Minusma : un retrait mouvementé

Alors que la 2ème phase du retrait de la Minusma est marquée par des affrontements entre les Forces armés maliennes et les groupes armés du CSP-PSD, la mission doit également faire face aux accusations des deux parties mettant en doute sa neutralité. Une situation qui complique davantage le désengagement de la mission onusienne, désormais prise entre le marteau et l’enclume.

S’il était déjà difficile pour la Minusma de se retirer du Mali dans des conditions sécuritaires idoines, les accusations des différentes parties qui revendiquent le contrôle des camps de la mission la mettent définitivement dans une situation encore plus délicate.

Le 13 octobre, devant le corps diplomatique accrédité au Mali, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, n’a pas mâché ses mots sur la situation à Kidal, où, quelques jours plus tôt, les groupes armés de la CMA avaient pris le contrôle des positions avancés de la Minusma.

« Au-delà du manque de communication sur un sujet aussi sensible, le gouvernement déplore profondément l’abandon des unités maliennes du Bataillon des forces armées reconstitués et aussi l’encerclement et l’occupation de leur camp par la CMA sans aucune réaction de la Minusma », a-t-il fustigé, soulignant que le gouvernement avait été mis devant le fait accompli concernant l’occupation du Camp BAFTAR de Kidal.

Entre deux feux

Dans une note d’information en date du 16 octobre 2023, le ministère a exprimé son étonnement et dénoncé « l’action unilatérale de la Minusma, contraire à l’esprit de coordination et de collaboration voulu entre les deux parties dans le cadre du processus de retrait et non conforme au plan de retrait convenu en ce qui concerne le camp de Kidal ».

Le CSP-PSD, de son côté, a dénoncé dans un communiqué, le 13 octobre, un parti pris de la Minusma avec un « chronogramme flexible que nous soupçonnons d’être en phase avec le rythme opérationnel et tactique des FAMa ». « Nos remarques et suggestions sur la présence de zones d’ombres pendant les précédentes rétrocessions des emprises aux forces maliennes semblent avoir été purement et simplement écartées », a indiqué le CSP, prévenant que ses forces « ne sauraient rester observatrices dans la situation sans également agir ».

Menace d’attaque directe de la mission onusienne ? Pour Dr. Alpha Alhadi Koïna, géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel, cela semble très peu probable. « Les groupes armés ne veulent pas du tout se mettre à dos la communauté internationale, qu’ils sollicitent d’une manière ou d’une autre pour une solution pacifique. Certainement ils vont mettre la pression, mais je ne les vois pas directement attaquer les forces onusiennes », tranche-t-il.

Délai tenable ?

Selon la Résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies, le désengagement de la Minusma doit être effectif le 31 décembre 2023. Si, d’une part, le gouvernement du Mali et, de l’autre, les groupes armés du CSP-PSD tiennent au respect de ce délai, les Nations unies, également « déterminées à achever le retrait de la Minusma dans le délai prévu », se disent toutefois préoccupées par l’intensification des tensions et une présence armée croissante dans le nord du Mali, « qui risquent d’empêcher le départ ordonné et dans les délais ».

Dans une note aux correspondants en date du 14 octobre 2023, la Minusma a fait cas de convois logistiques n’ayant pas été autorisés à quitter la ville de Gao depuis le 24 septembre pour récupérer le matériel des Nations unies et des pays contributeurs de troupes actuellement à Aguelhok, Tessalit et Kidal. « Cela pourrait avoir un impact important sur la capacité de la mission à respecter le calendrier imparti ». Mais, selon le gouvernement, les autorisations concernant ces convois sont liées à la situation sécuritaire et seront délivrées « en fonction des améliorations constatées ».

« La Minusma va tout faire pour s’en tenir au délai. À défaut de pouvoir acheminer le lot de matériels, je pense qu’elle va les abandonner sur place. Mais le respect du délai est très important pour la mission et jusque-là le déroulement du processus nous conforte dans l’idée qu’elle va le respecter », affirme Soumaila Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la Sécurité.

