Mali -Transition : Le Colonel Abdoulaye Maiga désigné Premier ministre par intérim

A travers un décret lu à la télévision nationale hier dimanche, le colonel Assimi Goïta, a désigné Abdoulaye Maïga, premier ministre par intérim en remplacement de Choguel Maïga, hospitalisé il y a quelques jours. Encore inconnu avant le coup d’Etat, il a été nommé ministre de l’Administration territoriale dans le gouvernement de Moctar Ouane, portefeuille qu’il occupe encore.  Réputé proche du président de la transition, ce dernier l’avait désigné porte-parole du gouvernement, pour certains observateurs reprendre « la communication du gouvernement » à un moment où le Premier ministre Choguel Maiga qui faisait toutes les déclarations.  Depuis, il a régulièrement fait à la télévision nationale, au cours des derniers mois et revêtu de son treillis certaines des annonces les plus marquantes du gouvernement et des déclarations visant la France. L’hexagone, où il a fait une partie de ses études notamment un doctorat en sécurité internationale et défense en 2011 à l’Université Jean Moulin de Lyon. En 2016, Il a été nommé officier chargé de programme et analyste en charge du terrorisme, de l’extrémisme violent et de la sécurité maritime de la CEDEAO. Avant cela, il a été de 2014 à 2016, analyste alerte et prévention au centre africain d’études et recherche sur le terrorisme au sein de l’Union africaine.

Le Premier Ministre dans la région de Mopti

Le Premier ministre, Boubou Cissé, a entamé depuis ce jeudi une visite  de cinq jours en 5ème région qui le conduira  successivement à Mopti, Youwarou, Ténenkou, Kémacina et Djenné.

Le Premier Ministre, Boubou Cissé est attendu,  à Ténenkou, où il aura des entretiens avec les autorités administratives, politiques, les représentants de la société civile et des communautés.

L’information a été  donnée mardi à Ténenkou, par l’adjoint du préfet de Cercle, Ibrahim Koïta, au cours d’une réunion à laquelle ont pris part les sous préfets de Diondiori, de Kareri, de Togoro Kotya, de Toguéré Coumbé, les élus locaux, les autorités traditionnelles, les responsables des services techniques et les représentants de la société civile.

Les populations entendent échanger avec le Premier Ministre sur plusieurs sujets dont, entre autres, l’enclavement du cercle, l’accès à la connexion internet 3G, la circulation des motos, l’emploi des jeunes, l’accompagnement des femmes et les questions de sécurité et de santé.

Boubou Cissé : Un choix, des messages

Le Président  de la République a nommé par décret, le 22 avril, Dr Boubou Cissé Premier ministre, suite à la démission forcée de Soumeylou Boubeye Maiga. Ex-ministre de l’Économie et des finances, le nouveau chef du gouvernement  devra fédérer autour de lui pour imprimer sa marque et faire  face aux défis urgents.

« Je ne suis pas un Messie, mais je suis et serai un serviteur de l’État au service du gouvernement, un serviteur de l’État au service du peuple », déclarait le tout nouveau premier ministre malien, Dr Boubou Cissé. C’était le 23 avril, lors de la passation de service à la Primature avec son prédécesseur Soumeylou Boubeye Maiga. À 45 ans, ce jeune  économiste de formation se voit confier la responsabilité de former « un gouvernement de large ouverture ».

Natif de Bamako, Dr Boubou Cissé est entré dès 2005 à la Banque mondiale. Il venait d’obtenir quelques mois seulement auparavant son doctorat à l’Université d’Aix-Marseille, en France. C’est au sein de cette institution que le jeune diplômé révélera ses talents dans le domaine économique. Après l’élection du Président Ibrahim Boubacar Keita, en 2013, il est nommé ministre de l’Industrie et des mines. Depuis, il a été maintenu à chaque remaniement de gouvernement, jusqu’à sa nomination à sa tête.

Un choix gagnant ?

Dans le milieu jeune, sa nomination n’est pas beaucoup contestée. Elle en séduit d’ailleurs même certains, qui commencent à croire que ce second mandat est celui de la jeunesse, comme l’avait promis le Président IBK. Alors que les défis ne cessent de croitre, il devient primordial de s’allier avec cette force motrice.

En poste au Niger en 2012, Boubou Cissé accompagne déjà le futur président IBK, en participant à l’élaboration du programme économique du candidat. « Il a travaillé à la Banque mondiale et on sait que c’est lui qui est au cœur des négociations de plusieurs dons que l’institution a effectués au profit du Mali », dit de lui Khalid Dembelé, doctorant, économiste et chercheur au Centre de recherches et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Selon lui, le nouveau locataire de la Primature était au cœur des négociations dans les grèves des magistrats et plus récemment des enseignants, mais il serait « un novice dans le domaine sécuritaire ».

Alors que le Premier ministre sortant multipliait les déplacements à l’intérieur du pays pour rassurer les populations, la défiance à son égard grandissait dans la capitale. En tête de liste, Dr Boubou Cissé. « Il était le premier choix. Il était même dans les tuyaux depuis un certain temps, déjà juste après Modibo Keita, il était pressenti, mais je pense que ce n’était pas le bon moment pour lui. Le poste était très convoité, en dépit de toutes les difficultés inhérentes, des anciens ministres, des ambassadeurs, des fonctionnaires internationaux, mais Boubou était le premier choix, même si, jusqu’à la dernière minute, ce n’était pas gagné, car certains poussaient la carte Tiéna Coulibaly, ministre de la Justice sortant », confie une source proche de la présidence.

