Secteur aérien : multiples zones de turbulences

À l’instar de nombreux autres secteurs, celui du transport aérien a fait les frais de la crise qui a résulté de la pandémie de Covid-19.  Pour le Directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), après un bel été, les prochains mois devront confirmer la bonne santé du domaine. En dépit de ces bons espoirs, le transport aérien tousse, avec notamment la récente grève de l’ASECNA qui a paralysé plusieurs aéroports africains. Au Mali, les défis sont récurrents, compliqués par un contexte national toujours instable qui empêche de profiter du potentiel et un contexte international où la crise du kérosène rend difficile la reprise.

Au mois de juillet 2022, les compagnies mondiales avaient déjà retrouvé 87% de leur trafic domestique et les 2/3 de leur trafic international. Si ce dernier n’a pas encore atteint les souhaits, il a doublé depuis une année. Et les progrès pour ces deux types de trafic sont les plus significatifs en Amérique du Nord et en Europe. L’Asie – Pacifique est encore à la traîne en raison de certaines restrictions encore en vigueur.

Au Mali, le secteur a aussi été confronté à diverses crises, dont celles du Covid-19 en 2020. Les impacts dans ce domaine doivent être regardés sous deux angles, estime M. Oumar Kouyaté, Directeur  général d’Air Promotion Groupe – Central West Africa (APG-CWA) : celui des agences de voyage et celui des compagnies aériennes elles-mêmes. S’agissant des premières, il faut rappeler que plusieurs d’entre elles ont fermé durant la période de pandémie et que celles qui « survivent » sont à « l’agonie » parce que confrontées à des difficultés financières énormes. Avant la crise, les compagnies aériennes avaient déjà diversifié leurs canaux de distribution. Si environ 80% à 90% se faisaient auparavant par les agences de voyage, avec le développement du numérique, les compagnies font de la vente via internet, ce qui constitue un manque à gagner pour ces acteurs.

La pandémie de Covid-19 a aggravé cette situation. Après des chômages techniques, certains ont fini par licencier une bonne partie de leur personnel. Pour les compagnies, l’effet de la crise s’est ressenti à travers les restrictions de voyage. Mais la reprise a été amorcée dès 2021 avec la levée de ces suspensions. La situation des compagnies s’améliorant par rapport à celle des agences, avec une progression des ventes. Le besoin de se déplacer a repris le dessus et les impératifs des échanges ont permis un redémarrage des voyages.

Reprise difficile

Mais l’augmentation du coût du kérosène survenue récemment risque d’entraver cette reprise et pourrait décourager certains voyageurs, le coût final étant à la charge du  consommateur. Selon l’IATA, le coût du kérosène a connu une augmentation de 55% par rapport au baril de pétrole brut, avoisinant 140 dollars début septembre 2022.

Une augmentation des coûts du carburant qui représente de 20 à 25% des coûts des compagnies aériennes. Même si les compagnies ont fait le plein cet été, elles redoutent cette augmentation qui participe fortement au renchérissement des billets d’avion.  Même si on doit prendre l’avion ou si on n’a pas le choix, le pouvoir d’achat du consommateur a quand même ses limites, admet M. Kouyaté.

Menace supplémentaire sur le secteur en Afrique, la grève de l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), lancée le 23 septembre 2022 pour 48 heures, qui concernait 17 pays membres sur le continent, dont le Mali. L’Union réclamait notamment une amélioration des conditions de vie et de travail des contrôleurs, ainsi que de meilleures perspectives dans la gestion de leur carrière. Les négociations tenues le jour même entre plusieurs gouvernements et les grévistes avaient permis d’aboutir, à la mi-journée du deuxième jour, à des engagements concernant les revendications et la suspension de la grève pour les dix prochains jours.

Pour l’Union des syndicats des contrôleurs aériens de l’ASECNA, des accords ont été trouvés sur 11 des 19 points de revendication. Mais des blocages subsistent au sujet de la rémunération, des problèmes d’effectifs et des plans de carrière. Le 24 septembre dans l’après-midi, le trafic avait repris peu à peu dans plusieurs aéroports, notamment celui de Bamako, avec Air Côte d’Ivoire, où aucun vol commercial n’avait décollé ou atterri depuis le vendredi matin, selon un témoin.

La grève avait fortement perturbé le trafic dans de nombreux aéroports, suivie dans 17 pays, avec 39 tours de contrôle vidées, selon l’Union des syndicats. Pour l’heure, après les dix jours de suspension, aucun nouveau mouvement de grève n’a encore été décrété.

Tirer les leçons du passé

Les restrictions de voyage ont engendré des pertes de revenus, selon Abderhamane Berthé, Secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA). Pour 2022, la perte est estimée à 3,5 milliards de dollars. Une perte qui représente 20% de perte de chiffre d’affaires des compagnies membres de l’AFRAA. Mais l’activité cargo s’est bien développée pendant la Covid et a augmenté de 33% par rapport à 2019, ajoute M. Berthé.

La reprise est progressive et, en septembre 2022, le niveau du trafic est de 82,5% par rapport à la même période en 2019. Malheureusement compromise par la crise ukrainienne et l’augmentation du prix du kérosène, avec un prix moyen du baril de pétrole à 142 dollars depuis janvier 2022 alors qu’il était inférieur à 80 dollars en 2019.

Le carburant représentant environ 35% du coût d’exploitation des compagnies, la répercussion sur les prix des billets est importante, même si les compagnies ne peuvent pas tout répercuter, assure M. Berthé. La majorité des dépenses des compagnies sont en dollar, avec un coût actuel élevé, alors que les revenus sur les billets sont en monnaie locale. Le dollar étant fort, il y a un impact financier direct et il est à craindre que cette hausse remette en cause la reprise des activités.

La viabilité des compagnies aériennes sur le continent est un sujet de préoccupation pour les acteurs. Air Sénégal a par exemple décidé cette semaine d’abandonner les destinations d’Afrique centrale, peu rentables pour la compagnie. L’Association des compagnies aériennes africaines a organisé en juin un « laboratoire » réunissant les experts de tous les horizons, l’objectif étant de mettre en place une feuille de route. Les problèmes identifiés sont essentiellement les taxes et charges élevées, dont celles sur le carburant dans certains pays, ou les prix des pièces de rechange.

Envisagée en 2018, la question de la mise en œuvre du Marché unique du transport aérien africain n’est pas encore effective. Son objectif est de libéraliser le transport entre les compagnies aériennes africaines et de réduire les coûts sur la chaîne pour rendre le billet accessible au pouvoir d’achat du consommateur africain, ainsi que de lever les restrictions sur les droits de trafic. Le Marché unique a été signé par 34 États et l’objectif est donc d’accélérer sa mise en œuvre, précise le Secrétaire général de l’AFRAA.

L’intérêt principal est d’améliorer la connectivité et d’augmenter le trafic afin d’aboutir à une réduction des coûts et des temps de voyage. Ce qui pourra permettre d’éviter au voyageur d’aller hors du continent pour rallier deux points en Afrique. Car le continent, où le revenu moyen est le moins élevé, est celui où les billets d’avion sont les plus chers, paradoxalement. Pour suivre la mise en œuvre des conclusions du « laboratoire », un Comité de pilotage a été mis en place,  coordonné par l’AFRAA et la Commission africaine de l’Aviation civile.

Des raisons d’espérer

Pour Boubacar Coulibaly, ancien Directeur général d’Air Mali, de 1981 à 1988, créer une compagnie sans la participation de l’État est un défi énorme. Même si cette participation doit rester minoritaire, il est normal de mettre en avant la collaboration public – privé. Le transport aérien au Mali peut et doit être mis au service du Mali, tranche-t-il. « Nous sommes un pays enclavé et ce transport reste le meilleur outil de désenclavement. Sky Mali, qui a lancé ses activités en septembre 2020, assure des dessertes intérieures et extérieures, par exemple ». Selon certains acteurs du secteur, il est possible de sortir du cycle récurrent de création puis de fermeture des compagnies en créant un environnement viable. Ceci passe notamment par une baisse des coûts afin de généraliser le recours au transport aérien.

Projet ECoVAM : les initiateurs annoncent des résultats probants

Ce mercredi, 23 mars 2022, ont été présentées les conclusions de l’étude du projet ECoVAM qui vise à renforcer le dépistage du Covid-19 au Mali. Une initiative de l’ONG Solthis, en partenariat avec le Ministère de la Santé et du Développement Social du Mali et l’Institut National de Santé Publique (INSP).

 

D’octobre 2021 à janvier 2022, l’étude a permis d’évaluer l’utilisation des tests antigéniques au niveau de 7 établissements de santé à Bamako, Kati et Fana. Elle était basée, à en croire, Dr. Issouf MAIGA, Chef de projet ECoVAM, sur une stratégie de consultation médicale de triage pour la recherche systématique de symptômes cliniques du Covid-19 chez les patients consultants, suivie d’un test antigénique de dépistage rapide pour tous les patients suspects de Covid-19. 

« L’étude ECoVAM visait ainsi à évaluer l’opérationnalité́ de cette stratégie et à fournir des données probantes aux autorités de santé pour adapter le plan national de riposte contre la pandémie de Covid-19 », a-t-il expliqué.  

 

Bilan

« Avant l’opération, le diagnostic du Covid-19 se faisait par le test PCR, disponible que dans quatre laboratoires, tous situés Bamako. En plus la majorité́ de ces PCR sont réalisé́s pour des motifs de voyage, Ainsi, seule une minorité́ de personnes suspectées de Covid-19 étaient identifiées dans les structures de santé », déplore Pr Daouda Kassoum Minta qui a participé à l’étude.   

Selon les chargés du projet, la mise en place d’une consultation médicale de triage et de tests rapides au niveau des établissements de santé́, a permis une forte augmentation du dépistage du Covid-19. Pour eux, le test antigénique s’est relevé être une solution de dépistage plus rapide, efficace et adaptée à tous les niveaux de la pyramide sanitaire que la PCR. « Surtout au niveau des centre de santé communautaires (CSCOM) où l’accès au test PCR est inexistant », précise le Pr Minta.

De plus, l’étude ECoVAM, selon ce dernier, a aussi permis de documenter l’importance de l’épidémie de Covid-19 dans la communauté́. « Près de 80% des personnes qui ont consulté́ dans les 7 établissements de santé pendant la durée de l’étude avaient des signes cliniques de Covid-19 et un tiers d’entre elles avaient un test rapide positif », dit-il.

 

Rapidité

Les tests rapides se sont aussi montrés durant l’étude, plus faciles à être utilisés, d’être bien acceptés par les soignants et les patients et d’améliorer la rapidité́ de la prise en charge des patients. « Avec le test antigénique, au bout de 15 minutes, on a le résultat. Si le test se révèle positif, le patient est pris en charge de façon précoce, ce qui réduit le délai d’attente et par conséquent la circulation du virus au sein de la communauté et dans les centres de santé. », explique le chef du projet. 

Malgré́ les résultats probants de l’utilisation des tests rapides pour le diagnostic du Covid-19, la gravité de la maladie pose des problèmes en termes de charge de travail pour les soignants, « et rend compliqué l’opérationnalisation de la nouvelle stratégie », tenait à préciser les initiateurs qui incitent « à penser à une priorisation du dépistage pour les personnes les plus à risque de formes graves du Covid-19, celles âgées de plus de 50 ans ou qui ont des comorbidités comme le diabète ou l’hypertension par exemple. » 

Au vu de la « réussite » de l’étude, Solthis en partenariat avec l’INSP, entend débuter prochainement l’études COVACOM dans les zones décentralisées pour que les personnes qui vivent loin des établissements de santé puissent aussi bénéficier des tests rapides. 

Aly Asmane Ascofaré

Vie chère : faire pencher la balance

A l’instar de nombreux pays de la sous région et même au-delà, le Mali connaît une flambée des prix de plusieurs produits de première nécessité. Sucre, huile, farine, céréales, carburants ou matériaux de construction, la liste n’est pas exhaustive. Les effets de la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de Covid19, combinés à des facteurs internes entre insécurité et instabilité politique  aggravent le cas du Mali. Le pays dépendant en partie de l’importation pour la plupart de ces produits, les autorités ont envisagé des mesures « afin d’atténuer » ces augmentations. Mais plus que le respect de ces mesures, c’est un changement de politique dans plusieurs domaines, qu’il faut pour parvenir à une réelle maîtrise des prix.

De 2 200 francs CFA le kilogramme au début du mois d’avril 2020, le prix de la viande de bœuf avec os est passé à 2 700 ou 2 800 francs CFA par endroit. Une hausse historique face à laquelle, gouvernement et consommateurs semblent se résigner. En effet, après la subvention au coût de l’abattage que les autorités ont fini par ne plus assurer, l’existence de plusieurs autres facteurs n’ont pas permis la baisse du prix. « Les bouchers expliquent que le gouvernement se dit impuissant face à l’exportation du bétail », qui justifierait en partie la hausse du prix de la viande, s’indigne la présidente du Front populaire contre la vie chère, madame Diagne Mariam Koné.