Le 16 octobre, la Minusma a entamé, comme prévu, « dans un climat de haute tension », le processus de retrait de ses camps dans la région de Kidal, en commençant par Tessalit et Aguelhok. Cela alors que dans la matinée l’armée malienne, anticipant le décrochage, avait fait atterrir à Tessalit un avion qui a essuyé des tirs de rebelles séparatistes, mais qui a pu se poser et repartir sans difficulté après que l’aviation eût neutralisé les positions ennemies, selon un communiqué des FAMa. La Minusma a cité ces accrochages comme illustrant la détérioration rapide des conditions de sécurité pour la vie de centaines de soldats de la paix, indiquant que son personnel avait été contraint de chercher abri dans les bunkers en raison de ces échanges de tirs. Initialement prévu pour la mi-novembre, son retrait du camp de Kidal pourrait s’accélérer. Les camps de Tessalit et de Douentza ont été rétrocédés aux FAMa le 21 octobre dernier. Dans un communiqué publié hier 22 octobre, la mission onusienne a révélé avoir « achevé son retrait accéléré de sa base de Tessalit dans la région de Kidal, au nord du Mali, dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu et dégradé, mettant en danger la vie de son personnel. De nombreux soldats du contingent tchadien ont été rapatriés directement à Ndjamena à bord d’avions affrétés par leur pays. Pendant ce temps, les autres contingents présents à Tessalit, tels que l’équipe népalaise de neutralisation des explosifs et munitions (EOD), les ingénieurs cambodgiens et l’unité de services et de gestion de l’aérodrome bangladaise, sont tous partis à bord d’avions des Nations unies. Le personnel restant est parti dans un dernier convoi terrestre en direction de Gao le 21 octobre 2023, mettant fin à la présence de la mission à Tessalit. « Avant son départ, la MINUSMA a dû prendre la décision difficile de détruire, désactiver ou mettre hors service des équipements de valeur, tels que des véhicules, des munitions, des générateurs et d’autres biens, parce qu’ils ne pouvaient pas être retournés aux pays contributeurs de troupes auxquels ils appartenaient, ou redéployés vers d’autres missions de maintien de la paix des Nations Unies. Cette décision, qui constitue une option de dernier recours suivant les règles et procédures de Nations-unies, est due au fait que 200 camions, qui devaient se rendre dans la région de Kidal récupérer ce matériel, sont à Gao depuis le 24 septembre, faute d’autorisation des autorités au vu de la situation sécuritaire » peut-on lire dans le communiqué.

Accord pour la paix : l’inévitable confrontation entre les parties ?

Alors que le processus du retrait de la MINUSMA doit s’achever le 31 décembre 2023, la mission onusienne a entamé le 1er septembre 2023 la deuxième phase de rétrocession de ses emprises à l’État malien. Cette phase, qui verra la rétrocession des camps d’Aguelhok, de Tessalit et de Kidal à l’armée malienne, des zones sous contrôle de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fait craindre une reprise des affrontements armés entre les deux parties.

Si la rétrocession du camp de Ber, dans la région de Tombouctou, avait déjà occasionné mi-août un regain de tensions entre l’armée malienne et les groupes armés terroristes, d’une part, et la CMA, de l’autre, celles en vue dans le bastion des ex-rebelles des camps d’Aguelhok et de Tessalit, du 15 au 30 septembre 2023, et de Kidal deux mois après, le 15 novembre, risque de marquer définitivement la reprise des affrontements entre les Forces armées maliennes (FAMa) et la CMA, depuis la signature du cessez-le-feu du 23 mai 2014. C’est du moins ce que laissent présager les différentes prises de position des deux camps depuis un certain temps.

Escalade

Assurant le 12 août dernier qu’elle poursuivrait pleinement la défense de ses positions, consacrées par le cessez-le-feu du 23 mai 2014 et par les arrangements sécuritaires, lors des heurts qui ont émaillé la reprise en main du camp de Ber par les FAMa, la CMA a dénoncé dans un communiqué, le 28 août 2023, le largage de deux bombes par des avions FAMa sur le village d’Anefis, pour « terroriser les habitants et sur une position de la CMA, sans faire de victimes ».

« Après maintes analyses, et au vu de ce qui précède, la CMA considère que la junte de Bamako a définitivement et délibérément opté pour une escalade vers des hostilités ouvertes aux conséquences obligatoirement désastreuses », indique le communiqué, signé du Porte-parole Ibrahim Ag Eouegh.

