COP 28 : le Mali cherche la bonne température

Le Mali fait partie des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique, selon l’index Notre Dame Global Adaptation Initiative (ND-Gain). Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), en Afrique de l’Ouest, il est prévu une augmentation de la température moyenne de 3,3°C d’ici 2 100. Elle pourrait atteindre 4,7°C dans la moitié nord du Mali. Le changement climatique frappe donc durement les plus pauvres et les plus vulnérables. C’est pourquoi il est attendu des décideurs réunis à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, pour la COP 28, des mesures concrètes pour répondre à la menace immédiate.

Canicules, sécheresses, inondations, pluies torrentielles ou tempêtes, les phénomènes extrêmes dus au changement climatique se sont multipliés par 5 dans le monde entre 1970 et 2019, selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Outre les dégâts environnementaux, ces catastrophes ont négativement impacté le taux de mortalité et l’économie. Environ 2 millions de décès dus à ces catastrophes ont été enregistrés en 50 ans. Des chiffres qui ont évolué d’environ 170 morts par jour au début des années 1970 à 40 aujourd’hui.

Sur le plan économique, les pertes liées au changement climatique ont été multipliées par 7 les 50 dernières années dans le monde. Aux États-Unis, ces évènements ont coûté plus de 2 000 milliards de dollars pour la même période. Un coût qui, selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), pourrait atteindre entre 140 et 300 milliards de dollars par an pour les pays en développement dans les prochaines années.

Vulnérabilité accrue

Le Mali fait face depuis plusieurs décennies aux impacts de la dégradation des conditions climatiques. Désertique sur une large partie de son territoire, il compte 124 millions d’hectares, dont 60% de désert, 4% de forêts potentielles et 36% de terres utilisables pour l’agriculture et l’élevage. Estimée à plus de 22 millions d’habitants en 2022, sa population vit principalement en milieu rural et enregistre un taux de croissance annuelle de 3,3%. L’économie, essentiellement basée sur l’exploitation des ressources naturelles, accroît la dépendance aux aléas du climat. L’agriculture et l’élevage représentent respectivement 16,2% et 15,2% du PIB, le sous-secteur forêt 7,2% et la pêche 5%, selon les données de l’INSTAT.

La hausse de températures, les sécheresses, les inondations, les vents forts et les vents de sable sont des manifestations visibles de l’impact négatif du changement climatique sur l’environnement au Mali. Selon l’Évaluation environnementale intégrée au Mali (EEI), réalisée en 2022 conjointement par le PNUD et le PNUE en collaboration avec le gouvernement, les parties prenantes onusiennes et la société civile, les projections montrent que la température de l’air au Mali pourrait augmenter de 2,0°C à 4,6°C d’ici 2080 par rapport aux niveaux préindustriels. D’après les mêmes constats, le pays connaît depuis 2005 une période relativement riche en pluies. Mais celles-ci sont plus irrégulières et respectent moins la saisonnalité. En outre, elles s’accompagnent généralement d’inondations qui causent d’énormes dégâts et font des victimes. Même s’il demeure des incertitudes quant à l’évolution de la pluviométrie, en raison de sa grande variabilité, les estimations de Mali Météo font état d’une diminution de la pluviométrie de 22% sur la période 1950 – 1970 et entre 1971 et 2000, d’après une étude réalisée en 2011. « Depuis 10 à 15 ans, l’isohyète 1 500 mm a disparu, Bamako et ses environs ont connu une sahélisation et les zones désertiques et semi-désertiques ont progressé jusqu’à la latitude de Mopti (14°31’N) ».

La croissance démographique et l’augmentation de la pression sur les ressources naturelles accentuent la dégradation de l’environnement au Mali. Les superficies agricoles ont connu une augmentation annuelle de 8% entre 1984 et 2020. Le système, essentiellement extensif, se fait donc au détriment des espaces forestiers et des pâturages. Les faibles rendements ne permettent pas de couvrir tous les besoins et l’utilisation de produits phytosanitaires contribue non seulement à dégrader la santé humaine mais constitue un facteur supplémentaire d’érosion des sols, de pollution des eaux et de destruction de l’écosystème. L’agriculture irriguée est la principale consommatrice d’eau, avec 97%.

