Essence : Pourquoi le prix a-t-il augmenté ?

Après plusieurs mois de tendance à la baisse du prix du litre d’essence à la pompe au Mali, ce dernier a été revu à la hausse pour le compte du mois de juin. Si les consommateurs maliens ont été pris de court par la nouvelle, les raisons de cette augmentation s’expliquent essentiellement par une hausse du prix à l’international, selon la direction de l’Office national des produits pétroliers (ONAP).

715 francs CFA le litre du super carburant et 640 francs pour le gaz oil. Ce sont les nouveaux prix à la pompe entrés en vigueur le 11 juin dernier sur toute l’étendue du territoire national. C’est donc une hausse de 5 et de 11 francs CFA respectivement sur le super carburant et le gaz oil établie lors de la dernière réunion de la Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers, le 10 juin 2019.

Cette réunion, qui se tient au plus tard le 10 de chaque mois à l’ONAP, a pour objectif d’ajuster les prix des hydrocarbures au Mali en fonction de l’évolution des prix internationaux, à travers un mécanisme mis en place par les partenaires techniques et financiers.

« Le principe de ce mécanisme consiste à répercuter sur les prix à la pompe les variations des prix à l’international dans une marge de 3%. C’est son application qui a conduit à une augmentation au mois de juin, parce qu’il y a eu une hausse sur le marché international », explique Mamadou Sangaré, chef de la division Statistiques et administration à l’ONAP.

Consommateurs mécontents

En attendant une éventuelle prochaine baisse, les consommateurs vivent mal cette hausse qu’ils n’ont pas vu venir.  « J’ai été vraiment surpris par cette augmentation et cela affecte mon budget carburant. J’en prends chaque jour et les 5 francs par litre étalés le long du mois reviennent à une somme conséquente au final », relève Issa Konaté, informaticien à Kalaban Coura.

« Une augmentation du carburant, même de 1 franc CFA, est toujours une mauvaise nouvelle pour nous, les consommateurs. Mais nous espérons que très bientôt nous allons assister à une nouvelle baisse », confie pour sa part Ibrahima Diallo, automobiliste.

À en croire Mamadou Sangaré, le mécanisme de fixation des prix s’applique en cas de baisse ou de hausse des prix à l’international. « Le prix au niveau national pourra être de nouveau revu à la baisse le mois prochain, en fonction de l’évolution de la situation ».

Revendeurs d’essence en bouteilles : plus proches des clients ?

La vente informelle d’essence a pris de l’ampleur ces dernières années. Même si différentes opérations des pouvoirs publics ont tenté de freiner le phénomène, les clients qui y trouvent une bonne alternative aux prix pratiqués en station et les maintiennent en vie.

C’est avant tout une activité génératrice de revenus. Ceux qui la pratiquent n’ont pas de qualification particulière et se contentent de revendre des produits obtenus en vrac auprès de leurs fournisseurs. La vente de carburant, plus particulièrement d’essence, en bouteilles, s’est répandue dans la capitale, alors qu’elle n’était auparavant réservée qu’aux zones non desservies par les acteurs conventionnels (stations, dépôts et autres). Si le secteur survit, ce n’est pas faute de tentatives de l’éliminer de la part des pouvoirs publics. Les agents des mairies viennent fréquemment ramasser les affaires. Le nouveau boom des stations-services, nationales comme internationales, est également un facteur défavorisant pour ces acteurs. Mais ils parviennent à garder leurs clients grâce à des prix attractifs.

