« Sounkalo Solidarité » : le ministre Abdoul Kassim Fomba échange avec les jeunes de la commune VI

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Fomba, était en commune VI du district de Bamako ce jeudi 14 mars 2024 pour échanger avec les jeunes, dans le cadre des activités de l’opération « Sounkalo Solidarité ».

La rencontre qui a été marquée par une rupture collective suivie de la prière, s’est tenue sur le terrain ASCB de Magnambougou. Occasion pour le ministre  d’édifier ses interlocuteurs du jour sur les missions de son département  ainsi que  les réalisations en cours d’exécution, et de les inviter à l’union et au labeur.

« Nous avons échangé avec les jeunes sur leur compréhension de l’union de la jeunesse , de la citoyenneté en communion avec tous les autres acteurs de la jeunesse au niveau des communautés. Nous avons également  parlé de nos réalisations. Mais également cela nous permet de recueillir les préoccupations des jeunes », a expliqué le ministre Abdoul Kassim Fomba.

« Lorsqu’on échange aujourd’hui avec la jeunesse, il y a des préoccupations qui sont là mais on sent aussi qu’il y a une détermination à vouloir avancer, et à aider dans le cadre des changements en cours par rapport à la reconstruction du pays », a-t-il ajouté.

L’opération Sounkalo Solidarité 2024, placée sous le thème « Partageons ensemble dans la communion », a été lancée par le gouvernement le 12 mars dernier. L’ initiative du président de la transition à travers le ministère de la Santé et du Développement social, et celui des affaires religieuses, vise à renforcer la cohésion sociale et l’esprit de solidarité entre les Maliens.

Elle prévoit entre, autres, des ruptures collectives dans les mosquées, la distribution de kits de rupture de jeûne et de vivres secs, la subvention de 50% sur les produits alimentaires ou encore la distribution de kits pour la fête du Ramadan.

 

 

 

 

Délestages : Un programme aléatoire

Malgré les annonces, la société EDM-SA peine à rassurer les consommateurs. Rendu public à la veille du début du mois de Ramadan, son programme de délestages fait couler beaucoup d’encre. Entre incompréhension et non respect, l’amélioration espérée n’est pas encore au rendez-vous.

« Nous attendons d’y voir plus clair pour pouvoir nous prononcer », déclare le responsable d’une association de consommateurs. Dans un communiqué rendu public le 12 mars 2024, la société EDM-SA est montée au créneau pour dénoncer une fausse annonce, via les réseaux sociaux, d’un nouveau programme de délestages concernant le mois de Ramadan. En invitant les consommateurs à s’en tenir au programme déjà publié via son site ou la chaîne nationale ou l’AMAP, elle se réserve le droit de poursuivre les auteurs de tels actes.

Dans une dynamique de communication pour tenter de rassurer sa clientèle, la société de fourniture d’électricité n’a cependant pas convaincu concernant sa capacité à juguler la crise dans un avenir proche.

Constat d’impuissance

En effet, le programme annoncé est loin de la réalité sur le terrain. De la promesse de 12 heures d’électricité en 2 tranches de 6 heures, nous sommes passés à une fourniture très aléatoire. Faisant dire à certains qu’ils préfèrent l’ancien système. C’est-à-dire pas de programme, l’électricité par moments en attendant une sortie du tunnel.

Dans un point de presse organisé le 7 mars 2024, le Directeur Général de la société a expliqué les causes profondes de la crise. Revenant sur les enjeux de la crise actuelle et les mesures prises pour l’atténuer, il a fait un état des lieux plutôt alarmant. Avec un doublement des besoins tous les 7 ans et les « retards » dans les investissements, le décalage entre la demande et la disponibilité de l’énergie s’est amplifié au fil des ans, avec des déficits dans tous les domaines.

En 2002, alors que les besoins en électricité étaient estimés à 600 millions de Kwh, aujourd’hui ils s’élèvent à 3 milliards 200 millions de Kwh, selon le Directeur Général d’EDM-SA. Dans le même temps, et contrairement à la croissance des besoins, les investissements n’ont pas suivi et le mix énergétique a migré vers un système dépendant des hydrocarbures, dont les coûts, que nous ne maîtrisons point, sont aussi en nette augmentation. Ainsi, il y a 20 ans la production hydroélectrique représentait 83%, contre 17% pour la thermique. Mais, à ce jour, la part de la thermique est de 70%.

Outre la résolution de ses problèmes financiers, EDM-SA envisage une révision de la politique tarifaire, une perspective que les clients appréhendent fortement.

Chiffres

Déficit : 27 millions de Kwh

Besoins en carburant 2024 : 500 millions de litres

Coûts : 309 milliards de francs CFA

Prix du pain : une baisse en vue

Le prix du pain de 300 grammes devrait bientôt revenir à 270 francs CFA, au lieu de 300 FCFA actuellement. Une mesure décidée à l’issue de la signature d’un protocole entre les acteurs de la filière pain et le ministère en charge du Commerce et de l’industrie le 10 janvier 2024. Outre cette baisse, destinée à rendre le pain plus accessible, les acteurs ambitionnent d’offrir un produit répondant aux normes de qualité.

Après plusieurs discussions, les acteurs de la filière pain et les autorités sont parvenus à un accord. La décision, qui doit entrer en vigueur d’ici le 1er février 2024, devra permettre au consommateur d’acheter le pain à un prix plus abordable. En effet, la « petite » baguette de 150 francs CFA sera désormais cédée à 135 francs et le « gros pain » coûtera 300 francs CFA.

Ce compromis autour du prix du pain vise à garantir un approvisionnement serein sur l’ensemble du territoire pour cet aliment très consommé. Les autorités ont aussi en ligne de mire le mois de Ramadan, un mois de grande consommation, prévu cette année en mars.

Garantir la qualité

L’objectif du protocole est aussi de maintenir la longueur du pain à 60 centimètres. « Parce que c’est là où réside le grand problème. Les boutiquiers qui revendent préfèrent le pain à 80 ou 90 centimètres. Ce qui leur permet de gagner plus », se plaint Mamadou Lamine Haïdara, Président de la filière pain.

Ce pain, qui « est vide », n’est pas de qualité et ne répond pas aux normes sanitaires. Car le combat de M. Haïdara est la fin des intermédiaires entre les fabricants et les consommateurs. En effet, le transport et les conditions de conservation du pain par les boutiquiers laissent à désirer. Il s’agira donc progressivement d’éliminer « les mauvaises boulangeries », qui gagnent à fabriquer un pain de moindre qualité acheté massivement par divers revendeurs. Il est donc important de veiller à l’applicabilité de cette mesure, à laquelle les acteurs tiennent depuis près de 3 ans.

Pour ce faire, ils comptent sur la diligence du ministère et de la Direction générale du Commerce et de la concurrence (DGCC). Pour sensibiliser davantage les acteurs, les responsables de la filière pain envisagent de réunir cette semaine leurs membres afin de les préparer au respect de la décision. Dans cette chaîne, les meuniers, qui ont un rôle capital, sont aussi invités à jouer leur partition.

Chiffres

Sac de farine de 50 kg : 23 000 francs CFA

Pain de 300 g : 270 francs CFA

Pain de 125 g : 135 francs CFA

Pour l’intérêt général

Dans un article intitulé« Eh ! bien, priez chez vous« , publié par Le Journal du Mali, le 08 /08/2020, nous avons démontré, en puisant dans la tradition prophétique et l’avis d’éminents savants de l’Islam, la primauté de la préservation de la vie humaine sur la pratique des rites fussent-ils à caractère obligatoire ou surérogatoire.

Aujourd’hui, alors que le nombre des personnes déclarées atteintes de la maladie à Covid 19 a grimpé pour avoisiner le chiffre alarmant de 1000 cas, les autorités politiques et religieuses restent les bras croisés à la veille d’une fête qui risque de devenir celle de tous les dangers.

 

Nous vivons une phase critique de notre histoire qui ne sera que ce que nous en ferons.

Un tour dans la capitale et les régions du pays montre, à suffisance, que cette nation est en danger de mort :

Ceux qui respectent les mesures de protection contre la maladie ne font que 2/1000, environ. 

La quasi-totalité de la population sont adeptes de la théorie du complot. Pire encore, beaucoup pensent que les africains sont naturellement immunisés contre la maladie à Covid 19 ou que la maladie n’est qu’un instrument utilisé par le gouvernement pour attirer des aides étrangères.

Dans ce contexte, le maintien des prières collectives et des grands rassemblements est une fuite des réalités du monde dans lequel nous vivons.

Partout dans le monde musulman, les instances religieuses dont le Comité des Grands Savants d’Arabie Saoudite,ont émis des fatwas exhortant les fidèles à accomplir la prière de la fête à la maison. 

Dar Al-Iftaa d’Egyptea a déclaré que la prière de l’Aïd est une Sunna confirmée, et qu’il est souhaitable d’être en congrégation avec l’imam, que ce soit dans la mosquée ou en plein air, donc s’il y a une objection à rencontrer des gens, comme c’est le cas maintenant de la propagation de l’épidémie mortelle avec laquelle il est impossible d’établir des groupes; Il est permis, sinon obligatoire à un musulman de prier l’Aïd à la maison seul ou avec les gens de sa famille.

La maison des avis religieux égyptienne a ajouté que violer les instructions officielles de l’État interdisant les prières de l’Aïd dans les mosquées et les places publiques est considéré comme un acte criminel  qui met en danger la vie des gens. 

Dans un communiqué de presse publié par la Grande mosquée de Dakar, le 13 Mai 2020, on peut lire :

« Le Grand Imam de Dakar informe tous les musulmans, qu’il a pris bonne note des mesures d’allégement prises par le Chef de l’État dans le cadre de la riposte contre le COVID-19.

Cependant, en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmente de jour en jour, le Grand Imam de Dakar, El Hadji Alioune Moussa SAMBA rappelle tous les musulmans que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue. Les raisons évoquées pour la fermeture des mosquées restent aujourd’hui plus valables que jamais ».

« Il est de notre responsabilité de veiller à la sécurité sanitaire des fidèles. Il advient que nous n’avons pas les moyens de faire respecter les gestes barrières pour éviter une éventuelle contamination dans la Grande Mosquée de Dakar ».

Le Haut Conseil Islamique et les autorités du Mali peuvent rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.

Bien que je sois vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali, je parle ici, dans cette tribune, en mon nom personnel.

Ne cherchant ni approbation ni éloges de qui que ce soit, ni à entrer en  querelle avec qui que ce soit.Nous restons fermes et convaincu sur notre position qui est la fermeture temporaire des lieux de culte et la suspension des rassemblements religieux  pour freiner la propagation de la maladie parmi les fidèles.

Les divergences d’opinions ne doivent, en aucun cas, remettre en cause les bonnes relations.

Mais je suis saisi d’une crainte quant à ce que cette décision de maintenir les prières collectives pourra avoir comme conséquences néfastes.

D’après Abû RouqayyaTamîm ibn Aws ad-Darî, le Prophète – a dit : « – La religion est le bon conseil. – Pour qui doit-on le donner ? Demanda-t-on au Prophète. – Pour Allah, répondit-il, pour Son Livre, pour Son Prophète, pour  les détenteurs de l’autorité et pour l’ensemble des musulmans. »

                         -Les 40 hadiths An-Nawawi, hadith N° 7.

C’est donc mon désir, sinon mon devoir, de prodiguer quelques conseils à nos autorités:

  • La pulvérisation des mosquées et des places publiques ou se tiendra la prière de la fête.
  • Intensifier les campagnes de sensibilisation contre la pandémie, surtout en cette période de fêtes ou les gens multiplient les rassemblements et les visites.
  • Demander aux chefs de familles de garder leurs enfants à la maison.
  • Maintenir la fermeture des boîtes de nuit et d’autres lieux de divertissement.
  • La non-participation du chef de l’Etat, des membres et du gouvernement et des officiels à la prière et aux manifestations de la fête. Ainsi, ils donneront le bon exemple à suivre à une  grande frange de la population qui risquerait d’en déduire que la pandémie est déjà derrière nous.

Je refuse de croire que le camp opposé est animé de mauvaise foi. Cependant, les considérations personnelles, claniques, politiques et confessionnelles ne doivent pas être prises en compte quand l’intérêt public est en jeu.

Notre nation est maintenant devant un tournant décisif de son existence. Si nous continuons à gérer cette crise sanitaire avec frivolité, nous risquerons de nous réveiller trop tard et le châtiment ne tardera pas à nous rattraper.

Un sage a dit: « Lorsque la guerre éclate, vous devrez tirer l’épée et jeter le fourreau ». Nous sommes en train de nettoyer le fourreau alors qu’une bataille pour la survie bat son plein.

Par Thierno Hady Cheick Omar THIAM

 

Lutte contre le Covid-19 : Faux sur toute la ligne ?

Alors qu’il peine à faire appliquer la plupart des mesures prises dans le cadre  de la lutte contre la propagation du Covid-19 au Mali et que les cas de contamination continuent de grimper à travers le pays, le gouvernement a opté, à l’issue du Conseil extraordinaire de défense nationale du 8 mai dernier, pour la levée du couvre-feu et l’instauration du port obligatoire du masque dans les lieux publics. De nouvelles mesures dictées par un concours de circonstances qui a abouti à un climat socio-politique délétère, mais qui viennent mettre à mal la cohérence dans la gestion de cette crise sanitaire, où l’État semble de plus en plus tâtonnant.