Ces facteurs climatiques, combinés à un contexte sécuritaire dégradé depuis 10 ans, contribuent à une forte urbanisation et à ses conséquences sur la diminution des espaces naturels autour des villes, ainsi qu’aux insuffisances dans la gestion des déchets solides et liquides. De 600 000 en 1960, la population urbaine est passée à 9 millions en 2020 et représente 44% de la population totale.

Solutions collectives

Même si les plus touchés ne sont pas les plus grands pollueurs, nous sommes « tous responsables, même à des degrés divers », de la planète qui souffre, explique Berthé Minian Bengaly, Directrice du Centre international pour le conseil (CICF), spécialisé en accompagnement et formation dans les domaines de la finance durable, de la sécurité et du changement climatique au Mali depuis 2010.

Puisque « les conséquences concernent tout le monde », les solutions doivent être globales. L’une des raisons de la COP, qui réunit les acteurs publics et privés. Engagée dans la sensibilisation, surtout du secteur privé, pour la prise en compte de la pertinence du changement climatique, l’organisation s’attèle à accompagner les « entreprises à changer de modèle économique » pour s’approprier des innovations liées au changement et les mettre en œuvre dans les chaînes de production.

Pour la Présidente du CICF, la COP 28 est surtout l’opportunité pour les pays en développement de se faire entendre et de mettre en œuvre la responsabilité collective. Il s’agit de nouer des contacts afin que le secteur privé puisse bénéficier des fonds disponibles, dont souvent il n’a pas connaissance ou ne sait pas comment y accéder. L’occasion est bonne pour « faire des prospections, voir le bon créneau pour être éligible et préparer l’adaptation. Car on ne peut plus évoluer de manière classique », conclut-elle.

Également présente à la COP 28, Fatoumata Boubou Koita est la Présidente du Mouvement Mali Propre (MMP), fondé en 2018. L’organisation évolue dans les domaines de la sensibilisation et de l’éducation environnementale, la communication et l’entrepreneuriat vert.

Faisant le constat qu’au Mali l’insalubrité, avec une prédominance des déchets plastiques, est un fléau qui contribue à cette dégradation de l’environnement et menace la vie des animaux, elle ne se contente d’un rôle d’observatrice. Le mouvement prépare 3 activités et envisage des projets capables d’aider les jeunes et les entreprises afin de créer une synergie d’action avec le Sahel et le monde. Le « Green circle » est destiné à faire partager les expériences et à proposer des solutions vertes. Le MMP prévoit aussi une mobilisation éducative pour participer au renforcement de capacités, parce qu’en la manière les innovations sont permanentes et qu’il faut s’en inspirer pour les adapter à notre contexte. Le film « Gnaman », « Des ordures en or ou comment transformer les déchets en richesse », sera présenté au public. Une manière d’envisager la création d’une chaîne de valeur et de réunir les acteurs « pour faire des déchets une nouvelle alternative pour créer des emplois ».

Investissements durables

Les banques multilatérales de développement ont souscrit à une déclaration commune le 3 décembre 2023 lors de la COP 28 à Dubaï. Elles se sont engagées à renforcer leur collaboration avec leurs clients, partenaires au développement, société civile et secteur privé, afin de réduire la pauvreté et les inégalités et de faire face aux crises. Déterminées à renforcer leur « ambition climatique », les banques se disent « prêtes » à « consolider les progrès et les résultats majeurs obtenus au cours de l’année écoulée ». Ainsi, en 2022, elles ont conjointement engagé 61 milliards de dollars de financement climatique pour les économies à revenu faible et intermédiaire, soit une hausse de 18% par rapport à 2021, et près de 100 milliards de dollars dans toutes les économies où elles opèrent.

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le financement de l’adaptation représente 37% de cette somme et le cofinancement climatique a atteint 46 milliards de dollars, dont 15 milliards provenant de la mobilisation de financements privés.

