Délestages : Un programme aléatoire

Malgré les annonces, la société EDM-SA peine à rassurer les consommateurs. Rendu public à la veille du début du mois de Ramadan, son programme de délestages fait couler beaucoup d’encre. Entre incompréhension et non respect, l’amélioration espérée n’est pas encore au rendez-vous.

« Nous attendons d’y voir plus clair pour pouvoir nous prononcer », déclare le responsable d’une association de consommateurs. Dans un communiqué rendu public le 12 mars 2024, la société EDM-SA est montée au créneau pour dénoncer une fausse annonce, via les réseaux sociaux, d’un nouveau programme de délestages concernant le mois de Ramadan. En invitant les consommateurs à s’en tenir au programme déjà publié via son site ou la chaîne nationale ou l’AMAP, elle se réserve le droit de poursuivre les auteurs de tels actes.

Dans une dynamique de communication pour tenter de rassurer sa clientèle, la société de fourniture d’électricité n’a cependant pas convaincu concernant sa capacité à juguler la crise dans un avenir proche.

Constat d’impuissance

En effet, le programme annoncé est loin de la réalité sur le terrain. De la promesse de 12 heures d’électricité en 2 tranches de 6 heures, nous sommes passés à une fourniture très aléatoire. Faisant dire à certains qu’ils préfèrent l’ancien système. C’est-à-dire pas de programme, l’électricité par moments en attendant une sortie du tunnel.

Dans un point de presse organisé le 7 mars 2024, le Directeur Général de la société a expliqué les causes profondes de la crise. Revenant sur les enjeux de la crise actuelle et les mesures prises pour l’atténuer, il a fait un état des lieux plutôt alarmant. Avec un doublement des besoins tous les 7 ans et les « retards » dans les investissements, le décalage entre la demande et la disponibilité de l’énergie s’est amplifié au fil des ans, avec des déficits dans tous les domaines.

En 2002, alors que les besoins en électricité étaient estimés à 600 millions de Kwh, aujourd’hui ils s’élèvent à 3 milliards 200 millions de Kwh, selon le Directeur Général d’EDM-SA. Dans le même temps, et contrairement à la croissance des besoins, les investissements n’ont pas suivi et le mix énergétique a migré vers un système dépendant des hydrocarbures, dont les coûts, que nous ne maîtrisons point, sont aussi en nette augmentation. Ainsi, il y a 20 ans la production hydroélectrique représentait 83%, contre 17% pour la thermique. Mais, à ce jour, la part de la thermique est de 70%.

Outre la résolution de ses problèmes financiers, EDM-SA envisage une révision de la politique tarifaire, une perspective que les clients appréhendent fortement.

Chiffres

Déficit : 27 millions de Kwh

Besoins en carburant 2024 : 500 millions de litres

Coûts : 309 milliards de francs CFA

Coupures d’électricité : Un problème sans solutions ?

Malgré la mobilisation tous azimuts des autorités actuelles et anciennes pour redynamiser Énergie du Mali SA (EDM SA), la société publique de fourniture d’électricité ne réussit toujours pas à répondre efficacement à la demande en courant du pays. Entretenant une crise énergétique de longue durée dont l’issue est incertaine.

Devant les caméras de la télévision nationale le vendredi 19 mai 2023, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau, Lamine Seydou Traoré, a fait son mea-culpa. « Je voudrais présenter les excuses d’EDM aux Maliens pour le désagrément subi par rapport aux perturbations dans la fourniture du service public de l’électricité. Sans vouloir nous dédouaner, il est important d’expliquer à nos populations les contraintes, malgré tous les efforts qui ont été consentis par le gouvernement ».