Pour le politologue Boubacar Bocoum, « le problème aujourd’hui ne se pose pas en terme de Premier ministre mais de vision du Président la République lui-même, parce que c’est lui qui instruit au Premier ministre », note-t-il. « Un homme est parti, un autre est arrivé. Je ne vois pas ce qui va changer. C’est la famille », se désespère le politologue.

Malgré tout, bien des éléments ont concouru à le placer au-devant de tous les prétendants. Selon le sociologue Mahamadou Diouara, le Président IBK, par cette nomination envoie plusieurs messages. « La décision du Président est en conformité avec l’orientation qu’il a choisi de donner à son mandat, qu’il place sous le signe de la jeunesse. C’est aussi un message d’équidistance entre la majorité, l’opposition et la société civile. C’est également un message à l’endroit de son parti, qui a combattu tous ses Premiers ministres », analyse le directeur du cabinet Gaaya. « Par cet acte,  IBK refuse d’être le Président du RPM mais plutôt celui du  peuple malien. Le fait aussi qu’il choisisse un économiste à un moment où il y a des revendications d’ordre économique pourrait être une réponse aux problèmes. Et le dernier élément est que le tissu social est dangereusement effrité, surtout dans le centre du pays, et qu’au cœur de ce problème se trouve la communauté peule. Le nommer comme tel est aussi un message pour dire que l’État n’a aucunement l’intention d’encourager ou d’entretenir une action négative à l’endroit  de cette communauté», examine aussi le sociologue, ajoutant « le reste, l’avenir nous le dira ».

Désillusion au RPM

Pourtant, et ce depuis toujours, des caciques du parti présidentiel chérissaient l’idée de s’emparer de ce poste alléchant. Plusieurs d’entre eux espéraient en bout de course y arriver. À la fin du suspense, le RPM se retrouve de nouveau mis sur la touche. « Nous avons certes fait des propositions de noms et certains étaient mitigés sur le choix de Boubou. Il y avait de la frustration et de la déception, mais le président du parti a obtenu qu’un communiqué saluant sa nomination soit publié », notifie un cadre du parti au pouvoir, ajoutant que le nouveau Premier ministre « peut être un bon capitaine, pour peu qu’on lui laisse la latitude de former son équipe et de travailler ».

Ce choix souverain du Président de la République n’a donc pas fait que des heureux au sein de sa famille politique. Toutefois, cette dernière espère obtenir des postes stratégiques au sein du prochain gouvernement. « On sait que le RPM avait jusqu’à cinq propositions, mais aucune n’a été retenue par le Président. Boubou n’est pas du RPM, certes, mais cela fait six ans qu’il est avec la majorité présidentielle. Cela veut dire aussi qu’il fait l’affaire du Président, membre fondateur du RPM », estime Khalid Dembelé. «Ils ont osé rêver, mais la relation qu’ils ont avec IBK aujourd’hui ne permet pas à Dr Treta d’être Premier ministre. IBK n’est plus avec le RPM, en réalité », martèle Boubacar Bocoum.

Quoi qu’il en soit, c’est la fin  dans l’immédiat de certaines illusions. Les divergences de vision ont affecté depuis le début le climat entre le Président et ses compagnons d’antan. Mal compris ou mal aimé ?

« IBK est malheureusement le Président le plus seul du Mali, isolé par son propre parti dès le début son régime. Et tout cela parce qu’il a voulu exprimer, peut-être de façon maladroite, qu’il était le Président du peuple malien et non celui de son parti. Il leur a pourtant donné des chances, mais nous en avons vu les limites avec Abdoulaye Idrissa Maiga et Dr Bocary Treta », diagnostique Mahamadou Diouara. Le sociologue est convaincu « qu’il faut à un moment donné comprendre que la démocratie n’est pas la victoire d’un clan ».

Que de défis !

Dans un pays confronté à l’insécurité au nord et au centre, aux grèves répétitives, à la grogne sociale et économique, les défis ne sont pas des moindres. Être flexible tout en sachant rester ferme sera le pari à gagner pour le nouveau chef du gouvernement. « Il doit d’abord résister à la famille présidentielle, travailler avec l’opposition, dialoguer avec tout le monde et enfin être ferme quand il le faudra », préconise Khalid Dembelé. En attendant la formation de son gouvernement, des voix  avancent que le jeune Premier ministre pourrait marquer l’histoire s’il répond à la grogne sociale. « Il peut faire les choses autrement et rassembler derrière lui toutes les sensibilités. Il peut aussi mettre le parti du Président de la République à l’aise, parce que c’est le parti qui a supporté IBK pendant des années, à des moments durs et qui l’a amené au pouvoir », estime Mahamadou Diouara.

En attendant son gouvernement de large ouverture, le Premier ministre est attendu pour trouver urgemment une issue à la grève des enseignants. Un aspect de l’ensemble qui pourrait acter son envol du bon pied.

Dr Boubou Cissé nommé Premier ministre

Par un décret lu à la télévision ce lundi 22 avril, Dr Boubou Cissé est nommé Premier ministre en remplacement de Soumeylou Boubeye Maiga qui a démissionné le jeudi 18 avril.

