Enseignement supérieur : les syndicats haussent le ton

En grève depuis le 20 mars dernier, les syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont reconduit leur mot d’ordre cette semaine, du 27 au 31 mars 2023. Avec de nouvelles revendications, qui viennent s’ajouter aux précédentes, ils brandissent également la menace d’un prochain arrêt de travail.

De cinq points revendiqués initialement par le Comité exécutif national du SNESUP, la Coordination des syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique unifie désormais ses actions autour de neuf points.

Au-delà des revendications liées à l’application et à la revalorisation des primes et indices salariaux, à la sécurisation de l’espace universitaire et au paiement des arriérés, les grévistes ajoutent le recrutement massif d’enseignants-chercheurs, mais aussi et surtout l’octroi d’un passeport de service à ceux-ci.

Selon Dr. Alou Diarra, Secrétaire général du Bureau national du SNESUP, cette grève est la suite logique des actions qui sont en cours depuis fin janvier. « Ce sont des revendications légitimes des travailleurs de l’Enseignement supérieur, nous voulons que l’État s’exécute, car c’est l’État qui a signé les conventions en notre faveur. Il doit les respecter », s’offusque-t-il

Mot d’ordre suivi ?   

Dans la mesure où le bicéphalisme à la tête du SNESUP subsiste depuis longtemps, la question  du suivi du mot d’ordre de grève par l’ensemble des enseignants dans les structures concernées se pose. M. Diarra reconnait que les difficultés au sein du SNESUP ont impacté « quelques petites structures, qui ne sont pas avec nous », à l’instar de l’INFSS, qui ne suit pas le mot d’ordre de grève.

Mais, selon lui, il est suivi à 86% par les structures de l’enseignement supérieur. « Si l’ENI, l’ENSUP, la FLSL, l’École de médecine, la FSEG, la FAG sont en grève, il ne reste plus rien de l’Enseignement supérieur », argue le Secrétaire général du Bureau national du SNESUP.

Nos tentatives pour joindre l’autre camp n’ont pas abouti, alors que le Dr. Alou Diarra affirme que la grève dépasse le cadre du SNESUP et que « les trois syndicats de l’Enseignement supérieur sont tous ensemble pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs ».

Il annonce que si le gouvernement ne réagit pas, cette grève sera suivie d’une autre, de 120 heures, qui sera sanctionnée par un arrêt de travail pur et simple.

Diawara Aoua Paul Diallo : « des dispositions sont en cours pour que nous ayons un climat social apaisé ».

Le gouvernement a organisé en octobre 2022 la conférence sociale qui a réuni les partenaires sociaux. Si les autorités sont satisfaites des objectifs atteints, elles doivent encore parvenir à un apaisement du climat social pour 2023. Car les préavis et les menaces de grève sont toujours sur la table. Madame Diawara, Aoua Paul Diallo, ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social répond à nos questions.

La conférence sociale s’est tenue en octobre, a-t-elle comblé les attentes ?

La conférence sociale s’est tenue du 17 au 22 octobre 2022 au CICB. Au regard de la participation massive des partenaires sociaux, employeurs et organisations syndicales de travailleurs (centrales syndicales, syndicats libres et autonomes), nous pouvons affirmer qu’elle a comblé les attentes dans la mesure où les préoccupations majeures du monde du travail ont été discutées sans complaisance à travers trois thématiques centrales : la liberté syndicale ; le dialogue social ; la politique de rémunération et la gestion des carrières. Les objectifs de départ ont été atteints. L’objectif général de la conférence sociale dans le domaine du travail était d’identifier les moyens et mécanismes permettant d’aboutir à une stabilité sociale durable. De manière spécifique, la Conférence visait notamment à faire un diagnostic clair des causes réelles de la détérioration constante du climat social ; identifier les inégalités salariales et leurs causes pour plus d’équité et de justice sociale ; identifier les besoins de renforcement des capacités des acteurs tripartites ; favoriser l’élaboration et la signature d’un pacte de stabilité sociale… Au regard des 139 recommandations qui sont sorties des débats, l’objectif de départ a été largement atteint dans la mesure où leurs mises en œuvre permettent d’apaiser le climat social de façon durable. On peut citer entre autres la conclusion d’un pacte de stabilité sociale avec une trêve sociale, la création d’un conseil national de dialogue social, l’organisation des élections professionnelles, l’adoption des textes sur le droit de grève, les services essentiels, les services minimums en cas de grève dans les deux secteurs : public et privé, l’adoption d’une politique salariale dans la fonction, d’un plan de recrutement, etc.

Où en est-on de la mise en œuvre des recommandations ?

Après la conférence sociale, une commission d’experts a été mise en place composée des représentants des employeurs (CNPM), des syndicats de travailleurs (UNTM, CSTM, CMT, CDTM), des représentants des départements ministériels et de la personne ressource qui a présidé les travaux en plénière de la conférence sociale.

La commission a pour but la rédaction d’un projet de pacte de stabilité sociale et de croissance mais aussi, d’élaborer le plan d’actions de mise en œuvre des recommandations de la conférence sociale avec des activités, des résultats attendus, des indicateurs d’évaluation, et une périodicité de cinq avec des coûts financiers.

A ce stade des travaux de la commission, un avant-projet de pacte de stabilité sociale est disponible et sera soumis incessamment à un atelier national tripartite de validation avant sa signature par les acteurs auquel sera joint le plan d’actions quinquennal intégré des recommandations de la conférence sociale avec le pacte.

Il y a eu un accord sur l’application de l’article 39, peut-on dire que la crise est derrière nous sur ce plan ?

Comme vous le soulignez, la crise est derrière nous, dans la mesure où le gouvernement et la synergie des enseignants ont signé un PV de conciliation sur leurs revendications. Pour matérialiser l’accord intervenu, le gouvernement a pris en conseil des ministres la semaine dernière un décret octroyant la prime contenue. Les autres aspects des revendications feront l’objet d’un suivi commun en cas d’embellis dans les finances de l’Etat.

Le ministère doit tout de même gérer d’autres mots d’ordre ou menaces de grève, qu’en est-il ?

Effectivement, nous avons encore quelques mots d’ordre de grève, notamment dans le privé ou le parapublic. Des dispositions sont en cours pour une gestion définitive de ces cas et même au-delà de façon générale afin que nous ayons un climat social apaisé. Parmi ces dispositions, on peut citer la signature très prochaine du pacte social de stabilité et de croissance qui prendra en compte non seulement les recommandations de la conférence mais aussi et surtout les attentes des organisations syndicales.

Quelles seront les priorités pour votre département en 2023 ?

Les priorités, seront entre autres :la signature, la mise en œuvre et le suivi du pacte de stabilité ; l’application des recommandations de la conférence sociale ; la refonte du cadre juridique régissant le dialogue social ; la création d’un conseil national de Dialogue social ; l’adoption de la politique nationale de sécurité et santé au travail ; l’organisation des élections professionnelles de représentativité ; la relecture de la loi 87-47 sur la grève dans les services publics ; l’adoption des textes sur les services essentiels et les services minimums en cas de grève dans les deux secteurs : public et privé ;  l’adoption d’une politique nationale de rémunération dans la fonction publique ; l’adoption d’un plan de recrutement ; l’adoption d’un plan de formation des agents de l’Etat ; la relecture du statut général et du code du travail.

Militarisation : la police va rentrer dans les rangs

La loi portant militarisation de la Police nationale et de la Protection civile adoptée ce jeudi par le CNT à 111 voix pour, 0 contre et 0 abstention et saluée par une partie de la population, amènera les éléments de ces forces à être déployées sur les « terrains chauds » et à aider l’armée dans la lutte contre le terrorisme. Le syndicalisme sera en outre supprimé. Si ces éléments sont clairs, d’autres sont pour l’heure plus confus, notamment la transposition des grades.

D’une pierre deux coups. Armer les policiers dans la lutte contre le terrorisme et mettre fin au syndicalisme de ce corps, dont les revendications se faisaient plus prégnantes. Les policiers déployés dans les zones de conflits, dépourvus d’armes lourdes au vu de leur statut de paramilitaires, en auront désormais pour appuyer l’armée contre le terrorisme. « Actuellement, on a affaire à des terroristes qui viennent avec des armes de guerre. Nous sommes aussi exposés que les militaires, sinon plus, car, étant plus près de la population, nous devenons des cibles plus faciles ici, où les armes circulent librement. Face à eux, avec nos PA (Armes automatiques, NDRL), il est difficile de les contrer », explique un sous-officier de la police déployé au sein du Groupement mobile de sécurité (GMS) de Gao.