COP 28 : un rendez vous crucial pour la planète

La Conférence des Parties à la Convention – Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP 28) se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï. Pour les Nations Unies, l’action climatique ne peut plus attendre, car les températures de la planète ont atteint des niveaux records et que les phénomènes météorologiques extrêmes perturbent un peu partout la vie des populations. C’est donc « une opportunité unique de rectifier le tir », en accélérant le rythme des mesures à prendre.

La COP 28 fera le bilan des actions entreprises depuis l’Accord de Paris de 2015 et planifiera les actions à envisager. Selon les données scientifiques, pour préserver un climat vivable, la production de charbon, de pétrole et de gaz doit diminuer rapidement et la capacité mondiale d’énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydraulique et géothermique), doit tripler d’ici 2030. Dans le même temps, le financement de l’adaptation et les investissements pour la résilience doivent augmenter.

Rencontre cruciale

La Conférence de Dubaï ne peut pas être une conférence de plus. Elle doit être un tournant où les pays se mettront d’accord sur les mesures strictes à adopter en faveur du climat, mais aussi sur la manière dont ces mesures seront mises en œuvre, et évalueront les progrès réalisés pour l’atteinte des objectifs de Paris en termes d’atténuation, d’adaptation et de financement.

À Dubaï se conclura le premier Bilan mondial, débuté à Glasgow lors de la COP 26. Le processus doit permettre aux pays de mesurer ce qui reste à faire et les inciter à des plans d’action climatique ambitieux et accélérés. Les enjeux sont la santé et le bien-être de notre planète, alerte l’ONU.

« La banquise de l’Antarctique est à son plus bas niveau. De nouveaux chiffres montrent qu’en septembre elle était inférieure de 1,5 millions de kilomètres carrés à la moyenne de la période de l’année, une superficie à peu près égale à la taille du Portugal, de l’Espagne, de la France et de l’Allemagne réunis ». Mais le monde entier  est concerné, « parce que ce qui se passe là-bas a des impacts à des milliers de kilomètres », relève le Secrétaire général de l’ONU. Plus d’un siècle d’utilisation non rationnelle des énergies et des terres a donc entraîné un réchauffement de 1,1°C par rapport aux niveaux préindustriels. Chaque augmentation du réchauffement est susceptible d’aggraver les phénomènes météorologiques extrêmes, comme la chaleur et les inondations, et entraîner des changements climatiques irréversibles.

Environnement : pour protéger notre planète, l’Afrique doit faire preuve d’un leadership audacieux