« Le Président de la République a chargé Docteur Boubou CISSE de former une nouvelle équipe gouvernementale dans l’esprit des conclusions de ses consultations avec les forces politiques de la majorité et de l’opposition » précise le décret.

Économiste de formation et ex directeur par intérim du bureau de la banque mondiale à Niamey au Niger en 2012, Dr Boubou Cissé, 45 ans figure dans le gouvernement l’avènement au pouvoir de Ibrahim Boubacar Keita en 2013.

Gouvernement : Impatience au RPM

Des informations font état depuis un moment de machinations dans les coulisses au sommet du Rassemblement pour le Mali pour une révocation du Premier ministre Soumeylou  Boubèye  Maiga, avec qui le courant ne passerait pas. L’impatience semble avoir désormais gagné le parti des Tisserands, où, même si aucune prise de position officielle n’est actée dans ce sens, quelques voix exigent désormais ouvertement la remise du tablier de SBM.

Le 3 avril 2019, lors de l’interpellation du gouvernement  à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga s’est fait représenter par des membres du gouvernement. Ce qui n’a pas été du goût de certains députés, notamment du RPM. « Je demande la démission du Premier ministre. Le problème du Mali c’est lui. Aujourd’hui rien ne marche dans le pays. Il doit penser au Mali et démissionner », déclarait Mamadou Tounkara, député RPM élu à Kita.

« Ce gouvernement ne peut pas nous amener loin. Il faut élargir sa base sociale et politique. Le gouvernement, dans sa taille et dans ses compétences, doit être revu dans les plus brefs délais », avait ajouté l’Honorable Mamadou Diarrassouba, 1er Questeur de l’Assemblée nationale et Secrétaire à l’organisation du RPM.

Primature en ligne de mire ?

Le parti du Président Ibrahim Boubacar Keita semble revendiquer aujourd’hui ce qui aurait dû lui revenir dans la norme des choses. Sur les 5 chefs de gouvernement de l’ère IBK, seul 1 était issu du RPM. Il s’agit d’Abdoulaye Idrissa Maiga, qui est passé à la Primature en 2017.

Réunis lors des 2èmes assises du Conseil central du parti, les 6 et 7 avril dernier, les responsables du RPM ont statué sur différents sujets, internes mais aussi relatifs à la vie politique du pays, sans pour autant jamais évoquer un « malaise » vis-à-vis du chef du gouvernement. Mais des indiscrétions font état d’un feu vert donné par le parti à ses députés lors de ces assises pour conduire la motion de censure contre le gouvernement.

« Si le RPM réclame aujourd’hui la Primature, ce sera sans aucun doute pour limiter les ambitions du Premier ministre actuel. C’est une manière de faire d’ores et déjà en sorte qu’il n’ait pas l’envergure et l’étoffe suffisantes pour briguer une candidature en 2023 », indique un analyste politique.

Mais rien n’oblige le Président de la République à choisir le prochain Premier ministre dans les rangs de sa propre formation politique, sauf en cas de motion de censure conduite par cette dernière. Un scénario vers lequel on s’acheminerait ?

L’énigmatique Soumeylou Boubeye Maïga

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement fin décembre 2017, et sa reconduction après la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2018, le président du parti ASMA-CFP, Soumeylou Boubeye Maïga, est sous le feu des projecteurs. Acteur du mouvement démocratique, « SBM » jouit d’un certain respect et ses interventions font écho. Diplomate et affable, ses détracteurs lui reprochent pourtant son « autoritarisme », alors que son parti entame une ascension fulgurante.

« Tigre, stratège, manipulateur, patriote, habile, figure politique », les qualificatifs ne manquent pas pour désigner l’actuel Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga (SBM), âgé de 63 ans. Son maintien par le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) après l’organisation d’une élection longtemps donnée comme incertaine n’a pas étonné. Depuis, le chef du gouvernement, revigoré par cette marque estime, est sur tous les fronts, dont celui de la sécurité et de la réaffirmation de l’autorité de l’État. Mais le décompte des victimes des tueries au centre et au nord du pays, ainsi que les attaques contre les forces armées maliennes noircissent ce tableau. Si le pays s’extirpe tant bien que mal de l’abîme, les assurances d’une résolution prochaine de la crise sécuritaire sont timidement accueillies. Pourtant, le « joker » d’IBK est à l’œuvre, multipliant les déplacements dans les régions du nord du Mali, Mopti, Kidal, Gao ou encore Tombouctou, plus récemment, montrant ainsi la volonté du Premier ministre d’occuper le terrain en collant aux préoccupations des populations. Sur d’autres sujets, comme le projet de loi d’entente nationale, le découpage administratif ou l’interdiction de manifester, « le Tigre », comme on le surnomme depuis les années 1990, montre toujours la même détermination.

Considéré comme l’un des principaux artisans de la réélection d’IBK, ce journaliste de formation est un homme à la fois séduisant et craint. Pendant près de trente ans, cet ancien syndicaliste a accumulé une grande expérience politique. Acteur du mouvement démocratique, d’apparence mesuré, il a eu à démontrer son audace à de nombreuses reprises, comme ce jour de 1986, cinq ans avant la chute du Président Moussa Traoré, où le jeune Soumeylou, tout fraichement diplômé du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, affichait sa révolte contre le système de l’époque. Lors de la conférence sociale restée dans les annales, SBM dénonce publiquement et sans ménagement la gestion catastrophique du pays, et ce sous le regard médusé de Moussa Traoré.