Son intervention était attendue, mais elle n’a vraiment pas rassuré, si l’on se réfère à la quarantaine de réactions suite à sa publication sur la page Facebook du ministère. « Après toutes les coupures d’électricité, on s’attendait à une suite favorable », commente un internaute. Elle n’a pas non plus permis de faire baisser les plaintes, qui continuent de s’intensifier sur les réseaux sociaux, contre EDM. D’autant que, selon le ministre, « depuis 2020, le secteur de l’Énergie avait un certain nombre de défis, qui n’ont pas changé à la date d’aujourd’hui ». Il s’agit d’une forte croissance de la demande, d’une insuffisance de la production qui a occasionné une dépendance du Mali vis à vis de pays étrangers dans la fourniture de l’électricité et de difficultés à financer la société EDM SA. Ce qui a comme conséquences des coupures de courant allant « jusqu’à 12h par jour » et qui occasionnent de multiples arrêts de travail et des « décès dans certains hôpitaux ». Cela bien que la subvention de l’État à l’EDM soit passée de 30 à 45 milliards de francs CFA, et que le Mali ait bénéficié en mars dernier d’un prêt de 45 milliards de francs CFA de la part de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

Mobilisés

La situation se dégrade et les solutions tardent à venir. Au plus haut sommet de l’État, la question énergétique tourmente. En février dernier, trois ministres, Abdoulaye Maïga, Alousséni Sanou et Lamine Seydou Traoré ont été mobilisés par le gouvernement lors du Salon des Investisseurs pour l’Énergie au Mali (SIEMA 2023), dans l’optique de plaider auprès des partenaires pour débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour financer le Plan de Développement du sous-secteur de l’Électricité sur la période 2022 – 2026.

L’activité de deux jours, qui a réuni plus de 200 participants, n’a finalement réussi à récolter que 50 milliards. C’est dire les difficultés qu’ont les autorités du Mali à rassembler des fonds pour le secteur de l’Énergie. Pourtant, depuis 2006 le pays a adopté une Politique énergétique nationale dont l’objectif est de « contribuer au développement durable du pays à travers la fourniture de services énergétiques accessibles au plus grand nombre de la population au moindre coût et favorisant la promotion des activités socio-économiques ». Cela a eu comme impact l’accroissement de l’accès à l’électricité au Mali. Le taux d’électrification étant passé de 14% en 2004 à environ 54% en 2021, avec toutefois des disparités entre les milieux urbains et les zones rurales, où l’accès au courant reste encore très limité (environ 25% en 2021).

D’autres plans stratégiques et sectoriels sont également en cours d’adoption, selon le gouvernement. Il s’agit du Plan directeur de production à moindre coût, du Plan directeur transport-distribution de la ville de Bamako et de ses environs, ainsi que du Plan directeur des investissements optimaux 2016 – 2035 (estimé à plus de 300 milliards de francs CFA) et du Plan directeur d’électrification rurale (42 milliards). S’y ajoute l’actuel Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022 – 2026 qui a été adopté le 30 mars 2022 en Conseil des ministres. Estimé à plus de 2000 milliards de francs CFA, ce projet œuvre à améliorer le mix énergétique afin de sortir le Mali de la dépendance au thermique, qui constitue plus de 50% du parc de production d’EDM.

Difficultés

Malgré tous ces plans d’investissement, le secteur de l’électricité reste confronté à des difficultés qui compromettent la pérennisation de ses acquis et son développement. Il s’agit plus particulièrement des difficultés d’investissement dans les installations de production, de transport et de distribution d’EDM. La société, endettée et déficitaire, n’arrive pas non plus à s’autofinancer. « Si l’on soustrait le coût des achats de combustibles et d’énergie du prix auquel l’énergie est vendue par EDM, l’entreprise se retrouve déficitaire. Son coût de production d’énergie se situe entre 140 et 160 francs CFA le kWh, alors qu’elle le vend aux populations 90 francs CFA en moyenne », a expliqué le ministre en charge de l’Énergie.

Au nombre des difficultés de l’entreprise publique de fourniture d’électricité, une forte dépendance à la production thermique, qui représente plus de 50% de la production générale. Rien que sur la période 2015 – 2021, EDM-SA a acheté 855 millions de litres de combustibles pour près de 570 milliards de francs CFA. En 2022, a renchéri le chef du département de l’Énergie, EDM SA a dépensé dans les achats de carburants 193 milliards de francs CFA pour un chiffre d’affaire de 200 milliards. Une situation qui pénalise fortement la société, d’autant plus que depuis le début de la crise russo-ukrainienne, le prix du carburant a nettement augmentéé. De 400 à 500 francs en 2021, il est passé à plus de 800 francs CFA en 2022.

