Mali : des passeports diplomatiques de plusieurs personnalités annulés

 

Le gouvernement de transition a annoncé mercredi 22 février l’annulation de passeports diplomatiques en cours de validité pour des personnalités parmi lesquelles d’anciens ministres et leurs proches.

La décision, notifiée par le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale aux Missions diplomatiques et postes consulaires accrédités au Mali, concerne 15 personnalités. Parmi elles, les anciens ministres du gouvernement de transition avant la rectification en Mai 2021, Kadiatou Konaré, ex-ministre de la Culture, Doulaye Konaté, ex-ministre de l’Education nationale, Mohamed Salia Touré, ex-ministre de la Formation professionnelle et de la Construction citoyenne, Mohamed Sidda Dicko, ancien ministre de la Justice, actuel Directeur de cabinet du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, Makan Fily Dabo, ancien ministre des Transports et des Infrastructures.

L’ancien 4ème vice-président du CNT, Issa Kaou Djim et l’ancien ministre sous IBK, Housseini Amion Guindo, tous deux opposés à la conduite actuelle de la Transition notamment sur le projet de Nouvelle Constitution et demandant le respect des engagements prises pour le respect du délai de la Transition, sont également parmi les personnes visées par l’annulation.

Le 20 février dernier, les mouvements politiques qu’ils dirigent,  l’ACRT Faso Ka Wele et la Plateforme Alliance Nouvelle -Jigiya Kura, aux côtés d’autres organisations politiques et de la société civile ont lancé un « appel pour sauver le Mali », remettant en cause la gestion du gouvernement de Transition.

« Rien de politique »

Selon  nos informations, la décision d’annulation des passeports n’aurait  « rien de politique ». L’Article 13 du décret N2020-0338/P-RM du 6 août 2020, stipule que les « détenteurs de passeport diplomatique ou de passeport de service ayant cessé la fonction pour laquelle ils ont bénéficié de ce document doivent le restituer à l’autorité de délivrance, soit directement, soit par l’intermédiaire de l’autorité administrative, diplomatique ou consulaire la plus proche ».  Sauf que les 15 personnes concernées n’étant plus en fonction, ne l’ont pas restitué malgré la demande à plusieurs reprises du gouvernement.

« Le gouvernement avait émis au moins deux communiqués pour demander à ces anciens bénéficiaires de passeports diplomatiques de le restituer. Mais les concernés ne l’ont pas fait », explique une source proche du dossier.  « Par la suite, ils ont été appelés, mais toujours sans suite. Généralement l’Etat donne un temps d’observation pour d’éventuels contraintes qui  empêcheraient les concernés de rendre les passeports  mais au bout d’un moment, il prend ses responsabilités et  procède purement à l’annulation des passeports dans le système. C’est ce qui a été fait », poursuit-elle.

Des annulations de passeports ont déjà eu lieu par le passé, de façon inaperçue. A en croire notre source,  une ambassade aurait, pour cette fois, fait fuiter la décision sur les réseaux sociaux, donnant lieu à plusieurs interprétations de la décision dans un contexte politique délétère.

 

Que vaut le passeport malien ?

Pour découvrir et voyager à travers le monde, que vaut le passeport malien ? Et où peut-on aller avec sans avoir besoin d’un visa ?

La nouvelle en a surpris plus d’un. Pour se rendre au Maroc, les Maliens auront désormais besoin d’une autorisation électronique à demander 96 heures avant leur voyage vers le royaume chérifien. La notification officielle a été adressée la semaine dernière au ministère des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine par l’ambassade du Maroc au Mali. « Les autorités marocaines se sont gardées d’utiliser la terminologie visa, mais ça en possède tous les caractéristiques. Nous essayons de normaliser la situation, mais, dans le cas contraire, le principe de la réciprocité sera appliqué », explique un agent des Affaires étrangères, sous couvert d’anonymat. Dans les faits, aucun accord écrit n’exemptait les Maliens de visas d’entrée au Maroc, mais les bonnes relations entre les deux pays avaient valeur d’accord tacite qui permettait à leurs ressortissants de se déplacer sans en avoir besoin. Le même type d’entente lie le Mali à l’Algérie et les Maliens sont exemptés de visa d’entrée en Tunisie en vertu d’un accord consulaire signé à Bamako le 29 novembre 1965. Ils peuvent également voyager librement dans les États membres de la CEDEAO conformément au Protocole de libre circulation des personnes du 29 mai 1979.

Pour les férus de casinos et de jeux, à défaut de Las Vegas, ils pourront trouver leur bonheur dans la région administrative de Macao. Situé en Chine, elle bénéficie d’un régime spécial, qui lui octroie une grande autonomie. « Un pays, deux systèmes » selon la formule de l’ancien Président chinois Deng Xiaoping pour qualifier la situation de Hong-Kong.  En vertu d’échanges de lettres d’exemption mutuelle de visa, les Maliens peuvent également se rendre dans la région spéciale administrative de Hong-Kong en toute liberté. Le Mali a en outre signé des accords avec les Émirats Arabes Unis, la Mauritanie, l’Indonésie et le Tchad.

Interdictions

Un certain de nombre de pays sont listés parmi ceux auxquels le Mali n’accorde pas de visa. En se référant au principe de réciprocité, très cher aux diplomates selon notre interlocuteur, ces derniers rendent donc la pareille au Mali. L’Afghanistan, l’Argentine ou encore Israël en font partie. « C’est le ministère de la Sécurité et de la protection civile qui décide de cela. Pour des raisons de sécurité, notamment depuis la crise de 2012, ils nous font part de leurs observations et nous les instruisons ensuite auprès de nos différentes missions consulaires ».