Militaires ivoiriens interpellés à Bamako : Abidjan soutient que c’est dans le cadre des opérations de la NSE

Dans l’affaire des militaires ivoiriens interpellés à Bamako le 10 juillet 2022, malgré la contradiction portée par la Minusma, le gouvernement ivoirien continue de soutenir que ces militaires ivoiriens sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne et se trouvaient au Mali, dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE).

Depuis le 10 juillet

Tout a commencé le 10 juillet 2022 avec une rumeur selon laquelle, des militaires ivoiriens seraient arrivés au Mali sans autorisation. La rapidité des réseaux sociaux a vite réajusté la nouvelle qui est devenue virale en précisant cette fois le nombre de ces derniers 49.

Le 11 juillet …

Toujours dans la même affaire, le lendemain, c’est-à-dire le 11 juillet, à travers un billet d’écrou, le Sergent-chef Lassana F. Diarra de la Police de l’Air et des Frontières a écopé d’une sanction disciplinaire d’arrêt de travail de quelques jours avec « demande d’augmentation à purger dans les locaux disciplinaires de l’Ecole Nationale de Police », pour avoir véhiculé à travers les réseaux sociaux des informations au format audio sur « l’arrivée non annoncée d’un contingent militaire ivoirien survenu à l’aéroport el 10 juillet alors que les investigations sont en cours ». Le même jour, sur le compte twitter officiel du porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado, l’on peut lire que les « soldats interpellés hier dimanche à l’aéroport de Bamako ne font pas partie de l’un des contingents de la Minusma. » Il précise que « ces soldats sont déployés depuis plusieurs années au Mali dans le cadre d’un appui logistique pour le compte de l’un de nos contingents » avant de rejouter que « les relèves des contingents de la Minusma sont planifiées et s’effectuent en accord avec les autorités maliennes ».

Le 12 juillet …

Le 12 juillet 2022, les autorités de transition dans un communiqué détaillé ont précisé que le dimanche 10 juillet « entre 11 heures et 13 heures, deux aéronefs immatriculés ZS-BBI et UR-CTH, en provenance de la République de Côte d’Ivoire, transportant quarante-neuf (49) militaires ivoiriens avec leurs armements et munitions de guerre, ainsi que d’autres équipements militaires, ont atterri à l’Aéroport International Président Modibo KEITA Sénou ». Dans le communiqué numéro 34 du gouvernement il est précisé que ces militaires ivoiriens « se trouvaient illégalement » sur le territoire malien.   Leurs armements ont été saisis par les autorités et sur la majorité de leurs passeports étaient inscrites étudiant, chauffeur, maçon, mécanicien, vendeuse, électricien, vigile, peintre pour dissimuler leur profession réelle informent les autorités. Le gouvernement parle de la non information de ce déploiement par les « canaux officiels » entre autres.

Dans un tweet, le colonel Assimi Goita a indiqué que lors de l’entretien téléphonique qu’il a eu avec le Secrétaire général Antonio Guterres relatif à cette affaire, il a réitéré la nécessité pour les partenaires de respecter la souveraineté du Mali.

Le 14 juillet …

Au Mali, le gouvernement de Transition a annoncé la suspension de toutes les rotations de contingent militaire et policier de la Minusma y compris celles déjà programmées ou annoncées, dès ce jeudi 14 juillet 2022. Les autorités assurent qu’elles travailleront de concert avec la Mission onusienne « en vue de réunir les conditions propices à la levée de cette mesure suspensive de la rotation ». En réponse à cette communication, le Mission par la voix de son porte-parole Olivier Salgado « prend note de cette communication et est prête à engager sans délai les discussions prévues » à cet effet lit-on sur twitter. 

Depuis le 10 juillet, plusieurs documents authentifiés et non authentifiés circulent sur la toile sur la toile.

Idelette BISSUU

 

 

 

 

 

Levée des sanctions : l’heure de la relance économique

Soumise à une crise multiforme depuis plus d’une décennie, l’économie malienne doit faire face à de nouveaux défis qui contrarient sa croissance. À la crise politico-sécuritaire se sont ajoutés les effets de la pandémie de Covid-19, aggravés par une crise institutionnelle, en 2020, qui a conduit à un embargo imposé par la CEDEAO et l’UEMOA le 9 janvier 2022. Si sa levée, le 3 juillet 2022, a constitué une bouffée d’oxygène, l’embargo a encore remis en cause les espoirs d’une reprise économique dans un contexte de crise internationale à laquelle le Mali doit s’adapter.

Les défauts de paiement occasionnés notamment par le gel des avoirs de l’État du Mali, les entraves à la libre circulation des biens et des personnes à la suite de la fermeture des frontières, les pertes en termes de dépenses sociales ou d’investissements public, le renchérissement du coût de la vie sont quelques-unes des conséquences auxquelles ont abouti les sanctions économiques et financières imposées par la CEDEAO au Mali le 9 janvier dernier. Elles ont duré près de six mois. Le Mali vit aussi depuis 2012 une crise humanitaire, avec plus d’un million de déplacés internes et près de 3 millions de personnes en insécurité alimentaire. Le pays, qui avait connu une récession économique en 2020 suite à la pandémie de Covid-19, a enregistré un léger mieux en 2021 avec 3,1% de croissance et des prévisions de 5,2% pour 2022 compromises suite aux sanctions et révisées à environ 3%.

L’inflation a atteint 6,8% dans la Zone UEMOA, en raison notamment de la hausse du carburant, qui détermine généralement les autres prix à la consommation. Selon la note mensuelle de conjoncture économique des pays de l’UEMOA et de la BCEAO datée de juin 2022, il faut noter « une accélération du rythme de progression de l’inflation, en glissement annuel, à 6,9% en juin et juillet 2022 ». Une remontée des tensions inflationnistes qui « s’expliquerait par la persistance du renchérissement des produits pétroliers et alimentaires induit par l’envolée des cours mondiaux, aggravée par la crise russo-ukrainienne ». Des prix des carburants qui ont enregistré une seconde hausse en juin 2022. La note mensuelle précise que le litre de super au Sénégal a grimpé de 15%, contre 5,8% en Côte d’Ivoire. Au Mali, cette hausse était de 6,5% et 6,4% respectivement pour le super et le gasoil en juin 2022.

Effets à long terme

Si la levée effective des sanctions financières imposées par la CEDEAO et l’UEMOA au Mali a mis un terme au gel des avoirs de l’État malien et des entreprises publiques et parapubliques auprès de la BCEAO, ainsi qu’au blocage des transferts de même que l’accès de l’État malien aux systèmes de paiement de la zone, ces «  sanctions économiques, financières et commerciales ont paralysé l’économie du pays durant 6 mois et empêché l’État et les banques maliennes d’honorer leurs engagements vis à vis de leurs créanciers », rappelle M. Modibo Mao Makalou, économiste. Ainsi, après la mise en place des sanctions, la dette intérieure s’élevait à 346 milliards de francs CFA pour les titres des marchés publics (TMP) en 2022.

Particulièrement touché, le secteur des transports, considéré à juste titre comme névralgique pour le système économique d’un pays enclavé comme le Mali, continue d’envisager les voies idoines pour faire face à ses défis. Au cœur de tout l’économie malienne, il a vécu « avec beaucoup de difficultés la fermeture des frontières, qui a crée des préjudices énormes, provoqué l’immobilisation de véhicules et s’est ajoutée à la crise de Covid-19 », témoigne M. Djibril Tall, Secrétaire général de la Confédération patronale des transporteurs et Conseiller spécial de son Président.

Cette situation, qui a fortement impacté l’exploitation du parc automobile, a aussi porté un coup dur à « la politique de renforcement des capacités des transports du Mali, dont 80% sont des transports inter États ». S’ils ont accueilli avec « beaucoup de joie la levée de l’embargo », c’est avec responsabilité que ses acteurs s’apprêtent à faire face aux défis de l’approvisionnement du Mali. Sans occulter les difficultés occasionnées. En effet, assujettis à la fiscalité, les transporteurs soulignent que 6 mois d’inactivité ont sérieusement impacté « le compte d’exploitation des véhicules et les engagements envers les services financiers », l’immobilisation des véhicules étant préjudiciable à leur qualité technique. Et, au delà de l’embargo, la crise mondiale, qui a engendré l’augmentation du coût du carburant, constitue un facteur supplémentaire de difficultés, alors que les huiles de pétrole sont le premier produit d’importation du pays et représentaient 27% en 2020. Derrière, le ciment, avec 4%, principalement importé du Sénégal. Ses prix ont pris l’ascenseur avec les sanctions, atteignant même 150 000 francs CFA par endroits la tonne. Les prix ont certes baissé, mais ne sont pas revenus à la normale, soit 95 000 francs CFA avant l’imposition des sanctions. Ce retour à la normale, les hôteliers le projettent pour dans quelques mois. Eux dont le secteur a beaucoup souffert également du fait de la fermeture des frontières et de la non desserte du pays par de nombreuses compagnies aériennes de la sous-région.

