Transition : le réveil des partis politiques ?

Longtemps silencieux concernant la Transition, certains partis et regroupements politiques redonnent de la voix. Depuis la fin de la période transitoire, le 26 mars 2024 conformément au décret No2022-003/PT-RM du 6 juin 2022 en fixant la durée à 24 mois, ils montent au créneau pour exiger des autorités la tenue rapide de l’élection présidentielle qui mettra un terme à la Transition. Mais feront-ils le poids face à un pouvoir bien assis et qui semble avoir relégué au second plan un retour à l’ordre constitutionnel ?

Avalanche de réactions au sein de la classe politique. Depuis le 26 mars 2024, date à laquelle était censée prendre fin la Transition, certains partis et regroupements politiques montent au créneau pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel.

Dans une déclaration anticipée, le 25 mars, le RPM, après avoir invité les autorités de la Transition au respect des engagements souverainement pris devant la communauté nationale et internationale, appellait à la « mise en place de toute urgence d’un nouveau mécanisme transitionnel pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 6 mois ».

De leur côté, le M5-RFP Malikura et Yelema recommandent en urgence une concertation avec les responsables des forces vives nationales, pour redéfinir le contour et les objectifs et identifier les acteurs d’une nouvelle transition courte. « Le M5-RFP Mali Kura et le parti Yelema « le Changement » sont convaincus qu’après 3 ans et 8 mois de report en report provoqué, la Transition ne saurait aux forceps s’éterniser », ont dénoncé les deux entités dans une déclaration commune le 26 mars.

Dans la même veine, l’Adema-PASJ a lancé le 27 mars 2024 un « appel vibrant » aux autorités de la Transition pour « accélérer le processus devant conduire à la tenue de l’élection présidentielle qui mettra fin à la Transition ». Le parti, dans une  déclaration, estime que le « silence prolongé » des autorités de la Transition sur le chronogramme électoral suite au léger report de la date des élections « ne participe nullement à l’apaisement du climat sociopolitique ni à la consolidation de la cohésion sociale chère à tous les Maliens démocrates et républicains ».

L’Action républicaine pour le Progrès (ARP), pour sa part,  dans un mémorandum en date du 27 mars, appelle à la démission immédiate du gouvernement et à la mise en place d’un Exécutif d’union nationale dans le cadre d’un nouveau dispositif de transition véritablement inclusif. L’Alliance politique dirigée par l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly propose également de fixer une « date consensuelle raisonnable » pour l’élection présidentielle qui marquera le retour du Mali dans la normalité institutionnelle.

Actions 

Au-delà de leurs différentes réactions initiales, plusieurs partis et regroupements politiques, ainsi que des organisations de la société civile, ont réitéré leur position dans une déclaration commune le 31 mars 2024. « Nous demandons aux autorités en place, au regard du vide juridique et institutionnel ainsi provoqué, de créer les conditions d’une concertation rapide et inclusive pour la mise en place d’une architecture institutionnelle, à l’effet d’organiser dans les meilleurs délais l’élection présidentielle », indique la déclaration signée de près d’une centaine de partis politiques parmi lesquels, entre autres,  l’Adema-PASJ, le RPM, la Codem, l’ASMA-CFP, les Fare An Ka Wuli, le parti Yelema et l’UDD.

En plus d’attirer l’attention du gouvernement sur la fin de la Transition, conformément à l’article 22 de la loi No2022-001 du 25 février 2022 révisant la Charte de la Transition et au décret No2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition à deux ans, ces partis avertissent qu’ils utiliseront « toutes les voies légales et légitimes pour le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel normal ».

Le 28 mars dernier déjà, la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), toutes deux membres de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, signataire de la déclaration du 31 mars 2024, avaient déposé une requête devant la Cour constitutionnelle. Les deux structures demandent à la juridiction de « constater la vacance de la présidence de la Transition, de prononcer la déchéance de tous les organes de la Transition et d’ordonner l’ouverture d’une nouvelle transition à vocation de rassemblement et réconciliation », incluant toutes les composantes de la Nation, y compris l’armée républicaine, avec comme missions principales assignées l’organisation des élections en vue du retour à l’ordre constitutionnel.

À en croire Alassane Abba, Secrétaire général de la CODEM, tous les partis, regroupements politiques et organisations de la société civile se réuniront dans les prochains jours pour la mise en place du Comité de suivi de la Déclaration commune du 31 mars et pour se mettre d’accord sur les futures actions à mener.

« Sûrement que nous allons mener d’autres actions pour avoir gain de cause, parce que je ne vois pas le gouvernement tout d’un coup accéder à notre demande, compte tenu du fait qu’ils sont aussi dans leur logique. Le Premier ministre l’a dit et on le sent à travers les propos de beaucoup d’entre eux, les élections ne sont pas d’actualité », confie celui qui n’exclut pas par ailleurs parmi des futures actions la désobéissance civile. « C’est la première des choses à laquelle nous pensons », glisse M. Abba.

Bloc d’opposition ?

Depuis le début de la Transition, des plateformes opposées à la gestion des autorités se sont constituées, sans pour autant parvenir à inverser les rapports de force en leur faveur. Que ce soit le Cadre d’échange des partis et regroupements pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’Appel du 20 février pour sauver le Mali ou encore, plus récemment, la Synergie d’action pour le Mali, elles peinent toujours à peser  face aux militaires au pouvoir.

Mais pour la première fois, ces trois plateformes, même si la Synergie d’action pour le Mali n’est pas signataire en tant qu’entité mais est représentée par Espérance Jiguiya Kura, se mettent ensemble pour mener des actions communes. Au-delà de la déclaration commune et d’éventuelles futures actions, l’initiative pourrait-elle aboutir à la formation d’un bloc d’opposition à la Transition solide ? Pour le Secrétaire général de la Codem, cela ne semble pas évident.

« Les partis ont signé, mais ils n’ont pas les mêmes positions. Certains ont signé juste parce qu’ils se sont d’accord pour le retour à l’ordre constitutionnel. Mais de là à faire un bloc d’opposition, ce n’est pas aisé. Les partis n’ont pas les mêmes visions. L’opposition suppose qu’il y ait un chef de file et il n’est pas facile de le dégager dans ce contexte », concède Alassane Abba.

Par ailleurs, selon certains observateurs, le succès même des actions communes annoncées des partis, regroupements politiques et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 n’est pas garanti. « Il sera très difficile pour ces partis de mener des manifestations qui puissent aboutir à quelque chose de probant. Le pouvoir en place semble décidé à ne laisser émerger aucune forme de contestation », glisse un analyste.

« Quand la Synergie d’action pour le Mali a voulu mener ses activités, elles ont été tout simplement interdites pour motif de sécurité par la Délégation spéciale du District de Bamako. Je pense que les autorités vont brandir les mêmes motifs pour interdire également toute manifestation de la nouvelle dynamique des partis et regroupements politiques qui est en train de se mettre en place », prédit-il.

Hamidou Doumbia : « nous partirons avec notre meilleur soldat »

Le parti Yelema et le M5-RFP Malikura ont signé le 4 décembre 2023 un partenariat « pour le renouveau politique au Mali ». Les deux entités se sont engagées à œuvrer ensemble sur plusieurs questions d’intérêt national, à quelques jours du 4ème Congrès ordinaire du parti Yelema, qui désignera son candidat à la prochaine présidentielle. Entretien avec Hamidou Doumbia, Secrétaire politique et Porte-parole du parti Yelema.

Pourquoi avez-vous opté pour ce partenariat avec le M5-RFP Malikura ?

Nous sommes à une phase importante de la vie de notre Nation et il est utile que les parti politiques qui prônent le changement et qui le disent travaillent à se mettre ensemble pour proposer une alternative. Il est important que nous puissions, en tant qu’acteurs politiques, nous positionner sur un certain nombre de sujets et donner des orientations et des conseils aux autorités de la Transition. Le partenariat est d’abord autour des idées, par rapport au sort qui doit être réservé à l’Accord pour la paix, aux questions de préservation et de renforcement de la démocratie, au respect de la Charte de la Transition…

Au-delà, est-ce le début d’une alliance politique électorale ?

Pour le moment, nous ne parlons pas d’alliance électorale, mais tout est possible. Tout peut advenir. Nous avons l’ambition de gouverner le pays. Il n’est donc pas exclu qu’à terme on envisage une alliance électorale, mais pour le moment ce n’est pas le cas. Nous allons continuer à travailler ensemble sur les thématiques dégagées.

Vous vous opposez à toute candidature du Président ou des autorités de la Transition à la prochaine présidentielle. Pour d’autres, avec la promulgation de la nouvelle Constitution, la voie est dégagée…

Ce qui est certain, c’est que la Charte n’est pas tombée et qu’elle est toujours en vigueur. Si la Charte est toujours là, il est clair que tous ceux qui ont conduit la Transition ne doivent pas se porter candidats aux élections. C’est une question de bon sens.

Le parti a ouvert une procédure d’appel à candidatures pour la désignation du candidat à la présidentielle. Cela pourrait-il aboutir à une candidature autre que celle de Moussa Mara ?

Dès lors qu’on ouvre la candidature, tout est possible. Il est bien possible qu’il y ait une autre candidature que celle de M. Moussa Mara. Le processus est ouvert. Mais une chose est sûre, nous partirons avec notre meilleur soldat.

Quels sont les enjeux du Congrès du 23 décembre prochain ?

Les instances du parti seront renouvelées. Nous allons avoir un nouveau Bureau, avec de nouvelles orientations. Nous allons aussi avoir l’opportunité de choisir notre candidat pour l’élection présidentielle à venir. Nous allons également réfléchir à améliorer notre institution politique.

Transition : une opposition se dessine

Le report sine die de la présidentielle de février 2024 semble être celui de trop. Soulevant une vague d’indignation et de refus au sein de la classe politique et de la société civile depuis son annonce le 25 septembre dernier, il pourrait être le déclencheur d’un nouveau train « d’opposants » à la Transition.