Il était attendu pour durcir les actions de prévention contre le coronavirus, près d’un mois et demi après l’apparition des premiers cas dans le pays. Mais le gouvernement a vu sa volonté d’aller vers des mesures plus restrictives se heurter à un enchainement de manifestations à travers le Mali, allant des contestations des résultats des élections législatives au rejet catégorique du couvre-feu et à l’expression d’autres mécontentements sociaux.

Dos au mur, l’État a pris du recul et décidé de la levée du couvre-feu, qui était en vigueur depuis le 26 mars 2020, alors que la propagation de la maladie est en nette augmentation.

Une levée hâtive ?

« Le mal sévit parmi nous », reconnaissait le Premier ministre Boubou Cissé dans son allocution du 9 mai, s’appuyant sur le rapport du Conseil scientifique qui constatait qu’à des degrés divers le virus se trouvait pratiquement dans toutes les régions administratives. Conseil scientifique qui avait auparavant demandé d’isoler Bamako et Kayes, épicentres du virus, avis devant lequel le gouvernement s’est montré balbutiant. « L’agenda technique et scientifique s’est heurté à l’agenda politique. Et le politique a pris le dessus. Les travers ont commencé au moment où le gouvernement  s’est entêté à organiser les élections législatives nonobstant la menace de la maladie dans le pays », pointe le sociologue Mahamadou Diouara.

Pour lui, cela veut dire que c’est l’État qui a commencé à ôter aux mesures préventives tout leur crédit, à travers un comportement contradictoire qui s’est ajouté aux abus dénoncés des forces de l’ordre durant le couvre-feu, qui ont cristallisé la population dans une posture de défiance, Il était donc obligé de reculer et de lever le couvre-feu, en contradiction avec le principe et la logique mêmes qui avaient commandé son instauration.

« La décision de lever le couvre-feu a été hâtive, mais elle se comprend. Il y a eu la connexion de plusieurs éléments, qui ont convergé de telle sorte que si l’État n’avait pas desserré l’étau cela aurait pu aboutir à une sorte de désobéissance civile généralisée, qui pouvait se terminer mal pour le pouvoir », souligne également Bouréma Touré, socio-anthropologue à l’Université des Lettres et sciences humaines de Bamako.

Propagation accrue ?

Le confinement général de la population malienne n’étant pas adapté au contexte socio-économique du pays, beaucoup pensent que l’instauration du couvre-feu participait considérablement à la limitation de la propagation de la maladie, les heures passées dehors étant réduites au moins pendant la nuit. Avec ce verrou qui saute, la vitesse de propagation de la maladie pourrait augmenter à bien des égards. Des bars ont par exemple rouvert dans la foulée, alors que leur fermeture court toujours.

« Pendant la journée, les gens sont soumis à une certaine pudeur et à une certaine retenue dans les contacts physiques. Mais avec la promiscuité dans certains lieux la nuit, le taux de contamination pourrait augmenter à une vitesse exponentielle », craint Mahamadou Diouara du cabinet Gaaya.

« C’est vrai qu’avec l’augmentation du temps passé dehors avec d’autres, le risque de contamination pourrait augmenter. Toutefois, les mesures préventives doivent être respectées normalement, de jour comme de nuit. Il en va de la responsabilité personnelle de chacun », relativise Dr. Abdoulaye Niang, analyste et Président de l’association « Joko Ni Maya ».

Une fin de Ramadan à risques

La levée du couvre-feu coïncide avec l’entame des dix derniers jours du Ramadan pour la communauté musulmane. Des jours marqués par l’intensification des prières surérogatoires dans les mosquées, de très tard la nuit jusqu’au petit matin.

Pour Mahamadou Diouara, il serait judicieux que les mosquées soient fermées pendant cette période, parce qu’il y a de fortes chances que ces jours se passent avec une intermittence de pluies, ce qui pourrait augmenter le taux d’humidité qui favoriserait la propagation du virus.

Par ailleurs, à en croire Thierno Hady Cheick Omar Thiam, Président du Conseil fédéral national des adeptes de la Tarîqa Tidjaniya (Confenat) et 2ème Vice-président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), le « nafila » n’est pas obligatoire, que ce soit avant, pendant ou après le Ramadan.

« Il est interdit en Islam que quelqu’un prie avec d’autres lors du « nafila ». Durant les dix derniers jours du Ramadan, cette prière était obligatoire uniquement pour le Prophète (PSL), pour qu’il veille pour Dieu. Elle n’est pas obligatoire pour les musulmans », explique le religieux.

« Il faut aujourd’hui donc sensibiliser pour que la majorité comprenne que tous les « nafilas » ne sont pas obligatoires et que prier ensemble durant cette période de coronavirus, dans les rues et dans les mosquées, ne fait que propager la maladie », préconise-t-il.

Selon le Président du Confenat, il appartient aujourd’hui à chaque Malien de savoir où se trouve son intérêt, parce que « la religion est là pour le bien-être de l’homme. À chacun de prendre ses responsabilités ».

Changer de cap

L’une des mesures également prise à l’issue du Conseil de défense nationale du 8 mai est le port obligatoire du masque dans les espaces publics, qui vient s’ajouter à la liste déjà longue des décisions prises sur le papier mais dont l’application peine à être effective.

Dans le domaine des transports, en l’occurrence, le laisser-aller est tout simplement criard. Quant aux cérémonies de mariages et de baptêmes, elles continuent à rassembler du monde au-delà de la cinquantaine de personnes autorisée.

« La décision rendant le port du masque obligatoire dans les espaces publics ne pourra pas être strictement appliquée. Même si l’État se mettait à distribuer des masques dans chaque carré, les gens les prendraient mais ne les utiliseraient pas », affirme Dr. Niang, pour lequel le programme « un Malien, un masque » relève plus d’une déclaration politique que de la statistique.

Cette attitude de certaines personnes résulte du fait que jusqu’à présent elles ne croient pas à l’existence du coronavirus au Mali, ce qui, selon le socio-anthropologue Bouréma Touré, est à imputer en partie à la défaillance de l’État en matière de sensibilisation.

« Il faut d’abord s’employer à rendre les gens conscients du problème. Ce n’est qu’après avoir gagné ce pari que les uns et les autres s’approprieront les mesures de prévention », suggère-t-il.

Pour reprendre la main dans la gestion de cette crise sanitaire au Mali, le gouvernement aurait grand intérêt à apporter d’importants changements stratégiques qui conduiraient l’ensemble des populations à se soumettre aux mesures prises, selon certains analystes.

« Je pense qu’il serait plus bénéfique de laisser le ministère de la Santé avoir le leadership dans toute la communication relative à cette pandémie. Les populations seront plus enclines à écouter ses messages que ceux des acteurs éminemment politiques », propose Mahamadou Diouara.

« Il faut absolument changer la façon de gérer cette crise, parce que telles que les choses se présentent aujourd’hui, l’attitude de l’État est plus que décevante », déplore aussi Dr. Touré, qui est convaincu que ce changement n’est malheureusement pas près d’arriver.

Ramadan 2019 : S’adapter à la forte chaleur

C’est le 4ème pilier de l’Islam. L’observation scrupuleuse du jeûne durant le mois béni du Ramadan est obligatoire pour chaque musulman en bonne santé. Mais la période  de forte chaleur qui coïncide cette année encore avec ce mois rend le jeûne particulièrement éprouvant. Les thermomètres s’affolent et la chaleur est de plus en plus suffocante. C’est dans ces conditions que les fidèles du Mali doivent s’abstenir de manger et de boire de l’aube au coucher du soleil 30 jours durant. Au-delà de la dimension de foi que revêt ce mois de privation, des mesures doivent être prises pour s’adapter à la chaleur et maintenir son corps en bonne santé.

« En cette période de forte chaleur, c’est très difficile de jeûner. C’est la foi qui doit nous accompagner. Celui qui en a peut tout braver et jeûner dans la facilité. Mais sans la foi, c’est très difficile d’y parvenir », confie Djigui Keita, un fidèle musulman.

Mais, pour cet enseignant de profession, l’astuce pour tenir durant le mois de Ramadan est toute simple. « Chaque mois, les gens doivent se préparer pour le jeûne. Il y a des jours où, même s’il n’est pas obligatoire de jeûner, quand on s’y met on s’adapte aux conditions de jeûne avant l’arrivée du mois de Ramadan », indique-t-il.

Comme lui, Bamba, un autre fidèle qui observe le jeûne, reconnait la difficulté de la tâche dans un contexte de hausse des températures. Pour s’adapter à la chaleur durant ce mois, il a pris des dispositions à sa manière. « J’ai acheté beaucoup de pots de fleurs que j’ai disposés partout à la maison. En haut, j’ai un espace aménagé avec beaucoup de ces pots. Cela me permet de me soulager un peu de la chaleur », relève cet informaticien.

Mais si les uns et les autres s’emploient à tenir tant bien que mal face à la chaleur durant le mois de Ramadan, sur le plan médical, les spécialistes conseillent certaines mesures pour passer le mieux possible cette période.

Mesures sanitaires

« Le matin, avant de commencer le jeûne, il faut prendre des aliments qui ne vont pas nécessiter beaucoup d’eau. C’est extrêmement important », note Dr. Boubacar Niaré, médecin de famille et généraliste. « Lors de la rupture, il est  tout aussi important de ne pas commencer avec de l’eau, mais plutôt avec quelque chose de chaud et de le boire à petits coups et non en grande quantité d’un trait », préconise-t-il.

Par ailleurs, selon le Dr Harouna Konaté, médecin de campagne, il faut éviter de prendre de l’eau très glacée à la rupture, parce que l’organisme ne l’assimile pas très vite et surtout réduire également les déplacements sous le soleil. « La température avoisine les 40 degrés et le vent est chaud. Si on passe toute la journée sans boire, il est important de diminuer le maximum possible les activités qui font perdre beaucoup de sueur », souligne le médecin.

« Il faut extrêmement faire attention, parce que le risque de déshydratation est réel. C’est pourquoi, à la rupture du jeûne, il faut boire autant que possible de l’eau, pour permettre à l’organisme de s’hydrater et prendre des aliments sucrés, parce qu’on aura  perdu beaucoup de sucre », précise t-il.

Même si la forte chaleur a un impact sur le corps humain, surtout en cette période de jeûne, elle n’en est pas moins supportable pour un organisme en bonne santé. Aussi, jeûner dans une période de chaleur ne présenterait aucun inconvénient pour les fidèles musulmans, selon les spécialistes de la santé.

« Pour un être humain en bonne santé, il a été démontré que 12 heures sans manger ni boire n’est pas aussi alarmant que cela. Mais l’organisme a juste besoin d’eau dans cette période de chaleur pour tenir », assure Dr Niaré.

Toutefois, la manière de s’hydrater importe aussi, car, selon le médecin, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, prendre une grande quantité d’eau le matin dans l’optique d’en conserver toute la journée, n’est pas conseillé en réalité. « Il faut continuer à prendre la quantité normale après avoir fini de manger le matin. Quand on boit trop, l’organisme fera tout pour faire ressortir le surplus après 1 ou 2h de temps, parce qu’il a besoin d’équilibre », explique celui qui conseille également du lait frais pour entamer le jeûne.

« Prendre un demi-bol ou un bol de lait frais après avoir fini de manger le matin fera beaucoup de bien à l’organisme, parce que le lait est reconnu comme aliment complet », dit-il.

Toujours sur le plan de l’alimentation durant le mois de Ramadan, les médecins préconisent un certain nombre de mesures aux personnes qui jeûnent afin de pouvoir garder le cap.

« À l’aube, il faut prendre des aliments qui contiennent du sucre lent et des protéines. Comme on doit passer au moins 12 h de temps sans rien manger, on en a besoin pour ne pas tomber en hypoglycémie avant la fin de la journée », recommande Dr Boubacar Niaré. Pour lui, il est également important de limiter les dépenses énergétiques durant la journée, surtout en cette période de forte chaleur.

Concernant les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques, il  n’est pas complètement interdit de jeûner, même dans une  période de températures élevées comme c’est le cas cette année, selon les spécialistes de la santé.

Mais elles doivent prioritairement demander l’avis de leurs médecins, bien  comprendre comment s’y prendre et surtout ne pas forcer. « Quant aux personnes qui souffrent d’hypertension artérielle et de diabète et qui suivent un traitement, elles doivent également échanger avec leurs médecins pour adapter les heures de prises des médicaments à la nouvelle donne », indique Dr Harouna Konaté.

Qu’en dit l’Islam ?

Au plan religieux, il n’existe pas de recommandations formelles pour concilier jeûne et chaleur. En clair, aucune condition naturelle, aussi difficile soit-elle, ne doit empêcher un fidèle musulman en bonne santé de jeûner. « Il n’existe pas de mesures contre la chaleur et elle n’a rien à avoir avec le jeûne », affirme un fidèle.

« Le Coran n’évoque pas précisément le rapport entre la période du Ramadan et la chaleur. Mais le Prophète (PSL) en a parlé », pointe Mamadi Karabenta, Imam d’une mosquée au quartier Hippodrome II, à Bamako. « Cette période de forte chaleur arrive deux fois dans l’année, selon le Prophète (PSL) et pendant ces moments les musulmans doivent se sacrifier à Allah à travers le jeûne et la prière », explique l’Imam.

À l’en croire, le Prophète Mahomet (PSL) avait adressé des conseils aux fidèles musulmans pour s’adapter aux conditions de jeûne, aussi difficiles puissent-elles être, dont surtout « la patience pour supporter les épreuves du jeûne afin qu’Allah puisse pardonner leurs péchés ».

Selon M. Karabenta, à la suite du Prophète (PSL), des guides musulmans ont également prodigué des conseils à l’endroit de l’ensemble de la communauté musulmane à travers le monde, à suivre durant le mois de Ramadan.