Relance problématique

L’économie du Mali est la 5ème de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur 15 et la 3ème de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) sur 8 pays. Pour l’économisme Modibo Mao Makalou, la relance de l’économie malienne doit essentiellement passer par l’utilisation de « la politique budgétaire ou fiscale, qui constitue le meilleur instrument de politique économique conjoncturelle ». Il s’agira notamment, à travers les dépenses publiques, de cibler les secteurs-clés et les services de base essentiels, comme l’agriculture, l’éducation, la santé, la protection sociale, l’eau potable, l’industrie, les logements, le développement urbain et l’assainissement. Or, pour y parvenir, il faut des changements structurels profonds, qui prennent du temps, plusieurs années souvent. Avec les sanctions, le Mali s’est tourné vers les ports de Nouakchott et de Conakry pour acheminer son coton, qui passait principalement par Abidjan. Certains spécialistes dans ce domaine ont pris note des solutions alternatives mais n’y ont pas forcément adhéré, la faute aux difficultés et aux coûts supplémentaires de ces changements de ports. L’économie du pays est fortement dépendante de l’extérieur. Selon la Banque mondiale, en 2020 le commerce international représentait 65% du PIB du Mali, avec comme trio de tête à l’exportation l’or, à plus de 72,9% en 2019, le coton et les animaux vivants, dont les flux de déplacement ont sévèrement pâti des sanctions. Ces dernières ont pesé sur nos voisins également. Près de 23% des exportations sénégalaises sont destinées au Mali. Elles étaient estimées à 62 milliards de francs CFA en janvier dernier et ont baissé de 30 à 60%. Ces conséquences pourraient s’étendre à long terme aux entreprises sénégalaises, redoutent ces dernières

Quelles pistes ?

Plutôt qu’un changement de partenaires, les économistes préconisent un renforcement et une amélioration des partenariats du Mali. Enclavé, mais entouré de pays bénéficiant d’une façade maritime, le pays devrait s’appuyer sur des partenariats riches et diversifiés. D’autant que les économies des pays qui appartiennent aux mêmes communautés économiques régionales sont interdépendantes. Pour transformer ces moments de crise en opportunités et « afin de se prémunir contre les chocs exogènes, le Mali devrait diversifier son économie, en créant plus de valeur ajoutée, tout en favorisant le désenclavement intérieur et extérieur et en multipliant les corridors au sein de la CEDEAO », conclut M. Makalou. Des choix structurels s’imposent pour notamment transformer certaines des matières premières du pays, comme l’or, dont le niveau de transformation n’atteint pas 1% aujourd’hui, et aussi le coton, qui en est à environ 2%, ce qui est jugé famélique. Des spécialistes jugent que certains secteurs très touchés, comme le transport et le BTP, doivent bénéficier de subventions pour vite se remettre en selle. « Quand le BTP va, tout va », a-t-on coutume d’entendre. Pour les transports, Djibril Tall espère un système intégré, regroupant tous les acteurs concernés, pour faire face aux tracasseries ainsi qu’à l’influence négative « d’intermédiaires dans la chaîne faisant que les produits au port font l’objet de spéculations et génèrent des coûts supplémentaires ».

Fatoumata Maguiraga

Minusma : le gouvernement de Transition suspend toutes les rotations de contingent militaire et policier

Au Mali, le gouvernement de Transition a annoncé la suspension de toutes les rotations de contingent militaire et policier de la Minusma y compris celles déjà programmées ou annoncées, dès ce jeudi 14 juillet 2022. Les autorités assurent qu’elles travailleront de concert avec la Mission onusienne « en vue de réunir les conditions propices à la levée de cette mesure suspensive de la rotation ». En réponse à cette communication, le Mission par la voix de son porte-parole Olivier Salgado « prend note de cette communication et est prête à engager sans délai les discussions prévues » à cet effet lit-on sur twitter. 

Mali – Assurance volontaire : un si long chemin

Orange Money depuis 2018, et récemment Sama money (mars 2022), les moyens d’adhésion au Mali à une assurance volontaire et le paiement des cotisations deassurés sont de plus en plus « de proximité ». Un nombre important de travailleurs du secteur informel souscris à ce régime d’assurance, qui leur est dédié. Mais l’assurance volontaire a encore une importante marge de progression.

C’est d’ailleurs pour accroître le nombre d’adhérents au régime de l’assurance volontaire, en conjuguant leurs efforts dans le cadre d’un partenariat, que AV+, le projet management de l’assurance volontaire de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) avec l’entreprise privée SAER Emploi, est né en 2017.

« Avant, l’INPS menait la sensibilisation, mais avec peu de résultats », reconnaît l’ancien Directeur de l’institut, Bréhima Noumoussa Diallo. « Notre mission est d’aider l’INPS à couvrir tous les Maliens éligibles à l’assurance volontaire; pour qu’ils puissent bénéficier de cette prestation sociale, qui est un droit prévu par la Constitution », confie pour sa part Maharafa Traoré, Directeur général de AV+.

Selon un rapport de recherches établi en 2019 par CARES-Mali, le régime est parti de seulement 18 adhérents en 2005 pour arriver à 12 578 assurés immatriculés au 31 décembre 2018, sur un potentiel de 5 304 110 personnes, soit un taux de couverture de seulement 0,24%.

Nos tentatives pour obtenir l’évolution de ces chiffres sur les 3 dernières années n’ont pas abouti. Mais à raison d’environ 1 000 nouveaux adhérents par an sur la période, le nombre d’assurés volontaires fin 2021 pourrait dépasser la barre des 15 000.

Défis

L’assurance volontaire est destinée aux membres non-salariés des professions libérales, artisanales commerciales ou industrielles et aux travailleurs indépendants. En y souscrivant, l’adhérant bénéficie de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), des prestations familiales (Allocations maternité et familiales) et de l’assurance Vieillesse, Invalidité et Décès, entre autres.

Mais ce régime d’assurance fait face à certains défis pour sa pleine expansion. Parmi eux, la situation précaire de bon nombre de travailleurs du secteur informel. « Les travailleurs de l’économie informelle, pour trouver quelque chose à faire, sont obligés de se vouer à des métiers pour lesquels ils n’ont pas été formés. La conséquence est qu’ils sont mal payés, alors que la rémunération peut déterminer la souscription à une assurance », souligne un syndicaliste.

Selon lui, l’État doit mettre sur pied une politique adéquate d’encadrement de l’emploi informel pour que le niveau de vie des travailleurs concernés soit rehaussé.

Mohamed Kenouvi

Poubelle Verte : trier et recycler

Les déchets plastiques représentent un danger pour l’environnement et Bamako fait face à une insalubrité chronique, où les sachets plastiques font la loi et empêchent notamment le drainage des eaux usées. Créée en 2020, l’entreprise « Poubelle verte » veut contribuer à l’assainissement de notre cadre de vie en recyclant les sachets noirs et les bouteilles en plastique, entre autres.

L’ entreprise environnementale évolue dans le recyclage et la valorisation de sachets et de bidons qu’elle transforme en poubelles, en tables-bancs, en pavés, en tôle, en granulés, etc. La Directrice générale de cette start-up, Sabou Doumbia, s’est engagée depuis deux ans dans la lutte contre la pollution.

L’assainissement demeure une préoccupation pour les populations, souvent peu conscientes des dangers des déchets domestiques, qui sont pourtant une véritable source de pollution ou de maladies. « Poubelle verte » met à la disposition de ses clients une large gamme de produits et d’outils. Pour s’approvisionner, elle a recours aux dépôts d’ordures chez des particuliers ou dans les rues. Des déchets qui sont ensuite nettoyés, transformés et peints.

