Présidentielle de février 2024 : les autorités annoncent un report

Devant la presse ce lundi 25 septembre, le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga a annoncé le report de la présidentielle prévue en février 2024 (4 février premier tour- 18 février second tour). Parmi les raisons, il a évoqué l’adoption d’une nouvelle constitution, la révision des listes électorales mais aussi un litige avec une société française, Idemia, impliquée selon lui dans le processus de confection de RAVEC. Le Colonel Maiga a évoqué un léger report pour la présidentielle et les « nouvelles dates feront l’objet d’un communiqué ultérieurement, après échange avec l’AIGE ». Il a également précise que le gouvernement décide d’organiser, exclusivement, l’élection présidentielle pour sortir de la Transition. Les autres élections feront certainement l’objet d’un autre chronogramme qui sera établi par les nouvelles autorités, sous les directives du nouveau président de la République. Le 8 août dernier, le ministre d’Etat avait fait le point des différentes propositions des partis politiques sur le chronogramme de la transition. Au total 17 propositions ont été faites par 81 partis politiques sur les 291 sollicités par le gouvernement, soit un taux de réponse de 27,83%. 5 principales tendances se dégageaient des 17 propositions faites, en tête desquelles celle d’une « prorogation du délai de la Transition de 3 à 18 mois afin de bien organiser les élections à venir », mise en avant par 15 partis. 14 autres optent pour l’organisation des élections conformément au chronogramme adopté par le gouvernement, 12 proposent de tenir l’élection présidentielle à la date indiquée dans le chronogramme et de coupler les autres élections, 9 préconisent l’organisation des élections en 2024 « lorsque les conditions sécuritaires seront réunies » et, enfin, 8 partis politiques proposent d’organiser les élections législatives en premier lieu puis l’élection présidentielle, les futures autorités organisant les autres scrutins.

Choguel Kokalla Maïga : un retour et des questions

Absent depuis près de 4 mois, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a repris service le 5 décembre 2022. Un retour aux affaires très scruté pour celui qui avait pris les rênes de la Primature en juin 2021. Alors que sa gestion lors de son premier passage reste décriée par une partie de la classe politique, le Président de la Transition lui maintient sa confiance à l’orée d’une étape charnière de la Transition, l’année 2023.

Son absence aura duré 108 jours. De sa dernière apparition publique, le 9 août 2022 (audience accordée à la Fondation Damaguilé Diawara) à sa visite au Président de la Transition le 25 novembre. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui était en soins suite à un accident vasculaire cérébral, prend de nouveau les rênes du gouvernement.

C’est d’ailleurs le message qu’il a tenu à adresser au Colonel Assimi Goïta lors de la rencontre des deux hommes au palais de Koulouba, avant son message de remerciement au peuple malien lu à la télévision nationale le même jour. « Après plus de 3 mois d’absence, me revoici parmi vous, en pleine possession de mes capacités physiques et intellectuelles », a assuré le chef du gouvernement.

Trois jours après, le 28 novembre, il s’était rendu chez le Président du Conseil national de Transition (CNT), le Colonel Malick Diaw, pour le remercier et lui dire qu’il était apte à reprendre le travail, selon la direction de la communication du CNT.

Le 4 décembre, le Président de la Transition a tranché et mis fin par la même occasion au flou qui persistait autour de la Primature depuis la réapparition du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Un décret présidentiel lu à la télévision nationale par le Secrétaire général de la Présidence a abrogé celui du 21 août 2022 désignant le Colonel Abdoulaye Maïga en qualité d’intérimaire du Premier ministre, remettant de facto Choguel Maiga en fonction.

Le retour effectif aux affaires de celui qui est également Président du Comité stratégique du M5-RFP n’a dès lors pas trainé. « Après près de quatre mois de repos médical, le Premier ministre, chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, reprend service ce jour 5 décembre 2022 », a indiqué la Primature lundi, précisant que le chef du gouvernement commençait ses activités par une série de rencontres avec, notamment, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le Secrétaire général du gouvernement et le Cabinet de la Primature.

« Cette reprise de fonction était déjà actée après ses deux visites au Président de la Transition et au Président du CNT et son message de remerciement aux Maliens. Il fallait juste attendre que le déplacement qui déjà était prévu du Premier ministre par intérim à Kayes ait lieu pour que Choguel Maïga reprenne  fonction et c’est ce qui a été fait », nous confie Dr. Allaye Bocoum, Président du mouvement politique CPM (Convention pour le Mali) et  proche du Premier ministre. À l’en croire, d’ailleurs, le Premier ministre n’a jamais été déconnecté d’avec les autorités, il était au courant de tout ce qui se passait et a souvent donné son avis sur certaines questions.