C’est loin d’être une surprise. Le report de l’élection présidentielle continue de faire des remous et de donner un regain nouveau à plusieurs entités politiques et de la société civile. En réaction à l’annonce du report de la présidentielle, le 25 septembre dernier, une « décision unilatérale des autorités de la Transition qui renvoie de facto à une autre prorogation de la Transition », qu’elle a condamnée, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), avait décidé de « mobiliser tous ses militants, sympathisants et autres pour organiser dans les meilleurs délais la tenue d’actions patriotiques pour exiger la mise en place d’une transition civile, seule voie pour sauver la République »

Pour Youssouf Daba Diawara, Coordinateur général de la CMAS, selon des propos relayés par l’AFP, « cela fait plus de trois ans que la gestion de la Transition est confiée à des autorités militaires. Hélas, les raisons pour lesquelles le peuple malien est sorti pour combattre le régime de Ibrahim Boubacar Keïta n’ont pas pu être atteintes. Pour la CMAS, la faute incombe aux tenants du pouvoir ».

La CMAS a annoncé dans la foulée la tenue d’une marche le 13 octobre 2023 pour demander la mise en place d’une transition civile. L’annonce de cette marche a suscité de nombreuses réactions. En réponse, le Collectif pour la défense des militaires (CDM), soutien affiché des autorités de la Transition, a rendu publique l’organisation d’un meeting à la même heure et avec presque le même itinéraire. Face au risque de confrontation et suite à une mission de « bons offices » menée par le Président du Haut Conseil Islamique, Ousmane Madani Haidara, Mahmoud Dicko a finalement demandé à ses partisans d’annuler leur manifestation. Selon nos informations, le gouverneur n’a pas donné son autorisation pour la tenue de ces deux manifestations.

D’après des analystes, même avec l’annulation, l’Imam Mahmoud Dicko a réussi son pari en captant pendant plusieurs jours l’attention des autorités et des Maliens. Les relations de l’Imam ne sont plus au beau fixe avec les autorités de la Transition depuis la prise de pouvoir du Colonel Assimi Goïta. L’ex « autorité morale », qui était très influente lors des premières heures de la Transition, a été écarté. Une mise à l’écart qui lui a laissé un goût amer. Même s’il s’astreint à un certain silence, il arrive à l’Imam Dicko de lancer des piques, comme lors du forum de Bamako en 2022 ou encore deux jours avant la tenue du scrutin référendaire, lorsqu’il a harangué des partisans du non. Un analyste politique qui a requis l’anonymat ajoute : « le fait que les autorités de transition aient discuté avec la CMAS et obtenu l’annulation de la manifestation démontre qu’elles ne minimisent pas la capacité de mobilisation des partisans de l’Imam Dicko, même si cela ne peut plus atteindre les proportions d’il y a quelques années contre le régime d’IBK ».

À en croire Jean-François Marie Camara, enseignant – chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), la posture actuelle de la CMAS n’est pas surprenante.

« Lorsqu’une transition dure trop, cela crée un sentiment de monotonie qui peut entrainer des frustrations. Et quand les élections sont toujours repoussées, il est normal d’aboutir à de tels mouvements. Il revient aux autorités de la Transition de revoir leur copie », affirme-t-il.

Bloc « anti-prolongation » ?

Si jusque-là la Transition n’a pas fait face à une véritable opposition, cette nouvelle prolongation va changer la donne. À la marche de la CMAS étaient attendus des membres de l’Appel du 20 février, dont les principaux responsables, les magistrats Cheick Chérif Koné et Dramane Diarra, ont été récemment radiés de la magistrature. Cette nouvelle opposition germe alors que les tensions se cristallisent autour de la situation sécuritaire, du report de la présidentielle, de la vie chère et des nombreuses arrestations.

« Le Parena est dans la dynamique de constitution d’un bloc contre le report et pour la non candidature des tenants de la Transition », confie Diguiba Keita dit PPR, Secrétaire général de la formation politique de l’ancien chef de la diplomatie malienne Tiébilé Dramé.

« Il est fort probable qu’un bloc puisse se former contre les autorités de la Transition. Si elles ne parviennent pas à créer un climat de dialogue avec l’ensemble des forces vives de la Nation ou à organiser une table-ronde avec la classe politique et la société civile, cela peut créer d’autres tensions pouvant aboutir à des manifestations », met en garde pour sa part Jean-François Marie Camara.

Mais, selon certains observateurs, une opposition à la Transition aujourd’hui aurait du mal à peser contre les autorités actuelles, engagées dans la « reconquête » de tout le territoire national. Un objectif dans « lequel beaucoup de Maliens se retrouvent ». D’ailleurs, le Cadre d’échanges des partis et regroupements de partis politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel, qui était considéré comme un « opposition » à la Transition, n’a jamais réussi à faire tourner le rapport de forces à sa faveur. Il s’est par la suite effrité. La Coordination des organisations de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali a semblé un moment prendre le relais, sans grand impact non plus.

Si un éventuel nouveau front d’opposition à la prolongation de la Transition pourrait réunir tous les partis politiques ou organisations de la société civile qui se sont prononcés contre le report de la présidentielle, il pourrait dès le départ être confronté à un manque d’unanimité autour des exigences vis-à-vis de la Transition.

En effet, au moment où certains prônent la tenue pure et simple des élections selon le chronogramme initial, d’autres optent plutôt pour la mise en place d’abord d’une transition civile qui organisera plus tard les élections.

« Le Parena ne maîtrisant pas le contenu de la transition civile, se limite à une demande, voire une exigence de respect du calendrier annoncé et s’oppose à un report des élections », clarifie le Secrétaire général du parti du Bélier blanc.

Positions tranchées

La CMAS a été jusque-là la seule à vouloir organiser des manifestations contre la prolongation de la Transition, en demandant la mise en place d’une transition civile. Mais plusieurs autres partis ou regroupements de partis politiques et organisations de la société civile se sont eux aussi érigés contre le report de la présidentielle, initialement prévue en février 2024.

Dans un communiqué au ton particulièrement virulent en date du 25 septembre, le parti Yelema a mis les gouvernants en garde sur « les risques qu’ils font peser sur notre pays dans leur approche solitaire, non consensuelle, non inclusive, pour des objectifs inavoués ». Pour le parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, cette nouvelle prolongation, en plus de violer la Charte de la Transition, « n’a fait l’objet d’aucune discussion interne entre les forces vives et ne saurait être une décision consensuelle ». Beaucoup de partis craignent que léger report ne devienne finalement « indéfini », alors que la Transition s’achemine déjà vers ses quatre ans, et que cette énième prorogation n’isole encore plus le Mali.

La Ligue démocratique pour le changement, de son côté, tout en désapprouvant et en condamnant sans équivoque cette « tentative de prise en otage de la démocratie malienne », a invité le gouvernement à renoncer à son projet et à « organiser l’élection présidentielle au mois de février 2024 comme déjà proposé aux Maliens et convenu avec la communauté internationale ». « Face à l’enlisement évident de la Transition, la Ligue démocratique pour le changement fait appel à tous les Maliens, en particulier les acteurs politiques, à œuvrer pour l’organisation de l’élection présidentielle comme prévu, pour un retour à l’ordre constitutionnel », a écrit le parti de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Moussa Sinko Coulibaly, dans un communiqué, le 26 septembre.

La Coordination des organisations de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali plaide elle aussi pour la mise en place d’une transition civile. Lors d’une conférence de presse, le 30 septembre, elle a invité « les démocrates et républicains de tout bord et de tout horizon à rester mobilisés et debout comme un seul homme au secours du Mali en détresse jusqu’à l’installation d’une transition civile plus responsable, consciente de ses missions ».

Le M5-RFP Mali Kura, pour sa part, après avoir dénoncé cette décision « unilatérale », a rappelé « l’impérieuse exigence de respecter les engagements dans la mise en œuvre du chronogramme devant aboutir au retour à l’ordre constitutionnel ». Le ton est un peu plus mesuré au Rassemblement pour le Mali (RPM), qui a exprimé sa « profonde inquiétude et son étonnement de voir que le cadre de concertation mis en place pour un dialogue entre le gouvernement et les partis politiques n’ait pas été impliqué dans le processus de cette importante décision ».

Yelema : désormais dans une « opposition » affichée à la Transition ?

Jusque-là très mesuré dans ses prises de position vis-à-vis des décisions prises et des actions menées par les autorités de la Transition, le parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara s’est montré particulièrement critique dans sa réaction suite à l’annonce par le gouvernement du report de la présidentielle, le 25 septembre dernier. Une nouvelle posture qui suscite des interrogations.

Même lorsqu’il était encore membre actif du Cadre des partis et regroupements de partis pour un retour à l’ordre constitutionnel, le parti Yelema prenait soin de ne pas endosser les positions les plus tranchées du directoire contre les autorités de la Transition.

En février 2022, lorsque le Cadre avait décidé de ne plus reconnaitre les autorités au-delà de la date prévue pour la fin de la Transition, Yelema s’était tout simplement désolidarisé de cette décision.

« Il y a eu des décisions que nous ne partagions pas, parce que le Cadre n’est pas une plateforme politique, encore moins un parti politique, juste un cadre d’échanges. Nous nous retrouvons sur des sujets sur lesquels nous travaillons à avoir le maximum de consensus, mais, s’il n’y a pas de consensus, je pense que les partis ont leur liberté de parole », se justifiait le 18 août 2022 le Président Dr. Youssouf Diawara. Pour certains, ces prises de position mesurées étaient aussi en partie guidées par le dossier judiciaire qui pesait sur le fondateur de Yelema. En novembre 2021, il avait été convoqué au Pôle économique de Bamako pour une affaire de malversations financières. M. Mara a rejeté en bloc ces accusations.