« Il s’agit entre autres de faire rapidement la rupture du jeûne, dès que le soleil se couche, avant même l’appel de la prière », souligne l’Imam. « Celui qui jeûne peut aussi verser de l’eau sur le corps aux moments de grande chaleur. Il peut même mettre de l’eau dans sa bouche, sans l’avaler, quand elle devient trop sèche », ajoute t-il.

Même s’il est particulièrement difficile pour les fidèles musulmans de se plier au jeûne durant ce mois de Ramadan qui coïncide avec la période de grande chaleur, l’abnégation de la foi et l’observation de certaines mesures peuvent les aider à traverser dans de bonnes conditions physiques et spirituelles ce moment important dans l’Islam.

« Il faut avant tout supplier le Bon Dieu de nous faciliter le jeûne, quelles que soient les conditions naturelles auxquelles nous sommes soumis », conclut Djigui Keita.

Ousmane Chérif Madani Haidara : « L’Islam est au-dessus de la politique »

À la tête du Haut conseil islamique (HCI) depuis le 21 avril, le guide religieux Ousmane Chérif Madani Haidara se fixe comme objectif de voir tous les musulmans du Mali unis. Dans cet entretien, il nous parle de sa mission au HCI, de ses relations avec Mahmoud Dicko et le gouvernement et du début controversé du mois de Ramadan cette année.

Vous avez été élu Président du Haut conseil islamique le 21 avril. Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

La première de mes missions, avec mes collaborateurs, est de voir quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les musulmans du Mali. Nous allons y remédier en premier lieu, afin qu’ils parlent d’une seule et même voix, sans aucune distinction de tendance. Faire en sorte que tous les musulmans du Mali soient unis, rassemblés. Si nous arrivons à nous entendre et à nous comprendre, le reste suivra.

Une tournée est annoncée dans toutes les régions du Mali, même dans des zones peu sécurisées. Êtes-vous prêt à y aller tout de même ?

Le Haut conseil est dans toutes les régions. C’est aux représentations de nous dire si nous pouvons ou pas nous déplacer dans tel ou tel lieu. Mais si on est prêt à nous recevoir, où que ce soit nous irons.

Le Haut conseil a été fortement politisé durant le précédent mandat. Comment comptez-vous le dépolitisez ?

L’Islam est au-dessus de la politique. L’Islam est le chemin vers Dieu, la politique est une composante de ce monde. Être un très bon serviteur de Dieu est mieux qu’être le Président d’un État. Nous, nous mettons l’Islam au-dessus de tout. Nous ne pouvons pas galvauder l’Islam au point que Dieu soit déçu. Nous ne le ferons jamais.

Dans une récente déclaration, vous affirmiez être en bons termes avec Mahmoud Dicko. Pourtant, le porte-parole de ce dernier, Issa Kaou Djim, a assuré qu’ils ne reconnaitraient pas le nouveau bureau du HCI…

Il est libre de dire ce qu’il veut. Tout le monde l’est. Cela ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est que les musulmans soient unis. Après, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent.

Comment comptez-vous assumer conjointement les présidences du Haut conseil, du Groupement des leaders religieux et d’Ançar dine ?

Je ne suis pas à la tête des Ançar, je n’en suis pas membre non plus. L’association a été créée pour moi, pour m’aider, mais je ne la gère pas. Pour ce qui concerne le Groupement des leaders religieux, il n’est pas possible de cumuler la présidence du Haut conseil avec une autre. De fait, je ne suis donc plus président du groupement. J’en suis membre néanmoins. Aucune association ne m’empêchera de faire mon travail, je ne suis à la tête d’aucune.

Vous disiez pourtant ne pas avoir le temps…

Ceux qui m’ont porté à la tête du Haut conseil m’ont fait des promesses. Ils m’ont dit nous allons t’aider. Les difficultés qui se présenteront, nous t’assisterons pour y faire face. C’est leur promesse et je crois en eux.

Le mois de Ramadan a débuté cette année dans la confusion. L’annonce de l’apparition de la lune s’est faite très tardivement et certains ont même mis en doute la véracité de l’information…

Cela nous étonne. La lune ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu. Il y a une commission chargée de la chercher. Cette commission est composée des Touré, des Niaré, des Dravé (familles fondatrices). Au-delà presque toutes les grandes associations sont représentées et il faut y ajouter des policiers, gendarmes, députés, maires. C’est une quarantaine de personnes qui sont désignées pour chercher la lune et si elle la trouve, d’informer la population. La direction est confiée aux imams qui sont dans la commission, le tout sous l’autorité du gouvernement. Autrefois cela se faisait au ministère de l’Administration territoriale, nous avons demandé à ce que l’autorité soit transférée au ministère du Culte. Si la commission voit la lune, elle le déclare, sinon elle attend que les nouvelles lui parviennent grâce aux numéros diffusés partout au Mali. Si la lune apparait quelque part, la personne qui la voit est tenue d’aller voir le commandant, avec des témoins, et le commandant appelle le ministère pour l’informer. Supposons qu’on voit la lune dans un petit village de la région de Ségou. Il sera difficile pour les villageois d’avoir accès à nos autorités. Ils doivent d’abord passer par le maire. Ensuite, accompagnés de ce dernier, ils iront voir le commandant. Même s’ils voient la lune et qu’ils appellent pour le dire, la commission ne pourra rien annoncer. Elle demandera à ce qu’ils préviennent le commandant. C’est lui qui fait les identifications, qui recueille les témoignages et qui appelle la commission pour l’avertir. Des fois, vous pouvez attendre une heure, voire deux heures, du matin sans avoir d’information. À mon sens, ceux qui vont chercher la lune pour informer les gens sans aucune rétribution, les musulmans devraient leur dire merci, parce qu’ils s’impliquent pour tous. Il faut que les gens fassent preuve de retenue. Si la commission ne voit pas la lune et qu’elle n’a pas non plus les informations, que peut-elle faire si ce n’est attendre ? Maintenant, pour celui qui n’est pas d’accord avec ça, tu jeûnes ou tu choisis de ne pas jeûner. Les musulmans ne sauraient mentir à qui que ce soit. Ils veillent pour avoir des informations crédibles avant de les diffuser. Dans la nuit de samedi à dimanche, je n’y étais pas. La commission a cherché la lune, elle ne l’a elle-même pas trouvée. Mais elle a reçu des échos sur le fait que la lune était apparue quelque part. Il a été demandé à ces personnes d’aller voir les autorités et l’imam, afin qu’ils identifient le témoin en premier lieu. Dans le village en question, il n’avait pas de téléphone. Ils ont envoyé un message depuis un RAC (poste radio émetteur – récepteur) au ministère de l’Administration territoriale. Le temps que les agents finissent de recevoir le message, de le traiter et de l’envoyer au ministère des Affaires religieuses, il était deux heures du matin. Les musulmans étaient déjà rentrés chez eux.  Le commandant de la zone a même été obligé d’aller réveiller tous les membres de la commission pour confirmation avant d’affirmer par la suite avec certitude que la lune était apparue et de transmettre l’information à Bamako. Nous ne pouvons transmettre l’information comme cela, sans avoir des garanties. C’est pour cela que l’annonce a été faite en retard. Que les gens sachent que ce retard est dû à la vérification. Ils attendent l’information et même si c’est tardif ils sont obligés de la passer. Ils se sont rendus à la télévision, mais elle était déjà fermée. C’est la radio qui les a reçus.

Certains vous accusent d’être à la solde du gouvernement et de faire le jeu du pouvoir. Que répondez-vous à ces accusations ?

Tous les Maliens sont avec le gouvernement. Dans le cas contraire, tu quittes le Mali. Nous sommes tous ici, nous avons un Président, c’est IBK. Il est le président de nous tous. Je ne sais pas quel sens donner à ces accusations. Que ces personnes avancent leurs arguments. Je n’ai jamais de ma vie demandé de voter pour qui que ce soit. Vous connaissez tous ceux qui font ces demandes. Je suis chez moi, je ne me mêle pas de politique, aucun membre de ma famille non plus. En quoi serais-je à la solde du gouvernement ? Je n’ai ni arme, ni bâton, mais quand les dirigeants se trompent, je le leur dis. Nous ne prenons pas d’argent aux gens pour raconter n’importe quoi. Notre foi nous suffit et, grâce à Dieu, Haidara se suffit à lui-même. C’est moi qui travaille pour les autorités et non le contraire. J’ai construit six hôpitaux au Mali. Mes Ancar répondent à mes désirs et je suis fier de cela. Je n’habite pas dans une maison qui appartient aux autorités et je ne mange pas grâce à elles. Je dirai donc mes quatre vérités jusqu’à ma mort.

Abdou Bomba : « Nous avons des zones qui n’ont pas accès à la banane »

La culture de la banane est essentielle pour la diversification des cultures et des sources de revenus dans notre pays. Mais elle n’est pas exempte de difficultés majeures. Entretien avec Abdou Bomba, Secrétaire permanent de la Fédération des organisations des  producteurs de banane (FOPB)

Comment se porte la filière aujourd’hui au Mali ?

Aujourd’hui, la banane est bien cultivée dans trois régions, Koulikoro, Kayes et Sikasso. Ségou commence à s’y intéresser. Nous avons 1 500 producteurs et plus de 2 000 ha cultivés. Notre fédération regroupe 44 associations et coopératives.

Quelle est la quantité annuelle produite ?

Au niveau national, environ 60 000 tonnes, mais ce n’est pas suffisant. Il y a aussi des importations de Côte d’ivoire et de Guinée, environ 12 000 tonnes par an.

Qu’est-ce qui explique ces importations ?

La production locale n’arrive pas à couvrir tous nos besoins. A partir du mois de mars, les contraintes d’eau commencent à s’installer et la production baisse. C’est pendant cette période que les importations sont importantes. De novembre à mars, la production locale est abondante et les importations diminuent.

La banane locale est-elle exportée ?

Non pour le moment, puisque la production ne couvre pas l’ensemble des besoins locaux. Nous avons des zones au Mali qui n’ont même pas accès à la banane. Il s’agit pour nous plutôt de voir comment les approvisionner. Si nous avions par exemple des conteneurs et des camions frigorifiques pour la banane au frais, ce serait bénéfique.

Quels sont les prix sur le marché à ce jour ?

Le prix producteur varie entre 100 et 250 francs CFA. Mais le prix à la consommation peut aller jusqu’à 500 francs. Généralement, ce sont les commerçants qui imposent les prix aux producteurs. Cela varie aussi selon les périodes. Actuellement, c’est une période de pic. Les prix sont élevés parce que la production est faible. C’est aussi le cas habituellement durant le mois de Ramadan.

Quelles sont les grandes difficultés auxquelles est confrontée la filière ?

Il y a trois principaux défis à relever. D’abord, l’accès à l’eau, très important. Au moment où nous parlons, certains producteurs ont délaissé leurs parcelles à cause du manque d’eau. Il y a ensuite les intrants. La banane ne bénéficie pas de subventions, ce qui entraine des soucis de commercialisation, parce que les producteurs s’endettent auprès des commerçants et n’ont plus le choix pour les prix.

Marché spécial ramadan

Dans quelques heures va démarrer le mois de carême, période de piété pour les fidèles musulmans. En cette occasion, plusieurs offres fleurissent sur le marché dont les plus visibles sont celles des vêtements. Le ramadan, une bonne période pour le business ?

En dehors des lieux de loisirs, la plupart des commerçants tirent bien leur épingle du jeu au cours de ce moment spécial. Les produits de première nécessité inondent le marché, et même si certains voient leur prix déjà flamber (pomme de terre, légumes, etc.), les familles s’approvisionnent pour passer décemment cette période de grande consommation. Sur le marché, les produits « de saison » sont de retour. Dans les boutiques, comme chez les vendeurs à la sauvette, djelabas, baya et autres chéchias et voiles ont fait leur apparition. Ces vêtements portés par les fidèles, en particulier pour la prière, se vendent comme des petits pains. Pour faire face à la demande, Mamadou Marega, commerçant grossiste et détaillant au grand marché, se réjouit de cette période qui poussent les femmes à dépenser pour de nouveaux vêtements. « Les femmes achètent pendant toute la saison, mais elles viennent nombreuses pendant le ramadan parce que le moment oblige de couvrir son corps avec des robes longues ». Il importe de Dubaï ce type de vêtements par conteneur contenant chacun environ 20 000 complets vendus ici à raison de 8 000 à 9 000 francs CFA l’unité.

 Les classiques Autre produit qui marche particulièrement pendant le mois de carême, ce sont les dattes, recommandées pour la rupture du jeun. Celles que l’on retrouve sur les étals viennent pour la plupart d’Algérie, dans des sacs dont le poids varie entre 60 et 80 kg. Amandi Kanté en « importe 80 tonnes par semaine, de trois types différents. On les vend entre 500, 650 et 800 francs CFA le kilo, selon la qualité ». Le commerçant signale que ses collègues de la Guinée, du Sénégal, et de la Côte d’Ivoire viennent s’approvisionner au Mali.

On retrouve aussi les dattes quasi systématiquement dans les « paniers ramadan ». Depuis quelques années, les entreprises mais aussi certains particuliers offrent à leurs clients ou parents des paniers garnis. Fruits, jus, sucre, café, thé lait, confiserie, le contenu du panier dépend du budget de l’expéditeur. Raky s’est lancée dans ce business il y a trois ans, et elle confirme que la demande explose pendant le mois de carême. Elle en vend entre 70 et 80, dont les prix varient entre 25 000 et 50 000 francs CFA selon les besoins du client ».