Rien qu’en 2022, plusieurs policiers ont perdu la vie dans des attaques terroristes : deux le 21 février à Tombouctou, un autre dans la nuit du 23 au 24 juin à Fana, cinq le 7 août sur l’axe Koury – Koutiala…

« Nous sommes depuis quelques années dans une situation exceptionnelle. Une dynamique sécuritaire qui a pris des proportions que le pays n’avait jamais connues jusque là. L’État ne joue plus son rôle régalien sur une bonne partie du territoire du fait de cette crise sécuritaire. Ce contexte assez particulier oblige à adapter les réponses sécuritaires. Cette volonté de militarisation de la police s’inscrit dans la recherche d’une réponse coordonnée autour de la problématique du retour de l’État dans les zones où il est absent », explique Soumaïla Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la Réforme du secteur de la sécurité.

C’est d’ailleurs « au regard de la situation sécuritaire et des défis multiples auxquels les forces de défense font face » que le gouvernement explique dans son projet de loi sa décision de militariser la Police nationale.

Ainsi, en plus de ses missions classiques de maintien de l’ordre et de police judiciaire, elle pourra être déployée dans les zones reconquises par l’armée afin d’y assurer la sécurité des populations et de leurs biens et d’empêcher le retour des terroristes. Les agents bénéficieront de ce fait, selon le projet de loi du gouvernement, des mêmes avantages que les autres militaires engagés en opérations. Tout comme les sapeurs pompiers, qui seront aussi militarisés pour couvrir « l’arrière des forces engagées au combat » en appuyant la Police.

Discipline militaire

D’un autre côté, les autorités de la Transition mettront fin aux revendications syndicales de la Police nationale. Il lui sera appliqué la discipline militaire : le strict respect des règles, de l’ordre et de la rigueur. Les différents syndicats de la police nationale (14) seront supprimés. Ce dernier point constitue pour plusieurs observateurs la véritable raison « inavouée » des autorités de la Transition d’adopter le projet de texte, « presque en catimini », en plus au lendemain du 4 octobre (Journée de la Police) et après les renouvellements de certains bureaux des syndicats des Officiers et des Commissaires, notamment celui du Syndicat national des Commissaires de Police du Mali, le 1er octobre dernier.

Adoptée, la loi mettra aussi fin à « l’accentuation des attitudes peu orthodoxes : des Directeurs généraux, nationaux et hauts gradés du corps parfois menacés et pourchassés par des policiers mécontents, des policiers en cortège dans les rues de la capitale, le refus d’obtempérer à l’ordre hiérarchique », croit le Dr Aly Tounkara, expert défense et sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S).

En effet, depuis le début de la Transition, les policiers se sont fait remarquer. Le 3 septembre 2021, ils étaient une centaine à prendre d’assaut la Maison centrale d’arrêt de Bamako pour exiger la libération du chef des Forces spéciales antiterroristes (FORSAT), le Commissaire divisionnaire Oumar Samaké, placé en détention dans le cadre de l’enquête sur la répression, en juillet 2020, du mouvement de contestation, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Et, depuis l’unification de la grille indiciaire des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’État, des Collectivités territoriales, des statuts autonomes et des militaires par l’Ordonnance 2021 n°2021-003 du 16 juillet 2022, signée par le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, les syndicats de police ne cessent de dénoncer par des manifestations une « discrimination » et une « marginalisation » de la Police nationale, « ignorée » dans la transposition de la grille salariale unifiée.

Inquiétudes

« Le sentiment partagé par beaucoup de policiers vis à vis du projet de militarisation est que la démarche n’a pas été inclusive et démocratique. C’est comme si les concernés n’avaient pas eu droit à la parole », constate Dr Aly Tounkara. La synergie des syndicats de la police a dans un communiqué en date du 19 octobre déploré que ce projet n’a fait l’objet d’aucune consultation des acteurs concernés. Lors d’une séance d’écoute avec la commission du CNT en charge du dossier, les deux représentants des syndicats ont insisté sur la nécessité d’un renvoi pour mener des discussions préalables afin d’aboutir à un projet consensuel, la préservation des acquis en terme d’avantages, des garanties en amont du maintien des corps et grades en ayant des équivalences avec ceux de l’armée afin d’avoir une grille harmonisée dans le nouveau statut.

Plusieurs syndicalistes de la police voient en la militarisation « une volonté de nous empêcher de lutter pour nos droits. Sinon, nos éléments sont déjà présents dans plusieurs localités à risques », indique un président de syndicat sous couvert de l’anonymat. Selon ce dernier, par respect pour les policiers, les autorités de la Transition auraient dû rassembler l’ensemble des syndicats de la Police pour prendre leur avis et leur expliquer comment va être mise en place la militarisation. « Jusqu’à présent, on ne sait pas clairement tout ce qu’elle va impliquer », déplore-t-il.

Dans le projet de loi du gouvernement, quelques indications sont esquissées. L’article 2 indique que les fonctionnaires de la Police nationale et de la Protection civile seront gérés par le Statut général des militaires, en les plaçant sous l’autorité du ministre en charge de la Sécurité. Le ministère de la Sécurité et de celui de la Défense ne seront donc pas liés, comme ce fut le cas par le passé lorsque la police était militarisée. En outre, l’article 3 annonce la relecture de l’Ordonnance n2016-020/P-RM du 18 août 2016, modifiée, portant Statut général des militaires. Laissant ainsi croire à une future harmonisation des statuts de la Police et des militaires.

Les inquiétudes n’en demeurent pas moins. « Les grades de la police, tels que commissaire, inspecteur et commandant doivent-ils être transposés à la lumière de ceux de l’armée avec les avantages y afférents ? Comment rester aussi proches de la population et agir en militaires ? La militarisation est-elle un gage suffisant pour plus d’éthique et de morale chez l’agent de Police ? Comment convaincre les partenaires au développement de continuer à soutenir la Police et la Protection civile en termes de formation et d’équipement en dépit de leur militarisation ? ». Autant de questions auxquelles, selon le Dr Aly Tounkara, il faudra apporter des éléments de réponse probants.

Concernant la transposition des grades, des policiers s’insurgent déjà. « Je ne peux pas être chef à la police et que, par cette militarisation, un subordonné d’un autre corps soit supérieur à moi », met en garde un officier supérieur. Parlant de ce point dans une interview récente, le premier Secrétaire général du Syndicat de la police nationale, l’Inspecteur Général de police à la retraite Mahamadou Zoumana Sidibé, promeut une concertation entre les différents corps concernés (Armée régulière, Gendarmerie nationale, Protection civile et Police nationale), pour faire « la confrontation des grades. On prend ce qui est à prendre et on laisse ce qui est à laisser », suggère-t-il.

Mutations

Au Mali, la militarisation de la police n’est pas nouvelle. Depuis sa création, le 31 juillet 1925, par un arrêté du Gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française, la Police nationale a subi plusieurs mutations de militaire à paramilitaire. En février 1968, sous Modibo Keïta, elle a connu une semi-militarisation marquée par la dissolution des syndicats et son administration avait été confiée au Secrétaire d’État chargé de la Défense et de la sécurité. En 1973, elle est devenue un corps militaire avec des grades d’appellations militaires et était composée de cinq corps : officier, aspirant, inspecteur, gardien de paix, brigadier et brigadier-chef. Elle a été démilitarisées en 1993 en application d’une recommandation de la Conférence nationale. Moins de 30 ans après, une autre concertation sociale (les Assises nationales de la refondation, tenues les 11 et 12 décembre 2021), veut à nouveau remettre les policiers dans les rangs de l’armée. Pour lutter contre le terrorisme et le syndicalisme, au passage.

Rentrée scolaire 2022 – 2023 : menaces de boycott à Bamako

La rentrée scolaire 2022 – 2023, prévue pour le 3 octobre prochain, risque d’être perturbée dans le District de Bamako. Pour cause, les enseignants de la capitale ne sont pas satisfaits de la gestion de leurs « rappels ». Dans un courrier en date du 13 septembre 2022 adressé au Gouverneur du District, la Coordination des enseignants  signataires du 15 octobre 2016 du District de Bamako menace de boycotter la rentrée prochaine et d’observer une grève de 8 jours, soit 192 heures, du lundi 3 au mercredi 5 octobre 2022 et du lundi 10 au vendredi 14 octobre 2022. Cette coordination, qui dénonce « la lenteur dans le traitement des dossiers et le rejet de certains dossiers de rappels » exige le « paiement immédiat et effectif de tous les rappels concernant tous les établissements publics, notamment le préscolaire, le fondamental et le secondaire, dans le District de Bamako. Le préavis de grève de 192 heures intervient à la suite de « multiples discussions » engagées avec des autorités et d’investigations menées auprès des acteurs chargés des questions de rappels, d’une lettre relative à l’état des lieux adressée au Gouverneur concernant les questions des rappels et d’une autre  relative à l’information sur le sujet adressée à la ministre de l’Éducation nationale. Par ailleurs, même si cela ne fait pas partie des revendications à l’origine de ce nouveau préavis de grève, l’application stricte de l’article 39 continue également d’opposer le gouvernement et les syndicats signataires du 15 octobre 2016.

