Budget de l’Etat : Plus de 2330 milliards de dépenses prévues pour 2018

Le projet de loi portant loi de finances 2018 du Mali a été adopté ce mercredi 27 septembre 2017 en Conseil des ministres. Présenté en mode programmes conformément à la Loi n°2013-028 du 11 juillet 2013 (modifiée), il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du cadre harmonisé de la gestion des finances publiques au sein des pays membres de l’Union économique et monétaire Ouest africaine, selon le communiqué du Conseil des ministres. Celui-ci rappelle également que la loi des finances 2018 « est bâtie autour d’une croissance économique de 5,0% en 2018 contre 5,3% en 2017 et un taux d’inflation de 1,8% contre 1,0% en 2017 au Mali ».
Le budget d’Etat 2018 s’élève, pour les recettes, à 1957 milliards 625 millions de francs CFA contre 1811 milliards 494 millions de francs CFA dans le budget rectifié de 2017, soit une augmentation de 8,07%. Cette hausse est « imputable à l’accroissement des recettes du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor », toujours selon le communiqué. En ce qui concerne les dépenses publiques, elles s’élèvent à 2330 milliards 778 millions de francs CFA contre 2167 milliards 677 millions de francs CFA dans le budget rectifié de 2017, soit une augmentation de 7,52%. « L’augmentation des dépenses s’explique par la prise en charge des incidences financières de certains engagements de l’Etat concernant entre autres la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, de la Loi d’Orientation et de Programmation militaire et de la Loi de Programmation relative à la Sécurité intérieure, l’organisation des élections générales de 2018, les avantages accordés aux salariés suite aux négociations avec les partenaires sociaux, le renforcement des crédits alloués au secteur de l’Agriculture, aux secteurs sociaux et aux dépenses en capital, en vue de stimuler la croissance et la création d’emplois » peut-on encore lire dans le texte.
Ces chiffres font ressortir un déficit budgétaire global de 373 milliards 153 millions de francs CFA contre 356 milliards 183 millions de francs CFA dans le budget rectifié 2017, soit une augmentation de 4,76%. Un pourcentage qui confirme les efforts faits vers la norme de 3% du Produit Intérieur Brut établie par l’UEMOA à l’horizon 2019.

Mali Suku : Tout le marché à portée de clic

Il est désormais possible de voir et de comparer les prix des denrées alimentaires sur différents marchés au Mali, en quelques glissements de souris. Le site Mali Suku expose les prix en gros et au détail des produits de première nécessité.

« J’étais en contact permanent avec les paysans et les coopératives et je me suis rendu compte qu’ils étaient sous-informés sur le marché. J’ai donc voulu les aider, l’information étant le nerf de la guerre », explique Fodé Diakité, informaticien de 35 ans, à l’initiative du site. Il a d’abord commencé avec les moyens du bord. « Au départ, j’envoyais des SMS à mes contacts pour les tenir au courant des prix, mais cela me demandait beaucoup de temps et d’énergie ». Avec ses compétences dans le domaine, il décide d’utiliser Internet pour améliorer son offre et la rendre accessible au plus grand nombre. Ainsi naquit en 2015, la plateforme malisuku.com qui, pour l’heure, référence les prix sur les marchés de Badalabougou et de Médine à Bamako. Il est aussi présent sur deux marchés dans la région de Sikasso ainsi que sur celui de Kita. « Dans chaque marché, il y a des points focaux avec qui nous travaillons et qui font la collecte avant de nous passer toutes les informations. En plus de cela, nous avons des commerciaux sur le terrain qui relèvent les prix chaque jour », assure-t-il. Pour les consommateurs, c’est du pain béni. « J’ai découvert ce site sur les réseaux sociaux. Il est efficient pour une personne comme moi qui n’a pas le temps d’aller au marché tout le temps. C’est un gain de temps et d’argent énorme », confie Rakiatou Dembélé, une habituée du site. Avec un chiffre d’affaires annuel évalué à 20 millions de francs CFA et huit personnes qui composent le personnel, Mali Suku vise désormais l’expansion. « Dans deux mois nous serons sur les marchés de Ségou, et nous sommes sur le point d’englober les autres marchés de la capitale », explique avec optimisme le start-upper, qui vient d’ajouter une offre supplémentaire à l’endroit des producteurs agricoles. Ces derniers ont désormais la possibilité d’acheter des semences depuis le site, qu’ils pourront payer une fois les récoltes faites.

