Délestages : jusqu’à quand ?

De plusieurs heures dans la capitale à plusieurs jours dans certaines localités, les coupures d’électricité ont atteint une ampleur jamais égalée. Mettant à mal l’activité économique et provoquant la colère des consommateurs, ces délestages intempestifs sont devenus le lot quotidien des clients de la société Énergie du Mali (EDM). Entre absence d’investissements et mauvaise gestion généralisée, le bout du tunnel semble encore loin.

Dans une interview diffusée sur ORTM1, la chaîne nationale, le 24 octobre 2023, la ministre en charge de l’Énergie et de l’eau depuis le 1er juillet 2023 a tenté d’expliquer les nombreux délestages subis dans la fourniture de l’électricité.

Surfacturations, vols de carburants, pénuries organisées et autres fraudes, les pratiques malsaines au sein de la société chargée de la production et de la distribution de l’électricité ont atteint un niveau inquiétant, selon elle. La mauvaise gestion au sein d’EDM, qui est même devenue un instrument politique aux dires de la ministre, ne date pas de maintenant. Un véritable système où commerçants et travailleurs sont complices. Souvent, au lieu d’une facture, ce sont deux à trois qui ont été retrouvées pour un seul récépissé de réception.

Suite aux contrôles effectués, c’est un montant d’un milliard six cents millions de factures supplémentaires qui a été enregistré chez un seul fournisseur sur deux mois de vérification. Chez un autre, rien qu’en 2022 ce sont 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards de francs CFA qui ont été découvertes.

Les principaux fournisseurs auxquels EDM doit de l’argent sont ceux qui lui livrent des carburants et ceux qui lui fournissent de l’électricité. Pour une dette totale de 600 milliards de francs CFA et 800 fournisseurs.

Ce manque de rigueur généralisé a même entraîné un déficit de production qui a empiré au fil du temps, expliquant la dégradation actuelle. Selon la responsable du département, le fioul, plus économique, aurait été délaissé au profit du gasoil, exonéré et facilement détourné. Ainsi, entre Balingué, la centrale qui reçoit et distribue le carburant aux autres centrales du pays, « des quantités » importantes ont disparu, « des manquants qui se sont accumulés ». Jusqu’à 59 citernes en 4 jours.

Une déclaration qui a mis le feu aux poudres et fait bondir les syndicats. Lors d’une Assemblée générale suivie d’une conférence de presse, le 27 octobre 2023, les représentants des trois syndicats d’EDM ont contesté les propos de la ministre.

Arrêter l’hémorragie

Pour résoudre de façon urgente les problèmes et réduire les délestages, la ministre évoque quelques pistes. Des sanctions à l’encontre de ceux qui ont commis des fautes et l’identification de tous les protagonistes impliqués dans cette chaîne de fraude. Dans la foulée, Madame Bintou Camara a rencontré les opérateurs pétroliers le 30 octobre 2023. L’une des mesures adoptées est la « réduction drastique du nombre des fournisseurs », qui passe de 800 à 4 sociétés. « Dans un avenir proche », la première responsable du département de l’Énergie promet d’élaborer des contrats de management de la quantité de carburant livrée pour accentuer les contrôles dans ce domaine. Ce qui permettra en outre de faire du stockage et de prévenir les coupures, parce qu’il n’existe pas pour le moment de seuil d’alerte. Avec les promesses de livraison prochaine de carburant en provenance de Russie, la desserte pourrait s’améliorer, promettent également les autorités.

Les pertes de la société sont aussi financières et il y a un besoin pressant de mobiliser entièrement les recettes. Les problèmes de trésorerie au niveau d’EDM ne datent pas non plus de maintenant. En effet, plusieurs fois, pour payer les salaires, la société était obligée de faire des découverts à la banque, s’installant dans un cycle infernal d’endettement qui a atteint des sommets, confie un ancien agent.

EDM a donc besoin d’encaisser toutes ses factures, ce qui n’est pas encore le cas, notamment auprès des services de l’État, qui sont de grands consommateurs mais de mauvais payeurs.

Estimées à 20 milliards de francs CFA, les recettes mensuelles, dont 18 milliards servent à payer les fournisseurs et 2 milliards les salariés, doivent être améliorées, en même temps qu’une diminution des charges. Dont celles du personnel, estimé par la ministre à 2 500 travailleurs et environ 500 stagiaires. Un dernier chiffre contesté par les syndicats, qui dénoncent des recrutements inopportuns, surtout suscités par les autorités, ne reconnaissant que 15% de « part » dans le dernier recrutement.

Assumer les responsabilités

Refusant d’être les « responsables » de cette situation, les représentants du Syndicat national des Constructions civiles, des mines et de l’énergie (SYNACOME) se sont dits « touchés » par les propos de leur autorité de tutelle. « Nous sommes témoins que les gens travaillent à l’EDM. Nous sommes atteints lorsqu’on nous accuse d’être des voleurs. Nous ne sommes pas tous bien, mais ces propos nous ont touchés », a dit Baba Dao, Président du SYNACOME. Expliquant que leurs familles ainsi que des agents de terrain ont été mis en danger par les propos tenus, il propose comme solution le financement.

C’est au ministère de définir la vision qui va permettre d’assurer l’alimentation du pays en électricité. L’élément déclencheur de la situation que nous vivons aujourd’hui ne date pas de maintenant, explique un acteur du domaine. Si la définition de la politique (notamment du choix du mix énergétique) est le rôle de l’État, la fourniture de l’électricité, principalement dans les grandes villes, revient à l’EDM. L’AMADER et d’autres acteurs s’occupant d’autres aspects.

Malgré la forte demande, « EDM n’a pas intérêt à raccorder de nouveaux clients, parce que le prix de vente moyen de l’électricité est inférieur à son coût de production ». Chaque nouveau client est donc un trou de plus ajouté au déficit. Cependant, les pertes d’EDM augmentant, il faut s’interroger. Ce prix de revient est-il optimisé ? La plus grande part de l’énergie produite est thermique. Elle fonctionne à partir de carburant que nous importons et dont nous ne maîtrisons pas le prix. Le second problème est la mauvaise gestion d’EDM. « Il faut donc assainir et bien gérer le peu que nous avons », suggère-t-il. Le vol de carburant dénoncé est réel, poursuit-il. Le fait que beaucoup de travailleurs ont leurs propres sociétés qui sous-traitent des marchés est aussi une réalité, tout comme les surfacturations et bien d’autres choses. Des sociétés qui n’ont aucune expertise et se voient attribuer des marchés sur des fausses bases. Tout cela mis bout à bout ne peut qu’augmenter les charges. S’agissant du personnel, il doit aussi être optimisé, avec les compétences nécessaires. À EDM, il faut réduire les pertes techniques et commerciales. Parmi les mesures urgentes, il faut aussi envisager de contrôler la consommation afin d’éviter le gaspillage énergétique et réduire les pertes auprès des gros consommateurs, en mettant en place des « systèmes automatisés au lieu d’investir un milliard pour augmenter la capacité et réduire les gaspillages en investissant la moitié de cette somme », par exemple.

De janvier à septembre 2023, l’État assure avoir subventionné la société EDM à hauteur de 106 milliards, pour payer notamment ses fournisseurs. Il a également reconstitué son capital pour 146 milliards. Mais EDM est confrontée à des difficultés d’investissement dans ses installations de production, de transport et de distribution. La société, endettée et déficitaire, n’arrive pas non plus à s’autofinancer. Ses coûts de production d’énergie se situent entre 140 et 160 francs CFA le kWh, alors qu’elle le vend aux populations 90 francs CFA en moyenne. En février dernier, trois ministres, Abdoulaye Maïga, Alousséni Sanou et Lamine Seydou Traoré (alors ministre de l’Énergie) avaient été mobilisés par le gouvernement lors du Salon des investisseurs pour l’Énergie au Mali (SIEMA 2023), dans l’optique de plaider auprès des partenaires pour débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour le Plan de Développement du sous-secteur de l’Électricité sur la période 2022 – 2026. L’activité de deux jours, qui a réuni plus de 200 participants, n’a finalement réussi à récolter que 50 milliards.

Aujourd’hui, si les autorités promettent moins de délestages, espérant qu’il n’y aura plus de ruptures dans la fourniture de carburant, elles invitent à la patience, car l’amélioration promise n’est pas encore au rendez-vous. Dans la capitale, la grogne monte, même si ses formes ne se dessinent pour l’heure pour la plupart que sur les réseaux sociaux.

Mopti : le Premier ministre Choguel Maiga en visite de trois jours

Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maiga est arrivé cet après-midi à Mopti pour une visite de 72h. Le chef du gouvernement arrive dans une région qui souffre d’un manque d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours. Selon des locaux, ce problème a paralysé les activités économiques et scolaires de la ville.  Ces problèmes viennent s’ajouter aux problèmes sécuritaires de la région. Deux jours avant la visite, le 14 mars, le Premier ministre a reçu une délégation des forces vives de la région de Mopti. La délégation lui a fait un rapport de la situation difficile dans la région.

EDM SA : Consommateurs (très) mécontents

Il y a maintenant des semaines, alors que la saison hivernale battait encore son plein, les Bamakois ont été surpris de se retrouver confrontés à une de leurs hantises… les coupures de courant. Alors que l’on appréhende surtout les mois de mars à juin, c’est en août que les « délestages » ont commencé. Au grand dam des consommateurs, qui se déchainent contre la compagnie de fourniture d’électricité, EDM SA. Cette dernière peine à faire avaler la pilule, malgré une campagne de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces « trop fréquentes » coupures font monter la grogne et les appels à une libéralisation du secteur se multiplient.

« Courant naana ! » (L’électricité est revenue, en bamanakan). S’il y a quelques années c’est avec un sourire jaune que les parents entendaient cette exclamation de leurs enfants au retour de l’électricité après une coupure, c’est plutôt de l’exaspération que l’on peut lire maintenant sur les visages. « Est-ce qu’ils se rendent compte que nous devons travailler demain ? », tempêtait quelques secondes auparavant Mahamoud, chef de famille résidant à Kalabancoro Extension, sorti sur le pas de sa porte. L’homme est excédé. C’est la deuxième coupure de la soirée et il ne dispose ni de groupe électrogène ni de lampe solaire (gros business en développement au Mali) pour prendre le relais. « Ça nous arrive presque tous les jours, c’est fatiguant, énervant et ça nous handicape dans beaucoup de choses », poursuit-il, en autorisant ses enfants à aller se coucher sans avoir révisé leurs cours, faute de lumière. « Je ne vais pas leur abimer les yeux en les faisant étudier à la bougie… ». Devant un atelier de couture, non loin de là, petit attroupement autour de la théière qui fume sur le feu. Tous les tailleurs sont venus rejoindre les jeunes du grin qui « se pose » là tous les soirs. « Pas moyen. C’est compliqué, on a des commandes et dans la journée, ça avait déjà été coupé » se désespère Mass, la secrétaire, qui était restée sur place pour mettre un peu la pression sur les ouvriers afin que le travail avance cette nuit-là. « Comment peut-on développer un pays si l’électricité demeure une denrée de luxe ? Ce n’est pas possible ! » s’insurge Adama D, communicant. « Il faut voir quand il y a une coupure. Tout le monde est au chômage ici. Du standardiste au DG, tout le monde cesse de travailler et cela pour des heures parfois. Impossible d’être compétitifs dans ces conditions », ajoute son ami H, cadre dans une structure parapublique.