Les produits proposent un tri par couleur : verte pour les objets en verre, bleue pour les cartons et papiers, jaune pour le plastique et marron pour tout ce qui est périssable. Le format des poubelles varie, en fonction de la demande du client, de 50 ou 100 litres à extra large. Les déchets organiques sont transformés en engrais naturels, ceux en plastique en poubelles et le fer et le verre sont revalorisés, tout comme le papier et le carton.

À l’image de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, le Mali s’est doté d’une législation interdisant « la production, l’importation, la commercialisation, l’utilisation et le stockage des sachets et des emballages en plastique », selon les termes de la loi du 1er janvier 2014. Un texte malheureusement peu mis en œuvre.

«  Poubelle verte » invite donc à se mobiliser, même avec des faibles moyens, pour rendre plus propres nos villes, en ramassant régulièrement les plastiques, en les triant ou les octroyant aux entreprises comme elle.

Aïssata Thiam

Assurance islamique : comment cela fonctionne-t-il ? 

C’est tout nouveau dans le monde de l’assurance au Mali. Les Maliens peuvent désormais souscrire à une assurance islamique qui se démarque des propositions conventionnelles.

La justice, l’équité et la transparence sont les principales valeurs retenues par ce système de financement. L’assurance islamique, ou assurance Takaful, est un régime contractuel. Son nom vient de l’arabe « Kafala »,qui signifie « entraide solidaire », d’après Monsieur Sidy Bouaré, Directeur Général de la compagnie, agréée depuis le 20 décembre 2021. Elle se dissocie de l’assurance conventionnelle et mutualise les risques entre assurés, se réfère aux prescriptions du Coran et se base sur les principes du « Ta’Awun », assistance mutuelle et contribution volontaire.

Le contrat proposé est le « Wakala », modèle par défaut dans le domaine de l’assurance Takaful. L’assuré donne mandat à son assurance pour la gestion de l’ensemble de ses opérations liées à l’activité Takaful Mali. Le fonds des adhérents collecte les primes et paie les sinistres et les surplus qui ne sont pas conservés comme provisions techniques sont retournés aux adhérents ou reversés sous forme de Zakat.

Pour avoir le titre de participant, le paiement intégral de la contribution est nécessaire. Ensuite, les adhérents autorisent Takaful Mali à faire des investissements avec les fonds collectés sur un contrat de commandite appelé « Moudharaba ». Se conformant aux exigences du droit musulman des affaires, ces cotisations sont des donations « Tabarru » au profit du fonds commun d’assistance.

Comprendre le Takaful

Ce produit financier se veut éthique, religieux, comme le propose l’économie islamique. L’assurance comme système d’entraide ou de dédommagement a des racines anciennes, aussi bien dans les coutumes que dans le Coran.

Elle vise à reproduire trois grandes règles morales dictées par le Coran, équité, partage et responsabilité, et prône le partage équitable des risques et des bénéfices. Ses principes découlent de l’interdiction de trois pratiques : la proscription des intérêts « Riba », de la spéculation « Maysir » et de l’incertitude contractuelle « Gharar ».

Le gestionnaire du fonds doit s’assurer que les opérations soient conformes aux principes de la Charia par la mise en place d’un Comité de conseil religieux, « Sharia board », composé d’experts dans les domaines de la loi islamique et de la finance.

Fatouma Maguiraga

Ligue 2 : les clubs favoris pour la montée

Les championnats D2 régionaux ont déjà tous livré leurs vainqueurs pour le compte de la saison 2021-2022. Ils seront 9 clubs, y compris le représentant de la Ligue du District de Bamako, à se disputer les tickets d’accès à la Ligue 1. Alors que se profile à l’horizon l’ultime étape, le tournoi de montée en Ligue 1 qui verra ses clubs s’affronter, petite analyse des forces en présence.

En attendant le tirage officiel et le démarrage des hostilités, tous les clubs qualifiés pour le tournoi de montée en Ligue 1, qui doit se tenir courant juillet, restent concentrés sur « l’objectif de toute une saison ».

Si elles peuvent toutes prétendre à la montée en comptant sur leurs capacités, certaines équipes se démarquent du lot, au vu des résultats engrangés jusque-là. Parmi ces favorites, le Binga FC, Champion du District de Bamako dès la 13ème journée, avec une très grande domination sur cette ligue (15 matchs, 13 victoires, 1 match nul et 1 défaite, 29 buts marqués et 5 encaissés).

Les hommes de Modibo Sissoko sont par ailleurs parvenus à se hisser à nouveau dans le dernier carré de la Coupe du Mali (demi-finale) cette saison, après la finale perdue lors de l’édition précédente face au Stade malien.

De son côté, l’Union Sportive de Bougouni (USB), invaincue à Sikasso durant tout le championnat régional (13 victoires, 2 nuls, 41 buts inscrits et seulement 6 encaissés) est également un sérieux prétendant à la montée.

« Après leur descente la saison dernière, ils ont effectué des recrutements axés sur des joueurs avec beaucoup d’expérience au haut niveau, en Ligue 1 », souligne Drissa Niono, analyste sportif. Selon lui, en plus de ces deux équipes, il faudra également compter avec l’AS Nianan, l’un des clubs relégués la saison dernière qui se positionne à nouveau pour retrouver l’élite.

Deux villes abriteront le tournoi, dont le format sera axé sur 2 poules de 4 et 5 équipes. Les deux premiers de chacune accéderont à la Ligue 1. Le tirage et la composition de ces poules sera déterminant, d’autant plus que les chances des favoris pourraient être réduites si ces équipes se retrouvent toutes dans le même groupe, ce qui n’est pas à exclure.

Mohamed Kenouvi

Mali – Anacarde : une culture peu valorisée

Les prix de la noix de cajou transformée sont en baisse depuis quelques semaines, selon le bulletin d’information mensuel agricole N’kalo publié en juin. Une baisse consécutive à celle de la consommation occidentale et à des stocks importants.

La situation devrait changer dans les mois à venir suite à une diminution des stocks chez le premier transformateur vietnamien et profiter à des transformateurs en Afrique de l’ouest. Le Mali pourrait prendre une part active à ce marché s’il améliore sa production et surtout sa capacité de transformation, encore très faible.

« Concernant la commercialisation, les acteurs ne sont pas appuyés. Ils n’ont pas de facilités au niveau des structures bancaires. La plupart de ceux qui achètent les amandes sont en relation avec des pays voisins », se plaint M. Cheick Oumar Coulibaly, le Secrétaire permanent de la filière. Depuis le début des démarches pour mettre en place la filière, en 2016, et sa reconnaissance, en 2019, ses membres attendent toujours un accord-cadre pour donner à l’interprofession la légitimité d’agir.

Parce que sans cette structuration pour faire face au marché extérieur, les acteurs restent à la merci de négociants intervenant pour acheter les noix « bord champ », précise M. Coulibaly.

Transformer davantage

Même si l’habitude commence à s’installer, l’amande « n’est pas très consommée au Mali » et son exportation est liée à la quantité, qui est pour la majorité en dessous du container, ce qui entraîne que ce sont les noix brutes qui sont achetées.

Leur prix a évolué de 350 à 450 francs CFA, cette année. Un bon prix, ajoute M. Coulibaly. La noix transformée est vendue 5 000 francs CFA le kilogramme, « un prix stable par rapport à la noix brute », dont le prix peut changer en fonction de la situation.

Cette année, par exemple, les récoltes de fruits n’ont pas été satisfaisantes, explique Mme Sanogo Namaro Coulibaly, une productrice de la région de Sikasso. Habituellement, dans ces conditions les prix montent, mais « à cause de l’embargo, ceux qui achètent cassent les prix ». La réalité est que la transformation semi-artisanale qu’elle effectue n’est destinée qu’au marché local actuellement.

L’anacarde est cultivé dans environ 266 communes du Mali, à travers les zones de Yanfolila, Kolondiéba, Kangaba, Dioïla et Kita, qui forment la Fédération nationale des producteurs. La production de 2021 est estimée à 100 000 tonnes et la transformation à 4% du total.

Fatoumata Maguiraga

Chiffres

Production  2021 : 100 000 tonnes

Prix au producteur : 350 à 500 francs CFA

Superficies : Environ 120 000 ha

Transition : un chronogramme ambitieux face aux défis

Après les gages des autorités de la transition de renouer avec l’ordre constitutionnel au plus tard en février 2024, date de la présidentielle, la CEDEAO a levé le 3 juillet les sanctions économiques et financières qui pesaient sur le pays depuis le 9 janvier. Nombre de politiques et d’observateurs jugent le chronogramme proposé ambitieux, mais intenable au regard des défis et du temps imparti.

