Délestages : jusqu’à quand ?

De plusieurs heures dans la capitale à plusieurs jours dans certaines localités, les coupures d’électricité ont atteint une ampleur jamais égalée. Mettant à mal l’activité économique et provoquant la colère des consommateurs, ces délestages intempestifs sont devenus le lot quotidien des clients de la société Énergie du Mali (EDM). Entre absence d’investissements et mauvaise gestion généralisée, le bout du tunnel semble encore loin.

Dans une interview diffusée sur ORTM1, la chaîne nationale, le 24 octobre 2023, la ministre en charge de l’Énergie et de l’eau depuis le 1er juillet 2023 a tenté d’expliquer les nombreux délestages subis dans la fourniture de l’électricité.

Surfacturations, vols de carburants, pénuries organisées et autres fraudes, les pratiques malsaines au sein de la société chargée de la production et de la distribution de l’électricité ont atteint un niveau inquiétant, selon elle. La mauvaise gestion au sein d’EDM, qui est même devenue un instrument politique aux dires de la ministre, ne date pas de maintenant. Un véritable système où commerçants et travailleurs sont complices. Souvent, au lieu d’une facture, ce sont deux à trois qui ont été retrouvées pour un seul récépissé de réception.

Suite aux contrôles effectués, c’est un montant d’un milliard six cents millions de factures supplémentaires qui a été enregistré chez un seul fournisseur sur deux mois de vérification. Chez un autre, rien qu’en 2022 ce sont 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards de francs CFA qui ont été découvertes.

Les principaux fournisseurs auxquels EDM doit de l’argent sont ceux qui lui livrent des carburants et ceux qui lui fournissent de l’électricité. Pour une dette totale de 600 milliards de francs CFA et 800 fournisseurs.

Ce manque de rigueur généralisé a même entraîné un déficit de production qui a empiré au fil du temps, expliquant la dégradation actuelle. Selon la responsable du département, le fioul, plus économique, aurait été délaissé au profit du gasoil, exonéré et facilement détourné. Ainsi, entre Balingué, la centrale qui reçoit et distribue le carburant aux autres centrales du pays, « des quantités » importantes ont disparu, « des manquants qui se sont accumulés ». Jusqu’à 59 citernes en 4 jours.

Une déclaration qui a mis le feu aux poudres et fait bondir les syndicats. Lors d’une Assemblée générale suivie d’une conférence de presse, le 27 octobre 2023, les représentants des trois syndicats d’EDM ont contesté les propos de la ministre.

Arrêter l’hémorragie

Pour résoudre de façon urgente les problèmes et réduire les délestages, la ministre évoque quelques pistes. Des sanctions à l’encontre de ceux qui ont commis des fautes et l’identification de tous les protagonistes impliqués dans cette chaîne de fraude. Dans la foulée, Madame Bintou Camara a rencontré les opérateurs pétroliers le 30 octobre 2023. L’une des mesures adoptées est la « réduction drastique du nombre des fournisseurs », qui passe de 800 à 4 sociétés. « Dans un avenir proche », la première responsable du département de l’Énergie promet d’élaborer des contrats de management de la quantité de carburant livrée pour accentuer les contrôles dans ce domaine. Ce qui permettra en outre de faire du stockage et de prévenir les coupures, parce qu’il n’existe pas pour le moment de seuil d’alerte. Avec les promesses de livraison prochaine de carburant en provenance de Russie, la desserte pourrait s’améliorer, promettent également les autorités.

Les pertes de la société sont aussi financières et il y a un besoin pressant de mobiliser entièrement les recettes. Les problèmes de trésorerie au niveau d’EDM ne datent pas non plus de maintenant. En effet, plusieurs fois, pour payer les salaires, la société était obligée de faire des découverts à la banque, s’installant dans un cycle infernal d’endettement qui a atteint des sommets, confie un ancien agent.

EDM a donc besoin d’encaisser toutes ses factures, ce qui n’est pas encore le cas, notamment auprès des services de l’État, qui sont de grands consommateurs mais de mauvais payeurs.