Lors du référendum du 18 juin 2023, Yelema, contrairement à d’autres formations politiques qui s’étaient clairement rangées dans les camps du « Oui » ou du « Non », a appelé chaque militant  et sympathisant à voter en accord avec « ses propres convictions », s’abstenant de donner une consigne ou d’opter pour un appel au boycott, même si le parti avait indiqué regretter le fait que le nouveau texte constitutionnel n’ait pas pris en compte ses préoccupations et ignorait les grands principes qui doivent guider les actions publiques et la pratique institutionnelle du pays. Le Porte-parole du parti, Hamidou Doumbia, pas en phase avec cette décision, a même milité dans une association prônant clairement le non pour la constitution.

Le ton du communiqué du parti Yelema en date du 25 septembre, en réponse au report de la présidentielle initialement prévue en février 2024, a été, contrairement à ses positions antérieures, l’un des plus virulents parmi les nombreuses réactions suscitées au sein de la classe politique.

« Langage de vérité »

La prolongation de fait de la Transition est-elle celle de trop, qui fait basculer le parti Yelema dans le rang des partis ou regroupements de partis politiques clairement « opposés » aux autorités de la Transition ? Cela semble être le cas. Mais, à en croire son Secrétaire politique et Porte-parole, Hamidou Doumbia, il n’en est rien.

« Le parti s’est toujours inscrit dans une opposition contre les mauvaises pratiques. La transition n’est pas une période où il y a une opposition et une majorité. Mais, à chaque fois qu’il y aura mauvaise pratique, le parti aura le courage de s’y opposer. C’est cette posture que nous avons depuis le début de la Transition ». 

« Quand nous pensons qu’il y a des actions qui sont positives, nous le disons. Quand il y a des actions qui ne sont pas justifiables et qui, pour nous, ne sont pas claires, nous avons toujours eu le courage de le dire et nous continuerons à le dire quoi que cela puisse nous coûter », poursuit-il.

Pour le Porte-parole de Yelema, le communiqué du 25 septembre n’est pas virulent, mais plutôt « véridique ». « Nous sommes dans une période de transition et nous ne pouvons pas parler d’opposition claire. Les partis politiques doivent certes accompagner la Transition, mais cela ne veut pas dire qu’ils doivent être dans une posture de bénis oui-oui et accepter tout ce que la Transition pose comme actes. Je pense que Yelema est dans cette dynamique. Ils ne sont pas dans une opposition déclarée, mais ils sont en train de dénoncer ce qui ne va pas selon eux », analyse Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques de l’USJP.

Mali – Transition: des rendez-vous manqués

Depuis le début de la Transition, le respect des échéances préétablies pour la mise en œuvre des réformes et la tenue des élections n’a souvent pas été effectif. Pour certains, la nouvelle date du référendum risque de ne pas faire exception, tant les défis qui restent à relever dans ce petit laps de temps sont nombreux. Encore une date pour du beurre?

En avril 2021, le gouvernement de transition établit un chronogramme de 18 mois fixant la fin de la transition à février 2022, avec la tenue couplée des élections présidentielle et législatives le 27 février 2022. Le référendum était fixé au 31 octobre 2021 et l’élection des conseillers des collectivités territoriales au 26 décembre 2021. Mais ces différentes dates ne seront pas respectées.

Le 24 mai 2021, Bah N’Daw, alors Président de la Transition est renversé par le Colonel Assimi Goita. Les Assises nationales de la Refondation sont organisées en décembre  2021. Parmi les recommandations, une durée de transition allant de 6 mois à 5 ans. Après plusieurs semaines  de tractations internes, sur fond de pressions de la CEDEAO et de la communauté internationale, la transition est prolongée de 24 mois, jusqu’à février 2024, à compter du 26 mars 2022.

Un nouveau chronogramme est publié en juin 2022. Il prévoit l’organisation du référendum le 19 mars, l’élection des conseillers des collectivités territoriales le 25 juin 2023, celle des députés à l’Assemblée nationale le 29 octobre 2023 et la présidentielle le 4  février 2024.

Le 10 mars 2023, après un retard dans l’organisation du référendum, le ministre de l’Administration territoriale annonce un « léger report » et assure que la nouvelle date du référendum sera fixée après concertation avec l’Autorité indépendante de gestion des élections et l’ensemble des acteurs du processus électoral. Près de 2 mois après, le gouvernement annonce la nouvelle date, le 18 juin 2023.

Chez les politiques, le ton est à la prudence. « Le parti aujourd’hui n’a pas toutes les informations techniques. C’est le ministre qui a les informations, qui sait le niveau de préparation, qui connait exactement la situation sécuritaire sur le plan territorial. S’il sort et dit qu’ils peuvent tenir le référendum à cette date, nous ne pouvons que suivre », relativise Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Toutefois, pour celui qui est également Porte-parole de Yelema et espère que le gouvernement ne sera pas à nouveau dans une mauvaise planification, il faudrait à chaque fois  tenir compte des contours de chaque décision qu’on prend pour ne pas se tromper,  afin d’éviter des reports de dates sources de méfiance entre les acteurs.

Moussa Mara : « Il faut qu’on travaille à la réussite de la Transition plutôt que de s’ériger en opposant »

Alors qu’il a prononcé le premier discours du Cadre des partis politiques pour la réussite de la Transition, désormais Cadre pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’ancien Premier ministre Moussa Mara le dit d’emblée : il n’est plus en phase avec certaines décisions de ce regroupement politique. Il en explique les raisons.

Pourquoi avez vous pris vos distances avec le Cadre ?

Personnellement, il y a des positions que le Cadre a pris que je ne partage pas. Cela n’engage que moi. Par exemple, en février dernier, quand ses acteurs ont donné un ultimatum aux autorités de la Transition pour leur dire que dans quelques temps, si les choses ne bougeaient pas, ils n’allaient plus les reconnaître. Pour moi, ce n’est pas une position constructive. Quand le Cadre a changé de nom récemment, pour dire que ce n’est plus le Cadre pour la réussite de la Transition mais le Cadre pour le retour à l’ordre constitutionnel, j’ai dit que ce n’était pas conforme à l’esprit même de la création du collectif. Il a été créé pour aider les autorités de la Transition à réussir, et dans cela il y a les élections, mais pas que. Il faut aujourd’hui qu’on essaie de travailler à la réussite de la Transition plutôt que de s’ériger en opposant. Une transition ne doit pas avoir d’opposants.

Mais pourtant vous étiez, à sa création, au devant de ce collectif…  

C’est vrai que j’ai prononcé le premier discours de présentation du Cadre, avec la permission du Président de Yelema et de tous ceux des partis politiques qui constituent le regroupement. Étant un initiateur du regroupement, ils m’ont laissé présenter le premier discours, mais depuis cette présentation je n’ai pas parlé une seule fois au nom du Cadre, parce que je ne suis plus Président de parti.

Vous revenez d’une tournée dans la région de Kita. Est-ce déjà la mobilisation pour les élections futures ?    

Depuis 12 à 13 ans, avant même que je ne sois Premier ministre, je tourne dans le pays tout le temps. Un acteur politique doit être constamment en action, aller là où les citoyens vivent, discuter avec eux, comprendre ce qu’ils vivent pour trouver des solutions. La politique, c’est essayer de trouver des solutions aux problèmes des gens. On ne peut pas le faire si on ne connaît pas les gens et on ne peut pas connaître les gens en étant à des milliers de kilomètres d’eux. C’est pour cela que je tourne tout le temps, même en dehors de toute période électorale. C’est dans ce cadre que je suis allé à Kita.

Assane Sidibé : « Nous n’avons qu’un seul Mali, personne n’a intérêt à ce qu’il chavire»

Ancien maire et député, Assane Sidibé siège depuis début décembre 2020 au Conseil national de la Transition (CNT). Dans un entretien accordé à Journal du Mali, il évoque les raisons de ce choix, mais aussi Yelema, le parti politique dont il préside la section en Commune IV du District de Bamako.

On vous entend souvent être très critique, pourtant vous être au CNT. Pourquoi  avoir fait ce choix?

Pour moi, le choix n’était même pas discutable par rapport à ce que j’ai fait dans l’ancienne législature. C’était une occasion de continuer le boulot. Le Mali est en train de vivre une période cruciale de son existence. J’ai été sollicité et j’ai accepté d’apporter ma contribution à l’édification de mon pays. Je me suis dit aussi que c’était une occasion inouïe pour les Maliens. Le CNT étant l’organe le plus important de la Transition, il était donc impératif pour moi d’y être. Nous n’avons qu’un seul Mali, personne n’a intérêt à ce qu’il chavire.

Est-ce pour vous une continuité du mandat de député ?

C’est une occasion de continuité parce que pleins étaient de l’Assemblée nationale dissoute mais n’ont pas eu l’occasion d’être au CNT. Au-delà de cela, pour moi, le plus important  c’est simplement de parfaire le boulot que j’avais commencé, faire la politique autrement. En cela, c’est même plus qu’une continuité, c’est une occasion de refaire.

Votre parti, Yelema, prône « la politique autrement ». En quoi traduisez-vous concrètement cette aspiration ?

La politique autrement n’est autre que de servir le peuple et non de se servir. C’est ce que nous avons toujours dit et que nous sommes en train de démontrer. Il y a eu l’alternance au sein du parti. Lors de l’ancienne législature, Moussa Mara et moi avions décidé de créer une caisse de solidarité au profit des femmes et des jeunes de la Commune IV avec nos salaires, ce qui continue d’ailleurs avec mon salaire au CNT. C’est autant de faits qui concrétisent notre aspiration.

Comment se prépare votre parti pour les élections ?

Nous sommes en train de parcourir le pays pour aller à la rencontre des futurs sympathisants et électeurs et leur proposer notre solution pour le Mali et l’expérience de la jeunesse. Aujourd’hui, nous pensons que notre heure est arrivée. Nous l’espérons,  par la grâce de Dieu.

Des primaires au sein de votre parti pour la désignation du futur candidat à la présidentielle ?

Bien sûr qu’il y en aura, si en plus de Moussa Mara, qui n’a pas encore déclaré sa candidature, il y a d’autres camarades qui se présentent. Nous sommes un parti de démocrates.