Après un premier engagement, non tenu, de renouer avec l’ordre constitutionnel en mars 2022, les autorités de la transition se sont engagées à passer le pouvoir à un régime élu en février 2024. Le nouveau chronogramme des élections, qui consacre le retour à l’ordre constitutionnel, prévoit quatre rendez-vous : le scrutin référendaire, l’élection des conseillers des collectivités territoriales, les législatives et la présidentielle, prévue pour le 4 février 2024. Comment tenir ces élections en 20 mois, avec des réformes politiques et institutionnelles à mener à bien et dans plusieurs localités en proie à l’insécurité ? C’est la grande question qui anime les états-majors politiques.

« Le chronogramme est un pas décisif vers le retour à l’ordre constitutionnel. Mais nous pensons quand-même que les activités programmées sont très denses, sinon insoutenables. Le mécanisme qui sera mis en place pour le suivi-évaluation du chronogramme doit tout faire pour que nous ne dispersions pas nos énergies. Le temps imparti étant connu, il ne faudrait pas poser des actes qui vont nous emmener à prolonger encore la transition », pense Yaya Sangaré, Secrétaire général de l’ADEMA.

Il poursuit en proposant au gouvernement de se limiter à l’élection référendaire, aux législatives et à la présidentielle. « Les autres scrutins peuvent être reportés et les futures autorités élues pourront s’en occuper ».

Oumar Ibrahima Touré, Président de l’APR, est du même avis. « Le chronogramme est difficilement tenable dans le temps imparti. On va être dans une cadence électorale intense. Nous pensons qu’il faut aller à l’essentiel, avec les élections référendaires, législatives et présidentielle ».

Équations multiples

Pour le Dr. Ibrahima Sangho, Président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, le principal défi est l’opérationnalisation de l’Agence indépendante de gestion des élections (AIGE), qui aura en charge l’organisation et la gestion du processus électoral. « Si on se réfère à la nouvelle loi électorale, ce n’est pas au gouvernement de proposer un chronogramme, mais à l’AIGE. Celle-ci n’est toujours pas opérationnelle. L’AIGE, c’est comme les anciennes CENI. Nous savons que pour l’opérationnaliser il faut un minimum de 6 mois ».

Il relève également que l’insécurité pourrait être un handicap pour la tenue du scrutin référendaire. « On peut organiser l’élection présidentielle, les communales et les législatives sur 70 à 80% du territoire national. Mais, par rapport au référendum, tant que les 100% du territoire national ne seront pas sécurisés, on ne pourra pas y aller ».

Au-delà du rythme soutenu du chronogramme et de l’insécurité, les réformes politiques et institutionnelles, ainsi que l’hivernage, sont des paramètres qui pourraient impacter la volonté des autorités maliennes.

Pour l’élection des conseillers des collectivités territoriales, par exemple, ce sont trois grandes élections couplées qui auront lieu au mois de juin 2023. Une date qui coïncidera avec l’hivernage, « alors que tous les fora passés, que ce soit le Dialogue national inclusif ou les Assises nationales de la refondation, ont recommandé de ne pas faire d’élections pendant la saison des pluies, car les populations sont occupées à cultiver leurs champs », explique le Dr. Ibrahima Sangho.

Concernant les législatives, elles impliquent des réformes politiques majeures, nées du processus de régionalisation en cours, qui va nécessiter la création de nouvelles circonscriptions électorales. « Avec la réorganisation territoriale, il est prévu de créer plus de 160 cercles. Cela veut dire qu’il y a d’autres réformes qui vont intervenir. Il faut relire la loi organique des députés pour être en conformité avec la nouvelle réorganisation territoriale », précise le Dr. Sangho.

« Les nouveaux cercles seront des circonscriptions électorales pour les élections à venir. Ce sont des anciens arrondissements qui ont été érigés en cercles dans le processus de régionalisation en cours. L’administration est déjà sur place. Donc l’organisation matérielle ne fera pas défaut pour la bonne tenue des élections », relativise Mamba Coulibaly, Président du Collectif des nouvelles régions.

Plusieurs politiques et observateurs jugent le chronogramme des autorités maliennes comme une preuve de bonne volonté face à la CEDEAO, mais recommandent au gouvernement un calendrier « réaliste, qui aille à l’essentiel ». De son côté, le porte-parole du gouvernement assure que, « conformément à la vision de SE le Colonel Assimi Goïta (…) de rétablir un ordre constitutionnel», celui-ci « prend l’engagement de tout mettre en œuvre pour réaliser les objectifs de la transition attendus par le peuple malien ».

Boubacar Diallo

Gao – Sévaré : appels à la sécurisation de la route

La route qui relie Gao à Sévaré a été bloquée près de deux mois sur le tronçon Hombori – Douentza, « du fait de l’action de groupes armés terroristes » qui ont aussi miné l’axe routier. Si l’armée a récemment commencé des escortes au profit des transporteurs, les populations de la Cité des Askia ne veulent plus se contenter de solutions ponctuelles. Elles appellent à une sécurisation pérenne de l’axe.

Lors du cri de cœur de la Coalition des organisations et associations de culture sédentaire, Songhoy Chawara Batoo, le 2 juin dernier, l’histoire de ce jeune homme a ému toute l’assistance. À l’annonce du décès de sa mère, il saute dans un bus pour assister aux funérailles, dans la région de Gao. Cependant sa surprise sera grande lorsque le bus sera bloqué et conduit par les groupes armés. « J’ai patienté sept jours dans la brousse, sans accès à Gao, avant de retourner à Bamako », a-t-il soupiré devant la salle.

Cela est le calvaire des populations de Gao depuis bientôt deux mois. Selon Almahady Moustapha Cissé, Président de Songhoy Chawara Batoo« le problème se situe entre Douentza et Hombori, un tronçon de 147 kilomètres ».

À cause de sa dangerosité, les transports se passaient de l’axe Gao – Sévaré en faisant le détour par le Burkina et le Niger afin d’atteindre la Cité des Askia. Cependant, depuis l’embargo du 9 janvier dernier et la dégradation de la situation sécuritaire dans ces deux pays frontaliers, cela n’était plus évident. « Avant, les transports en commun faisaient le détour par Ouagadougou, Dori (Burkina Faso) et Tera (Niger). Aujourd’hui, la zone est très risquée et échappe au contrôle des autorités burkinabè. Les gens préfèrent mourir sur l’axe Gao – Douentza plutôt que faire ce détour», explique Almahady Moustapha Cissé.

Depuis le 1er juillet, l’armée a « escorté une trentaine de camions de Douentza vers Gao ». Mais les Gaois réclament plus que des solutions ponctuelles. « Nous voulons que cette route soit sécurisée pour de bon. Il s’agit d’un axe vital. Le Sud est lié au Nord par ce tronçon. Si on ne parvient pas à le sécuriser, c’est une partition de fait du pays », déclare le Président de Songhoy Chawara Batoo.

Le collectif, composé de plus 10 associations et organisations au Mali et dans la diaspora, déclare suivre l’évolution de la situation et continuera après la fête de Tabaski « d’attirer l’attention sur le sort de ceux qui sont coupés du monde ».

Boubacar Diallo

  Le Premier ministre britannique démissionne

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson annonce sa démission ce jeudi 7 juillet 2O22. « C’est clairement la volonté du parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau premier ministre », a-t-il déclaré lors d’une allocution devant le 10 Downing Street tout en confiant qu’il était « triste de quitter le meilleur travail du monde ».

Cependant, sa démission ne prend pas effet immédiatement et il restera jusqu’à ce que son successeur soit désigné. L’élection d’un nouveau leader conservateur sera précisée la semaine prochaine.

Après trois ans d’exercice marqués par la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne en l’occurrence le Brexit, la guerre Ukraino-russe et une inflation record, Boris Johnson a été poussé vers la sortie par son propre parti conservateur excédé par des scandales, et des démissions de ministre en début de semaine.

Un sondage YouGov (une société d’internationale de sondage et d’étude de marché sur internet) auprès des membres du parti conservateur donne le ministre de la Défense Ben Wallace favori pour lui succéder.

Rokietou Maïga

 

Reprise du trafic ferroviaire, bientôt une réalité

Dans le cadre de la relance du trafic ferroviaire, deux locomotives vont effectuer des mouvements sur le trajet Bamako-Neguela, une commune de Bossofala dans le cercle de Kati le 8 juillet 2022. C’est une annonce du Ministère  des transports et des infrastructures .