Notre continent est le plus vulnérable au changement climatique, se réchauffant plus vite que la température moyenne mondiale, et le moins à même de supporter le coût de la mise en œuvre des politiques et des pratiques qui constituent collectivement ce que l’on appelle « l’adaptation » au changement climatique. Si nous n’adoptons pas immédiatement une approche révolutionnaire, nous provoquerons notre propre perte. Nous devons convenir que c’est la biodiversité, les habitats et les moyens de subsistance africains qui sont les plus menacés par le changement climatique.
Si le changement climatique accentue la crise de la biodiversité, nous causons la perte et la dégradation des habitats africains lorsqu’ils ne sont pas gérés conformément aux meilleures connaissances scientifiques. La perte de biodiversité met en péril l’approvisionnement en eau et accroît l’insécurité alimentaire. Les moyens de subsistance sont compromis lorsque les zones de pêche, les forêts et les prairies sont polluées ou surexploitées, notamment par de grandes entreprises qui dépossèdent les habitants autochtones. Ces activités destructrices affaiblissent la capacité de la nature à continuer de nous fournir de la nourriture et des moyens de subsistance économiques. Et tout comme un patient en bonne santé est mieux à même de survivre à une intervention chirurgicale importante, un écosystème sain est mieux à même de résister au changement climatique. Nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger et promouvoir la santé et la résilience des systèmes naturels afin qu’ils puissent nous apporter les avantages alimentaires et économiques dont dépend tout le continent.
De nombreuses nations d’Afrique sont prêtes à décarboniser leurs économies, à préserver leurs écosystèmes délicats et à restaurer leurs habitats dégradés. La science montre clairement qu’il faut donner la priorité aux aires protégées si l’on veut donner une chance au monde naturel. Si nous n’étendons pas les aires protégées et conservées à au moins 30 % de la surface de la planète d’ici à 2030, la réalisation des priorités nationales telles que l’atténuation du changement climatique, la gestion durable des terres et de l’eau, la sécurité alimentaire et énergétique et la sécurité humaine sera compromise ; c’est pourquoi nous devons agir maintenant. Certaines nations très ambitieuses, comme le Nigeria, ont déjà rejoint des coalitions internationales pour atteindre ces objectifs. Le Nigeria est membre de la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (HAC), une initiative mondiale qui préconise la désignation d’au moins 30 % des terres et des mers de la planète comme aires protégées d’ici 2030. Le Nigeria est également membre des Blue Leaders, un groupe ambitieux de pays qui s’engagent à protéger au moins 30 % de l’océan mondial grâce à un réseau mondial d’aires marines hautement et entièrement protégées d’ici à 2030, ainsi qu’à un nouveau traité mondial robuste pour protéger l’océan.
 l’approche de la 15ième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, le Nigeria appelle tous les membres de l’Union africaine à rejoindre la HAC et les Blue Leaders. Si nous ne nous rallions pas à la protection d’au moins 30 % de la planète d’ici à 2030, nous ne pourrons pas résoudre la crise de la biodiversité. Si ces initiatives sont essentielles, elles restent coûteuses et nos portefeuilles doivent être à la hauteur de notre ambition pour la nature.
Les experts indiquent que pour lutter contre la perte de biodiversité, nous devons augmenter nos investissements dans la protection de la nature de 500 à 900 milliards de dollars par an, dont la majeure partie devrait être dirigée des pays les plus développés vers les pays à revenu moyen et faible riches en biodiversité. Les investissements dans la nature donnent les résultats les plus positifs lorsque les priorités sont définies à partir de la base, les pays eux-mêmes guidant les donateurs et les partenaires de développement sur les priorités d’investissement. Les pays d’Afrique sont désireux de développer des partenariats de financement afin de maximiser l’impact de l’expansion des aires protégées pour la conservation. Nous avons une idée précise des besoins prioritaires en matière d’investissements durables dans la sous-région. Le Nigeria organisera donc un forum africain sur le financement de la nature en 2022 afin d’ouvrir le débat sur le développement de partenariats de financement et sur les possibilités pour les philanthropes et les partenaires du développement d’investir dans la restauration de la nature en Afrique.
En Afrique, nous avons le savoir-faire technique et les connaissances indigènes pour reproduire les ressources naturelles. Nous avons l’ambition et l’expertise nécessaires pour mener un effort coordonné au niveau mondial. Et nous avons la biodiversité nécessaire pour rétablir des habitats foisonnants. Ce que nous n’avons pas encore, c’est un consensus entre les nations africaines sur le fait que nous devons le faire pour nous-mêmes et que les nations riches doivent contribuer à financer nos efforts car elles en profiteront aussi.

Agriculture: Des technologies intelligentes pour lutter contre le changement climatique

Aux grands maux, les grands moyens. Face au fléau que représente le changement climatique, des chercheurs étaient en conclave cette semaine au campus d’ICRISAT, afin d’échanger en vue de développer des technologies agricoles intelligentes face à un climat capricieux.

Financé par l’ambassade du royaume de Norvège au Mali pour une période de cinq ans (2019-2024), ce projet permettra de mettre à disposition des producteurs des technologies les permettant de s’adapter aux effets du changement climatique. « Le secteur agricole est prometteur mais il peine. Notre objectif principal est d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ce qui nous amène à introduire des technologies et innovations, parallèlement la mise en échelle de celles déjà existantes se poursuivra »  détaille Linderman Ole Andreas, ambassadeur du royaume de Norvège au Mali.

« Au moins 20 000 ménages ruraux devraient être les bénéficiaires directs des interventions dans quatre régions du Mali (Koulikoro, Kayes, Sikasso et Ségou) » précise un document de présentation du projet.