Mix énergétique

« EDM-SA, tout comme ses clients, doit être engagée dans des actions d’économie d’énergie et d’accélération de pénétration de l’énergie solaire. La stratégie de communication d’EDM-SA doit évoluer à cet effet et le ministère devra fixer les objectifs et résultats à atteindre pour minimiser les impacts de la forte demande d’électricité en période de chaleur, encouragée par les changements climatiques », recommande Bagui Diarra. Selon ce spécialiste des questions énergétiques, les moyens essentiels pour garantir un bon approvisionnement en électricité au Mali se résument à la maîtrise de la consommation d’électricité et à l’efficacité énergétique au niveau de la demande, ainsi qu’à l’intensification de l’autoproduction ou de la production décentralisée à partir de l’intensification de l’énergie solaire photovoltaïque. « En outre, l’État doit soutenir les investissements de production d’électricité à partir notamment des énergies renouvelables, avec des garanties concrètes du gouvernement et un partage approprié des risques », explique-t-il.

Les énergies renouvelables, prisées par les États pour des raisons environnementales et financières, sont des alternatives dont les autorités entendent user pour réussir leur projet de mix énergétique et pallier les difficultés d’EDM. « Elles constituent une solution durable pour l’accès universel aux services énergétiques modernes et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable du Mali à l’horizon 2030. Leur utilisation à grande échelle est placée au centre des politiques et stratégies nationales, mais aussi régionales et internationales auxquelles notre pays adhère, pour, d’une part, maintenir un cadre de vie durable et, d’autre part, renforcer particulièrement l’accès à l’énergie pour soutenir la croissance économique et le développement social », expliquait en février dernier le Porte-parole du gouvernement, le ministre Abdoulaye Maïga, lors du SIEMA 2023. En outre, a indiqué vendredi dernier le ministre en charge de l’Énergie, avec « ses nouveaux partenaires » le Mali travaille à trouver une issue aux difficultés créées par la crise énergétique. De quoi espérer une solution définitive ? Difficile de répondre par l’affirmative, tant l’intervention du ministre Lamine Seydou Traoré ressemble plus à un aveu qu’à une annonce de solution. « Le gouvernement a tout fait, tout mis en œuvre, pour que cette année les Maliens puissent dire que la fourniture de l’électricité avait connu une nette amélioration. Mais comme on le dit, l’homme propose, Dieu dispose », a-t-il dit sur les antennes de l’ORTM.

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Production énergétique : La transition en marche

 

Au Mali, autorités politiques et sociétés publiques de production d’électricité se mobilisent pour donner un nouvel élan au secteur de l’Énergie, à travers des politiques de diversification des moyens de production. Outre le Plan d’action énergétique adopté par le gouvernement en mars 2022, Énergie Du Mali (EDM SA) et la Direction nationale de l’Énergie (DNE) ont organisé cette semaine le Salon des investisseurs pour l’énergie au Mali (SIEMA 2023) dans l’optique de débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour financer des projets prioritaires dans les domaines de la production, du transport et de la distribution. Une mobilisation tous azimuts qui, espère le gouvernement, permettra de trouver une solution à la crise énergétique que connaît le pays.

C’est un secret de Polichinelle : EDM SA, chargée de la production, du transport et de la distribution des énergies au Mali, n’y arrive pas efficacement. Rien qu’en ce mois de février la fourniture de l’électricité a connu plusieurs perturbations. Face à la situation, en mars 2022, le gouvernement du Mali, expliquant que « EDM connait depuis plusieurs années un déséquilibre financier », a approuvé en Conseil des ministres le Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026 de la structure. Un plan qui, indique-t-il, repose sur un important programme d’investissements axé sur l’exploitation des gisements d’énergies renouvelables et la construction de lignes de transport et de distribution d’électricité afin de limiter la dépendance aux énergies fossiles.

Équilibre financier

L’objectif annoncé est d’apporter des solutions durables aux difficultés du sous-secteur de l’électricité, d’atteindre l’équilibre financier de la société Énergie du Mali et d’améliorer la gouvernance du secteur et le coût du mix de production d’électricité.

