Coupures d’électricité : Un problème sans solutions ?

Malgré la mobilisation tous azimuts des autorités actuelles et anciennes pour redynamiser Énergie du Mali SA (EDM SA), la société publique de fourniture d’électricité ne réussit toujours pas à répondre efficacement à la demande en courant du pays. Entretenant une crise énergétique de longue durée dont l’issue est incertaine.

Devant les caméras de la télévision nationale le vendredi 19 mai 2023, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau, Lamine Seydou Traoré, a fait son mea-culpa. « Je voudrais présenter les excuses d’EDM aux Maliens pour le désagrément subi par rapport aux perturbations dans la fourniture du service public de l’électricité. Sans vouloir nous dédouaner, il est important d’expliquer à nos populations les contraintes, malgré tous les efforts qui ont été consentis par le gouvernement ».

Son intervention était attendue, mais elle n’a vraiment pas rassuré, si l’on se réfère à la quarantaine de réactions suite à sa publication sur la page Facebook du ministère. « Après toutes les coupures d’électricité, on s’attendait à une suite favorable », commente un internaute. Elle n’a pas non plus permis de faire baisser les plaintes, qui continuent de s’intensifier sur les réseaux sociaux, contre EDM. D’autant que, selon le ministre, « depuis 2020, le secteur de l’Énergie avait un certain nombre de défis, qui n’ont pas changé à la date d’aujourd’hui ». Il s’agit d’une forte croissance de la demande, d’une insuffisance de la production qui a occasionné une dépendance du Mali vis à vis de pays étrangers dans la fourniture de l’électricité et de difficultés à financer la société EDM SA. Ce qui a comme conséquences des coupures de courant allant « jusqu’à 12h par jour » et qui occasionnent de multiples arrêts de travail et des « décès dans certains hôpitaux ». Cela bien que la subvention de l’État à l’EDM soit passée de 30 à 45 milliards de francs CFA, et que le Mali ait bénéficié en mars dernier d’un prêt de 45 milliards de francs CFA de la part de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

Mobilisés

La situation se dégrade et les solutions tardent à venir. Au plus haut sommet de l’État, la question énergétique tourmente. En février dernier, trois ministres, Abdoulaye Maïga, Alousséni Sanou et Lamine Seydou Traoré ont été mobilisés par le gouvernement lors du Salon des Investisseurs pour l’Énergie au Mali (SIEMA 2023), dans l’optique de plaider auprès des partenaires pour débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour financer le Plan de Développement du sous-secteur de l’Électricité sur la période 2022 – 2026.

L’activité de deux jours, qui a réuni plus de 200 participants, n’a finalement réussi à récolter que 50 milliards. C’est dire les difficultés qu’ont les autorités du Mali à rassembler des fonds pour le secteur de l’Énergie. Pourtant, depuis 2006 le pays a adopté une Politique énergétique nationale dont l’objectif est de « contribuer au développement durable du pays à travers la fourniture de services énergétiques accessibles au plus grand nombre de la population au moindre coût et favorisant la promotion des activités socio-économiques ». Cela a eu comme impact l’accroissement de l’accès à l’électricité au Mali. Le taux d’électrification étant passé de 14% en 2004 à environ 54% en 2021, avec toutefois des disparités entre les milieux urbains et les zones rurales, où l’accès au courant reste encore très limité (environ 25% en 2021).

D’autres plans stratégiques et sectoriels sont également en cours d’adoption, selon le gouvernement. Il s’agit du Plan directeur de production à moindre coût, du Plan directeur transport-distribution de la ville de Bamako et de ses environs, ainsi que du Plan directeur des investissements optimaux 2016 – 2035 (estimé à plus de 300 milliards de francs CFA) et du Plan directeur d’électrification rurale (42 milliards). S’y ajoute l’actuel Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022 – 2026 qui a été adopté le 30 mars 2022 en Conseil des ministres. Estimé à plus de 2000 milliards de francs CFA, ce projet œuvre à améliorer le mix énergétique afin de sortir le Mali de la dépendance au thermique, qui constitue plus de 50% du parc de production d’EDM.

