Soumaïla Lah : « Je ne vois aucun pays membre, permanent ou non, convoquer la réunion »

Alors qu’a débuté la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York, quelles chances a la plainte du Mali contre la France d’y être débattue ? Soumaïla Lah, Secrétaire permanent du Centre d’études et de réflexions au Mali (CERM) répond.

Pensez-vous que la réunion d’urgence demandée par le Mali à l’ONU pourra aboutir ?

Je ne vois pas la plainte déboucher sur une réunion d’urgence pour diverses raisons. La première est qu’aucun membre du Conseil de sécurité ne la convoquera. Si la Chine, qui avait la présidence au moment de l’introduction de la plainte, ne l’a pas fait, ce ne sont sûrement pas la France, les États-Unis ou la Grande Bretagne qui le feront. De surcroît, maintenant la France assure la présidence.

La Russie, considérée comme un allié stratégique du Mali, ne le fera pas pour des raisons diplomatiques. Et elle sent qu’on la soupçonne d’être derrière la plainte. Les pays membres non permanents ne demanderont pas la convocation de la réunion pour des raisons diplomatiques et stratégiques. La plupart n’ont pas de liens assez forts avec le Mali pour froisser une puissance comme la France ou ses alliés.

Deuxièmement, le Mali a introduit cette plainte, en sachant qu’il y avait très peu de chances qu’elle aboutisse, plus dans une dynamique de dénonciation et d’attaque ciblée. Elle tend à décrédibiliser l’action ou la présence militaire française dans le Sahel. C’est une pression et de la communication pour attiser le sentiment anti français.

La France assure la présidence tournante du Conseil de sécurité. Est-ce une entrave ?

Oui et non. La France ne va pas faciliter les choses puisque la plainte est faite contre elle mais chaque pays membre permanent a la latitude de demander cette réunion. Chaque pays s’inscrit dans une ligne géopolitique et géostratégique particulière, il pèse le pour et le contre. Mais la France n’a pas la latitude de bloquer la réunion.

Le Mali peut-il étaler à l’ONU les preuves qu’il dit détenir ?

C’est une possibilité, mais pour des questions aussi sensibles, je ne le vois pas étaler ses preuves dans un discours. L’objectif stratégique est de porter la discussion dans un cadre très restreint, au Conseil de sécurité. C’est un pari risqué, parce que l’autre partie va forcément vouloir produire des contre-preuves. Et, de fil en aiguille, on va se retrouver avec des escalades sans fin et une crise diplomatique qui finira par faire atteindre aux différents protagonistes le point de non retour. Des propos très forts seront tenus à l’encontre de la France, mais étaler des preuves, je ne le pense pas.

Burundi : RFI et l’AFP portent plainte pour les tortures infligées à leur correspondant

RFI et l’AFP ont porté plainte contre X auprès de la Cour Suprême de Justice, à  Bujumbura, au Burundi, pour tortures infligées à  leur correspondant. Les deux sociétés de médias françaises annoncent, dans un communiqué publié ce lundi 19 octobre 2015, que cette décision fait suite à  l’absence de toute évolution après la violente agression dont a été victime Esdras Ndikumana. RFI et l’AFP avaient immédiatement condamné cette agression dans un communiqué de presse et dans un courrier adressé au président de la République burundaise qui avait lui-même qualifié « d’inacceptable » cette agression. Plus de deux mois après, Esdras Ndikumana continue de recevoir des soins à  l’étranger.

Plainte contre la Minusma à Gao

Le 27 janvier dernier, les populations de Gao organisaient une marche contre la Minusma pour exiger le retrait du projet de zone temporaire de sécurité établi de façon exclusive entre la mission onusienne et la coordination des mouvements de l’Azawad, hostiles au gouvernement malien. Les forces de la Minusma ont tiré sur les manifestants faisant trois morts et plus d’une dizaine de blessés. Pour « établir tous les faits autour de cette manifestation », l’Onu a mandaté trois experts indépendants. Ces derniers ont rencontré les autorités maliennes ainsi que celles de la région de Gao, la police nationale et le service de la protection civile à  Gao, les responsables de la Minusma, le Cadre de concertation des notables de Gao, les associations qui ont organisé la manifestation, les autorités hospitalières qui ont accueilli les victimes, des partis d’opposition et plusieurs autres interlocuteurs susceptibles d’aider à  faire la lumière sur ces évènements. Ils se sont également entretenus avec les manifestants blessés durant ces évènements, et rendu visite aux familles endeuillées. En attendant les résultats officiels de ces enquêtes prévus pour la fin de ce mois, le cabinet d’avocat « Zahara Noor » de Me Maliki Ibrahim va déposer ce mardi, au nom des parents des victimes, une plainte avec constitution de partie civile contre le représentant spécial du SG de l’Onu, la hiérarchie militaire de la minusma à  Gao et les troupes de la Minusma de la localité. Selon certaines sources, les blessés s’apprêtent également dans les jours à  venir à  saisir le tribunal de Gao contre la Minusma.

Haute trahison: une plainte déposée contre ATT

L’ancien président Amadou Toumani Touré provoque toujours l’ire de certains maliens. C’est le cas du Bloc d’Intervention Populaire et Pacifique pour la Réunification Entière du Mali(BIPREM Fasoko) qui vient de porter plainte contre lui pour haute trahison. Le BIPREM est une association née après le coup d’Etat du 22 mars 2012. Un bloc qui dénonce la corruption, la magouille, le népotisme, le favoritisme et s’inscrit dans la dynamique de réunifier tout le Mali dans un bateau de dialogue. C’est lors d’une conférence de presse que le président du Biprem Lassine Diawara a informé la presse du dépôt d’une plainte contre l’ancien président de la république Amadou Touré pour haute trahison. C’était le mardi le 21 à  la maison de la presse devant une vingtaine des journalistes. « ATT doit venir s’expliquer » Cette conférence s’articulait autour des trois points essentiels : la plainte contre ATT, l’organisation des élections présidentielles, et la situation de Kidal et le cas du MNLA. D’entrée de jeu, le secrétaire à  l’information du BIPREM, Alou Badra Diarra a lu une déclaration pour planter le décor. De son propos, on peut retenir que «le BIPREM est arrivé à  la conclusion que la crise que vit aujourd’hui le Mali est arrivée par l’incapacité du président des 10 dernières années à  gérer comme il faut les affaires du pays ». Cette incapacité, poursuit -t-il , s’est traduite par la mauvaise gouvernance, la corruption, la délinquance financière, le trafic de drogue… C’’est dans le souci de rendre justice que le BIPREM a déposé, lundi 20 mai 13 devant le procureur général près la cour d’appel de Bamako une plainte contre Amadou Toumani Touré pour haute trahison et crimes contre le Mali. A cet effet le président du BIPREM argue que ATT depuis Dakar ATT a les mains invisibles dans la gestion de la transition. « ATT doit venir s’expliquer aux maliens sur la crise laquelle au lieu de rester tapis dans l’ombre» fulmine -t-il. Abordant les élections présidentielles prochaines, le BIPREM estime qu’ il est inacceptable d’organiser les élections sans Kidal. « Kidal est une partie du Mali, dans un à‰tat les élections doivent se dérouler dans les territoires ». L’autre point évoqué par ce bloc est la nomination de Tiebilé Dramé pour entamer le dialogue entre les autorités et le MNLA. Aux yeux des membres du BIPREM, il ne sert à  rien de créer une commission du dialogue et de réconciliation et de nommer un médiateur pour faire le même travail.