 

 

Ramadan : constance des prix, malgré tout

À la mi-temps de ce Ramadan 2016, les ménagères se lamentent quant aux prix des produits alimentaires. Pourtant, il semble bien que les produits contrôlés par les autorités n’aient pas tous connu de hausse.

« C’est vrai le prix du kilo de viande est revenu au prix d’avant », reconnait Awa Ongoïba, aide-ménagère qui vient de finir ses emplettes au marché de Kalaban Koro. Le kilo de la viande avec os, qui était vendu entre 2 500 et 2 800 francs CFA au début du mois de Ramadan, est revenu à son prix normal en début de semaine, grâce aux discussions entamées par la Direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC) avec les acteurs de la filière viande. Selon les constats, la viande de bœuf avec os est désormais vendue à 2 000 francs CFA et à 2 300 francs CFA pour la viande sans os. Pas de hausse non plus pour le sucre, dont le kilo est toujours accessible à 500 francs CFA et le lait en poudre à 3 000 francs CFA le kilo. Quant aux produits tels que le riz ou l’huile alimentaire, les prix peuvent varier d’une boutique à l’autre et selon les qualités, mais ils restent sensiblement dans la moyenne de 375 francs CFA pour le riz brisure importé, et une fourchette de 600 à 800 francs CFA le litre d’huile. Dans les boutiques de vente en gros et détails, certains commerçants ont affiché les prix, d’autres non. Selon un conseiller technique du ministère de l’Industrie et du Commerce, plusieurs équipes sont déployées chaque jour sur le terrain pour vérifier le respect de cette disposition instaurée par les autorités. Mais si on peut parler de constance des prix pour ces produits, ce n’est malheureusement pas le cas pour les légumes et les fruits qui se vendent à prix d’or.

Au marché de Medina Coura, impossible d’acheter des tomates. Le tas est passé de 500 à 1 500 francs CFA, explique une ménagère qui précise qu’au détail c’est pire : « l’unité monte jusqu’à 150 francs CFA ! » Le kilo d’oignons est, quant à lui, passé de 200 à 300 francs CFA et la pomme de terre de 400 à 500 francs CFA. Assetou, vendeuse de légumes décline toute responsabilité, « nous achetons nos produits chers avec les cultivateurs, nous revendons ensuite en fonction de cela ».

Circulation alternée : ce qu’en pensent les Bamakois

À l’occasion du mois de Ramadan, la mairie du district, en collaboration avec les ministères des transports et de la sécurité, a mis en place un plan de circulation alternée sur certains grands axes de Bamako. Mais qu’en pensent les usagers ?

« L’objectif est de faciliter le retour aux domiciles à la fin de la journée de travail », soulignait le communiqué émanant du maire du district de Bamako, quelques jours avant l’entrée en vigueur de ce plan de circulation « spécial ramadan ». Ainsi, de 16h à 19h30 et du lundi au samedi, 3 grands axes de la capitale, à savoir l’avenue Cheick Zayed, la route de Koulikoro et l’avenue Martin Luther King se retrouvent à sens unique. Une dizaine de jours après l’entrée en vigueur de la disposition, les avis sont partagés, même si une grande majorité des usagers en reconnaît la pertinence.

Ce qui semble surtout déranger, c’est « le manque de communication en amont », comme l’explique Hamadoun Niangado, concepteur rédacteur, qui déplore que les usagers n’aient pas eu l’information à temps, surtout concernant les axes alternatifs proposés à ceux qui viennent en sens opposé. Des trajets « en zig-zag », c’est ce que déplore aussi Djeneba Sidibé, commerçante, qui passe  « des heures et des heures pour se retrouver bien souvent dans des quartiers qui n’ont aucun lien avec notre trajet. C’est vraiment difficile ». Hamidou, chauffeur de Sotrama n’est pas content non plus. Il estime cette décision défavorable, dans la mesure où « elle a bouleversé notre fonctionnement. Il nous est difficile de parcourir notre trajet normal et avoir nos clients », se lamente le chauffeur, qui avoue déposer les clients bien avant la fin du nouveau circuit, qui ne l’ « arrange pas du tout ».

Nombreux sont cependant ceux voyant cette mesure comme un véritable soulagement, qui vient fluidifier une « circulation infernale ». Ahmed Auguste, employé de bureau, fait partie de cette catégorie et « soutient cette décision pendant le carême, période durant laquelle l’énervement est rapide ». Mamadou Doucouré, étudiant, est lui aussi « plus que satisfait en partant à la maison sur la route de Koulikoro ». Certains usagers se mettent même à rêver de larges voies à sens unique dans Bamako. « Ce test est concluant et il doit pousser les autorités à investir dans de nouvelles voies bitumées au centre ville », assure Ousmane Diallo, commercial. La ville grandissant et le nombre d’automobiles croissant, le trafic est de plus en plus difficile, en particulier aux heures de pointe. Le principal enseignement est sans doute qu’il urge de repenser la circulation dans la capitale.

Ramadan : piqûre de rappel

La communauté musulmane se prépare pour le mois de carême qui commence dans quelques jours. Une période d’expression de la foi. Focus sur les fondamentaux du Ramadan, parfois un peu oubliés dans la pratique.

Neuvième mois du calendrier musulman, ce temps de jeûne commence à la vue de la nouvelle lune de Ramadan et prend fin à la vue de la nouvelle lune de Chawwâl. Il peut être de trente ou de vingt-neuf jours. « Jeûnez à la naissance du croissant et rompez à sa vue, s’il y a des nuages, complétez le mois de Chaabane à trente jours », peut-on lire dans le Saint Coran. L’imam Ousmane Traoré de la mosquée Al Muntada de l’ACI 2000 affirme « qu’appliqué à la religion, jeûner a pris le sens de renoncer, par piété, au boire, au manger, aux relations sexuelles et à tout ce qui est considéré comme étant susceptible de rompre le jeûne, depuis l’apparition de l’aube jusqu’au coucher du soleil ». Le jeûne est une obligation pour le musulman, adulte et en bonne santé, poursuit l’érudit, qui ajoute que l’on peut l’enseigner aux enfants, selon leur âge. En sont exemptées certaines catégories comme les personnes âgées, les malades ou encore les femmes enceintes.
Ce mois saint doit également rimer avec solidarité, car le musulman est encouragé aux bonnes actions, à la gentillesse et à l’entraide. Il n’est nullement dit de se ruiner pour faire face à ce mois devenu budgétivore pour bien des chefs de famille. « Je ne comprend pas ceux qui s’endettent pour le Ramadan. C’est au contraire la période où l’on doit vivre le plus simplement », affirme Bassoya, habitant de Faladié. Selon l’érudit, il est recommandé de partager avec les pauvres et les nécessiteux. Ceux qui en ont les moyens « doivent préparer des aliments particuliers et acheter des cadeaux pour leur famille et leurs amis, pour les pauvres et les nécessiteux qui ne peuvent pas se le permettre », précise l’imam Traoré. Le sens du jeûne est, à travers la privation, « de prendre conscience de la valeur des biens que Dieu offre, telle que la nourriture, et éviter ainsi le gaspillage comme beaucoup le font ». Dans la prière, le jeûne et le partage, bon et fructueux Ramadan à tous !

Ramadan 2016 : les prix vont-ils résister à la hausse ?

Dans deux semaines, débutera le Ramadan. Le gouvernement a mis en place un train de mesures pour contenir la traditionnelle hausse des prix des produits de grande consommation. Mais l’inquiétude demeure chez les consommateurs.

Au Mali, comme partout dans le monde musulman, des millions de gens entameront le jeûne du mois de Ramadan le 7 juin prochain. D’ores et déjà, l’effervescence est palpable dans les foyers à l’approche de cette période de privation et de sacrifice. « Je n’ai rien prévu pour le moment à cause des moments difficiles et de la cherté des produits de première nécessité », confie Cheik Hamala Traoré, chef de famille à la retraite. « Je pense que c’est le quotidien qui prime. Nous allons faire avec les moyens du bord », ajoute-t-il. À l’opposé, Malick Wane, qui travaille à l’Inspection générale de l’INPS, a commencé à « faire des économies pour bien débuter le mois de Ramadan, en stockant le charbon, l’oignon, le lait ». Mais il n’exclut pas de recourir à un prêt auprès des banques qui multiplient les offres de prêts « spécial Ramadan » pour aider les chefs de famille à faire face aux dépenses. 500 000 francs CFA en moyenne sont ainsi mis à la disposition des clients. « Tous les clients peuvent bénéficier d’un prêt avec intérêt, mais le montant dépend du niveau de revenu. Ça a commencé le 15 mai jusqu’à la fin du Ramadan. Les frais de dossier ont été réduits et la durée du prêt est de 10 mois. Pour le moment, nous avons déjà reçu quelques dossiers que nous sommes en train de traiter », explique Salif Coulibaly, conseiller clientèle à la Banque nationale de développement agricole (BNDA). Certains établissements proposent même des prêts à taux zéro.

Pas de pénurie Sur les marchés, pour le moment les prix se maintiennent. Mais la crainte de l’inflation demeure et au ministère du Commerce et de l’Industrie, on s’active afin de circonscrire les choses. Ainsi, des mesures ont été prises concernant les prix des produits de grande consommation, à savoir le riz, le sucre, le lait en poudre, l’huile alimentaire, la farine, la viande avec os. L’une des mesures, explique Modibo Keïta, directeur national du commerce et de la concurrence, concerne l’affichage des prix des produits qui font l’objet de suivi pendant tout le mois du Ramadan. « Même si les prix sont libres, l’affichage est une obligation prévue par les textes qui régissent le commerce au Mali et un droit pour le consommateur », poursuit-il. Il ajoute qu’il faut, outre le suivi et l’information, sensibiliser les opérateurs économiques qui ne respectent pas et refusent d’appliquer les prix, en dépit du fait que le gouvernement leur accorde des avantages sur les droits de douane. Aucun risque de pénurie, rassure-t-on également au ministère du Commerce, les services techniques procèderont à une vérification et un contrôle des stocks au niveau des magasins des opérateurs économiques. Pour le ministre, Abdel Karim Konaté, dit « Empé »,le respect des prix convenus avec les commerçants détaillant est important : 375 francs CFA pour le riz brisure importé, 500 francs CFA pour le sucre importé, 450 francs CFA pour le sucre produit localement et une fourchette de 600 à 800 francs CFA le litre d’huile. Il a aussi été décidé la suspension jusqu’à 3 mois de l’échéance de paiement du fonds alloué aux coopératives de la filière viande et son augmentation de 150 millions de francs CFA, ainsi que l’exonération de TVA de la graine de coton de la CMDT, ce qui permettra aux éleveurs d’avoir des tourteaux à moindre coût. Enfin, pour rendre les produits accessibles, le ministère innove cette année avec l’organisation par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), d’une « Foire du Ramadan », où les consommateurs pourront payer les produits aux prix indiqués.

Très cher bœuf du Ramadan

Plus que quelques heures avant la fin du mois sacré du Ramadan, célébrée ce vendredi. Les préparatifs vont bon train et sur les marchés, les clients font leurs achats pour que la fête soit belle. Au marché de bétail « Grabal » de Sans-fil, l’ambiance est bonne. Des enclos pour bœufs s’étendent à  perte de vue, des vendeurs apostrophent tous ceux qui passent pour leur proposer leurs animaux : «Tu as besoin d’un bœuf?». Le besoin est bel et bien là , mais les prix en découragent plus d’un. «Nous allons attendre les bœufs du gouvernement. Ici les prix sont vraiment excessifs», confie Ousmane Diawara, chargé de payer le bœuf de son collectif de chefs de famille. Oumar Maà¯ga, vendeur, confirme que le bœuf coûte cher cette année. Dans son enclos, les prix sont compris entre 300 000 et 500 000 francs CFA. Ses bœufs viennent de Nara et comme les autres revendeurs, il les a payés cher. « à€ cause du retard de la pluie, il n’y a presque plus d’herbe pour le bétail dans les pâturages. Les bœufs sont devenus squelettiques et pour les vendre, il faut d’abord les faire grossir, cela revient cher », témoigne le commerçant. Les bêtes sont nourries avec du tourteau de coton, de son ou de foin. Selon Issouf Cissé, vendeur de bœuf depuis 15 ans, le prix d’un sac de tourteau de coton a pris l’ascenseur puisqu’il est vendu à  11 500 francs CFA contre 10 000 francs CFA l’année dernière. Bougouni, Fason, Niena, et Niono sont également des zones de provenance du bétail vendu à  Bamako. Au marché de bétail de Lafiabougou Koda, le constat est le même. Abdoulaye Kanté, également vendeur de bétail se plaint même de la rareté de la marchandise. Chaque année, explique-t-il, les bœufs du Mali sont exportés vers la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Guinée Bissau, o๠ils sont paradoxalement vendus moins chers que le prix pratiqué au Mali. Pour atténuer le poids des dépenses des chefs de famille, le ministère du Développement rural organise une vente promotionnelle de 700 bovins qui a débuté lundi 13 juillet dans l’annexe du terrain Chaba à  Lafiabougou. Pour cette opération Ramadan, les prix varient de 100 000 à  250 000 francs CFA.