« Avis de perturbations » …

Des exemples de ce genre, il y en a par centaines et par milliers dans la capitale malienne, et ce depuis le mois d’août. C’est en effet au beau milieu de la saison des pluies que les coupures de courant ont commencé. Plus aucun quartier n’est épargné et les coupures interviennent de jour comme de nuit. « On ne comprend plus rien. D’habitude, c’est en période de chaleur qu’on a des délestages, là, EDM SA nous coupe alors qu’il pleut », s’interroge-t-on. Quelques incidents techniques, vite résorbés à l’époque, répond-on à Energie du Mali (EDM) sa, la compagnie qui a le monopole de la distribution de l’électricité au Mali, précisant qu’il ne s’agissait pas de délestages. Et les coupures actuelles ? « A Energie du Mali, nous avons deux périodes de pointe. Il y a la petite pointe, de la mi-septembre à fin novembre, et la grande, de fin mars à juin. Nous sommes donc dans la petite pointe », explique Abdoul  Malick  Diallo, chef de la cellule de communication de l’entreprise.

« Or, notre offre est pratiquement tangente à la demande et il suffit qu’il y ait une difficulté, comme une panne, pour que ça bascule. Nous sommes vraiment sur le fil du rasoir. Il suffit qu’un groupe tousse pour que ça bascule », poursuit notre interlocuteur. « Ces derniers temps, nous avons des perturbations sur le réseau. Nous avons eu d’abord un problème sur la ligne Dar Salam – Kodialani (derrière Sébénikoro), qui a été résorbé. S’en est suivit un souci sur les liaisons 30 kw. C’est par elles que transite l’électricité entre les différents postes – sources qui dispatchent le courant dans la ville. Aujourd’hui, nous avons des avaries sur ces liaisons, qui sont aujourd’hui d’un certain âge et commencent à montrer des signes de faiblesse. Sans oublier que dans l’exploitation normale des installations électriques, il y a toujours des imprévus, pannes de groupes électrogènes, camions qui arrachent des poteaux électriques, etc. En permanence il y a des cas comme ça, que nous devons régler à une cadence très régulière. Quand il y a une panne, il faut réparer et, pendant ce temps, il y a des coupures. En gros, c’est cela, la situation », précise M. Diallo.

« #Antorola » (on n’en peut plus, en bamanakan), sur les réseaux sociaux, c’est le maître mot des publications, désormais directement adressées à la société. « Depuis combien d’années c’est le même problème, le même constat. Toujours les mêmes coupures intempestives » peut-on lire sur une page Facebook. Les messages sont de plus en plus durs, appelant au refus de paiement des factures ou à des demandes de remboursements pour destruction d’appareils électroménagers et même d’outils de travail. Les rumeurs ont également pris la place de l’information : « EDM est en faillite », « elle a perdu ses actionnaires majoritaires », « le DG a bloqué les contrats avec les fournisseurs, c’est la raison des fluctuations dans la fourniture », etc. Faux ! répond Diallo. La société a donc entrepris une véritable campagne de communication. Elle multiplie les messages sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les avis de perturbation de la fourniture en électricité sont relayés sur Facebook, en particulier, EDM sa estimant que ses clients sont plus faciles à toucher sur ce média social. Plus institutionnellement, ce mardi 17 octobre, c’est son Directeur Général Adjoint Technique, Ladio Sogoba, qui a fait le point sur la situation des perturbations dans la fourniture d’électricité. Il a rencontré la presse, à laquelle il a expliqué que la solution durable passait par des investissements dans la construction de nouvelles centrales et par le renforcement du réseau, pour faire face à la croissance de la demande, de 12% en moyenne chaque année. Aujourd’hui, la demande moyenne quotidienne de la ville de Bamako est de 300 Mégawatts.

Libéraliser le secteur ?

Si EDM ne peut pas, qu’elle laisse la place à d’autres !  C’est la phrase que l’on entend de plus en plus souvent chez les usagers excédés. Libéraliser le secteur de la fourniture de l’électricité ? C’est déjà le cas au Mali. Les investisseurs privés ont, en principe, le droit de monter des unités de production d’électricité, quelle qu’en soit la source, dans le cadre de la loi, et de la vendre à EDM SA.  « C’est le cas par exemple de la centrale solaire qui est en cours de construction à Ségou. Elle vendra de l’énergie à la société, qui la diffusera dans son réseau » explique-t-on chez le fournisseur d’électricité. Cela permettra de pallier l’incapacité des infrastructures actuelles à satisfaire les besoins. « Construire un barrage n’est pas le rôle d’EDM. EDM, c’est l’exploitation, c’est à l’État de faire des investissements. Aujourd’hui, le seul barrage qui appartient en propre au Mali, c’est Sélingué. Il date de combien d’années ? », interroge un technicien, qui ajoute « on doit dépasser les discours, arrêter de tendre un doigt accusateur vers la société, qui ne fait que ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a ». En attendant donc que l’État, qui a plusieurs projets d’ouvrages majeurs en cours, tel que le barrage de Taoussa, puisse augmenter la production, et qu’EDM SA arrive à optimiser les infrastructures dont elle dispose pour le moment, les consommateurs resteront dans l’angoisse de la prochaine coupure de courant…

 

3 questions à Patrice Dangang, Directeur technique de Solektra Mali

 

Quels sont les services que vous proposez ?

Solektra International SA est une entreprise qui est née de l’initiative Akon Lighting Africa qui a pour but d’éclairer toute l’Afrique à travers l’énergie solaire photovoltaïque. Elle contribue également à apporter de l’eau potable aux populations dans les zones reculées. L’entreprise existe dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Bénin, Niger, Sénégal, Kenya…

Quels sont les projets réalisés par Solektra Mali dans le domaine de l’énergie et de l’eau ?

Nous avons réalisé l’installation de 1 505 lampadaires dans les régions de Ségou et Mopti dans le cadre du partenariat avec le gouvernement du Mali. Avec nos clients particuliers, nous sommes plus dans la vente de matériels d’éclairage solaire. Ce qui permet à beaucoup de nos clients d’apporter de l’électricité dans certaines zones reculées du pays. Par ailleurs, grâce à Solektra Solar Academy,a nous avons formés plusieurs jeunes. L’objectif est de permettre aux jeunes des villages où nous intervenons de prendre le relai dans le cadre de la maintenance.

Comment Solektra Mali compte-t-elle lutter contre le déficit en énergie au Mali ?

Comme toutes les entreprises qui interviennent dans le cadre de l’énergie au Mali nous espérons apporter notre aide à l’État dans sa mission. Si l’engagement de Akon et ses partenaires est d’apporter l’électricité dans chaque zone du Mali, cela ne suffit pas à réduire de façon considérable le déficit en énergie. Il faut donc mettre l’accent sur le partenariat public-privé afin de booster le secteur.

Eau et électricité : quelles solutions pour un meilleur accès ?

Face aux problèmes liés à l’accès à l’eau et à l’électricité sur le territoire national et dans la capitale malienne en particulier, le ministère de l’Énergie et de l’Eau a entamé, depuis plusieurs mois déjà, des visites d’inspection à travers le pays. Objectif, identifier les goulets d’étranglement et lutter efficacement contre les pénuries d’eau et les délestages dans les communes de Bamako et dans les régions. Des actions certes salutaires, mais qui n’arrivent pas, jusque-là, à contenir le problème. Plusieurs projets d’envergures sont cependant en cours. Certains ont déjà vu le jour. Des initiatives qui pourraient considérablement remédier à la problématique de l’accès à l’eau et à l’électricité dans les années à venir.

À Kadôbougou, sur la route de Kati en plein cœur des collines, une foule de jeunes filles, assises chacune sur un bidon de 10 litres, attend impatiemment de recueillir de l’eau potable. Ici, dans la capitale malienne, le scénario est le même pendant presque toute l’année, avec un pic de difficultés supplémentaires en période de chaleur. Abdou, gérant de la borne fontaine offerte à la communauté par la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), explique que « le robinet est ouvert deux fois par jour, le matin et le soir. Si tu ne viens pas à l’heure, tu n’auras rien ». Ici, un bidon de 20 litres coûte 10 francs CFA. La somme collectée permet de payer la facture à la fin du mois. « Si tu ne paies pas, ils vont couper. On a déjà du mal à avoir de l’eau, alors imaginez si on devait nous la couper », ajoute-t-il.

Un peu plus loin, à Boulkasoumbougou, en commune I du District de Bamako, les populations se plaignent du délestage récurent en ces débuts du mois d’avril. Toute la zone est régulièrement plongée dans l’obscurité à des heures tardives de la nuit. « Il y a coupure six à sept fois par jour. Nos réserves de nourriture dans le frigo pourrissent et il est impossible de dormir à cause de la chaleur », se plaint une riveraine. À Bamako, nombreux sont les Maliens qui, impuissants face aux difficultés d’accès à l’eau potable et à l’électricité, se tournent vers l’État qui rappelle à chaque fois qu’il fait de ce problème l’une de ses préoccupations majeures.

 Des milliards d’investissement En témoignent les montants colossaux investis pour de nouveaux équipements devant permettre d’améliorer et stabiliser la fourniture d’eau et d’énergie. Plus de 230 milliards de francs CFA ont ainsi été débloqués, courant 2016, pour renforcer l’approvisionnement de la ville de Bamako en eau potable et plus de 20 milliards pour les villes de Kati, Koutiala, Koulikoro et Sikasso. Sans compter les 179,38 milliards de francs CFA mobilisés par le gouvernement dans le but d’agrandir le parc de production d’énergie électrique du Mali. Objectif : faire de l’accès à l’eau potable et à l’énergie, un droit pour tous les Maliens. Outre ces investissements sur les réseaux de fourniture d’eau et d’électricité, l’État a également investi en 2016, 35,5 milliards de francs CFA pour la réalisation des ouvrages d’eau potable dans des zones hors concession SOMAPEP/SOMAGEP-SA. Des milliers de bornes fontaines, des puits modernes et des systèmes d’alimentation en eau potable ont ainsi été réalisés dans plusieurs régions reculées du pays, selon le ministère de l’Énergie et de l’Eau. À Bamako, l’inauguration de la station compacte de Kalabancoro en octobre 2016 par le président de la République est « une des avancées majeures réalisées par le département », affirme Famakan Kamissoko, conseiller technique. Et d’ajouter qu’avec une capacité de production de 18,5 millions de litres d’eau potable par jour, c’est près de 300 000 personnes dans les localités de Kabala, Kalabancoro, Tiébani et de la commune V qui ont désormais facilement accès à l’eau.

En attendant la mise en œuvre de la deuxième phase du projet structurant de Kabala, qui va « doubler la capacité de production de la ville de Bamako et combler le déficit entre l’offre et la demande qui s’élève à plus de 150 millions de litres par jour », selon Boubacar Kane, président directeur général de la SOMAGEP, près de 102 milliards de francs CFA ont d’ores et déjà été mobilisés par le gouvernement sur un besoin de 150 milliards de francs CFA pour financer cette étape, dont la réalisation est prévue pour fin 2018.

Dans le domaine de l’énergie, d’énormes projets sont en cours. Il s’agit, entre autres, de la construction de centrales électriques à Ségou, Kita et Sikasso destinées à être raccordées au système électrique interconnecté du Mali. Elles devraient contribuer à la baisse des coûts de production d’électricité, explique notre source. L’énergie renouvelable n’est pas en reste, plusieurs centrales étant également en cours de construction telles que les centrales de 50 MW à Sikasso et celle de 25 MW à Koutiala, qui coûteront respectivement 63,4 milliards et 21,6 milliards de francs CFA. Tous ces projets d’envergure devraient contribuer à réduire de manière considérable les problèmes liés à l’eau et à l’électricité sur toute l’étendue du territoire national et particulièrement dans la capitale.

