fait dire à la France que l’aviation du régime, et en particulier un chasseur bombardier Sukhoi 22 décollant de la base de Chayrat, a effectué des frappes aériennes sur la localité le 4 avril au matin. Seul le régime dispose de ces moyens aériens.

Depuis le début de la guerre en Syrie, en mars 2011, le régime a été accusé à plusieurs reprises d’avoir recours aux armes chimiques. L’attaque de la Ghouta, en banlieue de Damas en août 2013, qui a fait des centaines de victimes, a été un des marqueurs du conflit. Elle a conduit, après le retentissant renoncement américain à des frappes de représailles, à un accord international sur le démantèlement de l’arsenal chimique du régime.

Mais des dizaines d’autres attaques de moindre ampleur sont suspectées, témoignant de la banalisation de l’arme chimique, même si les responsabilités sont extrêmement délicates à prouver. En 2016, deux rapports d’enquêteurs de l’ONU et de l’OIAC avaient conclu que Damas avait mené trois attaques au chlore et l’organisation jihadiste Etat islamique une attaque au gaz moutarde en 2014 et 2015.

La Syrie au coeur du G7 avant la visite de Tillerson à Moscou

Le dossier syrien est encore au coeur des discussions des ministres des Affaires étrangères du G7 mardi en Toscane, pour tenter de faire passer un message de fermeté avant la visite à Moscou du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson. »Tous les Etats du G7 veulent éviter une escalade militaire, et veulent une solution politique sans nouvelle spirale de la violence », a déclaré le ministre allemand Sigmar Gabriel, à l’issue d’une réunion élargie à plusieurs pays arabes et à la Turquie. »Nous voulons amener la Russie à soutenir le processus politique en vue d’une résolution pacifique du conflit syrien », a ajouté M. Gabriel, cité dans un communiqué. Le ministre allemand a précisé que c’était là la position du secrétaire d’Etat américain. « Il a tout notre soutien pour ses pourparlers à Moscou mercredi », a-t-il affirmé.

La position du chef de la diplomatie américaine est particulièrement attendue au lendemain des prises de positions fermes de l’administration Trump contre le régime syrien.

A Lucques, près de Pise, la journée a débuté vers 7H45 (5H45 GMT) avec une réunion d’une heure entre les ministres des Affaires étrangères des sept grandes puissances (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Royaume-Uni, Canada, France et Italie) et de hauts diplomates de Turquie, des Emirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de la Jordanie et du Qatar.

Elle devait se poursuivre avec une autre table ronde à sept et des rencontres bilatérales, avant une conférence de presse prévue à 12H00 (10H00 GMT) du ministre italien, Angelino Alfano, hôte du sommet.

Ce dernier avait expliqué lundi que les discussions élargies de la matinée visaient à trouver les moyens de relancer le processus en vue d’une solution politique en Syrie et d’éloigner le spectre d’une escalade militaire.

Les alliés du président syrien Bachar al-Assad, en particulier la Russie et l’Iran, ont en effet menacé de représailles après la frappe américaine contre une base aérienne syrienne dans la nuit du 6 au 7 avril en réponse à une attaque chimique, imputée au régime syrien, qui avait fait 87 morts le 4 avril à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie.

Le ministre britannique, Boris Johnson, a lui aussi souhaité que M. Tillerson reparte avec un « message clair et coordonné » pour la Russie, principal allié du régime de Bachar al-Assad. De son point de vue, il s’agit de faire pression pour que Moscou cesse de soutenir M. Assad, qui est « maintenant toxique dans tous les sens du terme ».

Lundi, les Etats-Unis ont en tous cas averti une nouvelle fois le régime de Bachar Al-Assad de ne pas procéder à de nouvelles frappes chimiques, affirmant au passage avoir cloué au sol 20% de l’aviation syrienne dans leur bombardement de la semaine dernière.

– ‘Rendre des comptes’ –

« Les Etats-Unis ne resteront pas passifs quand Assad tue des innocents avec des armes chimiques », et la Syrie « serait mal avisée d’utiliser à nouveau des armes chimiques », a averti le général James Mattis, le chef du Pentagone.

Moscou et Téhéran, autre allié de Damas, ont eux menacé Washington de « réagir fermement » à toute nouvelle « agression contre la Syrie », après la frappe américaine de 59 missiles Tomahawk contre la base aérienne syrienne.Donald Trump s’est entretenu lundi sur la Syrie avec Theresa May et Angela Merkel, lors de conversations téléphoniques séparées. Les dirigeantes britannique et allemande ont soutenu la frappe américaine de jeudi et « se sont accordées avec le Président Trump sur l’importance de faire rendre des comptes au président Bachar al-Assad », selon un communiqué de la Maison Blanche.Lundi, quelque 200 personnes ont manifesté autour du centre historique de Lucques interdit aux voitures et quasiment vidé de ses touristes en raisons des mesures de sécurité, pour dénoncer le G7 derrière une banderole proclamant: « Vos guerres, nos morts, chassons les patrons du monde ».

Dans la matinée de lundi, plusieurs des ministres ont participé à une cérémonie du souvenir à Sant’Anna di Stazzema, un village près de Lucques où 560 civils ont été assassinés par des soldats nazis en août 1944.

« Nous nous engageons une nouvelle fois à faire en sorte que tous ceux qui commettent des crimes contre des innocents partout dans le monde aient à rendre des comptes », avait promis M. Tillerson à cette occasion.

Attaque en Syrie: Les faits

Un raid aérien a frappé mardi vers 07H00 (04H00 GMT) Khan Cheikhoun, une petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie.

Des images de l’AFP montrent des corps sans vie sur la chaussée, d’autres pris de spasmes et de crises de suffocation. Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d’une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche. La nature du gaz toxique n’a pas encore été déterminée.

Le bilan

Le nombre de victimes n’a cessé de s’aggraver au fil des heures: il s’établissait mercredi à 72 morts, dont 20 enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’OSDH a également fait état de plus de 160 blessés, de « personnes disparues ».