Dans la foulée, l’armée malienne a de son côté annoncé avoir mené le même jour dans la localité une frappe aérienne contre un « groupe de terroristes armés, neutralisant plusieurs terroristes et quatre camions ».

À l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité, à la même date, sur le rapport d’étape du Secrétaire général des Nations Unies sur le retrait de la MINUSMA, Issa Konfourou, Représentant permanent de la République du Mali auprès des Nations Unies à New York, a déclaré que si les Forces armées maliennes étaient attaquées ou empêchées d’accomplir leurs missions elles se verraient dans l’obligation de réagir vigoureusement.

« La détermination du Mali à faire occuper par l’Armée malienne tous les camps qui seront libérés par la MINUSMA ne constitue pas un acte de belligérance ou de rupture du processus de paix. Au contraire, cela s’inscrit dans le processus régulier de rétrocession des emprises de la Mission et dans le respect du cadre juridique en vigueur, notamment l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que toutes les résolutions du Conseil de sécurité qui reconnaissent la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali », a clamé l’ambassadeur.

La CMA soutient le contraire. Pour les ex-rebelles, en tenant « coûte que coûte à occuper les emprises de la MINUSMA, y compris celles situées dans les zones sous contrôle de la CMA », Bamako « viole tous les arrangements sécuritaires garantis jusqu’ici par la mission onusienne et la communauté internationale ».

Pour Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la Gouvernance et la Sécurité (OCGS), la question d’une violation ou non aujourd’hui des arrangements sécuritaires devient une « guerre d’interprétation » entre le gouvernement et la CMA.

« À partir de la signature de l’Accord pour la paix, il convient de s’interroger sur le cessez-le-feu de mai 2014, s’il va au-delà de cet Accord, qui prévoit des mécanismes, notamment l’armée reconstituée pour la gestion des zones qui étaient précédemment sous contrôle d’acteurs armés comme la CMA », relève -t-il, précisant qu’il n’y a pas eu d’arrangements sécuritaires sur la rétrocession des emprises de la MINUSMA dans le cadre de son retrait et que les arrangements que la CMA évoque sont ceux de 2014, qui avaient convenu que chaque camp devait rester sur ses positions.

Affrontements en vue ?

Selon Baba Dakono, la poursuite de la rétrocession des camps de la MINUSMA à l’armée malienne dans les régions du nord sera inévitablement jalonnée de tensions entre Bamako et la CMA, parce que la MINUSMA ne peut rétrocéder ses camps qu’à l’armée malienne, ce que conteste la CMA.

Le ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Colonel-Major Ismaël Wagué, a invité le 28 août 2023 les « frères » des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali à « revenir à la table des négociations dans le processus de paix, en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue ». Un « non évènement » du côté de la CMA, où la main tendue du gouvernement semble être rejetée.

« Un communiqué laconique d’appel au dialogue de la part de l’adversaire, publié concomitamment à des frappes aériennes sur tes positions, ne saurait être qu’une pièce d’un jeu préétabli. Celui qui consiste déjà à refuser d’assumer que l’on te vise en déclarant exclusivement cibler des terroristes. La recette est bien facile mais indigeste », a fustigé le 29 août Attaye Ag Mohamed, l’un des porte-voix de la CMA. « Nous avions tellement gardé les mains tendues pour le dialogue qu’elles souffrent encore de crampes », a-t-il ironisé.

Pour la poursuite de la rétrocession des camps de la MINUSMA à l’État malien, notamment dans le fief de la CMA à Kidal, Dr. Mady Ibrahim Kanté, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako, envisage pour sa part trois scénarios. Le premier serait celui, comme dans le cas de Ber, où l’armée malienne récupérerait les camps après des accrochages avec la CMA sans une véritable guerre.

Le deuxième serait un affrontement entre les deux parties, les camps de la MINUSMA revenant à la partie qui prendrait le dessus. Mais, avec un tel scénario, la partie perdante continuerait à harceler l’autre, avec le risque d’une aggravation par la suite de la situation, souligne-t-il.

Le troisième scénario, selon l’universitaire, serait celui de « discussions sous la table », qui seraient par ailleurs déjà en cours. À l’en croire, même si le gouvernement ne fait pas d’annonces, des discussions discrètes sont menées pour aller vers une solution négociée. Discussions qui, si elles aboutissaient, permettraient une entente entre l’armée malienne et la CMA pour éviter la « guerre ».