Estimées à 20 milliards de francs CFA, les recettes mensuelles, dont 18 milliards servent à payer les fournisseurs et 2 milliards les salariés, doivent être améliorées, en même temps qu’une diminution des charges. Dont celles du personnel, estimé par la ministre à 2 500 travailleurs et environ 500 stagiaires. Un dernier chiffre contesté par les syndicats, qui dénoncent des recrutements inopportuns, surtout suscités par les autorités, ne reconnaissant que 15% de « part » dans le dernier recrutement.

Assumer les responsabilités

Refusant d’être les « responsables » de cette situation, les représentants du Syndicat national des Constructions civiles, des mines et de l’énergie (SYNACOME) se sont dits « touchés » par les propos de leur autorité de tutelle. « Nous sommes témoins que les gens travaillent à l’EDM. Nous sommes atteints lorsqu’on nous accuse d’être des voleurs. Nous ne sommes pas tous bien, mais ces propos nous ont touchés », a dit Baba Dao, Président du SYNACOME. Expliquant que leurs familles ainsi que des agents de terrain ont été mis en danger par les propos tenus, il propose comme solution le financement.

C’est au ministère de définir la vision qui va permettre d’assurer l’alimentation du pays en électricité. L’élément déclencheur de la situation que nous vivons aujourd’hui ne date pas de maintenant, explique un acteur du domaine. Si la définition de la politique (notamment du choix du mix énergétique) est le rôle de l’État, la fourniture de l’électricité, principalement dans les grandes villes, revient à l’EDM. L’AMADER et d’autres acteurs s’occupant d’autres aspects.

Malgré la forte demande, « EDM n’a pas intérêt à raccorder de nouveaux clients, parce que le prix de vente moyen de l’électricité est inférieur à son coût de production ». Chaque nouveau client est donc un trou de plus ajouté au déficit. Cependant, les pertes d’EDM augmentant, il faut s’interroger. Ce prix de revient est-il optimisé ? La plus grande part de l’énergie produite est thermique. Elle fonctionne à partir de carburant que nous importons et dont nous ne maîtrisons pas le prix. Le second problème est la mauvaise gestion d’EDM. « Il faut donc assainir et bien gérer le peu que nous avons », suggère-t-il. Le vol de carburant dénoncé est réel, poursuit-il. Le fait que beaucoup de travailleurs ont leurs propres sociétés qui sous-traitent des marchés est aussi une réalité, tout comme les surfacturations et bien d’autres choses. Des sociétés qui n’ont aucune expertise et se voient attribuer des marchés sur des fausses bases. Tout cela mis bout à bout ne peut qu’augmenter les charges. S’agissant du personnel, il doit aussi être optimisé, avec les compétences nécessaires. À EDM, il faut réduire les pertes techniques et commerciales. Parmi les mesures urgentes, il faut aussi envisager de contrôler la consommation afin d’éviter le gaspillage énergétique et réduire les pertes auprès des gros consommateurs, en mettant en place des « systèmes automatisés au lieu d’investir un milliard pour augmenter la capacité et réduire les gaspillages en investissant la moitié de cette somme », par exemple.

De janvier à septembre 2023, l’État assure avoir subventionné la société EDM à hauteur de 106 milliards, pour payer notamment ses fournisseurs. Il a également reconstitué son capital pour 146 milliards. Mais EDM est confrontée à des difficultés d’investissement dans ses installations de production, de transport et de distribution. La société, endettée et déficitaire, n’arrive pas non plus à s’autofinancer. Ses coûts de production d’énergie se situent entre 140 et 160 francs CFA le kWh, alors qu’elle le vend aux populations 90 francs CFA en moyenne. En février dernier, trois ministres, Abdoulaye Maïga, Alousséni Sanou et Lamine Seydou Traoré (alors ministre de l’Énergie) avaient été mobilisés par le gouvernement lors du Salon des investisseurs pour l’Énergie au Mali (SIEMA 2023), dans l’optique de plaider auprès des partenaires pour débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour le Plan de Développement du sous-secteur de l’Électricité sur la période 2022 – 2026. L’activité de deux jours, qui a réuni plus de 200 participants, n’a finalement réussi à récolter que 50 milliards.