Selon le communiqué rendu publique le 6 juillet, ces opérations constituent une phase du processus de relance du trafic ferroviaire national, dont le premier voyage d’essai blanc est prévu pour le mercredi 13 juillet, sur l’axe Bamako-Kayes-Bamako.

Par conséquent, il rappelle aux populations riveraines de la voie ferrée et autres usagers des passages à plus de prudence pour éviter tout incident.

Conscient du rôle primordial qu’occupe le train dans le développement socio-économique, le gouvernement de transition mobilise toutes les parties prenantes pour sa relance. Depuis  son arrêt  en mai 2018, la population malienne attend avec impatience les klaxons du train Bamako-Kayes.

Rokietou Maïga

 

Basket-ball : le revers des médailles

Si le basket-ball est le sport collectif qui a rapporté le plus de trophées au Mali, le boycott par l’équipe nationale senior, le 1er juillet dernier, des qualifications pour la Coupe du monde, a mis en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les athlètes de la discipline. Au-delà des réussites et des performances, focus sur les scandales qui ternissent le basket malien. 

Comme souvent, quand il s’agit du pays, c’est d’abord le « patriotisme » qui prévaut. Le souhait de ne pas ternir l’image de la Nation, la peur de ne pas être indexé. Jusqu’au jour où la patience atteint ses limites. Et que Ibrahim Djambo et ses camarades disent « il faut que les choses changent. On veut un changement au niveau de la fédération et au ministère. On veut juste un petit respect de ce que nous sommes en train de faire comme boulot. C’est notre travail, on vit de ça ».

Le 1er juillet 2022, à la surprise générale, le score du match d’ouverture de la 3ème fenêtre des qualifications pour la Coupe du monde de basket 2023, opposant le Mali à l’Ouganda, affiche 20 à 0 en faveur des Ougandais. Le Mali vient de perdre sur tapis vert après le refus de jouer de ses basketteurs. Pour cause de non paiement de primes.

Un problème pour lequel les sportifs avaient refusé de s’entraîner lors de la préparation à Bamako et pour lequel ils refusent de jouer de nouveau lors du deuxième match contre le Nigeria, le 2 juillet dernier.

« Depuis Bamako il y a eu trop de problèmes : de primes, de papiers, d’hôtel… Mais on nous a fait des promesses et nous avons accepté de venir à Kigali jouer. Mais il n’y a rien qui ait été fixé, ni arrangé. On arrive à 10, avec des joueurs qui restent à Bamako faute de papiers. Alors que ce sont des choses qui auraient pu être réglées depuis des semaines, pendant qu’on était à Bamako, mais rien n’a été fait », regrette le basketteur Ibrahim Djambo, accompagné de ses coéquipiers, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le week-end dernier.

L’acte leur a valu une exclusion de la compétition, après une décision de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA). « Selon le Règlement officiel du basket-ball, si une équipe perd par forfait deux fois dans le même tournoi elle est disqualifiée du tournoi et les résultats des matchs joués par cette équipe sont annulés », a indiqué l’instance internationale de basket-ball dans un communiqué le 2 juillet 2022.

« Des sanctions »

La Fédération balienne de Basket-ball (FMBB) n’a pas tardé à réagir, dès le 1er juillet. Elle s’est dite surprise de l’acte des joueurs et rappelle « qu’en plus des primes de sélections perçues, le transport international de la compétition et la mise au vert à Bamako ont été entièrement pris en charge par le ministère de tutelle ».

Le Directeur technique adjoint de la fédération, Mamadou Boubel Konaté, a lors d’une récente sortie médiatique reconnu le non paiement de deux primes de victoire (57 millions de francs CFA) des basketteurs seniors. Il regrette cependant leur modus operandi après que, dit-il, l’État ait payé leur prime de sélection pour les qualifications au Rwanda.

« On doit respecter le pays qui paye les billets d’avions, l’hôtel… Pendant 3 fenêtrel’État a dépensé plus de 100 millions, aujourd’hui tout ça est jeté à l’eau. Puisqu’on est disqualifié pour les Afrobasket et pour la course à la Coupe du monde. 6 ans de travail foutus en l’air », dit-il. La fédération avait promis des sanctions. Elles sont tombées le 5 juillet et elles sont lourdes. La FMBB a sanctionné les sept joueurs qui apparaissent sur la vidéo, jugée humiliante pour le pays. Ils sont radiés de la sélection nationale et de toutes les activités liées au basket-ball au Mali. La fédération a également demandé au ministre des Sports de compenser les frais engagés pour la participation en les prélevant sur les primes des joueurs concernés. Enfin, les dirigeants du basket malien entendent saisir la FIBA pour d’éventuelles poursuites. Si l’instance mondiale conclut à la responsabilité des joueurs, elle pourrait à son tour les suspendre. Le couperet de la fédération aura des conséquences sur le basket-ball masculin. À très court terme déjà, puisque les joueurs radiés composent l’ossature de la sélection nationale. S’y trouvent notamment le capitaine Mahamadou Kante, le bon shooteur Ibrahima Saounera ou encore l’un des leaders, Ibrahim Djambo. La relève devrait également en pâtir avec la radiation d’Oumar Ballo, grand espoir du basket-ball malien qui évolue aujourd’hui dans le championnat universitaire américain et qui découvrait la sélection senior. En 2019, lors de la fabuleuse épopée des U-19, qui les avait menés jusqu’en finale, une première historique pour une nation africaine, Ballo avait été meilleur rebondeur et contreur de la compétition en cinq petits matchs disputés, contre sept normalement. Il y a aussi le risque que d’autres joueurs ne se montrent solidaires et décident de boycotter la sélection suite à la radiation de leurs coéquipiers.

16 mois de salaires impayés

Ce nouvel épisode n’est finalement qu’un scandale de plus dans le milieu du basket-ball malien. Depuis plusieurs années, ils se succèdent. En 2021, le coach français Sylvain Lautié, longtemps entraîneur de la sélection malienne masculine, puis de la féminine (2005 à 2020), a engagé une action judiciaire contre la FMBB pour 16 mois de salaires impayés.

La même année, l’équipe nationale senior Dames était également confrontée à un problème d’arriérés de primes datant de 2019. Ce qui avait poussé la meneuse de la sélection, Touty Gandega, a boycotter l’Afrobasket féminin de 2021 au Cameroun.

« L’équipe a fini deuxième, mais pouvait sans doute remporter le trophée si on avait eu Touty avec nous. En son absence, on a dû transformer Djénéba Ndiaye, qui est une ailière virevoltante, en meneuse. Cela a joué sur sa rentabilité et sur celle de l’équipe », reconnaît Alpha Bagayoko, ancien instructeur FIBA proche de la FMBB.

D’ailleurs, la basketteuse franco-malienne n’a pas manqué d’apporter son soutien à l’équipe masculine. « Le moment donné, il faut dire stop. Vous [la FMBB] acceptez d’aller dans des compétitions et vous ne payez pas vos joueurs. Toutes les personnes qui disent, il faut jouer pour l’amour du pays, fermez-la ! Vous, vous accepteriez d’aller au travail et de ne pas être payés ? Ce n’est pas une question d’argent, mais une question de respect des athlètes. Une question de principe. Toi tu es là, tu veux aider le pays, mais le pays t’enterre », déplore-t-elle.

Ainsi, aux mêmes causes ont répondu les mêmes effets. « Ce n’est pas seulement à cause des primes de matchs. Il y a eu des successions de manques de respect. Lors du dernier Afrobasket masculin, en 2021, les joueurs sont partis au Rwanda sans les primes. Pis, ils ont quitté Bamako sans que leur soit remis le drapeau national pour aller défendre le pays, comme cela se fait avec toutes les autres équipes. C’est le résultat de tout cela qui ressurgit aujourd’hui », explique l’analyse sportif Drissa Niono.

Agressions sexuelles

Au-delà des histoires de primes et de la « non reconnaissance du mérite » dénoncée par les basketteurs, les Dames des sélections nationales seraient aussi confrontées à des agressions sexuelles, à en croire une enquête publiée le 14 juin 2021 par Human Rights Watch. L’ONG internationale y fait état d’accusations d’agressions sexuelles lancées par certaines joueuses de l’équipe féminine des moins de 18 ans contre plusieurs personnalités du basket-ball malien, dont leur coach, Amadou Bamba. Arrêté et inculpé en juillet 2021 par la justice, ce dernier doit être jugé pour « pédophilie, tentative de viol et attentat à la pudeur ».