« Je pense que ce dernier scénario est le plus probable, parce que la guerre n’arrange pas la CMA aujourd’hui. Elle n’a pas la même position de force qu’en 2012, où elle était plus forte que l’armée malienne. Aujourd’hui, c’est le contraire, l’armée malienne a pris le dessus. Par ailleurs, la CMA n’a plus le soutien des populations locales dans certaines régions du Nord, comme en 2012 où elle était soutenue par ces dernières pour mener les combats contre l’État malien », avance Dr Mady Ibrahim Kanté.

Accord compromis

Soumis à plusieurs difficultés dans son application depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture que ces derniers mois.

Selon les analystes, une éventuelle reprise des combats entre la CMA et les Forces armées maliennes sonnerait le glas définitif de cet Accord, déjà bloqué depuis des mois dans sa mise en œuvre suite au retrait des groupes armés signataires réunis au sein du CSP-PSD de tous les mécanismes de son suivi depuis décembre 2022.

« Sauf illusion, il est difficile de croire qu’on puisse revenir à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Je pense que ce qui pourrait être fait aujourd’hui, ce sont de nouvelles discussions ou de nouveaux arrangements pour permettre de rétablir la stabilité dans le Nord du Mali », préconise Baba Dakono.

Tessalit: la Minusma, cible d’une nouvelle attaque

C’est un camp que la Minusma partage avec les Forces armées maliennes et les éléments de la force Barkhane à  Tessalit qui a été visé. Selon la Minusma, « les rapports préliminaires indiquent qu’au moins 9 roquettes/obus de mortier ont été tirés sur le camp. Ces mêmes rapports indiquent qu’aucune victime n’est à  déplorer ». D’importants moyens ont immédiatement été déployés dans le but de sécuriser la zone et porter assistance aux soldats de la paix. La Minusma et la force Barkhane ont envoyé des patrouilles en direction de la zone de tir de même qu’un hélicoptère de Barkhane a également été déployé. « C’’est une attaque ignoble et lâche. Ces crimes ne doivent pas rester impunis et leurs auteurs doivent être identifiés et traduits devant la justice. Nous sommes dans ce pays pour assurer un retour à  la paix et à  la stabilité et ces attaques renforcent notre détermination à  poursuivre notre mission aux côtés du Mali et de son peuple malien » a condamné l’Officier en charge de la Minusma, M. David Gressly. En octobre dernier, un convoi des Casques bleus du contingent nigérien a été la cible d’une attaque directe alors qu’il se déplaçait sur l’axe Ménaka–Ansongo. Neuf soldats y ont perdu la vie. Quelques jours après, des obus de mortiers ont visé le camp militaire des Nations unies et de la force française Barkhane à  Kidal.

Tessalit: les positions de l’armée tchadienne ont été attaquées

C’’est la troisième attaque meurtrière menée depuis fin septembre par des jihadistes dans le nord du Mali, qu’ils avaient occupé pendant neuf mois en 2012. « Des djihadistes ont attaqué à  l’arme lourde et à  l’aide de voitures piégées les positions de l’armée tchadienne à  Tessalit (nord-est). Deux militaires tchadiens ont été tués, quatre kamikazes ont été tués aussi sur le coup, et un civil a également trouvé la mort », a déclaré à  l’AFP un responsable de l’armée malienne dans la région de Gao (nord-est). Des échanges de tirs entre jihadistes et soldats tchadiens ont suivi l’attaque, selon cette source qui a précisé que « les jihadistes n’ont pas pu prendre les positions de l’armée tchadienne ». « Cette attaque n’altérera pas la détermination » Dans un communiqué, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon a condamné « l’attentat-suicide par des assaillants non identifiés » à  Tessalit. Il a présenté ses condoléances aux familles des casques bleus décédés et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés. « Cette attaque n’altérera pas la détermination des Nations Unies à  soutenir le rétablissement de la sécurité, de la stabilité et d’une paix durable au Mali » souligne le communiqué. Renforcer la Minusma l’attaque de Tessalit pose la question du renforcement de la Minusma qui, de 6.000 hommes actuellement, doit passer à  plus de 12.000 d’ici la fin de l’année. « Il faut encourager les Etats membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et d’autres pays à  répondre à  l’appel » pour renforcer la Minusma, a déclaré ce mercredi à  Dakar Kadré Désiré Ouédraogo, président de la commission de la Cédéao. Le chef de la Minusma Bert Koender avait lancé il y a une semaine un appel pour des renforts en troupes et en matériel. « Nous ne tournons pas encore à  plein régime, il faut dès que possible compléter le déploiement de certains bataillons d’infanterie », avait déclaré Bert Koenders en réclamant également du matériel, en particulier des hélicoptères, pour la Minusma. Précisons que cette nouvelle attaque intervient deux semaines après des tirs à  l’arme lourde sur Gao, qui avait tué un soldat malien et endommagé plusieurs bâtiments. Le 28 septembre dernier, un attentat suicide à  Tombouctou (nord-ouest) avait tué deux civils et quatre kamikazes et blessé sept soldats maliens, selon les autorités.

