Riz : Une production attendue en hausse

Au Mali, la production de riz devrait connaître une augmentation pour la campagne 2025 – 2026, selon les prévisions du département américain de l’Agriculture (USDA). La récolte de la deuxième céréale la plus consommée couvrira environ 80% des besoins.

La production de riz pour la campagne agricole 2025 – 2026 devrait enregistrer une croissance de 8% et atteindre 2,96 millions de tonnes. Une amélioration des conditions climatiques, une diminution de la pression des ravageurs et une augmentation des superficies cultivées, qui vont atteindre 850 000 hectares, sont à l’origine de ces prévisions.

Cette embellie contraste avec les difficultés rencontrées lors de la campagne précédente, qui s’est soldée par une chute de 13% des superficies cultivées, tombées à 790 000 hectares, en raison notamment d’un accès limité aux intrants, des fortes inondations de l’année dernière et de la persistance de l’insécurité dans certaines zones.

Céréale stratégique

Pour la campagne 2023 – 2024, la production nationale de riz avait atteint 3 024 000 tonnes, contre 2 900 000 tonnes lors de la campagne précédente. Pour combler cette production déficitaire, le Mali a lancé en avril dernier un appel au financement de son Programme national du système de riziculture intensif (PN-SIR). L’objectif est d’atteindre une production de 5,5 millions de tonnes d’ici 2030, contre une production actuelle autour de 3 millions de tonnes. C’est donc une hausse de 80% de la production que visent les autorités, afin de faire du riz un pilier de la souveraineté alimentaire. Le gouvernement a annoncé sa participation à hauteur de 60% à la mobilisation du financement du PN-SIR, soit 14,112 milliards de francs CFA.

Le riz est devenu une céréale stratégique en Afrique de l’Ouest, avec une croissance annuelle de la demande d’environ 6% et une consommation par habitant dépassant 100 kg dans certains pays. Mais la production dans la zone ne couvre qu’environ 60% des besoins. L’Afrique de l’Ouest est la plus grande importatrice de riz au monde. À elle seule, elle consomme 20% des volumes échangés sur le marché mondial. Même si ces volumes ne représentent que 7% de la production mondiale, la dépendance de la zone au riz importé pose plusieurs problématiques.

La réduction des exportations de riz d’Asie a un impact important sur l’approvisionnement de la région, avec un renchérissement des coûts. Pourtant, l’Afrique de l’Ouest dispose d’un potentiel pour satisfaire sa demande. La disponibilité des terres et de la main-d’œuvre est une réalité. En outre, des investissements importants dans la chaîne de valeur permettront de réduire les pertes de devises. Estimées à 1,7 million de tonnes au début des années 1990, les importations de riz représentent actuellement 5,2 millions de tonnes.

Reprise de la vente de riz indien au Mali : Le marché local fortement impacté

En Afrique subsaharienne, le riz occupe une place de choix dans l’alimentation, juste après le maïs, comme la céréale la plus consommée. Le Mali ne fait pas exception et environ 25% de ses besoins en riz sont couverts par des importations. Une situation qui expose le pays à la volatilité des marchés mondiaux. En 2021, le pays avait interdit l’importation de riz pour protéger le marché local et favoriser la production nationale. Mais cette interdiction a été levée de facto en décembre 2023, suite à la présence de riz indien sur le marché malien.

On se souvient que le 6 décembre 2021, dans un contexte de récoltes céréalières limitées et de crainte de pénurie alimentaire, le Mali avait annoncé l’interdiction des exportations de céréales, dont le riz. Cette mesure visait à garantir l’approvisionnement local et à stabiliser les prix des denrées alimentaires de base, qui étaient en hausse depuis début 2021. Cependant, l’inefficacité de la production nationale à répondre aux besoins a conduit les autorités à revoir leur position sur les importations, malgré les restrictions formelles toujours en vigueur.

En décembre 2023, l’Inde, le deuxième producteur mondial de riz après la Chine, a autorisé l’exportation de 100 000 tonnes de riz brisé vers le Mali dans le cadre d’un accord bilatéral. Pourtant, cette décision contredisait l’interdiction indienne d’exporter du riz décrétée en septembre 2022 dans le but de protéger son propre marché. L’autorisation délivrée par la National Cooperative Exports Limited s’inscrivait dans une série de mesures visant à aider les pays africains en situation de vulnérabilité alimentaire.

