Quel avenir pour Soro ?

La rumeur courrait depuis plusieurs jours déjà  et les réunions entre les dirigeants politiques et le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara laissaient présager d’un changement au sommet. Et C’’est à  l’issue du Conseil des Ministres de ce 08 mars 2012 qu’il l’a lui-même annoncé. l’ex-leader estudiantin, l’ex-chef de guerre, patron des Forces Nouvelles, vient d’abandonner ses habits de Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire. En une vingtaine d’années, Guillaume Kigbafori Soro est devenu un acteur incontournable de la vie politique de son pays. Celui que ses camarades appelaient « Bogota » ou encore le « Che », l’une des personnalités les plus controversées de son pays, aura marqué l’histoire. Sa démission de la tête du gouvernement ouvre une nouvelle ère pour la Côte d’Ivoire mais aussi pour sa carrière personnelle. Alors, vers o๠le vent et surtout son ambition que l’on sait grande vont-ils le porter désormais ? Président de l’Assemblée Nationale ? Guillame Soro ne va certainement pas rester en marge des cercles de pouvoir. Celui que l’on voyait président de la Côte d’Ivoire, il ya quelques années et malgré son jeune âge, semble justement vouloir se donner du temps pour arriver vers les sommets qu’il ambitionne. Fraichement élu député à  l’Assemblée Nationale ivoirienne pour le compte de la circonscription électorale de Ferkessédougou-commune, Soro alias Bogota, de son nom de guerre du temps de la Fédération des étudiants et scolaires de Côte d’Ivoire, la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), entend monter au perchoir. Ses partisans sont à  pied d’œuvre pour convaincre les députés de voter pour lui lors de l’élection du Président de l’Assemblée Nationale qui devrait avoir lieu dans les prochains jours. Sa stature politique et surtout son bilan à  la tête du Gouvernement qui a réussi a amorcé la relance après la longue crise politique puis la guerre après les élections de 2010, plaideront certainement en sa faveur. En recevant sa démission, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara lui a rendu hommage, saluant le rôle qu’il a « joué pour le rétablissement de la démocratie » dans le pays. « Vous avez fortement contribué à  la mise en œuvre de l’accord politique de Ouagadougou. Grâce à  vos efforts inlassables, vous avez amené la Côte d’Ivoire à  des élections libres et transparentes en 2010, » a rappelé Ouattara qui affirme que l’ancien premier ministre est un homme de rigueur et de discipline comme il l’a démontré face à  la grave crise qu’a connue la Côte d’Ivoire. Justice internationale ? Miais une ombre plane au dessus de sa tête. Son passé de chef de guerre pendant la rébellion des Forces nouvelles, puis les nombreuses exactions commises par « ses hommes » lors du conflit post-électoral de 2010-2011, intéressent de très près la justice internationale. La Cour Pénale Internationale a autorisé des enquêtes sur toutes les violences politiques commises depuis 10 ans dans le pays. Les conclusions de ces enquêtes peuvent être compromettantes pour Guillaume Soro. Car nombreux sont les ivoiriens qui l’accusent d’avoir créé et dirigé des milices qui ont semé la terreur aux heures les plus sombres de l’histoire de son pays. En tout état de cause, il sera difficile de le poursuivre dans un avenir très proche puisqu’il jouit à  présent de l’immunité parlementaire. Une chose est sure, le nom de Guillaume Kigbafori Soro restera gravé dans les annales de son pays. Tant pour son envergure politique que les valeurs qu’il a défendu, liberté, démocratie, depuis son plus jeune âge, sur les bancs de l’Université d’Abidjan Cocody. l’homme veut maintenant se reposer, se reconstruire et surtout accorder plus de temps et d’attention à  sa famille qui selon lui, a énormément souffert de sa position ses dernières années. Et, comme il l’a dit pour conclure le discours qu’il a fait en ce 8 mars après sa démission, « laissons le destin s’accomplir »Â…