Retrait progressif des forces françaises au Nord du Mali

Ils ont pris la direction du sud. Seul du matériel a jusqu’à  présent été ramené à  Gao, 500 km plus au sud, les militaires français restant déployés à  Tessalit. Selon le porte-parole de l’état-major, le colonel Gilles Jaron, la situation est globalement «calme» dans le nord-ouest du Mali, d’o๠les forces françaises ont chassé les groupes islamistes armés début 2013. Lors d’une opération de contrôle, les soldats français qui agissent en soutien de l’armée malienne et de la Minusma, la force de l’ONU, «un véhicule qui pouvait servir d’engin explosif» a été découvert ces derniers jours à  l’ouest d’Anéfis, entre Gao et Tessalit, ainsi que des stocks d’armes et d’explosifs artisanaux, a indiqué le porte-parole. 3 200 soldats français toujours dans le pays «Cela nécessite une action continue, c’est la raison pour laquelle nous revenons régulièrement», a souligné le colonel Jaron, selon qui «il existe toujours une part de risques au nord de la boucle du Niger». «La situation est sans doute calme parce que nous continuons ce type d’action», a-t-il ajouté. Selon le porte-parole, une vingtaine de chars légers AMX 10, de VBL (véhicules blindés légers) et de VAB (des véhicules de transport de troupes) ont ainsi été retirés de Tessalit, dans l’extrême nord-ouest du Mali, près de la frontière algérienne. Le nombre de soldats français au Mali est toujours de 3.200, l’objectif de la Défense étant de le ramener à  un millier fin 2013.

Présidentielle J- 7, Kidal sous haute tension

L’attaque a eu lieu samedi dans les secteur de Tessalit. Des hommes armés ont surgi et enlevé 5 agents électoraux de nationalité malienne et l’adjoint au maire de Tessalit et les ont acheminé vers la frontière algérienne. Une attaque qui survient après les violences de cette semaine entre sympathisants du MNLA et communautés noires. Des actes qui ont conduit à  la mort de quatre personnes et fait plusieurs blessés. Alors que la campagne électorale, bat son plein et entre dans sa dernière semaine, des velléités identitaires resurgissent. Du côté des autorités, c’est d’abord un officiel de l’administration qui a pointé du doigt le MNLA de tout faire pour empêcher le scrutin du 28 juillet. Cheick Bouaré, a déclaré sur RFI : « Je confirme l’enlèvement de certains membres des équipes de diffusion des cartes Nina (Numéro d’identification nationale, NDLR). Les membres des équipes se sentaient menacés depuis trois jours, et passaient donc la nuit au camp militaire d’Amachach. Et ce matin, quand ils sont arrivés en ville, ils ont été appréhendés par des éléments armés du MNLA à  Tessalit. Le MNLA est contre l’élection présidentielle à  Tessalit. Ils ont rencontré la population et ils l’ont menacée de représailles. Ils s’en sont pris aux membres de la commission, parce que sans distribution des cartes Nina, il n’y aura pas d’élection. » En réponse, le MNLA, par la voix de son porte parole, Mahamadou Djéri Maiga, interrogé sur RFI, nie avoir perpétré cet acte. Le groupe séparatiste accuse même les autorités et certains candidats qui n’auraient aucune chance, de vouloir saboter l’élection du 28 juillet à  leur dépends. L’accord préliminaire du 18 juin signé à  Ouagadougou prévoyait le  » cantonnement » des hommes du MNLA et l’arrivée de quelques 200 militaires maliens, à  Kidal, pour permettre un retour de l’administration et bonne tenue du vote. Malgré la récente visite du gouverneur Kamissoko, le 10 juillet, la tension persiste au nord du Mali. Un candidat Tiébilé Dramé, s’est lui désisté cette semaine, et retiré sa candidature en mentionnant les lacunes du processus électoral à  Kidal. Il souligne par ailleurs, la violation des termes de l’Accord de Ouagadougou, qui était censé permettre l’élection sur tout le territoire malien. L’enlèvement des agents électoraux en charge de la distribution des cartes NINA à  Tessalit et environs, risque de perturber les derniers jours avant le scrutin du 28 juillet. Il est à  craindre une nouvelle montée de tension, malgré la présence des soldats de la Misma sur place.