Le bout du tunnel Dans le cadre du programme présidentiel d’urgence sociale 2017-2020, dont l’objectif premier est de contribuer à améliorer les conditions de vie des populations à travers la fourniture et l’accès à un meilleur service public de l’énergie et de l’eau, des actions prioritaires ont été dégagées par Malick Alhousseini, ministre de l’Énergie et de l’Eau et son équipe sur l’année 2017-2018 (Plan d’actions prioritaires). Elles visent entre autre à augmenter les capacités de production d’électricité du pays et à renforcer le réseau de transport et de distribution, selon Baye Coulibaly, chargé de communication. On rappelle que la mise en œuvre du plan d’accès à l’eau potable pour la période 2014-2015, a permis de porter le taux de 64% à 65,3%. Aujourd’hui, celui-ci est estimé à 70,0% en milieu urbain et 63,3% en milieu rural. Par ailleurs, les experts sont unanimes sur le fait que le calvaire des pénuries d’eau à Bamako prendra fin avec la construction de la station de Kabala, qui va doubler la capacité de production de la ville estimée à 170 millions de litres par jour.

D’ores et déjà, les préoccupations des populations de certaines communes du District ont été prises en compte. À Sikoro Farada, Sibiribougou ou Sogonafing, considérés comme des zones où les besoins d’accès à l’eau sont pressants, des initiatives ont vu le jour. « Nous souhaitons minimiser la crise dans un premier temps et nous verrons ensuite comment gérer complètement le problème », affirme Baye Coulibaly.

 

 

 

 

(Dossier) Eau et électricité : entre pénurie et optimisme

Comment se porte aujourd’hui, ce « double secteur » indispensable non seulement à  la vie, mais aussi et surtout au développement du pays ? Eléments de réponses. Lundi 25 avril. Il est 19h, tout Kalabancoro, au sud-est du District de Bamako est dans le noir. Après plusieurs « mini-coupures », à‰nergie du Mali (EDM) a fini par concrétiser la crainte des habitants. « Comment dormir dans ces conditions ? », se demande Madou Doumbia, un habitant. Non loin, dans le quartier de Baco Djicoroni Golfe, on attend de pied ferme l’heure à  laquelle, enfin, l’eau coulera du robinet : 23 heures. Le quartier considéré comme résidentiel n’échappe pas à  la corvée des barils, seaux et autres bidons de 10 litres à  remplir avant de dormir. Cristallisation du mécontentement général depuis le mois de mars et le début de la saison chaude contre les structures en charge de fournir l’eau et l’électricité. EDM et la SOMAGEP font donc l’objet de toutes les critiques de la part des consommateurs qui ne savent plus à  quel saint se vouer. Alors que le thermomètre atteint fréquemment ces jours-ci la barre des 45°C, il est tout aussi fréquent de se retrouver sans eau ni électricité. La situation est intenable dans certains quartiers o๠les robinets restent secs pendant des jours. Au ministère de l’à‰nergie et de l’Eau, on se dit conscient de la situation et à  pied d’œuvre depuis le début de la canicule pour apporter solution au problème. La pénurie d’eau, on y fait face en distribuant de l’eau gratuitement depuis plusieurs semaines dans les zones habituellement affectées mais aussi, pour la première fois, sur la rive droite de Bamako. Une situation inédite expliquée par les températures élevées, mais aussi par la croissance exponentielle de la demande dans la capitale. Les besoins en eau de Bamako augmentent en même temps que la population. De plus en plus de personnes s’installent dans les zones excentrées qui ne sont pas couvertes par la SOMAGEP, explique un cadre de cette société qui a la charge de la distribution et de la gestion de l’eau dans 18 villes du Mali, dont Bamako. 250 millions de litres d’eau sont nécessaires pour couvrir les besoins des quelques 3 millions d’habitants de Bamako, or la capacité de production de la SOMAGEP ne dépasse pas les 200 millions de litres. Les stations compactes installées dans les communes, mais surtout le grand projet de station de pompage de Kabala devraient permettre de résoudre le problème dans un proche avenir. Au lendemain de son interpellation à  l’Assemblée nationale le 21 avril dernier, Mamadou Frankaly Keà¯ta, ministre de l’à‰nergie et de l‘Eau, a annoncé que les problèmes d’eau ne seraient bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Lors d’une conférence de presse, il a en effet assuré que le gouvernement avait mobilisé en deux ans plus de 230 milliards de francs CFA pour renforcer l’approvisionnement de la ville de Bamako en eau potable et plus de 20 milliards pour les villes de Kati, Koutiala, Koulikoro et Sikasso. Des infrastructures en développement En ce qui concerne la fourniture en électricité, elle est elle aussi sujette à  une forte demande alors que les capacités de production de la seule société du pays peinent à  satisfaire les besoins sur le réseau connecté. Des dispositions avaient été prises pour les augmenter sensiblement avec la construction d’une centrale à  Dar Salam. Mais, explique-t-on, le décès du chef de projet de la nouvelle centrale dans l’attaque du Radisson Blu le 20 novembre 2015, a donné un coup de frein à  sa réalisation. Il est normal que « puisque nous n’avons pas de réserve, il y ait des coupures çà  et là  », explique Tiona Mathieu Koné, responsable de la communication d’EDM. Il faut noter cependant que « par le biais de l’interconnexion, la Côte d’Ivoire fournit actuellement au Mali 50 MW », et qu’une location de 50MW a été engagée dont 30 MW pour Kati, 10 MW pour Sikasso et 10 MW pour Koutiala. De quoi redonner du souffle aux abonnés et en particulier aux opérateurs économiques car, on le reconnait volontiers à  la Direction nationale de l’énergie, « les coupures répétées peuvent contribuer à  détériorer la qualité du service fourni et causer des tords aux usagers, notamment au secteur privé ». « Mais, avec les actions en cours, nous estimons que dans les mois à  venir la situation va s’améliorer », explique le Directeur. Les zones rurales peuvent également espérer de meilleurs jours, l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et l’électrification rurale (AMADER) étant en voie de lancer un nouveau programme permettant de produire et de vendre moins cher de l’électricité grâce à  des centrales hybrides, combustible et solaire, dont le financement est acquis pour une cinquantaine de villages. l’énergie solaire est une option de plus en plus mise en avant. Il faut noter que depuis une quinzaine d’année, les équipements solaires sont exonérés de toutes taxes et tous droits de douanes, à  l’exception des taxes de solidarité et communautaire et les redevances statistiques (environ 2%). Le Président directeur général de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP SA), Boubacar Kane est lui aussi optimiste. La construction de la station de Kabala va doubler la capacité de production de la ville de Bamako et combler le déficit entre l’offre et la demande qui s’élève à  plus de 150 millions de litres par jour. En attendant sa réalisation prévue pour fin 2018, « l’opération citerne » se poursuit. Avec plus ou moins de succès : « on dit nous apporter de l’eau mais en réalité tout le monde veut en avoir et il n’y en a pas assez », déplore Sita, qui attend depuis des heures l’arrivée des citernes dans le quartier de Moribabougou. La qualité de l’eau, une autre source de préoccupation des consommateurs qui fustigent souvent l’aspect peu ragoutant du liquide sortant de leur robinet. Boubacar Kane assure que l’eau de la SOMAGEP respecte les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une opinion confirmée par Almoustapha Fofana, Directeur général du laboratoire des eaux qui la contrôle régulièrement. Les réformes en cours pour rassurer les partenaires sur la gouvernance de l’eau et de l’électricité portent leurs fruits si l’on en croit les acteurs du secteur. Avec les financements obtenus des bailleurs de fonds, les chantiers majeurs en cours ou en projet devraient améliorer sensiblement la situation et permettre aux Maliens de bénéficier d’une fourniture constante et de bonne qualité, pour l’eau comme pour l’électricité.

Mamadou Frankaly Keïta : « Nous sommes confiants»