Le riz indien importé au Mali se compose principalement de deux types : le riz brisé et le riz non-basmati, avec des spécificités et des usages variés. S’agissant du riz brisé, il est très utilisé dans la cuisine malienne car prisé pour son prix bas et sa disponibilité, ce qui en fait un choix populaire au Mali. Concernant le riz non-basmati, principal produit d’exportation de l’Inde, il est utilisé pour diverses préparations culinaires. Bien que moins coûteux que le riz basmati, il se distingue par sa qualité intermédiaire et est compétitif sur les marchés mal desservis par des productions locales.

Ces variétés indiennes rivalisent directement avec les productions de riz du Mali, souvent moins compétitives en termes de coût et de volume.

Dynamique complexe sur le marché local

L’importation massive de riz indien crée une dynamique complexe sur le marché malien. D’un côté elle permet de répondre aux besoins importants en riz, une denrée dont la demande continue d’augmenter, particulièrement dans les zones urbaines. En effet, l’approvisionnement en riz indien pourrait contribuer à stabiliser les prix, qui avaient atteint des niveaux préoccupants au cours des dernières années.

Toutefois, cette importation pose un défi sérieux aux producteurs locaux. Le riz malien, produit essentiellement dans la région de l’Office du Niger, fait face à des coûts de production élevés, avec des infrastructures limitées et des conditions climatiques souvent défavorables. L’arrivée de riz moins cher en provenance d’Inde risque de nuire aux marges des agriculteurs maliens, déjà fragilisés par des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel.

Par ailleurs, la qualité perçue du riz indien, bien que différente de celle du riz malien, pourrait également influencer les habitudes de consommation. La demande pour des produits importés plus abordables pourrait pousser les consommateurs maliens à délaisser le riz local, aggravant ainsi la pression sur les agriculteurs et sur l’économie rurale.

Des défis à relever

Certes, l’ouverture partielle du marché malien aux importations de riz indien répond à une nécessité urgente de satisfaire la demande locale. Mais cette politique soulève des questions à long terme sur la durabilité de la production nationale. Pour protéger les producteurs locaux, des experts estiment que le Mali pourrait envisager des mesures compensatoires, telles que des subventions à la production ou des investissements dans l’irrigation et les infrastructures agricoles.

De plus, selon eux, le gouvernement devrait mettre en œuvre une stratégie visant à équilibrer les importations avec des politiques favorisant la compétitivité du riz malien sur le marché national. Sans cela, la dépendance à l’importation pourrait saper les efforts de sécurité alimentaire à long terme.

La reprise des importations de riz indien au Mali en décembre 2023 constitue un événement clé dans le secteur agroalimentaire du pays. Si elle permet de répondre aux besoins immédiats de consommation, cette décision aura des impacts durables sur la production locale et la dynamique du marché. L’idéal serait de mettre en place des politiques équilibrées pour à la fois répondre à la demande, soutenir les producteurs locaux et garantir une sécurité alimentaire pérenne.

Massiré Diop

Campagne agricole 2023 – 2024 : des prévisions en hausse

Au début de la campagne agricole 2023 – 2024, 10,9 millions de tonnes de céréales étaient attendus au Mali. Une production en hausse de 6,4% par rapport à la campagne précédente.

Le maïs reste la principale spéculation avec 4,1 millions de tonnes, suivi du riz, 3 millions de tonnes, du sorgho, 1,7 million et du mil, 1,9 million de tonnes. Le pays exporte entre 10 et 15% de sa récolte et consomme environ 5,4 millions de tonnes. Il est le deuxième producteur de graminées en Afrique de l’Ouest derrière le Nigeria.

La production de coton devrait être d’environ 780 000 tonnes, le prix au producteur de 295 francs CFA le kg et le prix subventionné de l’engrais 15 000 francs CFA le sac de 50 kg.

Les prévisions de production révisées de céréales de septembre 2023 sont en légère hausse, de 3,3%, par rapport à celles de l’année dernière et de 5% par rapport à la moyenne quinquennale, selon le rapport de la Cellule de Planification et des Statistiques / Service du Développement rural (CPS/SDR, Septembre 2023)

Selon les perspectives sur la sécurité alimentaire de Famine early warning  systems Network (FEWS Net), ces prévisions de la CPS/SDR devraient être « probablement inférieures à la moyenne quinquennale ». En raison notamment de précipitations mal réparties ayant retardé les semis, des faibles précipitations de septembre et de l’insécurité, qui a limité les surfaces cultivées dans le centre et le nord du pays, ainsi que du coût élevé des intrants.