Accusé d’avoir « dissimulé les abus sexuels », le Président de la FMBB, Harouna Maiga, a quant à lui été suspendu par la FIBA. Depuis sa suspension, le 25 juillet 2021, la fédération n’a plus de Président.

Au Mali, la violence sexuelle basée sur le genre « est un phénomène généralisé ». Un sondage réalisé en 2018 par l’Institut national de la statistique (INSTAT) a prouvé que près de la moitié des femmes et des filles maliennes âgées de 15 à 49 ans avaient subi des violences liées au genre. Le monde du basket ne fait pas exception et cela prive bon nombre de petites filles de leur rêve de basketteuse. Comme cela a été le cas de Mariam (pseudonyme), aujourd’hui âgée de 22 ans.

À 14 ans, la jeune fille rêvait de devenir comme son idole, la basketteuse américaine Brittney Griner, qui a aujourd’hui des démêlées en Russie pour trafic de drogue présumé. Les espérances de Mariam furent anéanties par l’obsession sexuelle de son coach d’un centre de formation de Bamako. « Au début, il a insinué qu’il y avait une lesbienne parmi nous et qu’il lui fallait vérifier. Au petit soir, à la fin de l’entraînement, il nous amenait une à une dans un coin, enlevait nos vêtements et touchait nos seins et nos parties intimes », se remémore avec amertume Mariam. Aujourd’hui encore, elle en frémit. Après cela, continue-t-elle, « il sélectionnait chaque jour certaines filles pour, disait-il, des entraînements individuels. En nous apprenant à shooter, il en profitait pour faire des attouchements. C’est ainsi que beaucoup d’entre nous ont décidé d’arrêter le basket sans pouvoir le dénoncer, par honte ou peut-être par peur », confie-t-elle.

Un témoignage parmi tant d’autres sur un monde où l’omerta a très souvent été la règle et l’est encore. Ce qui montre les travers et le revers des médailles des succès de nos sélections nationales de basket-ball.

Aly Asmane Ascofaré

 CREDD 2019-2023 : la revue politique au centre d’une concertation

La revue du cadre stratégique pour la relance Economique et le Développement Durable CREDD 2019-2023 et des Objectifs de Développement Durable ODD, est un programme économique gouvernemental qui détermine les actions de l’Etat pour une durée de cinq ans. Elle organise  à Bamako du six et sept juillet 2022 une rencontre pour constater les avancées du projet et éventuellement fixer de nouveaux objectifs.

La revue du Cadre est organisée en deux phases, une purement technique et une autre consacrée à la politique de sa gestion. La session technique, qui a déjà eu lieu courant juin 2022, est chargée d’examiner le rapport de mise en œuvre du CREDD 2019-2023 et des ODD, de même que le Cadre de mesure des performances suite aux travaux des groupes thématiques réalisés en avril et mai dernier.

La session politique sert de cadre de dialogue entre le gouvernement et les partenaires techniques et financiers autour des recommandations issues de la précédente session.

La présente revue marque la troisième année de la mise en œuvre du CREDD 2019-2023 adopté par le gouvernement le 29 mai 2019. « Tout comme l’année passée, elle se déroule dans un contexte fortement marqué par des crises politique, institutionnelle, sécuritaire, sanitaire et sociale qui ont sérieusement affecté le fonctionnement normal de nos administrations », explique, le Secrétaire Général du Ministère de l’Economie et des Finances.

Pour atteindre ses objectifs, le Cadre s’articule autour de cinq axes stratégiques prioritaires. Le premier axe, la consolidation de la démocratie et l’amélioration de la gouvernance a été concrétisé par l’organisation des Assises Nationales de la Refondation (ANR) tenues en décembre 2021.Les autres axes sont sur la restauration de la paix, la croissance économique, la protection de l’environnement et le développement du capital humain.

Pour approfondir les débats sur les différents axes, des groupes thématiques sont constitués conformément au décret n02018-0623/PM-RM du 08 août 2018 fixant les mécanismes institutionnels de pilotage et de suivi évaluation du CREDD et des ODD. Ces groupes, au nombre de quatre sont tenus de produire un rapport annuel.

Rokiétou Maïga

 

Représentations théâtrales : en voie de disparition ?

Au Mali, de plus en plus, les pièces de théâtre laissent place aux one man shows des comédiens. Ce qui menace fortement la pratique dans le pays.

Qu’il semble loin le temps où le groupe dramatique Kotéba National du Mali, créé en 1969, interprétait la pièce de théâtre « la Mort de Chaka » de Seydou Badian Kouyaté. Ou que le groupe Nyogolon faisait de cet art une arme pour sensibiliser contre les phénomènes sociaux néfastes. La pratique du théâtre, autrefois tant appréciée, a tendance à disparaitre au Mali.

« Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. D’abord, le pays n’a pas de mécanisme pour aider la création. Pour faire une création, il faut en effet des moyens. Il n’y a pas non plus pas de lieux où répéter. Ajoutez à cela les contrats des comédiens, les autres dépenses, les costumes et les accessoires… », énumère le metteur en scène Adama Traoré, Président de l’association culturelle Acte Sept. Selon lui, pour une véritable renaissance du théâtre malien, il faut également « des programmateurs, des salles et une politique pour faire venir le public. Le théâtre, ce sont beaucoup de métiers ».

C’est en raison de toutes ces contraintes, aux dires des certains observateurs culturels, que le stand-up (one man, ou woman, show) a pignon sur rue au Mali. En effet, ce genre comique apparu à la fin du 20ème siècle donne l’opportunité à un humoriste seul, sans décor, ni autre personnage, ni accessoires, de raconter des anecdotes ou de faire des caricatures du quotidien. « Cela est facile à filmer et à mettre sur les réseaux sociaux », explique M. Traoré.

Pour la comédienne Alima Togola, il y a aussi une manque de formation. « Même ceux qui sont formés ne font pas souvent la différence entre le stand-up et le théâtre », regrette-t-elle. Selon elle, on parle de pièce de théâtre quand il y a un texte écrit par un dramaturge et une mise en scène réalisée par un professionnel. « Avec une succession de répétitions qui peuvent durer jusqu’à trois mois, voire plus, pour maîtriser son texte par cœur. Alors que l’humour est basé sur des « vannes ». Il y a des humoristes qui écrivent, mais en général ce ne sont que les grandes lignes ».

À l’Institut national des Arts (INA), où ont été formés plusieurs acteurs maliens, on ne reçoit ces derniers temps « qu’une quinzaine d’étudiants en théâtre par an. Ce qui est insuffisant si on veut développer cet art », estime Ali Sankaré, Secrétaire général du comité AEEM.

Aly Asmane Ascofaré

Augmentation du capital : un nouveau paysage des assurances se dessine

Malgré une croissance régulière de son chiffre d’affaires ces trois dernières années, le marché des assurances au Mali reste en deçà de son potentiel de développement. Avec une liste d’assurances obligatoires insuffisante et surtout peu mise en œuvre, un public encore réticent et des adaptations indispensables à opérer, le secteur dispose pourtant d’atouts importants dont l’exploitation peut contribuer à son développement et à une amélioration de sa performance, pour une contribution plus efficiente à l’économie.

De 2018 à 2021, la branche « Non vie » au Mali a connu une croissance régulière de son chiffre d’affaires, passant de 37,862 milliards de francs CFA en 2018 à 39,149 milliards en 2019 et à 47,116 milliards en 2021. La multiplication par 5 du capital minimum des compagnies d’assurance, décidée en 2016 en vertu du Règlement n°007/CIMA/PCMA/CE/2016 par la Conférence interafricaine des marchés d’Assurance (CIMA), devait initialement être clôturée en 2021. Une échéance finalement repoussée pour les sociétés Non vie et suspendue pour les sociétés Vie en raison notamment de la pandémie de Covid-19. Les compagnies Non vie qui ont bouclé la première phase de l’obligation ont désormais jusqu’au 31 décembre 2024 pour porter leur capital de 3 à 5 milliards de francs CFA. Une décision salvatrice qui devrait conduire à la « disparition des compagnies les moins solides » au profit d’entreprises mieux à même de répondre aux aspirations d’un marché en évolution.