Qui est responsable ?

Pour de nombreux dirigeants, notamment occidentaux, le régime de Bachar al-Assad est le responsable. « Toutes les preuves que j’ai vues suggèrent que c’était le régime d’Assad (…) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause contre son propre peuple », a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.

Le président français François Hollande a évoqué « la responsabilité » d’Assad dans ce « massacre », tandis que la Maison Blanche a dénoncé un « acte odieux du régime » de Damas.

La coalition nationale, importante composante de l’opposition, a mis en cause le « régime du criminel Bachar ».

Plus prudent, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déploré mercredi que « des crimes de guerres continuent » d’être commis en Syrie. Et l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré que l’ONU chercherait à faire « rendre des comptes » aux auteurs de cette attaque.

Une résolution présentée par Washington, Paris et Londres condamnant l’attaque et appelant à une enquête rapide doit être soumise au vote du Conseil de sécurité mercredi.

Qu’en disent le régime et ses alliés?

L’armée syrienne a démenti « catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun ».

Mercredi, la Russie, alliée du régime, a affirmé que l’aviation syrienne avait bombardé la veille près de Khan Cheikhoun un « entrepôt » des rebelles où étaient entreposés des « substances toxiques » destinés à des combattants en Irak.

Armes chimiques en Syrie

En août 2013, le régime a été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin dans une attaque contre deux secteurs rebelles en périphérie de Damas qui avait fait plus 1.400 morts, selon Washington. Le gouvernement a rejeté ces accusations et ratifié en 2013 la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. La Syrie est censée avoir détruit son arsenal chimique aux termes d’un accord américano-russe, mais le régime a été suspecté à plusieurs reprises d’avoir à nouveau utilisé des armes chimiques et mené des attaques au chlore.

En octobre 2016, le Conseil de sécurité avait reçu un rapport concluant que l’armée syrienne avait mené une attaque à l’arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, dans la province d’Idleb, le 16 mars 2015.

Début mars, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a indiqué enquêter sur huit attaques présumées au gaz toxique commises en Syrie depuis le début de 2017.

Le régime et la Russie ont à maintes reprises accusé des groupes armés rebelles ou jihadistes d’avoir utilisé des armes chimiques.

Syrie: la Russie allège son dispositif

La Russie, alliée du régime de Bachar al-Assad, a commencé à alléger son dispositif militaire en Syrie, où l’armée a intensifié ses frappes vendredi sur une région rebelle abritant les principales sources d’approvisionnement en eau pour Damas.

Les troupes du régime aidées des combattants du Hezbollah libanais tentent, à coups de bombardements aériens et d’artillerie, de capturer la région rebelle de Wadi Barada, à 15 km au nord-ouest de Damas, mettant à mal une trêve instaurée le 30 décembre par la Russie et la Turquie, soutien des rebelles.

Engagée militairement depuis septembre 2015 en Syrie, Moscou a bouleversé la donne dans le conflit en volant au secours de l’armée qui était alors en difficulté face aux rebelles appuyés également par des pays du Golfe et occidentaux.

En annonçant le 29 décembre un accord parrainé avec la Turquie sur la trêve et des prochaines négociations de paix, le président russe Vladimir Poutine avait indiqué que la présence militaire russe en Syrie serait « réduite ».

Turquie, Russie : les implications de l’assassinat de l’ambassadeur russe

Quelles sont les conséquences de l’assassinat, le lundi 19 décembre, de l’ambassadeur russe à Ankara ? C’est la question que tous ou presque continuent de poser. Mais, de toute évidence, il est difficile de prédire ce qui va se passer.

Le lundi 19 décembre, l’ambassadeur russe en Turquie, Andreï Karlov, a été tué de huit balles en plein discours dans une galerie d’art par un jeune de 22 ans, Mevlüt Mert Altintas, qui a été abattu par les forces spéciales turques. La Russie et la Turquie ont décidé de coopérer pour enquêter sur le meurtre de l’ambassadeur. Mais ce que l’on sait aussi, c’est qu’avant d’être abattu, l’assaillant, policier qui plus est, a crié : « N’oubliez pas Alep, n’oubliez pas la Syrie ! ». Les autorités turques l’accusent d’être membre de la confrérie islamiste de Fethullah Gülen, accusé d’avoir orchestré le coup d’Etat manqué de juillet dernier. Une accusation rejetée par M. Gülen, que les Etats-Unis ont toujours refusé d’extrader, arguant un manque de preuve.

Selon Marc Semo, journaliste au Monde, spécialiste de la diplomatie, « ce jeune fait partie de ces islamistes qui, en Turquie, avaient soutenu la politique du gouvernement qui avait pris fait et cause pour la rébellion syrienne. La Turquie était l’un des pays qui a le plus appuyé la révolution syrienne. Mais aujourd’hui, ces islamistes sont désarçonnés par le virage du Président Recep Tayyip Erdogan qui, depuis la réconciliation avec la Russie, a décidé de tirer un trait sur Alep, en échange du fait que la Russie lui a permis de créer une petite zone de sécurité au nord de la Syrie qui lui permet à la fois d’accueillir des réfugiés et des troupes de la rébellion modérée. »

« Il y a tout une partie des islamistes qui est indignée par l’attitude du Président turc, et qui reste mobilisée contre le régime d’Assad et son grand allié, à savoir la Russie. », ajoute Marc Semo.

L’ambassadeur russe était en poste à Ankara depuis 2013, et a vécu la crise entre les deux pays commencée en novembre 2015 après que les Turcs eurent abattu un avion russe le long de la frontière syrienne. Ce qui a ravivé les tensions entre les deux pays qui étaient déjà opposés dans la guerre en Syrie, en ce sens qu’Ankara soutenait la rébellion contre le régime d’Assad qui est pourtant l’allié de la Russie. La réconciliation est intervenue le 9 août dernier.