Aïd el-Fitr : La fête malgré tout

C’’est demain l’Aà¯d el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne. Durant trente jours, les musulmans du monde entier ont observé une période de renoncement et de sacrifice. Au bout du parcours, une célébration qui se veut à  la fois spirituelle, familiale et festive. Grande prière, repas en famille et visites aux parents, échange de vœux, marquent cette journée que l’on appelle communément la « fête de Ramadan ». On est pourtant bien loin de l’effervescence que l’on ressent habituellement à  l’occasion de cette célébration. Coût de la vie, insécurité, les Maliens dans leur grande majorité avouent ne pas vraiment avoir le C’œur à  la fête. l’affluence dans les marchés n’est pas moindre que l’an dernier. Les étals sont bien achalandés et les embouteillages dans la zone commerciale ne démentent pas le fait que les Bamakois se préparent pour la fête. Mais au marché, dans les ateliers de couture, chez les coiffeuses, dans les boutiques, commerçants et clients se plaignent : il n’y a pas d’argent. Plus l’échéance du vendredi 17 juillet approche, « plus le stress des chefs de famille augmente », témoigne Dra Sidibé, employé de bureau. « Après les dépenses du mois de carême, nous sommes essoufflés. Or, il y a les dépenses de la fête qu’il faut impérativement gérer » poursuit-il. Tous les moyens sont bons pour fêter décemment Ne pas offrir le minimum à  la famille à  la fin de ce mois de carême est tout simplement impensable pour les chefs de famille qui cherchent toutes les solutions possibles pour clore en beauté cette période de privation et de sacrifice tant spirituels que financiers. Certains chefs de famille se tournent ainsi vers les prêts bancaires. « Je prends prêt sur prêt. Là  J’ai empoché 500 000 francs de ma banque pour faire face aux dépenses, afin d’éviter d’être la risée des miens. Je vis dans une grande cour. Si je n’achète pas un mouton, les habits de madame et des enfants, alors J’aurai des problèmes. Quel que soit notre niveau d’instruction, les pesanteurs sociales nous rattrapent», explique Simon Ouattara, responsable commercial dans une cimenterie de la place. D’autres, en revanche, n’ont pas trouvé de source financière de secours et se livrent volontiers, histoire de se décharger un tant soit peu du poids du stress. « Les temps sont durs mais que faire ? Il faut faire face !» s’exclame M. Diawara, fonctionnaire de son état. Les lunettes sur la tête, le quadragénaire joue avec la calculette de son téléphone. Il doit acheter des bazins pour ses épouses, les enfants et un oncle. Pas question de donner dans le haut de gamme, « J’ai choisi un bazin deuxième choix à  trois mille francs le mètre car arrivé à  la maison il faudra donner le prix de la couture, de la coiffure et des chaussures», avoue avec dépit ce polygame qui se contentera lui-même «de redoubler », C’’est-à -dire de mettre un habit ancien le jour de la fête. Dans les méandres du grand marché de Bamako, chaque acheteur jongle avec la bourse. Draméra Bassidy, vendeur de tissus comprend la situation et assure que tout est fait pour faciliter la tâche des chefs de famille. « Les priorités s’amoncellent, alors nous les commerçants proposons plusieurs alternatives aux clients. Nous avons des bazins à  2 000 francs, 6 000 francs et à  10 000 francs le mètre. Mais cette année il y a une floraison de pagnes Wax à  3 500 francs, sans compter les tissus légers et les saris hindous », explique-t-il. Solidarité active Pour rendre les coûts supportables, en particulier le prix du bœuf, « l’union fait la force ». «Nous cotisons 15 000 francs chacun pour l’achat d’un taureau en vue de la fête. Les moutons à  la foire de Kati, coutent 45 000 francs minimum. Nous nous partageons la viande et ainsi chacun s’en sort », explique Mohamed Cissé, rencontré à  Niamana. Mandataire de ses collègues pharmaciens, Cissé n’a pas le C’œur à  la fête et peste volontiers contre toutes ces dépenses : «mieux vaut redevenir célibataire ! Sucre du ramadan et bazin par-ci, sollicitations imprévues par-là , C’’est intenable !» Pareil pour Zoumana, chômeur célibataire, qui rejoindra le vendredi des amis avec qui il partagera un repas, histoire de ne pas « rester seul à  broyer du noir ». Dans de nombreuses familles maliennes, en ce jour de fête, les esprits seront tournés vers les absents. En poste à  Gao, Senou Koné, agent de police, passera cette journée loin des siens. Il avoue que « la grande retrouvaille à  Koulikoro va beaucoup lui manquer, mais nous n’avons pas pu obtenir de permission pour rentrer à  la maison ». Amadou Dagnogo, caporal-chef à  Diabali, est lui aussi loin de chez lui. Dans les camps de réfugiés, de Mbera en Mauritanie o๠vivent quelques 70 000 Maliens, « personne n’a la tête à  la fête » a lancé Assetou Maà¯ga, ressortissante de Gao et mère de deux enfants. « Ici nous espérons juste survivre car la situation, bien qu’oubliée des autorités maliennes est toujours préoccupante », a ajouté une autre refugiée. Selon le Dr. Gbane Mahama de Médecins Sans Frontières, « le mois dernier, la ration de riz par personne a été réduite de plus de la moitié dans le camp», une difficulté de plus pour les réfugiés maliens. à€ eux s’ajoutent les marginaux dans la rue, les malades qui passeront cette journée sur leur lit d’hôpital ou encore les prisonniers. Tous, pourtant, malgré la dureté de la vie ou de leur situation, veulent garder l’espoir en des lendemains meilleurs. « Le jour de la fête, nous allons prier pour que les choses aillent mieux pour notre pays. Il faut que la paix revienne pour que nous puissions vivre correctement. Comme avant », conclut Dra Sidibé.

Sounakari –Orange Mali : la grande mosquée de Kati reçoit ses paniers

l’infatigable opérateur mobile numéro, Orange Mali, continue de faire son chemin auprès de la population en générale et musulmane en particulier durant ce mois bénis de Ramadan. Comme à  l’accoutumée, Orange Mali, se rapproche des fidèles musulmans dans plusieurs mosquées du district de Bamako à  l’occasion de la rupture du jeûne. l’objectif est de permettre au plus démunis de passer une rupture symbolique dans un cadre idéal. C’’est dans ce contexte qu’Orange Mali a entrepris depuis le début du mois de Ramadan sa tournée dans plusieurs mosquées du district de Bamako. Après les mosquées de Banconi, MedinaCoura, Hamdallaye, Kalabancoro, Niamacoro et Bolibana, l’honneur a été fait ce jeudi 9 juillet à  la grande mosquée de Kati de recevoir les 250 paniers ramadan et les 250 sounakari. Contenant les produits les plus convoités en ce mois béni de Ramadan, tels que le lait, le sucre, des dattes, le fromage etc. les paniers Ramadan ont été reçus avec joie par les fidèles qui se sont réjouis de cette initiative d’Orange Mali. 1 750 paniers pour 8 mosquées. Depuis le début de cette opération ce sont 1 750 paniers ramadan qui ont été déjà  offert à  huit mosquées des différentes communes du district de Bamako a témoigné, José, responsable événementiel d’Orange Mali. Une dernière mosquée est prévue pour ce mardi à  Bamako ; celle de Banakabougou.

Fête du Ramadan : ça se prépare…

La communauté musulmane déploie les gros moyens pour bien célébrer l’Aà¯d el Fitr qui marque la fin du ramadan. Pendant que dans les quartiers, les chefs de famille mutualisent leurs forces pour l’achat de bœufs à  partager, les femmes font le pied de grue devant les salons de couture et de coiffure pour être élégantes le jour « j ». Bazin patché et broderie suisse Bassirou Ndiaye, couturier sénégalais établi à  Korofina a commencé à  veiller chaque nuit pour respecter les rendez-vous fixés à  sa clientèle essentiellement féminine. « Je couds pour les hommes mais ils n’aiment pas trop dépenser, rares sont les hommes qui déboursent 75 000 francs pour s’offrir un caftan super 100, par contre les femmes mettent sur la table 130 000 francs pour un complet taille basse bien brodé. Cette année, la soie imprimée, la soie perlée, la duchesse mixée à  la dentelle et le getzner sont à  la mode » explique le couturier. Nous avons trouvé dans son atelier une commerçante entourée de sacs bien remplis et à  la main des téléphones qui n’arrêtent pas de sonner. Falla Mbaye vient du Nigéria. Elle a quitté le Sénégal depuis deux mois pour le Gabon puis Lagos. Elle vend des habits confectionnés à  Dakar. « Pour les hommes, les ensembles sont à  30 000 francs s’il s’agit du lin lourd, 25 000 pour les cotonnés et 45 000 pour les super 100 huilés que portent les cadres et les initiés » affirme Falla qui estime que « les femmes sont plus intéressantes car elles achètent des tuniques en bazin patché avec de la broderie suisse à  80 000 francs ». Hommes comme femmes ont jeté leur dévolu sur les couleurs mixées à  l’image du beige-marron, orange-vert, bleu-lomassa et le très demandé rouge-gris. Mèches et froufrous En matière de coiffure, les mèches colorées sont à  la mode. Le marron associé au beige assorti de rouge se fend comme de petits pains. Les tresses ne sont pas prisées à  l’opposé des greffages de toutes sortes. Point de petite tête, l’hivernage aidant, les femmes cherchent le fun avec surtout l’effet coupe du monde et la coiffure étagée de leur idole, Neymar JR. Pour compléter le tableau, elles exigent les pose-cils, les pose ongles et les vernis multicolores. La fête prévue en début de semaine prochaine donne une petite marge aux femmes pour amadouer qui de droit afin de lui soutirer quelques billets de banque à  distribuer le jour de l’Aà¯d-el Fitr qui n’impose pas beaucoup de travaux domestiques aux femmes. Ne sommes-nous pas dans l’ère du paraà®tre !

Ramadan : Les femmes entre le marteau de la faim et l’enclume des fonds

Mères de famille obligées de jeûner, les femmes vivent le calvaire durant les trente jours du mois béni de ramadan. Dès les premières heures de la journée, elles sont sur pied pour préparer le repas de l’aube que les hommes préfèrent chaud. Du kinkéliba neuf à  la bouillie de mil en passant par un plat salé fait de sauce et de viande, le menu doit être lourd afin que monsieur ne ressente pas la faim tout le long de la journée. Mariame Doumbouya, secrétaire de direction, explique « la difficulté à  allier le travail et les contingences familiales : J’ai un mari exigent qui ne mange que ce que je prépare. Il tient à  consommer des plats chauds à  l’aube avant d’aller à  la mosquée ce qui signifie que je dois me lever vers deux heures trente minutes pour préparer, le servir à  manger, prier, donner les directives et faire ma toilette pour être au service à  sept heures trente. Mes journées sont harassantes durant le carême. Je me surprends entrain de dormir au bureau en fin de matinée ». Sa collègue renchérit « les hommes sont juste égoà¯stes, ils restent dehors jusque tard le soir et se tirent du lit la mine renfrognée prêt à  admonester madame à  la moindre occasion. Nous nous tapons tout le boulot de la maisonnée et non content de cela la belle famille nous met la pression dés le premier jour du ramadan ». Madame évoque ici l’épineux problème du « sucre du ramadan ». Le sucre, prix du sacrifice Autrefois, la femme mariée offrait quelques kilogrammes de sucre à  ses beaux parents ou préparait un repas pour la grande famille. Cette tradition a aujourd’hui pris des proportions démesurées. Les hommes, radins et complices, laissent les femmes se débrouiller pour contenter la belle famille. Raky Siby, commerçante de son état, dit «payer un mouton, les condiments idoines, des pagnes Wax hollandais, des paquets de dattes, un sac de sucre, un carton de lait en poudre, du café et des caisses de boisson à  déposer au pied de la belle-mère qui pour l’occasion fait venir ses filles. En plus de ces produits, je remets une enveloppe d’au moins cinquante mille francs à  la maman de mon mari pour avoir sa bénédiction et éviter l’arrivée d’une coépouse, car qu’on me le dise ou pas, je sais que les copines de mon mari passeront dans la belle-famille avec des cadeaux ». Fatim, cadre dans une organisation internationale voit plus grand. Elle affirme « avoir payé le billet du petit pèlerinage à  ses beaux parents. Mon mari tient à  ses parents et sa mère est très opportuniste, donc je joue sur leur terrain en les comblant de cadeaux. En plus du sucre du ramadan, il faut gérer le quotidien et préparer la fête. Les hommes savent que tout ceci coûte cher, mais ils nous abandonnent à  notre propre sort et si tu ne fais rien, les reproches pleuvent ». Indexés, les hommes font la moue. Diack Ousmane, imprimeur à  Dravéla estime que «les femmes nous font trop dépenser donc à  l’occasion du ramadan, elles doivent rendre la monnaie à  nos parents et si une femme mariée ne le fait pas, la copine le fera ». Le mois de ramadan vaut mille mois selon l’islam, mais pour les femmes mariées, il vaut douze mois. Dans tous les cas, si le « sucre du ramadan » permet de garder le mari alors pourquoi ne pas s’appauvrir le temps d’un carême, si bien sûr on tient à  son mari et que ce dernier mérite le sacrifice financier.