Difficultés

Malgré tous ces plans d’investissement, le secteur de l’électricité reste confronté à des difficultés qui compromettent la pérennisation de ses acquis et son développement. Il s’agit plus particulièrement des difficultés d’investissement dans les installations de production, de transport et de distribution d’EDM. La société, endettée et déficitaire, n’arrive pas non plus à s’autofinancer. « Si l’on soustrait le coût des achats de combustibles et d’énergie du prix auquel l’énergie est vendue par EDM, l’entreprise se retrouve déficitaire. Son coût de production d’énergie se situe entre 140 et 160 francs CFA le kWh, alors qu’elle le vend aux populations 90 francs CFA en moyenne », a expliqué le ministre en charge de l’Énergie.

Au nombre des difficultés de l’entreprise publique de fourniture d’électricité, une forte dépendance à la production thermique, qui représente plus de 50% de la production générale. Rien que sur la période 2015 – 2021, EDM-SA a acheté 855 millions de litres de combustibles pour près de 570 milliards de francs CFA. En 2022, a renchéri le chef du département de l’Énergie, EDM SA a dépensé dans les achats de carburants 193 milliards de francs CFA pour un chiffre d’affaire de 200 milliards. Une situation qui pénalise fortement la société, d’autant plus que depuis le début de la crise russo-ukrainienne, le prix du carburant a nettement augmentéé. De 400 à 500 francs en 2021, il est passé à plus de 800 francs CFA en 2022.

Mix énergétique

« EDM-SA, tout comme ses clients, doit être engagée dans des actions d’économie d’énergie et d’accélération de pénétration de l’énergie solaire. La stratégie de communication d’EDM-SA doit évoluer à cet effet et le ministère devra fixer les objectifs et résultats à atteindre pour minimiser les impacts de la forte demande d’électricité en période de chaleur, encouragée par les changements climatiques », recommande Bagui Diarra. Selon ce spécialiste des questions énergétiques, les moyens essentiels pour garantir un bon approvisionnement en électricité au Mali se résument à la maîtrise de la consommation d’électricité et à l’efficacité énergétique au niveau de la demande, ainsi qu’à l’intensification de l’autoproduction ou de la production décentralisée à partir de l’intensification de l’énergie solaire photovoltaïque. « En outre, l’État doit soutenir les investissements de production d’électricité à partir notamment des énergies renouvelables, avec des garanties concrètes du gouvernement et un partage approprié des risques », explique-t-il.

Les énergies renouvelables, prisées par les États pour des raisons environnementales et financières, sont des alternatives dont les autorités entendent user pour réussir leur projet de mix énergétique et pallier les difficultés d’EDM. « Elles constituent une solution durable pour l’accès universel aux services énergétiques modernes et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable du Mali à l’horizon 2030. Leur utilisation à grande échelle est placée au centre des politiques et stratégies nationales, mais aussi régionales et internationales auxquelles notre pays adhère, pour, d’une part, maintenir un cadre de vie durable et, d’autre part, renforcer particulièrement l’accès à l’énergie pour soutenir la croissance économique et le développement social », expliquait en février dernier le Porte-parole du gouvernement, le ministre Abdoulaye Maïga, lors du SIEMA 2023. En outre, a indiqué vendredi dernier le ministre en charge de l’Énergie, avec « ses nouveaux partenaires » le Mali travaille à trouver une issue aux difficultés créées par la crise énergétique. De quoi espérer une solution définitive ? Difficile de répondre par l’affirmative, tant l’intervention du ministre Lamine Seydou Traoré ressemble plus à un aveu qu’à une annonce de solution. « Le gouvernement a tout fait, tout mis en œuvre, pour que cette année les Maliens puissent dire que la fourniture de l’électricité avait connu une nette amélioration. Mais comme on le dit, l’homme propose, Dieu dispose », a-t-il dit sur les antennes de l’ORTM.

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Qu’est-ce qui maintient l’Afrique dans l’obscurité ?

