Douanes : le décret de la discorde

Dans un communiqué daté du 23 avril 2023, le Syndicat national des travailleurs des Douanes (SNTD) a décidé de suspendre son mot d’ordre de grève pour les 25, 26 et 27 avril 2023. S’il s’agit d’un soulagement pour les acteurs de l’économie, ce mot d’ordre intervient sur fond de divergences entre les soldats de l’économie, dont les performances avaient été saluées récemment par les autorités.

La grève a été suspendue notamment en raison des derniers évènements qui ont touché le pays et fait des victimes civiles et militaires. Les responsables du SNTD évoquent également l’implication de plusieurs personnes ressources grâce auxquelles ils ont suspendu le mot d’ordre de grève pour « donner une chance aux négociations », précise le communiqué, signé par le Secrétaire général du syndicat, Issiaka Moussa Kaboré.

L’une des motivations de ce préavis est à chercher dans le rejet du décret du 16 mars 2023 modifiant le décret de 2013 portant statut particulier du cadre des Douanes. Le décret n’apporte qu’une modification concernant l’introduction des grades d’inspecteur général et de colonel-major, qui sont étendus à tous les inspecteurs de classe exceptionnelle. Un décret qui leur « attribue des galons » mais ne leur accorde aucun avantage et leur retire ceux accordés par la loi de 1982, se plaint le SNTD. En outre, « un décret ne peut abroger l’ancienne loi de 1982 », soutient M. Kaboré.

Statut particulier ?

En lieu et place du statut particulier, c’est l’annexe du décret de 2013 qui a été reprise, explique un cadre.  Tous ceux qui ne sont pas inspecteurs de la catégorie A et B2 sont frappés par cette note. Les agents subalternes sont tous concernés.

Le décret de 2013, qui n’a pu être appliqué, n’a pas tenu compte de l’ancienneté et beaucoup peuvent se retrouver avec des années d’ancienneté dans des grades inferieurs. Mais le problème est « qu’il n’y a aucun intérêt économique et c’est ce qui est dérangeant », insiste-t-il.

Mais, alors qu’ils se disent toujours prêts au dialogue, les responsables du SNTD  déplorent le refus de la direction des Douanes de les recevoir pour discuter. Ce qui a d’ailleurs conduit au préavis de grève, selon eux. Ils espèrent donc que l’accalmie ainsi observée sera mise à profit pour trouver une solution qui aboutira à une relecture du décret incriminé.

Les responsables des services des Douanes se sont réjoui des recettes record de 70,620 milliards de francs CFA en décembre 2022 et ont été encouragés par les autorités à poursuivre dans le même sens en 2023.

Enseignement supérieur : les syndicats haussent le ton

En grève depuis le 20 mars dernier, les syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont reconduit leur mot d’ordre cette semaine, du 27 au 31 mars 2023. Avec de nouvelles revendications, qui viennent s’ajouter aux précédentes, ils brandissent également la menace d’un prochain arrêt de travail.

De cinq points revendiqués initialement par le Comité exécutif national du SNESUP, la Coordination des syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique unifie désormais ses actions autour de neuf points.

Au-delà des revendications liées à l’application et à la revalorisation des primes et indices salariaux, à la sécurisation de l’espace universitaire et au paiement des arriérés, les grévistes ajoutent le recrutement massif d’enseignants-chercheurs, mais aussi et surtout l’octroi d’un passeport de service à ceux-ci.

Selon Dr. Alou Diarra, Secrétaire général du Bureau national du SNESUP, cette grève est la suite logique des actions qui sont en cours depuis fin janvier. « Ce sont des revendications légitimes des travailleurs de l’Enseignement supérieur, nous voulons que l’État s’exécute, car c’est l’État qui a signé les conventions en notre faveur. Il doit les respecter », s’offusque-t-il

Mot d’ordre suivi ?   

Dans la mesure où le bicéphalisme à la tête du SNESUP subsiste depuis longtemps, la question  du suivi du mot d’ordre de grève par l’ensemble des enseignants dans les structures concernées se pose. M. Diarra reconnait que les difficultés au sein du SNESUP ont impacté « quelques petites structures, qui ne sont pas avec nous », à l’instar de l’INFSS, qui ne suit pas le mot d’ordre de grève.

Mais, selon lui, il est suivi à 86% par les structures de l’enseignement supérieur. « Si l’ENI, l’ENSUP, la FLSL, l’École de médecine, la FSEG, la FAG sont en grève, il ne reste plus rien de l’Enseignement supérieur », argue le Secrétaire général du Bureau national du SNESUP.

Nos tentatives pour joindre l’autre camp n’ont pas abouti, alors que le Dr. Alou Diarra affirme que la grève dépasse le cadre du SNESUP et que « les trois syndicats de l’Enseignement supérieur sont tous ensemble pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs ».

Il annonce que si le gouvernement ne réagit pas, cette grève sera suivie d’une autre, de 120 heures, qui sera sanctionnée par un arrêt de travail pur et simple.