Attentat à Tessalit (cinq morts), situation tendue à Gao

Après Kidal jeudi, un nouvel attentat à  la voiture piégée a eu lieu vendredi matin à  Tessalit, dans le nord-est du Mali. Plusieurs sources font état d’au moins cinq morts. Cet attentat-suicide à  la voiture piégée visant des rebelles touareg et des civils a été commis vendredi matin à  Inhalil, près de Tessalit, dans le nord-est du Mali, faisant au moins cinq morts dont deux kamikazes, a appris l’AFP de sources sécuritaires et auprès de rebelles touareg. « A Inhalil ce vendredi matin, vers 06H00 (locales et GMT), deux véhicules kamikazes ont explosé visant des civils et des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg). Il y a eu trois morts, et plusieurs blessés dans les rangs du MNLA et parmi les civils », selon une source sécuritaire malienne. l’information a été confirmée par un autre source sécuritaire régionale et par un responsable du MNLA à  Ouagadougou, Mohamed Ibrahim Ag Assaleh.« Deux véhicules piégés ont explosé dans une base du MNLA à  05H30 (locales et GMT) à  Inhalil, près de Tessalit, à  la frontière algérienne », a déclaré à  l’AFP M. Ag Assaleh. « Les deux kamikaze sont morts et dans nos rangs il y a trois morts et quatre blessés graves », a-t-il ajouté. Selon lui, « trois véhicules ont aussi été incendiés par le souffle des explosions ». Le responsable du MNLA a accusé le groupe islamiste Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), d’être à  l’origine de cet attentat. « C’’est le Mujao qui depuis quelque temps menace de s’attaquer partout au MNLA », a-t-il affirmé.« Les terroristes ont toujours affirmé qu’ils combattraient les forces françaises et leurs alliés, C’’est ce qui s’est passé à  mon avis », a déclaré la source sécuritaire malienne contactée dans le nord du Mali depuis Bamako. Bilan des combats de Gao Entre quinze et vingt islamistes ont été tués, deux soldats français « très légèrement blessés » et « quatre soldats maliens auraient été blessés » au cours des combats au Mali, à  Gao, jeudi, selon un bilan de l’état-major de l’armée française. « Les forces armées maliennes appuyées par la force de réaction rapide française, avec notamment deux hélicoptères Gazelle du Groupement tactique interarmes 2 sont parvenues à  neutraliser une quinzaine de terroristes » à  Gao, écrit l’état-major sur le site internet du ministère de la Défense dans un point de situation.

Vidéo : Ansar Dine dévoile en images les prises de Kidal et Tessalit

Après la chute entre les mains des groupes armés des principales villes du nord du Mali, fin mars-début avril, on s’est demandé ce qui avait bien pu se passer sur le front. Les troupes républicaines ont elles réellement livré combat ou ont-elles, comme beaucoup le leur ont reproché, fui devant l’envahisseurs. Les hommes d’Ançar Dine qui ont combattu aux côtés du MNLA pour la prise,entre autres de Kidal, Tombouctou et Gao,ont publié le 11 juillet dernier les images de la vidéo ci-dessous intitulée « la conquête de l’Azawad arabe ».