Partis politiques : ces présidents qui cèdent le fauteuil

Le 12 décembre dernier lors du 3ème congrès ordinaire du parti Yelema, Moussa Mara passait le témoin à Youssouf Diawara pour prendre les rênes, consacrant une alternance à la tête du parti, plutôt rare au sein de la classe politique malienne. Le 26 décembre, lors du 7ème congrès ordinaire du Parti CNID-Faso Yiriwaton,  Maitre Mountaga Tall, Président du parti depuis sa création, a également annoncé ne plus renouveler son mandat.

Cette nouvelle dynamique au sein de la classe politique marquerait pour certains le début du renouvellement tant réclamé ces dernières années de l’échiquier politique national.

« Je refuse d’être un président d’honneur ! Un président fondateur qui décide encore de tout, à l’ombre de son salon climatisé et sans qui aucune initiative ne sera prise ! Non je reste un militant et je continuerais à servir YELEMA et le Mali avec tous. En soldat loyal et discipliné et qui suivra les instructions données par la nouvelle direction du parti », avait indiqué sans ambage Moussa Mara  face aux congressistes de son parti.

L’ancien Premier ministre qui a toujours pris à cœur le combat de l’alternance au sein des partis politiques envoyait ainsi un signal fort au reste de la classe politique en cédant les rênes de son parti à terme de son mandat.

Mais si cette décision en guise d’exemple a été globalement très bien accueillie  par les militants non seulement du parti Yelema mais bien au-delà, elle soulève tout aussi des interrogations sur la personne  qui sera éventuellement désignée candidat de Yelema lors de la Présidentielle de 2022.

Entre stratégie électoraliste et retrait

Pour certains analystes, même en n’étant plus ni président en exercice ni d’honneur du parti Yelema, Moussa Mara reste de facto le propable futur candidat du parti.

« Son départ de la tête de Yelema est purement stratégique. Je ne le vois pas en termes de véritable alternance politique.  C’est pour marquer l’esprit de la masse populaire et jouir d’une certaine popularité pour les élections à venir », clame Bréhima Mamadou Koné, politologue.

En revanche, pour le politologue, le retrait annoncé de Maitre Mountaga Tall qui entend  demander au prochain congrès extraordinaire du CNID prévu en mai 2021 de ne pas renouveler son mandat à la tête du parti, répond au besoin de l’alternance démocratique au sein de ce parti.

« C’est pour permettre à la jeune génération au sein de son parti d’émerger. Il a lutté pendant 30 ans et à un certain moment il faut passer le flambeau à la jeune génération », soutient-il.

Ces deux cas de figures qu’il ne faut pas juxtaposer selon Bréhima Mamadou Koné, s’inscrivent dans la droite ligne du discours tenu en masse aujourd’hui au sein de l’opinion publique, favorable à une alternance au sein des partis politiques.

Mais, indique-t-il, ces chefs de partis qui passent la main demeureront dans la majorité des cas,  des faiseurs de rois au sein de leurs différents formation politiques.

Yelema : Pourquoi tant de démissions ?

Depuis quelques semaines, le parti Yelema (Le changement) se vide de certains de ses membres fondateurs et autres militants. Après la démission, le 6 juin de neuf cadres du parti, c’est toute la section de Diré qui a posé ses valises à la CODEM le 15 juillet. Les démissionnaires reprochent au Président Moussa Mara des violations répétées des principes de base du parti et l’absence de promotion du leadership jeune, entre autres.

Au sein du parti de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, la saison semble compliquée. En deux mois, des dizaines des membres ont claqué la porte. Parmi eux, des fondateurs du parti. Les conséquences  d’un long malaise auquel ces militants ont choisi de mettre fin en débarquant pour la plupart à la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) de l’actuel ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, Housseini Amion Guindo.

« Avec certains membres fondateurs, nous avons décidé de démissionner de Yelema, parce que nous avons créé ce parti sur la base de la vérité et de la transparence, de la responsabilisation de la base, de la promotion du leadership jeune, de la méritocratie,  des  intérêts publics supérieurs aux intérêts privés. Au bout de dix ans d’exercice,  nous nous sommes rendus compte que le Président du parti, Moussa Mara, n’était pas en train de respecter ces  principes », se justifie Amadou Aya, démissionnaire, Secrétaire politique de Yelema pendant près de  dix ans.

Il fait partie de la première vague de neuf cadres qui a démissionné le 6 juin dernier.  L’ancien membre du Comité exécutif de Yelema assure toutefois qu’ils étaient seize  le jour de leur adhésion à la CODEM. Le 15 juillet, c’est toute la section Yelema de Diré qui les a rejoints, ouvrant une brèche non négligeable au sein du parti.

Départs forcés ?

Face à ces départs, le  Président de Yelema ne cache pas son regret de voir ces compagnons d’antan lui tourner le dos. « Nous avons été témoins de cette situation déplorable, cela d’autant plus que certains partants ont été les fondateurs du parti. À l’annonce du départ de ces camarades, les instances du parti ont mis en place trois commissions pour aller discuter avec eux : une commission du comité exécutif central, dirigée par le Maire de la Commune IV, une commission des femmes et une dernière des jeunes. À chacune de ces commissions ils ont indiqué qu’ils sont déjà partis et ont fait le choix du parti où ils comptent désormais militer, en l’occurrence la CODEM », confirme Moussa Mara.

« Libéré », le nouveau membre du bureau national de la CODEM énumère les raisons du divorce. « Quand le premier responsable du parti est aux affaires, ministre, Premier ministre, et qu’il ne peut pas promouvoir le leadership jeune selon le mérite de chacun, il y a des questions à se poser. Il prenait également des décisions sans en référer à l’Exécutif et à la base, comme lors de l’élection présidentielle de 2018, où il fait une déclaration unilatérale de candidature en foulant au pied les principes du parti », raconte Amadou Aya. Il ajoute : « et, après cela, alors qu’on s’apprêtait à aller à Kenieba pour la campagne, il est venu nous dire lors d’une réunion de comité qu’il se retirait  au profit de Cheick Modibo Diarra. Cela nous a choqués ».

À l’inverse, l’ancien Premier ministre assure qu’il a toujours agi selon les principes du parti. Ayant écrit plusieurs livres, animé des conférences et occupé des responsabilités, Mara entend laisser ces éléments parler en sa faveur. « Le parti Yelema souhaite garder chacun de ses militants, comme tous les autres partis. A fortiori ses responsables, dont certains membres fondateurs. Il fera tout pour cela, mais à l’impossible nul n’est tenu. La vie politique a ceci de particulier que des départs sont constatés, de même que des arrivées. Nous recevons les arrivées et déplorons les départs », regrette le chef du parti.

Alors que ses anciens camarades le soupçonnent de manoeuvre pour rester à la tête du parti au-delà des dix ans prévus, Mara annonce qu’il quittera « ce poste pour  continuer à militer au sein du parti, car personne n’est indispensable ».

Pour reconquérir d’autres militants, indispensables pour faire aboutir ses ambitions politiques, Yelema compte, selon son président, sur ses idées, ses principes et ses convictions. « Nous restons donc sur notre voie, sans aucune animosité envers qui que ce soit et avec la ferme ambition de réaliser le vrai changement au Mali », conclut-il. Mais cette sérénité affichée suffira-t-elle à contenir l’hémorragie ?

Report des législatives : Voix discordantes

C’était dans l’air depuis un moment. C’est désormais officiel. Les élections législatives sont à nouveau reportées, ouvrant la voie à une prorogation du mandat des députés jusqu’à la fin du premier semestre 2019. Entre respect de la constitution et le climat politico-sécuritaire, les réactions des partis politiques sont partagées.

La Cour constitutionnelle du Mali a donné un avis favorable à la demande de l’Assemblée nationale pour le report du scrutin législatif, constatant non seulement  « le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et légales » mais aussi « la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale ». L’institution précise cependant que « ladite prorogation doit intervenir au moyen d’une loi organique », selon l’avis N° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018, paru dans le Journal officiel de la République du Mali.

Réactions divergentes Face à ce deuxième report des élections législatives, les partis politiques n’ont pas tardé à réagir. Dénonçant une action qui « vise à donner un cadre légal à une action politique destinée à couvrir un vide constitutionnel », Moussa Mara, président de Yèlèma, réitère la position de son parti au maintien de la date constitutionnelle des élections législatives et est donc « opposé par principe au report de cette consultation ». « Le parti Yèlèma rappelle que la situation actuelle du Mali nécessite un dialogue politique inclusif permettant d’aboutir à des solutions consensuelles », peut-on lire dans un communiqué daté du 16 octobre 2018.

Au FARE – An ka wuli, ce report de l’élection des parlementaires est plutôt bien accueilli. D’ailleurs le parti n’avait pas attendu l’officialisation pour se prononcer sur la question. « Le contentieux des élections présidentielles n’étant pas encore vidé et le pays ayant d’autres priorités pour l’heure, on ne peut pas aller aux élections législatives. Aucun Malien ne peut fermer les yeux aujourd’hui sur la situation dramatique que notre pays traverse », constate Bréhima Sidibé, secrétaire général adjoint.

Le président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP), Niankoro Yeah Samaké, évoque pour sa part  un « mal nécessaire ». « Nous n’encourageons en aucun cas la violation de la Constitution. Mais avec la procédure entamée pour aboutir à la prorogation, il y a eu un compromis politique et cela amène un climat plus apaisé. Nous saluons donc ce compromis entre l’opposition et la majorité », affirme le candidat malheureux à la dernière présidentielle.

Cheick Modibo Diarra : Le joker?

On le disait dégoûté du Mali après son échec à la présidentielle de 2013, trop esseulé ou encore à la tête d’un micro-parti. Tous ceux qui l’enterraient déjà se sont trompés. Pas étonnant. Cheick Modibo Diarra est un personnage plein de surprises. A la tête de la coalition CMD 2018, il arrive en quatrième position du premier tour de la présidentielle du 29 juillet.