Mamadou Frankaly Keà¯ta, qui occupe le portefeuille de l’à‰nergie et de l’Eau depuis septembre 2013, avec un interlude de 9 mois ou le secteur de l’eau avait changé de tutelle, est un ancien cadre d’EDM SA, la société publique au sein de laquelle il a fait l’essentiel de sa carrière. à€ la tête d’un département stratégique, il est régulièrement interpellé sur les délestages intempestifs et les coupures d’eau récurrentes constatées au mois d’avril. [ b Votre département est au C’œur de l’attention ces dernières semaines. La situation a-t-elle évolué depuis votre passage à  l’Assemblée nationale ?] [ Mamadou F. Kéà¯ta]: Depuis le 21 avril dernier, la population pourra témoigner qu’il y a eu amélioration du service de l’électricité. J’avais annoncé lors de mon passage à  l’Assemblée que nous étions en train de faire la mise en service de nouvelles centrales. La première est déjà  faite et deux autres le seront la semaine prochaine. En ce qui concerne l’eau, l’opération citerne est en cours. C’’est une activité qui est devenue traditionnelle, mais le niveau de déficit de cette année a atteint des proportions très inquiétantes. De ce fait et pour la première fois, cette opération a été élargie à  la rive droite dans les quartiers de Sabalibougou et 1008 logements à  Missabougou. Nous avons constaté que malheureusement certains forages n’ont plus d’eau, les puits dans les familles ont tari, ce qui fait qu’en si peu de temps, le besoin a été multiplié. Il faut donc dans l’immédiat soulager la population, parce que si nous considérons les prévisions, nous aurons encore deux mois et demi de canicule, jusqu’à  ce que l’hivernage s’installe en juillet. l’à‰tat déploie de gros moyens avec l’opération citerne, qui coûtait jusqu’à  lors en moyenne 400 à  600 millions de francs CFA. Cette année, il est prévu d’aller jusqu’à  900 millions, voire un milliard. Je peux donc affirmer que même s’il n’y a pas de véritable satisfaction, nous sommes confiants parce que nous avons les moyens aujourd’hui d’améliorer l’accès à  l’eau potable et à  l’électricité. Comment se porte le secteur de l’eau au Mali ? La problématique de l’accès de la population à  l’eau potable et à  l’électricité a toujours été au C’œur des politiques et stratégies du Mali. Les gouvernements précédents depuis 2010 avaient adoptés un schéma directeur d’approvisionnement de la ville de Bamako en eau potable. Devant l’absence totale d’investissements, l’à‰tat a été obligé de procéder à  une étude du schéma directeur sur l’horizon 2032. Mais les raisons de l’absence de financement sont connues. Il s’agit de la réforme du secteur de l’énergie qui avait été demandé par les bailleurs. Ces derniers rechignaient en effet à  financer l’eau, car ces montants servaient à  renflouer les comptes pour gérer le service de l’électricité. Cette réforme institutionnelle qui a eu lieu en 2010 a abouti dans un premier temps à  la séparation du secteur de l’eau et de l’électricité et en second lieu à  la création de deux sociétés : une société de patrimoine chargée du développement du secteur, la SOMAPEP, et une société chargée de l’exploitation et de la commercialisation de l’eau potable, la SOMAGEP. Depuis que cette réforme a été adoptée, les bailleurs de fonds ont à  nouveau un grand engouement pour financer le secteur de l’eau. C’’est pourquoi de 2014 à  la fin 2015, l’à‰tat a pu mobiliser un financement de 170 milliards de francs CFA, le plus gros jamais obtenu, pour financer la première phase du plan d’approvisionnement de la ville de Bamako. La seconde phase de 152 milliards a été signée avec déjà  62 milliards mobilisés. Aujourd’hui le Mali peut se considérer comme un pays o๠il y a de l’espoir, parce que son déficit en eau ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir pour l’ensemble du peuple malien, car nous avons adopté des stratégies et des politiques qui permettront de mettre définitivement fin à  cette pénurie récurrente. Qu’en est-il de l’électricité ? En ce qui concerne l’électricité, le taux d’accès en milieu urbain est de 35% pour 17% en milieu rural. Le Mali a donc un grand besoin d’électrification. Il y a eu beaucoup de plans qui n’ont pas pu être réalisés à  cause du manque de financement. Le Mali a finalement décidé d’aller vers des réformes institutionnelles du secteur de l’électricité pour pouvoir bénéficier des financements à  un taux concessionnel et faire face aux besoins d’investissements. En 2014, un plan de redressement a été adopté avec au menu des investissements notamment en matière d’ouvrages de production, des infrastructures comme des centrales hydroélectriques et des centrales solaires. Il prévoyait également l’amélioration de la gestion d’à‰nergie de Mali (EDM), avec, entres autres, le choix par la direction commerciale des compteurs à  prépaiement (Isago, ndlr) qui permettent d’éviter les impayés et de conforter un peu la trésorerie. Nous avons aussi fait instaurer le field management parce que beaucoup de rumeurs ont fait état de vol de carburants à  EDM. Désormais, la société ne paye que ce qu’elle a effectivement utilisé pour produire l’électricité. Enfin, nous avons imposé un moratoire sur les nouveaux tarifs. En 2013, une formule de tarif d’indexation avait été adoptée en Conseil des ministres, qui prévoyait une augmentation de 9% chaque année. Mais compte tenu de la situation économique du pays, le gouvernement a décidé de surseoir à  l’application de cette formule. Il est cependant convenu avec les partenaires financiers d’un réaménagement progressif du système tarifaire. Ces informations, le public ne les a pas. Ne péchez-vous pas par défaut de communication ? C’’est effectivement mon constat personnel. Nous avons une structure de communication au niveau du département comme chaque entité a la sienne propre, mais le reproche nous est fait de ne pas communiquer. Je l’ai compris quand je suis passé à  l’Assemblée nationale parce que des élus de la Nation, ne disposaient pas de certaines informations ou ne les comprenaient pas. J’ai alors mesuré les nombreux efforts que nous devrons fournir pour communiquer. Nous communiquons à  travers la presse écrite et les radios de proximité mais ce n’est pas suffisant. J’ai demandé récemment à  EDM d’étudier le système de SMS pour informer les citoyens en cas de panne, qu’ils sachent à  quoi C’’est dû et quand aura lieu la reprise du service. Il faut que l’information soit donnée en temps réel. Vous annoncez un certain nombre d’investissements, dont le bénéfice ne sera visible qu’après plusieurs mois, comme C’’est le cas de Kabala. Mais en attendant ? Bien entendu, l’à‰tat a pris des dispositions pour des mesures d’urgence. Il s’agit de l’installation de stations compactes qui sont des équipements qu’on peut installer en moins de neuf mois. Des requêtes ont été envoyées par le ministère de l’à‰conomie et des Finances car nous avons aujourd’hui des partenaires qui sont prêts à  les installer en un temps très court de manière à  pouvoir coà¯ncider avec la période chaude de 2017. Cette solution sera toujours accompagnée de l’opération citerne car le réseau SOMAGEP ne couvre pas l’ensemble du district de Bamako. Voilà  les mesures que nous proposons d’ici 2018 pour diminuer le déficit en eau potable. On parle essentiellement de Bamako. à€ l’intérieur du pays, qu’est-ce qui est prévu ? Le périmètre de la SOMAGEP couvre 18 localités, des grandes agglomérations dans toutes les régions du pays. Un schéma directeur est en cours d’élaboration pour l’approvisionnement des localités hors de Bamako et il faut reconnaitre que les partenaires financiers nous soutiennent. Nous avons des financements danois, allemands et suédois qui participent beaucoup au développement de ces zones. Nous avons oublié de parler de l’électrification rurale. J’ai compris à  mon passage à  l’Assemblée nationale que la conception générale est que l’AMADER est un échec. Mais l’AMADER est une première expérience qui avait pour objectif d’augmenter le taux d’accès de la population rurale à  l’électricité, et cela a marché ! Entre 2005 et 2012, on est passé de 1% à  17%, même si le service n’était pas accessible à  tous. Aujourd’hui, le constat est que dans les zones rurales, le besoin est une énergie à  faible coût avec un service continu. C’’est pourquoi, avec la Banque mondiale, nous avons élaboré le projet de centrales hybrides avec utilisation du solaire dont le financement pour 50 localités est acquis. Les fournisseurs seront choisis sur appels d’offres à  partir de juillet. Les énergies renouvelables font-elles partie de la solution ? Le Mali est en train de faire une vraie transition vers les énergies renouvelables notamment les panneaux solaires photovoltaà¯ques. Nous avons conçu, et je crois que C’’est une première dans la sous-région, un projet qu’on appelle « Prêt énergie renouvelable » ou les « toits solaires du Mali ». Une convention a été signée avec l’ensemble des banques de la place pour permettre à  chaque Malien qui souhaite équiper son toit de panneaux solaires de pouvoir accéder à  cette l’installation à  partir d’un prêt accordé par sa banque, remboursable sur quatre ou cinq ans. Le projet est lancé et normalement les annonces seront faites d’ici fin juillet pour expliquer comment on peut s’inscrire. Cela a deux avantages : premièrement il permet aux bénéficiaires de réduire considérablement leur facture d’énergie, et ensuite, de pouvoir vendre le surplus à  l’EDM. Les deux entités, EDM et SOMAGEP appartiennent en partie à  l’à‰tat. l’ouverture du marché ne serait-elle pas une solution aux problèmes ? C’’est déjà  le cas au niveau de l’eau, et la même chose est en train de se faire au niveau de l’énergie car C’’est à  ce niveau qu’on manque sérieusement de financements. En deux ans, nous avons signé des conventions de concession pour la construction de la centrale solaire de Ségou, d’une centrale solaire à  Kita et d’une centrale hydroélectrique à  Kenié. Le dossier avance normalement mais pas comme nous le souhaitons, car l’absence des réformes du secteur fait que même les conventions signées tardent à  se réaliser. Nous pensons aujourd’hui que l’ouverture du secteur de l’eau et de l’électricité est nécessaire. Mais je voudrais préciser que la production d’énergie a été ouverte en 2000 et qu’aujourd’hui, n’importe quelle entreprise privée a le droit de produire de l’électricité et de le vendre à  EDM.

Facture d’électricité : que paie-t-on ?

Mamadou Sissoko, 68 ans, est soudeur à  Lafiabougou. Avec les machines qu’il utilise pour son travail, les factures se suivent et se ressemblent : très salées au goût du vieil homme qui se plaint. « Malgré les coupures intempestives, les tarifs d’électricité d’EDM sont toujours élevés. Et on ne comprend rien à  leurs factures ». Ce sentiment est partagé par de nombreux usagers, voire la grande majorité. La plupart sont d’ailleurs convaincus, comme Fousseyni Coulibaly, enseignant à  la retraite, que cela est fait exprès pour « embrouiller le consommateur ». « Chaque mois, ma facture augmente sans que je ne sache pourquoi et quand je me rends dans les agences, on me fait tourner en rond », se lamente t-il. De l’aveu même d’un technicien de la société, « les releveurs ne font pas correctement leur travail, ils reconduisent les mêmes indices, ce qui fait que même en cas de coupure, le client ne sent pas la différence sur la facture », explique t-il pour justifier cette situation. Selon d’autres explications fournies par à‰nergie du Mali, la facture comporte non seulement la consommation d’électricité sur une période donnée, mais aussi différentes taxes qui s’y appliquent automatiquement. Le consommateur s’acquitte donc de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de la redevance de régulation, qui est calculée à  raison de 60 centimes par KwH. à€ cela s’ajoute le prélèvement « éclairage public ». La facture est donc composée d’une part fixe, l’abonnement, et d’une part variable, proportionnelle à  la quantité d’énergie consommée. Hausse régulière Depuis février 2013, les tarifs de l’électricité ont connu une hausse constante, culminant à  plus de 30% depuis juillet 2014, exception faite du tarif social destiné aux clients consommant moins de 100 KwH par mois. Depuis cette date, le tarif de base de 0 à  200 KwH, est à  133 francs CFA le KwH, et au-delà  de 200 KwH, il passe à  155 francs CFA. Le tarif social est de 64 francs CFA pour une consommation inférieure à  50 KwH et de 99 francs CFA entre 51 et 100 KwH. Le prélèvement pour l’éclairage public est de 150 francs CFA le KwH, pour les premières heures d’utilisation, et au-delà  de 200 KwH, le tarif passe à  175 francs CFA. Il faut rappeler qu’il existe 3 types de tarification déterminés en fonction de la puissance souscrite : la puissance inférieure ou égale à  16 Kw pour les petits et moyens consommateurs (comptage en basse tension), la puissance comprise entre 16 et 500 Kw, moyenne tension (comptage en basse tension, type I et II), la puissance supérieure à  500 Kw, haute tension (comptage en haute tension type III). Les deux dernières catégories sont utilisées par les gros consommateurs (unités industrielles et minières, etc). « EDM ne fixe pas le prix de l’électricité », explique le directeur des relations publiques et de la communication d’EDM, M. Tiona Mathieu Koné. « Ce travail incombe à  la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau (CREE). Cependant, cet organe prend en compte nos charges de fonctionnement. Comme elle relève de la Primature, elle décide en toute souveraineté », poursuit-il. La hausse des tarifs devait permettre à  la société de s’équiper afin de gérer les pics de consommation de la période de chaleur et éviter les délestages. « Je pense qu’ils ont beaucoup diminué. C’’est la période pendant laquelle nos faiblesses se ressentent à  cause de la demande qui est en constante augmentation, environ 11% par an ». à€ la CREE, on assure que le prix de l’électricité est le résultat d’une analyse du coût de production de l’énergie et qu’il est difficile de faire mieux, EDM produisant son électricité à  plus de 80% avec des hydrocarbures. Ce que ne sait pas la majorité des consommateurs C’’est que l’électricité est globalement vendue à  perte, car le KwH est cédé à  un tarif inférieur au coût de revient. Chose qui contribue à  creuser les déficits de l’entreprise nationale, régulièrement renflouée par l’à‰tat malien, au grand dam des bailleurs de fonds.