Depuis lundi, les questions pleuvent sur les conséquences de cet assassinat. S’agit-il d’un coup monté pour détériorer les relations entre la Russie et la Turquie, comme l’ont pensé à la fois Poutine et Erdogan ? Pour Marc Semo,  cet événement, à court terme, « ne peut que renforcer les relations entre les deux pays, mais à long terme, ça peut être compliqué, parce qu’on verra exactement le niveau de complicité dont a pu bénéficier ou non ce policier. »

Mais ce qui est sûr, c’est qu’il est très difficile de prédire ce qui va se passer. « À court terme c’est un choc pour la Russie, qui se rend compte que la guerre en Syrie est un risque pour elle, un enlisement sur le terrain militaire, parce que pendant le régime d’Assad récupérait Alep, il perdait en même temps Palmyre. Donc, les Russes sont conscients que la prétention de récupérer l’intégralité du territoire syrien est impossible. », explique M. Semo.

Syrie, la guerre du quatrième pouvoir

En Syrie, en plus du terrain et de la diplomatie, les puissances s’affrontent aussi dans les médias, à coups de propagande. Comme ce fut le cas récemment avec la chute d’Alep, une journaliste pro-russe à tenter de saper le travail des journalistes occidentaux.

S’agissant de la guerre en Syrie, un autre front où s’affrontent les puissances est celui des médias. Comme l’a démontré, le mercredi 13 décembre, une vidéo intitulée « Une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias traditionnels en Syrie » publiée sur le site Russia Today, qui serait financée par le pouvoir russe. Pour la journaliste indépendante, Eva Bartlett, en l’absence d’organisation fiable dans l’est d’Alep, il n’est pas possible pour les médias occidentaux d’obtenir des informations fiables. Elle s’en prend à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et s’inscrit en faux contre la thèse selon laquelle le pouvoir syrien tuerait la population à Alep. «Mais l’analyse qu’elle fait en partant de ce constat est pour le moins partiale. D’abord à propos des civils. Les journalistes du Monde à Beyrouth sont par exemple au contact de personnes qui ont fui Alep, et certains récits valident tout à fait l’existence de civils victimes des forces syriennes. Leurs chroniques de l’écrasement de la rébellion se fondent aussi sur des sources institutionnelles, mais également, par exemple, sur les récits de contacts sur place. », explique Samuel Laurent et Adrien Sénécat dans « Les décodeurs ».  Cette vidéo conspirationniste est devenue la deuxième plus vue sur YouTube.

Les deux journalistes évoquent aussi des images utilisées à des fins de propagande. Comme celle d’ « Une petite fille qui court pour survivre, toute sa famille a été tuée. Ce n’est pas Hollywood. C’est la réalité en Syrie », qui, contrairement à ce qui a pu circuler sur la toile, serait tirée d’un clip de la chanteuse libanaise Hiba Tawaji en 2014.

C’est donc dire qu’en Syrie, comme dans toutes les guerres, la vérité est la première victime. Il est difficile  de vérifier les nombreuses informations qui circulent. Dans son hebdomadaire « Chronique du Blédard » publiée dans « Le Quotidien d’Oran », le journaliste et essayiste algérien Akram Belkaïd, évoque cette guerre des plus complexes sur laquelle il est difficile de se prononcer : « Ce qui me frappe dans la bataille des mots, c’est que de nombreuses personnes se positionnent surtout en fonction des médias occidentaux principaux. À les entendre, puisque des journaux comme Le Monde, le New York Times ou le Guardian dénoncent – ou critiquent – l’intervention russe en Syrie c’est donc que cette dernière doit être défendue et soutenue. Il est vrai que l’indignation médiatique occidentale à propos d’Alep est très sélective et que l’on aurait aimé entendre les mêmes discours quand les pauvres gazaouis mourraient sous les bombes à sous-munitions israéliennes. Mais concernant la Syrie, on peut aussi se rappeler qu’une montre cassée donne l’heure exacte deux fois par jour. Autrement dit, aussi critiquables soient-ils, les médias « mainstream » peuvent parfois être dans le juste. En tous les cas, en tant que journaliste, l’auteur de ses lignes préfère de loin lire un papier dans ces journaux plutôt que d’accorder le moindre crédit à cette floraison de sites dits alternatifs et qui ne sont qu’un ramassis de fausses informations et d’analyses tronquées cela sans oublier les médias financés par les fonds publics russes dont on est en droit d’interroger l’indépendance si ce n’est l’intégrité. », écrit-il.

Bataille d’Alep : l’armée syrienne proche de la victoire

C’est un tournant majeur dans la bataille d’Alep : l’armée syrienne a reconquis la totalité de la Vieille ville. Les rebelles, acculés, ne contrôlent plus qu’un quart environ de la partie orientale de la l’ancienne capitale économique du pays. Ils ont appelé ce matin à un cessez-le-feu de cinq jours pour permettre l’évacuation des civils et des blessés graves. Et ils demandent aussi à toutes les parties au conflit à engager des discussions sur l’avenir de la ville

Alep : reprise des bombardements sur fond de tension diplomatique

Le régime syrien et son allié russe ont intensifié les bombardements sur la partie est d’Alep.

Un temps remisés, les combats ont repris de plus belle à Alep. Les bombardements russes et syriens se sont intensifiés hier mardi contre des quartiers rebelles, et ont fait 25 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres. Paul Khalifeh, correspondant de RFI dans la région, rapporte que les raids ont surtout visé le quartier de Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles présents dans la partie est du pays. Ce quartier n’en demeure pas moins stratégique en raison du fait « qu’il constitue une sorte de verrou, qui commande l’accès à d’autres secteurs de la ville ».

C’est le prolongement de l’offensive lancée le 22 septembre par le régime de Bachar El Assad et son grand protecteur qu’est la Russie, pour reprendre les quartiers d’Alep aux mains des rebelles. Depuis mars 2011, la Syrie est plongée dans la guerre civile.