Santé : Une grève générale prévue début mars

Les hôpitaux de Bamako et de Kati prévoient une grève générale de 10 jours. Elle durera  du lundi 1er au vendredi 5 mars, pour  ensuite reprendre du lundi 8 mars au vendredi 13 mars. Les agents revendiquent plusieurs points pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Ils exigent de rendre effectives « les mesures de sécurité et de motivation » des personnels dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. Ils demandent également l’intégration dans la fonction publique du personnel contractuel et la régulation de la situation de ceux qui ont déjà été intégrés. Parmi les revendications, on note aussi le paiement des primes Covid-19 et l’effectivité de la gratuité de la prise en charge du personnel assujetti à l’AMO, sans oublier l’amélioration des plateaux techniques et le recrutement de personnel  au compte des hôpitaux. Les hôpitaux concernés par la grève générale prochaine sont les CHU Gabriel Touré, l’hôpital du Point G, l’hôpital dermatologique, l’hôpital du Mali et l’hôpital de Kati. Récemment, les négociations ont échoué entre le gouvernement et le comité syndical du CHU Gabriel Touré. Elles portaient sur « des doléances touchant pour l’essentiel la majorité des structures concernés par le présent préavis ». Cela avait abouti à des grèves de trois, quatre et onze jours entre novembre 2020 et janvier 2021.

Éducation : Synergie vers une grève ?

Depuis mai 2019, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 se mobilisent pour l’application des dispositions de l’article 39 de la loi 007 du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et  spéciale, suite à l’accord conclu entre le  gouvernement et l’UNTM le 29 janvier 2019. Malgré les lettres envoyées au ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique, ainsi qu’au Premier ministre, l’attente se fait longue à deux semaines de la rentrée (Le 1er octobre).

« Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ». C’est sur cette disposition de l’article 39 du Statut du personnel enseignant que se base la réclamation des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre.

Dans une lettre envoyée au ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique, en date du 30 mai 2019, la synergie informe « qu’en vertu de cette disposition, les enseignants régis par la loi ci-dessus citée sont concernées par la majoration issue de l’Accord conclu entre le gouvernement, le CNPM et l’UNTM le 29 janvier 2019 et doivent être pris en compte dans son application ». Après cette lettre, précédée d’une autre, sans suite, le ministre a répondu le 30 juillet.

Il informe les secrétaires généraux des syndicats que « la Primature a été saisie d’une correspondance confidentielle et que la synergie sera tenue informée de l’évolution de la question ».  Depuis, silence radio. « Nous avons envoyé une correspondance au Premier ministre, avec ampliation à l’Assemblée et autres institutions, pour leur demander l’application de l’article », dit Adama Fomba, porte-parole des syndicats.

Parallèlement, et face à la prochaine rentrée des classes, en octobre, les syndicats mènent un plaidoyer depuis le 11 septembre auprès des acteurs et partenaires de l’école, notamment la société civile, les regroupements politiques EPM, FSD, COFOP et ARP, et les familles fondatrices et les leaders religieux. 

Pour Adama Fomba, la réclamation de leurs droits ne doit pas provoquer une nouvelle crise dans le système éducatif. Mais, face à la sourde oreille du gouvernement, ils comptent épuiser tous les recours. « Nous allons nous donner tous les moyens légaux, y compris les grèves, pour faire respecter l’article 39 », affirme-t-il avec détermination. Le ministère en charge du dossier, contacté, n’a pas voulu s’exprimer. Une année tronquée vient de s’achever et une autre, incertaine, commence.

Grèves des enseignants : Jusqu’où iront-ils?

Les grèves des enseignants de l’éducation publique s’enchainent. De 72 heures à 240, la durée s’accroit à chaque débrayage. Si l’État du Mali a à maintes reprises conduit des négociations avec la  Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, à l’origine du mouvement, un accord total sur les doléances n’a toujours pas été trouvé. La situation, qui n’en finit pas de perturber le déroulement normal de l’année scolaire, n’est pas sans conséquences. Les inquiétudes vont grandissant chez les élèves de l’enseignement public et leurs parents quant à une bonne issue de l’année scolaire, d’autant plus que les cours continuent normalement dans les écoles privées. Un dénouement rapide de la « crise » devient plus que jamais urgent.

Lundi, 12h 34. Aux abords du lycée Mamadou Sarr, pourtant habituellement bondés d’élèves à la sortie des classes, l’ambiance n’a rien d’un début de semaine à l’école. Dans la cour quasi vide, pas de trace d’élèves. Un peu plus loin, à l’intérieur, un groupe de garçons, assis sur des tables-bancs hors des salles de classe, discute avec entrain. À quelques mètres d’eux, trois filles en tenues scolaire, visiblement lasses, avancent vers la sortie. « Nous étions venues voir si aujourd’hui les cours reprendraient, mais ce n’est pas le cas », affirme l’une d’entre elles. Et l’attente risque encore de se prolonger.

À Lafiabougou, du côté de l’école fondamentale Aminata Diop, les salles de classe sont carrément toutes fermées. Aucun élève présent sur les lieux. Non, ce ne sont pas encore les congés. Cette situation résulte de la grève de 10 jours en cours depuis le 21 janvier dernier dans les établissements publics du fondamental et du secondaire. Une grève qui résulte d’un énième échec des négociations entre les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 et le gouvernement.

Pléiade de revendications

Les doléances des syndicalistes se résument en 10 points. D’abord, les octrois des  primes de documentation et de logement. Ensuite l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale en Conseil des ministres.

Les revendications continuent : la finalisation du processus de régulation administrative et financière des sortants de l’ENSup au même titre que ceux de l’ENI et de l’IPR-IFRA ainsi que de toutes les grandes écoles, l’application effective et immédiate du décret N°2016-0001/P-RM du 15 juin 2016 fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission et la relecture immédiate du décret N°529/P-RM du 21 janvier 2013 portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1, 2 et 3.

Les syndicats exigent par ailleurs l’organisation sans délai de l’élection professionnelle du secteur de l’éducation et la création des organes prévus par le décret N°2018-0067/P-RM du 26 janvier 2018 fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.

La synergie réclame également l’annulation des décrets N°2018-0800/P-RM du 19 octobre 2018, fixant les attributions spécifiques des membres du gouvernement et N°2018-0801/P-RM du 19 octobre 2018, portant répartition des services publics entre la Primature et les départements ministériels, ainsi que l’intégration dans le corps des enseignants du personnel non enseignant en classe.

Enfin, le dernier point reste l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’État. « Pour le moment, nous avons cinq accords totaux, un accord partiel et quatre désaccords », indique Amadou Coulibaly, secrétaire général de la Syneb, l’un des responsables de la Synergie des syndicats . « Nous attendons de finir les 240 heures pour déposer un autre préavis de grève. Nous continuerons tant que nous n’aurons pas satisfaction », clame t-il.

Conséquences multiples

S’il est vrai que la grève n’empêche pas d’autres enseignants, notamment dans les écoles privées, de continuer les cours, l’année scolaire, sur le plan global, est gravement menacée. Pendant que certains se rendent normalement à l’école, d’autres élèves maliens sont privés de ce droit fondamental. Mais, au final, ils seront tous soumis aux mêmes épreuves lors des différents examens de fin d’année.

Au-delà de la menace d’une année avec un très grand taux d’échec des élèves, vers laquelle on se dirigerait si des mesures ne sont pas prises tôt, la question même de la baisse du niveau de l’enseignement et des apprenants se pose avec acuité dans ce contexte de grèves répétées. « D’abord, on sait que le niveau, de façon générale, est bas. Maintenant, avec ces grèves à répétition, il va chuter de façon drastique. Il y a du découragement tout de suite, parce que l’élève a perdu le rythme de progression et que les enseignants eux même, après cette longue grève, n’ont plus le courage », déclare Djimé Sow, enseignant à la retraite. Pour cet ancien, qui a passé 33 ans dans l’enseignement avant de rendre le tablier en décembre dernier, l’une des inévitables conséquences de la situation que traverse l’école malienne actuellement sera un échec en masse au plan national. « L’échec est clair. Dès lors que 3 jours de cours sont ratés, nous ne sommes plus dans les normes pédagogiques. Il y a un certain nombre d’heures dans l’année qui représente le temps réel d’apprentissage. Une fois qu’il n’est pas atteint, cela se sent », explique t-il.