Aujourd’hui, si les autorités promettent moins de délestages, espérant qu’il n’y aura plus de ruptures dans la fourniture de carburant, elles invitent à la patience, car l’amélioration promise n’est pas encore au rendez-vous. Dans la capitale, la grogne monte, même si ses formes ne se dessinent pour l’heure pour la plupart que sur les réseaux sociaux.

Essence : Pourquoi le prix a-t-il augmenté ?

Après plusieurs mois de tendance à la baisse du prix du litre d’essence à la pompe au Mali, ce dernier a été revu à la hausse pour le compte du mois de juin. Si les consommateurs maliens ont été pris de court par la nouvelle, les raisons de cette augmentation s’expliquent essentiellement par une hausse du prix à l’international, selon la direction de l’Office national des produits pétroliers (ONAP).

715 francs CFA le litre du super carburant et 640 francs pour le gaz oil. Ce sont les nouveaux prix à la pompe entrés en vigueur le 11 juin dernier sur toute l’étendue du territoire national. C’est donc une hausse de 5 et de 11 francs CFA respectivement sur le super carburant et le gaz oil établie lors de la dernière réunion de la Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers, le 10 juin 2019.

Cette réunion, qui se tient au plus tard le 10 de chaque mois à l’ONAP, a pour objectif d’ajuster les prix des hydrocarbures au Mali en fonction de l’évolution des prix internationaux, à travers un mécanisme mis en place par les partenaires techniques et financiers.

« Le principe de ce mécanisme consiste à répercuter sur les prix à la pompe les variations des prix à l’international dans une marge de 3%. C’est son application qui a conduit à une augmentation au mois de juin, parce qu’il y a eu une hausse sur le marché international », explique Mamadou Sangaré, chef de la division Statistiques et administration à l’ONAP.

Consommateurs mécontents

En attendant une éventuelle prochaine baisse, les consommateurs vivent mal cette hausse qu’ils n’ont pas vu venir.  « J’ai été vraiment surpris par cette augmentation et cela affecte mon budget carburant. J’en prends chaque jour et les 5 francs par litre étalés le long du mois reviennent à une somme conséquente au final », relève Issa Konaté, informaticien à Kalaban Coura.

« Une augmentation du carburant, même de 1 franc CFA, est toujours une mauvaise nouvelle pour nous, les consommateurs. Mais nous espérons que très bientôt nous allons assister à une nouvelle baisse », confie pour sa part Ibrahima Diallo, automobiliste.

À en croire Mamadou Sangaré, le mécanisme de fixation des prix s’applique en cas de baisse ou de hausse des prix à l’international. « Le prix au niveau national pourra être de nouveau revu à la baisse le mois prochain, en fonction de l’évolution de la situation ».

Carburants : ce que nous payons

Alors que le coût de la vie se renchérit, inexorablement semble-t-il, au Mali, les consommateurs portent de plus en plus l’attention sur un poste de dépense important, le transport. Et qui dit transport dit carburant. Nombreux sont ceux qui se souviennent avec nostalgie de la période « où l’essence était à moins de 500 francs »… Aujourd’hui, passée la barre des 700 francs CFA, l’inquiétude grandit. Pourquoi, même quand le prix du pétrole baisse, il reste stable, voir augmente au Mali ? Allons-nous un jour acheter le litre de gasoil à 1 000 francs ? Ces interrogations recueillies auprès du citoyen lambda nous ont poussé à nous intéresser aux prix des hydrocarbures (hors gaz liquide). De quoi sont-ils composés et qui paie quoi ?