En effet, le secteur de la viande connaît des réalités particulières qui peuvent expliquer la non maîtrise de son coût, explique le Dr Abdramane Tamboura, économiste. Pendant l’hivernage la plupart du cheptel malien est conduit vers la Côte d’Ivoire parce que l’Etat n’a pas su mettre en place un dispositif facilitant la cohabitation entre les éleveurs et les agriculteurs, poursuit-il. Le bétail est donc conduit en grande partie dans ce pays voisin pour avoir accès à des zones de pâturage, l’Etat ivoirien ayant mis en place un mécanisme réglementaire facilitant l’entrée des troupeaux sur son territoire et rendant difficile la sortie des mêmes animaux. Pointant cette absence d’aménagements pastoraux, le président de la Fédération des groupements interprofessionnels bétail viande du Mali (FEBEVIM), rappelait en juin dernier que ce produit d’exportation dont nous fixons nous même le prix est « une richesse mobile qui va où c’est favorable ». Si nous sommes censés approvisionner le marché ivoirien, nous risquons de devenir les clients de ce pays qui finira par nous fournir le bétail issu de notre cheptel, prévient le professionnel.

En dehors de la viande, la disponibilité des autres produits est liée en partie à l’importation. Le sucre, le riz ou encore l’huile alimentaire consommée dans le pays provient en partie de l’extérieur. Si en principe le Mali ne devrait pas être importateur de riz, la production domestique réalisée par les producteurs maliens est pourtant insuffisante pour couvrir les besoins, selon les acteurs de la plateforme des producteurs de riz. Dans les zones rizicoles, cohabitent deux types de production. Celle de petits producteurs à la tête d’exploitations de type familial et celle émanant d’entreprises privées. Normalement les deux productions sont suffisantes, mais le Mali est privé de la production des entreprises privées destinée au marché international. C’est donc pour combler ce déficit qu’il est fait recours aux importateurs.

Mesures insuffisantes ?

« Saluant les efforts du gouvernement » face à la flambée des prix, le Conseil des ministres du 10 novembre 2021, a décidé de subventionner certains produits de première nécessité, notamment le riz, le sucre et l’huile alimentaire. Une subvention  qui devra se traduire par la réduction de la base taxable de 50% sur l’importation de  300 000 tonnes de riz,  60 000 tonnes de sucre, 30 000 tonnes d’huile alimentaire. Avant de préciser que « l’importation des quantités des dits produits est subordonnée entre autres à la signature avec les importateurs d’un cahier des charges portant notamment sur le prix au détail et la disponibilité des produits concernés sur l’ensemble du territoire national, au respect des quantités autorisées pour cette opération, à la mise en place d’un mécanisme de suivi à travers des brigades de contrôle pour garantir l’efficacité de cette opération ».  Convaincu que « la mise en œuvre de ces mesures permettra d’atténuer les effets de la flambée des prix des produits de première nécessité ». Et c’est justement la difficulté de ce suivi qui remettra en cause ces mesures, s’inquiètent les acteurs. Car si « l’Etat a la possibilité d’accorder des faveurs à l’entrée et aux commerçants »,  « il ne maîtrise pas le commerce » et le mécanisme n’étant pas bien suivi, en lieu et place des produits subventionnés, ce sont d’autres produits qui sont importés, alerte le Dr Abdramane Tamboura.

« Ces mesures ne sont pas suffisantes pour régler la hausse des prix », même si la volonté de  l’Etat à renoncer à certains droits est à saluer, affirme pour sa part  Harber Maïga, vice président de la fédération des centres de gestion agréés des commerçants détaillants du Mali. Ces dispositions permettront tout de même de « raccourcir la chaîne de distribution très longue au Mali » et qui contribue aussi à l’augmentation des prix. Outre le respect des « engagements et des prix consensuels convenus », l’existence de la « contrebande » qui prospère dans ce contexte et « échappe au contrôle de l’Etat » constitue un risque à l’efficacité des mesures annoncées.

Une crise plus longue

Même si la situation du Covid semble apaisée et malgré la réouverture des frontières, la reprise du trafic entre les Etats ne se fait pas comme auparavant, assure un acteur. La libre circulation des biens et des marchandises n’est pas aussi effective, surtout à la frontière avec la Côte d’Ivoire, note-t-il. Et la reprise qui a entraîné une forte demande sur le plan mondial, semble expliquer selon les autorités que malgré les subventions, cela n’a pas suffi à « maintenir les prix en baisse ». Dans ces conditions et en plus des difficultés enregistrées dans certaines zones de production comme l’Office du Niger, la baisse ou même le maintien des prix parait hypothétique. Même si pour le Regroupement des consommateurs maliens (REDECOMA), la mise en œuvre des mesures permettra de soulager les populations, le FPCVC entend maintenir la pression et appelle à une nouvelle mobilisation pour soutenir le panier de la ménagère. «  Nous observons, parce que lorsque les premières mesures ont été adoptées, le prix de la viande a baissé pendant 4 jours, ensuite cela a augmenté », rappelle la présidente.

« La maîtrise des prix nécessite une implication de tous les acteurs, avec une obligation pour l’Etat de réguler le secteur », affirme monsieur Maïga de la Fédération des centres de gestion agrées. Les acteurs du secteur privé, censé impulser le développement du pays doit être plus compétent. Cela implique le renforcement du rôle de « tous les acteurs de la chaîne de distribution ». Y compris les services techniques chargés de l’encadrement, ainsi que les importateurs et les détaillants qui doivent être soutenus. Il suggère à cet effet la mise en place de boutiques témoins comme lors de la crise de 2008 pour faciliter l’accès aux produits de première nécessité.

Les expériences acquises doivent être renforcées de même que les initiatives innovantes encouragées, comme les centrales d’achat des détaillants. « Un projet de formalisation de ces acteurs » que l’Etat s’est engagé à soutenir mais dont la mise en œuvre tarde à venir.

Mali – Covid19 : la campagne de vaccination a débuté

Le Mali a débuté ce mercredi matin sa campagne de vaccination contre la Covid-19. La ministre de la Santé, Dr Fanta Siby a reçu la première injection du vaccin AstraZeneca, devant les caméras. En pleine polémique sur ce vaccin, les membres du comité scientifique se sont montrés rassurant. « Les bénéfices du vaccin l’emportent largement sur les effets néfastes ». Cette campagne qui débute par le personnel socio-sanitaire durera une semaine, les autres cibles (personnes âgées de 60 ans et plus, et celles vivant avec une comorbidité) suivront. Pour l’étape de Bamako, 21 046 personnes, 52 614 personnes agées de 60 ans et plus et 78 921 personnes vivant avec comorbidité sont attendues pour être vaccinées. 344 vaccinateurs et 516 volontaires seront mobilisés pour mener à bien cette campagne.

Mali – AstraZeneca : le doute s’installe

Environ une quinzaine de pays ont suspendu l’utilisation du vaccin anti Covid-19 AstraZeneca. Une série de suspensions « par précaution » pour certains, vu comme « politique » pour d’autres. Les autorités maliennes, qui ont reçu leurs premières doses le 5 mars 2021, attendent l’avis du comité scientifique pour la poursuite du plan de vaccination.

S’adressant aux membres du comité scientifique, ce 16 mars 2021, le tout nouveau conseiller spécial et haut représentant du président de la Transition pour la lutte contre le covid-19, le Dr Ibrahim Traoré leur demande de se prononcer sur le « principe de précaution à adopter par rapport au vaccin Astrazeneca ». Tout en leur suggérant qu’il « serait prudent au nom du dit principe de précaution de surseoir pour le moment à son utilisation, sous réserve d’acquisition d’autres types de vaccin ».

Notamment le Spoutnik V et le vaccin chinois de Sinovacc, dont la « présidence est sur le point d’acquérir 3 millions de doses », poursuit le communiqué du Haut représentant.

Si la survenue d’effets « indésirables », notamment de thromboses, justifie la série de suspensions européennes, c’est l’issue de l’enquête qui permettra de déterminer s’ils sont vraiment dus au vaccin. « Dans tous les cas, la vaccination n’a pas encore démarré ici », temporise un agent de santé. En Afrique, seule la RDC a déclaré suspendre le vaccin, dont plusieurs pays africains ont commandé des doses.

Enquêtes en vue

Le 16 mars 2021 le Président français Emmanuel Macron a reçu les membres du Conseil scientifique, avant un nouveau Conseil de défense prévu pour le lendemain.  La veille, la France avait décidé de la suspension de l’utilisation du vaccin AstraZeneca en attendant l’avis de l’Agence européenne du médicament (AEM). À l’instar de nombreux autres pays européens. « Actuellement, nous sommes toujours fermement convaincus que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention de la Covid-19, avec son risque associé d’hospitalisation et de décès, l’emportent sur le risque de ses effets secondaires », a déclaré Madame Emer Cooke, Directrice de l’AEM, lors d’une réunion ce 16 mars 2021.

Environ 17 millions de personnes en Europe et au Royaume-Uni ont reçu le vaccin AstraZeneca et « le nombre de cas de caillots sanguins signalés dans ce groupe est inférieur aux centaines de cas auxquels on pourrait s’attendre dans la population générale. Aucune preuve d’un risque accru de ces effets n’a été démontrée », selon un communiqué du laboratoire qui produit le vaccin publié le 14 mars 2021.

Jeudi 18 mars, l’agence européenne des médicaments a rendu ses conclusions. Elle a confirmé que le vaccin AstraZeneca était sûr et efficace. La majorité des pays européens qui avaient suspendu l’utilisation du vaccin vont reprendre les vaccinations avec. Seules, la Suède et la Norvège disent vouloir attendre.

Mali-Covid-19: Arrivée de 396.000 doses de vaccin AstraZeneca

Le président de la République Bah N’daw et le premier ministre Moctar Ouane ont réceptionné à l’Aéroport International de Bamako 396.000 doses de vaccin  AstraZeneca  ce vendredi 5 mars. Ce premier lot est une partie des vaccins maliens issus de la facilité covax, une solidarité internationale dont l’objectif est de veiller à ce que des vaccins covid-19 sûrs et efficaces soient disponibles et abordables pour tous les pays du monde, quel que soit leur niveau de revenu. La ministre de la santé ainsi que plusieurs diplomates étaient présents.

C’est à 11h 44 que le Boing 777 d’air France s’est immobilisé sur le tarmac de l’Aéroport international de Bamako avec à son bord, 396 000 doses de vaccin AstraZeneca. Le Mali est le premier pays du Sahel central à recevoir ces vaccins en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la Covax, dont le but est de fournir 2 milliards de doses de vaccins covid-19 à 85 pays d’ici à la fin de 2021. Le premier ministre s’est réjoui de l’arrivée des vaccins et a assuré, avec les partenaires internationaux, prendre plus de dispositifs pour « la protection des Maliens face à cette pandémie ». Il a également insisté au respect des mesures de prévention malgré la vaccination.

Ces premières doses constituent le tiers de 1300 000 vaccins qui doivent être livrés au Mali dans les deux mois prochains (avril-mai). « C’est une grande journée pour le Mali parce que le Mali est le premier pays sahélo-sahélien à recevoir les vaccins AstraZENECA qui fait partie de la facilité covax. Ces 396 000 doses correspondent au premier tiers des vaccins qui vont arriver dans les deux prochains mois et qui sont de 1 300 000. L’important c’est que 20% de la population, qui constitue le seuil minimum, soient vaccinés. Et donc ces premiers achats vont couvrir cette partie qui vont arriver d’ici la fin de l’année », explique Sylvie Fouet, Représentante de l’Unicef au Mali. Elle explique  que le samedi 6 mars, un autre cargo doit se poser à Bamako avec des seringues et des boîtes de sûreté.

En plus de la facilité Covax, l’Etat est dans l’optique d’acheter d’autres vaccins. « Au niveau du gouvernement des efforts sont faits, pas uniquement l’initiative Covax, pour acheter des vaccins. Des contacts ont été pris avec  les différentes ambassades qui produisent des vaccins et ça avance bien d’après mes informations. Il y a un effort qui est fait pour que toute la population malienne soit vaccinée », confie Dr Jean Pierre Baptiste, Représentant de l’OMS au Mali.