Au Mali, l’évolution s’est traduite par des cas d’absorption, comme celle de la compagnie Allianz par Sunu. Le même processus avait été envisagé entre les 2 filiales de NSIA, qui devaient être absorbées par le groupe SANLAM. Même si pour plusieurs compagnies « cela a mis beaucoup de pression » pour atteindre les 3 milliards de francs CFA de capital pour la première phase, beaucoup ont réussi à franchir cette étape avec plus ou moins de difficultés.

Les impacts de cette décision, jugée positifs par la plupart des acteurs, peuvent être doublement appréciés. Toutes les sociétés qui n’étaient pas solides en termes financiers ont disparu et celles qui étaient en bonne santé ont été renforcées.  Même si le nombre des compagnies n’a pas diminué, avec l’arrivée de nouvelles sociétés ces dernières années, le marché est jugé moins concurrentiel par certains.

Certains grands groupes de grande renommée sont renforcés et les compagnies locales, dont chacune a eu ses difficultés et est passé par plusieurs étapes, dont l’administration provisoire pour Sabunyuman, par exemple, ont su rebondir. « Cela nous a fortifiés », confie Madame Diarra Sadio Keïta, responsable du Département commercial, Réseau des agences automobiles. Les assurances Lafia, une autre compagnie locale, actuellement en administration provisoire, et Nallias qui a aussi eu des difficultés, ont finalement pu atteindre l’objectif. Mais un autre résultat est que les groupes s’absorbent entre eux, laissant un peu à la traîne les sociétés locales.

Méconnaissance des produits obligatoires

Avec plus de 47 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires en 2021 pour l’IARD et 16 milliards en Vie, le secteur des assurances au Mali est à la traîne, contrairement à ce qui se passe dans les pays de la sous-région. Une insuffisance en produits obligatoires ? Une méconnaissance plutôt que la rareté de ces services.

Il faut un changement de mentalités parce que le potentiel existe, suggère M. Mahamadou Traoré des Assurances Sabunyuman. Il y a quelques années, le Burkina Faso et le Mali étaient au même niveau. En outre, l’argument religieux ne tient pas. Il en veut pour preuve la troisième place du Maroc, l’Égypte et même l’Arabie Saoudite, qui démentent cet argument. C’est donc aux assureurs d’aller vers les populations.

« Nous sommes un pays où la solidarité existe. Pourquoi ne pas partir de là et demander aux gens d’organiser leur solidarité », s’interroge-t-il ? Le potentiel de développement n’est pas réticent aux offres des assureurs. C’est à ces derniers de proposer des offres adaptées aux besoins. De la même façon que l’assurance véhicule est plus ou moins respectée, grâce aux contrôles effectués par les autorités, il faut une démarche similaire vers le public pour d’autres produits. D’ailleurs, il n’est pas souhaitable « dans un marché libéral de rendre tout obligatoire », estime M. Traoré. C’est aux assureurs d’être plus imaginatifs en s’attelant à l’application de ce qui est obligatoire.

Par exemple, l’assurance responsabilité civile des véhicules terrestres à moteur, qui concerne aussi les 2 ou 3 roues, n’est pas effective pour environ 60% d’entre eux, selon des estimations.

Explorer le potentiel           

Le souci du législateur d’avoir des compagnies plus solides, capables de souscrire de gros risques comme les miniers et d’autres industriels, avec pour finalité la rétention des capitaux pour empêcher le recours aux assureurs d’autres marchés. Cela a certes permis l’émergence des groupes, mais la spécificité du marché malien en a limité l’impact sur les sociétés locales, assure un acteur. L’exigence financière ne semble pas suffire pour faire face à un « ancrage culturel », entraînant que même si l’on multiplie le capital cela n’est pas suffisant pour faire disparaître les « compagnies » locales, « qui résisteront pour une raison ou une autre ». Le pari que la restructuration fasse disparaître certaines compagnies a presque produit l’effet contraire, avec la naissance depuis cette décision de 3 nouvelles compagnies (Atlantique, Cif vie, Takaful).

Mais le secteur doit relever plusieurs défis afin de garantir son émergence. Parmi ceux-ci, « le tarif, qui pose problème ». Il existe une véritable concurrence déloyale en la matière malgré les sensibilisations, déplore Madame Diarra. En effet, le tarif minimal règlementaire de l’assurance responsabilité civile des véhicules terrestres à moteur peine à être appliqué par la tutelle.

Si la mentalité globale est réticente à l’assurance, il est essentiel que les compagnies remédient aux difficultés et retards dans le règlement des sinistres. Les compagnies doivent non seulement continuer à sensibiliser, mais aussi « assurer le service après vente » afin que le client se sente véritablement protégé.

Innover

L’augmentation de la capacité financière des compagnies à travers le renforcement de leurs fonds propres est une volonté du législateur de donner plus de moyens pour développer le secteur des assurances, qui représentent environ 0,60% du PIB. Un fort potentiel donc, à développer, et la possibilité de s’engager sur de nouveaux risques. Cette amélioration du taux de pénétration de l’assurance passera non seulement par une meilleure vulgarisation des produits disponibles mais aussi par l’atteinte de nouvelles cibles à travers des méthodes plus innovantes.

L’assurance Vie, qui n’est pas un nouveau produit, reste tout de même marginale, le marché étant dominé par la branche « Non vie », qui représente environ 70%. Ce qui fait mesurer le chemin qui reste à parcourir, note M. Daniel Dena, Directeur commercial et marketing de la SONAVIE. Il revient donc aux assureurs de « faire plus de promotion » pour un produit essentiel pour assurer l’avenir auprès de populations pas suffisamment informées.

Il faut aussi désormais penser aux populations qui ne sont pas intégrées dans les cibles classiques. Il s’agit notamment des secteurs informel et agricole, qui représentent pourtant la majorité des actifs. L’objectif étant de concevoir des nouveaux produits adaptés à ces secteurs et s’adressant même aux populations à faibles revenus.

L’un des goulets d’étranglement qui empêchent les compagnies d’assurances d’être performantes et pour lequel elles peuvent solliciter l’accompagnement des autorités, c’est celui des indemnisations lors d’un accident de la circulation, explique M. Tidiane Diarra, Secrétaire général du Comité des compagnies d’assurance du Mali. La loi indique que le processus d’indemnisation commence après la réception d’éléments matériels comme le PV de constatation par la compagnie, mais la loi ne fait pas obligation au commissariat ayant constaté le sinistre de le transmettre aux compagnies. Cela incombe au Parquet. Or, le code CIMA prévoit cette transmission. Il faut donc plus de sensibilisation. Une voie sur laquelle le Comité compte s’engager pour impliquer davantage les acteurs concernés.

Fatoumata Maguiraga

Mali – Retour de l’administration : bientôt une réalité ?

En sa session du 22 juin dernier, le Conseil des ministres a nommé 189 sous-préfets, dont de nombreux militaires. Pour le ministère de l’Administration territoriale, l’objectif est de mettre en place les conditions d’un retour de l’administration afin de fournir aux populations les services sociaux de base. Cependant, des interrogations se font jour quant à l’efficacité réelle de ces nominations pour le retour effectif de l’administration.

Selon le dernier rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, au 28 février dernier « 4 préfets sur 8 (50%) et 7 sous-préfets sur 55 (13%) étaient déployés dans la région de Mopti. En outre, 6 préfets sur 7 (86%) et 11 sous-préfets sur 39 (29%) étaient présents dans la région de Ségou ». Ces chiffres mettent en exergue l’absence des représentants de l’État dans de nombreuses localités depuis bien longtemps et celle des services sociaux de base qui va avec. « Avec l’insécurité que nous vivons depuis bientôt une décennie, l’administration s’est adaptée et elle parvient à jouer son rôle, mais pas de façon directe comme elle a toujours procédé auparavant », relativise Abdoul Salam Diepkilé, Directeur de l’Administration du territoire.

Il poursuit en expliquant que les récentes nominations de sous-préfets portent à près de 300 le nombre de représentants de l’État nommés en moins de quatre mois, avec comme objectif affiché le retour effectif de l’administration. « Avec l’insécurité que notre pays a connu, l’administration s’est repliée dans beaucoup de zones. Donc il faut mettre en place les conditions de son retour. Avec les opérations militaires qui sont actuellement en cours sur toute l’étendue du territoire, il était bon pour l’Administration territoriale de suivre la dynamique et de redéployer au plus vite les représentants de l’État afin de fournir aux populations les services sociaux de base et de les rassurer ».

