Mali – Bounty : MSF qui a assisté les blessés n’est pas en mesure de confirmer les circonstances des événements

Une ambulance de Médecins Sans Frontières (MSF) effectuant une référence médicale entre Douentza et Sévaré, dans le centre du Mali, a été arrêtée le mardi 5 janvier et retenue violemment et de longues heures par des hommes armés, entraînant la mort d’un des patients qui se trouvaient à bord, a annoncé Médecins Sans Frontières dans un communiqué ce jeudi. « Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux toutes les formes d’entraves et de violences exercées contre les secours médicaux, nos patients et les membres de notre personnel », a déclaré Juan Carlos Cano, chef de mission de MSF.

Plus tôt cette semaine, les équipes de MSF avaient admis au Centre de santé de référence de Douentza, plusieurs blessés graves en provenance des villages de Bounty et Kikara, au nord-est de Douentza. Les patients, pour la plupart des hommes âgés de plus de soixante ans, présentaient des lésions dues à des explosions, des éclats de métal et des blessures par balles. Les équipes MSF, n’étant pas physiquement présentes au moment des faits, ne sont pas en mesure de confirmer les circonstances exactes de ces événements, autour desquels règne encore beaucoup de confusion.

Yémen, les hôpitaux cibles stratégiques

Le conflit qui oppose la coalition menée par l’Arabie Saoudite, qui soutient le président en place faceaux rebelles chiites Houthis, fait rage. Les civils continuent d’y payer un lourd tribut, comme ce 15 août, où une attaque de la coalition arabe a de nouveau ciblé un hôpital, faisant six morts et vingt blessés.

Lundi 15 août en début d’après-midi, l’hôpital public de la ville d’Abs, situé en zone rebelle non loin de la frontière avec l’Arabie saoudite, a été la cible d’une frappe aérienne qui a en partie détruit l’établissement tenu par Médecins sans frontières (MSF) depuis juillet 2015, et qui soigne plus de 4 000 patients par an. « C’est la quatrième attaque contre un centre médical de MSF en moins de 12 mois », a déclaré Teresa Sancristoval, responsable MSF pour le Yémen. « Une fois encore, un établissement médical fonctionnel, où se trouvait nombre de malades ainsi que des équipes médicales, a été ciblé dans une guerre qui n’a plus aucun respect pour les hôpitaux et leurs patients », a-t-elle déploré. Depuis les raids aériens de la coalition qui ont débuté en mars 2015, l’accès aux soins est très limité et l’espace aérien yéménite ayant été fermé par les forces de la coalition saoudienne, l’acheminement du matériel médical pour ravitailler les centres et établissements médicaux, est devenu très compliqué.

Stratégie récurrente Les bombardements d’hôpitaux qui constituent un crime de guerre, selon la convention internationale des Nations unies, sont pourtant de plus en plus fréquents et visent à réduire ces endroits en ruine pour empêcher l’ennemi et les populations d’avoir accès aux soins. Les établissements de MSF ont été la cible répétée des frappes aériennes et bombardements ces 2 dernières années, en Syrie, Somalie, et Afghanistan, occasionnant de nombreuses victimes. L’attaque la plus meurtrière qu’a connu MSF, fut à Kunduz en Afghanistan, quand 42 personnes trouvèrent la mort suite à une frappe aérienne américaine.

Ces frappes de la coalition surviennent dans un contexte très tendu, alors que les pourparlers de paix sont au point mort depuis une semaine, après que les rebelles Houthis et le parti de l’ancien président Saleh aient créé un conseil gouvernemental chargé de diriger le pays. Cet acte, vivement condamné par l’ONU et le gouvernement yéménite, a été qualifié de « violation constitutionnelle ». Depuis, bombardements et combats acharnés entre belligérants ont repris de plus belle dans cette guerre qui a déjà fait plus de 6 400 morts et 30 000 blessés, dont de nombreux civils, et poussé sur les routes deux millions de déplacés.