Selon lui, ce temps n’est pas rattrapable et même si les programmes viennent à être épuisés, ce serait sans la manière, ce qui fausserait l’objectif principal de former des élèves avec un bon niveau.

Élèves et parents inquiets

Les élèves, qui subissent de plein fouet l’arrêt des cours dû aux grèves répétées de leurs enseignants, sont inquiets. Entre l’incapacité d’aller à l’école tout comme leurs camarades du privé et la persistance d’une situation qui ne semble pas présager d’un dénouement heureux de sitôt, ils se sentent de plus en plus lésés. « Je suis très inquiet. Nous venons chaque matin voir s’il y aura des cours ou pas, mais toujours rien. Je ne connais pas l’objectif des professeurs, mais la grève a beaucoup de conséquences. Ce sera compliqué pour nous si nous ne parvenons pas à suivre normalement nos cours avant les examens », déplore Siaka Djiré, élève en TSEco au Lycée Mamadou Sarr. « Je pense qu’il est temps que les professeurs arrêtent de faire grève, parce que bientôt c’est le trimestre. Nous n’avons pas de leçons dans nos cahiers alors que les autres suivent les cours. Nous, nous restons à la maison à ne rien faire », lance pour sa part Maimouna Mallé, élève en 10ème année dans le même lycée, visiblement très affectée par la situation.

Les parents d’élèves, pour qui les grèves sont également très déplorables, se désolent de la non résolution de la crise, qui n’a que trop duré. Certains pensent même que l’État ne prend pas très au sérieux les revendications des syndicalistes, vu que les mêmes doléances, qui ne datent pas d’aujourd’hui reviennent à chaque fois. « Ce qui est désolant, c’est de voir des enfants, même si c’est une dizaine, qui ne vont pas à l’école pendant que les autres continuent. Si ce rythme perdure au niveau du second cycle, ce sera la catastrophe aux examens, parce que les sujets ne sont pas choisis en fonction des jours non travaillés », s’alarme Yacouba Lamine Dembélé, Secrétaire général de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Mali. Une fédération qui fait partie de la commission de conciliation mise en place pour mener les négociations et qui s’emploie à sa manière pour faire bouger les lignes. « Par rapport à la situation actuelle, nous demandons simplement  une certaine flexibilité de la part des uns et des autres, parce que, dans une négociation de ce genre, il faut faire des concessions », souligne M. Dembélé.

Mais, visiblement, le terrain d’entente est encore loin d’avoir été trouvé entre les différentes parties. Au point que les syndicats ont d’ores et déjà déposé un nouveau préavis de grève de 15 jours à compter du 13 février 2019. Jusqu’où ira le bras de fer ? En tout cas, l’horizon n’est guère dégagé. Pour l’élève malien, le supplice continue.

Dr Brema Ely Dicko : « Se rencontrer permet de dissiper les malentendus »

Le gouvernement du Mali prévoit en janvier 2019 la tenue d’une Conférence sociale. Elle permettra de créer les conditions d’un dialogue social inclusif sur les grandes préoccupations des travailleurs dans un contexte où les préavis de grève se succèdent. Le Dr Brema Ely Dicko,  chef du département sociologie-anthropologie de l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako, explique la portée de l’initiative.

Qu’entend-on par conférence sociale ?

C’est une rencontre entre les acteurs politiques, le gouvernement, qui est l’Exécutif,  et les partenaires que sont les syndicats des travailleurs. Chaque corps à son syndicat. Il y a ensuite des syndicats qui regroupent tous les autres, comme l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) ou la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), entre autres. C’est donc un rendez-vous entre le gouvernement et les différents représentants des acteurs professionnels, pour discuter des problèmes dans les différents secteurs mais aussi se mettre d’accord sur les priorités du moment.

Cette conférence est-elle pertinente aujourd’hui ?

Une conférence est toujours pertinente, par ce que c’est toujours un rendez-vous du donner et du recevoir. Se rencontrer permet de dissiper les malentendus et de mettre fin aux rumeurs. Cela permet aussi d’avoir des informations factuelles et de faire baisser les tensions, par ce que quand les gens ne se parlent pas ils ne peuvent pas se comprendre. Organiser cette rencontre, c’est donner la parole aux uns et autres, se retrouver pour présenter la situation du pays, voir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, dégager ensemble les priorités du moment et voir comment elles peuvent être prises en charge par l’Exécutif et les partenaires.

Qu’est ce qui sera débattu lors de ces journées ?

Beaucoup de choses. Les revendications sont connues. Les préavis de grèves expliquent toujours pourquoi les gens veulent débrayer. Par le passé, des accords ont été signés par le gouvernement, disant en 2018 on va faire ceci et en 2019 cela. La conférence permettra de faire le point des engagements pris, de voir ce qui est pris en compte au-delà du papier et de déterminer comment ce qui reste à faire peut être pris en charge dans un avenir proche. Les gens pourront définir ensemble un nouveau calendrier.

La conférence pourra-t-elle mettre fin aux revendications ? 

Cela dépendra de la santé financière du pays et du réalisme des revendications. Et aussi de la volonté réelle du gouvernement en place de répondre aux demandes sociales et de sa capacité financière à prendre en charge les doléances. À court terme, cela sera très difficile. Par contre, cela permettra de se parler pour se mettre d’accord sur un calendrier réaliste et dégager les voies et moyens pour prendre en charge les doléances les plus urgentes.

Grève des enseignants : les syndicats maintiennent la pression

Décidés à obtenir leur statut particulier, six syndicats d’enseignants observent une grève de 408 heures, entamée ce 8 janvier 2018. Malgré la promesse du gouvernement de faire adopter le projet de loi, actuellement sur la table de l’Assemblée nationale, ce 14 janvier, les syndicats n’ont pas accepté la trêve, préférant attendre le vote et la promulgation de la loi.

Le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (SYPESCO), le Syndicat Libre et démocratique de l’enseignement fondamental (SYLDEF), le Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB), le Syndicat national des enseignants du secondaire de l’Etat et des collectivités ( SYNESEC), le Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales ( SYNEFCT) et la Fédération nationale de l’éducation, des sports, arts, de la recherche et de la culture (FENAREC), après une première grève de 9 jours en décembre 2017, exécutent un nouveau mot d’ordre de grève de 17 jours ; depuis ce 8 janvier 2018. Motif évoqué : l’inexécution par le gouvernement de l’accord convenu entre lui et les syndicats depuis le 2 mai 2017. « Ce protocole d’entente avec le gouvernement concerne l’octroi d’un statut autonome au personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale », explique Monsieur Kessa Keïta, Secrétaire général adjoint du BEN du SYNEFCT.

Tenir les engagements

L’Etat avait donné l’engagement, selon notre interlocuteur, que le statut sera voté lors de la session d’octobre. Une session qui s’est achevée le 15 décembre sans que le statut ait été adopté. Le syndicat qui dénonce la lenteur du gouvernement et même « sa mauvaise volonté », affirme que ce nouveau mouvement fait suite à l’inaction du gouvernement, après le premier préavis ayant abouti, à la première grève d’une semaine avant les congés de Noël et d’une semaine après la reprise. Les six syndicats, espèrent ainsi « obliger l’État à honorer ses engagements. »

Nommé à la tête du département de l’éducation dans la foulée, les syndicats ont rencontré le nouveau ministre de l’Éducation qui leur a fait certaines propositions, dont celle d’observer une trêve en attendant le vote du statut prévu le 14 janvier 2018. Une proposition rejetée par les syndicats, qui préfèrent voir la loi adoptée et promulguée, afin que les améliorations prévues soient effectives à partir de fin janvier.

En attendant, les élèves de l’enseignement public qui ont déjà perdu des heures précieuses de cours continuent à subir les effets néfastes de ces grèves sur leur niveau déjà catastrophique.

Pourquoi veut-on brader les Aéroports du Mali?