Stratégie vaccinale

Dans sa stratégie vaccinale, le Mali prévoit de vacciner prioritairement les agents de santé, les personnes âgées de 60 ans et plus et enfin les personnes présentant des comorbidités. La campagne de vaccination, initialement prévue en avril, va concerner le District de Bamako, pour plus tard être étendue aux autres régions. 610 équipes mobiles vont se rendre dans les familles pour procéder à la vaccination et chaque cible recevra deux doses espacées d’un mois d’intervalle. Au total, ce premier lot servira à vacciner 198 000 personnes. « Cette première initiative ne concerne que la zone pilote, là où il y a le plus grand nombre de cas. Et Bamako représente vraiment cette zone pilote notamment la commune VI, la commune V, la commune IV» », explique Dr Jean Pierre Baptiste.

Le vaccin AstraZeneca se conserve entre 2 et 8 degrés, comme pour les autres vaccins utilisés au Mali. Après la campagne de la zone pilote, des défis logistiques pourraient se poser pour certaines localités du pays.

« Quand nous aurons vacciné l’intérieur du pays, c’est sûr que des défis logistiques vont se poser. On sera obligé dans certaines zones d’envoyer les vaccins par avion. La Minusma, l’Union européenne ont de petits avions qui vont nous aider à  desservir ces zones-là », précise Dr Jean Pierre Baptiste.

Environ 85 pays à travers le monde, bénéficient des vaccins contre la COVID-19, grâce à la Facilité Covax qui est initiée par GAVI, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’OMS, avec l’Unicef.

Boubacar Diallo

 

 

Forum d’Assouan : Identifier les défis pour un relèvement économique

La deuxième édition du Forum d’Assouan se tient du lundi  1er au vendredi 5 mars au Caire, sous la présidence du chef de l’État égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. Le thème de cette année est : « Façonner la nouvelle normalité de l’Afrique : Récupérer plus fort, reconstruire en mieux ». Les chefs d’États africains ont pointé du doigt la pandémie de la Covid-19 comme principale cause de la récession économique. Ils ont réitéré un appel à un allègement de la dette « dans le sillage de l’initiative des pays du G20 », ainsi qu’un renforcement des capacités de production nationales de médicaments à moindre coût. Le Président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a insisté sur le défi sécuritaire, le défi numéro un du développement de l’Afrique. « J’ai proposé le lancement d’un indice sécuritaire de l’investissement pour lier l’investissement à la sécurité en Afrique. Nous avons besoin d’un système de défense sanitaire. C’est pourquoi nous devons garantir le succès de la Zone de libre-échange continentale », a-t-il déclaré. Le Forum d’Assouan est un cadre d’échanges, orienté vers l’action et tourné vers l’avenir, sur les nouvelles menaces, défis et opportunités continentaux.

Boubacar Diallo

 

Mali-Covax: 396.000 doses de vaccin AstraZeneca attendus ce vendredi à Bamako

Le premier ministre Moctar Ouane va réceptionner à l’Aéroport International de Bamako, 396.000 doses de vaccin  AstraZeneca  ce vendredi 5 mars à 11h45, informe l’Unicef. Ce premier lot est une partie des vaccins maliens issus de la facilité covax, dont l’objectif est de veiller à ce que des vaccins COVID-19 sûrs et efficaces soient rapidement disponibles et abordables pour tous les pays du monde, quel que soit leur niveau de revenu.

Le 25 février dernier, la Division d’approvisionnement de l’Unicef à Copenhague et AstraZeneca ont signé un accord à long terme pour l’approvisionnement du vaccin COVID-19 AstraZeneca dans le cadre de la Facilité Covax.

L’Unicef déclare avoir  confirmé les commandes relatives au Mali sur la période courant jusque fin mai 2021 avec près de 1.4 million doses. L’acheminement du premier lot, par fret aérien ainsi que sa livraison à Bamako, ont été organisés par l’Unicef.  « Le Mali est le premier pays du Sahel central à recevoir ces vaccins contre la COVID-19 en Afrique de l’Ouest.  Le pays est à féliciter. C’est un moment de fierté au regard de la mobilisation logistique massive déployée qui permettra au gouvernement de transporter, stocker et conserver les vaccins dans les conditions optimales de sécurité», se réjouit Sylvie Fouet, représentante Unicef au Mali..

Dans sa stratégie vaccinale, le Mali prévoit de vacciner prioritairement les agents de santé, les personnes âgées de 60 ans et plus et enfin les personnes présentant des comorbidités. La campagne de vaccination, prévue en avril, va concerner le District de Bamako, pour plus tard être étendue aux autres régions. Chaque cible recevra deux doses espacées d’un mois d’intervalle.

Environ 85 pays à travers le monde, bénéficient des vaccins contre la COVID-19, grâce à la Facilité Covax qui est initiée par GAVI, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’OMS, avec l’Unicef.

Covid-19 : Le FMI accorde 30 milliards au Mali

Le Mali va bénéficier d’un financement de plus de 30 milliards de francs CFA du Fonds monétaire international (FMI) pour renforcer les dépenses sociales après la Covid-19, annonce un communiqué en date du 22 février. Cela intervient à la fin des deuxième et troisième examens des performances du Mali dans le cadre du Programme de réformes économiques soutenu par une Facilité élargie de crédit (FEC) de plus de 100 milliards de francs CFA. Approuvé le 28 août 2019, ce programme avait pour but de renforcer la stabilité budgétaire, d’augmenter les recettes fiscales et de faire face aux « pressions budgétaires structurelles sur la masse salariale et les subventions aux entreprises publiques ». Pour cause de Covid-19, le programme a dû être réajusté. Afin d’aider le Mali, le  Conseil d’administration du FMI a approuvé des dérogations de non-respect des critères de performance et la modification des objectifs. « La confluence des crises sanitaire, économique, sociopolitique et sécuritaire a posé des défis politiques. Les autorités ont, à juste titre, recentré les priorités politiques sur la lutte contre les crises sanitaire et économique. Le programme a été recalibré pour assurer une stabilisation macroéconomique à court terme et une viabilité budgétaire à moyen terme, tout en veillant à ce que les politiques restent favorables à la croissance et aux pauvres », a déclaré Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint du FMI. Ce nouveau financement porte 62 milliards de francs CFA le montant total des décaissements effectués pour cette FEC.

Avec Agence Ecofin

Mali – Covid-19 : les classes restent fermées

La rentrée des classes de ce mardi 5 janvier n’est plus d’actualité. Les écoles de tous les ordres d’enseignement  resteront fermées pour cause de covid-19 jusqu’au 25 janvier, a annoncé le ministère de l’Education lundi 4 janvier. Cette décision vient mettre fin à une rentrée des classes en rang dispersé.  A l’Académie d’enseignement de la  rive droite de Bamako, elle était prévue pour ce 5 janvier alors qu’au Centre d’animation pédagogique de Kayes et de Ségou, c’était pour ce lundi 4 janvier.  Au CAP de Markala, elle était prévue pour le 11 janvier. Déjà dans les écoles, tout était fin prêt pour attaquer la nouvelle rentrée. Les résultats des propositions de passage en classe supérieures sont disponibles.  Les classes ont été réparties entre les enseignants lors des conseils de rentrée dans plusieurs écoles.  Les enseignants s’apprêtaient à se laver les mains, porter des masques et prendre la craie. Mais ils vont devoir attendre. La situation de la maladie à la date du 3 janvier est de 7253 cas positifs, 278 décès et  4913 guéris.

Mali – Soumaila Cissé : la dépouille attendue à Bamako ce jeudi, les obsèques se tiendront le 1er janvier 2021

La dépouille de Soumaila Cissé, décédé le 25 décembre dernier à Paris de la Covid-19 est attendue à Bamako ce jeudi 31 décembre. Les obsèques de l’homme politique auront lieu le vendredi 1er janvier 2021 au palais de la Culture Amadou Hampaté Bah.  Quelques heures après le décès, les autorités de la transition avaient annoncé prendre en charge les opérations de rapatriement de la dépouille mortelle, une offre acceptée selon le gouvernement par la famille du défunt.

Né à Tombouctou, ingénieur-informaticien de formation, Soumaïla Cissé avait étudié au Sénégal et en France puis travaillé dans de grands groupes tels qu’IBM, Péchiney ou Thomson, avant de rentrer au Mali. Figure de la vie politique dans son pays depuis le début des années 1990, président de l’Union pour la République et la démocratie, Soumaïla Cissé avait été enlevé par des jihadistes le 25 mars 2020 dans la circonscription électorale de Niafunké (région de Tombouctou) alors qu’il était en campagne pour les législatives.

Après plus de six mois en captivité, il avait été libéré en octobre, notamment avec l’otage française Sophie Pétronin.

Depuis 2002, Soumaïla Cissé avait à plusieurs reprise tenté d’accéder à la présidence malienne, arrivant deuxième de l’élection à trois reprises. Aux scrutins de 2013 et 2018, il s’était incliné face à Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par des militaires.

Mali – Entre grèves et Covid-19 : Les opérateurs économiques pataugent

Les banques sont affiliées à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Du 14 au 18 décembre, elles ont suivi le mot d’ordre de grève de leur centrale syndicale. Cet arrêt de travail de cinq jours a entraîné de lourdes conséquences sur les activités des opérateurs économiques maliens, qui n’entendent plus endurer une telle situation. Et, la Covid-19 s’y mêlant, c’est une fin d’année poreuse qui se profile pour les acteurs de l’économie.   

« Quand un cultivateur trouve qu’il y a beaucoup d’herbe dans son champ et qu’en retour tu lui retires sa daba, alors comment devient le champ ? Il est foutu. Le commerçant, sa daba c’est l’argent. S’il n’arrive pas à y avoir accès, c’est problématique. Durant cette grève, toutes les transactions financières, tout ce qu’il y a comme drainage de marchandises vers le pays, ont été bloqués », caricature Sanou Sarr, Président de la Fédération des PME-PMI du Mali. Il explique que la grève de l’UNTM, suivie par les banques, a fortement contribué au ralentissement des activités des opérateurs économiques. Et c’est pour « ne plus prendre la douleur d’un fouet tapé sur un autre » que neuf faîtières d’opérateurs économiques se sont réunies à la Chambre du commerce, le mardi 22 décembre, pour exprimer leur mécontentement. Elles ont envoyé une demande d’audience à l’Association professionnelles des banques et établissements financiers (APBEF) afin de dégager la voie pour leurs activités en temps de grève. Plusieurs opérateurs économiques en colère proposent déjà de boycotter les banques durant 15 à 30 jours pour se faire respecter. « Aujourd’hui, nous ne pouvons rien faire sans les banques. Les besoins du Mali en termes d’importations et d’exportations en ciment, par exemple, s’élèvent à 80 millions de tonnes par an, soit plus de 8 000 tonnes par jour. Toutes les transactions financières s’effectuent à travers les banques, que ce soit ici, au Mali, ou à Dakar. Ainsi, tout arrêt de travail des banques nous met les bâtons dans les roues », poursuit Lamine Traoré, Président de l’Association des commerçants détaillants de ferrailles et de matériaux de construction du Mali. « Quand un commerçant voyage, il lui est impossible de laisser son argent à la banque. Il lui faut le retirer et le changer en devises étrangères pour que les opérations puissent être faciles. Durant cette semaine de grève, beaucoup ont été incapables d’aller en voyages d’affaires et d’autres sont restés bloqués dans des pays étrangers à cause de problèmes de liquidités pour leurs transactions commerciales », renchérit Ibrahim Maïga, Président de l’Association des commerçants voyageurs du Mali et de la diaspora malienne. Pour Cheick Oumar Sacko, Président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM), les banques, ainsi que l’État, sont des partenaires. Cependant, il pointe du doigt l’arrêt des activités bancaires comme un facteur à risques pour les opérateurs économiques. Les banques étant fermées, il leur était impossible de procéder à des versements, ce qui leur a posé un problème de sécurité.

Covid-19 Dans sa riposte contre le nouveau coronavirus, le Mali a décrété l’État d’urgence le 18 décembre dernier. Les rues marchandes, l’une des activités économiques phares, ont été fermées jusqu’au 4 janvier prochain. De quoi en rajouter à la peine des opérateurs économiques, qui avaient déjà beaucoup investi pour l’installation des stands, l’acheminement de l’électricité, la sécurité, etc. « Les commerçants tirent la moitié de leurs revenus des fêtes de fin d’année. Tout était fin prêt pour les rues marchandes et le gouvernement décide de leur annulation, alors que déjà des centaines de millions ont été dépensés. Chaque stand coûte au moins 10 millions de francs CFA pour être opérationnel.

Nous sommes conscients qu’il s’agit de la sécurité sanitaire de la population, mais nous pensons qu’avant d’en arriver là on pouvait réfléchir à d’autres pistes de solutions. Néanmoins, nous respectons la volonté des autorités, mais nous allons demander à ces dernières de réparer, à l’aide du fonds Covid, tout désagrément que cette annulation aura causé », explique Cheick Oumar Sacko.