Un retour qui divise

En remettant Choguel Kokalla Maïga dans ses fonctions, le Président de la Transition a fait le choix de la continuité dans la trajectoire prise par la Transition depuis mai 2021. « Ce retour du Premier ministre montre que les autorités sont respectueuses de leur parole et qu’elles sont stables, elles savent là où elles vont. Le bouclier d’Assimi Goïta se renforce. La conduite de la Transition sera meilleure et l’œuvre de la refondation va se poursuivre », se félicite Dr. Allaye Bocoum. Pour ce fervent soutien de Choguel Kokalla Maïga, son retour va sonner le glas de « ceux qui veulent détruire l’espoir des Maliens » et « l’esprit du M5-RFP va prévaloir à nouveau ».

Mais si ce choix conforte les partisans du Premier ministre actuel, il ne satisfait pas la  partie de la classe politique qui demande depuis plusieurs mois la nomination d’un Premier ministre neutre. Longtemps d’ailleurs, certains observateurs avaient évoqué l’éventualité du départ de Choguel Maïga de la Primature dans un scénario où son « repos forcé » serait également synonyme de sa fin à la tête du gouvernement.

« Le Cadre maintient sa position et sa demande de nomination d’un Premier ministre plus consensuel, moins clivant, apolitique, pour diriger les affaires de la Transition. Notre position n’a pas changé », affirme Dr. Laya Amadou Guindo, l’un des porte-paroles du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel.

« Pour un retour à l’ordre constitutionnel avec l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes, nous croyons qu’un Premier ministre politique ne peut pas faire ce travail. C’est à ce niveau que nous parlons du Premier ministre actuel. Sinon, notre combat n’est pas dirigé contre une personne », ajoute celui qui dit se réjouir, au-delà de l’adversité politique, que le Premier ministre ait recouvré la santé et aille mieux.

Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, le retour de Choguel Kokalla Maïga aux affaires est « normal », puisque l’intérim suppose qu’une fois que le titulaire est en bonne santé et revient il reprenne ses fonctions.

Selon lui, les prises de position des politiques contre le Premier ministre ont leur explication ailleurs. « Les hommes politiques ne voulaient pas que Choguel Kokalla Maïga revienne. Mais le problème, ce n’est pas le Premier ministre. Ce dernier gère un gouvernement, les décisions ne viennent pas de lui, ce n’est qu’au niveau de l’Exécutif. Je ne vois pas pourquoi on doit s’agiter au niveau d’une personne », fustige-t-il. Cet analyste soutient que Choguel Kokalla Maïga, taxé de « clivant », n’a posé aucun acte d’exclusion à l’endroit de cette classe politique. Toutefois, ses « amis » d’hier au sein du M5-RFP, qui ont dénoncé sa gestion de leur mouvement, se sont retirés pour créer le M5-RFP Malikura. Lancé le 3 août dernier par Mme Sy Kadiatou Sow, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, Konimba Sidibé ou encore Me Mohamed Aly Bathily, ce mouvement, qui est dans une opposition de points de vue avec Choguel Maïga, pourrait selon certains observateurs se prononcer bientôt et exprimer son désaccord à son retour à la Primature.

Tenir le rythme

D’un point de vue médical général, des médecins estiment qu’une victime d’AVC, même si elle recouvre la santé, ne devrait pas immédiatement commencer à travailler à un rythme soutenu. En raison d’une très grande charge de travail à la Primature, qui peut aller à 15 heures d’activités par jour, plusieurs observateurs craignent que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui, selon une source, continue de prendre des médicaments, ne soit pas encore totalement en mesure de tenir ce rythme de gestion du gouvernement.

Allaye Bocoum, quant à lui, ne s’inquiète pas outre mesure pour le Chef du gouvernement. « Je pense que le fait qu’il soit passé par cette étape va le forcer à réduire son temps de travail. Il aura un programme beaucoup plus léger. D’ailleurs, l’essentiel du travail est derrière lui. Il fallait tenir tête à toute cette adversité venant de l’extérieur. Je sais qu’il est vraiment apte aujourd’hui à continuer à assurer ses charges », assure le Président de la CPM.