En chiffres, les activités de ce dernier devraient entrainer une augmentation de 20% du rendement des cultures, une augmentation de 15% du revenu des ménages, un renforcement de 250 entreprises agricoles, la facilitation pour la création de 100 nouvelles entreprises et une formation de 600 jeunes diplômés ruraux dans l’agroalimentaire. Coordonnée par l’Institut international pour l’agriculture tropicale (IITA) en partenariat avec plusieurs instituts dont IER, ICRISAT et NIBIO en outre (Norvégien), le projet ambitionne une large diffusion de technologies intelligentes et une recherche efficiente visant à développer de nouvelles innovations. Mais, tel que souligné par certains acteurs, la mise à disposition de ces différentes produits ‘’résistants’’ aux profits des producteurs posent débat. Les initiateurs du projet se sont donc engagés à rendre accessible notamment de par une revue des coûts les produits aux acteurs du monde agricole.

Ces derniers pourront de même,  protéger leurs ressources naturelles, accroitre leurs revenus.  « Les indicateurs n’allaient pas dans le bon sens, mais avec des bonnes idées et de la volonté, nous pourrons combattre le changement climatique » assure l’ambassadeur norvégien. Acte donc.

Fortes pluies : Le changement climatique en cause ?

99 millimètres de pluie à Goundam, plus de 50 mm à Diré, de nombreuses précipitations à Kirina. De fortes pluies ont fait des dégâts dans certaines localités du Mali. Ces précipitations inhabituelles pourraient être dues au changement climatique.

Y a-t-il une corrélation entre les fortes pluies et le changement climatique ? Les plus « trumpistes » vous diront sûrement que non. Difficile toutefois de mettre sur le compte de la malchance ou du pur hasard les « bizarreries » climatiques que connait la planète depuis quelques années. Des chercheurs allemands du Postdam Institute for climate reasearch impact affirment que le dérèglement climatique cause une altération de la mousson africaine. Ils prédisent que le centre du Mali pourrait recevoir autant de pluie que le nord du Cameroun ou le centre du Nigéria, qui se caractérisent par un climat tropical. « L’ampleur du changement nécessite une attention urgente », prévient l’un des chercheurs. Beaucoup plus d’eau peut être stockée dans l’atmosphère lorsque les températures augmentent, et cette humidité supplémentaire peut être libérée lors de fortes précipitations à court terme.

Pour évaluer la tendance, les chercheurs de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur le climat (PIK) se sont appuyés sur une analyse statistique des données pluviométriques entre 1901 et 2010, provenant de milliers de stations météorologiques à travers le monde. Conclusion principale : entre 1980 et 2010, il y a eu 12% d’événements extrêmes en plus que dans un climat stationnaire (c’est à dire sans réchauffement climatique).

Mali-météo, dans ses prévisions de juin à septembre 2018, avait déjà alerté sur le risque d’inondations. Assurant qu’il est associé à la fois au débordement des cours d’eaux et aux pluies intenses, la structure en charge des questions météorologiques avait fait un certain nombre de recommandations. Elle affirme que les pluies de cette année ont déjà dépassé celles enregistrées en 2017, alors qu’il reste encore quatre mois avant la fin de 2018.

Difficile désormais pour les experts de prévoir avec certitude les conditions pluviométriques. « Le changement climatique crée un bouleversement de la température. Le chiffre d’eau attendu est parfois plus ou moins élevé que ce qui était prévu. On est parfois surpris » explique Jean Paul Tchapebong, 2ème Vice-président de Climats-Mali.

Tous responsables

« Nous sommes les premiers acteurs de la modification du climat. Il est vrai qu’il y a les phénomènes naturels, mais c’est d’abord nous les responsables », accuse Tchapebong. Il en appelle à une prise de conscience de la population afin de « contenir » le phénomène. « C’est lors de la survenue de catastrophes, avec les sinistres que cela engendre, que les gens se rendent compte que les choses ne tournent pas comme elles le devraient » conclut-il.