Mali – Covid-19 : Les activités qui ont résisté

Plusieurs secteurs d’activité ont durement ressenti les effets de la crise liée à la pandémie de la Covid-19 ou ont tout simplement été arrêtées. À l’inverse, d’autres ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu, réalisant des chiffres d’affaires souvent records. Cependant, le boom enregistré devra être consolidé.

Comme tous les secteurs, « nous avons  été impactés négativement par la crise. Au moment du couvre feu, la société fermait à 19 heures pour avoir le temps de traiter les dernières commandes et permettre aux salariés de rentrer avant 21 heures ». Un gros manque à gagner, parce que le pic de l’activité est atteint entre 12 et 15 heures et de 19 à 22 heures, explique M. Mahamadou Cissé, Directeur fondateur de Fikasso, une société de livraison de repas et autres commandes.

Une période durant laquelle les livraisons ont été divisées par deux, ajoute M. Cissé. Mais, grâce à une communication plus agressive et à la diminution des déplacements, les commandes ont connu une augmentation substantielle. Ce qui a conduit à un véritable boom de l’activité.

Désormais, c’est donc à la société de confirmer ces bons résultats. Car elle espère que si certains ont eu recours au service en raison de la crise, ils continueront grâce à la qualité de service offerte.

Très demandés en cette période, les produits de nettoyage ont aussi connu une explosion de leurs ventes. Pourtant, l’entrée des marchandises a été compliquée et les frais de dédouanement ont augmenté, relève M. Ousmane Malikité, gérant d’un magasin de vente en gros. Les prix des marchandises à l’achat ont aussi augmenté, corollaire de la fermeture de plusieurs usines de production. Conséquence, la demande étant très forte depuis l’avènement de la crise, certains produits n’étaient pas disponibles en quantités suffisantes.

Alors qu’en temps normal, il obtenait des marges de 100 à 150 FCFA par article, durant la période de crise, les produits étaient vendus 2 ou 3 fois plus cher que d’habitude.

La stabilisation de la demande et le retard dans les livraisons seront préjudiciables à certains commerçants, qui avaient déjà encaissé les fonds pour certaines commandes. Ces marchandises, achetées au prix fort, ne pouvant plus être vendues au prix souhaité.

La plupart de ces produits venant de l’extérieur, il est préférable d’avoir une certaine autonomie en la matière, car, pour des produits périssables comme les gels hydro-alcooliques, « on ne peut pas faire de stocks importants », conclut M. Malikité.

Fatoumata Maguiraga

 

Chiffres

Bouteille de gel hydro-alcoolique avant la crise : 1 000 FCFA

Bouteille depuis l’avènement de la crise : 2 000 à 3 000 FCFA

Vital Robert Diop : « Notre objectif est de transformer le PMU Mali »

Nommé Directeur général du PMU Mali le 10 février 2020 après en avoir été le Directeur adjoint, Vital Robert Diop, 41 ans, issu du secteur privé, nourrit de grandes ambitions pour la société qui a plus d’un quart de siècle d’existence. En dépit des effets de la Covid-19, qu’elle a su juguler, elle met en œuvre son plan 2020-2023 et compte pleinement jouer son rôle d’entreprise d’économie mixte.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je suis diplômé en droit et en sciences politiques de l’université de Reims. A l’issue de mes études universitaires, j’ai débuté dans le secteur public à EDM où j’ai été juriste junior durant quelques mois. Ensuite j’ai rejoint une structure de l’ambassade de France, à savoir l’agence française pour l’adoption et après quelques années, je me suis lancé dans le privé, je suis promoteur de plusieurs PME, dans le domaine du tourisme et l’aérien, dans la gestion des ressources humaines et le conseil et dans le domaine des hydrocarbures.

En 2013, le président de la République m’a fait confiance en me nommant au sein de son cabinet, où je me chargeais de la promotion des candidatures du Mali aux postes internationaux. A ce titre, j’ai eu la mission principale d’assister et de promouvoir les deux candidats du Mali, aux postes de directeur régional de l’OMS, le Docteur Fatoumata Nafo et le vice président de la Banque Islamique de Développement, Birama Sidibé, qui était candidat pour la présidence de la BAD. A l’issue de ces missions, je suis devenu assistant spécial du secrétaire général de la présidence.

De là j’ai été nommé en mars 2019, directeur général adjoint au PMU Mali. Et huit mois plus tard, on m’a confié la direction générale.

Quel bilan pouvez-vous faire du PMU Mali, qui a 26 ans cette année ?

Organisant simplement la prise de paris sur les courses hippiques au début, aujourd’hui nous proposons d’autres produits. Les paris sont possible aussi dans les salles de jeu (PCD), qui prennent les paris en instantané et où les parieurs suivent les courses, jouent et empochent aussitôt leurs gains. Conformément au monopole sur les jeux qui lui est conféré par l’État par une loi de 2002, PMU Mali organise des paris sportifs, des paris en ligne et le Loto. La société, en pleine expansion, va continuer à se diversifier.

Quels sont les grands axes de votre plan d’action 2020 – 2023 ?

Ce plan d’action est un complément du plan de relance de l’entreprise lancé en 2015. Il correspondait aux enjeux du moment et avait pour objectif principal de sécuriser les recettes et de lutter contre la fraude. Nous sommes une société anonyme d’économie mixte capable de mener une activité commerciale avec une gestion rigoureuse, et sa mission d’intérêt public, capable de faire bénéficier davantage les parieurs en terme de gains et capable de réaliser les prévisions de recettes de l’Etat. Notre objectif est de transformer l’entreprise et d’en faire la loterie de référence en Afrique. Pour y parvenir, nous devons prendre en compte les nouveaux enjeux, la digitalisation et les innovations technologiques, mais aussi exploiter le monopole de PMU autant que possible tout en réalisant et concevant des jeux au niveau local.

Quelles sont les conséquences de la pandémie de la Covid-19 sur le PMU Mali ?

Avec la suspension des courses françaises, nous étions confrontés à de réelles difficultés, parce qu’elles constituaient l’essentiel de l’offre connue du public malien. Elle a eu pour effet une baisse de plus de 70% du chiffre d’affaires. Avant la suspension des courses de janvier à mars 2020, les enjeux réalisés par la direction étaient supérieurs aux objectifs assignés par le conseil d’administration. Pour l’ALR, l’objectif était de 234 millions en moyenne par course, mais la réalisation était de 256 millions. Sur le PCD l’objectif moyen par semaine était de 1,34 milliard, la réalisation de 1,37 milliard par semaine. Pour le pari foot et un objectif de 2,33 milliards par mois, la réalisation a été de 4,44 milliards.

Nous avions deux choix : suspendre les activités ou innover et trouver une offre de jeux capable de susciter l’intérêt de la clientèle et générer un chiffre d’affaires acceptable. Nous avons trouvé des solutions alternatives en proposant une offre de jeux sur les courses suédoises et d’autres pays. Cela a permis d’endiguer la baisse du chiffre d’affaires, de le stabiliser et même d’enclencher une certaine remontée.

Voulez-vous pérenniser le recours à ces courses ?

Cette offre a permis de stabiliser les chiffres, mais force est de reconnaître que dès la reprise des courses françaises, le public a exprimé sa préférence pour ces dernières. Au niveau des PCD, il avait l’habitude de jouer sur d’autres courses étrangères, mais sa préférence va vers les courses françaises. Cela s’explique parce que ces courses sont les plus crédibles, les meilleures et en termes de volume leur nombre n’est pas comparable aux autres. Même si la Covid-19 nous a montré la nécessité de diversifier l’offre, l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé sur les courses françaises.

Que représente PMU Mali en termes de chiffres ?

Notre chiffre d’affaires a augmenté de plus de 11%, passant de 138 milliards à 155 milliards en 2019. PMU Mali est aussi une entreprise qui verse une redevance à l’État.  Nous avons environ 240 agents permanents, 860 agents intérimaires, un réseau de vente composé de 640 revendeurs et de 1 900 aides. Soit plus de 3 000 personnes. En termes de gains distribués, à titre d’exemple, le 26 juin 2020, pour une mise de 500 FCFA, quelqu’un a gagné 44 millions. Nous redistribuons de 1 à 2 milliards mensuellement. Pour les gains distribués uniquement sur les enjeux hippiques, comptez environ 1 milliard par mois.

Comment jugez-vous votre partenariat avec Premier Bet ?

Dans le cadre du monopole sur les jeux de hasard, PMU Mali a signé un partenariat avec Premier Bet pour l’organisation de paris sportifs, des jeux virtuels et de jeux en ligne. C’est un partenariat bénéfique en termes de recettes pour l’État et d’emplois, parce que Premier Bet en crée entre 600 à 700 emplois directs et autant indirects. C’est un partenariat dont nous sommes satisfaits et qui va se développer.

Où en est-on du chantier de la digitalisation et de l’extension dans les régions ?

C’est un grand chantier, amorcé en 2018 avec l’informatisation. Depuis cette date, les prises de paris sont informatisées. Les revendeurs disposent d’un TPE, procèdent à la prise de paris et impriment un ticket. La deuxième étape de la digitalisation, c’est de leur permettre de payer directement les parieurs. Très prochainement, les parieurs pourront déposer et retirer leurs gains via un portefeuille électronique. Et nous pensons d’ici la fin de l’année 2020, proposer une offre de jeux en ligne.

Banque mondiale : Baisse de l’activité économique africaine

Dans ses perspectives économiques du premier semestre 2020, la Banque mondiale prévoit une contraction de l’activité économique en Afrique subsaharienne de 2,8%. « Le plus fort recul jamais enregistré », selon l’institution.

En outre, le PIB par habitant devrait aussi connaître « une chute importante », ce qui pourrait faire retomber des millions de personnes dans l’extrême pauvreté, prédit la Banque mondiale.

Mais la croissance pourrait reprendre en 2021 et atteindre 3,1% si la Covid-19 recule dans les pays affectés au deuxième semestre 2020 et si la croissance reprend chez les grands partenaires commerciaux.

L’activité économique des pays importateurs de produits de base devrait également ralentir, malgré la baisse des prix du pétrole et celle du nombre de touristes. Le PIB des pays exportateurs de matières premières industrielles va aussi baisser, à cause des perturbations intérieures et de la faiblesse des prix du pétrole et des métaux. Les exportateurs de produits agricoles ne seront pas non plus épargnés, en raison de retards dans l’investissement.

Les perspectives restent pessimistes en termes de risques élevés de récession si la pandémie s’aggrave, avec le risque de surendettement et le manque de ressources qui menacent la fourniture des services publics. Des conséquences sur la sécurité alimentaire et le maintien de la paix sont aussi redoutées dans la région. Déjà, avant la pandémie, 72 millions de personnes dans 35 pays d’Afrique subsaharienne étaient en crise alimentaire, avec des millions sur le point de sombrer dans une insécurité alimentaire (PAM 2020).

Fatoumata Maguiraga

Mali – Tombouctou : Quelle gestion de la Covid-19 ?

La région de Tombouctou enregistre de nombreux cas de Covid-19. Une explosion qui s’explique selon des responsables locaux par une certaine insouciance de la population et les tests désormais effectués en masse. Comment est gérée la Covid-19 dans la région ?

Tombouctou dispose d’un centre de prise en charge de 60 places environ. Sur ce site, un bâtiment d’une capacité de 12 places accueille des patients. Le reste est pris en charge sous des tentes dotées d’humidificateurs pour maintenir une température agréable. Les autorités sanitaires affirment également que tous les médecins points focaux des Centres de santé de référence (CSRéf) ont été formés à la prise en charge des patients.

« La gestion de la Covid-19 à Tombouctou n’est pas différente de celle des autres régions, seulement la particularité est qu’à Tombouctou il y a plus de cas que dans les autres régions. Cela est dû au fait que nous procédons à un dépistage de masse. Nous prélevons en moyenne 60 à 70 personnes par jour, ce qui n’est pas le cas ailleurs.

Plus les tests se font, plus les cas sont révélés », explique Dr Charles Dara, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales et responsable du centre de traitement de la Covid-19 à Tombouctou. Mais il déplore l’insouciance de la population, car elle ne respecte selon lui aucune des consignes données par l’État.

Les décès communautaires posent également problème, car plus de 90% interviennent avant l’admission au centre. Une inquiétude que partage El Hadj Alhousseyni, journaliste et jeune actif de la région, qui déplore que les « personnes attendent que le malade soit dans un état critique pour se rendre à l’hôpital ». Il ajoute que 15 décès dus à la Covid-19 ont été constatés récemment, dont 13 en dehors du centre de prise en charge.