Mis en œuvre, le plan permettra, selon les prévisions du gouvernement, l’amélioration du mix énergétique par l’augmentation de la part des importations à travers les interconnexions de 9% de la production totale en 2022 à 26% en 2026, le renforcement de la production solaire de 3% en 2022 à plus de 22% en 2026 et la diminution de la part de la production thermique respectivement de 30% en 2022 à 0% en 2026 pour les achats et de 26,4% à 15,8% pour la part de production propre. « Il est établi depuis fort longtemps que l’énergie est le moteur de tout développement. Qu’il soit socio-économique ou industriel. C’est dans ce cadre que le Mali avait déjà adopté la politique énergétique nationale en 2006, dont l’objectif était de contribuer au développement durable du pays à travers la fourniture de services énergétiques accessibles au plus grand nombre de la population au moindre coût et favorisant la promotion des activités socio-économiques », rappelle le ministre Abdoulaye Maïga, Porte-parole du gouvernement. 

Accroître l’accès à l’électricité

En effet, au cours des dernières années, le gouvernement malien, avec l’appui de partenaires nationaux et internationaux, a pu accroître l’accès à l’électricité. Le taux d’électrification est ainsi passé de 14% en 2004 à environ 54% en 2021, avec toutefois une disparité entre les milieux urbains et les zones rurales qui restent encore confrontées à un accès très limité à l’électricité, environ 25% en 2021.

Le secteur est aussi confronté à des difficultés qui compromettent la pérennisation de ses acquis et son développement. Il s’agit notamment de difficultés d’investissement dans les installations de production, de transport et de distribution, malgré la disponibilité de plans d’investissements énergétiques tel que le Plan directeur des investissements optimaux 2016-2035, pour un coût estimé à plus de 3 286 milliards de francs CFA, qui vise à porter le taux d’électrification du pays à 72% en 2025, et le Plan directeur d’électrification rurale (plus de 142 milliards de francs CFA).

D’autres plans stratégiques et sectoriels sont également en cours d’adoption, selon le gouvernement. Il s’agit du Plan directeur de production à moindre coût et du Plan directeur transport – distribution de la ville de Bamako et de ses environs.

« Malgré la disponibilité de ces plans d’investissements, le sous-secteur de l’électricité depuis plusieurs décennies n’a pas fait l’objet d’investissements permettant un développement cohérent et optimal. L’une des conséquences de ce manque d’investissements à été le recours à des moyens d’urgence onéreux, notamment la production thermique avec des centrales de location dont les coûts sont très élevés pour satisfaire la demande de plus en plus croissante », déplore le Colonel Abdoulaye Maïga.

Dans ce contexte, outre l’adoption de son Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026, l’État malien s’affaire à mobiliser plus de 580 milliards auprès des investisseurs pour soutenir le secteur de l’Énergie. Le 21 et 22 février derniers, en appui à EDM SA et à la DNE, le ministre en charge des Mines, de l’eau et de l’énergie et celui de l’Économie et des finances ont pris part au Salon des investisseurs pour l’énergie au Mali (SIEMA). Un évènement qui a constitué une opportunité́ de regrouper les partenaires et les investisseurs dans un cadre d’échanges, de propositions et d’engagements pour la réalisation des projets prioritaires d’EDM SA dans les domaines de la production, du transport et de la distribution.

Améliorer le mix énergétique

La vision du gouvernement est d’œuvrer pour améliorer le mix énergétique pour sortir le Mali de la dépendance de la thermique, qui constitue plus de 50% du parc de production d’EDM. Il s’agira d’investir dans les énergies renouvelables : le solaire et l’hydraulique.

« Une volonté qui vient à point nommé quand on sait les difficultés auxquelles EDM est confrontée et les enjeux de développement économique national liés à la problématique de l’électricité au Mali. C’est pourquoi il est indispensable de s’engager vers de nouvelles dynamiques d’investissements dans le sous-secteur de l’énergie. Il va falloir réduire la part de la production thermique, qui impacte négativement notre revue financière, avec une demande toujours aussi croissante. Donc un changement de mix énergétique est nécessaire et s’impose, obligeant à accorder une part plus importante aux énergies renouvelables, à savoir l’hydroélectricité et le solaire », explique le Directeur général d’EDM SA, Koureissi Konaré.