Chef de cabinet du Président Alpha Oumar Konaré en 1992, puis successivement directeur général de la sécurité d’État et ministre de la Défense, SBM a été candidat malheureux lors des primaires de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) en 2002, avant de connaître une première traversée du désert sous ATT, qu’il avait pourtant appuyé au détriment de Soumaïla Cissé, le candidat de son propre parti. Son retour en grâce intervient en 2005, lors de sa nomination comme Président du conseil d’administration de l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ) en 2005, avant d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères en 2011 jusqu’au coup d’État de mars 2012, qui le verra détenu plusieurs jours par la junte militaire. Après l’élection d’IBK en 2013, qu’il a soutenu dès le premier tour, « Boubeye », comme on l’appelle le plus souvent, est de nouveau nommé à la Défense, jusqu’en mai 2014, suite à la débâcle de l’armée à Kidal. Cette seconde traversée du désert sera plus courte, puisque le président de l’Alliance pour la solidarité au Mali (ASMA – CFP), parti créé en 2007 après sa dissidence de l’ADEMA, sera nommé Secrétaire général de la Présidence en août 2016 avant de devenir Premier ministre fin 2017, en remplacement de son « frère ennemi » Abdoulaye Idrissa Maïga, et au grand dam de Bokary Treta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM), à qui le poste semblait promis. « Il connait bien le nord du pays et de tous les Premiers ministres d’IBK, il est le plus politique. Il a une vision nationale de la situation, ce qui lui permet de faire des avancées dans la résolution de la crise du nord », estime Perignama Sylla, secrétaire général du parti Bara.

 

« Le Tigre » sur le front

Le 14 décembre, Soumeylou Boubeye Maïga, en compagnie de certains ministres, se rend dans la Cité de 333 Saints. Une ville martyre, qui vit au rythme de l’insécurité récurrente. Pour rassurer les populations, déboussolées par des assassinats et autres vols de véhicules, le chef du gouvernement annonce le déploiement prochain de 350 éléments, répartis entre la police, la gendarmerie, la garde nationale et la protection civile. « Afin de ramener la paix et la sécurité, un corps de gardes-frontières sera créé et les moyens logistiques renforcés », affirmait celui dont l’expertise dans le domaine de la sécurité est reconnue. Et d’ajouter : « lorsque nous sommes loin, il y a beaucoup d’approches qui ne correspondent pas à la réalité du terrain, ni aux attentes des populations. Chaque fois que nous nous déplaçons avec des membres du gouvernement, nous avons une perception beaucoup plus réaliste des priorités ». « Grâce à lui, certaines mesures sécuritaires ont été prises, car il connait bien l’outil pour avoir été ministre de la Défense et chef d’un service de renseignements », témoigne Abdoulaye Tamboura, docteur en géopolitique. « Il a les capacités pour comprendre ce pays », ajoute-t-il. Homme de réseaux, Boubeye peut en effet compter sur l’appui de nombreux partenaires du Mali, notamment la France et l’Algérie, pays où il a effectué sa première visite en tant que Premier ministre.

Deux semaines plus tôt, SBM s’était rendu à Gao, dans le nord du pays, pour sonder la situation des populations. Malgré la militarisation de la ville, les attentats, assassinats et braquages se multiplient. Sur place, ce natif de la région annonce, entre autres, le redéploiement de 300 agents de sécurité et la dotation d’un nouveau commissariat. Sans détours, Soumeylou Boubeye Maïga interpelle la population sur sa responsabilité, indispensable pour contribuer à sa propre sécurité. Profitant de cette occasion, ce vétéran de la politique malienne a exprimé son incompréhension face à l’empêchement, dans la ville, de la tenue des concertations sur le découpage administratif.

Bien avant la Cité des Askia, c’est la région de Mopti, épicentre des violences armées, qui a nécessité certaines mesures gouvernementales. Entre conflits communautaires, multiplications des milices et activisme des djihadistes, la région est au bord de l’embrasement. L’ancien ministre de la Défense (2000-2002 et 2013-2014) y avait promis, le 11 février dernier, un renforcement des effectifs militaires. Face à la gravité de la situation, il avait même menacé les semeurs de troubles, tout en leur laissant le choix de la paix. « C’est le moment de choisir son camp. A tous ceux qui ont des informations sur les terroristes, c’est le moment de les donner. Nous ferons tout pour récupérer tous ceux qui sont récupérables, et nous combattrons ceux qui devront être combattus », a t-il martelé. « Il tient le langage de la vérité. Nous l’avons suivi depuis l’ADEMA parce que c’est un homme capable et qui a des idées », se souvient Cheick Diallo, secrétaire administratif chargé des structures de l’ASMA et compagnon de route. Le 13 octobre, il était à Tenenkou et à Togoré-Coumbé. Une manière d’affirmer l’autorité de l’État dans cette localité sous embargo des djihadistes depuis des mois. Mais ces annonces n’ont permis de limiter ni les actes d’hostilité envers l’État, ni les tueries. « Il montre qu’il a une certaine maitrise du terrain, ce qui est probablement rassurant pour les forces de défense et de sécurité, mais aussi pour les populations, qui voient en lui un responsable soucieux du terrain », avance Docteur Fodié Tandjigora, sociologue et enseignant chercheur à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako. Ce dernier s’interroge pourtant sur l’impact de ces mesures. « Est-ce que tout cela a des répercussions réelles et matérielles sur le terrain? C’est de cela que les populations ont besoin dans ces localités d’insécurité », estime-t-il.