« Echoués dans le désert »

Selon les Nations unies, plus de 270 000 personnes ont été déplacées au Mali, et environ 170 000 se sont réfugiés dans les pays voisins, principalement au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie à  cause du récent conflit que connaà®t le Mali, depuis janvier 2012. Le camp de réfugiés de Mbéra (Mauritanie) situé à  trente kilomètres de la frontière avec le Mali accueille près de 74.000 Maliens chassés par les combats, la haine ethnique, l’insécurité alimentaire et l’effondrement des services de base selon le rapport. Dans cette région isolée et aride o๠les températures atteignent 50 degrés à  l’ombre, les réfugiés et les populations locales n’ont pas un accès suffisant à  l’eau potable. Un réfugié ne reçoit que 11 litres d’eau par jour au lieu des 20 litres nécessaires. Or, l’eau est surtout essentielle pour que les jeunes enfants et les personnes âgées s’hydratent et pour prévenir les pathologies liées à  un manque d’hygiène. l’accès à  l’eau est également problématique pour les réfugiés ayant besoin d’abreuver leur bétail en Mauritanie. Au manque d’eau s’ajoutent la malnutrition, le manque d’abris, et les problèmes d’hygiène. Lors de la création d’une extension du camp pour accueillir les nouveaux réfugiés arrivés en janvier 2013, les équipes de MSF ont constaté qu’il n’y avait que quatre latrines pour 12.000 personnes. Or, les standards humanitaires préconisent une installation pour 20 personnes maximum. De plus, les réfugiés n’avaient pas reçu de kits d’hygiène comportant du savon et des jerricans durant cinq mois. Pour remédier à  cette situation, deux distributions de savons ont été assurées et des latrines supplémentaires sont en cours de construction afin d’améliorer l’assainissement dans le camp. MSF affirme avoir assuré depuis le début de l’intervention d’urgence, plus de 85 000 consultations, 200 accouchements et pris en charge près de 1000 enfants sévèrement malnutris. Dans son rapport, MSF insiste sur le fait que « les organisations d’aide doivent maintenir leur réponse aussi longtemps que nécessaire », leur défi étant de rehausser les « conditions de vie au niveau de standards humanitaires acceptables ». Car « en raison des fondements ethniques et politiques de cette crise, il est peu probable de voir prochainement les réfugiés retourner au Mali », souligne l’ONG.

L’accès des humanitaires aux zones libérées : une mission bien difficile !

l’occupation des territoires du nord Mali par les jihadistes pendant de longs mois, a aggravé les conditions de vie des populations déjà  touchées par la crise alimentaire de 2011-2012. Elles n’avaient plus accès aux services sociaux de base à  cause de l’absence de l’administration et la cessation des activités de la plupart des organisations humanitaires présentes sur le terrain. Avec l’intervention des forces françaises aux côtés des forces maliennes depuis le 11 janvier 20013 pour libérer ces régions, on constate un retour à  la normale dans certaines zones. Difficile accès au terrain Malgré cette liberté retrouvée par endroit, la mobilité des ONG humanitaires reste réduite pour diverses raisons. Si ce ne sont les mines posées sur certains axes routiers par les rebelles, C’’est la crainte d’être leur cible. Ayant pour principale mission d’alléger en toutes circonstances les souffrances des Hommes, ces organisations cherchent d’autres solutions pour porter assistance aux populations ou acheminer les produits de première nécessité. Pour y parvenir, l’aide du personnel local est d’une importance capitale. Selon Habibatou Gologo, chargé de communication d’OXFAM Mali, l’ agence procède à  la ₺relocalisation du personnel et noue des partenariats avec les organisations locales pour mener à  bout les projets. Une manière de se faire discret sur le terrain tout en étant actif. Pour Zlatan Milisic, Directeur du Programme Alimentaire mondial (PAM) au Mali, si on ne peut pas acheminer des vivres par la route, on peut utiliser des avions. «Â Nous essayons d’éviter ce moyen parce que C’’est très cher, car; il y a moins d’argent pour acheter les vivres. Nous avons pour projet d’ouvrir une nouvelle route pour logistique à  partir de Niamey parce que les besoins au nord sont immenses… ». s’il y a des endroits inaccessibles, il faut considérer toutes les options. Prise en charge médicale et consultations d’urgences Pour sa part, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) a affirmé sur son site internet, qu’elle a continué de à  travailler trois semaines après le début des opérations militaires dans le nord du Mali notamment à  Mopti, Gao, Ansango, Konna, Douentza et Tombouctou, en fournissant des soins médicaux vitaux et de la chirurgie d’urgence pour les patients… Depuis janvier, les équipes sur le terrain ont mené quelque 9000 consultations médicales régulières dans la région. Des fournitures médicales et des médicaments ont été livrés à  neuf centres de santé dans la région de Tombouctou. La reprise de l’assistance humanitaire dans ces régions nécessite la mobilisation de moyens humains, financiers et matériels face aux énormes besoins de la population. Il faudra non seulement assister ceux qui sont restés mais aussi les personnes déplacées. La sécurisation et la dépollution des localités doivent vite se faire pour sauver des milliers de vies.