« Quand on augmente le prix du carburant, c’est pour toujours au Mali ». L’opinion de Maïmouna, perchée sur sa Djakarta (motocyclette très répandue à Bamako), est largement partagée par tous ceux qui s’expriment sur le sujet du prix du carburant au Mali. C’est un véritable poste de dépenses pour Birama qui y injecte le quart de son salaire chaque mois, lui qui s’occupe de livraison au centre-ville. Qu’ils soient chef de famille, ou étudiant, commerçante ou chauffeur de Sotrama, tous ont le même crédo : les prix pratiqués sont trop élevés pour le consommateur. Les associations qui les regroupent montent d’ailleurs fréquemment au créneau pour dénoncer les prix de l’essence, du gasoil et du pétrole, les trois produits largement utilisés au Mali. Si les récriminations des consommateurs n’arrivent pas toujours à faire baisser les prix, elles maintiennent la pression sur l’Etat qui veut avant tout maintenir la paix sociale, nous explique un cadre d’une compagnie pétrolière, qui cumule expérience et connaissance du secteur. Il faut comprendre comment le prix du carburant est fixé : « Ce travail est fait mensuellement par une commission », nous explique notre interlocuteur. « La Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers est composée des deux groupements des pétroliers opérants au Mali, des associations de consommateurs, de la douane, des impôts, de la Chambre de commerce, de l’Autorité routière ainsi que de la direction des transports. Cette commission est placée sous l’égide du ministre de l’Economie, des Finances et du Budget. Son secrétariat est assuré par l’Office national des produits pétroliers (ONAP). Elle se réunit le 10 de chaque mois et a pour mission d’analyser les fluctuations des prix fournisseurs, de proposer les révisions au niveau de la structure de prix et d’élaborer les documents administratifs nécessaires (arrêtés y afférents) ».

 Décryptage

Après 2014, année où le baril de pétrole avait atteint le record de 115 dollars, les cours n’ont cessé de chuter sur les marchés internationaux. Le baril est ainsi passé en 2016 à environ 50 dollars américains. Si les pays producteurs se lamentent et cherchent à continuer à faire tourner leurs économies, les consommateurs eux se frottent les doigts à chaque baisse, espérant en voir les répercussions dans leur porte-monnaie. Or, selon les experts, les prix à la pompe ne sont pas liés directement aux prix du baril de pétrole brut. « Les prix à la pompe sont plus volatiles et composés en grande partie des droits et taxes qui constituent les recettes des différents pays importateurs. En outre, ils sont calculés sur la base des moyennes mensuelles des prix internationaux publiés par le PLATTS, alors que les prix du baril de pétrole brut varient à tout moment » explique notre conseiller technique. Il faut d’ailleurs noter que fin 2017, le cours moyen du brut est passé de 54 dollars à 62 dollars entre les mois de janvier et novembre 2017, soit une hausse de 15%, selon l’Office national des produits pétroliers (ONAP). Cette situation, évoquée lors du conseil d’administration  de la structure en décembre dernier, s’est traduite dans un premier temps par la répercussion partielle des effets de la hausse des prix fournisseurs et, depuis septembre 2017, par l’application effective du mécanisme de taxation des produits pétroliers dans une bande de 3%. En effet, le Mali a adopté un nouveau mécanisme d’ajustement automatique des prix qui vise la répercussion intégrale des variations des cours internationaux des produits pétroliers sur les prix à la pompe à l’intérieur d’un intervalle (ou marge) de 3%. Cela signifie que d’un mois à l’autre, toute variation des prix fournisseurs inférieure ou égale à 3% est intégralement répercutée sur les prix à la pompe. « Le nouveau mécanisme fonctionne dans les deux sens – hausses et baisses des prix fournisseurs – et permet de rattraper progressivement les niveaux des cours internationaux » explique un conseiller technique du ministère de l’Economie et des Finances.