Mamadou Koulibaly lâche le FPI

Est-ce le début de la fin pour le FPI ? Depuis la chute du régime Gbagbo, il y a quelques mois, nombreux sont ceux qui prédisaient son éclatement. La démission de Mamadou Koulibaly, numéro par intérim du parti est perçue comme le premier acte de cette descente aux enfers. Ce dernier a fait part de cette décision au cours d’une conférence de presse qu’il a animée ce 11 juillet à  l’Assemblée nationale. «Mon engagement au sein du FPI étant allé jusqu`à  l`épuisement, de toutes les possibilités compatibles avec mes convictions, j`ai décidé d`y mettre un terme», a-t-il dit. Mamadou Koulibaly déplore que «suite au cataclysme que nous venons de vivre, la haute Direction du FPI refuse toujours un congrès bilan et exclut tout changement, même indispensable, qui, pourrait selon elle, l`affaiblir y voyant une traitrise envers les camarades emprisonnés et exilés». Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée Nationale était devenu le n°1 du FPI par intérim après la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril dernier. Un nouveau parti pour mieux partir Ce départ ne met pas fin à  la carrière politique de l’ex-cadre du FPI. Il a annoncé au cours de sa conférence la création d’un nouveau parti politique qui participera aux élections législatives prévus pour la fin de l`année 2011. «J`agirais au sein d`un parti en création dénommé Liberté et démocratie pour la république (LIDER)». Le nouveau Président du Lider a, par ailleurs, dénoncé des actions souterraines de certaines personnes qui vont mener le FPI à  sa perte. «La Direction du parti cherche surtout à  préserver des chasses gardées personnelles ou au détriment de l’intérêt général et masque sa propre trahison envers nos militants, nos idéaux, la Côte d`Ivoire et la cause africaine », dira-t-il. D’autres cadres du parti envisagent de quitter la formation soit pour rejoindre le LIDER de Mr Koulibaly, soit d’autres partis. Des cadres du FPI (au moins cinq) que nous avons joints au téléphone, sous couvert de l’anonymat, ont soutenu qu’ils prenaient acte de la déclaration de Mamadou Coulibaly. «Beaucoup de cadres veulent se sentir libérer et a confié l’un d’entre eux sous couvert de l’anonymat. « J’ai pris cela pour de la blague Au sein du FPI, C’’est l’incompréhension qui prévaut au niveau des instances dirigeantes. Le secrétaire général du parti, Miaka Ouretto a confié à  des confrères ivoiriens que le samedi dernier en Assemblée générale extraordinaire, « nous avons parlé d’autres choses ». « C’’est après la réunion, qu’il a dit, de côté, que : « moi, je rends ma démission. J’ai pris cela pour de la blague. Et je lui ai dit, bon écoute, je te rappelle le soir ou je passe chez toi pour en parler. J’entendais l’en dissuader ». Pour lui « Mamadou Koulibaly est grand intellectuel qui a sa position, sa lecture de politique et ses opinions à  lui. Je pense que C’’est assez regrettable. Il avait plusieurs fois lancé, comme ça, qu’il allait créer son parti. Nous avons pris cela pour de la plaisanterie. Et nous avons essayé de le dissuader. Lors de réunions avec des structures du parti, beaucoup de camarades avaient estimé que C’’était pour une question de légitimité, on n’avait pas besoin d’aller au congrès. Et en tant que président intérimaire, il pouvait prendre les décisions qu’il voulait ».

Coup de tonnerre chez les DAF !