Vendredi 27 juillet, dernier jour de campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle. Cheick Modibo Diarra, candidat de la coalition CMD, tient son meeting final non loin de la place de l’Obélisque (Bougie Ba). Peu avant 18 heures, il fait son entrée, accompagné de Moussa Mara, et salue chaleureusement les militants qui l’attendent. « Enfin, voici Cheick Modibo de la NASA », laisse échapper, émue, Bintou. La cinquantaine révolue elle assure être venue par ses propres moyens assister au meeting. Sur les podiums, artistes et humoristes se succèdent. Détendu et naturel, l’astrophysicien de 66 ans se délecte du spectacle. « Regardez, il rit, lève son poing, j’ai même peur qu’il ne se lève pour danser », plaisante Moussa Mara, s’adressant aux militants venus nombreux. « Il ne s’en cache pas, il aime le Mali et les Maliens et notre pays a besoin d’un dirigeant qui l’aime », ajoute-t-il. Alors que les dernières lueurs du soleil laissent place à l’obscurité de la nuit, Diarra, physique de rugbyman, s’adresse à ses partisans. Dans un discours en bambara, il harangue ses « troupes » et leur promet un Mali différent si la confiance du peuple lui est accordée. « Me choisir, ce n’est voter pour moi mais pour un groupe. Si vous pouviez acheter une paire de chaussures 1 000 francs CFA ou en avoir cinq de qualité pour le même prix, que choisiriez-vous ? » questionne-t-il.

Revenu de loin

C’est peu de le dire. Nommé Premier ministre durant la transition, le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diarra voit sa carrière politique accélérer. Avec les pleins pouvoirs, il a la difficile tâche de redresser un pays au bord du précipice, miné par la rébellion et sous embargo. L’ancien de la Nasa parvient tout de même à contenir l’hémorragie. De cette période, les Maliens gardent de lui l’image d’un homme intègre et rigoureux dans le travail. Plus tard, contraint à la démission par la junte militaire de Amadou Aya Sanogo, le gendre de l’ex Président Moussa Traoré confiait dans une interview à Journal du Mali avoir eu ensuite à soigner une « infection respiratoire inexpliquée », après un rythme de travail infernal. Désireux « d’être au chevet » du Mali, il se présente à la présidentielle de 2013. En dépit d’un certain engouement, il ne fera « que » 2,14%, bien en deçà de ses attentes. Une déception qui le fait s’éloigner de la scène politique. Atrophié par cette catatonie politique, on aurait pu craindre un retour silencieux. Il n’en a rien été, car CMD a été bien aidé par des « béquilles solides », qui ont su le pousser.

Choix consensuel

La décision de Moussa Mara, Président du parti Yelema, de retirer sa candidature au profit de Cheick Modibo Diarra en a étonné plus d’un. L’ancien Premier ministre d’IBK, dépeint comme orgueilleux et très ambitieux, a vu ce choix faire l’objet de certaines controverses, y compris au sein de son parti. « Il est vrai que certains l’ont accepté avec des grincements de dents. Cela a été très difficile mais le parti a joué le jeu », confie-t-il. Car certains n’acceptaient pas qu’en dépit de son vécu politique et du poids de son parti il s’efface au profit du Président du RPDM. Les discussions furent longues. En décembre 2017, Mara, Diarra, Aliou Boubacar Diallo et Hamadoun Touré, entre autres (ils étaient une dizaine), entament des discussions dans le but de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2018. « Nous n’avons pas pu nous entendre. Nous avons donc libéré les uns et les autres en mars », raconte Mara. Affaire pliée ? Pas vraiment. Deux mois plus tard, en mai, le Forum des organisations de la société civile a démarché Mara, Diarra, Oumar Mariko et Zoumana Sako afin qu’ils se mettent ensemble. « Ce fut l’élément décisif. Ils nous ont fait savoir qu’ils verraient Cheick Modibo Diarra comme le candidat de cette coalition. J’ai dit oui, Mariko a refusé, en avançant que son parti l’avait déjà investi, et Sako a demandé un temps de réflexion », poursuit Mara. Désireux d’élargir la coalition naissante, ils prospectent auprès de politiques qui partagent le même désir de changement qu’eux. Convaincu, Konimba Sidibé, Président du Mouvement pour un destin commun (MODEC) adhère au projet. « Nous voulions un candidat qui soit à la fois intègre, d’une grande compétence et d’un grand engagement vis-à-vis du Mali. Tout cela, on le retrouvait chez Cheick Modibo Diarra. Pour nous, il incarne le vrai changement », confie l’ancien ministre de la Promotion de l’investissement et du secteur privé.

Campagne de proximité

Pas de concert géant, ni de meeting dans les grands stades du Mali. La coalition CMD a misé sur une campagne de proximité, au plus près des Maliens. « Dans certaines localités, quand les gens apercevaient les véhicules aux couleurs de la coalition, ils accouraient vers nous en nous présentant leurs initiatives personnelles, qu’ils finançaient eux-mêmes. En plus de 20 ans de politique, je n’avais jamais vu cela », assure Sidibé. La réputation de Diarra, l’implantation de Yelema et l’apport de Sidibé dans les zones rurales : la machine électorale du tryptique se met en place. « Notre résultat, c’est grâce au citoyen lambda, qui a vu en la coalition le début de quelque chose. Nous nous sommes rendu compte que des centaines de citoyens menaient campagne pour nous sans que nous le sachions. Cela a été un moteur important de succès, surtout à Bamako », affirme Mara. Des bénévoles ont donné de leur temps et quelquefois puisé dans leur portefeuille pour le succès de la campagne. Un accent particulier a été mis sur les réseaux sociaux et sur les radios communautaires. La coalition affirme avoir diffusé des messages dans plus de 300 radios à travers le pays. Approche différente dans un écosystème politique très porté sur le règne de l’argent, auquel Cheick Modibo Diarra et ses soutiens ont refusé de prêter allégeance. Yehia Maiga, l’un des chargés de communication de la campagne de Diarra, assure que dans certaines localités il leur a été demandé de l’argent contre un vote. « Ils avaient reçu des sommes d’argent de la part d’autres partis et ils voulaient que nous fassions de même ». Surenchère à laquelle le candidat, passablement énervé par ces demandes, a refusé de se soumettre. Tranchant avec ses adversaires, il s’est retenu de faire campagne à Kidal, qu’il estime n’être que « symbolique ». « Il ne voulait pas singulariser Kidal, être pris en charge par les groupes armés et avoir les drapeaux de l’Azawad derrière lui. Cela ne fait pas « Mali » et il a eu raison », révèle Mara.

Faiseur de roi ?

Les premières tendances officieuses qui se dessinent le placent dans cette position.  «L’effet Moussa Mara y est pour beaucoup. Les Maliens ne votent pas pour le programme, mais pour la personne, et Check Modibo Diarra est souvent présenté comme le renouveau », analyse Khalid Dembélé, économiste chercheur au Centre de recherche et d’analyse politique, économique et sociale (CRAPES). Position enviable diront certains, mais dans ce cas assez épineuse. Avant le scrutin, des rumeurs affirmaient que le seul but de la coalition était d’apporter son soutien au Président IBK, candidat à sa réélection. Rapidement balayées d’un revers de la main par les principaux acteurs du mouvement. « C’est un vent nouveau qui souffle dans le pays et il en a rendu fou certains. Cela ne m’étonne pas, ce vent est un tourbillon pour beaucoup. Je vous l’affirme, nous n’allons soutenir personne au second tour, car nous y serons nous-mêmes. Nous n’aiderons personne », clamait l’ancien Directeur de Microsoft Afrique lors de son dernier meeting de campagne. Mais avec les résultats provisoires qui le place en quatrième position, tout juste derrière Aliou Boubacar Diallo, ce scénario ne tient plus. « Cela m’étonnerait que le candidat de la CMD donne des consignes de vote. Et je pense que dans ce cas la coalition éclatera, car tous ses membres ne respecteront pas ce positionnement », prophétise le chercheur. La candidat Diallo étant un plus que probable soutien au challenger Soumaila Cissé, tous les regards sont donc fixés sur la coalition CMD 2018 et son candidat. Qui ont les cartes en main, avec leur 7,46% de suffrage, pour faire la différence. Alors, joker ou poker face?

CMP : toujours vivante ?

Au fur et à mesure que les échéances électorales s’approchent, des partis membres de la Convention de la majorité présidentielle (CMP) jettent l’éponge. Le retrait de Yelema de Moussa Mara et du CAP de Racine Thiam, ainsi que la démission du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaila Konaté, témoignent du malaise au sein du regroupement. Pire, pour certains, ce n’est qu’un début.

Créée le 7 septembre 2014 par plus d’une soixantaine de partis politiques, la Convention de la majorité présidentielle (CMP) avait pour objectif de défendre et de soutenir le programme politique du Président IBK. Trois ans après, le malaise s’installe. Il y a plus d’un an, SADI d’Oumar Mariko et l’ADP – Maliba d’Amadou Thiam donnaient le la du départ. Surviendra ensuite la démission de Racine Thiam de son poste de Directeur de la communication de la Présidence, suivie, le 28 octobre dernier, de la formalisation de son rapprochement avec l’URD, principal parti de l’opposition. Une divergence de vues dans la gouvernance du pays aurait motivé ce départ. Puis vint le tour du parti Yelema de l’ancien Premier ministre Moussa Mara de lâcher ses alliés d’hier, le 8 juillet 2017, retrait acté lors du 2ème congrès du parti, les 18 et 19 novembre à Mopti. Contrairement au CAP, Yelema n’a pas rejoint l’opposition, préférant adopter une position médiane.