Depuis les années 90, pendant la vague de privatisation des sociétés d’à‰tat, il a été question de privatiser les aéroports du Mali. Pour rappel, le pays en compte 6, dont le principal est celui de Bamako-Sénou. « Lors de l’adhésion du Mali à  Air Afrique, on avait parlé de privatisation, explique Malick Sy, secrétaire général de la section syndicale de l’Aéroport. Après, on a arrêté d’en parler jusqu’en 2002, o๠un groupe turc a gagné le marché de concession. Les acquéreurs n’ont même pas pu réunir la caution de garantie, et c’est de nouveau tomber à  l’eau ». Le processus reprendra en 2008 avec l’attribution à  une société canadienne SNC Lavalin. Nouveau problème. Une autre société soumissionnaire conteste la procédure d’attribution de ce marché et dépose plainte. Plainte qui aboutit à  une décision de la Cour Suprême portant annulation dudit marché. La société française qui a déposé plainte se retrouve aujourd’hui adjudicataire de fait, alors qu’un nouvel appel d’offres devait être lancé, s’indignent les syndicalistes. Une négociation « en catimini » Pour les agents de la société des Aéroports du Mali (ADM), il est inconcevable qu’on veille donner la société à  un privé. Selon Cheick Oumar Tall, syndicaliste, « personne ne connait les termes de la négociation en cours entre le ministère de l’équipement et des transports et la société Egis Projects à  qui ils ont donné le marché. C’est une négociation en catimini et nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont les choses se passent ». D’autant plus que, toujours selon les conférenciers, rien ne vient justifier la cession de l’aéroport de Bamako-Sénou, seul concerné par cette mesure. La structure aurait depuis cinq ans, connu une progression de son chiffre d’affaires de près de 87%, passant d’un peu plus de 4.600.000.000 en 2007 à  8.622.000.000 en 2011. Même la crise de 2012 et la cessation d’activités de nombreuses compagnies au Mali n’a pas beaucoup affecté ce rendement. Alors pourquoi procéder à  une mise en concession de la « seule société publique encore viable et fiable » s’interroge Malick Sy. Cette question a d’ailleurs été posée directement au ministre de l’équipement et des transports que les syndicalistes ont rencontré ce mardi 06 août. Les syndicalistes lui ont produit un courrier signé de sa main, demandant à  l’opérateur français de « confirmer son arrivée […] en vue de la reprise de nos activités ». Un document signé du 18 juillet 2013 et dans lequel le ministre estime que « la situation actuelle est favorable à  la reprise du processus de mise en concession de l’Aéroport Bamako-Sénou ». Abdoulaye Koumaré, qui avait auparavant assurer que jamais concession ne se ferait sous sa direction, appelle désormais les agents de l’aéroport à  se « préparer à  l’inéluctable ». Plus de 150 emplois menacés « Il nous a expliqué que nous devions nous préparer parce que le processus en en cours ». Or, affirment les syndicalistes, cette concession ne sera d’aucune utilité pour le Mali. Pire, ce sera à  perte pour l’à‰tat, puisque De plus, la société ADM paie aujourd’hui à  l’à‰tat, des impôts qui couvriraient amplement le montant de la concession sur la même période. « C’est aberrant, de mettre en danger nos emplois, nos familles et la souveraineté du Mali sur des infrastructures aussi stratégiques que des aéroports pour des montants aussi insignifiants ». « Nous nous battrons de toutes nos forces et par toutes les voies légales pour empêcher que des intérêts personnels prennent le pas sur le bien commun », affirment encore les agents. Le cahier de charges de la société française en négociation avec l’à‰tat stipule que 60% des 239 agents de la société seront mis au chômage dès la première année d’exploitation. « Nous demandons aux décideurs politiques d’être vigilants. Ils ne doivent pas se précipiter pour gérer cette affaire et être à  l’écoute de la famille ADM », concluera le SG Malick Sy.

Affrontements entre policiers, les populations en ont assez!

Dans la nuit de jeudi à  vendredi, des policiers membres de deux syndicats se sont livrés à  de violents heurts dans le camp du Groupement mobile de sécurité (GMS), dans le quartier N’Tomikorobougou à  Bamako. Quatre blessés, bilan non confirmé Ces affrontements ont duré deux heures et ont été marqués par de nombreux tirs. « Nous étions à  l’intérieur du GMS pour mettre sur pied une nouvelle section syndicale de la police quand les policiers de l’autre syndicat qui ont eu des promotions (…) ont commencé par tirer sur nous. Il y a eu quatre blessés par balle dans nos rang », a déclaré à  l’AFP le sergent Jean Ambroise Samaké, membre du syndicat des policiers mécontents des promotions. Drissa Samaké dit Roger, du syndicat accusé d’être proche des putschistes, a de son côté affirmé à  l’AFP que l’organisation adverse est à  l’origine des heurts. Il a démenti les quatre blessés par balles évoqués: « Ce qui est arrivé est de leur faute. Ils ont aussi tiré, ce sont des aigris ». Aucune information de source indépendante n’est disponible sur le bilan de ces heurts. D’après une autre source policière, trois des responsables du syndicat des « anti-promotions » craignant des « représailles » se sont rendus dans les locaux d’une représentation diplomatique non identifiée. Parmi eux, figurerait Jean Ambroise Samaké. Ras le bol des populations Après les affrontements de cette nuit, des habitants du quartier de N’Tomikorobougou, jeunes, femmes et vieux sont sortis massivement pour protester contre les policiers. Ils ont encerclé le Groupement Mobile de Sécurité (GMS), avant de faire un sit in. Ce vendredi, ils entendent revenir devant le camp, car ils disent en avoir assez de ces coups de fusil de policiers, alors que ces derniers devaient au contraire assurer leur sécurité et leur quiétude. Certains leur ont demandé d’aller au front sécuriser les villes au lieu de rester dans une querelle inutile. Il faut signaler que c’est toujours le problème de promotion exceptionnelle qui est le fond de cette crise au niveau de la police. Une situation que les autorités n’ont jusqu’ici pas réussi à  g*régler de manière définitive. Des heurts avaient éclaté le 26 septembre 2012 à  Bamako entre des policiers promus et d’autres qui ne l’avaient pas été, faisant deux blessés, dont un par balle, selon le bilan du gouvernement. Les promotions avaient ensuite été annulées par le président par intérim, Dioncounda Traoré. En novembre 2012, la police avait été de nouveau secouée par « l’enlèvement » de quatre policiers dont une femme, qui ont été séquestrés au GMS puis relâchés le lendemain à  la suite d’une médiation d’une organisation musulmane. Après ces violences, des policiers avaient manifesté le même mois pour réclamer de meilleures conditions de travail.

Assurance maladie obligatoire : Les contestataires ne désarment pas

l’assurance maladie obligatoire (AMO) continue de faire des vagues. Le Collectif des syndicats composé de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm), de la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (Coses), du Syndicat des travailleurs des affaires étrangères (Syltae), de la Section syndicale de la police nationale et de la Fédération nationale du pétrole, commerce, banques et assurances, a de nouveau battu le pavé hier pour protester contre cette nouvelle mesure de protection sociale. Cette marche intervenait après une première organisée par le collectif le 5 avril toujours contre l’AMO. Et les marcheurs étaient beaucoup plus nombreux que la dernière fois. Ils étaient des milliers de travailleurs et militants du Collectif et d’autres syndicats comme des militants de syndicats affiliés à  l’UNTM, l’autre centrale syndicale qui soutient officiellement l’AMO, à  manifester. Les marcheurs ont dénoncé les prélèvements à  la source sur les salaires, des cotisations de l’assurance maladie obligatoire. Ils ont réclamé le remboursement des sommes « indûment retenues » sur les salaires, primes ou indemnités des travailleurs. La marche est partie du siège de la Cstm, via l’avenue Modibo Keà¯ta, l’avenue de la Nation pour rallier la Primature o๠les marcheurs devaient remettre une déclaration au Premier ministre. Ils brandissaient des pancartes sur lesquels on pouvait lire entre autres slogans : « Non à  l’obligation de l’assurance maladie », « AMO : agence de malversations obscures », « Nos salaires sont sacrés et personnels », « l’AMO soignera vos plaies avec une aspirine ». D’autres criaient « au voleur ! » A la Primature, les syndicalistes devaient être reçus par les ministres du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Harouna Cissé, de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidiki N’Fa Konaté, et le directeur de cabinet du Premier ministre, Makan Fily Dabo. Mais les syndicalistes ont estimé que ceux-ci n’étaient pas les interlocuteurs souhaités. Les organisateurs de la marche voulaient rencontrer le Premier ministre même. Le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées a tenté en vain d’apaiser les marcheurs. « Nous pensons que nous faisons partie de l’exécutif. Si on s’écoute, on va se comprendre parce qu’on est aussi des travailleurs, après tout », a plaidé Harouna Cissé, sans convaincre. Le secrétaire général de la Cstm, Hamadoun Amion Guindo, a estimé que l’à‰tat ne respecte pas le caractère sacré et inviolable du salaire. Le Trésor public ne gère pas le salaire, celui-ci est personnel et appartient au seul travailleur, a-t-il soutenu avant d’annoncer que le Collectif se réservait le droit d’entamer d’autres actions. « Nous allons radicaliser le mouvement parce qu’ils ne comprennent que le langage de la force », a assené Hamadoun Amion Guindo en visant les pouvoirs publics. N’ayant pas pu être reçus par le Premier ministre (qui avait rencontré la CSTM la veille à  son siège), les marcheurs ont installé pendant quelques minutes un sit-in devant la Primature. La déclaration qui devrait être lue et remise au chef du gouvernement critique le caractère obligatoire de l’AMO. Les syndicalistes rejettent une assurance imposée. « Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres dans un pays dit démocratique, nous entendons librement choisir notre assurance », stipule ainsi la déclaration du Collectif. Les syndicats exigent l’arrêt immédiat des prélèvements sur les salaires et pensions d’une part et le remboursement des retenues déjà  opérées.