Tessalit entre fiction et réalité…

De Bamako, l’on sait finalement peu de choses de la réalité du terrain à  Tessalit, la ville du Nord Mali, qui est le siège des derniers affrontements entre la rébellion du MNLA et l’armée malienne qui vient d’y opérer, selon ses propres termes un repli stratégique. Pour se faire une idée géographiquement, Tessalit est situé à  l’extrême Nord est du Mali, près de la frontière algérienne. Une zone désertique, hostile, idéale pour une rébellion et dont le contrôle, était l’enjeu des combats entre les deux factions. « Il n’y a rien de pire qu’une guérilla… », affirmait un éditorialiste malien à  l’annonce de la prise de Tessalit par les rebelles dimanche soir. L’armée a t’elle été à  bout de souffle ? D’après des sources locales, le MNLA n’a pas relâché la pression sur Tessalit et les militaires maliens ont donc quitté le camp en face de la seule piste goudronnée de la région de Kidal, capable d’accueillir des hélicoptères mais aussi des cargos, des gros porteurs donc. Tessalit étant l’un des plus imposants camps militaires au nord de Kidal, les rebelles du MNLA seraient en position de force désormais. Informations contradictoires… Mais les choses se sont-elles vraiment passées ainsi ? «Â Vers 17h, nous avons donné l’assaut au camp militaire d’Amachach qui comptait plusieurs centaines de soldats, officiers ainsi que des civils, notamment des familles de militaires. Ces derniers ont préféré prendre la fuite au lieu de riposter. Ils ont abandonné le camp. Nous nous sommes accrochés avec eux, lors de la course-poursuite », affirme au journal Algérien El Watan, Bekay Ag Ahmed, chargé de la communication du MNLA ». L’armée malienne rapporte les choses autrement : « Ces assaillants tentent d’empêcher les Forces Armées et de Sécurité de ravitailler plus de 1500 personnes réfugiées dans la garnison de Tessalit et comprenant en majorité des femmes et des enfants. Face à  ces agressions répétées rendant difficiles toutes les tentatives de ravitaillement de ces populations civiles, le Commandement militaire a décidé, dans la nuit du 10 au 11 mars 2012, l’organisation de convois d’évacuation et d’escorte des civils vers d’autres garnisons ». On imagine nos pauvres militaires démoralisés par ce repli forcé et on imagine les rebelles en joie, armes à  la main détenir les prisonniers civils et militaires qu‘ils disent détenir. Bref, on navigue entre fiction mentale et réalité floue du terrain. Avec pour seule option, les communiqués officiels des uns et des autres…. Mais la question qui se pose désormais, c’est combien de victimes après ces affrontements ? Combien de nouveaux déplacés vers les frontières voisines ? Y a -il eu des exactions comme à  Aguelhock ? C’est la raison de la mission du Comité International de la Croix rouge qui est arrivée lundi 12 Mars au soir dans les environs de Tessalit. Elle devrait permettre d’en savoir plus même s’il est difficile de joindre l’un des membres en mission au Mali.

Rébellion : Tessalit en état de siège

C’est désormais la ville désertique Tessalit au nord-est du pays qui est le siège de violents accrochages entre l’armée malienne et les rebelles touaregs. On parle d’un dispositif militaire impressionnant des deux côtés. D’après les sources, chaque partie a mobilisé de grands moyens : des blindés, plus de 300 hommes, plusieurs colonnes de véhicules pour l’armée malienne et du côté des rebelles touaregs, regroupement de plusieurs unités avec du matériel de guerre sophistiqué, rapporte RFI. Comme lors des précédents combats, l’enjeu, c’est le contrôle de la ville et notamment le camp militaire de Amachache, situé à  15 km de Tessalit en face d’une piste d’atterissage. Et qui contrôle cette piste, contrôle cette vaste zone communément appelée l’adrar des Ifouras. Pour éviter de reculer, l’armée malienne tente de renforcer ses positions sur cette zone, afin que les rebelles ne s’emparent pas de cette position stratégique. Les opérations côté malien, sont conduites par le commandant de zone de Gao, Didier Dacko, les colonels Gamou et ould Meydou. Quant à  savoir qui a pris l’avantage dans les combats, l’information reste incertaine. Les deux camps affirmaient mercreci soir, avoir le dessus, mais la réalité du terrain laisse entrevoir que les combats pourraient continuer ce jeudi. Ce n’est pas la première fois que Tessalit subit des attaques. Située dans la région de l’Adrar des Ifoghas, d’o๠viendraient les rebelles les plus acharnés du MNLA, le contrôle de Tessalit consitue un enjeu de taille pour la rébellion. Pour le moment, le bilan des victimes n’est pas connu, mais les combats auraient été très violents, rapporte une source gouvernementale. Pour sortir de la crise, le gouvernement malien appuyé par la voix de France, a maintes fois appelé à  un cessez-le feu. Mais face aux attaques régulières de la rébellion dans la zone nord, l’armée est obligée de riposter. La solution du dialogue semble sourde à  l’oreille des rebelles qui continuent leurs assauts. De leur côté, la médiation africaine, appuyée par l’Union Africaine et la Cedéao, vise un dialogue inclusif afin de trouver une issue à  cete crise qui frappe les régions nord du Mali.