Plus d’inclusion ?

Choguel Kokalla Maïga a été longtemps décrié par une partie de la classe politique, pour laquelle il n’est ni rassembleur ni inclusif, avec des prises de paroles et des discours divisant les Maliens. Avec son maintien à la Primature et à l’amorce d’importants échéances pour la Transition, notamment la préparation et la tenue des grands rendez-vous électoraux à venir, certains analystes pensent que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga devrait changer de posture vis-à-vis de la classe politique en mettant plus d’inclusivité dans la gestion des affaires de la Transition.

« Je pense bien que Choguel Kokalla Maïga a intérêt à rassembler tous les bords, compte tenu des projets du gouvernement, notamment les différentes réformes politiques et institutionnelles à venir et les élections. Il va falloir qu’il soit un homme de consensus qui parvienne à rassembler tous les Maliens », indique Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako.

Boubacar Bocoum pense pour sa part que le Premier ministre subit des attaques infondées de la part des politiques et qu’il est injustement taxé de non inclusif. « Pour moi, le problème est à un autre niveau. Les politiques savent que Choguel  Maïga aussi est politique et qu’ils ne vont pas pouvoir l’embarquer dans un certain nombre de choses. Ils pensent peut-être que ce sera plus facile avec les militaires », accuse l’analyste politique. Et, pour l’heure, rien ne présage d’un changement de ton ou de posture du Premier ministre. « Je pense que les politiques sont obnubilés par leur envie de reprendre le pouvoir. Ils disent que Choguel Maïga est clivant parce que la lutte que ce dernier est en train de mener ils ne pourront pas le faire eux, ayant pris des engagements à l’extérieur », soutient Allaye Bocoum. La « promotion » du Colonel Maïga comme ministre d’État qui assure l’intérim du Premier ministre en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance, est analysée par certains comme une ombre permanente sur le Premier ministre ou encore comme un jeu de positionnement des militaires à moyen terme. « Quand vous êtes dans une équipe que vous venez de diriger pendant près de 4 mois, vous avez une particularité. Il est normal que cela fasse de lui la 2ème personnalité du gouvernement », relativise Dr Allaye Bocoum. Le temps et les évènements nous donneront de la matière pour juger de la portée ou non de ce qui s’apparente à un coup politique.

Primature : Un Maïga peut en cacher un autre

Le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement depuis décembre dernier, a été désigné le 21 août 2022 pour assurer l’intérim du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, malade depuis maintenant un mois. Le nouveau chef temporaire du gouvernement a affirmé rester dans le sillage des instructions du Premier ministre, mais pour beaucoup sa présence pourrait marquer un nouveau tournant dans la transition.

Le Colonel Abdoulaye Maïga, 41 ans, qui ne faisait pas partie du « cercle des 5 colonels » qui ont pris le pouvoir en août 2020, est devenu sans conteste au fil des mois le visage des déclarations fortes des autorités de la transition.

Nommé ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation depuis le gouvernement Moctar Ouane, il est l’un des hommes de confiance du Colonel Assimi Goita. C’est donc sans grande surprise que le président de la transition l’a désigné pour assurer l’intérim à la Primature, le temps que le Premier ministre Choguel Maïga se remette de son indisponibilité.

Le Colonel Maïga imprime sa marque

À la tête du gouvernement, Abdoulaye Maïga n’a pas tardé à poser son empreinte. Quatre jours après sa désignation, dans une lettre circulaire en date du 25 août 2022, il exige des ministres l’observation de plusieurs mesures, dans le cadre de « l’efficacité du travail gouvernemental et de l’amélioration de la qualité des textes adoptés par le gouvernement en conseil des ministres ».

D’abord, la tenue des réunions de cabinet autour des dossiers inscrits à l’ordre du jour du conseil des ministres le lundi à partir de 08h00 au niveau des départements respectifs et la transmission des observations formulées sur les dossiers au secrétariat général du gouvernement le même jour avant 14h00.

Ensuite, la centralisation et la transmission au Premier ministre desdites observations par le secrétaire général du gouvernement. Par ailleurs, un conseil de cabinet doit se tenir le mardi à 10h00 à la Primature sur les observations des départements sur les dossiers du conseil des ministres et le secrétaire général du gouvernement doit tenir un procès-verbal de réunion faisant ressortir les observations pertinentes et les recommandations formulées. Ce procès-verbal du conseil de cabinet doit être transmis par le secrétaire général du gouvernement le même jour au Premier ministre par intérim.