L’éducation est la clé du développement et si un pays veut avancer, il doit se préparer à  y investir massivement. Certaines sociétés développées et d’autres en cours de développement ont non seulement mis au point un cadre pour une éducation cohérente et saine mais ils se sont aussi taillés une niche pour eux-mêmes dans des domaines spécifiques. Et cela contribue largement à  la réputation et la richesse d’un pays. Les à‰thiopiens par exemple, sont toujours fiers de dire que l’école éthiopienne de formation des pilotes est sans doute la meilleure en Afrique. Inutile de dire que la compagnie aérienne éthiopienne enregistre la croissance la plus rapide et qu’elle est la compagnie africaine la plus rentable. Quand on parle de certains domaines, on pense automatiquement à  certaines parties du monde, et c’est le cas essentiellement parce qu’ils ont investi massivement dans l’éducation. Bien que de plus en plus d’Africains soient instruits dans la difficulté et que le taux d’alphabétisation soit effectivement en amélioration, compte tenu de notre vitesse d’escargot, le chemin est encore long. En 1990, le taux d’alphabétisation des adultes dans toute l’Afrique était de 52% avec plus de 177 millions d’analphabètes. En 2008, il était de 63% avec plus de 200 millions d’analphabètes. L’Afrique a besoin d’une société avancée technologiquement et la solution réside dans de plus en plus dans l’éducation. La performance remarquable et le progrès économique que les pays africains ont réalisé auraient été impossibles sans l’éducation du peuple. Un des avantages de l’éducation et de la technologie est qu’elles apportent l’émancipation. Les citoyens sont libérés des chaà®nes de l’esclavage mental, ils deviennent confiants et audacieux pour poser des questions sur leur bien-être, et parcourir un long chemin qui leur permettra d’oser demander des comptes à  leur gouvernement. L’incapacité à  remettre en question l’autorité provient d’un manque de confiance, en raison du manque de connaissances et du manque d’analyse correcte des questions nationales. Je sens encore fortement que les dirigeants africains veulent volontairement garder leurs citoyens sous contrôle en rendant l’éducation hors de portée. Pourquoi un gouvernement maintiendrait des étudiants à  la maison pendant plusieurs mois, tout comme le gouvernement nigérian est en train de faire ? Il est honteux que ce continent ait le plus grand nombre d’enfants non scolarisés. Quand nous gardons ces jeunes dans l’obscurité et que nous gardons le silence sur ce sujet, nous hypothéquons notre avenir. Nous réduisons nos chances pour un avenir meilleur, et alors nous devenons désespérés ! Le fait que l’impact de l’éducation des jeunes pourrait ne pas se faire sentir immédiatement ne signifie pas que le continent africain peut s’en tirer en refusant d’investir dans le capital humain. Devons-nous attendre pour les dix ou vingt prochaines années avant de nous réveiller de notre sommeil ? C’est tellement horrible à  voir certaines écoles à  Lagos, au Nigeria, o๠les élèves s’assoient toujours sur le plancher parce qu’il n’y a pas de chaises. Quelques amis et moi-même étions dans une école à  Lagos, il y a quelques années, lors de la réalisation d’un projet communautaire qui consistait en la distribution de livres aux écoles. Je ne pouvais pas supporter la chaleur dans certaines des classes et je me demandais comment ces enfants étaient en mesure de comprendre ce qui leur a été enseigné. Même quand ils arrivent à  apprendre, qu’en est-il de leur estime et leur niveau de confiance ? Ne traitons pas les enfants comme des animaux si nous souhaitons qu’ils soient en mesure de tenir tête à  leurs homologues dans d’autres régions du monde. Si l’Afrique veut devenir puissante un jour, il faut d’abord qu’elle trouve sa place dans l’économie mondiale fondée sur le savoir. Elle doit être en mesure de présenter une masse critique de lettrés qui sont innovateurs, doués dans la résolution de problèmes et dédiés à  un mode de vie orienté vers l’apprentissage, et cela doit être achevé dans un délai accéléré. Comment pouvons-nous y parvenir avec un matériel pédagogique médiocre, des bibliothèques et des livres inutiles, et le pire de tous, des programmes obsolètes ? Comment pouvons-nous attendre d’élèves apprenant par C’œur au 21e siècle qu’ils deviennent des entrepreneurs ayant des compétences en pensée critique ? Le développement vient avec l’éducation supérieure et l’acquisition de connaissances. S’il est vrai qu’une chaà®ne est aussi forte que son maillon le plus faible, il peut aussi être dit que la nation est aussi faible que son groupe le moins instruit. Nous devenons faibles, archaà¯ques et sous-développés quand nous acceptons avec résignation l’ignorance.