La Mauritanie fournira de l’électricité au Mali

Cet accord « va renforcer l’intégration entre les deux pays en matière d’énergie que la Mauritanie s’apprête à  produire à  partir du gaz de son champ de Banda, situé en offshore et pour lequel les partenaires financiers viennent de confirmer leur engagement », a déclaré à  l’AFP un conseiller du ministre mauritanien, Mohamed Abdallahi Ould Heremtallah. l’électricité sera produite à  partir du gisement gazier de Banda situé au large de Nouakchott rapporte l’AFP citant des sources officielles. En 2013, la Mauritanie avait conclu un accord similaire avec le Sénégal. Elle va construire une centrale à  gaz à  Nouakchott sur le littoral, qui permettra de produire dès fin 2015 180 mégawatts, et à  terme près de 320 mégawatts dont « une partie, le surplus, sera commercialisée vers les deux pays voisins », le Mali et le Sénégal, a indiqué M. Ould Heremtallah. Plus de 650 millions de dollars l’accord a été signé à  l’issue d’une réunion de deux jours des ministres mauritanien, malien et sénégalais chargés de l’Energie, en présence de la directrice des opérations de la Banque mondiale (BM) dans la région, Vera Songwe. Elle a fait part de l’intérêt des bailleurs de fonds pour soutenir le projet gazier de Banda « qui est très important pour le développement de la sous-région, pour la création de l’emploi et pour la promotion de l’agriculture ». « Nous pensons que le plus grand frein pour le développement sur le continent, C’’est l’énergie. Aujourd’hui, la Mauritanie nous montre que nous pouvons partager, créer et générer cette énergie et la distribuer », a Mme Songwe déclaré. La Mauritanie, la BM et le Fonds arabe pour le développement économique et social (Fades) vont financer la construction de la centrale électrique d’un montant de plus de 650 millions de dollars. Une rencontre doit prochainement se tenir entre les directeurs des société nationales d’électricité des trois pays pour « déterminer les conditions de livraison de l’électricité » au Mali et au Sénégal et « la quantité à  exporter par la Mauritanie selon les besoins de chaque pays, Nouakchott prenant en charge le transport de l’énergie », a expliqué M. Ould Heremtallah.

Electricité: EDM doit (rapidement) mieux faire

Les coupures de courant sont devenues un fait banal dans le quotidien des Maliens. Si à  Bamako, elles ne durent que quelques minutes voire quelques heures, dans plusieurs localités à  l’intérieur, on est retourné aux bonnes vieilles lampes torches, les plus nantis investissant dans des groupes électrogènes ou des équipements solaires. On ne rouspète même plus quand en pleine nuit « le courant s’en va » ! Mais si les consommateurs lambda semblent faire mauvaise fortune bon C’œur, il y en a qui ont depuis longtemps perdu le sourire. Il s’agit des industriels et autres artisans qui subissent des pertes sèches à  cause de la fourniture énergétique devenue aléatoire… Boulangeries, métallurgies, ateliers de couture, tous ont résolu de s’adapter aux horaires de coupures, d’ailleurs la plupart du temps méconnus. Les plus gros consommateurs se sont finalement entendus avec la société Energie du Mali(EDM) pour s’ « effacer pendant les heures pleines au profit de la population la nuit tout au moins. Nous avons accepté et avons joué le jeu », affirme Cyril Achcar, premier responsable de l’Organisation Professionnelle des Industriels (OPI). Une trentaine d’industriels maliens ont ainsi tourné sur leurs propres moyens (groupes électrogènes), un surcout pour la production. Une situation qui ne doit plus durer… Une « double peine » pour les consommateurs La plupart attendait patiemment la saison des pluies pour voir la situation s’améliorer, la saison chaude étant toujours difficile pour EDM. Sauf qu’entre temps, la nouvelle tombe ! Augmentation des tarifs de l’électricité, variant de 3 à  7% et aussi des prélèvements pour l’éclairage public. Seuls épargnés, les ménages qui utilisent moins de 50khw/mois, ce qui correspond à  la « tranche sociale ». Incompréhension chez les consommateurs face à  cette mesure, pourtant présentée comme indispensable pour sortir EDM du gouffre financier o๠elle se trouve, à  force de vendre moins cher une électricité qui coute cher à  produire. A l’OPI, on « a calmement pris la nouvelle de l’augmentation pourvu que les coupures de courant soient moindres, que la fourniture en électricité soit de meilleur qualité ». A défaut, précise Cyril Achcar, « ce sera la « double peine » : payer cher et payer les réparations de nos machines causées par EDM ». Car, au-delà  des couts occasionnés par l’utilisation de groupes électrogènes, il y a aussi les pannes causées par les interruptions brusques de la fourniture d’électricité. « Nous n’avons aucune annonce de délestage ou d’entretien pour nous permettre de couper le courant nous-mêmes et passer au groupe sans casser nos productions » se plaint un industriel. A titre d’exemple, une usine fabriquant des sacs polypropylène qui se fait couper le courant brutalement sans prévenir sortira des sacs troués et de couleur grise ! « Est-ce normal de perdre de la matière première pour sortir un produit invendable ? » interroge-t-il. « EDM viendra-t-elle racheter cela ? Et je ne parle pas des pannes sur la machine parce que la coupure brutale a endommagé d’autres équipements. Bref les coupures brutales sont une malédiction pour la production industrielle »Â… Chez les « petits consommateurs » également, les pannes et autres destructions de matériels électroniques sont légions à  cause des coupures sans préavis. A ce jour, personne n’a jamais été dédommagé par EDM. Des coupures de courant qui n’ont aucune incidence sur les factures, bien au contraire. « Je n’y comprend rien, affirme une cliente croisée à  un guichet. Ma facture augmente alors qu’on est en période d’hivernage et que je consomme beaucoup moins que les mois précédents. En plus, ils (EDM) coupent le courant plusieurs fois par jour ! ». « Ma facture a doublé avec cette histoire de hausse de tarif. Et pourtant, je ne suis pas au-dessus de la tranche sociale » déclare pour sa part Fousseyni, qui vient aussi régler sa facture. « Le problème de l’EDM n’est plus seulement le prix pour lequel bien sûr ils sont trop chers. Aujourd’hui, le prix en moyenne tension coute 100F/kwh alors qu’il coute 40F en Côte d’Ivoire… l’enjeu, C’’est la quantité de courant et la qualité du courant » assure M. Achcar. « Il faut que la qualité du courant compense son cout ». Tout est dit.

Electricité: plus chère dès le 1er Juillet

Energie du Mali s.a. le réclamait depuis longtemps : il faut augmenter le prix de l’électricité pour permettre à  la société de produire au juste prix. La hausse du prix des hydrocarbures plombe depuis des années la trésorerie de la société dont le gros de la production est issu de centrales thermiques. Les associations de consommateurs auront essayé de retenir le mouvement mais l’heure semble arrivée de faire passer la pilule. Le président de la Commission de régulation de l’eau et de l’électricité (CREE), Moctar Touré a présenté hier 24 juin la nouvelle grille tarifaire de l’électricité qui entrera en vigueur le 1er juillet 2014. C’’était au cours d’un point de presse tenu au siège de ladite structure à  Badalabougou. Pourquoi maintenant ? Les signaux étaient au rouge depuis plusieurs mois. EDM a plusieurs fois communiqué sur son incapacité à  continuer à  fournir l’électricité au prix actuel. Les délestages fréquents étaient dus en grande partie à  la difficulté pour la société d’acheter le carburant pour une énergie qu’elle revendait moins cher qu’il ne lui en coûtait pour produire. La forte demande également conséquence de la croissance démographique nécessite de nouveaux investissements que la société ne peut se permettre, les caisses étant vides. l’objectif du réajustement tarifaire des services d’électricité est donc de permettre à  l’opérateur EDM de faire face à  cette situation et parvenir à  maintenir un service public de qualité au profit des consommateurs. La CREE en vertu de ses missions et prérogatives a pris la directive n°14-001/C-CREE portant nouvelle grille tarifaire. La hausse des tarifs porte sur trois bandes horaires identifiées comme les différents périodes de consommation. Ainsi pendant les heures de pointe, C’’est-à -dire de 18 heures à  00 heures, l’opérateur EDM facturera le kw/h à  110F Fcfa contre 98F auparavant. Pour les heures pleines allant de 08 heures du matin à  18 heures, il passe de 71 Fcfa à  75 Fcfa. Enfin pour les heures creuses de minuit à  8 heures du matin, le kw/h passe de 48 Fcfa à  55 Fcfa. Précision importante, le réaménagement de prix de l’électricité ne concerne pas les lignes de basse tension qui alimentent les ménages domestiques, à  condition que la consommation de ces dits ménages ne dépasse pas le seuil de 100 kw/h. Cette tranche sociale dans laquelle se trouvent en principe les ménages les plus démunis bénéficie d’une subvention de la part de l’Etat. Outre les ménages, les hausses concernent également les entreprises au Mali qui vont devoir débourser un peu plus pour leur consommation d’électricité. La CREE insiste cependant sur le fait que cette augmentation ne viendra pas remette en cause leur compétitivité Des consommateurs « dépassés Bien qu’elle soit de moins de 10f le kw/h (pour la plus grosse hausse sur les heures de pointe), l’augmentation du prix de l’électricité n’en est pas moins une mauvaise nouvelle pour les consommateurs maliens. Déjà  en proie avec un quotidien de plus en plus difficile, les usagers qui nourrissent une certaine animosité vis-à -vis de la société EDM, se disent dépassés par cette nouvelle. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été vives à  l’annonce de la hausse « du prix d’un courant qu’on n’a d’ailleurs pas de manière constante. On nous coupe des heures durant et les factures arrivent encore plus élevées que d’habitude ». M. Diallo est jeune cadre et il est « conscient que C’’est dur pour EDM ». Mais selon lui, on « demande des efforts à  ceux qui en font déjà  trop ». Aminata Bagayoko, ménagère, est du même avis. « Si on doit faire face à  la vie de plus en plus chère et en plus payer plus cher l’eau et l’électricité, nous allons tout simplement nous priver encore plus » affirme-t-elle quelque peu dépitée. Elle rappelle que récemment, le gaz, le carburant et même les loyers ont connu des hausses. Sans compter la période de soudure à  laquelle s’ajoute la proximité du mois de Ramadan. Le sieur Diarra s’interroge quant à  lui sur le gaspillage. « Pendant qu’on veut nous faire payer plus, d’autres qui ne paient pas un rond, utilisent tous les appareils qu’ils désirent et « hébergent » même les congélateurs de leurs parents. Pourquoi devons-nous nous serrer la ceinture pendant que d’autres abusent de ce pour quoi nous payons? ». Les commentaires vont bon train dans les grins et les services o๠une véritable « prise de conscience » est en train de se faire, comme le confesse cette dame en poste à  la cité administrative. « Je ne faisais pas attention à  la clim avant mais maintenant, J’éteins avant de quitter le bureau », parce que « je sais que la facture de l’Etat, C’’est nous qui la payons »Â… « C’’est la faute au FMI », affirme, péremptoire, un jeune tenancier de cybercafé. Le Fonds Monétaire International (FMI) recommandait en effet récemment aux autorités maliennes de rétablir la vérité des prix en matière d’électricité. « Nous sommes fatigués, l’Etat doit avoir pitié de nous » conclut Mme Bagayoko qui pense que les autorités doivent aider EDM sans pour autant faire payer plus cher les ménages. Un appel qui n’a pas grande chance d’être entendu…

Brèves du jour !