Sur la période 2015-2021, le mix a connu un changement considérable au Mali. La part de la production hydroélectrique, prépondérante en 2015, est passée de 44,7% à 28,2% en 2021. Celle des importations, de 14,4% en 2015, a culminé à 29,6% en 2020 puis est retombée à 17,7% en 2021. Par contre, la production thermique, assurée à plus de 50% par des producteurs indépendants, a augmenté de 40,8% à 51,1%. Ainsi, rien que sur cette période, EDM-SA a acheté́ 855 millions de litres de combustibles, soit près de 570 milliards de francs CFA de coûts. Une situation qui résulte, selon l’entreprise, du faible niveau et du retard d’investissements en ouvrages de production à moindre prix.

Prépondérante au mix, la production thermique engendre donc d’importants et onéreux besoins en combustibles. L’enjeu pour le Mali est donc de sortir de la dépendance aux énergies fossiles polluantes et « son corollaire de facture énergétique insoutenable pour l’économie nationale », pour aller vers les énergies renouvelables, qui représentent seulement 28,2% (Hydraulique) et 2,9% (Solaire), de la production énergétique du pays.

« La revalorisation indispensable de notre politique de production grâce à l’investissement du budget énergétique passe davantage par le renforcement de la production solaire, qui passera de 3% en 2022 à 22% en 2026, soit en seulement 4 ans. Cela constitue pour nous une hausse énergétique et aura pour impact une importante réduction de la part de la production thermique », assure le Directeur général d’Énergie du Mali.

Au delà, les énergies renouvelables sont aussi prisées par les États pour des raisons environnementales. Elles permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi de répondre à l’urgence climatique. « En raison de l’importance de leur potentialité, elles constituent une solution durable pour l’accès universel aux services énergétiques modernes et l’atteinte des Objectifs de développement durable du Mali à l’horizon 2030. L’utilisation des énergies renouvelables à grande échelle a été donc placée au centre des politiques et stratégies nationales, mais aussi régionales et internationales auxquelles notre pays adhère, pour d’une part maintenir un cadre de vie durable et d’autre part renforcer particulièrement l’accès à l’énergie pour soutenir la croissance économique et le développement social », indique le Porte-parole du gouvernement, le ministre Abdoulaye Maïga.

Développement durable

Selon ce dernier, l’État malien envisage d’atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable et du Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable 2019-2023. C’est dans ce cadre que le Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022-2026 a été adopté le 30 mars 2022. Pour la mise en œuvre de ce plan, dont le coût est estimé à plus de 2 250 milliards de francs CFA, les autorités de la Transition ont établi un plan d’investissements. Certains projets seront réalisés par des producteurs d’électricité indépendants pour un montant total de 513 600 millions de francs CFA. Outre les projets financés par les bailleurs de fonds classiques, dont les accords financiers sont signés pour 535,422 millions de francs CFA, d’autres projets, dont les études, la réalisation et / ou le Plan d’actions de réinstallation (PAR) sont financés par l’État pour 175,853 millions de francs CFA et aussi par Énergie du Mali, sur cinq ans, pour un montant de 107 520 millions de francs CFA.

« Les projets dont la recherche de financements fera l’objet de la table-ronde des investisseurs coûteront au total 580 milliards de francs CFA. Ces projets, dont les terms sheets ont été́́ élaborées, seront financés par des systèmes de crédits marchands pour lesquels EDM SA fait l’objet de demandes pressantes de la part des investisseurs », note le gouvernement dans son Plan d’action énergétique.

Des initiatives sont ainsi en cours. Reste à mobiliser les financements pour permettre à EDM de remplir efficacement sa mission. Surtout que s’annonce la période de fortes chaleurs qui suscite une augmentation de la demande en énergie. Et le courroux des usagers d’EDM qui la surnomment « Énergie du mal » à chaque délestage.

EDM SA : Consommateurs (très) mécontents

Il y a maintenant des semaines, alors que la saison hivernale battait encore son plein, les Bamakois ont été surpris de se retrouver confrontés à une de leurs hantises… les coupures de courant. Alors que l’on appréhende surtout les mois de mars à juin, c’est en août que les « délestages » ont commencé. Au grand dam des consommateurs, qui se déchainent contre la compagnie de fourniture d’électricité, EDM SA. Cette dernière peine à faire avaler la pilule, malgré une campagne de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces « trop fréquentes » coupures font monter la grogne et les appels à une libéralisation du secteur se multiplient.