Néanmoins, une prise de conscience semble gagner les habitants de la région, qui au départ étaient très réticents. De plus, les autorités saluent la chaîne de solidarité nationale et locale qui est en train de se former, avec des donations pour venir en aide au personnel du centre de prise en charge et aux malades.

Malheureusement, à Tombouctou, quand une personne décède, elle est enterrée quelques heures après par sa famille. Les autorités sanitaires ne sont informées que plusieurs jours plus tard. Dans ce cas, il est difficile pour le centre de dire que si ces décès sont dus à la Covid-19 ou pas.

Aminata Keita

Covid-19 : Les banques impactées

Les conséquences du nouveau coronavirus ne se comptent pas seulement en vies humaines, mais également en milliards de francs CFA. C’est consciente de cela que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a adopté le 21 mars dernier une série de mesures pour atténuer l’impact de la pandémie sur les banques.

Elle a apporté une hausse de 340 milliards de FCFA au montant qu’elle met à la disposition des banques chaque semaine comme ressource, pour le porter à 4 750 milliards au total. Les entreprises des pays de l’UEMOA ne pouvant plus rembourser leurs crédits pour cause de récession économique vont bénéficier d’un report d’échéances, si elles le souhaitent, pour leurs prêts, pour une période de 3 mois renouvelable une fois, sans charge d’intérêts, ni frais, ni pénalités de retard.

Les mesures ci-dessus et l’apurement de la dette intérieure permettront aux banques maliennes de souffler. Cependant, si la pandémie continue sur une longue durée, des choix contraignants s’imposeront à elles.

« Les banques qui ont des tailles organiques survivront, avec le soutien des groupes et d’autres filiales, mais certaines vont être obligées de recapitaliser si la crise sanitaire va au-delà de trois à six mois », prévient Alassane Sissoko, Directeur d’UBA Mali.

À en croire le DG, la décision de la banque centrale de doubler le capital pour les banques de l’UEMOA depuis 2007 leur permettra de faire face à la crise sans pour autant faire faillite. Cependant, les créances en souffrance vont aliéner leurs capitaux.

Boubacar Diallo

Crise au Sahel: Le HCR lance un appel de fonds de 186 millions de dollars

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a lancé aujourd’hui un appel de fonds d’un montant de 186 millions de dollars pour assurer la protection et apporter une assistance vitale aux réfugiés, déplacés internes, rapatriés et communautés d’accueil dans la région du centre du Sahel.

Cet appel de fonds comprend les besoins initiaux pour 2020 d’un montant de 97 millions de dollars, 29 millions de dollars pour mettre en œuvre les mesures de prévention et de lutte contre le Covid-19 dans les zones de déplacement, et 60 millions de dollars pour renforcer la réponse d’urgence du HCR dans le cadre de sa stratégie pour le Sahel.

Lors du lancement de l’appel de fonds ce jour à Genève, Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a fait honneur à la remarquable générosité des communautés locales, tout en soulignant qu’elles arrivent au point de rupture, en particulier au Burkina Faso où le nombre de déplacés internes a plus que quadruplé, passant de 193 000 en juin 2019 à 848 000 à la fin avril 2020.

« L’urgence au Sahel est une crise humanitaire et de protection à grande échelle, où d’odieuses violences contre les populations vulnérables deviennent endémiques », déclare Filippo Grandi. « Le risque de débordement du conflit dans les pays côtiers voisins est bien réel et il est maintenant exacerbé par le Covid-19 », ajoute-t-il.

Pour les personnes qui ont fui les guerres et la persécution et pour les hôtes qui les ont généreusement accueillis, l’impact supplémentaire du Covid-19 est dévastateur sur ces populations qui mènent leur existence au jour le jour.

« Nous devons intensifier nos efforts au moyen d’une réponse globale et inclusive, qui place les droits et le bien-être de millions de personnes déracinées au cœur de notre action », déclare Filippo Grandi. « Nous devons agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard », ajoute-t-il.

Grâce à cet appel de fonds, le HCR sera en mesure de fournir davantage d’abris pour décongestionner les sites surpeuplés, distribuer des articles de première nécessité et lutter contre la violence sexuelle et sexiste, qui se généralise et s’aggrave du fait du confinement et des conditions de surpeuplement. Ce nouvel appel de fonds permettra également de soutenir l’éducation, de réhabiliter les écoles et les salles de classe ou d’assurer des possibilités d’apprentissage à distance.

Considérant l’impact important du changement climatique au Sahel, nos activités s’articuleront autour d’une approche respectueuse de l’environnement et sans y nuire, en renforçant la préparation communautaire pour prévenir les déplacements forcés liés au climat, et en soutenant le recours à l’énergie propre ainsi que la gestion des déchets et plastiques.

Le Sahel compte 3,1 millions de réfugiés, déplacés internes, rapatriés et personnes à risque d’apatridie. Les gouvernements du Burkina Faso, du Mali, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad se sont engagés à appuyer les activités de protection et les solutions pour ces groupes en signant signé la Déclaration de Bamako en octobre 2019. L’appel de fonds de ce jour nous permettra de concrétiser cet engagement ainsi que de renforcer le soutien aux réfugiés vivant dans la région.

Cet appel sera complété, dans les prochains mois, par d’autres efforts de haut niveau déployés par les Nations Unies et leurs partenaires pour encourager le soutien financier et politique à la réponse humanitaire dans la région.

Source: HCR

 

Afrique de l’Ouest – Secteur bancaire : Préparer l’après Covid-19

La crise de la Covid-19 a entraîné une contraction de l’activité économique à travers le monde. L’Afrique, qui n’a pas été épargnée par la pandémie, en a également ressenti les effets, aussi bien dans le secteur public que dans le privé, donc dans le secteur bancaire. Pour en amoindrir l’impact, les banques centrales, dont la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ont pris des mesures destinées à encourager les banques dans leur soutien au secteur privé. Mais elles n’intègrent pas la solvabilité des financements bancaires et méritent d’être élargies, selon les spécialistes. 

Comme beaucoup de structures, les banques ont dû adopter les mesures barrières édictées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), suite à la pandémie de la Covid-19. L’accès aux locaux a été conditionné au lavage des mains et à la prise de température. Le renforcement des dispositifs de nettoyage des locaux a notamment été adopté, pour protéger non seulement la santé des travailleurs mais également celle des usagers.

Effets immédiats

Le respect de la distanciation sociale, ainsi que le port du masque, ont été rendus obligatoires, aussi bien pour le personnel que pour la clientèle dans toutes les structures. Le personnel a également été doté de kits pour renforcer sa protection. L’organisation du travail a aussi subi des modifications, afin de respecter les mesures barrières et d’éviter les regroupements importants de personnes. Le personnel a été divisé en équipes qui travaillent de façon alternée à distance puis au bureau. Ces  dispositions ont entraîné des charges supplémentaires, « non budgétisées », pour les banques, déjà confrontées à une baisse de l’activité économique qui a réduit considérablement leurs marges de manœuvre.

Même s’il est difficile de le quantifier à l’heure actuelle, l’impact de la crise sur le secteur bancaire sera important, conviennent les acteurs.

Mesures insuffisantes ?

Pour juguler les effets de la crise, le secteur bancaire a dû, comme les autres, s’adapter. Adopter de nouvelles façons de fonctionner pour faire face non seulement à la crise sanitaire mais surtout pour amoindrir les effets économiques. Certaines mesures, comme le report d’échéances pour les entreprises et la réduction des coûts pour certains prêts, ont été mises en œuvre. Ainsi que des dispositions pour faciliter le refinancement au niveau de la banque centrale.

Adopté par le Conseil des ministres en septembre 2002, le dispositif des règles pour la mise en œuvre du Mécanisme des accords de classement a été l’un des premiers concernés par les mesures envisagées par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest dans le cadre de la riposte à la Covid-19. Ce dispositif est un outil d’appréciation de la qualité du portefeuille des établissements de crédit de l’UEMOA. Selon l’avis N°001-03-2020, relatif à la révision de ses modalités, c’est en vue d’en faciliter la mise en œuvre que la banque centrale a décidé de réviser les modalités de délivrance des accords de classement au bénéfice des entreprises non financières, à l’exception de celles éligibles au dispositif de soutien au financement des petites et moyennes entreprises / industries (PME / PMI) dans l’UEMOA. Il est désormais institué une évaluation par la BCEAO de la qualité de crédit des entreprises non financières, à partir des informations financières collectées auprès des administrations fiscales des pays de l’Union.

Ce sont au total 8 avis, édictant les mesures pour répondre aux effets de la crise, que la BCEAO a émis. Ces mesures portent notamment sur la décision de la BCEAO de baisser les taux d’intérêt à leur minimum à 2,5%, avec suffisamment de liquidités. Une décision qui augmente la capacité des banques à octroyer des crédits aux entreprises privés à des coûts moindres. Mais ces aides restent de portée limitée en l’absence de visibilité sur la fin de la crise et ses conséquences, analyse Jean K. Tchangai, cadre de banque, sur Financial Afrik.

En outre, « compte tenu des normes réglementaires de division des risques (limite d’engagement sur une même signature, limite de concentration sectorielle interne des banques,( …), les financements requis pour assurer la survie de certains secteurs économiques-clefs, comme le transport aérien par exemple, peuvent dépasser la capacité du secteur bancaire à y faire face », poursuit-il.

Anticiper l’après-crise

Cette période de crise a induit une dégradation des portefeuilles bancaires et une baisse de rentabilité, reconnaissent les acteurs. Dans ce contexte, explique M. Tchangai, augmenter le volume de financement au secteur privé peut exposer le secteur bancaire à un risque élevé d’insolvabilité. Il en découle donc la nécessité de prendre en compte le risque de contrepartie ou de crédit dans la décision de financement, au même titre que le risque de liquidité.

Par conséquent, l’action des autorités monétaires devrait donc également consister à alléger les mécanismes de refinancement des banques, mais aussi à envisager des mesures pour permettre de contenir le risque de contrepartie. Et l’action des autorités pourrait se réaliser sur 3 niveaux, précise le banquier.

En premier lieu, et en plus des mesures déjà prises, elles pourraient différer le provisionnement des créances dont le déclassement est lié à l’impact de la Covid-19, ou à défaut les redéfinir à titre exceptionnel en créances en souffrance. Une mesure à laquelle serait favorable la majorité des dirigeants de banque de l’UEMOA, selon une enquête, car en l’absence d’une telle décision ils redoutent la remise en cause de la solidité du système bancaire.

Les autorités monétaires devraient aussi envisager la mise en place d’un fonds commun, financé de façon équitable par la banque centrale et les banques commerciales, pour le rachat de tout ou partie des créances des entreprises affectées par la pandémie. Ce qui pourrait améliorer la capacité de financement de la relance du secteur privé par les banques.

Également, une baisse supplémentaire du taux d’intérêt aux adjudications sur appel d’offres et des rémunérations réglementées (épargne, dépôts à terme, etc.) permettrait de diminuer l’impact sur le bilan des banques.

Dans le même temps, des mesures à l’endroit du secteur privé devraient aussi être envisagées. Elles pourraient concerner l’annulation des pénalités de retard et des intérêts moratoires dans l’exécution des marchés publics et aussi l’accélération des paiements au profit de ces entreprises, afin de réduire les tensions de trésorerie.

Il serait aussi judicieux, dans le contexte de la pandémie, d’envisager pour les TPE et PME un fonds de garantie communautaire, aux fins de garantir leurs besoins de crédits additionnels à hauteur de 75%.

Même si les réformes bancaires mises en œuvre en 2018, avec notamment la transposition des normes prudentielles de Bâle I et II dans l’UEMOA, ont renforcé la solidité du système bancaire, il importe de proroger d’une année les dispositions transitoires relatives aux exigences minimales de fonds propres, initialement fixées à 2022, et d’envisager temporairement des mesures pour alléger les exigences de fonds propres, pour se consacrer pleinement à l’activité. Ceci permettrait de maintenir le financement de l’activité économique dans l’Union et d’atténuer les effets de la Covid-19.

Fatoumata Maguiraga

Repères

Mars 2020 : Avis relatif à la révision des modalités de mise en œuvre du dispositif des accords de classement des entreprises non financières

Avril 2020 : Avis relatif à l’émission de « Bons Covid-19»

Mai 2020 : Avis portant prorogation des mesures de promotion des paiements électroniques

COVID-19 : Immersion dans le Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée (LBMA)

Médecins et infirmiers. Voilà les visages les plus en vue dans la lutte contre la Covid-19. Cependant, dans l’ombre, travaillent ceux sans lesquels on ne connaîtrait jamais le statut réel des cas suspects : les agents des laboratoires de diagnostic. Ils sont des dizaines, répartis entre les quatre laboratoires bamakois ayant la charge d’effectuer les tests relatifs au nouveau coronavirus. Immersion dans le quotidien du Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée (LBMA) de Bamako, en pointe sur la ligne de front  contre la pandémie au Mali.