Enfin, les communications verbales doivent être impérativement déposées au secrétariat général du gouvernement au plus tard le mardi à 8h00. Le Premier ministre par intérim a également interdit dans la foulée, sur instruction du président de la transition, les téléphones, montres et tout autre appareil électronique en conseil des ministres.

Rappelons que cette interdiction, qui n’est pas nouvelle, n’était plus vraiment de rigueur depuis le départ du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, qui l’avait instaurée en 2017.

« L’intérim exige une double mission : rester dans le sillage des instructions du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et faire face aux défis quotidiens », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga le 29 août dernier, lorsqu’il a rencontré les membres du cabinet du Premier ministre. Depuis, le nouveau locataire temporaire de la Primature s’attelle à la tâche.

Audiences le 25 août avec le Président mondial de la Jeune chambre internationale (JCI) et le 2 septembre avec le ministre algérien des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger. Présidence le 30 août d’un conseil de cabinet sur les dossiers à l’ordre du jour du conseil des ministres du mercredi 31 août 2022 et de la cérémonie de lancement de l’opération de recensement des agents des fonctions publiques de l’État et des collectivités le 1er septembre. Le chef du gouvernement par intérim ne fait que suivre le rythme effréné qu’il s’était jusque-là imposé à l’Administration territoriale, où, selon l’un de ses collaborateurs, le volume horaire a presque doublé au département depuis qu’il en a pris les rênes.

« C’est un grand travailleur, quelqu’un de très humble par rapport à ses connaissances intellectuelles. Il est très vigilent et très sociable avec ses collaborateurs. Il reconnaît la valeur de tout le monde et a une grande capacité d’écoute. Très assidu et rigoureux, il est très exigeant par rapport au rendement », nous confie cette source.

Un intérim bien accueilli

Le colonel Abdoulaye Maïga, qui a fait une partie de ses études en France, où il a notamment décroché un doctorat en sécurité internationale et défense à l’Université Jean Moulin de Lyon en 2011, et a travaillé notamment pour la CEDEAO, est un interlocuteur habituel des politiques, avec lesquels il a plusieurs fois échangé autour de de la mise en œuvre des réformes électorales en cours sous la transition.

Au lendemain de sa désignation pour assurer l’intérim du Premier ministre, la plupart d’entre eux l’ont bien accueillie. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), après en avoir pris acte, a souhaité que ce tournant soit « une occasion de renforcer et d’étendre à l’ensemble du gouvernement l’esprit d’inclusivité que le colonel Maïga a imprimé au département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en vue d’une transition véritablement inclusive, apaisée et respectueuse de nos engagements ».

« Nous lui faisons confiance, le soutenons et lui souhaitons bonne réussite », dit pour sa part Bréhima Sidibé, Secrétaire général du parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, Fare An Ka wuli. Même son de cloche à l’ASMA-CFP, où l’on est convaincu que le colonel Maïga « est aujourd’hui celui qui incarne le plus la transition et est à même de maintenir le cap à la hauteur des défis du jour ».

« Le choix du Colonel Maïga me semble un choix cohérent, avec le fait qu’à travers son ministère il sera l’acteur principal des actions politiques en cours et à venir, telles que la mise en place de l’autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), l’adoption d’une nouvelle constitution et le marathon électoral. Jusque-là il semble donner satisfaction pour attaquer les défis politiques à venir », relève également Dr. Amidou Tidjani, analyste politique et enseignant-chercheur à l’université Paris 13 (Sorbonne-Paris-Nord).

Pour Abdoul Sogodogo, vice-doyen de la faculté des sciences administratives et politiques (FSAP) de l’université de Bamako, il est important aussi de noter que cette désignation intervient à un tournant décisif de la gouvernance publique et que le choix porté sur le colonel Abdoulaye Maïga pourrait s’expliquer par plusieurs raisons.

« On observe une confiance croissante du président de la Transition en la personne du colonel Abdoulaye Maïga. D’abord, le Premier ministre avait été littéralement déchargé de fonction de porte-parole de fait du gouvernement. Ensuite, c’est bien le ministre de l’Administration territoriale qui livrait le contenu des messages du gouvernement, bien qu’il ne soit pas un véritable idéologue comme le Dr. Choguel Kokalla Maiga », rappelle-t-il.

AIGE, la mauvaise note?