Vers une augmentation du prix de l’électricité A partir du 31 juillet, une nouvelle grille tarifaire de l’Energie du Mali sera mise en application. Une augmentation de 3% pour sortir l’entreprise de ses difficultés. Cet aménagement ne concerne que l’industriel qui dispose de compteurs deux fils. Pendant les heures de pointe, le prix passera de 98 à  110CFA le KWH, soit une augmentation de 12CFA. Pour les heures creuses, de 48 FCFA, le prix passera à  55cfa. Avec ces nouveaux tarifs, EDM pense récupérer des ressources additionnelles de l’ordre de 3 milliards. Car, Selon Mamadou Camara, directeur commercial, EDM a enregistré dans la période de la chaleur un déficit de 50 milliards CFA. Une rencontre des groupes armés du Nord en Algérie En vue d’harmoniser leur point de vue, les groupes armés du Nord du Mali se réunissent à  partir de ce jeudi en Algérie. Cette rencontre de plusieurs jours est destinée à  amener tous les belligérants à  élaborer une plateforme commune. Un document devant leur permettre d’engager les pourparlers directs avec le gouvernement du Mali. En l’état actuel des choses, le MNLA, le HCUA et le MAA ont confirmé leur venue. Alors qu’un doute plane toujours sur la participation de la coordination malienne des forces patriotiques de résistance (CMFPR). Beaucoup d’observateurs de la crise malienne fondent leur espoir sur cette rencontre, en vue de permettre un démarrage rapide des négociations. Le conseil National des prix(CNP) prépare le ramadan Comme chaque année les musulmans du monde entier se préparent à  vivre le mois de pénitence, le Ramadan. Un mois de dépenses et de grande consommation avec des produits comme le lait, le sucre, les céréales, l’huile et la farine. Pour éviter toute surprise, le Conseil national des prix a donné l’assurance de la stabilité des prix de grande consommation pour la période à  venir. Cette année, des dispositions particulières ont été prises pour assurer un approvisionnement correct en produits de grande consommation. Et surtout la préservation du prix. Une attention spéciale a été accordée au sous secteur du gaz butane qui connaà®t certaines difficultés. Actuellement, les stocks disponibles sur le territoire couvrent 33 jours de consommation pour le riz, 136 pour le sucre, 66 jours pour la farine et 78 jours pour l’huile alimentaire.

Guinée: manifestation à Conakry, deux morts et des dizaines de blessés

Conakry et sa banlieue, privées d’électricité, les habitants en ont assez. Ils entendaient bien le faire savoir ce mardi en prenant d’assaut les rues de la capitale guinéenne. Une manifestation qui a rapidement dégénéré en violences qui ont coûté la vie à  2 personnes.33 autres ont été légèrement blessées. Le directeur de la sûreté urbaine de Conakry, le commissaire Boubacar Kassé, a indiqué « la première victime est un civil tué dans un accident de la circulation. Il a été renversé par un véhicule alors qu’il tentait de traverser la route. La seconde, un élève gendarme atteint d’un caillou jeté par un manifestant ». Le porte-parole de la gendarmerie nationale, le commandant Mamadou Alpha Barry a précisé que « le civil tué a été heurté accidentellement par un véhicule de la gendarmerie », tandis que « le gendarme a été atteint par un un caillou jeté par les manifestants alors qu’il était à  bord d’un pick-up de la gendarmerie. Il est tombé et les manifestants l’ont récupéré et battu à  mort ». La version des officiels « l’accident de la circulation » a été contestée par un membre de la famille de la victime. à‰meutes généralisées « Ce sont les forces de l’ordre qui ont pourchassé mon frère avec des matraques et, en essayant de traverser la route, il a été heurté par un véhicule qui l’a entraà®né sur plusieurs mètres et il est mort sur le coup », a-t-il déclaré sous couvert de l’anonymat. Les émeutes ont éclaté mardi matin dans plusieurs quartiers de la banlieue sud de Conakry, opposant des milliers de manifestants, en majorité des jeunes, aux forces de l’ordre. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour disperser les manifestants, mais des témoins ont affirmé avoir entendu des tirs ou vu « des policiers tirer à  balles réelles ».Les émeutiers ont riposté avec des pierres, érigé des barricades, brûlé des pneus et renversé des poubelles sur plusieurs axes routiers. Il y a 8 jours, 21 personnes, dont trois policiers, avaient été blessées lors d’émeutes similaires. Les coupures d’eau et d’électricité sont récurrentes dans les grandes villes de Guinée et provoquent régulièrement de violentes émeutes d’habitants exaspérés.

EDM: « kouran taara! »

« Kouran nana », « Kouran taara »*. Ces deux petites phrases font désormais partie de notre langage quotidien. A Bamako, la grande clameur qui s’élève dans le quartier n’est pas forcément consécutive à  un but marqué par l’équipe de football nationale ou encore du Barça que la plupart des Maliens supportent. Non, elle salue le retour de l’électricité après une coupure. Un délestage qui ne dit pas son nom puisque les usagers ne sont pas tenus informés d’un quelconque programme de coupure. Machines et appareils ménagers grillés, perturbation dans les activités économiques… si la situation s’est largement améliorée, elle ne semble pas prête de se stabiliser . A l’intérieur, « c’est la galère » San, Motel Teriya. Les clients ne se bousculent guère au portillon. Ici, une chaleur d’enfer et Camara, le gérant se tourne les pouces en désespérant de son sort. « Il n’y a pas d’électricité, comment voulez-vous qu’il y ait des clients? » se plaint-il? L’électricité est disponible à  peine 5 heures dans la journée. « On a le courant de 18h à  6h, quand on a de la chance, ils remettent à  9h et coupe à  14h », et le pire c’est « le week end, ils ne donnent que la nuit, dans la journée, on se débrouille ». Ceux qui en ont les moyens on trouvé une alternative. Panneaux solaires, petits groupes électrogènes pour ceux qui en ont les moyens. Pour les autres, c’est le rythme de la vie qui s’est inversée, on travaille la nuit et on se repose le jour. Pas évident pour les habitants de cette localité à  quelques 500 kilomètres de Bamako. A Mopti, la situation est encore pire! Dans cette ville qui s’est transformée en véritable forteresse depuis janvier 2012, la population a fini par marcher pour manifester son ras-le-bol. Rien n’y ait fait. Dès 6h du matin, c’est le vrombissement des groupes électrogènes au démarrage qui réveille les habitants. Pas d’électricité jusqu’à  18h. La ville qui abrite un port très actif ne sait plus à  quel saint se vouer pour avoir de l’énergie et conserver les fruits de la pêche. Moustapha a fermé sa petite gargotte à  Sévaré. Il a essayé pendant quelques mois de continuer, en achetant des glaçons pour rafraà®chir les boissons et conserver les aliments. Mais il a vite renoncé parce que les pertes s’accumulaient. « C’était trop la galère » déclare-t-il. A l’EDM, c’est le fatalisme. Un agent nous confie, sous couvert de l’anonymat, que tout se qui est possible d’être fait l’est déjà . « La société ne tient plus, on n’a plus les moyens de satisfaire tout le monde. On est obligé de fonctionner comme ça, surtout que l’administration, qui est le plus gros créancier de la société, doit continuer de fonctionner ». EDM s.a serait en effet dans de grosses difficultés financières, limitant ainsi les possibilités d’approvisionnement en hydrocarbures pour alimenter les centrales. En attendant de trouver une solution, les consommateurs, dont la facture n’a pour autant jamais diminué, continuent de broyer du noir. * « Le courant est venu », « le courant est parti »!

Le Nord du Mali manque toujours d’eau et d’électricité

Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) vient de publier son Bulletin N°7 sur le Mali. Il traite de la problématique de l’eau et de l’électricité dans les trois régions du Nord du pays. Après le début de la crise dans le nord du Mali en 2012 et le départ de l’administration publique qui s’en est suivi, une partie du personnel qui assurait le bon fonctionnement des installations électriques et hydrauliques n’a plus été en mesure de faire son travail. La population s’est trouvée privée d’électricité et d’eau potable pendant des semaines. Selon Abdoule-Karim Diomande, délégué du CICR (Comité International de la Croix Rouge) en charge du programme eau et habitat au Mali: « Dans cette situation, il est impossible d’envisager un approvisionnement continu en eau et en électricité dans ces villes. Il est urgent que les entreprises publiques qui doivent assurer ces services redeviennent opérationnelles ». Le CICR a fourni 1 500 000 litres de carburant Depuis avril 2012, le carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques des villes de Gao, Tombouctou et Kidal est fourni par le CICR. Cette organisation maintient ainsi un approvisionnement partiel en eau potable pour les habitants de ces centres urbains. « l’approvisionnement en eau et en électricité reste toujours critique dans le nord du Mali. à€ Kidal, un seul des sept générateurs existants fonctionne encore. à€ Gao, c’est trois sur sept, et à  Tombouctou, deux sur quatre qui sont en état de marche », explique Abdoule-Karim Diomande, délégué du CICR en charge du programme eau et habitat au Mali. à€ ce jour, le CICR a fourni plus de 1 500 000 litres de carburant pour faire tourner ces centrales. Il a également contribué à  l’entretien des infrastructures existantes, les produits d’entretien et les pièces détachées étant, pour la majeure partie, fournis par à‰nergie du Mali (EDM SA). Des dispositions particulières ont par ailleurs été prises pour assurer l’autonomie de l’hôpital régional de Gao en électricité. Grâce à  un générateur récemment installé par le CICR et à  une livraison quotidienne de 100 litres de carburant, l’hôpital peut continuer de fonctionner 24 heures sur 24 et dispenser les soins dont la population a besoin Le retour des administrations pour prendre le relais Avec le soutien du Comité International de la Croix Rouge, des organisations de la société civile des villes de Tombouctou et de Gao ont mis en place un système de recouvrement partiel des coûts de fonctionnement des générateurs. Ces contributions symboliques ont mis en évidence la volonté de la population de ne pas être simplement assistée. Les sommes collectées ont permis d’acheter du carburant lorsque les livraisons du CICR ne pouvaient se produire à  temps, pour des raisons de sécurité ou de difficulté d’accès. « Si les derniers générateurs qui fonctionnent encore dans ces villes venaient à  tomber en panne, la population serait entièrement privée d’eau potable et d’électricité, ce qui ne manquerait pas d’entraà®ner toutes les conséquences que vous pouvez imaginer », précise M. Diomande. Le retour progressif de l’administration dans le nord du Mali permet une discussion avec les autorités compétentes des moyens à  mettre en œuvre pour que l’approvisionnement soit à  nouveau pleinement assuré par les entreprises publiques en charge. Les spécialistes du CICR ont ainsi des rencontres régulières avec les autorités compétentes et leur transmettent toutes les informations nécessaires pour que le transfert de responsabilité se fasse dans les meilleures conditions.

Eau et Electricité : les tarifs vont augmenter!