Pour les représentants de l’État qui ont fait l’objet de nominations récentes mais qui n’ont toujours pas été installés à leurs postes, le Directeur de l’Administration du territoire précise que leur redéploiement est en cours. « Cela est dû souvent à des questions de formation, pour qu’ils s’adaptent aux réalités des milieux dans lesquels ils s’apprêtent à aller servir. En outre, il y avait des kits à enlever, des tenues à faire coudre. Donc cela a pris un peu de temps. Mais je crois que globalement le déploiement est en cours et se passe dans les conditions les meilleures ».

Conditions

Si ces vagues de nominations suscitent l’espoir, la question est de savoir si concrètement les conditions sur place favoriseront le retour de l’administration. Le nombre élevé de militaires dans les rangs des représentants de l’État dans plusieurs zones du centre et du nord témoigne d’une prise de conscience réelle quant aux défis sécuritaires. « En fonction des réalités de chaque zone nous nous basons sur quelques constats. Tout d’abord nous nous assurons que la vie des représentants de l’État ne sera pas directement menacée. Ensuite, nous nous assurons que les conditions matérielles d’infrastructures existent pour permettre aux représentants de l’État d’affirmer sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire ».

Pour le Dr. Aly Tounkara, chercheur senior au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel, ces vagues de nominations de sous-préfets et de préfets sont loin d’être suffisantes « pour garantir un retour effectif, et surtout utile, de l’État ». « Les nominations sont théoriquement nécessaires, mais elles ne suffisent pas quand on regarde les raisons qui ont été à l’origine de l’absence de l’État ou le fait qu’il se soit  replié sur lui-même. Ces raisons ne sont pas sérieusement étudiées par l’élite militaire au pouvoir. Parmi celles-ci, il faut rappeler que les communautés peinent à comprendre l’utilité sociale de l’État. Quand on regarde la manière dont la justice est distribuée, faut-il envoyer des sous-préfets militaires, accusés à tort ou à raison par certains nombre de communautés d’être des prédateurs, pour que la justice soit équitable entre les communautés ? Je ne pense pas que cela soit une solution ».

À la question de savoir si les militaires qui vont faire office de représentants de l’État dans les zones d’insécurité seront à la hauteur de souhait, la Direction de l’Administration du territoire répond que des dispositions ont été prises pour ne pas les déployer sans mise à niveau. « À travers une formation poussée sur la gestion des crises, les relations avec les populations, les politiques du Genre et la rédaction administrative, ils seront aptes à occuper leurs fonctions dans les jours à venir, dans les conditions idoines ».

Boubacar Diallo

CAN Féminine 2022 : fin de la première journée ce lundi

Du 2 au 23 juillet 2022, le Maroc accueille le football féminin africain. Pour le compte de la première journée, les festivités sont lancées. le Maroc, pays hôte s’est imposé 1-0 face au Burkina Faso le 2 juillet. Le Sénégal a assuré face à l’Ouganda 2-0. Le 3 juillet, le Cameroun et la Zambie on fait match nul 0-0 et la Tunisie a battu le Togo 4-1. La première journée s’achève ce lundi 4 juillet avec le Nigéria qui affrontera l’Afrique du Sud à 17h et le Burundi qui fera face au Botswana à 20h.

Pour cette 14ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), 11 équipes essayeront de détrôner le Nigeria, champion en titre et grand favori. Il s’agit du Burkina Faso, du Maroc, du Sénégal et de l’Ouganda dans le groupe A, du Cameroun, du Togo, de la Tunisie et de la Zambie (groupe B) et de l’Afrique du Sud, du Botswana et du Burundi dans le groupe C avec le Nigeria. Le match d’ouverture va opposer les Dames du Maroc à celles du Burkina Faso, à Rabat. Les 4 demi-finalistes se qualifieront pour la Coupe du monde féminine FIFA 2023 et les 2 vainqueurs des matchs de classement du 17 juillet disputeront des tournois de repêchage en février en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le Mali, non qualifié, sera représenté dans le corps arbitral par Mme Fanta Koné.

Aly Asmane Ascofaré et Idelette Bissuu

Nouvelles universités : vers une spécialisation régionale 

Les projets de loi portant création des Universités de Sikasso, Tombouctou, Gao ont été adoptés le 16 juin 2022 par le Conseil National de Transition en séance plénière, avec pour objectif d’adapter l’offre de formation aux besoins de l’économie locale.

L’initiative de la création d’universités régionales date de 2015, pour désengorger la ville de Bamako, diminuer le flux d’étudiants dans les universités et permettre aux habitants de ces régions d’effectuer leur cursus universitaire à moindre coût.

L’idée était d’identifier les filières de formation, d’écrire les avant-projets de textes de  création et d’évaluer le potentiel enseignant, les besoins en recrutement, le coût des investissements à réaliser et le budget prévisionnel de fonctionnement.

Développement des régions 

Les autorités de la transition ont voulu concrétiser cet important projet pour l’enseignement supérieur et pour le développement du pays. Récemment, la question a été évoquée par le Premier ministre Choguel Kokala Maïga lors d’un Conseil de Cabinet réunissant les membres du gouvernement et portant sur l’examen des avant-projets de loi créant des universités à Gao, Sikasso et Tombouctou, ensuite soumis à l’adoption par le CNT.

À ce jour, le Mali compte 5 Universités, dont celle de Ségou. « Il est normal que le pays dispose d’universités dans les régions administratives pour dépeupler la ville de Bamako. Elles jouent un rôle important dans le développement de la ville dans laquelle elles se trouvent, c’est un moteur d’innovation et un vecteur d’économies », affirme Mamadou Tounkara, Professeur à l’Université de Ségou.

La première université régionale, créée en 2010 et au début spécialisée en Agronomie et en Médecine animale, est par la suite devenue pluridisciplinaire et « plus de 10 000 jeunes de différentes régions y sont inscrits », ajoute M.  Tounkara.

Spécialisations spécifiques 

En attendant la mise en place effective  des instances des trois nouvelles universités de Sikasso, Tombouctou et Gao, « le ministre en charge de l’Enseignement supérieur est autorisé à prendre toutes dispositions appropriées pour le démarrage de l’année universitaire ». La période transitoire ne pouvant excéder deux années après le démarrage effectif des activités pédagogiques, précise encore la loi.

« Les spécialisations sont spécifiques, elles sont définies par rapport à l’activité économique de chaque région », estime le Dr Seydou Loua, spécialiste en Sciences de l’éducation. Les filières ont été établies sur la base d’une logique locale : Sikasso est reconnue pour ses potentiels agricoles et miniers et Tombouctou pour ses spécialistes et ressources documentaires en études et recherches islamiques.

Aïssata THIAM

Mali – CEDEAO : les sanctions financières et économiques levées après six mois d’embargo

Les sanctions économiques et financières contre le Mali en cours depuis le 9 janvier 2022, ont été levées ce dimanche 3 juillet à Accra au Ghana avec effet immédiat. C’était lors du sommet des Chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Cette mesure restera ainsi à condition que le Mali respecte l’article 9 de la Charte de la Transition, qui stipule que le Président de la Transition n’est pas éligible aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. Une disposition qui n’est pas susceptible de révision.

La rencontre s’est aussi penchée sur les cas du Burkina Faso et de la Guinée. Au Burkina Faso la CEDEAO a décidé que la durée de la Transition est de 24 mois au lieu de 36. En Guinée, l’Institution sous régionale devra trouver un autre médiateur pour ce pays après avoir récusé Mohamed Ibn Chambas au préalable pressenti à ce poste.

A la présidence de la CEDEAO, Nana Akufo Addo Président du Ghana cède sa place au Président de la Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo, l’un des plus jeunes dirigeants de l’Afrique de l’ouest.
Lors de son dernier sommet extraordinaire du 4 juin à Accra (Ghana), la Cedeao avait arrêté le maintien des sanctions contre le Mali avant d’annoncer la tenue d’un nouveau sommet le 3 juillet. Un sommet très attendu au Mali surtout que deux jours après cette rencontre d’Accra, plus précisément le 6 juin 2022, les autorités maliennes ont officialisé l’adoption d’un nouveau calendrier de transition de deux ans à compter du 26 mars 2022. Ce nouveau chronogramme de vingt-quatre (24 mois) doit préparer le pays à l’organisation d’élections libres et transparentes, a annoncé le ministre porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga.
Idelette BISSUU