Même si le Premier ministre intérimaire semble bénéficier d’un état de grâce de la part des acteurs politiques et de la société civile, la décision qu’il a prise au niveau de l’Administration territoriale de recourir à un tirage au sort pour désigner les représentants des partis politiques et de la société civile au sein du collège de l’AIGE continue d’être controversée chez les politiques et pourrait mener à une dégradation des relations jusque-là apaisées entre lui et eux.

« Nous pensons que ce sont des manières de faire qui sont de nature à réinstaurer une crise de confiance entre l’Administration territoriale et la classe politique. Nous ne voulons pas d’une crise pré-électorale, c’est pourquoi nous interpellons le président de la transition sur ce dossier de l’AIGE », avertit Sékou Niamé Bathily, chargé de la communication du RPM.

« Ce n’est pas la personne du colonel Abdoulaye Maïga qui compte. Ce sont les actes posés par l’administration elle-même. C’est elle qui doit veiller au respect des textes, mais si c’est elle qui viole en premier les lois, c’est inquiétant », clame-t-il.

« La gestion de la mise en place de l’AIGE peut avoir des lourdes retombées sur la gouvernance du Premier ministre intérimaire, en ce sens qu’elle peut nuire aux relations entre la classe politique et lui », affirme Abdoul Sogodogo.

Mais, selon Amidou Tidjani, cela ne devrait pas être un problème pour le locataire intérimaire de la Primature, parce que, soutient-il, « le colonel Maïga semble être quelqu’un d’intelligent, qui laisse les politiques mener leurs discussions dans un cadre d’échange qu’il met en place sans y participer directement et les laisse s’entre-déchirer ou se mettre d’accord avant de trancher à la fin ».

Le colonel Abdoulaye Maïga entre-t-il dans les critères d’un Premier ministre longtemps réclamé par une partie de la classe politique, notamment le cadre d’échange ? « Pour le cas d’un Premier ministre neutre, consensuel, rassembleur, nous attendrons avec intérêt l’évolution de l’état de santé du Premier ministre et la suite que le président de la Transition donnera à tout cela », répond Sékou Niamé Bathily pour le cadre, précisant que le Colonel Abdoulaye Maïga est là, selon ce qu’il a déclaré lui-même, pour continuer dans le sillage de Choguel Kokalla Maïga.

Choguel Maïga toujours hospitalisé

Absent depuis un mois, Choguel Kokalla Maïga a, selon nos informations, fait un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique. Il est depuis le 9 août dernier hospitalisé à la clinique Pasteur de Bamako, où il a été admis suite à son malaise. Il y occupe depuis la chambre 114, une chambre VIP à 125 000 francs CFA la nuitée. Face aux flots d’informations parus sur son état de santé le 13 août, la cellule communication de la Primature a dans l’urgence fait une publication affirmant qu’il avait été mis au « repos forcé » pour une reprise de ses activités la semaine qui suivait. Mais, depuis, très peu d’informations circulent le concernant, ce qui a le don d’exaspérer certains « vidéomen » réputés proches de lui. Selon nos informations, si un temps, vers les 22 – 23 août, la possibilité d’une évacuation vers Johannesburg avait été évoquée, la décision a finalement été prise de le garder à Bamako, et, d’après notre source il se porterait mieux mais a encore des difficultés à s’exprimer. « Il parle lentement » assure-t-elle. Dr. Allaye Bocoum, l’un de ses proches, confie avoir reçu un message du chef du gouvernement le vendredi 2 septembre 2022, où il disait se remettre « de mieux en mieux ».

« Il y a vraiment de quoi se réjouir, car il est entre de très bonnes mains, dans une très grande sécurité et aucun laisser-aller dans le domaine de son intimité familiale n’a été permis », glisse celui qui révèle que le Premier ministre n’avait pris qu’une semaine de repos l’année dernière alors même que ses médecins lui avaient imposé un mois.

À l’en croire, Choguel Kokalla Maïga, dont le black-out total autour de l’état de santé découlerait de sa volonté personnelle, récupérera une bonne forme physique avant de reprendre toute activité publique, chose sur laquelle ses médecins sont « intraitables ».

En attendant, le retour aux affaires du leader du M5-RFP semble improbable pour certains observateurs, qui n’excluent pas sur la durée un scénario à la guinéenne, où le Premier ministre intérimaire a fini par être nommé de manière définitive pour la suite de la transition.