Les Maliens vont devoir se serrer encore un peu plus la ceinture. Après la hausse du prix du gaz qui est passé d’un coup de 2500F à  4000F(avec en principe d’autres hausses à  venir) voici venues celles de l’eau et de l’électricité. Confrontée à  de sérieuses difficultés, la société Energie du Mali-SA (EDM-SA) opérateur principal du secteur de l’électricité du Mali vient de recevoir un soutien qu’elle réclamait depuis des mois à  l’à‰tat malien. Le Conseil des Ministres réuni ce mercredi 06 février, a en effet décidé d’autoriser  » une augmentation tarifaire graduelle de l’électricité ». Les tarifs de l’eau sont également concernés par cette augmentation. Ces hausses seront faites sur la base des résultats des simulations effectuées par la Commission de Régulation de l’Electricité et de l’Eau (CREE). Détenant la quasi-totalité de l’offre en ce qui concerne la fourniture en électricité dans le pays, EDM-SA « traverse des difficultés à  la fois structurelles et conjoncturelles marquées notamment par la forte croissance de la demande, la hausse de la part thermique dans la structure de production, la hausse sans précédent du prix des combustibles, l’inadéquation entre les tarifs de vente d’électricité et les coûts de revient » indique le communiqué du Conseil des Ministres. La décision de l’augmentation progressive des tarifs de l’électricité a donc pour objectif de sortir la société du déficit structurel chronique dans lequel elle se trouve depuis des années. Promotion des à‰nergies Renouvelables Aujourd’hui, le kilowatt/heure est vendu au consommateur aux environs de 125 FCFA pour la tranche sociale, celle dans laquelle se trouve la majorité des ménages maliens. Le gouvernement n’a pas précisé quel prix plafond devra atteindre cette augmentation tarifaire graduelle. « Ces ajustements tarifaires seront mis en œuvre concomitamment avec une amélioration sensible des résultats opérationnels ainsi qu’une diversification croissante du mix énergétique du Mali pour renforcer la contribution des énergies renouvelables » ajoute le communiqué. Le gouvernement du Mali et ses partenaires se sont lancés depuis plusieurs années dans une politique de diversification des sources d’énergie. Le solaire et l’énergie éolienne devraient donc bénéficier de nouveaux engagements en faveur de leur promotion, afin que les consommateurs ne retournent pas vers les sources d’énergie traditionnelles (bois, charbon de bois) néfastes pour l’environnement et pour la santé.

Tombouctou dans le noir : la menace s’éloigne

Depuis le samedi 22 juin, la ville de Tombouctou est privée d’électricité. L’unique centrale thermique de la ville, qui alimente aussi les alentours, est régulièrement stoppée puisque qu’il n’y a pas assez de gasoil pour l’alimenter. La distribution d’eau potable, qui est dépendante de l’électricité de cette centrale, est aussi compromise. Déjà , à  l’hôpital de la ville, la prise en charge des soins était devenue difficile. Plus de chaà®ne de froid pour les vaccins et pas d’opérations chirurgicales possibles dans un bloc sans électricité. Une bouffée d’oxygène pour les habitants Le Ministère de l’Action humanitaire, de la solidarité et des personnes âgées, à  travers son Secrétaire Général, Amadou Rouamba, a remis un chèque de 20 millions de francs CFA à  la Croix Rouge. Cette somme permettra d’acheter du carburant pour alimenter la centrale thermique de la ville et ainsi fournir de l’électricité aux habitants menacés d’une rupture imminente. Le chèque a été remis à  Maurice Grundbacher, Chef de mission du Comité international de la Croix Rouge, qui l’a donné à  Tamba Doucouré, PDG de la Galerie Doucouré et Fils. C’’était ce lundi 2 juillet au département ministériel en présence du Chef de cabinet, Cheick Oumar Tall, des membres du cabinet et du Secrétariat général, et du Directeur financier et du matériel. Ce geste de solidarité va un tant soi peu soulager la population de Tombouctou qui vit des heures difficiles depuis maintenant tris mois, depuis la prise de la ville par les rebelles armés. Tamba Doucouré est un Opérateur économique installé à  Tombouctou qui a pu faire évacuer plus de 13.000 personnes lors de la prise de la cité des 333 Saints, en mettant à  disposition dix camions de transport sous forme de navettes entre Tombouctou-Douentza et Tombouctou-Mopti. Et tout cela, gratuitement. Il fait l’unanimité au sein de toutes les parties prenantes de Tombouctou, et C’’est pourquoi la Croix Rouge l’a choisi pour les besoins d’assistance aux populations.

Tombouctou bientôt plongée dans le noir

A Tombouctou, il n’y a presque plus d’électricité, ni d’eau potable, ce qui complique la vie quotidienne des citoyens de la ville. En cause, l’acheminement du gazoil par l’EDM pour faire tourner l’unique centrale électrique de la zone. D’après les responsables de la structure, d’ici 24h, la ville pourrait être plongée dans le noir total, sans parler du manque d’eau. La zone est contrôlée par les islamistes et l’acheminement des vivres est également à  la peine. La centrale électrique était auparavant approvisionnée tous les trimestres en carburant par Bamako. Les deux sociétés chargées de l’alimentation en eau et électricité du pays ne savent aujourd’hui pas comment faire parvenir du carburant dans le Nord du pays sans que celui-ci ne tombe aux mains des islamistes. Santé publique Cette situation pourrait avoir de graves conséquences sur le fontionnement de l’hôpital de la ville en empêchant les opérations chirurgicales et la prise en charge médicale des patients, selon le docteur Ibrahim Maiga, interrogé par RFI. Depuis la prise de Tombouctou par les islamistes d’Ansar Dine, l’aide humanitaire parvient au compte goutte. En attendant, le Haut conseil islamique du Mali qui est de fait le principal interlocuteur des groupes islamistes du Nord a décidé d’agir. Plusieurs convois de vivres ont déjà  été envoyés et le HCI n’entend pas rester les bras croisés. « Dans quelques jours, nos frères musulmans de Tombouctou et d’ailleurs risquent d’être plongés dans le noir et nous battons pour trouver une solution rapidement », a affirmé l’un des porte paroles du HCI. La collecte des fonds pour convoyer rapidement du carburant vers Tombouctou se poursuit. Téléthon pour le nord ? A Bamako, la mobilisation n’est pas en reste et un téléthon pour le nord a permis de récolter plus de 36 millions de francs pour venir en aide aux citoyens du nord Mali. Espérons que ces dons pourront être acheminés à  leurs bénéficiaires, qui subissent un quotidien de plus en plus difficile. En clair, il s’agirait de convoyer du carburant rapidement pour alimenter la ville en électricité.

Les Bamakois broient toujours du noir malgré la levée de l’embargo

La population espérait que la levée des sanctions de la Cédéao serait suivie de la fin des délestages. Pourtant ils continuent. A Bamako les petits métiers se meurent et l’activité économique tourne au ralenti au rythme des coupures. Certains quartiers sont privés d’électricité toute la journée, dès 7h30. «Â Nous faisons en sorte que les gens aient l’électricité la nuit. Mais cela ne pourra pas continuer dans les prochains jours », dit-on à  EDM. La priorité va aux hôpitaux, aux centres de santé et à  certains bâtiments publics. Une combinaison de facteurs Avec l’embargo et le blocage des frontières, les sociétés Ben and Co, Total et SOMAPP qui se présentent comme les principaux fournisseurs d’EDM en hydrocarbure étaient dans l’incapacité d’assurer l’approvisionnement. Or une large part de l’activité d’EDM dépend des importations d’hydrocarbures. l’embargo de la Cédéa n’avait fait fait qu’accentuer les difficultés auxquelles EDM était confrontée ces derniers temps avec l’arrivée de la chaleur. « La production d’électricité était déjà  affectée par la mauvaise pluviométrie de l’année dernière », indique Diallo, agent technique d’EDM. Les centrales hydroélectriques de Manantali, Selingué et Sotuba peinent à  donner leur pleine capacité. Nous ne sommes qu’à  la mi-avril, et le pic de consommation s’étend jusqu’à  juin. L’Etat a d’autres priorités Le relais est pris aujourd’hui à  60% par les centrales thermiques de Darsalam, Balingué et Sirakorola. Selon un agent du service production d’EDM la société a besoin de 410 000 litres de diesel (soit 222 millions F CFA) par jour pour faire tourner ces centrales thermiques. Et le responsable de la communication de signaler qu’au Mali l’électricité est produit à  130 F le Kwh et est vendu à  90 F CFA aux abonnés. Au-delà  de la pluviométrie les problèmes que rencontre EDM sont liés à  la situation politique. L’Etat a en ce moment d’autres priorités, notamment la crise au Nord, explique le responsable. Nos ventilateurs et autres machines à  coudre ne pourraient donc se remettre à  tourner que lorsque la crise politique sera résolue.

WECAfrica, l’union fait la force

A la fin du mois de janvier dernier, Bamako a abrité le forum Europe/Afrique sur l’eau et l’énergie en Afrique. Il a réunit plus de 600 participants venus d’Afrique et d’Europe. Dans la continuité ce forum, une agence a vu le jour. WECAfrica (Water and Energy Clustering in Africa), la nouvelle agence pour la promotion des pôles de compétitivité eau et énergie en Afrique a été mise sur pieds par plusieurs pays du continent. Ce sont entre autres : le Mali, le Tchad, la RD Congo, le Congo, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Ghana, le Niger, la Mauritanie, le Cameroun, et le Gabon. Ces pays sont soutenus par plusieurs bailleurs de fonds dont la Banque Mondiale, l’AFD, la BOAD…La présidence du comité de pilotage de cette agence est assurée par le ministre congolais de l’énergie et de l’hydraulique, Bruno Jean Richard Itoua qui est également président de la facilité africaine de l’eau. Le secrétariat général de WECAfrica est assuré par l’agence pour le développement des entreprises en Afrique (ADEA), basée à  Lyon. Elle aura pour but de promouvoir le concept des pôles de compétitivité et clusters eau et énergie en Afrique. Le directeur général de l’ADEA, Abdoulaye Kanté explique qu’un chronogramme des actions sera défini dans les mois à  venir. Ainsi que des propositions pour la mise en place des pôles de compétitivités sous régionaux dans les pays de l’UEMOA et de la CEEAC. A côté de cela, des clusters d’énergies renouvelables seront proposés aux pays qui en feront la demande. l’idée de ce dernier concept est selon Mr Kanté, de regrouper dans une zone d’activité, l’ensemble des intervenants majeurs des deux secteurs. Ces acteurs tournent autour des entreprises, bureaux d’études et de recherches, puis des organismes de formation. Les activités seront axées autour de projets innovants pour améliorer leurs expériences sur le marché international. Une meilleure exploitation des ressources en Afrique Le ministre congolais Bruno Itoua explique que l’Afrique dispose d’atouts considérables dans le domaine de l’énergie, mais ils ne sont pas suffisamment exploités. En effet, seulement 7% des ressources hydroélectriques sont utilisées. l’énergie solaire continentale représente 51% du potentiel mondial et elle est également largement sous-utilisée. Nous disposons également d’une importante quantité de biomasse, de gaz, et d’énergie marémotrice. Et pour inverser la tendance, il faut que l’Afrique s’engage à  soutenir les efforts pour prendre le leadership sur le plan des énergies renouvelables. Cela suppose, la mise en place de programmes nationaux et sous-régionaux, de sorte que la gestion de l’eau et de l’énergie soit abordée sous l’angle transfrontalier. C’’est sur ce plan que les pôles de compétitivité ont toute leur importance. Cela demandera, selon Mr Itoua, une forte implication des différents pays afin de faciliter au mieux la circulation inter-Etats. C’’est dans ce même ordre d’idée que l’interconnexion électrique entre le Mali, le Ghana et le Burkina Faso s’est faite en début de semaine. Elle permettra au Mali disposer d’un potentiel plus élargi en matière de ressources énergétiques. Harmoniser les politiques sectorielles La réussite de ce projet ne sera possible que grâce à  une harmonisation des politiques sectorielles. Malick Diallo est un expert de l’UEOMOA. Il estime qu’ « il faut encourager le développement de la mise à  niveau des entreprises dans l’espace UEMOA, en lien avec l’Union européenne. » Il rappelle que 4000 milliards F.CFA ont déjà  été investis par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour assurer sa couverture énergétique. Il s’agira pour les acteurs, de chercher des financements pour couvrir, d’ici à  2030, les besoins en énergie. Concernant les projets engagés dans le domaine de la fourniture en eau, l’UEMOA a financé des équipements hydrauliques à  hauteur de 32 milliards de F.CFA. Cela a permis la réalisation de 3 150 forages en 4 ans et l’installation de pompes électriques, solaires et thermiques. WECAfrica est un projet majeur qui permettra aux pays africains de mieux gérer leurs différentes ressources hydrauliques et énergétiques. La conjugaison des efforts et potentialités permettra à  l’Afrique de s’auto-suffir dans le futur et de mieux se positionner sur le plan international.