 Le prix du carburant dépend de trois facteurs essentiels, explique Damien Roques, directeur général de Total au Mali. « Il s’agit du prix d’achat du produit, des frais d’approche que comprennent le transport et le stockage, des droits et taxes payés au cordon douanier essentiellement et de la marge globale qui comprend le bénéfice de l’opérateur mais aussi la rémunération du gérant de la station ». Cette marge est, d’après la structure indicative de prix de décembre (celle de janvier n’était pas publiée au moment de notre parution, ndlr), de 50 francs CFA pour le super, 40 francs pour le gasoil et de 31,40 francs pour le pétrole. Il faut préciser qu’outre ces trois produits vendus en stations, il existe plusieurs autres produits pétroliers. Ce sont entre autres, les lubrifiants, le carburant pour les avions dénommé JetA1, le fuel lourd et léger, etc. Les prix de ces produits sont fixés par l’Etat. Au ministère de l’Economie et des Finances, on nous explique que « les prix fournisseurs et les droits et taxes représentent les principales charges. Les prix fournisseurs sont calculés à partir des prix du pétrole sur le marché international (publiés par le PLATTS, société qui fournit des informations des secteurs du pétrole, de l’énergie, des produits pétrochimiques, des métaux et de l’agriculture) et des cours moyens du dollar ». La fiscalité pétrolière au Mali s’inspire du schéma de taxation de l’UEMOA et comporte les droits de porte (droit de douane et redevance statistique), le prélèvement communautaire, la TVA, la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). Au Mali, les carburants supportent aussi une taxe parafiscale appelée Redevance autorité routière.

 Pourquoi des différences de prix ? 

Les prix à la pompe fixés par la Commission sont des prix indicatifs plafonds. Les opérateurs pétroliers peuvent ainsi vendre les produits à des prix inférieurs aux prix indicatifs plafonds, en jouant sur leurs marges brutes. Ils n’ont cependant pas le droit de les vendre au-dessus des prix indicatifs plafonds. Les agents de la Direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC) procèdent au contrôle des prix à la pompe des carburants pratiqués sur le marché. Mais la pléthore d’acteurs ne facilite pas ce travail. Il en existe plus de 70 dont cinq sociétés internationales. Les 5 sociétés étrangères couvrent 30% du marché et 10 des opérateurs maliens 50%, selon les chiffres du Groupement des professionnels du pétrole (GPP) qui regroupe les sociétés internationales, tandis que le Groupement malien des professionnels du pétrole (GMPP) regroupe pas moins de 67 opérateurs maliens. Le marché étant libéralisé, chacun de ces opérateurs peut pratiquer les prix qu’il désire, en tenant compte du prix plafond.

Evolution à la baisse ? 

Peut-on s’attendre à voir les prix descendre ? Non, si l’on doit se référer au cours publié sur les marchés. Le brent (pétrole brut) est encore monté en ce début 2018 et a dépassé les 68 dollars. Si l’on compte également que cette dernière devise est également à un fort taux de conversion, les calculs de la commission en ce 10 janvier ne devraient pas aller vers une baisse des prix à la pompe. Et « ce sont les pétroliers qui vont continuer à payer », déplore un des acteurs qui espère cependant que la hausse des ventes en station va permettre de compenser et de faire du chiffre. « Au niveau des pays où nous sommes orientés pour nous approvisionner, nous nous battons avec les traders, les partenaires commerciaux, pour avoir les meilleures conditions d’achat et minimiser les coûts », conclut-il.

Oryx Énergies s’impose

Présent au Mali depuis 2009, Oryx Énergies est devenu un acteur incontournable du marché de la distribution de carburant. Grâce à son réseau de 23 stations, le groupe suisse étend son empreinte sur le marché malien et génère plus de 150 emplois directs et 200 indirects créés en huit années d’existence, comme s’en félicitait il y a quelques mois Mohamed Koné, directeur général, lors de la cérémonie d’ouverture de la 23è station au Mali. Présent dans 24 pays africains, Oryx Énergies achète et vend des carburants aux particuliers, mais aussi aux professionnels, et s’est développé au Mali essentiellement à travers le rachat du réseau de stations du groupe SNF, qui possédait de très bons emplacements à Bamako et sur les grands axes du pays.

Gagner du terrain Autrefois absent sur le marché institutionnel, Oryx Energies est désormais en train de grignoter des parts de marché à ses concurrents. Plusieurs ministères, notamment celui de la Défense et des Anciens combattants, avec 1 million de litres par an, ont signé avec le groupe des contrats de fourniture, en faisant désormais un acteur majeur du marché malien. Il participe également à l’approvisionnement en fioul et en lubrifiants de centrales de production électrique (60 MW).