Cherche-t-il à  redorer son blason terni par des hommes aux pratiques corrompues ? A moins d’une année de la fin de son mandat à  la tête du pays, ATT a commencé à  nettoyer à  grande eau les écuries d’Augias. Ces derniers temps, l’on est tenté de déduire que tout semblait aller mal au niveau des différents départements ministériels. Démission du Gouvernement, limogeage des DAF… Selon une proche de la présidence, la liste risquera de s’allonger, et pour cause, ATT n’aspire qu’à  une sortie honorable. Persuadé des nombreuses incartades et irrégularités commises par les DAF sous le Gouvernement sortant, ATT veux finalement assainir la sphère financière. « Surveillez vos DAF ! », avertissait-il lors du tout premier conseil des ministres. Cela n’a pas suffit. En effet, à  l’issue du Conseil des ministres d’hier, le chef de l’Etat a purement et simplement limogé les DAF de ses départements ministériels. Comme un coup de tonnerre, cette décision du Chef de l’Etat paraissait comme une évidence. Considérés comme les deuxièmes personnalités après les ministres, les Directeurs Administrateurs et Financiers (DAF) étaient en passe de ravir la vedette aux ministres, en ce sens qu’ils entraient en connivence avec des particuliers de tout acabit, et composaient financièrement avec eux. En effet, les Directions administratives et financières constituent le service névralgique des départements. Toute chose qui a poussé ATT à  ne pas négliger cette structure. C’est là  que circule l’argent. ATT déplorait le fait que plus de gens s’adressaient aux DAF plutôt qu’au ministre lui même. Samedi dernier, éntretenant les nouveaux ministres sur les pièges qui les attendent dans l’exercice de leurs fonctions, ATT avait longuement déploré la toute-puissance et les dérives des Daf. C’est pourquoi, il insistait sur la nécessité de bien gérer les ressources allouées aux ministères. Acculés jusqu’à  son dernier retranchement, ATT n’a opté que pour leur limogeage histoire de ne pas assister à  un grabuge à  l’orée des élections générales de 2012. Il revient aux nouveaux ministres de nommer des DAF dont l’intégrité morale est certifiée et la neutralité politique tant souhaitée par le chef de l’état. ATT est un homme inquiet qui craint fin de son mandat. Misant sur une sortie honorable, loin de celle déplorable de Mr de Gbagbo, à  laquelle le monde entier vient d’assister, il semble déterminé à  ne négliger dans la bonne gouvernance de son pays.

Philippe Dacoury Tabley : « La politique est entrain d’entrer à la banque »

