Gao : Quatre obus tirés en direction du Camp 1, un blessé signalé dans une nouvelle attaque de harcèlement

La ville de Gao a été secouée par une nouvelle attaque dans la soirée du 12 mars 2025, aux environs de 20h, lorsque quatre obus ont été tirés en direction du Camp 1, une installation abritant plusieurs structures sécuritaires.

D’après des sources locales, l’un des obus est tombé dans un site de récupération de ferraille situé vers Château Sud Extension, non loin de l’ancien camp de la MINUSMA. L’impact a causé un blessé léger, rapidement pris en charge par les secours.
Cette attaque s’inscrit dans un mode opératoire récurrent dans le nord du Mali : les tirs d’obus de harcèlement. Ce type d’attaque, souvent imprécis et opportuniste, est utilisé par les groupes terroristes pour rappeler leur présence et démontrer que leur capacité de nuisance demeure intacte malgré les pressions sécuritaires exercées contre eux.
En août 2024, cinq obus avaient déjà été tirés en direction de l’aéroport de Gao, illustrant la persistance de la menace malgré l’absence de victimes (Échos Médias). Quelques mois plus tôt, en mars 2024, une autre attaque aux obus avait visé la zone aéroportuaire et le quartier Château, provoquant un incendie rapidement maîtrisé.
De telles attaques visent davantage à instiller la peur qu’à causer des pertes massives, bien que leur dangerosité ne soit pas à négliger.

En août 2024, cinq obus avaient déjà été tirés en direction de l’aéroport de Gao, illustrant la persistance de la menace malgré l’absence de victimes. Quelques mois plus tôt, en mars 2024, une autre attaque aux obus avait visé la zone aéroportuaire et le quartier Château, provoquant un incendie rapidement maîtrisé.

Une réponse sécuritaire renforcée
À la suite de cette nouvelle attaque, les forces de sécurité ont renforcé les patrouilles et ouvert une enquête pour identifier les auteurs. Pour l’instant, aucune revendication officielle n’a été formulée, mais le mode opératoire laisse peu de doute sur la nature de l’attaque.
Ces incidents rappellent les défis sécuritaires persistants auxquels est confrontée la ville de Gao et plus largement le nord du Mali, malgré les efforts déployés pour stabiliser la région. Les habitants, exaspérés par ces attaques sporadiques, appellent à un renforcement des mesures de surveillance et à une meilleure anticipation des menaces.
L’évolution de la situation sera suivie de près dans les jours à venir.

Massacre à Kobé : 25 civils tués dans une embuscade terroriste entre Gao et Ansongo

25 morts et 13 blessés : c’est le bilan tragique de l’attaque perpétrée le vendredi 7 février 2025, dans l’après-midi, contre un convoi de véhicules civils escorté par les Forces Armées Maliennes (FAMa) entre Gao et Ansongo, à hauteur de Kobé, à une trentaine de kilomètres de Gao.
Selon le communiqué de l’État-major Général des Armées, la mission d’escorte a été prise en embuscade par un groupe de plusieurs terroristes. Au cours des violents combats qui ont suivi, les assaillants, repoussés dans leur fuite, ont délibérément ciblé des passagers civils en débandade, provoquant la mort de 25 personnes et blessant 13 autres, majoritairement des jeunes orpailleurs étrangers en route vers la mine d’or de N’Tahaka, dans la région de Gao.
Les FAMa ont immédiatement réagi en lançant des opérations de ratissage toujours en cours. Elles ont permis de retrouver 19 corps de terroristes abandonnés, d’en capturer 4 autres blessés, et de récupérer plusieurs armes et matériels de guerre. L’identification des corps est en cours.
La zone de Kobé est depuis longtemps considérée comme particulièrement dangereuse. À plusieurs reprises, des citoyens et des personnalités y ont été pris pour cible. Les bus et autres véhicules de transport sont parfois contraints de payer des rançons pour circuler sans encombre, alimentant ainsi le financement du terrorisme.
Cette région est le théâtre d’incursions répétées de la Province du Sahel de l’État islamique (EI-Sahel), une branche de l’État islamique opérant principalement au Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’EI-Sahel, également connue sous le nom d’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), est une organisation militaire et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née en 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune. Elle a été officiellement reconnue par l’État islamique en 2016.
Les attaques de l’IS Sahel se caractérisent par une violence de masse et indiscriminée, causant de nombreuses victimes civiles et semant la terreur parmi les populations locales.
L’État-major Général des Armées présente ses condoléances aux familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Il rassure que les opérations de sécurisation des axes, particulièrement la RN-17, avec des escortes de véhicules civils, se poursuivront. L’objectif est de démanteler les réseaux terroristes qui entravent la libre circulation des personnes et de mettre fin au paiement des rançons servant au financement du terrorisme.
Cette attaque souligne une fois de plus la nécessité d’une vigilance et d’une coopération renforcée entre les forces de sécurité et les populations locales pour contrer la menace persistante que représente l’EI Sahel dans la région.