Face à la concurrence de géants pétroliers Total et Shell, Oryx Énergies a su se faire une place sur un marché où la qualité devient la mesure. Selon un responsable du groupe, il doit sa notoriété et sa crédibilité sur le marché malien à sa chaîne de fabrique et de vente, mais aussi à une politique de commercialisation et de communication efficace, qui a permis, entre autres, de circonscrire les conséquences négatives du rapport du fuel frelaté où il était cité en 2016.

 

 

 

Embargo : panique autour du carburant à Bamako

Le Mali est sous le coup d’un embargo «Â total » de la CEDEAO depuis lundi faute du non rétablissement de l’ordre constitutionnel. Enclavé, le Mali supporte un coût d’importation annuel d’hydrocarbures de 196 milliards de FCFA (chiffres 2007). Ce produit précieux fait tourner sans exception toutes les activités maliennes. En bref C’’est l’économie du pays qui est prise en otage, car C’’est le carburant qui fait tourner la centrale thermique de Balingué, gros fournisseur d’électricité de l’énergie du Mali (EDM). Avec une pénurie du carburant, Bamako pourrait être plongée dans le noir. Alors que la CEDEAO a imposé l’embargo, le Mali fait aussi face à  la rébellion au nord depuis le lundi. Bataille autour du carburant La première préoccupation des populations est de s’approvisionner en carburant avant qu’il ne devienne une denrée rare sur le marché. Ce matin, nous avons fait un tour dans quelques stations d’essence o๠motos et véhicules se suivaient autour des pompistes dépassés. Certains sont venus avec des bidons de 20 litres pour faire des réserves. Dans une station du quartier d’ Hamdallaye Aci, Aminata Diourté confie: « Il faut faire le plein et prendre des réserves au risque de se retrouver en panne sèche dans les jours à  venir. Tu sais, les commerçants profiteront de cette situation pour augmenter les pri au détriment de la population». Un autre motocycliste s’impatiente et vocifère sur la jeune pompiste : « hé toi tu n’as aucune respect envers les motocyclistes ? Nous sommes là  depuis longtemps. Et tu ne sert que des véhicules…. » Au niveau de la station Total de Missira, quartier populaire de la capitale, une colonne de véhicules en rang crée la panique : Alfousseyni Sangaré, au volant de son véhicule ajoute que les putschistes n’ont pas mesuré les conséquences de leur coup d’Etat. Le pays se trouve dans une crispation totale. La preuve, je suis là  depuis 8 h et il est bientôt 10h et je ne suis pas toujours arrivé au service. Parce que je n’ai pas de carburant ». Malgré cette situation les partisans de la junte ne se plaignent pas. Awa Berthé, à  la station d’essence de Badialan, s’approvisionne aussi et comment la situation : « On doit laisser la junte diriger le Mali. Les politiciens sont entrain de détruire le Mali. La CEDEAO veut nous étouffer économiquement, tant pis !. Seul Dieu nourrit un serpent aveugle. Même si la CEDEAO nous coupe de l’Afrique, on va vivre. Vive Sanogo et vive la junte ! ». Dans certaines stations, le gasoil est déjà  introuvable. Les véhicules diesel cherchent désespérément du carburant dans la capitale. Selon les économistes, la flambée du prix des produits de première nécessité est inévitable dans les jours à  venir.

Accident de la route: des centaines de millions évaporés !