La majorité affaiblie

Selon Mamadou Doumbia, député ADP – Maliba, ces départs s’expliquent par l’ambition de certains chefs de partis de se présenter aux élections à venir. « Les gens ont composé avec la majorité, mais avec l’approche des élections, certains choisissent de partir pour se présenter ». Selon lui, la majorité est affaiblie, mais « c’est à elle de travailler suffisamment. » Pour le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaila Cissé, « la majorité n’existe que de nom ». Même la CODEM, selon lui, est confronté à des difficultés au sein de la CMP. Mais, d’après Mamedi Sidibé, député RPM, la majorité se porte bien. D’ailleurs, « nous avons la majorité absolue rien qu’avec le RPM à l’Assemblée nationale », souligne-t-il. « C’est dans le souci de fédérer les enfants du Mali pour faire face aux enjeux actuels que la CMP a été créée, car ce qui compte pour IBK, c’est le Mali ». Mais la démission du ministre de la Justice, le 27 novembre, confirme éloquemment, aux yeux de certains, la discorde qui régnerait au sein du gouvernement.

Yelema quitte la majorité présidentielle

Après quatre mois de suspension de sa participation à la majorité présidentielle, le parti Yelema a quitté la majorité présidentielle. Une décision qui fait suite au constat des « dérives » du régime actuel et son incapacité à trouver les solutions aux maux de la société.

Après avoir soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de la présidentielle, en 2013 et l’avoir accompagné pendant 3 ans, le parti Yelema se retire de la majorité présidentielle, non sans amertume. « Nous avons soutenu le président (IBK) sur la base de son programme. Notre président a été nommé ministre et a assumé les fonctions de Premier ministre. Mais force est de constater que trois ans après, la grande majorité des attentes des populations n’a pas été comblée et nous constatons une dérive totale qui mène le pays vers des lendemains sans issue », affirme Monsieur Amadou Aya, Secrétaire politique du parti Yelema.
Le parti en veut pour preuve, l’insécurité qui gangrène le nord et maintenant le centre du pays. Yelema reproche également au gouvernement de « ne pas être à l’écoute de la population ». L’une des raisons qui ont, d’ailleurs conduit le parti à suspendre sa participation à la majorité présidentielle, lors du processus de révision constitutionnelle. Car si Yelema soutenait la révision constitutionnelle, il estimait que le moment n’était pas opportun et jugeait le processus pas assez inclusif. Des arguments qui justifient la fin de l’alliance entre le parti de Moussa Mara et le camp du régime du président IBK.

Une opposition dite « républicaine »

Désormais, dans l’opposition, le parti entend garder son indépendance et n’entend pas s’allier à une opposition dite « républicaine ». Le parti qui souhaite un renouvellement de la classe politique à travers de nouvelles façons de faire, ne jure que par l’alternance, en 2018. Et il ne s’agit pas seulement pour eux de changer le parti au pouvoir et ses alliés, mais de changer profondément la classe politique. Même ceux qui ne sont pas actuellement au pouvoir, ne sont pas plus crédibles aux yeux du parti Yelema. Car « la plupart d’entre eux étaient aussi de la majorité, étant issu du parti majoritaire du 26 mars 1991, notamment le parti ADEMA », soutient le Secrétaire politique de Yelema. Ne pourrait-on pas faire le même reproche au parti Yelema qui a aussi exercé le pouvoir ? « Nous sommes comptables de notre bilan et nous l’assumons », ajoute Monsieur Aya.

Réaffirmant la volonté de son parti de contribuer au changement, en 2018, le parti Yelema n’entend pas cependant être la seule force à l’incarner. « L’alternative ne se trouve pas que dans Yelema. Il y a d’autres hommes et femmes de valeur qui peuvent incarner cette alternance. Nous sommes conscients qu’un parti seul ou un homme seul ne peut faire ce changement. (…) Si ce choix ne se portait pas sur nous, nous sommes prêts à mettre de côté notre candidature pour soutenir cet homme ou cette femme », conclut Monsieur Aya.

Moussa Mara : « Quand vous êtes critiqué des deux côtés, c’est la preuve de votre neutralité »

Ancien Premier ministre et Président du parti Yelema, Moussa Mara, qui a annoncé dimanche 9 juillet la suspension de la participation de son parti aux activités de la majorité présidentielle, revient sur les raisons qui ont motivé ce choix. Il aborde également les sujets de la révision constitutionnelle et de l’élection présidentielle de 2018.

Yelema vient de quitter la majorité présidentielle. Quelles en sont les raisons et pourquoi maintenant? 

Par lettre envoyée à la direction de la majorité présidentielle, j’ai signifié que Yelema suspendait sa participation aux activités de la CMP. Une seule raison a motivé cette décision. A la suite du report de la date du référendum, une réunion de la majorité a demandé aux partis membres de proposer les corrections qu’ils entendaient apporter au projet de révision de la Constitution. Nous avons envoyé nos propositions, qui correspondent d’ailleurs à la plupart des propositions des opposants à ce projet. Nous avons été surpris de constater que le Gouvernement, en principe issu de la majorité, n’entendait pas apporter de modifications au texte, selon les dires du ministre en charge de la question. Nous avons donc saisi la CMP pour nous édifier sur cette incohérence entre sa position et celle du Gouvernement. Nous n’avons pas reçu de réponse. Le parti en a tiré ses conclusions et profité de l’occasion pour insister encore une fois sur la nécessité de conduire le processus de révision de manière consensuelle.

Votre parti se réclame-t-il désormais de l’opposition ou du centre? 

C’est aller vite en besogne que de classer Yelema dans un camp. Nous n’en sommes qu’à la suspension de notre participation à la majorité. Si nous devions quitter cette dernière, il est clair que nous n’irions pas à l’opposition ou dans un quelconque autre camp, car nous estimons que l’essentiel pour le Mali ne réside pas dans ce type de démarche. La classe politique malienne a besoin d’une profonde restructuration. C’est cela l’enjeu pour Yelema.

Concernant la révision constitutionnelle, vous ne partagiez pas les mêmes avis que la majorité présidentielle. Pour beaucoup, c’est une politique « opportuniste » que vous pratiquez. Que répondez-vous à cela? 

Votre question est opportune. Si vous suivez l’actualité, vous verrez que nous sommes aussi très vertement critiqués par ceux qui s’opposent à la révision actuelle de la Constitution. Quand vous êtes critiqué des deux côtés, c’est la preuve de votre neutralité et de votre indépendance vis-à-vis des deux camps. C’est ce que nous défendons aujourd’hui. Nous voulons que le changement de notre Constitution ne soit pas un enjeu politique ou une occasion de confrontation, mais un exercice consensuel qui réunisse l’ensemble des Maliens. C’est pourquoi nous demandons plus de concertations et de discussions afin d’aboutir à une solution consensuelle. Dans un climat de passion, la modération n’a généralement pas bonne presse, mais, à moyen terme, c’est elle qui mène sur la voie de la construction.

L’opposition, à travers la plateforme « An tè A bana » continue sa mobilisation contre la révision constitutionnelle. Une nouvelle marche est prévue ce samedi. Allez-vous y participer? 

Non, Yelema ne participera pas à cette marche, comme aux marches précédentes. Si vous lisez nos communiqués, vous verrez que nous appelons au dialogue, même si l’initiative doit d’abord venir du Gouvernement. Les opposants au projet sont parfaitement dans leur droit de manifester, et ce droit n’est pas négociable, mais nous n’y prendrons pas part.

Le fait que votre parti quitte la majorité présidentielle vous libère de tout engagement politique envers elle. Êtes-vous déjà dans la perspective de l’élection présidentielle de 2018 ?

Je vous signale d’abord que nous n’avions aucun engagement politique qui contraignait notre liberté d’action et de mouvement. Nous avons présenté des candidats, lors des élections passées, contre des candidats de partis de la majorité et nous pourrons le faire de nouveau en 2018 à la présidentielle sans quitter la majorité. Nous avons régulièrement communiqué sur ces aspects. La décision de la suspension, comme nos positions relatives à la révision constitutionnelle, n’ont rien à voir avec les prochains scrutins.

Quid de votre candidature au poste de Maire du District de Bamako? 

Avec le énième report de cette élection, le sujet est de moins en moins d’actualité.

Quels sont les projets à court et long terme de Yelema?

Comme tout parti politique, se renforcer, améliorer l’implantation sur le territoire et à l’extérieur, réfléchir aux idées permettant de donner à notre pays une nouvelle route vers l’avenir et travailler à conquérir le pouvoir pour le faire. Yelema est un parti de construction. Avec d’autres acteurs politiques, mais aussi de la société civile, il partage de nombreuses analyses pour restructurer, renouveler et rajeunir le leadership public et politique dans notre pays. Il travaillera avec ceux-ci dans cette optique.

 

 

 

Majorité : « Quand le moteur est grippé, la voiture fait du sur place »

En deux mois, une dizaine de députés ont quitté les rangs de la majorité présidentielle, ne partageant plus les mêmes aspirations politiques que le RPM, principal parti au pouvoir. Face à ces défections, la majorité n’entend pas se laisser abattre.

C’est sans précédent. En l’espace de deux mois, plus de dix députés ont décidé de quitter les rangs de la majorité présidentielle. C’est bien la première fois depuis le début de la législature, que des élus quittent le pouvoir pour se tourner vers l’opposition. On rappelle que l’ADP-Maliba a été le premier parti à prendre ce chemin en août dernier. Cette formation, renforcée par quatre députés démissionnaires du RPM, vient d’annoncer son alliance avec le SADI, qui dispose de cinq députés, pour créer une nouvelle force d’opposition au sein du parlement. Selon l’honorable Amadou Thiam, 2ème vice-président de l’Assemblée et président de l’ADP-Maliba, la gestion de l’État « ne répond plus aux fondamentaux de l‘engagement politique convenu en 2013 ».