L’endroit ferait un bel hôtel. Niché sur le flanc gauche de la colline du savoir de Badalabougou, avec une vue splendide sur la capitale malienne. À l’horizon, le fleuve Niger serpente entre le pont Fahd et du pont des Martyrs, sous les rayons du soleil. Cependant il suffit d’entrer dans le bâtiment, après s’être dûment annoncé et de voir les personnes en combinaisons blanches et les équipements biomédicaux qui l’occupent pour sortir de sa rêverie. Nous sommes bien au Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée (LBMA), abrité par l’Université des Sciences, techniques et technologies de Bamako.

Le Pr. Ousmane Koïta et son équipe nous y ont accueillis le 6 mai 2020. Hors de question d’accéder aux locaux, très sécurisés, sans s’être lavé les mains au savon. La pléiade de distinctions affichées dans le bureau directorial, dont une du Centre américain de contrôle des maladies, le célèbre CDC, démontre les compétences de l’homme qui dirige les lieux. 

Fondé en 2000, le LBMA s’intéresse à trois grandes thématiques de recherche. Il s’agit des maladies infectieuses, des anthropozoonoses (pathologies partagées à la fois par les animaux et les humains) et de la biologie végétale, qui s’intéresse aux pathogènes qui attaquent les cultures, à la qualité des eaux d’irrigation et aux produits utilisés pour la production (semences, engrais et pesticides, entre autres). 

« Nous avons opté pour cette approche parce que le Mali a des ressources très limitées. Nous ne pouvions donc pas nous spécialiser uniquement sur une maladie alors que nos équipement peuvent être partagés », explique le Pr. Koïta.

C’est ainsi que les équipements de l’unité zoonotique ont été mis à profit pour réaliser certains des tests du nouveau coronavirus, ceux qui sont acheminés vers la structure par la Commission nationale en charge de la riposte à la Covid-19. Structure universitaire de recherche autonome, le LBMA n’a encore bénéficié d’aucun appui financier dans cette lutte, mais l’État malien paie l’eau, l’électricité et le téléphone pour ses locaux. L’institution biomédicale est en fait financée par les appels à projets de recherche auxquels elle soumissionne et pour lesquels elle est retenue. 

Le labo de diagnostic qui nous intéresse est au premier étage. « Restricted area (Zone d’accès restreint) », peut-on lire à l’entrée. Obligation de porter un masque et d’user d’une solution hydroalcoolique pour quiconque veut entrer, après avoir montré patte blanche à la porte grâce à un badge. À l’ouverture, une alarme retentit, comme pour prévenir de la dangerosité des lieux. 

Équipés de combinaisons de protection, Ibrahim Traoré et Dr Salimata Diallo nous reçoivent. Chaque jour, avec 4 autres collègues doctorants ou déjà diplômés, ils se relaient pour répondre aux demandes de test qui arrivent de l’Institut National de Santé Publique (INSP), où siège la Commission nationale, pour des confirmations de guérison ou l’évaluation des cas suspects. 

Dès l’arrivée des prélèvements, protégés obligatoirement par un triple emballage homologué par l’OMS qui garantit une chaîne de froid variant de 4 à 8 degrés, intervient le contrôle de qualité des différents échantillons. Rapidement, un membre de l’équipe est détaché pour la préparation des bulletins de résultats, tandis que l’autre traite le prélèvement dans le poste de sûreté microbiologique niveau 2, une hotte sophistiquée. « Les échantillons manipulés dans ce poste sont protégés de toute souillure grâce à un filtre et l’air est recyclé de manière à ce qu’il ne soit ni contaminé par l’extérieur ni refoulé vers l’environnement de travail. Ainsi, les aérosols dégagés lors de la manipulation du virus ne peuvent pas atteindre l’intérieur du labo », explique le Pr Koïta.

C’est dans ce poste de sureté microbiologique que le virus est inactivé. Le reste du travail peut alors être effectué avec d’autres appareils. « Une fois l’inactivation terminée, on procède à l’extraction du matériel génétique afin de voir si le virus est présent ou non du point de vue moléculaire », poursuit Ibrahima Traoré.  

C’est ensuite à l’est du labo que le jeune Traoré nous amène. Le dispositif de la PCR en temps réel (une méthode particulière de réaction en chaîne par polymérase permettant de mesurer la quantité initiale d’ADN  ou d’ARN signature du virus), qui permet d’amplifier le matériel génétique en plusieurs millions de copies, est relié à un ordinateur. 

Pour rendre plus concrètes ses explications, Ibrahima Traoré nous fait découvrir les résultats des tests de la veille sur l’écran. Des courbes et des lignes apparaissent, sous formes d’un graphique, les courbes représentent les cas positifs (ou suspects quand elles ne sont pas très élevées) et les lignes les cas négatifs à la Covid-19. 

Les bulletins des résultats sont acheminés à la Cellule à l’INSP avant huit heures du matin chaque jour, après leur validation dès six heures par le Professeur Koïta en personne. C’est la cellule qui les portera  à la connaissance des médecins traitants et des centres de prise en charge. Le LBMA, qui a une capacité de 288 tests (96 simultanément en 3 heures) quotidiens. À la date du 6 mai, 295 échantillons y avaient été testés, dont 67 positifs.   

Le Laboratoire de Biologie Moléculaire Appliquée est un grand centre de recherche appliquée. En dehors de l’unité de diagnostic du nouveau coronavirus, il dispose de plusieurs unités s’occupant de différents domaines. Le Pr. Koïta nous fera visiter certaines d’entre elles, dont le laboratoire d’entomologie, qui mène des recherches sur le paludisme, ou le laboratoire mixte international, qui permet une surveillance épidémiologique des cultures rizicoles à partir des drones et des satellites.

Ainsi que des congélateurs fonctionnant à moins 80 degrés pour conserver du matériel de travail de toute sécurité et sur le long terme, qui nous ont fortement impressionnés !

Voilà le quotidien de ceux qui nous permettent de savoir si nous sommes atteints du nouveau coronavirus ou pas. Méconnus pour la plupart, car travaillant dans l’ombre, mais non les moindres des acteurs, ils sont en première ligne sur le front anti Covid-19. « Ils faut que leurs familles sachent qu’ils sont ici et qu’ils font un super travail. Qu’elles ne s’imaginent pas qu’ils sont juste dehors, alors qu’ils reçoivent souvent des échantillons après 16 heures et jusqu’à toute la nuit et les testent immédiatement », déclare le Professeur Koïta. 

À la fin de la fin de notre visite, c’est par une désinfection au gel hydroalcoolique que nous avons quitté le LBMA et son Directeur.

Boubacar Diallo

 

Trafic aérien : Quand va-t-il reprendre ?

À l’arrêt depuis plus de deux mois au Mali et dans toute la sous-région ouest africaine, le transport aérien subit de plein fouet l’impact de la Covid-19. Si aucune date officielle n’est encore arrêtée pour la reprise du trafic, les autorités se concertent sur les conditions d’un retour progressif à la normale. Les différentes compagnies aériennes desservant la sous-région se préparent en amont.

95%. C’est le taux de baisse du trafic aérien évalué par une réunion en visioconférence des ministres des Transports de l’Uemoa le 28 mai dernier. Une baisse due évidemment à l’immobilisation au sol des avions et à l’interdiction du transport de passagers, sauf vols spéciaux, ce qui a entraîné, selon les conclusions de la réunion, la perte de revenus pour les travailleurs du secteur et des risques de faillite pour certaines entreprises.

Afin de ne pas prolonger cette situation, qui hypothèque le secteur des transports, l’Uemoa table sur la reprise des activités.

Les ministres des Transports des différents pays de l’Union ont recommandé de « formuler dans les meilleurs délais pour la sous-région un plan de reprise concertée des activités de transport, en rapport avec la situation sanitaire et sécuritaire dans les États ».

Début juillet en perspective

« Les ministres ont discuté des mesures qui vont être prises pour la réouverture des frontières. Ce sont des propositions qui ont été validées et qui vont être soumises aux différents Chefs d’État pour qu’ils les entérinent et annoncer une date officielle pour la réouverture des frontières, et donc la reprise du transport aérien », explique Mohamed Ould Mamouni, Chargé de communication du ministère des Transports et de la mobilité urbaine.

Si aucune date n’est donc pour l’heure connue, les compagnies aériennes s’activent néanmoins, en fonction des informations qu’elles reçoivent. À Air Sénégal, on estime en principe qu’une reprise progressive interviendra à partir du 15 juin pour un retour à la normale à partir du 1er juillet.

« Nous nous préparons pour cette date parce que nous avons reçu un message de Aéroports du Mali qui dit que rien ne sera fait avant le 1er juillet. Mais cela est une prévision susceptible d’être modifiée selon la situation », précise Oumar Kouyaté de Air Sénégal.

Air France, dans un communiqué publié début mai sur la reprise de ses vols vers l’Afrique,  prévoyait à partir du 16 juin des départs sur Abidjan, avec escale à Bamako, à raison de  4 vols par semaine.

Germain Kenouvi

Chiffres

95% : Taux de baisse du trafic aérien dans l’Uemoa

1er juillet : Date estimée de la reprise du trafic aérien

4 : Nombre de départs hebdomadaires d’Air France sur Abidjan, avec escale à Bamako, à partir du 16 juin

Mali – Covid-19: Remise de masques ce mercredi

Une remise de masques par le  Ministre de l’Industrie et du Commerce au Ministère de la Jeunesse et des Sports a eu lieu ce mercredi 3 juin 2020. Cette distribution des masques s’inscrit dans le cadre du programme présidentiel « Un malien, un masque ».

Selon les autorités, la quantité totale de masques remise ce jour, est de cinq cent mille (500.000) unités. Ces masques, en coton et de fabrication locale, ont un coût unitaire de Cinq-cents (500) FCFA. Ces masques remis seront distribués par les comités de jeunes volontaires du Ministère de la Jeunesse et des Sports.

Distribution et répartition de masques:

Communes du cercle de Banamba 14 000
Communes du cercle de Dioïla 59 000
Communes du cercle Kangaba 24 000
Cercle de Kati (reliquat) 155 500
Communes du cercle de Kolokani 23 300
Communes du cercle de Koulikoro 55 000
Communes du cercle de Nara 22 000
Communes du cercle de Bougouni 5 900
Cercles de la région de Mopti 141 300

Mali – Covid-19: Une stratégie d’urgence de proximité pour sensibiliser

Selon les experts, si les mesures barrières ne sont pas respectées, la situation des contaminations sera de plus en plus croissante. C’est dans ce cadre qu’un plan d’attaque a été élaboré: il s’agit du lancement officiel de la campagne de sensibilisation par des caravanes de camion et 36 tricycles sonorisés dans les 6 communes de Bamako sous la présidence du Ministre de la Santé en présence des partenaires notamment l’OMS et l’UNICEF. A noter que le District de Bamako à la date du 2 juin comptait à lui seul 781 cas positifs au Covid-19, soit 57,8% des cas sur les 1 351 que comptait le Mali à cette date. Avec 48 décès et une létalité de 6,1% les six communes de Bamako sont inévitablement l’épicentre de la maladie dans le pays.

                     

Dans ce renforcement de la stratégie d’information et de sensibilisation, les différents supports de communication vont être sollicités à l’instar de l’affiche avec 100 panneaux géants, 60 000 affichettes, 50000 affiches, 18000 autocollants, 20000 dépliants avec l’installation des kakemonos dans les services publics.

Des productions audiovisuelles font également partie de la stratégie avec des messages invitant les populations à plus de vigilance. Les réseaux sociaux ne seront pas en reste dans cette vision de communication d’urgence en ce temps de crise.

                            

A noter que ces actions vont se multiplier à travers le pays pour plus d’efficacité. Pour l’heure, l’objectif est de diffuser des messages de sensibilisation dans toutes les langues nationales sur la Covid-19 par le biais des journalistes et animateurs de 230 radios communautaires, locales et confessionnelles à travers le Mali.

A la date du 02 juin 2020, trente-six (36) nouveaux cas confirmés de COVID-19 ont été enregistrés avec au compteur zéro (0) décès. Au total neuf (9) régions et trente-deux (32) districts sanitaires sont touchés. Le  cumul des cas confirmés depuis le début de l’épidémie est de mille trois cent cinquante-un (1 351) dont 22 cas importés,  sept- cent soixante-neuf (769) guéris et 8 transférés ;  Soixante-dix-huit (78) décès sur les 1 351 cas soit une létalité globale de 5,7%.

Idelette BISSUU

Réouverture des classes : Avec quels enseignants ?