3 blessés graves, un bilan qui aurait pu être pire C’’est en début d’après-midi que la citerne de la Société malienne de produits pétroliers (SOMAPP) ayant amorcé la montée du pont des Martyrs s’est littéralement renversée ! Après plusieurs tonneaux, elle s’est pour finir immobilisée devant le portail de la Cité administrative en construction. Grièvement blessés, les trois passagers de la cabine du chauffeur ont été vite évacués à  l’hôpital, l’habitacle ayant été partiellement broyé par le choc. l’incident est arrivé aux environs de 12 H 30 mn, heure de grand trafic, la circulation a été fortement perturbée pendant les trois heures qu’il a fallu aux agents de la Protection civile. Ces derniers ont d’ailleurs dû faire appel à  une grue de marque Saviem. Pendant l’opération, les agents de la Protection civile mobilisés ont sécurisé les lieux, procédure habituelle en cas de fuite d’hydrocarbures pour éviter tout risque d’incendie. A quand le respect des règles établies ? Le Chef du secteur Monument de la paix de la Compagnie de circulation routière, Mahamadou Sangaré a indiqué cet incident aurait pu créer beaucoup de dégâts s’il s’était produit à  une heure de pointe. En effet, le véhicule s’est retrouvé allongé sur l’autre bretelle empruntée par les motocyclistes venant du Monument de la paix pour rallier le pont Fahd. Selon nos informations le carburant déversé au sol équivaudrait à  des centaines de millions de nos francs. C’’est donc une perte sèche, C’’est bien le cas de le dire, pour la société. Selon nos informations, une défaillance technique qui serait à  l’origine de cet accident qui revient poser la question des heures de circulation des gros porteurs dans les rues de Bamako. Un arrêté ministériel avait pourtant fixé des horaires précis afin de protéger les autres usagers de la route. Faudra-t-il un drame pour qu’enfin le simple bon sens puisse triompher ?

Prix du carburant : pas de répit pour les consommateurs

La commission a autorisé, après appréciation des différents acteurs présents de la commission, la reconduction du prix du carburant du mois de juin passé.Ainsi, l’essence super sans plomb reste à  635 FCFA le litre , le pétrole à  450 FCFA, 545 FCFA le litre du gasoil, le fuel oil à  355 FCFA le litre. Ces prix indicatifs doivent être affichés dans toutes les pompes des stations de vente du Mali à  compter du vendredi 10 juillet 2009 à  partir de minuit. Cette décision est le résultat de la rencontre mensuelle des membres de la Commission. Dans l’analyse comparative des prix fournisseurs, une augmentation du prix du carburant est palpable sur tous les axes d’approvisionnement du Mali. Un point de vue soutenu par les opérateurs qui expriment tenir le coût grâce à  la subvention faite par l’Etat sur le carburant. Cette hausse varie selon les zoneS d’approvisionnement. Au Sénégal, elle est de 7% à  13%, 10,1% à  15,8% pour Abidjan, Lomé de 7,7% à  13 % et Cotonou de 7,7% à  13,5%. Par ailleurs, les consommateurs s’attendaient à  une baisse du prix du carburant qui devrait agir sur le prix des produits commerciaux dans le marché. Ceci en guise des prévisions pour le mois de ramadan déjà  proche et pour permettre aux populations de mieux subvenir à  leurs besoins surtout en ces périodes d’hivernage. Il faut savoir que la Commission de Suivi du Mécanisme de Taxation des Produits Pétroliers est constituée de 3 Associations de Consommateurs, d’un représentant du Ministre de l’Economie et des Finances, du Syndicat Malien des Professionnels du Pétrole, du Groupe Professionnel des Pétroliers, de la Chambre de Commerce et Industrie du Mali, de la Direction Nationale de l’Energie, de la Direction Générale des Impôts, de la Direction Nationale du Commerce et de la concurrence et l’Office National des Produits Pétroliers. Cette commission a pour objectif d’agir sur le prix du carburant dans l’intérêt général de la population et l’approvisionnement du pays en produits pétroliers à  moindre coût.La rencontre entre les membres de la commission est mensuelle à  l’ONAP. C’’est le lieu de rappeler aux opérateurs économiques du Mali de se conformer aux normes des citernes prévues par la CEDEAO dans leur tonnage. Cette norme prévoit que les citernes soient de 51 tonnes à  la charge, alors qu’actuellement ces citernes sont à  55 tonnes voire 60 tonnes pour certaines. Cette mesure est prise dans le cadre de l’amélioration de la qualité des goudrons. Mais pour l’instant, «l’opération en est à  la phase de sensibilisation des transporteurs » selon le représentant des transporteurs.