L’avenir des relations commerciales entre l’Afrique Subsaharienne et les États-Unis d’Amérique

Enseignant-Chercheur à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako, O. Touré analyse les répercussions que pourrait avoir l’élection de Donald J Trump dans les relations entre les deux continents.

L’élection du nouveau président américain a suscité chez les Africains au sud du Sahara beaucoup d’inquiétudes dont la source est la déclaration du candidat TRUMP qui, sans mentionner l’Afrique, a promis de revoir la coopération avec certains partenaires des États-Unis. Notons que la coopération entre l’Afrique Subsaharienne et les Etats-Unis d’Amérique est régie depuis l’administration CLINTON par l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), une Loi programme présentée sous forme d’arrangement bilatéral exprimant l’approche des seules autorités américaines. L’AGOA permet aux Africains d’exporter vers les États-Unis sans droits de douane et sans contingents 4900 produits couverts par le système de préférences généralisées auxquels s’ajoutent 1900 autres produits. Pour ce faire, les pays bénéficiaires doivent remplir certaines conditionnalités politiques et économiques comme l’établissement d’une économie de marché, d’un État de droit ; la levée d’obstacles aux échanges et investissements des États-Unis y compris le traitement national et la protection de la propriété intellectuelle ; la lutte contre la pauvreté, la corruption ; la protection des droits des travailleurs; le respect la sécurité nationale des États-Unis et leurs intérêts en matière de politique étrangère; le respect des droits de l’homme.

L’État qui ne respecte pas ces conditionnalités perd les bénéfices de l’AGOA. La décision de retrait de ces bénéfices est prise par le Président américain sur recommandation du Comité de politique commerciale présidé par le représentant de commerce des États-Unis. Ainsi, chaque année, à compter du 1er janvier, un pays peut être radié ou ajouté à la liste des bénéficiaires.

Comme on peut le voir, c’est une loi, adoptée selon les procédures internes, qui définit les modalités du commerce avec les États-Unis. Rien ne s’oppose à ce que l’autorité qui l’a émise l’annule ou la modifie de manière unilatérale et sans discussion avec les pays africains. Ceci est d’autant plus vrai que cette loi reste influencée par de puissants lobbies. En effet, avant même son adoption en 2000, l’AGOA a fait l’objet de protestations de la part des différents secteurs économiques et socio – politiques américains. Ces protestations sont venues de la part d’entreprises qui craignaient la diminution de leurs profits par l’arrivée massive des marchandises à bas prix d’Afrique, des mouvements syndicalistes qui voyaient en la loi une menace pour le secteur du textile américain et plusieurs organisations et mouvements sociaux mobilisés lors des grandes manifestions de Seattle en 1999. Si ces lobbies y ont adhéré, c’est grâce à l’assurance que les produits africains ne seront pas aussi compétitifs que les leurs. De plus, en cas d’afflux d’importations menaçant l’industrie américaine, le département du commerce a la possibilité de modifier la liste des produits éligibles ou de réintroduire des droits de douane. Enfin, les clauses d’origine contiennent un certain nombre de conditions susceptibles aussi d’être réexaminées.