Dossier Ramadan : les avantages et actes qui annulent le jeûne

Journaldumali.com : Quels sont les avantages spirituels du jeûne ? Ousmane Salia Traoré : Louange à  Allah ! Paix et salut sur son prophète ! Le jeûne exerce l’homme à  l’endurance, fortifie sa volonté, lui enseigne l’autodiscipline et lui en facilite l’application. Il crée en lui la crainte de Dieu et la nourrit, et surtout la piété qui est le fondement du jeûne. Dieu n’a-t-il pas dit ? « Ainsi atteindrez-vous la piété » (Coran, 2-La Vache-183). Le jeûne est un moyen de reconnaà®tre les bienfaits d’Allah et lui en exprimer la gratitude. En effet, la personne qui jeûne en s’abstenant de manger, de boire et d’avoirs des rapports sexuels pendant un laps de temps remarquera l’importance de ces choses. Ce qui le pousse à  en remercier Allah. Le jeûne permet également de vaincre Satan qui utilise les désirs er les instincts comme moyen de tentation. Signalons ici que les désirs et les instincts se renforcent par le boire et le manger. Le jeûne a-t-il aussi des avantages sociaux ? Tout à  fait, l’homme tire aussi des profits sociaux du jeûne. En effet le jeûne habitue la communauté à  l’organisation, à  l’union, à  l’amour, à  la justice et à  l’égalité. Il permet à  la personne qui l’exerce d’avoir de la compassion pour les pauvres. En effet, quand le jeûneur sent son estomac se tordre de faim, il vit expérimentalement la réalité des pauvres. C’’est alors qu’il éprouve de la compassion à  leur égard et leur donne avec plaisir de quoi apaiser un tant soit peu leur faim. A présent, pouvez-vous nous parler un peu des actes qui annulent le jeûne ? Tout ce qui parvient à  l’estomac à  la suite d’un rinçage exagéré de la bouche, d’une aspiration de l’eau pendant les ablutions annule le jeûne. Comme acte annulant le jeûne, on peut retenir l’émission du sperme suscitée par le regard continu, l’imagination, le baiser ou le toucher. Le vomissement provoqué annule le jeûne car le Prophète(PSL) a dit : « Qui vomit volontairement doit refaire son jeûne. Boire, manger ou avoir des rapports sexuels sous contrainte, boire ou manger par mégarde (en pensant qu’il fait nuit ou que la nuit est tombée par exemple), l’intention de rompre le jeûne même sans boire ou manger, renier sa foi (même si on y retourne), sont tous entre autres des actes qui annulent le jeûne. Il faut retenir que tous ces actes annulent le jeûne et obligent à  le refaire sans toutefois exiger une réparation expiatoire.

Ramadan : les beaux jours du Kinkéliba

Les colons d’Afrique de l’ouest l’appelaient le « thé du Sahel », ou « tisane de longue vie ». Il s’agit du Quinquéliba ou Kinkéliba dont le nom scientifique est « Combretum micranthum ». Il fait partie de la grande famille des combrétacées. La plante pousse essentiellement dans les pays du Sahel (Sénégal, Mali, Niger, Burkina Faso) et en Guinée. Ses feuilles séchées sont consommées en tisane. Le Quinquéliba se boit en infusion avec de l’eau chaude ou mélangée au lait. Réputé pour ses propriétés diurétiques, dépuratives et digestives, le quinquéliba est très sollicité en ce mois de Ramadan, pour la rupture du jeûne. Si elle est très prisée des jeûneurs, cette boisson est aussi recommandée en dehors du mois de Ramadan. En effet, ses vertus sont multiples. Cette boisson soigne les hépatites ou les intoxications d’origine hépatique et parfois les conséquences de l’alcoolisme. Son effet sur la foie est renforcé par l’adjonction de fumeterre. Le quinquéliba stimule ou facilite également les digestions difficiles. Ce mois de Ramadan fait donc les bonnes affaires des vendeurs des feuilles de quinquéliba. On les rencontre un partout. Dans les marchés, aux abords des grandes artères. D’autres vendeurs détaillants font du porte-à -porte dans les familles et dans les services publics. Broulaye Traoré, commerçant grossiste de quinquéliba, est installé au marché de Médina-Coura. l’homme constate avec satisfaction que le marché de la tisane est toujours dopé par le mois de carême. Cette année d’ailleurs plus que l’an passé. «Actuellement, je peux vendre plus de 10 sacs par jour. J’ai un bénéfice de 750 Fcfa sur chaque sac vendu», confie le commerçant. Selon Broulaye Traoré, le quinquéliba ne coûte pas vraiment cher sur les lieux d’approvisionnement. Mais ce sont les frais de transport qui alourdissent les prix à  la vente. Selon ses dires, le grossiste achète le sac de 120 kg à  9 000 Fcfa, celui de 105 kg à  7 500 Fcfa. Le sac de 50 kg, lui, revient à  2000 Fcfa. Si la plupart des vendeurs de quinquéliba se frottent les mains, il y en a qui restent sur leur faim. C’’est le cas de Nantenin Diarra, vendeuse installée au marché de Sabalibougou. Elle propose le sac de 25 kg à  1 500 Fcfa. Elle reconnaà®t que le marché bouge avec le mois de carême. Mais pas autant qu’elle l’aurait souhaité. Sur les petits marchés que nous avons sillonnés, les commerçants de détail vendent le quinquéliba en petits sachets dont les prix varient entre 25 à  50 Fcfa. Les revendeuses ne cachent pas leur satisfaction mais font remarquer que l’engouement pour la plante ne dure que le temps du mois de Ramadan. Le quinquéliba se vend sous différentes formes. Outre les feuilles en gros ou au détail, il y a ceux qui préparent la tisane pour le vendre aux clients à  la rupture du jeûne. Ici la clientèle est constituée de personnes qui ne peuvent pas rompre le jeûne à  la maison pour des raisons professionnelle ou d’autres motifs. Certaines gargotières proposent également la boisson chaude. Du côté des consommateurs, l’on ne tarit d’éloges sur le quinquéliba chaud et sucré. Moussa Kané, un chef de famille domicilié à  Kalanba-Coura, compte parmi les grands amateurs de quinquéliba. Il assure qu’il en consomme régulièrement, même en dehors du Ramadan. « Mais pendant ce mois, J’ai encore plus besoin de cette boisson chaude pour faciliter ma digestion. A la coupure du jeûne, le premier produit sur lequel je me rue après les dattes, C’’est le quinquéliba », confie-t-il. Comme on peut donc le constater, le quinquéliba représente un énorme marché potentiel. Il est dommage que les opérateurs économiques intervenant dans la transformation de nos produits naturels ne s’intéressent pas assez à  cette plante aux nombreuses vertus avérées. Juste peut-on citer dans ce domaine, l’expérience menée par Mandingo Industrie qui propose du quinquéliba conditionné en sachets à  infuser, dans une gamme qui comprend aussi du bissap, du gingembre ou du thé vert. Autant de boissons chaudes qu’une promotion conséquente devraient aider à  faire fureur durant le Ramadan.

Bamako au rythme du Ramadan

Se priver de boire, de manger, de fumer, du lever au coucher du soleil… C’’est l’une des prescriptions faites au fidèle musulman pendant le mois béni du ramadan. Le mois de jeûne est le quatrième pilier de l’islam, moment de pénitence par excellence. Au cours de ces 30 jours, les habitudes de vie et surtout l’alimentation subissent un profond changement. A chacun sa manière de vivre cette période si spéciale dont l’édition 2014 a commencé le dimanche dernier.Bamako, comme tous les recoins du Mali, vit au rythme de ce mois de carême. Dans la rue, peu de rassemblement, les uns et les autres se concentrent sur eux-mêmes pour oublier la sensation de faim et de soif qui s’affirme au fil des heures. C’’est plutôt la quiétude qui prévaut et les mosquées ne désemplissent pas. Nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à  rester éveillés et somnolent dans les bureaux. Particulièrement dans la seconde partie de la journée de travail, o๠il est difficile de rencontrer des salariés dûment installés à  leur poste. Petites astuces pour rester éveillés, le cure-dent qui apparait au coin de la bouche et aussi la montre bracelet qui est consultée toutes les cinq minutes, histoire d’accélérer la survenue de l’heure de la rupture. Ou plutôt de la « descente », la fin de la journée de travail étant avancée pour permettre aux uns et aux autres de rallier le domicile avant le coucher du soleil. Du coup, l’administration se retrouve paralysée, avec le changement d’horaire et le manque d’assiduité des travailleurs. Fruits, poissons et compagnie Sur le coup de 17heures, C’’est la ruée sur les marchés. On vient acheter la viande ou le poisson le plus frais possible, mais surtout les légumes et les fruits qui viennent enrichir le régime alimentaire de ce mois particulier. Assanatou Camara, son cure-dent bien calé entre les lèvres, déambule entre les étals des vendeurs de poissons au niveau de l’immeuble SONAVIE, à  l’ACI 2000. « Mon mari préfère le poisson à  la rupture du jeûne », raconte-t-elle. Elle doit attendre son tour car la file de clients est longue. Les vendeuses de fruits aussi voient leur part de marché augmenter à  ce moment de forte consommation. Djibril Coulibaly témoigne rompre « mon jeûne avec les fruits d’abord (datte et papaye) et ensuite J’attaque les autres plats. Raison pour laquelle chaque jour je m’approvisionne ici en fruits avant de prendre la direction de ma maison ». Autre friandise recherchée pour la rupture du jeûne, les galettes. Salées, sucrées, au riz, au mil ou à  la farine de blé, frites dans le beurre de karité ou une simple huile végétale… on voit des vendeuses s’installer à  tous les coins de rues pendant le mois de carême. Histoire de partager la manne que draine la clientèle qui change ses habitudes pour acheter au petit soir au lieu du matin. Vers 18 heures, on peut constater des attroupements autour de la vendeuse des précieux gâteaux traditionnels consommés avec le kinkeliba à  la rupture du jeûne. Les plus nantis prennent la direction des pâtisseries, les restaurants, pour rompre en famille ou avec les amis avec une large variété de plats et de boissons. Comme quoi, à  chacun son mois de carême…

Dossier Ramadan : Des vertus du jeûne…

Journaldumali.com : Que signifie le jeûne ? Ousmane Salia Traoré : Louange à  Allah. Paix et salut sur son prophète. Jeûner en arabe (As-Siyaam) signifie linguistiquement : ‘’s’abstenir de » ou ‘’ se retenir … ». Dans la terminologie de la charia, cela veut dire l’abstinence, de boire et manger et d’ avoir des relations sexuelles et de tout ce qui est susceptible de rompre le jeûne de l’apparition de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Journaldumali.com : Est-ce que le jeûne est une obligation pour les fidèles musulmans ? Il fut institué un lundi du mois de Chaabane de la 2ème année de l’hégire (642 ap. J. C) par le verset coranique : « à” croyants ! On vous a prescrit As-Siyam comme l’a prescrit à  ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété (sourate/ verset 183). Il a été ordonné aussi par la parole du prophète Mohamed(PSL) qui : « les de fondements de l’islam sont au nombre de cinq : l’attestation qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohamed est son prophète ; l’accomplissement de la prière, de la Zakat, du pèlerinage et du jeûne du mois de Ramadan. (Recueil de Boukhari et Mouslim). En effet le jeûne est obligatoire pour toute personne musulmane adolescente qui jouit de ses facultés mentales et qui n’a pas une cause lui permettant de ne pas jeûner comme le voyage ou la maladie. Journaldumali.com : Pouvez-vous nous parler de quelques mérites du jeûne ? Ses mérites on tété reconnus par les hadiths et du prophète qui dit que le jeune préserve de l’enfer tel un bouclier au combat (Recueil d’Ahmed). Selon lui, celui qui jeûne un jour pour l’amour de Dieu sera éloigné du feu de la distance parcourue en 70 années. (Recueils Bouhkari et Mouslim). l’invocation de celui qui jeûne sera exaucée chaque fois qu’il rompt son jeûne le soir (Recueil d’Ibnou Maja). Une des portes du paradis appelée ‘’Porte de Rayane » c’est-à -dire porte des rafraà®chissements. Seuls ceux qui jeûnent la franchissent. Il sera dit : « O๠sont ceux qui jeûnaient ? ». Ils se lèveront alors et entreront. Aucune autre personne ne la franchira. Elle se refermée. (Recueils d’Abou Sonni AbouNaim)

Montée de tension au Moyen-Orient: risques « très sérieux » d’attentats

L’alerte attentat a été renforcée dans la plupart des ambassades occidentales dans les pays du Moyen-Orient.Selon le site d’informations Euronews.com, on en sait désormais plus sur le faisceau d’indices qui a poussé la semaine dernière les à‰tats-Unis à  fermer une vingtaine d’ambassades et de consulats dans les pays arabes et à  appeler, mardi, leurs ressortissants à  quitter le Yémen «immédiatement». Les renseignements américains ont, selon plusieurs médias, intercepté des «communications» entre le chef d’al-Qaida et le responsable de la branche yéménite de l’organisation. Appels « à  l’action » des chefs d’Al Qaida C’est l’interception de messages contenant des menaces d’attentats entre le numéro un d’Al-Qaà¯da, Ayman al-Zawahiri, et Nasser Al-Whaychi, le chef de la filiale Al-Qaà¯da dans la Péninsule arabique (AQPA) qui a été le déclencheur de la décision de Washington de fermer une vingtaine d’ambassades et de consulats, selon les médias américains. Le premier aurait ordonné au second de perpétrer un attentat dès dimanche dernier. Zawahiri avait demandé à  al-Whaychi de « faire quelque chose », ce qui a poussé les responsables de Washington et du Yémen à  redouter une attaque imminente, selon les mêmes sources. Non seulement ces échanges émanent de «cerveaux» d’al-Qaida mais ils sont très précis, ce qui explique pourquoi Washington les a pris autant au sérieux. En outre, relèvent les analystes, il est rare que le leader d’al-Qaida, qui a trouvé refuge au Pakistan, discute des opérations à  venir avec les organisations sœurs. Il semble qu’Ayman al-Zawahiri se soit rapproché de Nasser al-Wuhayshi. Il y a quelques semaines, il aurait nommé l’ancien secrétaire de Ben Laden en Afghanistan, «manager», soit numéro 2 du réseau al-Qaida. «Frankenbombers» Leurs messages surviennent alors que le «bavardage» entre sympathisants d’al-Qaida s’est intensifié. Des communications auraient été observées entre des membres d’al-Qaida et quelqu’un résidant aux à‰tats-Unis. Les contacts auraient eu lieu par voie électronique comme postale. Dans le même temps, plusieurs figures d’al-Qaida ont retrouvé la liberté à  la faveur d’évasions massives de prison en Irak, en Libye et au Pakistan. L’AQPA serait en train de finaliser un attentat qui coà¯nciderait avec la fin du ramadan cette semaine, craignent les services secrets américains. Les intérêts occidentaux au Yémen seraient une cible de choix. Les autorités yémenites chercheraient activement les voitures piégées, dont al-Qaida compterait se servir contre les ambassades étrangères. Inquiétudes accrues Londres a déjà  évacué tout le personnel de son ambassade au Yémen, fermée depuis dimanche. Les Etats-Unis ont eux appelé ce mardi leurs ressortissants à  quitter le pays «immédiatement». Du côté du Quai d’Orsay (Ministère français des affaires étrangères, NDLR), on explique que les 600 ressortissants français enregistrés auprès de l’ambassade ont depuis dimanche des «consignes de restriction de déplacement maximale». Une autre peur des services de renseignement est l’usage par les terroristes de nouveaux explosifs indétectables dans le transport aérien. Des kamikazes pourraient être déployés avec des bombes implantées chirurgicalement dans leur corps, à  la manière des «mules humaines» utilisées dans le trafic de drogue, afin de déjouer les contrôles de sécurité. La presse américaine les a déjà  baptisés «Frankenbombers», une contraction de Frankenstein et de poseur de bombe. AQPA aurait aussi développé un explosif liquide. Il suffirait de tremper un vêtement dans ce bain et de le faire sécher. L’habit deviendrait alors «un objet piégé».