« Courant naana ! » (L’électricité est revenue, en bamanakan). S’il y a quelques années c’est avec un sourire jaune que les parents entendaient cette exclamation de leurs enfants au retour de l’électricité après une coupure, c’est plutôt de l’exaspération que l’on peut lire maintenant sur les visages. « Est-ce qu’ils se rendent compte que nous devons travailler demain ? », tempêtait quelques secondes auparavant Mahamoud, chef de famille résidant à Kalabancoro Extension, sorti sur le pas de sa porte. L’homme est excédé. C’est la deuxième coupure de la soirée et il ne dispose ni de groupe électrogène ni de lampe solaire (gros business en développement au Mali) pour prendre le relais. « Ça nous arrive presque tous les jours, c’est fatiguant, énervant et ça nous handicape dans beaucoup de choses », poursuit-il, en autorisant ses enfants à aller se coucher sans avoir révisé leurs cours, faute de lumière. « Je ne vais pas leur abimer les yeux en les faisant étudier à la bougie… ». Devant un atelier de couture, non loin de là, petit attroupement autour de la théière qui fume sur le feu. Tous les tailleurs sont venus rejoindre les jeunes du grin qui « se pose » là tous les soirs. « Pas moyen. C’est compliqué, on a des commandes et dans la journée, ça avait déjà été coupé » se désespère Mass, la secrétaire, qui était restée sur place pour mettre un peu la pression sur les ouvriers afin que le travail avance cette nuit-là. « Comment peut-on développer un pays si l’électricité demeure une denrée de luxe ? Ce n’est pas possible ! » s’insurge Adama D, communicant. « Il faut voir quand il y a une coupure. Tout le monde est au chômage ici. Du standardiste au DG, tout le monde cesse de travailler et cela pour des heures parfois. Impossible d’être compétitifs dans ces conditions », ajoute son ami H, cadre dans une structure parapublique.

« Avis de perturbations » …

Des exemples de ce genre, il y en a par centaines et par milliers dans la capitale malienne, et ce depuis le mois d’août. C’est en effet au beau milieu de la saison des pluies que les coupures de courant ont commencé. Plus aucun quartier n’est épargné et les coupures interviennent de jour comme de nuit. « On ne comprend plus rien. D’habitude, c’est en période de chaleur qu’on a des délestages, là, EDM SA nous coupe alors qu’il pleut », s’interroge-t-on. Quelques incidents techniques, vite résorbés à l’époque, répond-on à Energie du Mali (EDM) sa, la compagnie qui a le monopole de la distribution de l’électricité au Mali, précisant qu’il ne s’agissait pas de délestages. Et les coupures actuelles ? « A Energie du Mali, nous avons deux périodes de pointe. Il y a la petite pointe, de la mi-septembre à fin novembre, et la grande, de fin mars à juin. Nous sommes donc dans la petite pointe », explique Abdoul  Malick  Diallo, chef de la cellule de communication de l’entreprise.

« Or, notre offre est pratiquement tangente à la demande et il suffit qu’il y ait une difficulté, comme une panne, pour que ça bascule. Nous sommes vraiment sur le fil du rasoir. Il suffit qu’un groupe tousse pour que ça bascule », poursuit notre interlocuteur. « Ces derniers temps, nous avons des perturbations sur le réseau. Nous avons eu d’abord un problème sur la ligne Dar Salam – Kodialani (derrière Sébénikoro), qui a été résorbé. S’en est suivit un souci sur les liaisons 30 kw. C’est par elles que transite l’électricité entre les différents postes – sources qui dispatchent le courant dans la ville. Aujourd’hui, nous avons des avaries sur ces liaisons, qui sont aujourd’hui d’un certain âge et commencent à montrer des signes de faiblesse. Sans oublier que dans l’exploitation normale des installations électriques, il y a toujours des imprévus, pannes de groupes électrogènes, camions qui arrachent des poteaux électriques, etc. En permanence il y a des cas comme ça, que nous devons régler à une cadence très régulière. Quand il y a une panne, il faut réparer et, pendant ce temps, il y a des coupures. En gros, c’est cela, la situation », précise M. Diallo.