Le 6 octobre, l’ONU tirait la sonnette d’alerte sur le fait que le risque est grand que la partie est d’Alep soit détruite avant la fin de l’année. L’organisation a fait état de 376 personnes tuées, 1266 blessés par les bombardements.

Pendant ce temps, sur le plan diplomatique, les pays sont en peine de s’entendre pour arrêter cette escalade de la violence. Pour preuve, le Président russe, Vladimir Poutine, a annulé sa prochaine visite à Paris le 19 octobre prochain, quelques jours après le veto russe sur une résolution française à l’ONU par rapport au cessez-le-feu à Alep. Au Royaume uni, Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il « voudrait voir des manifestations devant l’ambassade de Russie » à Londres pour protester contre le rôle de Moscou en Syrie.

 

 

Syrie : Tension entre Washington et Moscou

La situation à Alep a provoqué un regain de tension entre la Russie et les Etats-Unis sur la Syrie.

Rien ne va plus entre les Etats-Unis et la Russie depuis l’escalade de la violence à Alep, qui a mis à mal la coopération entre les deux pays sur la Syrie. Le mercredi 28 septembre, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, est allé jusqu’à menacer Moscou de geler toute coopération. Et il reste évident que l’emportement du chef de la diplomatie yankee montre à quel point il est difficile d’envisager une sortie du tunnel en Syrie, pays plongé dans la tragédie de la guerre depuis cinq ans. Selon le porte-parole du Secrétariat d’Etat, John Kirby, John Kerry a informé, via un entretien téléphonique, son homologue russe, Serguei Lavrov, que « les États-Unis se préparaient à suspendre leur engagement bilatéral avec la Russie sur la Syrie, notamment la mise sur pied d’un centre conjoint » de coordination militaire contre les djihadistes prévu par l’accord américano-russe du 9 septembre qui a volé en éclat dix jours plus tard.

La trêve prévue par l’accord difficilement négocié à Genève, a été rompue le 19 septembre par une décision de l’armée syrienne, et, grand paradoxe, en pleine Assemblée générale de l’ONU. Depuis le jeudi 22 septembre, les avions de guerre syrien et russe ont intensifié les bombardements sur Alep. Pour M. Kerry « les Etats-Unis et leurs partenaires tenaient la Russie pour responsable de la situation (…) et que la Russie avait la charge d’arrêter l’assaut et de permettre l’acheminement d’aide humanitaire à Alep et dans les autres régions qui en ont besoin ». Ainsi, Washington demande à la Russie l’arrêt des bombardements sur Alep et la cessation des hostilités.

Va-t-on vers une rupture des relations entre les deux puissances ? Rien n’est certain. Mercredi soir, le ministre russe de la Défense a déclaré que le Président Vladmir Poutine « a chargé les ministères de la Défense et des Affaires étrangères d’être prêts à continuer à travailler conjointement avec nos partenaires américains sur le dossier syrien ».

Téhéran annonce la fin des raids russes en Syrie au départ de l’Iran

Un avion de chasse russe stationné sur le tarmac d’une base aérienne en Syrie. L’Iran a annoncé, lundi, l’arrêt des raids menés par la Russie en Syrie à partir d’une de ses bases. Le ministre iranien de la Défense avait d’ailleurs critiqué l’allié russe pour avoir communiqué sur cet événement.

La Russie a cessé d’utiliser une base aérienne iranienne pour mener des raids en Syrie, a annoncé, lundi 22 août, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. « L’armée russe n’a aucune base en Iran et elle n’y stationne pas », a tenu à clarifier Bahram Qasemi, cité par l’agence de presse Tasnim.

Des bombardiers à long rayon d’action Tupolev-22M3 et des bombardiers tactiques Soukhoï-34 avaient décollé la semaine dernière de la base d’Hamadan , dans le nord-ouest de l’Iran, pour bombarder des positions de l’organisation État islamique (EI) et des jihadistes de l’ancien Front Al-Nosra à Alep, Idlib et Deir Ezzor en Syrie.

Ces raids faisaient partie d’une « mission précise et autorisée et elle est maintenant terminée. [Les Russes] ont mené ces raids et ils sont partis », a souligné de son côté le ministre de la Défense Hossein Dehghan dans une interview à la télévision iranienne Channel 2, diffusée dimanche soir.
Jamais depuis la révolution islamique de 1979, Téhéran n’avait autorisé une armée étrangère à utiliser son territoire pour mener des missions dans la région.
Des parlementaires iraniens avaient d’ailleurs protesté contre ce développement retentissant qui a mis en lumière le degré de coopération entre les deux puissances alliées du régime du président Bachar al-Assad. Selon eux, une telle autorisation allait à l’encontre de la Constitution de la République islamique.

Téhéran tance son allié russe

Si le gouvernement iranien a réfuté cet argument, dimanche, il a toutefois critiqué son allié russe pour avoir révélé l’utilisation d’une base aérienne iranienne en vue de mener des frappes en Syrie.
« Naturellement, les Russes veulent montrer qu’ils sont une superpuissance et un pays influent et qu’ils sont impliqués activement dans les questions de sécurité dans la région et le monde », a ajouté le ministre de la Défense. Mais derrière l’annonce des raids à partir d’une base en Iran, il y a une volonté « de se mettre en avant, sans égard » pour l’Iran, a-t-il jugé.
Téhéran reste discrète sur la portée de son aide militaire au régime alors que Moscou, qui dispose en Syrie d’une base aérienne, annonce régulièrement des raids aériens et parfois une implication au sol de ses soldats. »Nous avons collaboré et nous continuerons de collaborer avec la Syrie et la Russie », a expliqué le ministre iranien de la Défense, qui a laissé la porte ouverte à d’autres éventuelles missions similaires russes, en soulignant que cela dépendrait de « la situation dans la région » et nécessiterait « notre autorisation ».
« La Russie a décidé d’utiliser plus d’avions et d’augmenter le nombre de ses missions. Pour cela, elle avait besoin de faire le plein dans une région proche des opérations et c’est pour cela qu’elle a utilisé la base de Nojeh à Hamedan, mais nous ne leur avons certainement pas donné une base militaire », a-t-il clarifié.