Campagne rime-t-elle avec jeûne du ramadan?

Bamako semble ville « morte » malgré le début de la campagne électorale, il y a une semaine. « Normal » me diront certains. « C’’est le jeûne du mois de ramadan qui amène cela. Les gens se fatiguent. Il fait chaud et en plus les militants ne peuvent pas sortir comme avant, faire du bruit courir derrière les gens pour faire passer le message de leur candidat » constate Bréhima Traoré, secrétaire général d’un parti politique représenté aux élections. Le mois de ramadan est le 4e pilier de l’Islam. Le Mali compte pourtant plus de 90 % de musulmans. Ce mois « béni » est l’occasion pour les pratiquants de cette religion de se recueillir, d’accomplir beaucoup plus d’actes de piété qu’ils ne le font d’habitude. « Le matin, les gens sont inactifs. Ils sortent de chez eux après 9 heures. A peine la journée débute, chacun est pressé de retourner chez lui. Vers 16h déjà , personne ne milite plus » ajoute M. Traoré. « Selon moi, C’’est difficile de concilier campagne électorale et jeûne du ramadan. Impossible de jouer le tam tam ou encore de la musique en pleine rue. Je crois que C’’est fait exprès pour éviter des heurts. Nous avons besoin de la paix dans notre pays. C’’est mieux que la campagne se passe dans le calme plutôt que dans le vacarme comme avant. Maintenant on entend mieux les messages des candidats » se réjouit Moussa Balla. A part les grands meetings d’ouverture dans les stades ou encore dans des salles fermées, aucun autre signe visible de campagne n’est perceptible dans les rues de Bamako. « Nous sommes vraiment tranquille cette année, si toutes les campagnes électorales pouvaient se passer durant le mois de ramadan, cela serait très bien » s’exclame Adama Koné, un sexagénaire habitant à  Faladié, quartier de la rive gauche de Bamako. A en croire certains candidats, le fait de faire la campagne durant le ramadan n’est pas un handicap en soi. Cependant plusieurs facteurs s’ajoutent à  cela, notamment, la situation même du pays qui est en train de sortir d’une grave crise sans précédent. Internet, les réseaux sociaux et les médias restent en tête pour la propagande des messages des candidats à  la présidentielle prévue dans 13 jours (28 juillet 2013).

Revoilà Ramadan

Un démarrage peut en cacher un autre. Après le début en grande pompe de la campagne présidentielle, le dimanche dernier, le top départ est donné depuis hier mercredi 10 juillet pour le mois de ramadan. Contrairement aux années précédentes, le démarrage s’est opéré sans fausse note, disons sans divergence apparente. Un mois de retenue C’’est parti donc pour un mois d’abstinence, de retenue et de modération pour tous musulmans. Du lever au coucher du soleil, le bon musulman s’abstient de boire, de manger ou doit s’abstenir de tout plaisir charnel comme les actes sexuels. Si le prix à  payer pour se conformer à  ses sacro-saintes règles du mois de ramadan est cher, il faut dire que C’’est la voie idéale pour absoudre les péchés et ramasser à  la pelle des bénédictions et la grâce de Dieu qui, pour la circonstance, fait preuve de prodigalité à  l’endroit des croyants. Les bons actes qui y sont posés sont mesurés à  une aune inestimable. Un imam très inspiré a comparé le mois béni aux promotions souvent faites par les opérateurs de téléphonie mobiles. C’’est pourquoi du haut de son minbar, il a invité ses coreligionnaires, le vendredi dernier, à  redoubler de prières, des recueillements, d’invocations de Dieu… Le message du chef religieux ne semble pas tomber dans l’oreille du sourd. Du moins à  en juger par l’attitude contractée par certains en ce début de ramadan. Des hommes ont déjà  rangé de côté les costumes ou des pantalons plaqués pour arborer des boubous tout en tenant ostensiblement dans la main un chapelet, histoire pour eux de prendre la cadence du mois le plus important pour tout musulman. Des femmes et jeunes troquent les habits moulants laissant transparaà®tre leur sex-appeal contre des hidjabs ou voiles avec la tête souvent couverte. Le jeu, même s’il est plus dicté par le conformisme que par la conviction, il en vaut bien en la chandelle. Après tout, Dieu est miséricordieux. Le mois béni entraà®ne dans les services publics un ralentissement du rythme de travail. Aux retards s’ajoutent les descentes avant l’heure, sans oublier les petites sommes perturbatrices aux heures de travail. Beaucoup de dépenses Le mois de ramadan, C’’est aussi l’une des périodes les plus dispendieuses de l’année. Comme par enchantement, les gens sont pris par une frénésie de dépenses avec les prix des articles qui passent du simple au double, voire plus. C’’est pourquoi le mois est accueilli par les chefs de famille par un sentiment ambivalent : avoir des bénédictions mais faire beaucoup de dépenses. Au contraire, C’’est la période de vache grasse pour les commerçants qui en profitent pour fructifier les affaires. Revoilà  le mois de ramdam, vivement le ramadan. Bon ramadan à  tous !

Ramadan : des conseils pour éviter de mettre sa santé en danger

Les journées étant plus longues et plus chaudes en cette saison estivale, chacun doit impérativement s’hydrater et s’alimenter correctement au cours de la période de rupture du jeûne. Voici quelques conseils à  mettre en pratique pour passer un bon ramadan. L’hydratation doit être le mot d’ordre de cette période de ramadan. Dès la rupture du jeûne, ceux qui jeûnent doivent boire en grande quantité. Il ne faut pas non plus oublier de s’hydrater juste avant la reprise du jeûne. Du côté de l’alimentation, mieux vaut privilégier une alimentation saine lors de la rupture du jeûne et ne pas se jeter sur les pâtisseries et sucreries qui, même en grande quantité, ne combleront pas la faim et perturberont l’organisme. La rupture du jeûne ne doit pas être synonyme de repas trop copieux. Non seulement un repas abondant serait mauvais pour l’organisme, mais en plus cela pourrait favoriser les troubles du sommeil. Consommer beaucoup de fruits Avant de repartir pour une journée de jeûne, il est recommandé de consommer des fruits pour l’apport en vitamines et surtout des sucres lents, tels que de la semoule et des céréales, pour tenir tout au long de la journée. Dans tous les cas, il est important de bien manger avant le lever du soleil, pour tenir tout au long du jour. Même si le jeûne s’étend du lever au coucher du soleil, il est conseillé de faire trois repas au cours de la journée : le premier avant le lever du jour, le second à  la rupture du jeûne et le troisième quelques heures (compter deux ou trois heures) après. Si cela est possible, une sieste peut s’imposer en début d’après-midi. La période estivale invite même davantage les usagers à  s’initier à  cette pratique, afin de leur permettre de reprendre des forces pour le reste de la journée. Il est aussi conseillé d’éviter le soleil et la chaleur durant le mois du ramadan. Chacun doit privilégier les pièces fraà®ches à  l’intérieur et l’ombre à  l’extérieur pour ne pas s’affaiblir trop rapidement. Même si la période du ramadan n’a aucune conséquence majeure sur la santé de ceux qui jeûnent, il est important de réduire au maximum les efforts physiques. Les sportifs doivent notamment faire très attention à  ne pas se surpasser durant le mois du ramadan. Les personnes fragiles doivent consulter le médecin Les patients atteints de diabète sont invités à  suivre régulièrement leur taux de glycémie, à  s’hydrater en abondance et à  fuir les sucreries pour réduire les risques sanitaires liés à  cette période de jeûne. Par ailleurs, les personnes fragiles souhaitant faire le ramadan, à  savoir les femmes enceintes, les personnes âgées ou encore les patients atteints d’hypertension ou d’asthme, sont appelées à  consulter leur médecin traitant au moindre signe anormal. Pour une plus grande sécurité, il est recommandé de se rendre chez son médecin avant et après le ramadan.