Entre optimisme et déception Pour Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti Yèlèma, il est incontestable que la majorité présidentielle fait face à des difficultés aussi bien dans son organisation que dans son fonctionnement. « La difficulté la plus importante est l’incertitude autour du RPM, qui est sa composante la plus importante et son moteur. Quand le moteur est grippé, la voiture fait du sur place », ajoute-t-il. Pour sa part, Moussa Timbiné, président du groupe parlementaire RPM, il reconnait que sa formation connaît des tourments, mais assure que « nous avons conscience de nos responsabilités au sein du parti et du côté de la majorité ». Récemment réélu à la tête des jeunes du RPM, il reste convaincu que le départ des députés n’entravera pas le bon fonctionnement de la majorité présidentielle et « n’influence en rien nos ambitions pour le Mali ». Des ambitions qui ne motivent plus certains, comme cet ancien militant qui estime que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. « La crise du nord, la lutte contre la mauvaise gouvernance et la corruption sont des chantiers urgents qui demeurent encore aujourd’hui », explique Amadou Coulibaly, commerçant.

Mais les Tisserands et leurs alliés veulent rester optimistes. Moussa Mara estime que « le RPM doit mieux organiser la majorité et travailler avec ses autres composantes sur des objectifs clairs qui pourront mobiliser ses forces ». Amadou Thiam, quant à lui, propose que le parti retourne à ses idéaux d’antan, ultime solution pour emmener une majorité qui aura perdu bien des plumes depuis 2013.

 

 

 

Politique : les vérités de Amadou Aya

Selon Amadou Aya, le secrétaire politique du parti Yéléma (Changement), le parti créé seulement en 2009 a aujourd’hui un député à  l’Assemblée, et figure dans le groupe APM (Alliance pour le Mali), deuxième force du parlement avec 27 députés. Communales en vue Par rapport aux élections communales d’octobre prochain, Amadou Aya indique que son parti est déjà  dans une dynamique de préparation et sera prêt pour les dates indiquées par les autorités. « Lors des élections législatives passées, le parti était présent dans 30 circonscriptions électorales. Pour les communales, beaucoup de communes du pays ont manifesté leur volonté de participer aux joutes électorales », lance le secrétaire politique avec fierté. Amadou Aya table sur une prestation encore plus honorable du parti du changement pour le scrutin d’octobre. Un challenge que le parti compter bien relever. Et d’ailleurs, l’absence d’un membre du parti dans le gouvernement n’offusque point les membres de Yéléma. l’essentiel, assure notre interlocuteur, est que les hommes et les femmes du gouvernement puissent œuvrer dans le sens de la réussite du projet d’Etat, à  savoir sortir le Mali de la crise de façon durable. Kidal… Abordant la visite de Moussa Mara à  Kidal avec près d’une dizaine de ministres, il martèle qu’elle était loin d’être inopinée dans la mesure o๠il l’annoncée devant l’Assemblée nationale lors de sa déclaration de politique générale. La visite s’inscrivait, explique Amadou Aya, dans un cadre précis à  savoir, s’enquérir des conditions de vie des populations et du redéploiement de l’Administration dans ces villes qui ont beaucoup souffert de la crise. ‘’Ceux qui jugent la visite inopportune pouvaient le dire à  l’Assemblée dès son annonce, mais ils ne l’ont pas fait. En réalité le premier ministres a bien ce droit de se déplacer dans les régions du Mali dans la mesure o๠les Accords (de Ouagadougou) reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali », plaide-t-il. Et d’ironiser ceux qui demandent le départ de Mara : « je pense qu’ils doivent avoir un autre agenda différent de celui du Mali qui est de ramener la paix en vue du développement. Ils appartiennent à  une opposition stérile. Pour les contrarier, un sondage crédible paru aujourd’hui dans la presse indique que plus de 90% des Maliens sont contre la démission du premier ministre Moussa Mara ». l’homme préfère se garder de tout commentaire sur la démission de Soumeylou Boubèye Maà¯ga du Ministère de la Défense et des Anciens combattants.

Moussa Mara: « Nous ne voulons pas d’un Sénat au Mali ! »

Au cours de sa 12ème conférence de presse hebdomadaire, qui s’est tenue ce week-end à  Sikasso sur «La Démocratie», Moussa Mara n’a pas fait de la dentelle pour signifier la non pertinence du projet de reforme soumis en référendum. Le président du parti «Yelema» s’est attaqué à  bien des points qui, à  ses yeux, font que le document ne doit pas être voté. Toutefois, le candidat ne veut pas rester dans le rejet catégorique et stérile. Il fait des propositions qui, selon lui, visent à  raffermir davantage le système démocratique malien. Comment permettre un meilleur ancrage de cette démocratie ? Que faut-il faire pour améliorer la démocratie au Mali ? En réponse à  cette question, le candidat à  la présidentielle d’avril prochain dira qu’il pense que le meilleur ancrage de la démocratie au Mali passe nécessairement par la révision de l’architecture institutionnelle et le système électoral. Il reconnait volontiers que les 20 ans de démocratie du Mali ont permis d’engranger des résultats tangibles mais que ceux-ci sont perfectibles. «l’avènement d’un Sénat constitue une inflation institutionnelle !» Par rapport à  la révision de l’architecture institutionelle, Moussa Mara pense tout d’abord que le Mali doit aller vers l’instauration d’un régime présidentiel (comme au Etats unis ou au Benin), qui n’obéit pas au principe de nomination d’un Premier ministre, et o๠il y a impossibilité pour le président de dissoudre le parlement. Cependant, précise-il, « on ne donnera pas plus de pouvoir au Président qu’il n’en a ». Quant à  l’épineuse équation de l’érection du Haut conseil des collectivités en Sénat, mentionné dans le projet de reforme d’ATT, Moussa Mara a affirmé qu’elle est insensée. « Nous ne voulons pas d’un Sénat au Mali ! », a-t-il martelé. Pour lui, l’avènement d’un Sénat constituerait une inflation institutionnelle, et l’option la plus appropriée pour le Mali, C’’est d’aller à  un renforcement du dispositif déjà  existant, C’’est-à -dire l’Assemblée nationale. A « Yelema » on est catégorique, pas question de voter « oui » au referendum. s’agissant de l’amélioration du processus électoral, M. Mara estime que l’Etat devra d’abord songer à  améliorer le taux de participation au vote, corrigeant les anomalies du fichier, en finalisant le Recensement administratif à  vocation d’Etat civil (RAVEC) et en réadaptant l’architecture électorale aux populations. Il a appelé les partis politiques à  s’investir dans le rôle qui est le leur, à  savoir la construction de la citoyenneté, et ce à  travers tout le territoire national.

« On nous a imposé une guerre, il faut donc y aller ! »

Par rapport à  l’insécurité au nord, actualité oblige, Moussa Mara soutient l’option militaire contre ceux qu’il appelle «Â les ennemis du Mali ». «Â Le Mali fait face à  des situations d’insécurité très complexes qui menacent sa stabilité, compromet gravement les efforts de construction nationale des gouvernements successifs du Mali, mettent à  mal sa cohésion sociale et enfreignent, de manière significative, tout espoir de développement humain des Maliens », a déclaré le président de «Â Yelema ». 3 axes pour la sécurité au Mali Développant son exposé sur le thème : « La sécurité pour tous: le devoir cardinal d’un Etat responsable », Moussa Mara, a articulé sa communication autour de trois points. Le premier à  trait à  un Etat déterminé à  assurer la sécurité physique des Maliens, le second est relatif au soutien à  la lutte contre les autres formes d’insécurité telle l’insécurité juridique, alimentaire et sanitaire. Le troisième porte sur l’insécurité au septentrion du Mali. Ici, Moussa Mara propose une résolution durable de la crise. Dans le développement du premier axe, le président du parti Yéléma entend soutenir une plus grande coopération entre les populations et les forces de l’ordre en multipliant les occasions de rencontres, d’échanges, de collaboration de terrain pour que les forces de l’ordre puissent agir dans la prévention et bénéficier de l’assistance des populations par l’information, les dénonciations et en même temps qu’elles puissent agir dans le traitement de situation de délinquance juvénile pour prévenir le basculement des enfants dans les attitudes délictuelles. Il promet l’instauration d’une police municipale avec comme embryon les brigades urbaines de protection de l’environnement au sein des communes urbaines, et une répartition des tâches qui fera intervenir la police municipale dans la prévention des délits, la collaboration avec les populations, la sécurité des voies urbaines et de la circulation routière, la protection de l’environnement, l’utilisation de la voie publique, certaines situations relatives au voisinage et à  certaines incivilités, le respect des règles publiques municipales. «Â On nous imposé une guerrre, il faut donc y aller ! » Sur le second sous thème, Moussa Mara s’engage à  mieux organiser les producteurs et à  les doter de capacités anticipatrices et de gestion prévisionnelle. «Â la meilleure sécurité est celle que l’individu lui-même peut s’assurer, son propre stock est plus efficace que celui public, et variabiliser le stock national de sécurité et sa répartition sur le territoire (fourchette de 35 000 à  70 000 tonnes de plusieurs types de céréales) ». A propos de la crise au nord, le président de «Â Yelema » promet de gérer l’urgence sur trois à  huit mois. «Â On nous a imposé une guerre. Il faut donc y aller ! », a lâché Moussa Mara. Pour ce faire, il a affirmé que s’il venait à  être élu en 2012, il poursuivra l’option militaire. «Â  Au moins 7 000 militaires (environ le tiers de nos capacités armées) seront déployés sur le front, principalement dans l’infanterie, avec une proportion appréciable de commando paras, dans l’artillerie et dans les blindés légers ». Pour une solution plus durable à  la crise, le président de «Â Yelema » veut une forte mobilisation de la diaspora, notamment de la diaspora de ressortissants du Nord, du Nord-est et du Sahel occidental pour chercher à  réduire le potentiel de tension de certains groupes. Pour lui, il faut revenir à  la forme républicaine de l’Etat «Â qui implique forcement une présence de l’armée sur toute l’étendue du territoire, aucun versement de rançon aux preneurs d’otages, le bannissement de toute forme de médiation. On nous a imposé une guerre, il faut y aller ». Très optimiste quant à  la tenue des prochaines élections, Moussa Mara estime que l’armée malienne, si elle est dotée de moyens, a la possibilité de circonscrire cette menace. Selon lui, cette phase de sécurisation du nord Mali coûtera au moins 20 milliards de FCFA, financés par le budget national 2012 qui sera revu en conséquence.