Syrie: nouveau sursis pour Assad

Les insurgés syriens voyaient déjà  la fin de Bachar El Assad, précipitée par des frappes intensives des occidentaux. Ils devront attendre. Alors qu’une action militaire semblait imminente et que le monde entier focalisait son attention sur les risques de conflit majeur qui pendaient au dessus de nos têtes, les « grandes puissances » ont freiné leur élan. En effet, depuis hier soir, d’importants développements au sujet de la Syrie sont venus éloigner la perspective d’une intervention militaire, accordant ainsi un sursis bienvenu au président syrien qui n’en continue pas moins de pilonner les positions de ses adversaires et de leur reprendre du terrain. Vers une solution politique et pacifique? Tout a changé depuis ce mardi 10 septembre, avec la proposition Russe de mettre sous contrôle international le stock d’armes chimiques de la Syrie. Ok quasi immédiat des Etats-Unis et de la Syrie elle-même, ouf de soulagement du côté de ceux qui ne voyaient pas d’un très bon œil cette affaire d’intervention (les souvenirs irakien,lybien, etc…étant encore vivaces). Barack Obama demande au Congrès de reporter son vote sur une intervention militaire le temps d’explorer davantage les possibilités de solutions diplomatiques. Ajoutant d’ailleurs qu’il préférait personnellement que soit trouvée une solution pacifique au problème syrien. Mais en maintenant tout de même la pression en répondant favorablement à  la demande française d’une résolution contraignante à  l’ONU. La solution « pacifique » n’est pas trop au gout de François Hollande qui estime quant à  lui que les « syriens jouent la montre ». L’exécutif français trouve en effet que la situation syrienne s’est empirée à  cause des tergiversations des occidentaux et qu’il est temps de passer à  l’action, à  l’action militaire s’entend. Il a d’ailleurs réuni une nouvelle fois ce mercredi matin son conseil de défense. Prise en main russe du dossier Les russes, fervents défenseurs du président syrien, ont donc de nouveau la main dans la gestion du dossier. Le ministre des Affaires étrangères a soumis Sergue௠Lavrov a transmis aux Etats-Unis au nom de son pays un plan de contrôle des armes chimiques en Syrie. Ce dossier sera discuté jeudi à  Genève par les chefs de la diplomatie des deux pays, indique une source russe citée par les agences. Les grands perdants dans la situation actuelle sont évidemment les syriens, populations civils qui sont toujours prises en otage dans un conflit armé qui dure depuis plus de deux années et qui a fait plus de 100 000 morts, selon les Nations Unies. Car, pendant que la diplomatie cherche ses marques, la guerre elle continue, avec de nouvelles frappes, autant loyalistes qu’insurgées, qui encore fait ce mercredi plusieurs dizaines de victimes.

La Syrie sous la menace de frappes aériennes ciblées

Les à‰tats-Unis semblent désormais prêts à  mener une action militaire contre le régime de Damas. D’après le secrétaire à  la Défense Chuck Hagel, Washington a « positionné des éléments pour être capables de répondre à  toute option choisie par le président ». « Nous sommes prêts à  y aller, » a-t-il précisé. Et ils ont précisée que  » L’intervention serait limitée à  une campagne ponctuelle de quelques jours de tirs de missiles de croisière Tomahawk depuis les quatre destroyers positionnés au large de la Syrie ». Les à‰tats-Unis ont toutefois exclu l’envoi de troupes au sol. Washington souligne aussi que les possibilités examinées ne sont pas destinées à  renverser le régime du président Bachar al-Assad. Mais pense que ceux qui utilisent des armes chimiques contre des hommes, des femmes et des enfants sans défense doivent rendre des comptes. »Il s’agirait d’une intervention punitive », affirment certains observateurs internationaux et les USA ont même accusé la Russie de soutenir le régime de Damas. Et sans attendre la conclusion des experts sur l’utilisation d’armes chimiques, les alliés sont prêts à  frapper la Syrie. Les alliés de Washington  Paris s’est dit aussi prêt à  intervenir militairement pour punir Damas qui aurait « gazé » son peuple. La France prendra sa décision dans les prochains jours, a déclaré le président François Hollande. Et Les forces armées britanniques se préparent aussi à  une action militaire, mais Londres assure qu’il n’essaiera pas de renverser le président Assad. David Cameron a convoqué le Parlement jeudi pour voter la réponse du Royaume-Uni aux attaques à  l’arme chimique. L’idée est de réduire les capacités d’utilisation » de cet arsenal, a indiqué David Cameron. La (rébellion) et les pays alliés ont pour éventuelles cibles des aéroports, bases militaires et dépôts d’armes pour empêcher Bachar Al Assad d’utiliser de nouveau son stock d’armes chimiques. Walid Mouallem, ministre des Affaires étrangères de la Syrie met au défi les pays prêts à  frapper.  » Nous avons deux options : soit nous rendre, soit nous défendre (…) Le seconde alternative est la meilleure », a affirmé Walid Mouallem. Selon lui, une intervention militaire servira les intérêts d’Israà«l et en deuxième lieu ceux du Front al-Nosra », groupe armé jihadiste combattant avec les rebelles et qui a prêté allégeance à  Al-Qaà¯da. Les Principaux alliés de Damas, Moscou et Téhéran ont estimé qu’une action armée aurait des conséquences catastrophiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et aggraverait l’instabilité dans la région. Alors les alliés de la Syrie serait eux aussi prêts à  intervenir militairement pour défendre Bachar Al Assad…