 

Un personnage « de l’ombre » 

Après la débâcle des forces armées à Kidal en 2014, suite à la visite controversée du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, Soumeylou Boubeye Maïga démissionne. Il fait les frais d’une mission à l’issue dramatique. Il fera ensuite profil bas, cultivera ses réseaux au Mali comme à l’étranger, tout en maintenant son soutien à IBK, convaincu qu’il reviendrait. De secrétaire général de la présidence, il grimpe les échelons jusqu’à devenir chef du gouvernement. « Il s’est imposé par la force des choses et est devenu au fil du temps un acteur incontournable », juge Abdoulaye Tamboura. « SBM peut avoir des défauts, on peut l’aimer ou pas, mais c’est un grand patriote, capable d’opérer de grandes réformes au Mali », affirme Cheick Diallo. Lors d’une conférence de l’opposition, le 3 juin 2018, l’ancien ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mohamed Ali Bathily, désormais opposant, le qualifie « d’homme de l’ombre, toujours dans des affaires sombres, qu’il s’agisse de l’État ou des finances ». Quoi qu’il en soit, cet ancien élève du lycée de Badalabougou est une énigme difficile à cerner. « C’est un personnage mitigé. D’aucuns disent que c’est l’homme de l’Algérie, (…) c’est un homme de coups tordus, mais compétent », reconnait Abdoulaye Tamboura. Son professeur au CESTI de Dakar, Diomansi Bomboté, ancien conseiller à la Primature, aujourd’hui enseignant à l’école de journalisme de Bamako, garde de lui le « souvenir d’un élève brillant, doté d’une grande maturité politique. Son parcours est riche, c’est un grand volontariste. Il sait ce qu’il veut et se donne toujours les moyens pour l’obtenir », témoigne-t-il. Déjà, « il attirait l’attention par la maturité de sa réflexion et de son analyse », se rappelle Bomboté. Hier comme aujourd’hui, certains le soupçonnent des manœuvres les plus viles. « Son nom a récemment été cité dans l’affaire des deux journalistes français assassinés à Kidal. Que ce soit lui ou le président de la République, ils ont fréquenté à un moment donné de leur vie des personnalités troubles »rapporte Dr Abdoulaye Tamboura. Dans le bourbier du centre, « on l’accuse d’instrumentaliser les milices » ajoute t-il. Une thèse qui ne tient pas, pour Dr Fodié Tandjigora. « Certains pensent qu’il y a des forces spéciales infiltrées dans les milices, mais je ne pense pas que l’État puisse s’adonner à cela ou qu’il accepte d’armer certaines milices contre d’autres. L’État n’a pas intérêt à nourrir des milices qui pourraient se retourner contre lui un jour », argumente-t-il.

 

Indispensable ?

« Il n’y a pas d’homme indispensable. IBK a beaucoup de raisons de lui faire confiance, mais il n’est pas indispensable », reprend Dr Abdoulaye Tamboura. Un point de vue repris par de nombreux acteurs politiques, notamment de la majorité, qui ont fait de lui sa bête noire. « Est indispensable qui représente une force non négligeable. Ce n’est pas le cas du parti de Boubeye », assène un cadre du RPM. En attendant, le PM occupe le terrain, fort de la confiance du « chef », avec lequel « il entretient une relation, non pas d’amitié, mais de respect et d’estime mutuels », selon un proche d’IBK. « Le président n’est pas rancunier et ils ont besoin l’un de l’autre. C’est ce qui fait durer ce couple », ajoute t-il. Fort de cet avantage, et à la tête d’un gouvernement où aucune personnalité n’émerge vraiment, Boubeye n’est pas seulement actif dans le domaine sécuritaire. Lors de la journée consacrée à l’interpellation démocratique, le 10 décembre, il tacle les organisations de défense des droits de l’Homme, opposées au projet de loi d’entente nationale. Au même moment, il défend la pertinence de l’arrêté interdisant les marches et attroupements au niveau des grands axes de la capitale. Intransigeant, il parvient à calmer les ardeurs de l’opposition. Tout en se disant ouvert au dialogue. « Depuis qu’il est là, rien ne bouge en réalité, mais les autres politiques sont obligés de se taire, par ce qu’il en sait trop sur eux », pense savoir le politologue Boubacar Bocoum. Certains des acteurs de mars 91, comme Oumar Mariko du parti SADI, « se demandent aujourd’hui s’il s’agit du même homme que celui avec lequel ils ont défié la dictature de l’époque »…