Fermées depuis décembre dernier à cause des différentes grèves des enseignants et suite à l’apparition de la Covid-19, le démarrage des cours prévu pour ce 2 juin est maintenu. La pléiade de mesures prises par le gouvernement pour assurer la continuité pédagogique n’ont pas porté fruits. Alors que les spectres de la grève et du nouveau coronavirus planent toujours, quelles sont les dispositions prises par l’État pour rendre effective la réouverture des classes ?

« On va utiliser le personnel enseignant qu’on a sous la main tout de suite », assure Kinane Ag Gadega. À en croire le Secrétaire général du ministère de l’Éducation, près de 10 000 enseignants volontaires recrutés seront mobilisés pour la reprise des cours ce 2 juin pour les classes d’examens. Les 2 233 nouveaux enseignants fonctionnaires des collectivités sont également attendus pour prendre la craie après affectation.

Cette reprise des cours s’effectue alors que le pays ne cesse d’enregistrer de nouveaux cas de Covid-19. C’est pour cela, selon le gouvernement, que seules les classes d’examen vont rouvrir, dans le respect des mesures de prévention. Et le nombre d’élèves par classe va être limité afin de respecter la distanciation sociale.

Au plan pédagogique, des dispositions vont être prises afin de combler le retard accusé dans les différents programmes. « On va insister sur les disciplines que les enfants font dans les classes d’examen. Les volumes horaires seront augmentés et tout cela sera accompagné de cours de soutien et de remédiation pour les élèves », explique Kinane Ag Gadega.

Des mesures suffisantes ?

La crise scolaire est toujours d’actualité. Le spectre d’un prochain préavis de grève des syndicats d’enseignants plane. Ils ne se sentent pas concernés par cette réouverture et exigent l’application de l’article 39. « Les syndicats de l’Éducation n’ont été consultés ni pour la fermeture des classes ni pour leur réouverture. Seule l’application de l’article 39 peut nous permettre de dire qu’il y aura une stabilité. S’il n’y a pas d’accord, toutes les actions sont possibles y compris un autre préavis de grève», prévient Adama Fomba, leur porte-parole.

Le Mali traverse une grave crise scolaire depuis décembre 2019. Les enseignants demandent l’octroi des avantages accordés aux autres fonctionnaires relevant du statut général de la Fonction publique, comme l’article 39 de leur statut le stipule. Depuis le 19 mars, les écoles privées de tous les ordres et tous les établissements de l’enseignement supérieur ont été fermés pour cause de coronavirus.

Boubacar Diallo

Mali – Covid-19 : Une « aubaine » pour la télésanté

La pandémie de Covid-19 a renforcé l’éclosion de la télésanté, la distanciation physique étant recommandée pour freiner la propagation de la maladie. En Afrique et au Mali, les solutions numériques ont le vent en poupe.

Africa virtual hospital. C’est la plateforme numérique mise au point au Mali par le groupe Famib pour un système d’information dématérialisé et médicalisé avec un dispositif d’acquisition de données médicales en temps réel.

Elle fournit  également des soins de santé primaire et d’urgence, tels que les tests, les investigations, les diagnostics, la collecte d’informations sur les patients, la gestion des dossiers médicaux et la consultation « numérique ».

« En état d’urgence sanitaire, il y a un besoin de solutions numériques innovantes pour la traçabilité des patients et des soins, notamment pour l’actuelle pandémie du coronavirus, avec un seul mot d’ordre : sensibilisation et alertes stratégiques rapides », souligne Amadou Diawara, CEO du groupe Famib.

Entraide médicale numérique

Le Réseau d’échange entre médecins d’Afrique (REMA), lancé en 2017 par le Béninois Dr. Sedric Degbo, est une application disponible sous Androïd, et bientôt sous IOS, qui fournit aux professionnels de santé un service de collaboration médicale à distance.

Le réseau est présent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, notamment  au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger et au Sénégal.

Avec l’arrivée de la Covid-19 sur le continent, la plateforme est accessible gratuitement pour les infirmiers et sages-femmes. 70% des publications et des échanges concernent actuellement la pandémie du nouveau coronavirus.

« Pour aider les gouvernements d’Afrique à mieux faire face à la pandémie avec les  meilleurs outils, nous avons pris l’initiative de mettre gratuitement notre système de  communication médicale institutionnelle à la disposition des ministères de la Santé du continent », précise l’initiateur du REMA.

Germain Kenouvi

Pour l’intérêt général

Dans un article intitulé« Eh ! bien, priez chez vous« , publié par Le Journal du Mali, le 08 /08/2020, nous avons démontré, en puisant dans la tradition prophétique et l’avis d’éminents savants de l’Islam, la primauté de la préservation de la vie humaine sur la pratique des rites fussent-ils à caractère obligatoire ou surérogatoire.

Aujourd’hui, alors que le nombre des personnes déclarées atteintes de la maladie à Covid 19 a grimpé pour avoisiner le chiffre alarmant de 1000 cas, les autorités politiques et religieuses restent les bras croisés à la veille d’une fête qui risque de devenir celle de tous les dangers.

 

Nous vivons une phase critique de notre histoire qui ne sera que ce que nous en ferons.

Un tour dans la capitale et les régions du pays montre, à suffisance, que cette nation est en danger de mort :

Ceux qui respectent les mesures de protection contre la maladie ne font que 2/1000, environ. 

La quasi-totalité de la population sont adeptes de la théorie du complot. Pire encore, beaucoup pensent que les africains sont naturellement immunisés contre la maladie à Covid 19 ou que la maladie n’est qu’un instrument utilisé par le gouvernement pour attirer des aides étrangères.

Dans ce contexte, le maintien des prières collectives et des grands rassemblements est une fuite des réalités du monde dans lequel nous vivons.

Partout dans le monde musulman, les instances religieuses dont le Comité des Grands Savants d’Arabie Saoudite,ont émis des fatwas exhortant les fidèles à accomplir la prière de la fête à la maison. 

Dar Al-Iftaa d’Egyptea a déclaré que la prière de l’Aïd est une Sunna confirmée, et qu’il est souhaitable d’être en congrégation avec l’imam, que ce soit dans la mosquée ou en plein air, donc s’il y a une objection à rencontrer des gens, comme c’est le cas maintenant de la propagation de l’épidémie mortelle avec laquelle il est impossible d’établir des groupes; Il est permis, sinon obligatoire à un musulman de prier l’Aïd à la maison seul ou avec les gens de sa famille.

La maison des avis religieux égyptienne a ajouté que violer les instructions officielles de l’État interdisant les prières de l’Aïd dans les mosquées et les places publiques est considéré comme un acte criminel  qui met en danger la vie des gens. 

Dans un communiqué de presse publié par la Grande mosquée de Dakar, le 13 Mai 2020, on peut lire :

« Le Grand Imam de Dakar informe tous les musulmans, qu’il a pris bonne note des mesures d’allégement prises par le Chef de l’État dans le cadre de la riposte contre le COVID-19.

Cependant, en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmente de jour en jour, le Grand Imam de Dakar, El Hadji Alioune Moussa SAMBA rappelle tous les musulmans que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue. Les raisons évoquées pour la fermeture des mosquées restent aujourd’hui plus valables que jamais ».

« Il est de notre responsabilité de veiller à la sécurité sanitaire des fidèles. Il advient que nous n’avons pas les moyens de faire respecter les gestes barrières pour éviter une éventuelle contamination dans la Grande Mosquée de Dakar ».

Le Haut Conseil Islamique et les autorités du Mali peuvent rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.

Bien que je sois vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali, je parle ici, dans cette tribune, en mon nom personnel.

Ne cherchant ni approbation ni éloges de qui que ce soit, ni à entrer en  querelle avec qui que ce soit.Nous restons fermes et convaincu sur notre position qui est la fermeture temporaire des lieux de culte et la suspension des rassemblements religieux  pour freiner la propagation de la maladie parmi les fidèles.

Les divergences d’opinions ne doivent, en aucun cas, remettre en cause les bonnes relations.

Mais je suis saisi d’une crainte quant à ce que cette décision de maintenir les prières collectives pourra avoir comme conséquences néfastes.

D’après Abû RouqayyaTamîm ibn Aws ad-Darî, le Prophète – a dit : « – La religion est le bon conseil. – Pour qui doit-on le donner ? Demanda-t-on au Prophète. – Pour Allah, répondit-il, pour Son Livre, pour Son Prophète, pour  les détenteurs de l’autorité et pour l’ensemble des musulmans. »

                         -Les 40 hadiths An-Nawawi, hadith N° 7.

C’est donc mon désir, sinon mon devoir, de prodiguer quelques conseils à nos autorités:

  • La pulvérisation des mosquées et des places publiques ou se tiendra la prière de la fête.
  • Intensifier les campagnes de sensibilisation contre la pandémie, surtout en cette période de fêtes ou les gens multiplient les rassemblements et les visites.
  • Demander aux chefs de familles de garder leurs enfants à la maison.
  • Maintenir la fermeture des boîtes de nuit et d’autres lieux de divertissement.
  • La non-participation du chef de l’Etat, des membres et du gouvernement et des officiels à la prière et aux manifestations de la fête. Ainsi, ils donneront le bon exemple à suivre à une  grande frange de la population qui risquerait d’en déduire que la pandémie est déjà derrière nous.

Je refuse de croire que le camp opposé est animé de mauvaise foi. Cependant, les considérations personnelles, claniques, politiques et confessionnelles ne doivent pas être prises en compte quand l’intérêt public est en jeu.

Notre nation est maintenant devant un tournant décisif de son existence. Si nous continuons à gérer cette crise sanitaire avec frivolité, nous risquerons de nous réveiller trop tard et le châtiment ne tardera pas à nous rattraper.

Un sage a dit: « Lorsque la guerre éclate, vous devrez tirer l’épée et jeter le fourreau ». Nous sommes en train de nettoyer le fourreau alors qu’une bataille pour la survie bat son plein.

Par Thierno Hady Cheick Omar THIAM

 

Dr Keb : Covid-19 et inspiration

Dr Keb, très sollicité malgré le Covid-19, est l’un des rappeurs qui fait l’actualité actuellement. Pour suivre son quotidien en cette période de crise sanitaire, l’artiste nous a ouvert les portes de ses habitudes et partagé avec nous son environnement professionnel.

Il fait partie de cette nouvelle génération d’artistes maliens qui ne se cantonnent pas seulement à un registre musical. Connu dans le milieu du rap depuis bientôt cinq ans, l’artiste se sent aussi bien sur des rythmes reggae ou encore trap.

En cette période de crise sanitaire mondiale, le Mali, avec pour objectif d’éradiquer le coronavirus sur ses terres, multiplie les actions de lutte associées aux gestes barrières. Dans ce contexte, la scène culturelle en berne a beaucoup innové, avec des prestations et des programmes sur la toile.

Le rappeur Dr Keb fait partie des artistes en vue en ce moment. Lors du premier Facebook Live de Bama Art, il a répondu présent. Dans des concepts d’émissions people sur la toile, comme RHHM Buzz, il n’est pas non plus absent.

En cette période de Covid-19, l’artiste assure que « il n’y a pas grand-chose ». À  côté des gestes barrières, qu’il faut respecter, Dr Keb passe le plus clair de son temps à écrire des textes qui, il l’espère, feront sensation. De ce fait, se lire et se relire sans cesse, jusqu’à s’approcher le plus possible de l’idée souhaitée, fait partie de ses exercices favoris. À côté de l’écriture, le studio est son deuxième coin de refuge : c’est le lieu par excellence de répétitions non-stop.

En ce mois de carême, l’artiste se consacre entièrement au jeûne. Au réveil, il prévoit parfois de se détendre en musique ou avec une play-station. Passer du temps avec sa team, pour ne rien laisser au hasard, est au rendez-vous, d’autant qu’il faut préparer l’après Covid-19 et bien d’autres nouveautés en studio.

À la recherche de la perfection, se coucher tard, travailler sans relâche pour donner le meilleur de soi à chaque prestation, c’est le crédo du natif de Kadiolo, Amadou Kébé, plus connu sous le nom de Dr Keb. Ses textes, inspirés des faits de société, dans un rôle de conscientisation, de sensibilisation ou de plaidoyer, sont bien accueillis par la jeunesse, toujours ponctuelle aux rendez-vous de l’artiste.

Mais, en cette période de coronavirus, seuls les bruits électromagnétiques du clavier réussissent à percer le secret de l’inspiration de Dr Keb, que nous découvrirons certainement dans ses prochaines œuvres musicales.

Idelette Bissuu

Covid-19 : Les co-morbidités, un risque qui plane

Le Conseil national de la Défense a décrété la levée du couvre-feu le 8 mai dernier. Cette décision, incomprise par une frange de la population, a été interprétée par certains comme la fin du Covid-19 au Mali. Entre gestes barrières non respectés et incrédulité, le virus menace toujours les personnes souffrant déjà de maladies chroniques, avec des risques de co-morbidités. Avec ces risques des cas graves, la question de leur protection se pose avec acuité.