Syrie: l’UE lève l’embargo sur les armes pour les rebelles

Aucun pays membre de l’UE n’a l’intention d’envoyer des armes dans les deux prochains mois afin de ne pas mettre en danger l’initiative de paix russo-américaine alors que la guerre fait rage sur le terrain. «l’UE a décidé de mettre fin à  l’embargo sur les armes pour l’opposition syrienne et de maintenir les autres sanctions contre le régime syrien», prises il y a deux ans, a annoncé le ministre britannique William Hague en milieu de nuit à  l’issue d’une réunion marathon. Mais, dans les faits, elle ne devrait rien changer pour les rebelles qui font face à  l’offensive de l’armée syrienne, en particulier autour de la ville stratégique de Qousseir, au centre du pays. Car les 27 «se sont engagés à  s’abstenir d’exporter des armes à  ce stade et, en tout état de cause, à  appliquer un certain nombre de critères stricts à  d’éventuelles exportations futures», a expliqué le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. Aucune arme ne devrait ainsi être livrée d’ici au 1er août, date avant laquelle les ministres ont prévu de «réexaminer» leur position. Ce délai devrait leur permettre de dresser un premier bilan de la conférence internationale «Genève 2» prévue en juin à  l’initiative des Etats-Unis et de la Russie. «C’’est une levée théorique de l’embargo. Concrètement, il n’y aura pas de décision de livraison avant au minimum le 1er août», a de son côté indiqué un haut responsable français, ayant requis l’anonymat. Une conférence de paix en vue l’organisation d’une telle conférence de paix sur la Syrie ne sera «pas une mince affaire», a prévenu lundi soir le chef de la diplomatie russe Sergue௠Lavrov, à  l’issue d’un entretien à  Paris avec son homologue américain John Kerry. «Nous avons discuté des moyens de procéder (…) pour que cette conférence ait lieu. Ce n’est pas une tâche facile, ce n’est vraiment pas une mince affaire», a déclaré Sergue௠Lavrov, dont le pays soutient le régime de Damas. MM. Lavrov et Kerry, dont C’’est la 6e rencontre depuis la prise de fonction de John Kerry en février, venaient de s’entretenir dans un grand hôtel parisien pour discuter de la date d’une conférence de paix et des représentants de l’opposition syrienne et du régime du président Bachar al-Assad qui y participeraient. «Comme l’a dit John, nous nous sommes, avant tout, concentrés sur la nécessité de déterminer la liste des participants du côté syrien, le groupe du gouvernement et celui de l’opposition, comme nous en avions parlé à  Moscou», a expliqué M. Lavrov. Si Damas a donné son «accord de principe» pour participer à  «Genève 2», l’opposition syrienne, réunie depuis jeudi à  Istanbul, apparaà®t profondément divisée et ne s’est pas encore prononcé sur sa présence. Les négociations se poursuivaient hier soir sans signe de progrès, selon un membre de la Coalition syrienne. Soupçons d’utilisation d’armes chimiques Le ministre russe des Affaires étrangères a souligné que la conférence de paix pourrait être «élargie pour inclure tous les acteurs clés», dans la région. Moscou souhaite de longue date que l’Iran, soutien du régime de Damas, participe aux négociations, ce que les Occidentaux refusent. En juin 2012, la première conférence de Genève avait rassemblé les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne), des représentants de l’Irak, du Koweà¯t, du Qatar, de la Turquie, et de responsables de l’ONU et de l’Union européenne. MM. Lavrov et Kerry ont ensuite dà®né dans un restaurant de la capitale française avec leur homologue Laurent Fabius, de retour de Bruxelles. Avant de quitter Bruxelles, M. Fabius a affirmé qu’il y avait «des présomptions de plus en plus fortes, de plus en plus étayées, d’usage localisé d’armes chimiques» en Syrie. Deux envoyés spéciaux du Monde, présents en Syrie en avril et mai, ont témoigné lundi dans le quotidien français de l’utilisation d’armes toxiques contre les forces rebelles qui tiennent les faubourgs de Damas. La France va analyser les échantillons de potentielles armes chimiques rapportés de Syrie par des journalistes du quotidien français Le Monde, a annoncé mardi un haut responsable français sous couvert de l’anonymat. La question des armes chimiques a été abordée par MM. Kerry, Lavrov et Fabius lundi soir, a indiqué le responsable français, ajoutant: «la question des armes chimiques peut introduire une situation différente car les lignes de clivage (avec les Russes) ne sont pas les mêmes que sur le conflit syrien». l’utilisation d’armes chimiques fait l’objet de soupçons depuis déjà  quelques semaines dans plusieurs endroits de Syrie, mais n’a pas été formellement prouvée. l’ONU demande en vain à  Damas de laisser ses experts enquêter sur les accusations réciproques adressées par le pouvoir et l’opposition concernant le recours à  ces armes. Combats acharnés, «cauchemar» humanitaire et social Epaulée par les combattants du Hezbollah libanais, dont au moins 79 hommes ont été tués en une semaine selon une ONG syrienne, l’armée syrienne livrait lundi des combats acharnés pour s’emparer de la ville de Qousseir (centre). Les insurgés défendent bec et ongle cette ville et ses environs, zone stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime car elle se trouve sur le principal axe vers le Liban, et sur la route reliant Damas au littoral, base arrière du régime. A Homs, dans le centre de la Syrie, au moins quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans l’explosion d’une voiture piégée, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Et les craintes de voir le Liban entraà®né dans la guerre se sont encore accrues avec de nouveaux tirs d’obus, depuis la Syrie, sur un fief du Hezbollah dans l’est du Liban. Au moins une femme a été tuée lorsque trois obus lancés depuis la Syrie se sont abattus près de la ville de Hermel, a affirmé à  l’AFP un responsable des services de sécurité.