La question de l’après IBK

Le parti du Premier ministre, l’ASMA-CFP, enregistre des adhésions massives depuis sa reconduction. De 4 députés en août, il en revendique désormais 21 et plus de 300 conseillers communaux, essentiellement au détriment du RPM, dont plusieurs élus ont quitté le parti car l’investiture pour les législatives leur avait été refusée. « C’est quand même extraordinaire que le parti du président perde des députés au profit de celui de son Premier ministre. Ce sont des calculs pour l’après IBK », souligne Perignama Sylla du Bara. Boubeye se garde bien d’en parler et élude systématiquement toute question portant sur 2023. Mais avec « un leader de l’opposition, Soumaïla Cissé, affaibli par sa 3ème défaite à l’élection présidentielle, et une majorité où personne n’émerge vraiment, il apparaitrait comme un candidat sérieux », prévient un diplomate en poste à Bamako. En 2007, SBM avait obtenu un très faible score lors du scrutin présidentiel. La progression de l’ASMA sur l’échiquier politique provoque la colère au sein du parti présidentiel, où beaucoup ne digèrent pas le silence d’IBK. De là à y voir un soutien déguisé pour 2023 ? « Nous n’y croyons pas, car Boubeye quittera la Primature bien avant la fin du mandat, et son parti connaîtra un reflux, tout comme le nombre de ses laudateurs », affirme un cadre RPM. Le contexte actuel donne pourtant le champ libre au locataire de la Primature. « IBK est vieillissant et sortant. Le RPM n’a pas été capable de travailler pour lui et SBM s’est mis à sa disposition, avec ses hommes et tout ce qu’il faut. Qui aujourd’hui peut lui faire de l’ombre ? », s’interroge Boubacar Bocoum.

Pour tenter de succéder au président, le Tigre doit résoudre une équation à deux inconnues : se maintenir le plus longtemps possible à son poste pour affirmer sa stature d’homme d’État, et créer un lien populaire avec les Maliens, qui le craignent plus qu’ils ne l’aiment.

 

Ilad Ag Mohamed : « Dès lors que les gens respectaient l’intégrité territoriale du Mali, rien n’interdisait de brandir un drapeau »

Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maiga, a effectué une visite le 23 mars  à Kidal. Une première pour un chef du gouvernement depuis 4 ans. Elle est apparue comme annonciatrice d’une nouvelle ère, basée sur la confiance. Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), livre à Journal du Mali ses impressions sur ce déplacement.

Sur quoi ont porté vos échanges avec le Premier ministre ?

Ils ont porté essentiellement sur une nouvelle façon de faire. Il veut asseoir la confiance entre les acteurs et écouter les populations pour savoir directement ce qu’elles veulent. Nous pensons que c’est une bonne chose. Nous sommes  longtemps  restés dans l’immobilisme. Maintenant, on s’est dit qu’il faut anticiper pour qu’il n’y ait plus de prétextes. Il s’agissait de briser la  glace entre les différents acteurs en termes de mesures de confiance.

Pensez-vous que cette visite va accélérer le chronogramme pour le retour effectif de l’administration à Kidal ?

Oui. Nous avons un chronogramme qui  été  signé il y a quelques jours.  Avec cette nouvelle feuille de route, nous pensons que la  mise en œuvre de l’Accord sera facilitée. Aujourd’hui, ce qui est sûr, c’est que les messages du genre « aucun Premier ministre n’a été admis à Kidal » sont désormais derrière nous. On verra. Tout dépendra une fois de plus de la volonté et de l’engagement du gouvernement. Nous ne cessons de le dire.

Lors de cette visite, des couacs ont été relevés, comme l’exhibition du drapeau de l’Azawad et des chants indépendantistes de femmes. Était-ce délibéré ?

Ce sont des gens qui croient profondément en l’Azawad  et en son drapeau. Ils s’expriment librement. Qu’est-ce qu’on attend de nous ? De les empêcher de scander ? Ou de leur interdire de faire flotter leur drapeau ? Les gens ont dit ce qu’ils pensaient et je crois que c’était aussi l’un des intérêts de cette visite. Le Premier ministre doit écouter. En tout cas, il n’est jamais revenu vers nous  pour nous demander de quoi il s’agissait. Les gens ont le droit de s’exprimer démocratiquement et rien n’interdit d’exhiber un drapeau. Dès lors que les gens respectaient l’intégrité territoriale du pays et les autres aspects, rien n’interdisait de brandir un drapeau.

Il a été aussi question de l’élection présidentielle. Pensez-vous  que les conditions seront réunies d’ici là pour sa tenue ?

On verra. C’est le Premier ministre qui a tous les moyens entre les mains pour organiser les élections. Pour nous, de notre côté, rien ne peut empêcher l’organisation des scrutins.

Israël : la police recommande l’inculpation de Netanyahu pour corruption

Impliqué dans plusieurs affaires de corruption, le Premier ministre israélien a clamé son innocence ce mardi, excluant de démissionner.

« Ces recommandations n’ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique », a déclaré Benjamin Netanyahu en réfutant toutes les accusations de la police.

La police israélienne a indiqué mardi 13 février avoir recommandé à la justice d’inculper pour corruption, fraude et abus de confiance le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a de nouveau clamé son innocence lors d’une allocution télévisée. La décision de mettre officiellement en examen l’homme de 68 ans dépend maintenant du procureur général Avishaï Mandelblit, qui pourrait mettre plusieurs semaines ou mois avant de trancher. Dans un communiqué, la police a assuré « qu’il existait suffisamment de preuves contre le Premier ministre pour l’inculper pour avoir accepté des pots-de-vin, pour fraude et abus de confiance ». Les médias israéliens avaient au préalable annoncé que la police avait recommandé l’inculpation du Premier ministre pour corruption dans deux affaires, après deux ans d’enquête.