Le Mali, la France et les extrémistes

Le monde observe, et la classe politique française semble unanime sur le principe d’une intervention militaire au Nord du Mali contre les « islamistes », « jihadistes », « extrémistes ». D’aucuns reprochent certes au gouvernement de s’être engagé seul mais ils estiment « juste » la décision de mener une action militaire. Le Président français, François Hollande, qui semblait perdu au C’œur d’un gouvernement confus, redore son blason et se refait une image d’homme d’Etat, de chef de guerre, qui veut « détruire l’ennemi », « l’empêcher de nuire ». C’’est donc au Nord du Mali que la France voit se refléter, enfin, l’image d’un Président fort, déterminé, installé à  Paris. Il faut commencer par le commencement et prendre une position claire. l’idéologie et les pratiques des réseaux et groupuscules salafi jihadistes et extrémistes sont à  condamner de la façon la plus ferme. Leur compréhension de l’islam, leur façon d’instrumentaliser la religion et de l’appliquer en imposant des peines physiques et des châtiments corporels de façon odieuse est inacceptable. Encore une fois la conscience musulmane contemporaine, et internationale, doit s’exprimer haut et fort, le dire et le répéter, cette compréhension et cette application de l’islam sont une trahison, une horreur, une honte et les premiers à  devoir s’y opposer devraient être les musulmans eux-mêmes et les Etats des sociétés majoritairement musulmanes. Politiquement, intellectuellement et avec toute la force de leur conscience et de leur C’œur. Cette position ne doit souffrir aucune compromission. A cette ferme position de principe, il faut ajouter l’analyse géostratégique et éviter de confondre la clarté de la position morale avec la naà¯veté d’une position politique binaire simpliste : être contre les extrémistes jihadistes reviendrait-il donc forcément à  être en accord avec la politique française dans la région ? l’expression « Etre avec nous ou contre nous » de George W. Bush est fondamentalement fausse et dangereuse dans sa substance autant que dans ses conséquences. Derrière l’engagement « noble » de la France aux côtés des peuples africains en danger, il demeure certaines questions qu’il faut poser explicitement. l’Occident en général, et la France en particulier, a oublié les peuples pendant des décennies sous les dictatures tunisiennes, égyptiennes et libyennes avant de chanter les louanges des « révolutions », du « printemps arabe » et de la liberté. En Lybie, l’intervention humanitaire avait des aspects troubles, des parfums d’intérêts pétroliers et économiques peu dissimulés, voire assumés. Quelques mois plus tard, la France interviendrait au Nord du Mali pour le bien du peuple, avec cette seule intention de protéger ce pays « ami » du danger des extrémistes désormais alliés des rebelles touaregs. Voire. l’absence de données économiques et géostratégiques dans la présentation politique et médiatique des faits est troublante. On ne dit rien, en sus, de l’histoire longue, et plus récente, des alliances de la France avec les gouvernements maliens successifs. Tout se passe comme si la France exprimait soudain sa solidarité politique de façon gratuite, généreuse et sans calcul. Or dans les coulisses des bouleversements politiques récents, la France n’a eu de cesse d’interférer, de faire pression, d’écarter les acteurs maliens gênants (politiques ou militaires) et de créer des alliances utiles, aux sommets de l’Etat comme sur les terrains tribal, civil et militaire. Amadou Toumani Touré, renversé par un coup d’Etat le 22 mars 2012, a été grandement fragilisé et isolé après la chute du colonel Kadhafi. Il semble avoir payé le prix de sa politique vis-à -vis du Nord et de ses vues quant à  l’attribution des futurs marchés d’exploitation pétrolière. Les liens (parfois difficiles) de la France avec l’organisation sécessionniste, « Le Mouvement National de Libération d’Azawad » (MNLA), ne sont un secret pour personne et permettaient d’établir une zone de fracture entre le Sud et le Nord du Mali bien utile à  la lumière des visées d’exploitation de richesses minières très prometteuses. La présence de l’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et son alliance avec les tribus touaregs dans le Nord a été, depuis 3 ans (et davantage encore dans les faits), un autre facteur justificatif de la présence militaire française dans la région (et qui s’est proprement officialisée depuis le lancement de « la guerre » il y a quelques jours). Le gouvernement français et les responsables des multinationales du gaz et du pétrole ont toujours, officiellement, relativisé ou minimisé les découvertes en matière de ressources minières dans la région sahélienne entre la Mauritanie, le Mali, le Niger et l’Algérie (on a même parlé de « mirage malien »). Pourtant les données sont bien plus connues et certifiées qu’on ne le laisse entendre et Jean François Arrighi de Casanova, le directeur Afrique du Nord de Total, n’a pas hésité à  parler « d’un nouvel Eldorado » avec d’immenses découvertes gazières et pétrolifères. La région n’a pas moins de cinq bassins des plus prometteurs. Le bassin de Touadenni, à  la frontière mauritanienne, a déjà  révélé l’importance de ses ressources. Il faut y ajouter les bassins du Tamesna et des Iullemeden (frontaliers avec le Niger), le bassin de Nara (proche de Mopti) et le graben de Gao. l’Autorité pour la Recherche Pétrolière (AUREP) confirme le potentiel du sous-sol du nord Mali en matière de ressources minières (essentiellement gaz et pétrole). Le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et le Niger sont les premiers concernés et – avec la chute du colonel Kadhafi – les perspectives d’exploitation se sont ouvertes pour les compagnies françaises (au premier chef Total), italiennes (ENI) et algérienne (Sipex, filiale de Sonatrach) qui ont déjà  investi plus de 100 millions de dollars (selon les estimations) en études et forages malgré les difficultés dues à  l’aridité et à  l’insécurité. Le peuple ami malien vaut bien que l’on défende son sang, sa liberté et sa dignité quand on sait, accessoirement, ce que peut recéler son désert de gaz et de pétrole. Ce ne sont pas les ressources minières du nord du Mali qui sont un mirage mais bien la réalité de la décolonisation. Certaines questions ne sont-elles pas légitimes au demeurant ? Nul ne peut nier l’existence de groupes violents extrémistes et radicalisés qui ont une compréhension coupable et inacceptable de l’islam. Nous l’avons dit, il faut les condamner. Il faut constater que ces groupes ont des stratégies politiques contradictoires et ont une fâcheuse tendance à  s’installer aux lieux exacts o๠les ressources minières sont un enjeu capital. On le savait en Afghanistan (dans une région immensément riche de pétrole, gaz, or, lithium, etc.) et voilà  Â– on ne comprend pas bien pourquoi – que les « fous » extrémistes s’installent dans le Sahel malien pour y appliquer leur « shari’a » inhumaine et si peu islamique. Dans le Sahel désertique ! Que l’on nous entende bien, il n’y a pas doute sur l’existence de ces groupuscules extrémistes mais il y a des questions légitimes sur leur infiltration possible (les services de renseignements américains, comme européens, ont admis faire usage de l’infiltration en s’appuyant sur des agents instigateurs). Leurs lieux d’installation et leurs méthodes d’opération pourraient bien être encouragés et orientés : on le savait avec George W.Bush, on le voit au Mali, on peut faire un usage utile « des terroristes ». Un chef militaire malien nous disait son trouble lors de notre dernière visite : « On a ordre de les exterminer, de les ‘détruire’ (sic), même quand ils sont désarmés. Pas de prisonniers ! On fait tout pour les rendre fous et les radicaliser ». Etonnante stratégie de guerre en effet. Plus largement, le Canard Enchaà®né révèle que l’allié de la France, le Qatar, aurait signé un accord avec Total – quant aux exploitations du Sahel – et, paradoxalement, soutiendrait financièrement et logistiquement des groupes radicalisés tels que « les insurgés du MNLA (indépendantistes et laà¯cs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi et Mujao (djihad en Afrique de l’Ouest) ». Si les faits sont avérés, s’agirait-il d’une contradiction ? Ou alors d’une façon d’encourager et de pousser les pyromanes (extrémistes) afin de rendre utile, nécessaire et impérative l’action des pompiers (français) ? Une répartition des rôles entendue, particulièrement efficace, et tellement cynique. Le monde observe et la récente prise d’otages en Algérie va davantage encore mobiliser les sentiments nationaux en soutien de l’opération militaire. Des otages américains, anglais, norvégiens, etc. et ce sur le sol algérien : les enjeux dépassent désormais la France. Le peuple malien se réjouit en majorité mais beaucoup ne sont pas naà¯fs : la France amie est surtout amie de ses intérêts et sa façon d’intervenir sélectivement (en Lybie ou au Mali et non en Syrie ou en Palestine) n’est pas nouvelle. La politique biaisée de la « France-Afrique » est terminée nous disait-on, les colonisations politique et/ou économique ont fait long feu, l’heure de la liberté des peuples, de la dignité des nations et de la démocratie a sonné ! Il faudrait donc que l’on adhère béatement à  cette hypocrisie générale. Il faut dénoncer les extrémistes, il faut condamner leurs actions et l’instrumentalisation de la religion et des cultures mais vient un jour o๠il faut aussi regarder les responsabilités en face. Aux Etats africains et arabes qui oublient les principes élémentaires de l’autonomie et de la responsabilité politiques (et ceux du respect de la dignité de leur peuple) ; aux élites africaines et arabes, et à  nous tous, qui sommes si peu capables de proposer une vision claire de l’indépendance politique, économique et culturelle ; aux peuples qui se laissent emporter par les émotions populaires et les mirages « des puissance amies »… à  nous tous, politiques, intellectuels et citoyens préoccupés par la dignité et la justice dans les pays du Sud, il faut renvoyer le miroir de notre responsabilité ultime quant à  ce qui advient sous nos yeux. La « destruction » des extrémistes jihadistes du Nord du Mali n’est pas une promesse de liberté du peuple malien mais, à  long terme, une forme sophistiquée d’aliénation nouvelle. Pourtant, jamais comme aujourd’hui les forces de résistance des pays du « Global South » (avec les mouvements politiques et intellectuels engagés au Nord), jamais ces forces, disions-nous, n’ont eu autant d’opportunités d’ouvrir d’autres horizons et une marche nouvelle vers leur liberté. On ne voit rien aujourd’hui que cette euphorie, cette célébration ou ce silence, face à  l’action libératrice de la France et de la « communauté internationale » qui unanimement la soutient. Comme si le Moyen Orient et l’Afrique avaient accepté d’être soumis encore devant les dernières cartouches tirées par cet Occident meurtri et mourant de ses doutes et des crises économiques, politiques et identitaires qui le traversent. Le meilleur service que l’Afrique peut se rendre à  elle-même, et à  l’Occident, ce n’est pas de plier face à  la nostalgie et aux délires de puissance de ce dernier, mais de lui résister avec dignité et cohérence au nom des valeurs même que l’Occident et la France défendent et qu’ils trahissent pourtant quotidiennement au gré de leurs politiques mensongères et hypocrites en Amérique du Sud, en Afrique comme en Asie. Le Nord du Mali est un révélateur qui donne la chair de poule : voilà  un peuple qui chante sa libération politique laquelle est associée à  son nouvel enchainement et étouffement économiques ; voilà  des politiques et des intellectuels africains ou arabes qui sourient et applaudissent (conscients ou inconscients, naà¯fs, arrivistes ou compromis). l’hypocrisie et la lâcheté de ces derniers n’est somme toute que le miroir de l’hypocrisie et de la manipulation des grandes puissances

Message de Dioncounda Traoré à l’occasion de l’Aid El Fitr 2012

Les musulmans du Mali célèbrent ce samedi l’Aà¯d El Fitr ou Fête de la Korité qui sanctionne le mois béni du Ramadan. En cette heureuse occasion, il m’est particulièrement agréable de souhaiter une Bonne Fête de l’Aà¯d El Fitr à  la communauté musulmane du Mali ainsi qu’à  tous les peuples de la Oummah islamique. Je voudrais associer à  cette célébration nos frères et sœurs des autres confessions religieuses avec qui nous partageons, en bonne intelligence, une même communauté de destin. La Fête de l’Aà¯d El Fitr m’offre l’occasion de rendre grâce à  Allah, le Tout-Puissant et le Miséricordieux, Lui qui nous a donné la force et la santé nécessaires d’accomplir le Jeûne du Ramadan, l’un des Cinq piliers de l’Islam. Cette année, la Korité intervient dans un contexte particulier marqué à  la fois par une crise politique qui a mis notre démocratie à  rude épreuve, et par l’occupation de la partie Nord de notre pays par différents groupes armés, notamment des terroristes internationaux et des trafiquants de tous genres, qui soumettent nos concitoyens restés sur place à  des souffrances inhumaines et insupportables, pendant que ceux qui se sont déplacés ou réfugiés dans des pays voisins vivent une véritable tragédie. Je voudrais encore une fois inviter les Maliennes et les Maliens à  taire leurs différences afin de réaliser une union sacrée autour de la question du Nord qui hypothèque notre existence en tant qu’Etat-Nation. J’ai foi en notre sens du patriotisme. J’ai confiance aux femmes et aux hommes du Mali dont les efforts conjugués permettront le sursaut national indispensable à  la reconquête des trois (03) régions du Nord, la fin des exactions et humiliations vécues par les populations. J’exprime ma profonde gratitude à  ceux et celles qui, tout au long du mois de Ramadan, ont fait preuve de générosité et d’altruisme envers nos concitoyens les moins nantis. Par la même occasion, J’adresse mes sincères remerciements à  l’ensemble des Imams et Erudits de notre pays pour leurs prêches et les prières formulées pour la Nation. En cette période hivernale, je voudrais saluer et encourager nos populations rurales qui ne ménagent aucun effort pour produire les vivres dont notre pays a besoin. Enfin, J’ai une pensée émue pour les victimes des récentes inondations au Mali, en Afrique et dans le reste du monde. Bonne Fête de l’Aà¯d El-Fitr à  toutes et à  tous ! Qu’Allah protège le Mali ! Koulouba, le 17 août 2012 Pr. Dioncounda TRAORE Président de la République

Nord du Mali: les islamistes gâchent la fête du Ramadan

La fin du mois béni de Ramadan, c’était hier samedi 18 Août 2012 partout au Mali. Dans les régions nord sous occupation, la prière s’est passée dans des conditions particulières, si l’imam de Tombouctou a dirigé la prière, il a été obligé de lire un message d’Ansardine à  la fin de la prière, alors que celui de Gao a été remplacé parun imam imposé par le MUJAO. A Tombouctou, la grande prière a eu lieu comme d’habitude, à  chaque grande occasion, sur la place du Sahel vert. Mais une grande partie de la population ayant quitté la ville ces derniers mois il y avait beaucoup moins de monde cette année. A la fin de la grande prière, un représentant du groupe islamiste Ansar Dine a demandé l’autorisation au grand imam de prendre le micro pour diffuser un message d’apaisement, mais certains fidèles ont préféré s’en aller. L’Imam de Gao évincé par le MUJAO « Il a dit qu’aujourd’hui C’’est une grande fête. Tous les musulmans doivent la fêter dans la paix et dans la sécurité. Et il a dit qu’eux ne sont pas là  pour l’Azawad mais qu’ils sont ici pour l’islam. Quand il a demandé cela, la majorité de la population est partie », rapporte un participant. Dans la ville de Gao, l’imam n’a même pas pu diriger la prière. Les islamistes du Mujao ont estimé qu’il n’était pas compétent pour ce jour particulier de l’Aid el-Fitr. Le Mujao a donc imposé son propre imam, qui s’est montré à  la dernière minute entouré d’un très lourd dispositif armé. Certains n’ont pas apprécié le procédé et sont partis dès qu’ils ont pu, comme le raconte cet homme : « Quand on est arrivé, on s’est assis et au bout d’un moment ils ont commencé la lecture. On a constaté que ce n’était pas le même imam qui d’habitude nous fait prier qui était en train de faire la lecture du Coran. En plus de cela, il y avait des 4×4 avec des armes. On a rien compris. On a préféré tout simplement rentrer à  la maison. » Dans certaines autres localités du nord comme à  Niafunké, la grande prière devrait avoir lieu ce dimanche. La décision prise par Bamako de fêter l’Aà¯d ce samedi a été connue trop tard. Certains ont rompu le jeune dès vendredi soir mais dans d’autres familles, le ramadan aura duré une journée de plus.

Billet : croissant de lune ou croissant de boeuf ?

Aujourd’hui ou demain ? Bien malin le marabout ou l’exégète qui pourra le préciser. En tout cas, les marathoniens lessivés par une vie d’ascèse de près d’un mois, n’ont nullement envie de jouer les prolongations. En attendant le croissant lunaire, on voit déjà  un autre croissant qui fait foi: le croissant de bœuf, pardon les têtes de bœuf qui pavoisent dans les rues. Avec ce croissant là , pas besoin de scruter le ciel à  la recherche de la lune dont la vue en cette période hivernale est aléatoire. Pas besoin non plus d’être scotché à  son transistor à  des heures indues pour écouter le verdict de la Commission d’observation de lune. Il suffit simplement de regarder autour pour contempler les têtes qui augurent une arrivée imminente et encourageante. Or, à  ce stade de la compétition, aucun concurrent ne prend le risque de jouer compliqué au risque de craquer in extremis. On joue donc la carte de la simplicité et de la proximité, on s’intéresse aux objets sur terre qu’à  ceux du ciel. Et à  ce jeu, il y a mille chances chance de franchir la ligne d’arrivée aujourd’hui même. Hourra ! l’épée de Damoclès qui planait sur les pauvres bœufs vient de tomber avec les têtes. Le nom du vainqueur est connu d’avance : le croissant de vache suivi du croissant lunaire. Bonne fête de Ramadan à  tous et à  toutes !