Assurance Maladie Obligatoire : le Ministre Harouna Cissé face à la CSTM

La CSTM est un syndicat, ayant pris part à  toutes les discussions sur l’Assurance Maladie Obligatoire, mais depuis son initiation en 2003, il s’érige aujourd’hui contre la politique. Ont pris également part à  cette rencontre le secrétaire général de la COSES (Coordination des Syndicats de l’Enseignement Secondaire), Youssouf Diarra et Siméon Kéà¯ta, premier responsable de la section syndicale de la Police nationale. Deux autres syndicats qui réclament « l’arrêt pur et simple de l’AMO et le remboursement des sommes prélevées sur les salaires ». Fraichement nommé au poste de Ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées, Harouna Cissé se devait de « prendre langue » avec ces syndicats. « J’ai jugé utile de rencontrer tous les protagonistes au regard de la crise sur l’AMO. Nous devrions nous parler franchement pour dégager une solution utile et progressiste », a dit à  l’entame de ses propos le Ministre Cissé. Saluant la disponibilité de la CSTM à  Âœuvrer pour le dialogue, le Ministre Harouna Cissé a souhaité que le Département et ses partenaires entrent dans une dynamique d’écoute mutuelle et qu’une confiance mutuelle puisse s’installer entre les parties. A sa suite, le premier responsable Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali Hamadoun Amion Guindo a fait l’historique de la participation de sa centrale à  la mise en œuvre de l’AMO. « Depuis 6 à  7 ans, s’il y a une organisation syndicale qui a pris part à  toutes les discussions sur l’AMO, C’’est bien la CSTM. Aucun syndicat digne de ce nom ne peut rejeter l’AMO. Nous pensons simplement qu’à  l’heure actuelle, l’Etat mène de façon cavalière le projet. Nous ne sommes pas d’accord avec cette manière de faire, comme par exemple prélever des cotisations sur nos salaires sans nous aviser au préalable. Le déficit d’information est criard », a laissé entendre M. Guindo. Parlant du volet communication sur l’AMO, son syndicat avait pourtant pris attache avec le Département pour qu’il l’accompagne à  informer au mieux les Militants. Le Ministère qui s’était pourtant engagé n’a point honoré sa parole. Abondant dans le même sens, le secrétaire général de la COSES (Coordination des Syndicats de l’Enseignement Secondaire), Youssouf Diarra et Siméon Kéà¯ta, le premier responsable de la section syndicale de la Police nationale ont appelé « à  l’arrêt des prélèvements ». « La mise en œuvre de l’AMO a été faite à  notre insu. Nous sommes dans une position très tranchée. Nous refusons de cautionner l’AMO. Les retenus sur les prélèvements des salaires font l’objet de réglementation. Il n’est pas normal que l’on prélève des sommes sur nos salaires sans notre consentement », ont-ils répété en C’œur. Pour leur part, le secrétaire générale du Ministère, Amadou Rouamba, tout comme le directeur général de la CANAM, Nouhoum Sidibé, et de la DNPES, Luc Togo ont donné des précisions. « Au moment de l’élaboration de l’AMO, personne, je dis bien personne ne peut dire qu’il n’a pas été associé. Certains syndicats qui s’érigent aujourd’hui contre l’AMO n’avaient pas vu le jour à  l’époque. Des études ont été réalisées, des concertations nationales, réunissant toutes les couches socio-économiques du pays, ont été tenues sur la question. Les lois ayant trait à  l’AMO ont été initiées par l’Assemblée nationale o๠il y a eu des débats. On ne peut alors dire que les gens n’ont pas été associés », a déclaré Amadou Rouamba, le SEGAL du Ministère. Des propos confirmés et soutenus par Luc Togo, le directeur général de la DNPES qui a indiqué que les syndicats les plus représentatifs, dont l’UNTM et la CSTM, ont pris part au montage technique et institutionnel de l’AMO. Même au choix des différents scénarii relatifs notamment aux paniers de soins, aux taux de cotisation. Pour Nouhoum sidibé, l’AMO est un régime de base que l’Etat se devait d’instituer avant même les autres régimes tels que la pension. Et sur les pensions dont les prélèvements sont faits automatiquement, personne ne trouve à  redire. S’adressant aux syndicalistes qui demeurent campés sur leur position, le Ministre Harouna Cissé a tenu à  dire que les prestations, conformément au calendrier établi, vont démarrer le 1er mai 2011. Il a jugé « absurde » la crise actuelle, d’autant plus qu’aucun protagoniste ne remet en cause le bien fondé de l’AMO. « Je vous invite au dialogue. Je ne me lasserai jamais d’insister sur ce mot. Je souhaite une convergence de vue et J’invite les uns et les autres à  revoir leur position », a ajouté le Ministre Cissé. Tout comme son prédécesseur, Sékou Diakité, le Ministre Harouna Cissé s’est engagé à  rencontrer tous les protagonistes de l’AMO.

Non à l’AMO !

La manifestation est partie du siège de la CSTM à  la primature, o๠les organisateurs se sont adressés à  leurs militants avant de remettre une copie d’une déclaration contenants leurs préoccupations par rapport à  l’AMO au représentant du Premier ministre. Il s’agit entre autres de l’arrêt immédiat des retenues sur le salaire des travailleurs et le remboursement du montant déjà  défalqué. Les marcheurs étaient des militants de la COSES, SYLIMA, SGSP, SUT, EDM, SYLTAE … brandissaient les pancartes et les Banderoles sur lesquelles on pouvait lire « non à  l’AMO, un abus du pouvoir ». Un nombre important des policiers et les agents du ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale se sont également joint à  cette marche. Amadou Amion Guindo s’adressant aux marcheurs a déclaré que « par cette marche pacifique, nous protestons et disons non l’obligation de l’assurance maladie. Nous sommes dans un pays de droit, et au regard de ce droit, nos salaires et nos pensions nous appartiennent, ils ont un caractère sacré inviolable. l’obligation dans ce cas d’espèces est un abus, une agression qui relève d’un autre temps. Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres dans un pays dit démocratique, nous entendons librement choisir notre assurance maladie». Rappelons que dans une lettre adressée à  notre rédaction à  la veille de cette marche, la CSTM a affirmé que les débats indispensables à  l’appropriation du concept AMO par différents acteurs d’une part, et à  la transparence dans la gestion des fonds des prestations et la structuration du système d’autre part, n’ont pas eu lieu. Selon les responsables de la CSTM, au regard de la loi, le salaire étant un revenu personnel, toute retenue sur lui doit obtenir l’accord préalable du salarié. Par ailleurs, la Confédération syndicale entend prendre des dispositions nécessaires pour demander à  toutes ses coordinations régionales et locales, ses fédérations et ses syndicats affiliés à  s’opposer au prélèvement de la cotisation sur leurs salaires et à  ne pas déposer les dossiers demandés, jusqu’à  la clarification de la situation.