Peu après, M. Netanyahu a pris la parole à la télévision pour confirmer sa mise en examen et a clamé son innocence. « Ces recommandations n’ont aucune valeur juridique dans un pays démocratique », a déclaré Benjamin Netanyahu en réfutant toutes les accusations de la police. Au cours de l’enquête, il n’avait cessé de répéter la même formule : « Il ne se passera rien parce qu’il ne s’est rien passé. »

Des dizaines de milliers de dollars de pots-de-vin ?

La première affaire qui est reprochée à Benjamin Netanyahu est d’avoir reçu des cadeaux, par exemple des cigares de luxe dont il est friand de la part de riches personnalités comme James Packer, milliardaire australien, ou Arnon Milchan, producteur israélien à Hollywood. Leur valeur totale a été chiffrée par les médias à des dizaines de milliers de dollars. La police a également estimé qu’il y avait corruption à propos d’un accord secret que M. Netanyahu aurait tenté de passer avec le propriétaire du Yediot Aharonot pour une couverture favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant.

Netanyahu a été soupçonné à plusieurs reprises par le passé, sans être inquiété. À la tête du gouvernement depuis 2009, après un premier mandat entre 1996 et 1999, M. Netanyahu a dépassé les onze ans de pouvoir. Sans rival apparent, il battra le record de longévité de l’historique David Ben Gourion, fondateur de l’État d’Israël, si l’actuelle législature va jusqu’à son terme en novembre 2019. La ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked a déjà affirmé qu’un Premier ministre inculpé officiellement n’était pas obligé de démissionner.

Nouveau gouvernement : entre interrogations et attentes

Nommé le 30 décembre 2017, Soumeylou Boubèye Maïga est devenu le cinquième premier ministre de la première législature du président Ibrahim Boubacar Keïta. Si certains acteurs politiques y voient la preuve d’une « instabilité institutionnelle », ils attendent de ce gouvernement qu’il relève le défi de l’organisation des futures élections.

Aussitôt nommé, le nouveau Premier ministre a constitué son équipe, le 31 décembre 2017, composée de 36 membres. Un « gouvernement pléthorique, incohérent et ne respectant pas la loi sur la parité », selon Mody Ndiaye, président du groupe parlementaire VRD à l’Assemblée Nationale et député de l’URD parti de l’opposition.  S’il dit prendre acte de la nomination d’un cinquième Premier ministre, Monsieur Amadou Aya du parti Yelema, aussi membre de l’opposition, estime que cela dénote d’une instabilité institutionnelle. Si c’est au président de choisir l’homme qui mettra en œuvre la politique pour laquelle il a été élu, c’est à lui de faire ce « bon choix », estime Monsieur Aya, parce que à « chaque fois qu’il y a changement d’homme, c’est un changement de direction » et donc la preuve d’une instabilité ou même d’« un manque de vision et de cap », selon  Mody Ndiaye. S’il ne doute pas des capacités de l’actuel Premier ministre qui connaît l’appareil et a une expérience certaine, le porte-parole du parti Yelema s’interroge sur ses possibilités à « avoir les coudées franches ». Surtout par rapport au contenu que pourrait avoir certains départements. Monsieur Aya déclare même avoir des « appréhensions » par exemple concernant, les ministères scindés en trois départements comme le ministère de l’Administration territoriale, le ministère des Collectivités territoriales et le ministère du Développement local. « Quel contenu pourrait-on mettre dans un tel département », s’interroge le porte-parole qui trouve qu’une telle division ne se justifie pas. Il s’agit même d’une absence de lisibilité de l’action publique, s’inquiète pour sa part Mody Ndiaye.

Six mois et de nombreux défis

S’ils n’attendent pas grand chose de ce gouvernement qui n’a ni « l’ambition » ni les moyens de « redresser la gouvernance » considérée comme « un échec patent », par Mody Ndiaye, nos interlocuteurs demandent qu’il assure l’organisation d’« élections crédibles, transparentes et aux dates voulues ».
Si elle ne se réjouit pas du départ d’Abdoulaye Idrissa Maïga, remplacé par Soumeylou Boubeye Maïga, la présidente des femmes du Rassemblement Pour le Mali (RPM) le parti au pouvoir, espère aussi que ce nouveau gouvernement puisse continuer « à aboutir à la paix et à l’accalmie sociale et surtout qu’on aille aux élections locales et présidentielle et que ces dates ne soient pas ratées », selon Madame Diawara Aïssata Lady Touré, la présidente des femmes du RPM. 

Yelema quitte la majorité présidentielle

Après quatre mois de suspension de sa participation à la majorité présidentielle, le parti Yelema a quitté la majorité présidentielle. Une décision qui fait suite au constat des « dérives » du régime actuel et son incapacité à trouver les solutions aux maux de la société.

Après avoir soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de la présidentielle, en 2013 et l’avoir accompagné pendant 3 ans, le parti Yelema se retire de la majorité présidentielle, non sans amertume. « Nous avons soutenu le président (IBK) sur la base de son programme. Notre président a été nommé ministre et a assumé les fonctions de Premier ministre. Mais force est de constater que trois ans après, la grande majorité des attentes des populations n’a pas été comblée et nous constatons une dérive totale qui mène le pays vers des lendemains sans issue », affirme Monsieur Amadou Aya, Secrétaire politique du parti Yelema.
Le parti en veut pour preuve, l’insécurité qui gangrène le nord et maintenant le centre du pays. Yelema reproche également au gouvernement de « ne pas être à l’écoute de la population ». L’une des raisons qui ont, d’ailleurs conduit le parti à suspendre sa participation à la majorité présidentielle, lors du processus de révision constitutionnelle. Car si Yelema soutenait la révision constitutionnelle, il estimait que le moment n’était pas opportun et jugeait le processus pas assez inclusif. Des arguments qui justifient la fin de l’alliance entre le parti de Moussa Mara et le camp du régime du président IBK.