Ouverture du sommet de l’OCI: le Mali et la Syrie au menu

Le quatrième Sommet extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique (Oci) s’ouvre aujourd’hui à  La Mecque, sous la présidence du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Oci. La rencontre a pour thèmes principaux la solidarité au sein de la Oumah et les crises syrienne et malienne. De la solidarité dans la « Oumah » Le premier point est l’axe central de cette rencontre sur « la restauration de la solidarité islamique ». Il sera question de donner un contenu à  la solidarité islamique, que les 57 pays membres désirent voir s’instaurer entre eux. Au grand bénéfice du milliard de musulmans recensés dans le monde. Pour ce faire, l’aide publique au développement devra être réellement promue, tout comme le Fonds de solidarité islamique. Mis en place, lors du 3ème Sommet extraordinaire tenu à  La Mecque en 2005, pour un montant initial de 10 milliards de dollars, avec l’objectif de lutter contre la pauvreté au sein de l’espace islamique, il tarde à  atteindre ses objectifs, du fait d’un faible approvisionnement. Ce fonds qui compte sur des contributions volontaires n’a réussi à  mobiliser que 2,6 millions de dollars, y compris les promesses de contributions. Le président Macky Sall, dans son allocution d’ouverture insistera sur l’importance de ce Fonds de solidarité et la nécessité pour les pays membres, notamment les plus nantis, d’alimenter, de manière conséquente, cet important instrument. Des crises dans le monde musulman Macky Sall devrait évoquer également dans son discours la crise qui sévit au Mali dont la partie Nord est sous la botte de mouvements islamistes. La Syrie et son mouvement insurectionnel qui s’est mué en guerre civile seront également au menu des travaux qui dureront deux jours. En ce qui concerne la Syrie, l’Arabie saoudite cherche à  mobiliser le monde musulman en faveur du soulèvement. « Le dossier syrien sera en tête des priorités » du sommet convoqué par le souverain saoudien, Abdallah, à  La Mecque, premier Lieu saint de l’islam, a déclaré le secrétaire général de l’Organisation de coopération islamique (Oci), Ekmeleddin Ihsanoglu. Il a ajouté que la Syrie, membre de l’Oci, « ne sera pas représentée à  ce sommet », précisant qu’une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendrait aujourd’hui et devrait « se prononcer sur une suspension de la Syrie, recommandée par les représentants de pays membres ».

Syrie : Pas de trêve du Ramadan

De nombreuses manifestations ont eu lieu ce 05 aout, premier vendredi du mois de Ramadan dans tout le pays. Des dizaines de milliers de Syriens ont manifesté, demandant le départ de Bachar el-Assad et manifestant leur solidarité avec les habitants de Hama. La ville du centre de la Syrie, devenue le symbole de la répression brutale du régime du président syrien, a été bombardée par l’armée pour le sixième jour consécutif. Déjà  135 morts depuis dimanche sur une population d’environ 700.000 habitants. Alors qu’en Egypte les manifestants de la Place Tahrir ont levé le camp le temps de respecter le mois du Ramadan, les syriens eux durcissent leur mouvement, prêts désormais à  aller jusqu’au bout, jusqu’à  la chute du régime. «Nous ne voulons pas de Bachar!» scandaient les syriens, qui depuis des mois, tiennent tete à  Bachar Al Assad, au pouvoir depuis une dizaine d’années. Durant le ramadan « chaque jour est un vendredi », écrivent sur leur site les insurgés de « Syrian Revolution 2011 ». Les premières manifestations de la journée ont eu lieu selon elles dans la province orientale de Daà¯r az Zour, dans les plaines du Hauran au Sud, à  Homs, Djableh et dans plusieurs quartiers de Damas. L’armée a ouvert le feu sur les manifestants, tuant une personne à  Homs et sept à  Erbine, une banlieue de Damas, selon les Comités de coordination locale. «Nous n’avons pas peur, Dieu est avec nous», scandaient les manifestants, criant leur solidarité avec Hama et réclamant la démission du président. «Peuple syrien, lève tes mains, nous ne voulons pas de Bachar!», chantaient les manifestants sur un reportage en direct de la chaà®ne de télévision al-Jazira. Guerre des chiffres… Depuis le début de la crise en Syrie, les seules informations sur l’ampleur de la rébellion et les images qui sont diffusées dans les images proviennent des militants ou de l’agence de presse officielle, SANA, puisque la presse étrangère est interdite de séjour dans le pays. Les visas sont systématiquement refusés à  la presse. Ce qui pousse à  s’interroger sur la fiabilité des informations transmises. Pour Le Monde, le nombre de morts fait peu de doutes. « Pour la plupart, les ONG disposent de leurs noms », explique Ignace Leverrier, auteur d’un blog dédié à  la Syrie sur le site du quotidien français. Ce qui pose plus question par contre, C’’est l’ampleur de la rébellion. « l’image de la Syrie qui est proposée dans les médias occidentaux, image d’un pays en en plein chaos régulièrement ébranlé par des manifestations gigantesques rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes, ne correspond en aucun cas à  la réalité observable sur le terrain », explique Pierre Piccinin, un professeur belge sur un site internet, précisant que seule la ville de Hama, « quasiment en état de siège », poursuit une mobilisation de grande ampleur. Mais pas autant que le dit la presse, selon lui. « Le soir même, rentré dans ma chambre d’hôtel, quelle ne fut pas ma surprise de lire la dépêche de l’AFP, qui annonçait un million de manifestants à  travers la Syrie, ce 15 juillet, considéré comme la journée ayant connu la plus forte mobilisation depuis le début de la contestation, dont 500 000 à  Hama. A Hama, ils n’étaient, en réalité, pas 10 000 », écrit-il. Ce qui est en outre certain, C’’est que la répression est sanglante en Syrie. Et la communauté internationale semble avoir beaucoup de mal à  s’entendre pour faire face au régime Al Assad. En début de semaine, l’ONU, qui n’a pas ,non plus le droit de se rendre sur place a,enfin, condamné, du bout des lèvres, les violences contre le peuple syrien.