Le Réseau Climat et Développement en atelier annuel à Bamako

Le 12e atelier annuel du Réseau Climat et Développement (RC&D) s’est ouvert lundi 18 juin à Bamako. Rassemblant plusieurs organisations de la société civile francophone, la rencontre s’inscrit dans une série de réflexions lancée depuis quelques années par le réseau autour essentiellement de l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris.

L’objectif général de cette rencontre est de renforcer les capacités et la compréhension des associations africaines francophones sur la planification climatique et énergétique au niveau local. Mais spécifiquement, ce 12e atelier du RC&D vise entre autres à faire le bilan de la COP23, ainsi qu’à identifier les enjeux politiques au niveau national et international pour les prochains grands rendez-vous mondial de l’année 2018, notamment le dialogue Talanoa, le sommet des acteurs non-étatiques et la COP24.
Ce 12e atelier annuel dont le thème s’intitule « Mieux planifier le développement local pour assurer la mise en cohérence avec les CDN (Contributions Déterminées Nationales) et l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris », entend mettre l’accent sur le rôle important de la planification climatique et énergétique à l’échelle locale dans la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris. « Nous sommes réunis ici pour réfléchir à des stratégies à adopter pour pouvoir partager les préoccupations de nos communautés qui sont les plus affectées par le changement climatique » a indiqué M. Joseph Kogbe, coordonnateur du Réseau Climat et Développement.
Pour le représentant du Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement global, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de l’atelier, la lutte contre le dérèglement climatique doit passer par un engagement des sociétés et ne peut pas dépendre uniquement des choix gouvernementaux et des décisions politiques.


A l’issu des travaux de l’atelier qui prendront fin le 22 juin prochain, des recommandations seront formulés à l’endroit des organisations de la société civile pour les aider à mieux accompagner le développement local dans la perspective du développement durable mais aussi dans l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris. « Nous allons aussi formuler des propositions pour les négociateurs au niveau international en vue de la COP24 » a précisé M. Joseph Kogbe.
Le réseau Climat et Développement est une plateforme des organisations de la société civile francophone, rassemblant plus de 70 associations (ONG de terrain et de plaidoyer) sur les changements climatiques dans plus de 22 pays majoritairement africain. Il a été créé en 2007 pour renforcer la voix francophone et la prise en compte des communautés locales dans les négociations internationales sur le climat.

ONG : Au-delà de l’humanitaire

Les organisations non gouvernementales, contrairement à ce qui à priori peut venir à l’esprit quand on les évoque, n’opèrent pas que dans l’humanitaire. Leurs domaines d’intervention sont aussi nombreux que diversifiés. Petit tour auprès de quelques-unes, présentes sur le territoire malien, qui, hors côté « traditionnel », ont choisi de servir dans d’autres secteurs. 

Climate Mali, qui est une représentation locale de l’ONG Climate International, basée en France, est une association de jeunes qui œuvrent dans la recherche de solutions pour lutter contre le changement climatique. Lancée depuis 2014, elle reçoit son récépissé officiellement en 2015 auprès du gouvernement malien.

Montrer leur rôle dans les prises de décisions internationales et pour toute politique en rapport avec les changements climatiques et informer l’ensemble de la population malienne sur ces derniers, tels sont certains des objectifs que poursuit l’association. « Notre différence réside dans notre dynamisme et notre détermination, nous sommes tout le temps dans les activités, même avec peu de ressources. Ce que nous faisons est à la portée de nos populations, nous le faisons ensemble, avec les personnes visées », explique Safiatou Traoré, Directrice de Climate Mali.

L’ONG a contribué à changer la mentalité de beaucoup de jeunes sur les questions de changement climatique. « Les informations que nous véhiculons sont bien reçues parce que, à chaque fois que nous repassons voir les populations, nous remarquons l’impact positif », déclare Safiatou Traoré.

Autre organisation, le National Democratic Institute (NDI), une ONG non partisane et à but non lucratif qui soutient les institutions et les pratiques démocratiques dans toutes les régions du monde depuis plus de trois décennies. Œuvrant depuis 1996 au Mali, elle a fourni une assistance technique à ses partenaires pour améliorer l’éducation des électeurs, l’observation des élections nationales, la surveillance législative, les processus électoraux, politiques, institutionnels et de réformes, ainsi que le dialogue entre les partis et la participation politique des femmes.