Le président sortant avait créé de multiples ponts avec les entrepreneurs et investisseurs du continent
Le président sortant avait créé de multiples ponts avec les entrepreneurs et investisseurs du continent

Pour les raisons ci-dessus évoquées, les inquiétudes des Africains paraissent justifiées. Le candidat TRUMP n’a pas caché son intention de se focaliser sur les problèmes domestiques. Il sera bien à l’écoute de ces lobbies. Toutefois, le Président sera différent du candidat. Malgré son imprévisibilité, il n’a aucune raison de remettre en cause une coopération qui porte ses fruits. À ce jour, l’impact économique de l’AGOA est positif. Certes, le partenaire américain reste le plus grand bénéficiaire grâce aux hydrocarbures représentant plus de 69 % de ses achats en 2014. Ceci semble normal dans la mesure où l’administration BUSH fils considérait l’approvisionnement des États-Unis en hydrocarbures comme un facteur de sécurité et diminue la dépendance vis-à-vis des pays du golfe. Les autres produits agricoles, industriels et artisanaux n’y comptent que de manière résiduelle.

Les partenaires africains ont aussi tiré leur épingle du libre jeu échangiste avec les États-Unis. Le nombre est limité aux producteurs de pétrole tels le Nigeria, le Gabon, l’Angola, la Guinée équatoriale, le Congo, le Tchad, le Cameroun. L’Afrique du Sud y tire quelque avantage à travers ses exportations de platine, de diamant, de produits ferreux, de véhicules et de pièces détachées, de convertisseurs catalytiques, d’agrumes, de vin, de textile, etc. Il en est également ainsi, mais dans une moindre mesure, pour l’Ouganda, le Lesotho, le Botswana, le Kenya (textile), Madagascar (habillement et vanille), le Ghana (artisanat) ou la Namibie (raisin) avec, à la clé, la génération d’assez nombreux emplois. Grâce à cet impact positif, l’AGOA a été prorogée par le Président OBAMA jusqu’en 2025.

Une autre raison pour ne pas remettre en cause la coopération est le rôle de contre-pouvoir des institutions. Bien que promulguée par un président démocrate CLINTON, la loi a été prorogée par un président républicain BUSH fils pour être de nouveau prorogée par un président démocrate OBAMA avec l’aval d’un congrès à dominance républicaine. Toutes ces initiatives de prorogation visent à consolider les acquis de la coopération. Le Président TRUMP aura des difficultés à rallier le congrès actuel à sa cause et ce d’autant plus que le secteur privé américain est de plus en plus impliqué en Afrique. Il y a des fortes chances qu’il soit bien encadré par le Congrès.

En revanche, sa tendance protectionniste pourra l’amener à réclamer plus de réciprocité des Africains comme le font les Européens dans le cadre des Accords de Partenariat Economique. Il pourra à être moins attentif à certaines doléances des Afritc. Des programmes d’assistance pourront connaître un ralentissement dans leur exécution : l’appui des secteurs publics et privés américains à travers cains. Rappelons que l’accès au marché américain n’est pas facile pour les entreprises africaines obligées de se soumettre à un grand nombre de procédures de vérification de l’adéquation de leurs produits aux diverses normes américaines. Elles souhaitent donc la levée des obstacles non tarifaires aux échanges, comme les mesures sanitaires et phytosanitaires, les barrières techniques au commerce, les formalités administratives, la difficulté à s’insérer dans les réseaux de commercialisation, le manque de confiance des importateurs vis-à-vis d’un fournisseur donné, el’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) et l’Import Export Bank (Eximbank) aux projets des femmes entrepreneures et projets d’infrastructures, au Fonds de lutte contre le VIH/SIDA, le plan d’électrification de l’Afrique, etc.

Pour conclure, l’avenir des relations commerciales entre l’Afrique Subsaharienne et les États-Unis d’Amérique sous le régime de Donald TRUMP doit être vu sous un angle optimiste. L’Afrique est et sera au cœur de la politique américaine. En témoignent, les nombreux programmes d’échanges universitaires, la présence militaire, le plaidoyer en faveur de l’Afrique du secteur privé américain réuni au sein du Corporate Council of Africa. Enfin, le Président TRUMP n’ignore pas que l’Afrique est en train de diversifier son partenariat grâce à l’émergence sur son marché d’acteurs non traditionnels venus principalement d’Asie et d’Amérique. Les États-Unis voudront bien conserver leur place en Afrique.