Centrale thermique de Balingué: Un nouveau pas vers la sécurité énergétique

45 MW de plus Cette infrastructure aura couté la bagatelle de 34,30 milliards de Fcfa. Le financement a été assuré à  hauteur de 33,13 milliards de Fcfa par la Banque islamique de développement et 1,17 milliard par l’à‰tat. La réalisation de la nouvelle centrale est l’aboutissement d’un partenariat exemplaire entre notre pays et la Banque islamique de développement (BID). La nouvelle centrale thermique de Balingué qui a coûté un peu plus de 34 milliards de Fcfa (1 milliard Fcfa du Mali, le reste étant pris en charge par la BID), va contribuer à  rehausser fortement la capacité énergétique de notre pays. Les accords de financement avaient été signés, on s’en souvient avec la BID le 22 juillet 2007 et la pose de la pierre par le chef d’à‰tat avait eu lieu le 6 mai 2009. Les travaux réalisés par l’entreprise finlandaise Wartsila sous le contrôle de PACE/STEG ont duré 18 mois. Avec une capacité de production de 45 mégawatts, Balingué permettra de résoudre bien des problèmes. La visite a permis au ministre de mesurer de visu le travail effectué. Le chef de l’Etat après avoir coupé le ruban symbolique a visité la salle des machines, avant de se rendre dans la salle de commande. Il y a eu droit aux explications techniques sur le mécanisme de fonctionnement et les caractéristiques de l’ouvrage. Le ministre de l’à‰nergie et de l’eau, Mamadou Diarra a souligné l’importance de l’infrastructure qui va accroà®tre de 20% la capacité de production du système connecté. Une des plus grandes centrales thermiques du pays La centrale thermique de Balingué est l’une des plus grandes du pays. Elle a été réalisée grâce à  une requête pressante du président de la République au président de la BID qui a répondu favorablement. Mamadou Diarra a souligné les efforts consentis en faveur du secteur énergétique. Cette dynamique a permis d’améliorer le service de fourniture d’électricité de EDM-SA dont l’engagement et la détermination ont épargné les usagers des coupures intempestives d’électricité. « Grâce à  EDM-SA, nous avons fait exception dans la sous-région en ce qui concerne le maintien du service énergétique sans perturbation. Nous félicitons la direction de EDM-SA et l’ensemble de son personnel pour cette efficacité et les exhortons à  redoubler d’efforts pour faire du secteur énergétique un secteur vital », a-t-il conclu.

Eclairage public au Mali : 5 localités de Ségou illuminées

Et la lumière fut… A travers le volet «Â énergie » du programme de développement économique et social, PDES, le gouvernement du Mali a initié un vaste programme d’électrification à  travers le pays. En effet, le Mali dispose de nombreuses potentialités en matière d’énergie. Cette riche potentialité se mesure à  l’aune de grands barrages dont dispose le pays, et à  travers des projets tels que la centrale de Balingué (en zone industrielle de Bamako) et le projet d’interconnexion Mali-Côte d’ivoire. Selon ATT, le Mali dispose de potentialités énormes pouvant doter les populations de lumière. «Â Nous avons la capacité de produire de l’électricité non seulement pour nous même, mais aussi pour les autres ». A Niono, l’éclairage public était très attendu par les populations. Ainsi, les travaux d’installation effectifs des lignes électriques se sont chiffrés à  3 200 000 000 F CFA. A Séribala, en plus des 4005 km de réseau électrique, les populations ont bénéficié de l’éclairage public. Pour le ministre de l’Energie et de l’eau, Mamadou Igor Diarra, cette opération d’électrification apportera de réels changements dans des secteurs tels que la santé, l’éducation, l’économie locale, la sécurité… « Même les plus démunis ont aujourd’hui, l’éclairage public ! ». Eclairer Markala, Sansanding, Niono etc… Le gouvernement du Mali a obtenu de la banque mondiale un financement de 60 milliards de F CFA. Ce montant à  en croire le ministre Igor, permettra de révolutionner le secteur «Â Energie » dans la zone office du Niger  notamment à  Momodo, Sansanding, Dougabougou, et Séribala… Markala a également été dotée en éclairage public. En effet, l’électrification publique est perçue comme une opportunité permettant aux populations de faire le petit commerce et autres activités économiques nocturnes. Le coût des travaux de Markala qui portent sur une longueur de 7 250 mètres, totalise les 197 millions de Fcfa. Ici, les populations ont bénéficié de nombreux foyers lumineux. Au niveau de Markala, le président de la République a promis de prendre des dispositions pour circonscrire les difficultés qui se posent au niveau des aménagements hydro-agricoles. «Â Ils bénéficieront de l’énergie qu’il faut », a-t-il laissé entendre. Pour le ministre Igor Diarra, il ne s’agit pas seulement de l’éclairage public, mais également de l’amélioration du réseau électrique du Mali, sous la houlette de la société EDM SA. La joie des populations de Ségou Les populations de Pelengana (non loin de Ségou ville) qui ont accueilli le président, ont admirablement assisté à  l’inauguration de leur éclairage public. Ce geste du Gouvernement est donc une réponse aux multiples sollicitations des autorités locales. Toujours à  Pelengana, le Président ATT a promis aux populations de doter la commune d’une Maison des jeunes et des femmes, et d’un centre de loisir. A travers cet exercice du Gouvernement, le Mali s’électrifie au bénéfice des populations. Pour l’éclairage public des quartiers environnants de Ségou, au total, 127 millions ont été investis dans les travaux. Ce qui a été salué par les populations qui visiblement, avaient besoin d’un confort de vie supplémentaire pour développer leurs activités économiques.

Hausse du tarif de l’électricité : Qu’en pensent les citoyens ?

Selon des spécialites, la baisse du tarif ne serait possible qu’en 2011 avec l’interconnexion entre le mali et la cote d’ivoire avec le financement du PASE (Projet d’Appui au Secteur de l’Energie) à  hauteur de 60 milliards de francs CFA par la banque mondiale. Mais pour la hausse actuelle, qu’en pensent les citoyens ? Maurice DABO, Chef de famille. Cette hausse du prix du tarif de l’électricité s’explique par un fort laxisme par les autorités. Au départ on disait à  l’Etat de ne pas privatiser l’EDM. Un ancien responsable de l’entreprise disait que le Mali pouvait bien gérer l’EDM sans perte et il aurait été assassiné pour cela. C’’est pour vous dire que sans hausse déjà , nous traversons le calvaire et nous ne vivons que de coupures intempestives qui endommagent parfois nos appareils. Et pire, l’entreprise n’a jamais payé pour la réparation de ces appareils. Même en portant plainte rien n’en sort. Vous voyez déjà  comment nous sommes condamnés par l’EDM. JDM : Que comptez vous faire par rapport à  la hausse du tarif ? MD : J’envisage de consommer l’électricité rien que la nuit parce que ce qu’on gagne risque de ne pas assurer nos dépenses et le reste des charges. JDM : Que proposez vous pour sortir de cette situation ? Pour sortir de ce calvaire, je propose à  ce qu’on organise un grand débat au tour de ce problème. Et pourquoi ne pas misé sur l’énergie solaire ? C’’est le cas au Burkina mais pourquoi pas le Mali ? D’ailleurs même quand on parle d’électricité ce n’est qu’à  Bamako et les capitales régionales. Si non au-delà  de ces zones rares sont les localités desservies. Allez à  Kabala tout près vous saurez de quoi je parle. JDM : Le Mali vient d’avoir 60 milliards de nos francs à  travers la banque mondiale. Est-ce que cela a suscité chez vous une lueur d’espoir ? A mon avis ce fond sera mal géré et ne servira jamais à  l’énergie. J’appelle cette somme, une miette par rapport à  l’énergie et aux alligators qui l’ont déjà  partagé. Les pauvres continueront de payer le prix fort de la galère au Mali. Seydina Aliou Koné, gérant de cyber : Je consomme environ 150 000f CFA par mois rien que dans l’électricité. C’’est énorme pour mes charges. Vous savez mieux que moi que nul n’aime l’augmentation du tarif. Cela ne nous arrange pas nous les pauvres surtout en cette période de crise. JDM : Que comptez vous faire pour faire face à  cette situation ? Je compte investir dans les panneaux solaires. C’’est vrai qu’il est très cher mais il est mieux que EDM qui, J’en suis persuadé ne finira pas de nous dégoûter. Les coupures n’en finissent pas. Il y a des moments o๠nous allons au-delà  d’une heure de coupure et nous perdons des clients. Qu’est ce qu’ils nous veulent ces gens là . ? Sekou Tidiane Traoré dit Anglais, chargé de programme à  l’ONG AREM (Association pour la réhabilitation de l’environnement Malien) On ne peut pas se réjouir ou comprendre cette augmentation. Si l’on doit comprendre quelque chose C’’est peut être à  l’endroit des gros consommateurs. Je crois que le Malien moyen n’a besoin que de lumière et de sa télé. l’électricité n’est pas un luxe aujourd’hui mais une nécessité. Lénine disait que le développement est égal au taux d’électrification. Quand on prend le mot développement, C’’est pour parvenir au bonheur du peuple et non pas le contraire. Pour terminer, nous ne sommes pas contents de cette augmentation. Je demande à  nos autorités de demander aux gros consommateurs de payer plus mais qu’ils laissent les pauvres en paix.

Energie : légère hausse du prix de l’électricité à compter du 1er Juillet…

En cette période caniculaire, o๠la distribution d’électricité est en peine de satisfaire les clients, avec des coupures intempestives à  longueur de journée, le gouvernement du Mali, sur le conseil de la Commission de Régulation de l’électricité et de l’eau (CREE), va procéder, à  partir du 1er juillet prochain, à  un léger réajustement tarifaire de l’électricité. Ce réajustement tarifaire est de l’ordre de 3 à  5 % pour les clients qui dépassent une consommation mensuelle de 100Kwh. Désormais ces clients paieront environ 3 francs en plus. Pour la tranche de consommations qui se situent au-delà  de 201 Kwh, elle augmentera de 5%, soit environ 5 à  6 francs de plus. Un léger mécontentement est perceptible chez les maliens, notamment les plus modestes, et qui peinent à  assurer trois repas quotidiens et se voient déjà  dans l’obscurité. Un fonctionnaire à  la retraite s’inquiète de la hausse, même si elle ne concerne que 50% des clients domestiques. La Commission de régulation de l’eau et de l’électricité, explique ce réajustement par une « contribution solidaire », qui permettra à  l’Etat de souffler un peu. Depuis 2005, l’état investit chaque année environ 40 milliards de FCFA dans le maintien des services publics et leur expansion sur le territoire national. C’’est dans cette logique que le gouvernement va procéder à  la hausse du tarif de l’électricité à  partir du 1er juillet prochain. Une hausse accompagnée de mesures, car depuis 2003, les tarifs de l’eau et de l’électricité n’ ont pas bougé au Mali. Et l’Energie du Mali (EDM) peine à  faire face à  ses obligations : celles de fournir l’électricité à  l’ ensemble des citoyens du Mali.