Permis de recherche d’or de la SOREM : Une étape cruciale vers l’exploitation

Le 28 août 2024, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret pour l’attribution d’un permis de recherche d’or à la Société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali (SOREM). Une étape importante qui permettra à la société de s’atteler à sa mission de recherche et d’exploitation des ressources minières.

Créée par un projet d’ordonnance lors du Conseil des ministres du 24 août 2022, la SOREM, avec comme actionnaire unique l’État, a été mise en place pour mettre en valeur les nombreuses ressources minérales dont regorge le Mali. Le pays dispose d’un vaste potentiel dans les domaines pétrolier et gazier, couvrant une superficie de 900 000 km². Le permis octroyé à la SOREM est sur le périmètre de N’Tahaka, dans le cercle de N’Tillit, dans la région de Gao, suite à la demande de la société en date du 31 juillet 2024 pour la recherche de l’or. Ce permis, en dehors des zones habituellement reconnues pour la recherche d’or, est une première que saluent les acteurs du domaine. Une occasion de diversifier l’exploitation de minerais et d’offrir une opportunité aux acteurs locaux.  

Des moyens et de l’expertise

« C’est une bonne chose d’avoir une société nationale d’exploitation minière », se réjouit M. Djibril Djibril Diallo, expert ingénieur minier, interrogé sur la chaîne TM1. Mais cette création doit s’accompagner de moyens importants et d’expertise. L’État vient donc, en octroyant ce permis, de mettre en activité la société créée il y a deux ans. En outre, la zone du permis est une superficie potentiellement riche qui contient de nombreux sites dont l’État n’avait pas le contrôle. C’est donc l’occasion pour lui de contrôler ce secteur, qui avait vu se développer l’orpaillage dans une certaine anarchie. L’exploitation par la société nationale pourrait créer des emplois et apporter à l’économie nationale une contribution substantielle. Outre les moyens importants dont elle doit disposer pour assurer les investissements nécessaires, la SOREM doit permettre l’émergence de « champions nationaux ». Des acteurs qui ont acquis une certaine expertise dans le domaine de l’exploitation ou de la sous-traitance.  Particulièrement dans ce domaine, la société doit « donner la main » aux acteurs locaux, comme d’ailleurs le suggère la loi sur le contenu local adoptée en même temps que le nouveau Code minier. L’autre défi de la société sera de faire en sorte d’utiliser les compétences locales et de les former dans les différents domaines qui nécessitent une expertise. 

Fatoumata Maguiraga

Chiffres

Capital : 100 000 000 FCFA

Superficie du permis : 97,41 km²

Gao et Tombouctou : comment s’adapter au couvre-feu ?

Les couvre-feux instaurés à Gao et Tombouctou par les différents gouverneurs ont été prorogés le 9 octobre. Comment s’adaptent les populations et comment accueillent-elles cette prorogation ?

Après l’attaque du bateau de la COMANAV en provenance de Gao le 7 septembre dernier, avec 49 morts civils et 15 militaires maliens, et l’attaque le lendemain du camp de Gao par des groupes armés terroristes, un couvre-feu nocturne a été instauré dans la ville de Gao jusqu’au 9 octobre, reconductible. Presque dans la foulée, à Tombouctou, alors que la ville est soumise à un blocus et cible de tirs d’obus de la part du JNIM, le gouverneur de la région, le Commissaire divisionnaire Bakoun Kanté, a instauré également un couvre-feu allant du 11 septembre au 10 octobre 2023, de 20h à 6h du matin. Ces mesures ont été prorogées alors que les populations essayent encore de s’adapter. À Tombouctou, elles ont été un peu allégées, passant de 20h à 21h. Même si elle est contraignante, la majorité des habitants de Tombouctou approuvent la décision, selon des sources sur place. « La ville a besoin de sécurité, il faut moins de personne dans les rues, surtout la nuit, pour que les forces de l’ordre puissent faire leurs opérations de sécurisation à travers la ville », assure Tandina El Hadj Beyt’allah, blogueur de la Cité des 333 Saints. Il ajoute qu’il n’y a pas eu de grand changement dans les habitudes des Tomboctiens, « les gens s’habituent au couvre-feu, ils rentrent le soir à la maison avec des provisions ». À Gao, où le couvre-feu dure de 22h à 6h du matin, avec un allègement de 2 heures par rapport au mois dernier, les commerçants soufflent un peu mais réclament plus. Souley Ibrahim, un résident de Gao, affirme que depuis l’instauration du premier couvre-feu « la sécurité de la ville s’est nettement améliorée. Il n’y a pratiquement plus d’enlèvements et les habitants se sentent plus en sécurité ». Abdoul Karim Samba, Président d’une association locale de la société civile, affirme qu’un seul cas de braquage a été recensé durant la période du premier couvre-feu. Si la mesure est appréciée sur ce point, elle n’enchante pas une partie de la population, surtout les commerçants et les boutiquiers, qui sont obligés de fermer leurs structures dès 21h ou 22h. Une situation intenable, qui joue sur l’économie de la ville, selon la même source, car il y a plusieurs petits commerçants qui ne gagnent réellement que pendant la nuit. Avec le couvre-feu, il est difficile pour eux d’obtenir de quoi subvenir à leurs besoins.

