Que se passe-t-il en Centrafrique?

Enclavée au C’œur de l’Afrique centrale, la République centrafricaine est l’un des pays les plus pauvres du monde, malgré ses richesses potentielles, minières et agricoles. Ses cinq millions d’habitants ont subi le règne de l’empereur Jean-Bedel Bokassa de 1965 à  1979, marqué par ses frasques et ses exactions, dont le massacre d’écoliers en janvier 1979. Arrivé au pouvoir par la force en 2003, le président centrafricain François Bozizé voit son autorité contestée par la rébellion du Séléka (« alliance » en sango, la langue nationale), qui a pris les armes depuis le 10 décembre. Mardi, Kaga Bandoro a été le quatrième chef-lieu de préfecture du pays a être attaqué et occupé par la rébellion après Ndélé (nord), Bria (centre) et Bambari (centre-sud). Bien que la rébellion ait assuré qu’il n’était pas dans son intention de conquérir la capitale, François Bozizé a appelé, jeudi 27 décembre, la France et les Etats-Unis à  l’aider à  la stopper. Les armes pour réclamer la paix En 2003, le général François Bozizé renversait Ange-Félix Patassé, élu dix ans plus tôt. Trois ans après, les rébellions de l’Armée populaire pour la restauration de la République et la démocratie (APRD) et de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UF se sont emparées de plusieurs localités du Nord-Est, dont Birao, reprises avec l’aide de la France et de ses Mirage F1. En 2010, la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) est entrée dans Birao, reprise cette fois par l’armée tchadienne. Les trois rébellions avaient conclu sous l’égide du Gabon un « accord de paix global », prévoyant la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants. Le 10 décembre dernier, la coalition rebelle du Séléka, composée de factions dissidentes, prend les armes pour réclamer « le respect » de ces accords. Ils se sont rapidement emparés, dans le centre du pays, de la ville diamantifère de Bria, dans le sud, de la ville aurifère de Bambari et de Kaga Bandoro. Des renforts étrangers En face, l’armée régulière centrafricaine a opposé peu de résistance. Hier, François Bozizé a appelé à  l’aide Américains et Français. La France a déclaré qu’elle n’enverra pas de troupes à  Bangui mais a demandé aux deux parties de déposer les armes. Le Tchad a quant à  lui répondu positivement à  l’appel de Bozizé. Les renforts tchadiens campent aux portes de Bangui. Le contingent de l’armée tchadienne, doit servir de « force d’interposition », selon N’Djamena. Les Tchadiens, rompus au combat et plus lourdement équipés, pourraient être le dernier rempart contre une victoire des rebelles. N’Djamena, allié historique de François Bozizé, avait déjà  envoyé ses troupes en 2003 pour l’aider à  prendre le pouvoir. De son côté, la force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), qui compte plusieurs centaines de militaires en Centrafrique, a annoncé jeudi matin l’envoi de nouvelles troupes. « Bangui est sécurisée au maximum par les troupes », mais « d’autres troupes vont arriver pour renforcer cette mission de sécurisation de Bangui », a déclaré à  la radio nationale le commandant de la Fomac, le général Jean-Félix Akaga. Il n’a toutefois donné aucun détail sur le nombre et la date d’arrivée de ces éventuels renforts.Cette force multinationale, mise en place en 2008, avait pour mission d’aider à  consolider la paix dans le pays miné par des années de guerres civiles et de nombreuses rébellions.