« Plus on a de co-morbidités, plus la mortalité est forte », prévient Stéphane Besançon, Directeur de l’ONG Santé Diabète Mali. Face au Covid-19, les personnes souffrant de maladies chroniques telles que l’hypertension, le diabète ou l’obésité, sont les plus vulnérables. Le deuxième cas de décès au Mali en est un exemple. Le 29 mars dernier, un patient de 88 ans souffrant de diabète et d’hypertension est décédé à l’hôpital de Kayes.

Une personne à risque de co-morbidités n’est pas plus encline à attraper le Covid-19 que d’autres types de patients. Mais, chez elle, les complications et la mortalité pourront être plus fréquentes et élevée.

Dans l’interview qu’il nous a accordée fin avril 2020, le ministre de la Santé, Michel Hamala Sidibé reconnaissait que la présence de co-morbidités constituait généralement la première cause de décès, surtout chez les personnes âgées. « Pour ce qui est du Mali, il est difficile d’affirmer que le Covid-19 ait causé le décès chez ces personnes, en l’absence d’une autopsie. Mais il peut être un accélérateur de décès chez des personnes déjà vulnérables ».

Il est plus qu’important de réfléchir aux voies et moyens afin de mettre cette couche de patients hors de portée du virus. C’est ce qu’a initié l’ONG Santé Diabète Mali. En partenariat avec le ministère de la Santé, elle a mis en place un plan de prévention et de suivi à l’endroit des personnes diabétiques. « On a plus de 1 000 patients auprès desquels on va mener une campagne de prévention, à l’aide de SMS ciblés et de chats whatsApp avec des endocrinologues et des diabétologues, pour renforcer le suivi des patients, notamment pour éviter qu’ils ne se déplacent dans les hôpitaux que quand c’est nécessaire, afin d’éviter qu’ils se contaminent », explique Stéphane Besançon.
La campagne, démarrée cette semaine, travaille également à prévenir une probable rupture des stocks d’insuline, en cette période de pandémie où la mobilité n’est pas facile.
Au Mali, 5% de la population adulte est atteinte de diabète. Autant de milliers de personnes à risque pour le Covid-19. Étendre de telles initiatives à d’autres types de co-morbidités constituerait, selon les responsables sanitaires, de forts boucliers contre la pandémie.

Boubacar Diallo

Lutte contre le Covid-19 : Faux sur toute la ligne ?

Alors qu’il peine à faire appliquer la plupart des mesures prises dans le cadre  de la lutte contre la propagation du Covid-19 au Mali et que les cas de contamination continuent de grimper à travers le pays, le gouvernement a opté, à l’issue du Conseil extraordinaire de défense nationale du 8 mai dernier, pour la levée du couvre-feu et l’instauration du port obligatoire du masque dans les lieux publics. De nouvelles mesures dictées par un concours de circonstances qui a abouti à un climat socio-politique délétère, mais qui viennent mettre à mal la cohérence dans la gestion de cette crise sanitaire, où l’État semble de plus en plus tâtonnant.

Il était attendu pour durcir les actions de prévention contre le coronavirus, près d’un mois et demi après l’apparition des premiers cas dans le pays. Mais le gouvernement a vu sa volonté d’aller vers des mesures plus restrictives se heurter à un enchainement de manifestations à travers le Mali, allant des contestations des résultats des élections législatives au rejet catégorique du couvre-feu et à l’expression d’autres mécontentements sociaux.

Dos au mur, l’État a pris du recul et décidé de la levée du couvre-feu, qui était en vigueur depuis le 26 mars 2020, alors que la propagation de la maladie est en nette augmentation.

Une levée hâtive ?

« Le mal sévit parmi nous », reconnaissait le Premier ministre Boubou Cissé dans son allocution du 9 mai, s’appuyant sur le rapport du Conseil scientifique qui constatait qu’à des degrés divers le virus se trouvait pratiquement dans toutes les régions administratives. Conseil scientifique qui avait auparavant demandé d’isoler Bamako et Kayes, épicentres du virus, avis devant lequel le gouvernement s’est montré balbutiant. « L’agenda technique et scientifique s’est heurté à l’agenda politique. Et le politique a pris le dessus. Les travers ont commencé au moment où le gouvernement  s’est entêté à organiser les élections législatives nonobstant la menace de la maladie dans le pays », pointe le sociologue Mahamadou Diouara.

Pour lui, cela veut dire que c’est l’État qui a commencé à ôter aux mesures préventives tout leur crédit, à travers un comportement contradictoire qui s’est ajouté aux abus dénoncés des forces de l’ordre durant le couvre-feu, qui ont cristallisé la population dans une posture de défiance, Il était donc obligé de reculer et de lever le couvre-feu, en contradiction avec le principe et la logique mêmes qui avaient commandé son instauration.

« La décision de lever le couvre-feu a été hâtive, mais elle se comprend. Il y a eu la connexion de plusieurs éléments, qui ont convergé de telle sorte que si l’État n’avait pas desserré l’étau cela aurait pu aboutir à une sorte de désobéissance civile généralisée, qui pouvait se terminer mal pour le pouvoir », souligne également Bouréma Touré, socio-anthropologue à l’Université des Lettres et sciences humaines de Bamako.

Propagation accrue ?

Le confinement général de la population malienne n’étant pas adapté au contexte socio-économique du pays, beaucoup pensent que l’instauration du couvre-feu participait considérablement à la limitation de la propagation de la maladie, les heures passées dehors étant réduites au moins pendant la nuit. Avec ce verrou qui saute, la vitesse de propagation de la maladie pourrait augmenter à bien des égards. Des bars ont par exemple rouvert dans la foulée, alors que leur fermeture court toujours.

« Pendant la journée, les gens sont soumis à une certaine pudeur et à une certaine retenue dans les contacts physiques. Mais avec la promiscuité dans certains lieux la nuit, le taux de contamination pourrait augmenter à une vitesse exponentielle », craint Mahamadou Diouara du cabinet Gaaya.

« C’est vrai qu’avec l’augmentation du temps passé dehors avec d’autres, le risque de contamination pourrait augmenter. Toutefois, les mesures préventives doivent être respectées normalement, de jour comme de nuit. Il en va de la responsabilité personnelle de chacun », relativise Dr. Abdoulaye Niang, analyste et Président de l’association « Joko Ni Maya ».

Une fin de Ramadan à risques

La levée du couvre-feu coïncide avec l’entame des dix derniers jours du Ramadan pour la communauté musulmane. Des jours marqués par l’intensification des prières surérogatoires dans les mosquées, de très tard la nuit jusqu’au petit matin.

Pour Mahamadou Diouara, il serait judicieux que les mosquées soient fermées pendant cette période, parce qu’il y a de fortes chances que ces jours se passent avec une intermittence de pluies, ce qui pourrait augmenter le taux d’humidité qui favoriserait la propagation du virus.

Par ailleurs, à en croire Thierno Hady Cheick Omar Thiam, Président du Conseil fédéral national des adeptes de la Tarîqa Tidjaniya (Confenat) et 2ème Vice-président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), le « nafila » n’est pas obligatoire, que ce soit avant, pendant ou après le Ramadan.

« Il est interdit en Islam que quelqu’un prie avec d’autres lors du « nafila ». Durant les dix derniers jours du Ramadan, cette prière était obligatoire uniquement pour le Prophète (PSL), pour qu’il veille pour Dieu. Elle n’est pas obligatoire pour les musulmans », explique le religieux.

« Il faut aujourd’hui donc sensibiliser pour que la majorité comprenne que tous les « nafilas » ne sont pas obligatoires et que prier ensemble durant cette période de coronavirus, dans les rues et dans les mosquées, ne fait que propager la maladie », préconise-t-il.

Selon le Président du Confenat, il appartient aujourd’hui à chaque Malien de savoir où se trouve son intérêt, parce que « la religion est là pour le bien-être de l’homme. À chacun de prendre ses responsabilités ».

Changer de cap

L’une des mesures également prise à l’issue du Conseil de défense nationale du 8 mai est le port obligatoire du masque dans les espaces publics, qui vient s’ajouter à la liste déjà longue des décisions prises sur le papier mais dont l’application peine à être effective.

Dans le domaine des transports, en l’occurrence, le laisser-aller est tout simplement criard. Quant aux cérémonies de mariages et de baptêmes, elles continuent à rassembler du monde au-delà de la cinquantaine de personnes autorisée.

« La décision rendant le port du masque obligatoire dans les espaces publics ne pourra pas être strictement appliquée. Même si l’État se mettait à distribuer des masques dans chaque carré, les gens les prendraient mais ne les utiliseraient pas », affirme Dr. Niang, pour lequel le programme « un Malien, un masque » relève plus d’une déclaration politique que de la statistique.

Cette attitude de certaines personnes résulte du fait que jusqu’à présent elles ne croient pas à l’existence du coronavirus au Mali, ce qui, selon le socio-anthropologue Bouréma Touré, est à imputer en partie à la défaillance de l’État en matière de sensibilisation.

« Il faut d’abord s’employer à rendre les gens conscients du problème. Ce n’est qu’après avoir gagné ce pari que les uns et les autres s’approprieront les mesures de prévention », suggère-t-il.

Pour reprendre la main dans la gestion de cette crise sanitaire au Mali, le gouvernement aurait grand intérêt à apporter d’importants changements stratégiques qui conduiraient l’ensemble des populations à se soumettre aux mesures prises, selon certains analystes.

« Je pense qu’il serait plus bénéfique de laisser le ministère de la Santé avoir le leadership dans toute la communication relative à cette pandémie. Les populations seront plus enclines à écouter ses messages que ceux des acteurs éminemment politiques », propose Mahamadou Diouara.

« Il faut absolument changer la façon de gérer cette crise, parce que telles que les choses se présentent aujourd’hui, l’attitude de l’État est plus que décevante », déplore aussi Dr. Touré, qui est convaincu que ce changement n’est malheureusement pas près d’arriver.

COVID-19 : Entre incivisme et insouciance, le virus progresse

Le Mali enregistre à la date du 9 mai 692 cas de COVID-19 dont  298 guéris et près de 40 décès. Ce sinistre bilan semble ne rien dire à la plupart des Maliens qui ne se soucient pas des mesures barrières.

Le constat pourrait indiquer que l’on n’est pas en situation d’urgence sanitaire. Ce samedi, 9 mai, au parking Vox  à Bamako-coura, en commune III, on se bouscule pour avoir les meilleures places dans une sotrama au milieu de la cour. Un kit de lavage des mains, composé d’eau et de savon, se trouve près de l’entrée du transport en commun.  Goundo Konaté est la première à se trouver une place. Sans masque, la cinquantenaire semble insouciante.  Au bout de cinq minutes, le vieux véhicule est bondé  et sur la vingtaine de passagers qu’il contient, un seul s’est lavé les mains, mais demeure sans masque comme tous les autres. Or, le mois dernier, c’est au parking Vox même que le ministre de la Santé et des Affaires sociales Michel Hamala sidibé accompagné d’une forte délégation, dont le président du Conseil Malien des Transporteurs Routiers (CMTR) avait fait don de gels hydro alcooliques, de masques et de gants. Aujourd’hui, le parking enregistre uniquement deux kits de lavage des mains. Cette scène témoigne de l’insouciance de la plupart des Maliens en ces temps de crise sanitaire. « La situation désole et elle a pour nom l’analphabétisme et l’incivisme de nos concitoyens. On avait demandé un soutien financier au gouvernement afin de pouvoir détacher des personnes pour la sensibilisation des passagers au lavage des mains, requête sans suite malheureusement », explique Amadou Salif Diallo, secrétaire général adjoint de la section transport de la Confédération Syndicale des Travailleurs  du Mali (CSTM).

Port du masque obligatoire

Mais bien au-delà des transports, l’insouciance est présent ailleurs. A l’Agence principale de la  BNDA, à l’ACI 2000, une solution hydro-alcoolique est fixée à l’entrée de l’un des guichets automatiques de billets. Plusieurs clients y font des opérations sans l’utiliser. Et quand on leur demande pourquoi, aucun ne répond, sinon qu’avec des sourires.

A l’issue du conseil national de défense nationale du 8 mai, le gouvernement a rendu obligatoire le port du masque dans les espaces publiques. A l’égard de certains comportements inadéquats avec la prévention du virus, la mesure sera-t-elle respectée sans contrainte ? Sinon, place devrait être à la sensibilisation encore car pour l’heure, beaucoup sont à la fois « victime et le bourreau, plaie et couteau ».