S’appuyer sur les campagnes et les plaidoyers pour lutter contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables en Afrique en suscitant la prise de conscience du grand public et en faisant pression sur les dirigeants politiques pour qu’ils soutiennent des programmes efficaces d’aide, telle est, pour sa part, la mission principale de l’ONG ONE Campaign, dont la représentation au Mali est effective depuis 2015.

Que ce soit sur le plan humanitaire, environnemental, social ou économique, entre autres, l’apport positif de ces ONG fait l’unanimité auprès des bénéficiaires.

     

FENA : Un rendez-vous pour la préservation de l’environnement

Le Forum Environnemental National s’est achevé ce vendredi 16 février 2018 au Parc National de Bamako.  Les différents acteurs se sont épanchés durant 48 heures sur le thème « La finance climatique, la transition énergétique et les emplois verts pour une paix durable au Mali ». Cette 7ème édition organisée par  l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa (MFC Nyetaa) assurant le secrétariat de « Réso Climat Mali » en collaboration avec le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable a été un véritable cadre de concertation et d’incitation à l’action gouvernementale.

Les travaux de ce forum  ont débuté jeudi 15 février et sont poursuivis vendredi dans la salle de conférence du  Parc National, entièrement décorée en vert pour l’occasion. La projection du film documentaire sur le pacte environnemental qui a  reçu la signature de plusieurs candidats à la prochaine élection présidentielle a plongé l’assistance dans le vif du sujet. Le pacte dont il est question a pour objectif de contribuer à la valorisation des ressources naturelles et la promotion d’un environnement sain pour un développement durable et équitable pour tous au Mali.

Soulignant le bien fondé de l’organisation du forum, Dr Ibrahim Togola, Président de « Réso Climat Mali » explique : « C’est le lieu, entre les collectivités, les  populations, acteurs de la société civile de s’asseoir avec le gouvernement pour échanger autour des défis auxquels nous sommes confrontés. » «  Ce partenariat diversifié et multi-acteurs est  la manifestation d’une même vision et de l’intérêt commun que nous avons tous pour la préservation de l’environnement, de la lutte contre les effets  néfastes du changement climatique », déclarait pour sa part le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable Keita Aida M’Bo.

Au total, quatre panels de discussions se sont tenus durant ces deux jours autours de différents sous-thèmes entres autres « La finance climatique : Enjeux et Perspectives pour la mise en œuvre des engagements (CDN, ODD) du Mal0i » et  «  Le rôle des acteurs (Etat/Collectivités/Communautés) face aux défis climatiques et la transition énergétique ». Ambassadeurs, ministres, représentants d’ONG, représentants de communautés entres autres ont poussé les réflexions dans chaque panel.

La synthèse des discussions a été ressortie par la déclaration finale du forum. « Nous reconnaissons le chemin parcouru par le FENA depuis sa mise en place en 2006 et les efforts déployés par tous les acteurs. Nous nous engageons à faire ce dernier un véritable outil permanent de plaidoyer pour les opportunités de financement pour la lutte contre le changement climatique, la gestion des ressources naturelles et la prévention des risques, des conflits et des migrations. Nous demandons au Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable de fournir d’avantages d’efforts pour améliorer les capacités de perceptions, de recherches, de financement sur le changement climatique » déclare le forum.

Le « Réso Climat Mali » regroupe une centaine d’ONG et associations dont la plupart ont pris part au forum. Les participants à cette 7ème édition du FENA se sont réjouis du forum et exprimé leur souhait de pérennisation de ce rendez-vous environnemental. « C’est une bonne chose de parler du changement climatique et d’aider  la population à en prendre conscience » confie Bamba Nabintou, étudiante à l’institut agro-pastoral de Bougouni.

Le Forum Environnemental National (FENA) est un rendez-vous qui se tient tous les deux ans depuis 2006 au Mali.