Une opposition dite « républicaine »

Désormais, dans l’opposition, le parti entend garder son indépendance et n’entend pas s’allier à une opposition dite « républicaine ». Le parti qui souhaite un renouvellement de la classe politique à travers de nouvelles façons de faire, ne jure que par l’alternance, en 2018. Et il ne s’agit pas seulement pour eux de changer le parti au pouvoir et ses alliés, mais de changer profondément la classe politique. Même ceux qui ne sont pas actuellement au pouvoir, ne sont pas plus crédibles aux yeux du parti Yelema. Car « la plupart d’entre eux étaient aussi de la majorité, étant issu du parti majoritaire du 26 mars 1991, notamment le parti ADEMA », soutient le Secrétaire politique de Yelema. Ne pourrait-on pas faire le même reproche au parti Yelema qui a aussi exercé le pouvoir ? « Nous sommes comptables de notre bilan et nous l’assumons », ajoute Monsieur Aya.

Réaffirmant la volonté de son parti de contribuer au changement, en 2018, le parti Yelema n’entend pas cependant être la seule force à l’incarner. « L’alternative ne se trouve pas que dans Yelema. Il y a d’autres hommes et femmes de valeur qui peuvent incarner cette alternance. Nous sommes conscients qu’un parti seul ou un homme seul ne peut faire ce changement. (…) Si ce choix ne se portait pas sur nous, nous sommes prêts à mettre de côté notre candidature pour soutenir cet homme ou cette femme », conclut Monsieur Aya.

Le Premier Ministre s’est rendu à Soumpi

Cette petite bourgade de la région de Mopti est l’épicentre de l’influence du prédicateur radical Amadou Kouffa, leader de la Katiba Macina et membre de l’engeance terroriste qui réunit plusieurs autres groupes terroristes de la zone. Important dispositif militaire et attentes immenses des populations sont les symboles de cette visite inédite d’un chef de gouvernement dans le village.

Rester debout

C’est le lundi 6 novembre que la visite du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga était prévue dans les localités de Niafunké et Soumpi. Mais les attaques contre les forces de sécurité et les civils, qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes pour cette seule journée dans la région, ont obligé une révision de l’agenda. Il faut rappeler qu’Abdoulaye Idrissa Maïga effectue une tournée au centre et au nord du Mali depuis le vendredi 3 novembre, prenant fin ce mardi 7 novembre. Kouakourou, Teninkou, Youwarou, dans la région de Mopti, ont été parmi les temps forts de cette mission qui avait pour objectif de rassurer les populations du soutien des autorités maliennes face à  l’insécurité chronique à  laquelle elles sont confrontées.

Soumpi, à 40 km de Niafunké, région de Tombouctou. Lundi 06 novembre, un véhicule de l’armée saute sur une mine provoquant trois blessés graves. Le Premier ministre sur place le lendemain veut réconforter les troupes et porter un  message de fermeté vis-à-vis des terroristes. Arrivé sur place à 7h, M. Maïga s’est rendu sur la base de vie de la SATOM où un briefing lui a été présenté par le comandant de GTIA El Farouk, le Colonel Dembélé. La dernière étape de la tournée a été Niafunké, également sous la menace des djihadistes. Le Premier ministre y a eu un échanges avec les populations sur les préoccupations du cercle. Il les a exhortées à « rester debout ».

 

Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre français

Edouard Philippe a été nommé ce lundi 15 mai Premier ministre d’Emmanuel Macron. Cet énarque de 46 ans, réputé « très bosseur », maire du Havre et juppéiste convaincu demeure méconnu pour nombre de français.

Il grandit à Rouen dans une famille plutôt ancrée à gauche et fait ses premières armes au PS dans ses années Sciences-Po. Il soutient alors Michel Rocard –  tout comme Emmanuel Macron qui l’avait pris pour modèle –  avant de se rapprocher de la droite, deux ans plus tard. « C’était un vrai centriste, drôle et sympathique, ami aussi bien avec des gens de gauche que de droite », se souvient son ancien camarade de promo à l’ENA, Julien Carmona (Directeur général délégué de Nexity) sur le site de Challenges.

A la sortie de l’ENA, il devient Conseiller d’Etat et se lie à Antoine Rufenacht, alors maire du Havre, qu’il soutient aux législatives et qui lui cède sa place en 2010. Après plusieurs années dans le secteur privé, Edouard Philippe se rapproche d’Alain Juppé dont il devient le directeur de cabinet (sous Sarkozy en 2007) puis son porte-parole durant les primaires du centre et de la droite. Après la défaite du candidat, “l’affaire Penelope”  l’incite à prendre ses distances avec François Fillon.

Edouard Philippe est marié et père de trois enfants. Tout comme Emmanuel Macron, qui a écrit un livre d’aventures, l’homme politique est un érudit, auteur de l’Heure de vérité (ed. Flammarion), une fiction politique éditée chez Flammarion, et Dans l’ombre, un roman contemporain chez JC Lattès.