Les dessous d’une démission attendue Cela devait être une des mesures phares de ce sommet de Bamako. Philipe Henry Dacoury Tabley a été limogé de son poste de gouverneur de la BCEAO. Sous la pression de chefs d’Etat ouest-africains réunis en sommet à  Bamako le gouverneur de la banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest, proche du président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, a démissionné samedi. Selon le communiqué final des chefs de ‘l’Etat de l’union économique et monétaire ouest africaine Philippe-Henry Dacoury-Tabley a présenté sa démission de lui-même. Le même communiqué indique qu’Alassane Ouattara, reconnu comme le président de la Côte d’Ivoire par la communauté internationale, devait désigner un candidat au poste de gouverneur de la BCEAO. Il était reproché à  M. Dacoury-Tabley de ne pas avoir appliqué une décision de l’UEMOA datant du 23 décembre lui intimant de donner à  Alassane Ouattara tous les pouvoirs de gérer au nom de son pays les affaires liées à  cette institution et à  la BCEAO. Une telle décision signifie en particulier que M. Ouattara et ceux qu’il a désignés sont les seuls habilités, au nom de leur pays, à  avoir accès aux comptes ivoiriens de la banque centrale ouest-africaine. Or, de 60 à  100 milliards de francs CFA ont été décaissés par la BCEAO en faveur du régime Gbagbo depuis cette date. Toute chose qui a provoqué l’ire des chefs d’Etat qui ont décidé de faire partir le gouverneur. Se disant déçu par cette décision des chefs d’Etat, Philipe Henry Dacoury Tabley a déclaré que l’incompréhension a pris le pas sur l’union. Lors d’une interview accordée aux journalistes, quelques minutes après qu’il ait rendu sa démission, le désormais ex-gouverneur a donné des détails sur les circonstances qui ont conduit à  la présente situation. Des difficultés insurmontables et un climat délétère à  la Banque « Le 23 décembre 2010, le président de la conférence des chefs d’Etat a demandé une réunion extraordinaire du conseil des ministres de l’Union à  Bissau, à  l’effet de se prononcer sur les événements en Côte d’Ivoire. A la Bcéao, durant un mois, nous avons résisté aux appels incessants, aux pressions qui nous demandaient de nous prononcer sur la validité de l’élection de tel candidat. Nous nous sommes dit que la Banque centrale n’est pas un organe politique, n’a pas à  proclamer les résultats d’une élection. Le 23 décembre, le conseil des ministres a pris la décision politique de reconnaà®tre Alassane Ouattara comme président légitime de la Côte d’Ivoire. Dès cet instant, la Banque centrale qui est un organe de l’Union a pris acte de la décision et s’est inscrite dans l’application de cette décision. Nous avons à  partir de là  écrit au gouvernement légitime pour qu’il nous envoie des représentants dans les organes de la Banque centrale. Ce qui a été fait. Cependant, l’action concernant la signature au sein de la Banque centrale des nouvelles autorités, a rencontré des difficultés majeures liées à  la situation sécuritaire et au fait que le pouvoir en place détient toujours l’ensemble des rouages de l’Etat. Dans ces conditions, il était parfaitement impossible à  la Banque centrale d’appliquer la totalité des décisions prises par le conseil des ministres à  Bissau. La Banque n’est pas la seule institution dans ce cas. […] A ce stade, il nous a été demandé certaines requêtes parce que le pouvoir légitime ne comprenait trop pourquoi s’arrêter à  ces difficultés. On a donc demandé que je limoge mon directeur national. J’ai indiqué qu’il a fait son travail et qu’il m’était difficile de le limoger […] Le 17 janvier, J’ai à  nouveau fait un rapport intérimaire pour indiquer les difficultés rencontrées sur le terrain et le soutien absolu qu’il convient de donner à  la Banque centrale pour qu’elle puisse appliquer effectivement sur le terrain les décisions de Bissau. On m’a répondu que ces difficultés étaient si énormes qu’il fallait les rapporter à  la conférence des chefs d’Etat. Ce qui nous vaut notre présence. J’ai fait un rapport à  la conférence. J’ai indiqué ces difficultés qui sont liées à  des questions sécuritaires. Parce que vous ne pouvez pas vouloir appliquer des décisions qui vont à  l’encontre d’un pouvoir qui est encore en place. Les décisions s’appliquent avec l’assentiment des uns et des autres. Nous ne pouvons pas exécuter les décisions alors que ceux auprès de qui l’on doit les exécuter y sont totalement hostiles. Voilà  les difficultés que nous avons relevées. Face à  l’incompréhension de ces explications, face au fait que les uns et les autres n’arrivent pas à  bien saisir ce qui s’est réellement passé o๠ce qui se passe réellement sur le terrain, nous avons accepté la démission qui nous a été demandée. » « J’espère que les jours à  venir ne seront pas sombres pour l’UEMOA « Je voudrais dire que je suis profondément attristé pour l’institution que J’ai servie pendant 35 ans. Il y avait mieux à  faire que ce qui a été fait. Je reste attaché à  cette institution. Je crois à  l’Union monétaire et J’espère que les jours à  venir ne seront pas sombres pour elle. Et que nous pourrions commencer cet idéal d’intégration que nous avons commencé. Il est indispensable de le consolider. J’y tiens énormément. C’’est la seule tristesse que J’ai eu en rendant la démission qui m’a été demandée. Parce que la politique est en train de rentrer à  la Banque centrale » a-t-il dit pour conclure. A signaler que sa position comme gouverneur de la BCEAO, poste qu’il occupait depuis deux ans, était en outre devenue intenable au lendemain des sanctions qui lui ont été infligées vendredi dernier par l’Union européenne (UE), à  savoir, interdiction de voyager et gel de ses avoirs. Il est venu s’ajouter à  la liste de près de 90 personnes, dont Laurent Gbagbo lui-même, frappées par ces sanctions. Sa démission forcée représente une victoire pour le camp d’Alassane Ouattara qui était représenté à  Bamako par son Premier ministre Guillaume Soro, seul à  représenter également la Côte d’Ivoire.