Au lieu de près de 700 francs CFA le litre à la station, les revendeurs proposent leurs produits 40 voire 50 francs moins cher. « Cela fait une sacrée différence, surtout si, comme moi, vous circulez beaucoup », confie Amadou, vendeur ambulant de friperie. « Ils nous dépannent vraiment. Quand tu es en panne, tu peux acheter une petite quantité d’essence pour rouler jusqu’à une station, ou bien te ravitailler chez eux moins cher ». Les quantités sont en effet fractionnables chez les revendeurs, qui offrent à partir de 200 francs de carburant, alors que dans les stations le minimum est de 500 francs CFA. « Je me fournissais auparavant dans trois stations différentes, mais, actuellement, je suis fidèle à la station Sodies, qui vend le litre 640 francs CFA », déclare Bourama Traoré, revendeur d’essence en bouteilles. C’est un partenariat gagnant – gagnant. « Je vends au moins 20 litres par jour », poursuit-il. « Grâce aux revendeurs, nous parvenons à avoir du carburant à des heures tardives dans tout Bamako. Parfois, ils nous font même crédit », affirme M. Diabaté, un client. Certains revendeurs associent cette activité à d’autres business : vente de pagnes ou de recharges téléphoniques, pour ne citer que celles-ci.

Quid de la qualité ?

Les carburants qui entrent au Mali ne sont tous de bonne qualité. Certains revendeurs reconnaissent que la couleur de l’essence varie très fréquemment, tantôt plus blanche, tantôt plus bleue. « Nos essences n’ont pas toujours la même couleur. Malgré ce constat, aucun de mes clients n’est venu se plaindre depuis le début de mon activité, en 2014 », nous a confié un revendeur d’essence en bouteilles.

Prix du carburant : pas de répit pour les consommateurs

La commission a autorisé, après appréciation des différents acteurs présents de la commission, la reconduction du prix du carburant du mois de juin passé.Ainsi, l’essence super sans plomb reste à  635 FCFA le litre , le pétrole à  450 FCFA, 545 FCFA le litre du gasoil, le fuel oil à  355 FCFA le litre. Ces prix indicatifs doivent être affichés dans toutes les pompes des stations de vente du Mali à  compter du vendredi 10 juillet 2009 à  partir de minuit. Cette décision est le résultat de la rencontre mensuelle des membres de la Commission. Dans l’analyse comparative des prix fournisseurs, une augmentation du prix du carburant est palpable sur tous les axes d’approvisionnement du Mali. Un point de vue soutenu par les opérateurs qui expriment tenir le coût grâce à  la subvention faite par l’Etat sur le carburant. Cette hausse varie selon les zoneS d’approvisionnement. Au Sénégal, elle est de 7% à  13%, 10,1% à  15,8% pour Abidjan, Lomé de 7,7% à  13 % et Cotonou de 7,7% à  13,5%. Par ailleurs, les consommateurs s’attendaient à  une baisse du prix du carburant qui devrait agir sur le prix des produits commerciaux dans le marché. Ceci en guise des prévisions pour le mois de ramadan déjà  proche et pour permettre aux populations de mieux subvenir à  leurs besoins surtout en ces périodes d’hivernage. Il faut savoir que la Commission de Suivi du Mécanisme de Taxation des Produits Pétroliers est constituée de 3 Associations de Consommateurs, d’un représentant du Ministre de l’Economie et des Finances, du Syndicat Malien des Professionnels du Pétrole, du Groupe Professionnel des Pétroliers, de la Chambre de Commerce et Industrie du Mali, de la Direction Nationale de l’Energie, de la Direction Générale des Impôts, de la Direction Nationale du Commerce et de la concurrence et l’Office National des Produits Pétroliers. Cette commission a pour objectif d’agir sur le prix du carburant dans l’intérêt général de la population et l’approvisionnement du pays en produits pétroliers à  moindre coût.La rencontre entre les membres de la commission est mensuelle à  l’ONAP. C’’est le lieu de rappeler aux opérateurs économiques du Mali de se conformer aux normes des citernes prévues par la CEDEAO dans leur tonnage. Cette norme prévoit que les citernes soient de 51 tonnes à  la charge, alors qu’actuellement ces citernes sont à  55 tonnes voire 60 tonnes pour certaines. Cette mesure est prise dans le cadre de l’amélioration de la qualité des goudrons. Mais pour l’instant, «l’opération en est à  la phase de sensibilisation des transporteurs » selon le représentant des transporteurs.