Syrie, Libye, pas la même chose…

A l’instar de leurs frères des autres pays arabes, les syriens se sont laissés grisés par le vent de la liberté qui souffle depuis le début d’année dans la région. Ils se sont levés, juste pour demander un peu plus de justice et d’égalité. Mais, ils ont trouvé devant eux un régime féroce, prêt à  les exterminer pour se maintenir. Rien que ces dernières 24h, quelques 150 personnes ont perdu la vie dans la ville martyre de Hama, devenue centre de la contestation, assiégée depuis plusieurs jours et cible d’un assaut depuis hier. Les manifestations n’en faiblissent pas pour autant et chaque vendredi, après la prière, ils sont des dizaines, voire centaines de milliers à  prendre les rues des villes du pays. En quatre mois d’insurrection, le bilan est très lourd 1600 morts, 20 000 arrestations et une inaction incompréhensible de la communauté internationale. Incompréhensible pour nous autres en tout cas. Les politiciens entre eux, semblent très bien se comprendre…Même les attaques des ambassades françaises et américaine n’ont déclenché que de mous reproches adressés au régime. On en est encore à  l’étape des mots, qui pourtant ne sauve aucune vie en Syrie. Obama s’est fendu d’un « L’attitude du président syrien, M. Bachar al-Assad, est inadmissible. » Et Sarkozy, à  l’issue du défilé militaire du 14 juillet a joué dans le registre menaçant : « Chaque dictateur qui fait couler le sang aura à  en rendre compte devant le Tribunal pénal international. » Cause toujours…lui répondrait presque El-Assad ! Ce dernier semble savoir qu’il ne risque rien de la part de ses amis d’hier. Il a poussé le cynisme jusqu’à  apparaà®tre à  la télévision pour féliciter les militaires qu’il a envoyé tirer sur leurs frères hier à  Hama. Pas question d’intervenir! Comme le Guide libyen, al-Assad ordonne quotidiennement à  l’armée de tirer sur son propre peuple ; comme la grande Jamahiriya libyenne, le régime baasiste de Damas n’a jamais tenu ses promesses économiques et politiques. « La comparaison s’arrête là « , tempère pourtant Hillary Clinton : pas question d’intervenir militairement en Syrie. Et les caciques du régime syrien le savent très bien. « Contrairement à  l’Irak ou à  la Libye, nous n’avons pas de pétrole. Ils ne viendront pas », proclamait fin juin dernier Walid Mouaalem, le ministre syrien des Affaires étrangères ». « L’organisation de la contestation rend toute intervention extérieure extraordinairement compliquée. Une action aérienne en Syrie ne réglerait rien du tout. » Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan, rappelle aussi qu' »en Libye, nous opérons sur la base d’un mandat de l’ONU avec l’appui de pays de la région. Il n’y a pas de telles conditions en Syrie ». A l’inverse de Mouammar Kadhafi désavoué par ses anciens alliés du Golfe et du Levant, Bachar al-Assad a toujours le soutien de la Ligue arabe. Son nouveau secrétaire général s’est d’ailleurs rendu à  Damas le 13 juillet pour fustiger les « ingérences » de Paris et Washington : « Personne n’a le droit de dire que le président de tel ou tel pays arabe a perdu sa légitimité. » «Les syriens n’en veulent pas» « L’action militaire en Syrie n’a pas de soutien international », confirme Tony Blair. « C’est au peuple syrien de décider de son avenir, renchérit le département d’Etat à  Washington, les prochaines étapes s’écriront en Syrie. » Sur leur page Facebook, les contestataires syriens ne disent pas autre chose : « Le peuple syrien refuse formellement et catégoriquement toute intervention étrangère mais salue davantage de pressions internationales sur le régime. » L’Union européenne a d’ores et déjà  gelé les avoirs européens d’une trentaine de personnes : le président syrien et ses proches, des caciques du régime et trois responsables des gardiens de la révolution iraniens accusés d’avoir prêté main forte aux forces de sécurité syrienne pour mater les contestataires. Aux Nations Unies o๠tout devrait se mettre en place, les puissances font montre d’une superbe division. Elles n’arrivent pas à  se mettre d’accord sur l’attitude à  adopter face à  un Bachar El Assad que rien ne semble faire flancher. Depuis plusieurs semaines, quatre pays européens – Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal – tentent en vain de faire voter au Conseil de sécurité un projet de résolution condamnant la répression en Syrie et appelant à  des réformes politiques. Mais la situation en Libye qui est en train de tourner au bourbier irakien, ne donne guère envie à  la Chine et la Russie, qui s’étaient abstenues d’utiliser leur droit de veto pour empêcher cette intervention étrangère en Libye. Aujourd’hui, ces deux pays bloquent le vote. Les doutes de la communauté internationale se portent sur les bénéfices d’une entreprise qui mènerait à  un changement de pouvoir, et ce inévitablement au profit de la majorité sunnite. Le conflit israélo-arabe étant omniprésent dans l’esprit de tous les acteurs, la posture de la Syrie post Assad vis-à -vis d’Israà«l est aussi un sujet de préoccupation. Ce qui est sûr, c’est que le régime actuel peut garantir le statu quo vis-à -vis de l’Etats hébreu, sans être à  même de délivrer la paix. Du côté israélien, Chaoul Mofaz, à  la tête de la commission affaires étrangère et défense de la Knesset, avait en revanche déclaré qu’il préférerait que la majorité sunnite soit au pouvoir en Syrie et qu’un tel changement serait bénéfique aux efforts de paix, « les Sunnites étant plus modérés… cela ouvrira des nouvelles possibilités de négociation ». Alors même que des représentants de l’opposition se réunissaient à  Damas, sur une initiative d’Al-Assad, signe de l’assouplissement d’un régime comprenant que l’heure du changement avait sonné ou peut être en recherche d’une légitimité désormais perdue face à  l’épreuve de la rue.