« #Antorola » (on n’en peut plus, en bamanakan), sur les réseaux sociaux, c’est le maître mot des publications, désormais directement adressées à la société. « Depuis combien d’années c’est le même problème, le même constat. Toujours les mêmes coupures intempestives » peut-on lire sur une page Facebook. Les messages sont de plus en plus durs, appelant au refus de paiement des factures ou à des demandes de remboursements pour destruction d’appareils électroménagers et même d’outils de travail. Les rumeurs ont également pris la place de l’information : « EDM est en faillite », « elle a perdu ses actionnaires majoritaires », « le DG a bloqué les contrats avec les fournisseurs, c’est la raison des fluctuations dans la fourniture », etc. Faux ! répond Diallo. La société a donc entrepris une véritable campagne de communication. Elle multiplie les messages sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les avis de perturbation de la fourniture en électricité sont relayés sur Facebook, en particulier, EDM sa estimant que ses clients sont plus faciles à toucher sur ce média social. Plus institutionnellement, ce mardi 17 octobre, c’est son Directeur Général Adjoint Technique, Ladio Sogoba, qui a fait le point sur la situation des perturbations dans la fourniture d’électricité. Il a rencontré la presse, à laquelle il a expliqué que la solution durable passait par des investissements dans la construction de nouvelles centrales et par le renforcement du réseau, pour faire face à la croissance de la demande, de 12% en moyenne chaque année. Aujourd’hui, la demande moyenne quotidienne de la ville de Bamako est de 300 Mégawatts.

Libéraliser le secteur ?

Si EDM ne peut pas, qu’elle laisse la place à d’autres !  C’est la phrase que l’on entend de plus en plus souvent chez les usagers excédés. Libéraliser le secteur de la fourniture de l’électricité ? C’est déjà le cas au Mali. Les investisseurs privés ont, en principe, le droit de monter des unités de production d’électricité, quelle qu’en soit la source, dans le cadre de la loi, et de la vendre à EDM SA.  « C’est le cas par exemple de la centrale solaire qui est en cours de construction à Ségou. Elle vendra de l’énergie à la société, qui la diffusera dans son réseau » explique-t-on chez le fournisseur d’électricité. Cela permettra de pallier l’incapacité des infrastructures actuelles à satisfaire les besoins. « Construire un barrage n’est pas le rôle d’EDM. EDM, c’est l’exploitation, c’est à l’État de faire des investissements. Aujourd’hui, le seul barrage qui appartient en propre au Mali, c’est Sélingué. Il date de combien d’années ? », interroge un technicien, qui ajoute « on doit dépasser les discours, arrêter de tendre un doigt accusateur vers la société, qui ne fait que ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a ». En attendant donc que l’État, qui a plusieurs projets d’ouvrages majeurs en cours, tel que le barrage de Taoussa, puisse augmenter la production, et qu’EDM SA arrive à optimiser les infrastructures dont elle dispose pour le moment, les consommateurs resteront dans l’angoisse de la prochaine coupure de courant…

 

« Nous sommes confiants » dixit Mamadou Frankaly Keïta [INTERVIEW]

A la tête d’un département stratégique, il est régulièrement interpellé sur les délestages intempestifs et les coupures d’eau récurrentes constatées au mois d’avril.
Mamadou Frankaly Keïta, qui occupe le portefeuille de L’Énergie et de l’Eau depuis septembre 2013, avec un interlude de 9 mois ou le secteur de l’eau avait changé de tutelle, est un ancien cadre d’EDM SA, la société publique au sein de laquelle il a fait l’essentiel de sa carrière. À la tête d’un département stratégique, il est régulièrement interpellé sur les délestages intempestifs et les coupures d’eau récurrentes constatées au mois d’avril.

EDM SA présente ses meilleurs voeux pour le 52ème anniversaire du Mali

« Par ces temps difficiles pour tous, le personnel d’EDM-SA réaffirme son engagement de continuer à  tout mettre en œuvre pour accomplir sa mission de service public, et ce malgré les nombreuses contraintes. EDM-SA nourrit l’espoir de pouvoir prochainement servir tous ses abonnés, sur l’ensemble du territoire national, et adresse un message particulier de compassion et d’encouragement à  nos compatriotes des zones occupées. Que Dieu bénisse le Mali »