Grèves en Afrique du Sud : le jeu dangereux des syndicats

La grève dans le service public est devenue une norme en Afrique du Sud. Nous sommes au milieu de la saison de grève et l’actualité est une fois de plus dominée par les masses de fonctionnaires grévistes brandissant des pancartes o๠l’on peut lire : « Nous disons non à  des salaires de misère » et « Nous disons non à  6% d’augmentation ». Mais quelles sont les conséquences des grèves ? Outre les effets immédiats – les perturbations dans les services publics – il y a des effets à  long terme plus coûteux qui doivent être reconnus. Les syndicats ignorent souvent le fait que la productivité des travailleurs est le principal déterminant du niveau de salaire que les employeurs sont disposés à  payer et une augmentation législative du prix du travail n’augmente pas la productivité des travailleurs. Entre 1990 et 2000, selon les recherches effectuées par Adcorp, la productivité du travail a augmenté de 3,3 % par an, et la rémunération réelle a augmenté proportionnellement de 1,9 % par an. En revanche, entre 2001 et 2010, la productivité du travail a diminué de 2 % par an, tandis que la rémunération réelle a augmenté de près de 3 % par an. à€ l’heure actuelle, la rémunération réelle augmente à  un taux de 13,8 points de pourcentage au-dessus du niveau qui peut être justifié par l’inflation et la croissance de la productivité du travail. De toute évidence, cela démontre qu’au cours de la dernière décennie, les syndicats ont bénéficié d’un pouvoir excessif : quand ils voulaient une augmentation, ils l’ont obtenu. Ce qui est souvent négligé est que l’augmentation des niveaux de salaires affecte directement les opportunités d’emploi et le taux de chômage. Selon les dernières données de Stats SA, 4,3 millions de personnes étaient au chômage au premier trimestre de 2010, soit un taux de chômage de 25,2 %. Ajoutez les demandeurs d’emploi, ceux qui ont renoncé à  chercher du travail tout simplement parce qu’ils croient qu’il n’y en a aucun de disponible, et vous obtiendrez 1,8 millions de chômeurs supplémentaires. Au final, le nombre total de chômeurs s’élève à  6,1 millions et le taux de chômage effectif est de 32,4 %. Par rapport à  l’an dernier, environ 750.000 autres emplois ont été perdus. Comment les syndicats ont-ils atteint ce niveau sans précédent de pouvoir ? Il faut reconnaà®tre qu’en Afrique du Sud les syndicats du travail ont joué un rôle économique, politique et social dans la transition de l’apartheid à  la démocratie. Lorsque les sud-africains noirs étaient exclus de la participation politique pendant les années d’apartheid, les syndicats sont devenus effectivement leur porte-parole. Il était donc naturel que la COSATU, la plus grande Fédération des syndicats depuis 1994, devienne une composante essentielle de ce qui est maintenant l’alliance tripartite. Avec des syndicats formant une partie intégrante de notre société, on peut facilement perdre de vue leur rôle de premier plan – augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail de leurs membres par rapport aux autres travailleurs à  productivité égale – une tâche qu’ils accomplissent avec beaucoup d’habileté. Dans ce processus, ils constituent inévitablement un obstacle à  la concurrence potentielle – en général d’individus peu qualifiés prêts à  accepter des salaires plus bas plutôt que d’affronter le chômage et la conséquence de la faim pour eux-mêmes et leurs familles. Les travailleurs dans le secteur syndiqué sont protégés. Mais, en général, les inégalités se creusent car bien que certaines personnes gagnent de l’argent, des millions d’autres sont effectivement empêchées d’intégrer le marché du travail. Il est donc intéressant de savoir pourquoi dans l’après-apartheid en Afrique du Sud, le parti au pouvoir poursuit sa relation avec un syndicat. L’ANC avait besoin des syndicats dans les années 1980 et 1990 mais aujourd’hui il a créé un monstre économique. Le gouvernement doit commencer à  penser aux pauvres sud-africains ordinaires – noirs et blancs. Il aura besoin de peser les risques de protéger les droits acquis contre les risques d’augmenter les troubles et l’inquiétude parmi les pauvres chômeurs africains du Sud. Ce dernier groupe est plus instable et imprévisible – la politique juste et intelligente à  suivre est de maximiser les opportunités pour les pauvres chômeurs avant que l’agitation civile n’éclate. Les alliés politiques au pouvoir font face à  des choix peu enviables, mais nécessaires ; s’ils ne font rien, ils risquent des troubles civils comme avec les protestations contres la piètre qualité des services municipaux, protestations qui semblent en grande partie menées par des chômeurs ; s’ils tentent d’acheter la paix sur une longue période avec l’argent des contribuables, ils risquent de nuire à  l’économie et de détruire des emplois syndiqués, et s’ils veulent ouvrir les portes aux chômeurs pour intégrer le marché de travail, les syndicats s’y opposeront. Le gouvernement doit se décider quant à  savoir si dans la lutte contre le chômage, il faut regarder le tableau d’ensemble qui inclut les chômeurs ou répondre aux intérêts des travailleurs déjà  en place. L’avenir du pays en dépend. Jasson Urbach est analyste à  la Free Market Foundation en Afrique du Sud.

Ecole malienne : vers une sortie de crise ?

« Il est souhaitable qu’à  l’issue de cette rencontre et des négociations qui vont suivre, qu’ensemble, nous (gouvernement, universitaires, syndicats, et société civile) pussions tracer les perspectives de développement de notre système d’enseignement supérieur en le mettant à  l’abri des conflits sociaux répétitifs » dira le premier ministre. Mesures intégrées C’’est dans ce cadre que le gouvernement a voulu proposer aux organisations syndicales et au monde universitaire un ensemble de mesures intégrées ayant pour objectif d’améliorer leurs conditions de travail et de vie, une proposition d’un plan de développement de l’enseignement supérieur à  court terme, et à  moyen et long terme. Les mesures d’accompagnement proposées par le gouvernement Les statuts et plans de carrière et les mesures d’accompagnement proposées par le gouvernement, marquent le début de la marche vers la qualité de notre système d’enseignement supérieur et de recherche. Ces statuts ont été élaborés sur la base des principes de valorisation suivants : les principaux temps de carrière (le recrutement, la promotion et la fin de carrière, l’engagement professionnel(l’assiduité, l’éthique, la déontologie,l’excellence et l’évaluation. Les principales innovations des statuts Elles portent sur la reconnaissance du mérite, comme l’a recommandé le forum national et l’apport des enseignants et chercheurs maliens de la diaspora, qui pourront être nommés professeurs et maà®tres de conférences associés, sur la base des critères de primes et d’indemnités. La productivité, la reconnaissance des droits des enseignants et chercheurs, et les obligations liées aux avantages que la nation a décidé de leur consentir. Le premier ministre a souhaité que ces projets de statuts soient partagés par l’ensemble et du monde universitaire de notre pays. Une grille de rémnunération à  la hausse à  compter de juillet prochain Dans la déclaration de Modibo Sidibé, l’adoption des statuts et plans de carrière ci-dessus évoqués, entraà®ne une amélioration de la grille de rémunération des enseignants chercheurs. l’objectif volontariste du gouvernement, à  moyen-terme, est de s’aligner sur la sous-région, et d’agir pour nos université et grandes écoles en répondant aux standards internationaux. « Pour ce faire, nous avons des ressources humaines à  l’interne et à  l’externe pour atteindre cet objectif. Autres primes et indemnités liées à  la productivité et à  la présence effective en milieu universitaire, à  compter de juillet 2010, une revue à  la hausse du taux supplémentaire assortie d’une rationalisation et d’une transparence de leur gestion, le plan de développement de l’enseignement supérieur pour la période 2011 2015. Le développement des infrastructures universitaires et de recherches.

Rencontre Syndicats enseignants-Primature : Modibo Sidibé rassure

Le premier ministre s’est voulu clair, concis et précis face aux syndicats de l’enseignement fondamental et secondaire rencontrés à  la primature ce jeudi. Il a promis que les réformes annoncées avant la fin 2010 seraient accomplis. Voilà  en substance ce qu’il a dit aux syndicats : Déclarations de principes du premier ministre  » Nous sommes d’accord pour augmenter la situation et la rémunération des enseignants, et le deadline pour ça, c’est décembre 2010, bien sûr, il faudra discuter des modalités et aller vers l’agenda des négotiations. Nous disons aux enseignants du secondaire et du fondamental que nous sommes d’accord sur les indemnités logements, on va le faire ! Je le réaffirme ! Les ministres vont fixer les dates pour que vous les rencontriez en groupes de travail, pour l’emploi, la formation professionnelle et le contenu de l’agenda et du chronogramme établi. Mais sur ces questions statutaires, la nation appelle aussi les enseinants à  leurs devoirs et obligations. Pour la fonction publique, elle relève de l’état et il n’y aura pas de précarité, mais des garanties pour les enseignants pour cela, nous devons discuter ! Quant au Conseil Supérieur de l’éducation, les textes seront pris en compte. Pour l’enseignement supérieur, il y aura « revalorisation de leurs fonctions, de leurs conditions de carrière à  revoir et à  améliorer ». Il faut une nouvelle perspective l’université, afin qu’elle soit moteur d’innovation et de technologie tout en assurant une qualité de service. Donc nous sommes d’accord pour revaloriser les statut des enseignants du supérieur et cela sera opté avant fin 2010. Discutons pour l’augmentation et rationalisation de la situation. Nous avons une responsabilité sur la question de l’école, car C’’est l’avenir de la nation qui est enjeu. Ne perdons plus de temps à  regarder dans le rétroviseur mais avançons sans regarder en arrière. Ayons confiance ! Réactions des syndicats Tiemoko DAOU du Syndicat des professeurs contractuels de l’enseignement secondaire. « Il n’est jamais trop tard pour bien faire. La rencontre s’est bien terminée. Si nous conjuguons nos efforts avec les pouvoirs publics et qu’on puisse aller sur une voie consensuelle, C’’est mieux pour le pays, parce qu’un pays sans éducation est voué à  l’échec. Le 14 juillet dernier un procès verbal de conciliation a été signé prenant en compte les indemnités de logements. l’application qui ne devrait tarder l’a été finalement. Nous avons également de tout le temps souhaité l’application du cadre organique, même s’il y’a un début nous attendons toujours de pieds fermes l’application correcte des cadres organiques des académies et des CAP.