Nord Mali : Totale Impunité !

«Â C’’est une honte ! ». «Â Vous parlez d’intégrité du territoire ? ». «Â Que Dieu nous sauve pour les élections. » Voici quelques uns des commentaires que l’on peut entendre après les attaques rebelles perpétrées à  Ménaka au Nord est du Mali dans les couloirs d’une administration. D’un seul coup, les choses se sont accélérées au Nord du Pays. «Â Ce sont les « bâtards » de Ménaka, de Kidal qui font ça », jure un cadre de Tombouctou indigné, ces gens là  n’ont rien à  voir avec nous en 6è région ». «Â Vous n’étiez pas en sécurité à  Tombouctou », lâche une autre cadre de l’administration face aux nouvelles attaques. Après Ménaka o๠les troubles ont éclaté, ce sont les villes d’Algueloc et de Tessalit à  l’extrême nord du territoire et situées, respectivement, à  150 et 250 Km de Kidal, non loin de la frontière algérienne, qui seraient coupées du monde. Selon des témoins sur place, les combattants du MNLA auraient coupé les liaisons téléphoniques. Avant de prendre position dans ces deux villes. Les combattants du MNLA y seraient, jusqu’en milieu de journée. Du moins, si l’on en croit nos sources sur place. Un militaire affirme cependant que la riposte de l’armée est sans pitié : «Â Des voitures calcinées, des miettes, C’’est tout ce que vous verrez  après la riposte de Ménaka». Sans tomber dans la surenchère, ces hommes se seraient repliés et seraient encerclés par l’armée, ajoute une autre source militaire. La défense qui a conscience de la gravité de la situation a diffusé un communiqué national pour rassurer la population. Le dispositif militaire est le suivant. Environ 500 hommes, 200 véhicules militaires et de quatre avions de combat (deux MIG et deux petits avions de reconnaissance). Selon le correspondant du quotidien national (Essor) à  Kidal, Moussa Ag Acharatoumane, membre du MNLA, a dénoncé, le 14 janvier dernier, le « redéploiement de l’armée malienne sur le territoire de l’Azawad ». Et à  Kidal, la capitale régionale, les rumeurs d’une attaque imminente circulent parmi la population. Kidal sous haute surveillance Selon un habitant de la ville joint au téléphone, la « capitale de l’Adrar » est devenu une vielle fantôme. Les services publics sont fermés. Les rues sont vides. Ou presque. Et les populations, au bord de la panique. l’armée, désormais en alerte, multiplie les patrouilles. Tant à  l’intérieur de la ville, que dans ses environs. Pour l’heure, nos sources parlent de plusieurs morts et blessés dans l’attaque d’Aguelhoc et de Tessalit. Sans autre forme de précision, rapporte le Canard Déchaà®né. Reste que ces attaques démontrent une fois de plus l’impunité qui règne au Nord. «Â  Des gens venus de Libye, des hommes sans foi ni loi nous créent de problèmes, il manquerait plus que la Cité administrative elle-même soit la cible d’une attaque, vu le laisser- aller au sommet », se plaint une secrétaire. l’inquiétude est désormais palpable chez les citoyens maliens et à  la veille des élections, cette situation n’est pas pour rassurer la tenue libre et transparente du scrutin. «Â Je vous le dis, il faut un homme d’état, une vraie autorité et si celui qui a toutes ces qualités, était venu depuis, il y a longtemps qu’on ne parlerait plus du problème du Nord ! », admet un agent de la sécurité ministérielle. De qui parle t-il donc ?