Succès des jeunes et échecs des Seniors : Le paradoxe du basket féminin malien

 

Depuis sa victoire historique en 2007 au Championnat d’Afrique, l’équipe féminine senior de basket du Mali peine à renouer avec le succès. Pendant ce temps, les équipes de jeunes brillent sur le continent, multipliant les trophées. Comment expliquer un tel paradoxe ?

Si le Mali a été proche du bonheur à l’issue de la troisième place glanée contre le Rwanda lors de la petite finale de l’AfroBasket féminin 2023, sa défaite contre le Sénégal en demi-finale lors de la même compétition a fait ressurgir les difficultés que les Aigles Dames Seniors rencontrent pour remporter un trophée depuis 2007.

Depuis leur victoire de 2007, elles ont été finalistes malheureuses en 2009 et 2021 et ont terminé troisièmes en 2011, 2017 et 2019. Paradoxalement, dans les catégories inférieures, les équipes féminines U16 et U18 ont dominé le basket africain, remportant respectivement 8 et 9 trophées consécutifs.

Selon l’analyste sportif Amadou Diadié Touré, ce paradoxe s’explique en partie par la gestion de la carrière des jeunes joueuses. « La Fédération de basket n’a pas mis en place un plan de suivi pour la progression de ces championnes vers l’équipe senior. Le monde professionnel a des exigences auxquelles les jeunes joueuses ne peuvent pas toujours répondre seules », explique-t-il. Il insiste sur l’importance d’un accompagnement adéquat pour permettre à ces jeunes talents de s’épanouir au plus haut niveau.

De son côté, l’ancien instructeur FIBA-Monde Alpha Bagayoko évoque les difficultés liées à la transition des joueuses vers le niveau senior. « Quand les joueuses quittent le pays sans passer par la Fédération, on perd leur trace. On ne sait pas si elles jouent à plein temps ou non. Cela crée un désordre et affecte leur progression », souligne-t-il. Selon lui, cette désorganisation nuit à la continuité des performances entre les catégories Junior et Senior.

Manque de reconnaissance et de respect

D’autres facteurs socioculturels jouent également un rôle dans la difficulté des joueuses à s’imposer. Dr Hamadoun Haïdara, sociologue, pointe du doigt le mariage précoce, la précarité de la discipline et les grossesses non désirées comme des freins à l’épanouissement de certaines joueuses. « Dans nos sociétés, dès que la femme atteint l’âge de 17 ans, voire moins, les parents la poussent souvent au mariage, ce qui l’empêche de construire une carrière sportive », explique-t-il. Les distractions de la vie moderne, selon lui, nuisent également à la concentration des jeunes sur le basket.

Un autre facteur explicatif de cette traversée du désert est la montée en puissance des adversaires, en particulier l’équipe du Nigeria, victorieuse des quatre derniers AfroBasket. Les D-Tigres, qui intègrent de nombreuses joueuses formées aux États-Unis, ont souvent barré la route aux Aigles Dames, que ce soit en demi-finale ou en finale.

Les absences de joueuses cadres lors de certaines compétitions ont également impacté les performances des Seniors. Lors de l’AfroBasket 2021, l’absence de Touty Gandega, la meneuse de l’équipe, a été notable. Des sources médiatiques évoquent un refus de la joueuse de rejoindre la sélection en raison du non-paiement de la prime de la troisième place et d’un « manque de reconnaissance et de respect pour le travail de l’équipe ».

La comparaison avec l’équipe victorieuse de 2007 est souvent faite pour souligner les lacunes actuelles. Cette équipe, complète dans tous les compartiments du jeu, bénéficiait de la présence de grandes pivots et de l’expérience de la capitaine Hamchetou Maïga, alors joueuse de la WNBA. Leur préparation avait également été optimale, avec un mois d’entraînement intensif à Bamako et un soutien logistique et moral exemplaire.

Aujourd’hui, ces conditions semblent s’être dégradées, mettant en lumière le besoin de redéfinir les stratégies de développement et d’accompagnement des joueuses maliennes. Si le talent ne manque pas, comme en témoignent les succès des équipes de jeunes, le chemin vers la consécration continentale pour les Seniors semble encore long et semé d’embûches.

Aly Asmane Ascofaré

Football : les U-17 Maliens s’exportent bien

La brillante prestation des Aiglonnets en Indonésie fin 2023 n’est pas passée inaperçue aux yeux des nombreux recruteurs du monde entier.

Watford, club de Championship (D2), a annoncé le 19 février la signature de Mamadou Doumbia. Le jeune attaquant de 18 ans (1m 92), qui avait inscrit quatre buts lors de la Coupe du monde et manqué plusieurs matchs après une expulsion face à l’Espagne, rejoindra les Hornets à partir du 1er juillet. Avec cette signature, Doumbia, qui évoluait jusqu’alors à l’AS Black Star de Bamako, va entrer dans une nouvelle dimension, même s’il devra d’abord s’aguerrir dans les équipes de jeunes avant de s’attaquer au rude championnat anglais. D’après une source, il va d’abord se rendre en Italie, du côté d’Udinese, club qui avec Watford est propriété de la famille Pozzo. Le Capitaine de cette fabuleuse sélection U-17 des Aigles, Ibrahim Diarra, est au FC Barcelone pour parfaire sa formation. D’après de nombreux médias catalans, les dirigeants barcelonais, impressionnés par les qualités techniques et physiques de l’ancien de l’Africa Foot, lui feront signer un contrat en décembre 2024, lorsqu’il aura atteint sa majorité. Joueur décisif de la Coupe du monde U17 avec 5 buts et 4 passes décisives délivré, il a assisté des tribunes du stade olympique Lluis Companys, qui accueille les matchs du FC Barcelone en attendant la fin des travaux du Camp Nou, à la victoire 1-0 des Blaugrana contre Osasuna, le 31 janvier dernier. Dans quelques années, sur les pelouses espagnoles il pourrait bien retrouver son ancien coéquipier Mahmoud Barry, qui évolue désormais à Villarreal. L’ancien joueur de l’Étoile du Mandé, qui avait remplacé au pied levé Doumbia lors de sa suspension en inscrivant 3 buts, est l’un des « cracks » de cette génération. Le talentueux Hamidou Makalou, auteur d’un magnifique but face à l’Argentine pour sécuriser la troisième place du Mali lors du Mondial, est fortement courtisé par le RB Salzburg. Entre le club autrichien et les jeunes joueurs maliens notamment ceux de l’académie Jean-Marc Guillou, c’est une longue histoire d’amour. Makalou, que beaucoup comparent au Français N’Golo Kanté pour son activité et sa technique, est aussi promis à un brillant avenir s’il garde une certaine constance dans son jeu, affirme un analyste sportif.