Suspension de la grève des enseignants : les raisons d’une mésentente

Le secrétaire général du COSES, M.Tiémoko Daou explique qu’il existe six points de revendications dans le préavis de grève. Il s’agit principalement de problèmes liés à  l’octroi des indemnités de logements des travailleurs de l’enseignement secondaire ; de la levée des obstacles juridiques qui dérangent généralement les contractuels de l’éducation qui ne peuvent être nommés à  des postes de responsabilité quelque soit leur ancienneté ; Ils ne peuvent pas prétendre à  une formation diplomante et à  un détachement ; La relecture du décret 323 du 6 Août 2003, portant statut particulier de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spécial ; le payement des arriérés dus aux enseignants contractuels. Le paiement de la formation modulaire, l’évaluation modulaire étant un nouveau système de formation dont le payement par l’Etat est exigé par les enseignants ; Suite à  ces longues tractations entre l’état et le COSES, des compromis ont été trouvés le 14 juillet dernier. Selon M.Daou, après cette longue période de grève, l’Etat a créé un cadre de gestion du cahier de doléances appelé ‘le collectif ‘. Ce collectif des syndicats de l’éducation regroupe essentiellement le syndicat des enseignants du supérieur (synesup), la COSES (coordination des syndicats de l’enseignement secondaire), la FEN (fédération de l’éducation nationale), et la FENAREC. Après une sérieuse analyse, les enseignants ont décidé qu’il était temps de s’arrêter afin de mieux se positionner pour la rentrée prochaine A la question de savoir si cette suspension est la résultante du discours du président de la république lors des Assises de la jeunesse tenues il y a quelques semaines, le secrétaire général précise : « nous avons même ignoré cette déclaration. Ce n’était ni le lieu, ni le moment de la faire. Nous sommes des adultes et il est donc normal qu’on discute entre adultes. On ne doit pas discuter des problèmes des enseignants avec les enfants qui ignorent tout du problème ; Ils ne savent pas de quoi il s’agit. On nous parle du nombre élevé des enseignants. Donc, plus on est nombreux, plus le traitement doit coûter cher. Puisque l’éducation n’a pas de prix, elle est le socle de développement de toute nation.» Le président de la république Amadou Toumani Touré affirme que le budget de fonctionnement de la présidence et de l’assemblée nationale et, même de certains ministères cumulés, ne dépasse pas 25 milliards de FCFA hors, les enseignants demandent 32 milliards de FCFA pour les revendications. M.Daou trouve tout à  fait normal que le traitement réservé aux enseignants soit plus élevé que dans les autres secteurs d’activité. Puisque les enseignants représentent presque 50% des effectifs de la fonction publique. Et en plus de tout cela, il estime qu’il y a un manque important d’enseignants au Mali. Signalons que la suspension de la grève dure 3 mois, donc jusqu’à  la rentrée scolaire prochaine. Dans trois mois donc, les discutions reprendront sur le taux des indemnités de logements avec le gouvernement. s’il n’y a pas de solutions plausibles, la grève reprendra de plus belle. Parmi les 6 points de revendication évoqués, deux principales revendications ont été satisfaites. Il s’agit notamment de l’indemnité de logements et de la levée des obstacles juridiques traduites en intégration. Ainsi, l’Etat propose l’intégration des enseignants contractuels à  la fonction publique de l’Etat et à  celle des collectivités. Mais le COSES préfère que ces contractuels soient gérés par l’Etat afin de pouvoir tirer l’école de la situation désastreuse dans laquelle elle se trouve. Les autres points de revendication ont aussi fait l’objet d’avancement. M.Daou explique : « Puisqu’il n’y a pas de texte autorisant les pouvoirs publiques à  nous octroyer une indemnité, ils nous avancé une majoration d’une indemnité, l’indemnité spéciale de responsabilité s’élevant à  10.000 FCFA, en attendant la fixation du taux des indemnités de logements dans les jours à  venir. » Il est temps que l’éducation malienne retrouve ses lettres de noblesse. Qu’elle redevienne une référence dans la sous région. Et pour ce faire, espérons que les enseignants, le gouvernement et tous les acteurs de l’éducation mettent de l’eau dans leur vin. Tout un chacun doit personnellement s’impliquer pour une meilleure remise sur pieds de l’éducation

Magistrats, la grève continue !

l’assemblée générale tenue le 26 mai dernier a permis à  l’ensemble des greffiers magistrats affiliés au SYLIMA, de maintenir leur mot d’ordre de grève illimitée car aucun protocole d’accord n’a été trouvé avec le gouvernement. «A l’unanimité, les membres des deux syndicats ont voté pour la continuation de la grève », souligne, Hamèye Founé Mahamdane, le président du SYLIMA. Il faut rappeler que les revendications entre le SYLIMA/SYNAG concernent la revalorisation des indemnités, l’affectation et l’équipement d’un siège. Pour Hamèye Founé Mahamdane, le SYLIMA a toujours fonctionné sur fonds propres (déboursés par les militants) à  la différence du syndicat Autonome de la magistrature (SAM). Pour les greffiers, il s’agit de la revalorisation de leurs conditions de vie et de travail et la relecture de leur statut. Le président du SYLIMA dira que, sur les 15 points de revendications, 13 n’ont rien de financiers. Le gouvernement ne traiterait pas les deux syndicats (SYLIMA et SAM) au même pied d’égalité : « Si vous allez à  Bollé, vous y trouverez un bâtiment flambant neuf pour le SAM, alors que nous sommes obligés de fonctionner sur nos propres frais et dans des conditions précaires », ajoute Mr Mahamdane. Quant à  savoir pourquoi les deux syndicats (le SYLIMA et le SAM) ne font pas front commun pour la défense de la cause des magistrats, le président du SYLIMA répondra : « nous avons été les premiers à  saisir le gouvernement et à  déposé nos préavis de grève. Nous avons aussi compris que le SAM a été utilisé par le gouvernement pour nous désarçonner dans notre action. A la fin, il n’y a même pas eu de protocole d’accord ». Des revendications jugées légitimes A la question de savoir si les revendications sont au-dessus des moyens de l’Etat, Hamèye Founé Mahamadane répond qu’elles ont été négociées depuis 2008 par les deux partis. Nous ne demandons que l’amélioration de nos conditions de vie et de travail… » Quant aux désagréments causés aux justiciables, le président du SYLIMA a, d’un ton empreinte de tristesse, scandé : «Au delà  de notre personne, le combat que nous menons, est aussi en faveur de tous, et pour appliquer la justice correctement, il faut être dans de bonnes conditions». En balayant d’un revers de main, les informations, selon lesquelles les magistrats grévistes ont été relevés de leurs fonctions, le Président du SYLIMA dément formellement. Ceci est impossible selon la loi. l’ordonnance prise par le premier Président de la Cour d’appel a autorisé les magistrats du SAM à  assurer l’intérim de ceux du SYLIMA dans certaines juridictions. Cette ordonnance du premier Président de la cour d’appel est inapropriée, dans la mesure o๠elle a été prise dans des conditions que la loi n’a pas prévu. Nulle part dans les textes, il n’a un pouvoir de sanction. Les magistrats ne peuvent être sanctionnés que part le Conseil Supérieur de la Magistrature. Les statuts de la magistrature prévoient aussi que le juge ne peut être remplacé qu’en cas d’empêchement. « Notre cas, n’est donc pas un empêchement, car la grève est un droit constitutionnel. Nous pensons que l’information est un non événement ! Les magistrats du SYLIMA sont plus que jamais déterminés dans leur action. Tout en réaffirmant l’ouverture du SYLIMA à  la négociation, M. Hamèye Founé estime, que la raison devra prévaloir sur les considérations partisanes. « s’ils acceptent de venir à  la table de négociation, ils verront de quelle bonne volonté nous sommes animés » a-t-il conclu.