La population des deux régions se dit résiliente, tout en espérant que cette situation ramène la sécurité et la paix sur leurs territoires.

Gao : attaque terroriste contre le camp des FAMa

Seulement 24 heures après la double attaque terroriste contre le bateau Tombouctou de la compagnie malienne de navigation fluviale (COMANAF) et le poste de Bamba, ayant entraîné la mort de 49 civils et de 15 militaires, les groupes armés terroristes ont encore mené une attaque complexe contre le camp militaire à Gao. L’armée a annoncé l’attaque ce matin dans une publication précisant que la riposte et l’évaluation étaient en cours.

Une source sur place jointe par au téléphone affirme que les dégâts causés par les explosions étaient majeurs mais ne peut dire avec exactitude le nombre de décès, car difficile d’avoir accès à la zone aéroportuaire qui est quadrillée par les forces de défense.  D’après lui, ce sont trois véhicules kamikazes qui ont attaqué le camp Fihroun de Gao alors que d’autres sources évoquent plutôt deux voitures. Des terroristes auraient réussi à s’infiltrer dans le camp, et durant l’après-midi, trois d’entre eux auraient été neutralisés. L’aviation malienne a mené des frappes sur des véhicules suspects aux alentours du camp. Des proches de Fahad Ag almahmoud, leader déchu de la plateforme ont annoncé que deux de leurs véhicules ont été détruits.

Ces attaques surviennent dans un contexte de pression grandissante de groupes armés dans le nord du pays, faisant redouter une éruption de violence. Les tensions mettent aussi en péril la survie de l’accord d’Alger, signé en 2015 par l’État malien et les groupes armés du nord, visant à mettre fin aux hostilités ouvertes trois ans plus tôt.

Mines : au nord, la ruée vers l’or

Au Mali, une quinzaine de sites miniers exploitent l’or, en plus des multiples zones d’orpaillage. L’activité est fortement concentrée sur les régions du Sud. Mais depuis 2020 les chercheurs de métal jaune se ruent aussi vers la partie septentrionale du pays, où plusieurs gisements ont été découverts ces dernières années.

Almaghmor. Le nom de ce village situé à 140 km de Tombouctou revient en boucle sur les réseaux sociaux depuis fin mars. Selon plusieurs sources, des autochtones y ont découvert une mine d’or à ciel ouvert. Sur le site en plein désert que l’on peut apercevoir sur des images relayées sur Internet, des personnes s’affairent à exploiter le métal jaune. « Ils sont plusieurs chercheurs d’or à se rendre dans le village avec du matériel depuis une semaine, malgré les conditions climatiques difficiles et l’insécurité qui règne dans la zone », explique un ressortissant de la localité, qui confirme l’information de la découverte du site.

Tout comme à Almaghmor, de l’or a récemment été découvert dans plusieurs localités du septentrion malien. Notamment à Igouzar, à 50 km de Kidal. Dans la région, à 40 km au sud de Tessalit, des sites aurifères ont également été découverts en 2020.

Autre région, autre découverte. À 90 km de Gao, dans les localités de Marsi, N’Tillit nord et sud et Tinaïkorene, du métal jaune a été aussi trouvé en 2020. « L’État est au courant de ces sites d’orpaillage, mais, avec l’insécurité qui règne dans la zone, il n’arrive pas à les contrôler pour le moment. Ce qui fait que nous ne disposons pas de données spécifiques sur ces lieux d’exploitation minière. Par exemple, sur la quantité d’or qu’on y exploite », explique un agent de la Cellule de planification et de statistique du secteur Mines et énergie (CPS/SME), un service du ministère des Mines qui publie chaque année des données statistiques sur ces deux secteurs économiques. En absence de contrôle de l’État, les sites, selon de nombreuses sources, sont assujettis aux groupes armés, dont la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la Plateforme.

« Les groupes armés font partie des principaux acteurs de cette mini-industrie. Sur la route entre Gao et In-Tillit, les check-points anarchiques sont légion. Il n’est pas rare de voir des groupes d’hommes, qui souvent ne sont même pas armés, demander aux voyageurs de payer entre 2 000 et 2 500 francs CFA », explique le journaliste Mohamed Touré, auteur de l’article « In-tillit dans la région de Gao : l’irrésistible attraction de l’or », publié en 2021.