Infrastructures : Mara dévoile ses ambitions

Pour Moussa Mara, le volet infrastructures et équipements, occupe une place de choix dans son programme politique. A l’instar des autres pays de la région, le Mali subit d’énormes difficultés en matière d’infrastructures et d’équipements. «Â Nos insuffisances sont criardes dans tous les domaines et sur tous les plans », explique le président de «Â Yéléma » qui promet 3 km de route bitumée sur chaque 100 km2. Un objectif, donc, de 500 km de route bitumée par année. En matière énergétique, le Mali est le mieux classé dans la sous région ouest-africaine. Mais bien souvent, les citoyens maliens se plaignent du coût très élevé de l’électricité et de la mauvaise prestation des agents de la Société énergie du Mali (EDM). «Â Il faut que l’Energie devienne une source prioritaire de la croissance et du développement ». Pour ce faire, Moussa Mara entend renforcer la politique d’électrification rurale et doter tous les villages de plateformes multifonctionnelles. Le candidat de Yelema estime que l’état doit suspendre la subvention pour rendre EDM rentable et qu’elle puisse générer des ressources pour l’Etat. Booster la recherche pétrolière En plus d’investir dans les nouvelles technologies de l’information (NTIC), Moussa Mara soutient qu’il faut soutenir la recherche pétrolière. Laquelle, dit-il, « est gage d’indépendance économique et énergétique. Sur le nord, «les autorités manquent tout simplement de volonté». A la fin de la conférence de presse, un confrère journaliste s’est étonné du fait que Moussa Mara ait fait l’impasse sur les évènements du nord Mali. Pour Moussa Mara, la crise au nord est loin d’être un problème de développement. « Aucune action de développement n’allait empêcher ces rebelles de se lever. C’’est une situation que seule l’option militaire arrivera à  résoudre. l’armée malienne dispose largement de moyens pour enrayer ces rebelles. Le problème n’est donc pas lié aux moyens logistiques et matériaux. C’’est tout simplement une question de volonté…». Pour le développement des régions nord du Mali, Moussa Mara entend investir par an la somme de 50 Milliards F CFA dans cette zone en proie à  une précarité chronique. Cette somme, dit-il, couvrira tous les aspects du développement local.

Présidentielle: Mara fait du développement rural une priorité

Le candidat du parti Yéléma est déjà  en plein dans la logique de la présidentielle d’avril prochain. Comme désormais chaque vendredi, Moussa Mara a rencontré la presse sur un point de son projet de société. Ce 3 février, il a mis l’accent sur le volet «Développement rural» de son programme politique. Pour Yéléma, il est grand temps de se pencher sérieusement sur le développement des zones rurales du Mali. Vivre au village, dans l’esprit et dans la réalité, C’’est être défavorisé, sans emploi, sans repères. Résultat, l’exode rural, avec les conséquences sociales que l’on connait. Moussa Mara pense que cette situation de précarité a des solutions à  portée de mains pourvu que l’agriculture, l’élevage et la pêche deviennent des activités sectorielles. 5 grands axes suffisent pour M. Mara afin que de développement rural soit une réalité au Mali. Il s’agira, selon lui, de favoriser la mise en œuvre de la Loi d’orientation agricole et l’allocation de ressources publiques suffisantes. Sur le plan institutionnel, le président de Yéléma propose un seul département ministériel regroupant les trois secteurs pour, dit-il, harmoniser et rendre cohérent l’intervention de l’Etat. Les goulots d’étranglements du développement rural résident en partie dans la problématique foncière. Le candidat à  la présidentielle de 2012 envisage la promotion de l’entreprenariat agricole à  travers l’approfondissement de la recherche, et l’électrification des zones rurales. Autant d’actions qui pour lui pourraient favoriser un développement endogène des zones rurales. [ b Coulisses de la rencontre] Absence de débats Candidat à  l’élection présidentielle de 2012, le Maire de la commune IV a lancé un appel pressant aux journalistes pour que ceux-ci suscitent le débat entre les candidats à  la présidentielle de 2012. Par rapport aux différents programmes de société, les candidats, dit-il, se doivent de faire des propositions. l’architecture de la cité administrative critiquée « La cité administrative n’est pas accessible à  la plupart des personnes handicapés », s’indigne Moussa Mara. En effet, l’architecture de ces infrastructures est telle que les escaliers (aux longues marches) sont de nature à  empêcher l’accès des personnes handicapés à  l’administration publique. Surtout que ce site est aujourd’hui le haut lieu de l’Administration malienne, quant on sait plus de la moitié des départements ministériels s’y trouvent. A défaut d’architecture adapté, le candidat à  l’élection présidentielle propose des rames d’accès pour les personnes handicapés. Des élections irrégulières ? Selon le leader du parti Yéléma, le risque existe que les prochaines élections soient jugées irrégulières. Il juge le fichier électoral choisi loin d’être accepté par tous. De plus, la commission d’experts sur la question ne siège plus depuis plusieurs mois. Il y a de quoi s’inquiéter. Cocktail explosif Les récurrentes attaques perpétrées au nord, la crise éducative, l’insécurité alimentaire…sont autant de situations qui sont, selon Moussa Mara, susceptibles d’exploser. Et du coup, compromettre le calendrier électoral.

« Yéléma » prône la gouvernance économique

C’’est désormais une tradition pour le candidat Moussa Mara de rencontrer la presse chaque vendredi dans son QG de campagne sise au quartier du fleuve à  Bamako. Comme d’habitude, le candidat a ouvert la phase questions réponses après son long exposé. A l’entame de son exposé, Moussa Mara a déploré que pendant 50 ans le Mali ait été sous l’emprise des idées économiques et financières venues d‘ailleurs. Et, dit-il, le Mali évolue dans un environnement régional qui se caractérise par l’application de recettes économiques importées et souvent non comprises et encore moins maà®trisées. Il a par ailleurs révélé que « le budget du Mali accuse d’année en année des déficits couverts essentiellement par la solidarité internationale, ce qui limite les marges de manœuvres du pays et surtout le rend tributaire de décisions extérieures ». Face à  cette triste réalité, le candidat Moussa Mara a dit avoir une stratégie de gestion économique et financière qui consistera à  jeter les bases d’un dispositif qui privilégiera la croissance économique, notamment celle provenant des acteurs nationaux et qui leur profitera d’autant plus facilement. Le rôle de la fiscalité l’objectif pour Moussa Mara, C’’est de mettre en œuvre un système à  même de permettre au pays d’être indépendant. Pour aider à  l’avènement d’une croissance soutenue, Moussa Mara entend jouer sur une panoplie de cartes. Tout d’abord, il pense qu’il faudra rehausser la pression fiscale à  17% à  l’horizon 2017 au lieu de 14% actuellement. La Gouvernance économique par lui proposée entend favoriser des créations de richesse plus importantes. Toute fois, Moussa Mara ambitionne de porter le taux de croissance annuel à  5% au lieu de 3% (actuellement). «Â Il faut que l’on atteigne un taux de croissance à  2 chiffres ». Booster l’industrie Il a en outre démontré sa ferme volonté de soutenir l’industrie afin de lutter contre la pauvreté. Toutefois, Moussa Mara a vivement désapprouvé l’idée de la privatisation de certaines sociétés d’Etat telle la Compagnie malienne de développement des textiles (Cmdt). l’une de ses priorités est que les opérateurs économiques ne souffrent plus des arriérés de payement et que les fournisseurs de l’Etats entrent très rapidement dans leurs droits. Sur la base de fondamentaux économiques stables, le candidat Moussa Mara entend assouplir le taux d’inflation au grand bonheur des consommateurs. Sur tout autre plan, le candidat du parti «Â Yelema » salue et encourage l’idée d’une monnaie commune dans l’Uemoa, mais souhaite vivement qu’advienne une monnaie commune pour la zone CEDEAO. En outre, Moussa Mara soutient qu’il faut soutenir l’économie au lieu de lutter contre la hausse des prix des denrées de première nécessité. Sur le plan de l’énergie, il prévoit pour le Mali, plusieurs mesures dont la dotation du pays d’un système d’énergie solaire de 1000 mgwt. Contenir la dette «Â Il faut nous diversifions les moyens de financement de l’économie, et que favorisions la structuration de l’économie locale à  travers la promotion de l’artisanat et de la culture ». s’agissant du secteur minier, le candidat a fait part de sa volonté à  faire en sorte que les mines deviennent de véritables catalyseurs de développement dans leurs zones d’implantation. Pour lutter contre la corruption il entend jouer sur le levier de la transparence dans la gestion à  tous les niveaux. Dans la dernière partie de son exposé, sur la politique budgétaire, le candidat du parti Yelema a signifié qu’il compte maintenir la taille de la dette autour de 21%. Toutefois, dit-il, l’endettement, n’est pas une mauvaise s’il permet de générer des ressources à  même de favoriser la croissance du pays.

L’autorité d’état : un slogan de campagne pour Moussa Mara

La restauration de l »autorité de l’Etat est longtemps demeurée une faille de notre pratique démocratique ces dernières années. Moussa Mara, candidat aux futurs élections pense avoir la bonne formule pour s’attaquer à  ce mal qui ronge l’Etat. Le candidat Moussa Mara, toujours prompt à  réagir sur des questions d’actualité et surtout d’intérêt national, croit fermement que s’il venait à  être élu en 2012, il pourrait restaurer l’autorité de l’Etat. Ce volet, dit-il, occupe une place prépondérante dans son projet de société. Echec de l’état au pouvoir La restauration de l’autorité de l’Etat étant un point sur lequel l’actuel Président aura lamentablement échoué, le parti Yelema entend en faire son cheval de bataille. Ainsi, pour Moussa Mara, la restauration de cette autorité est la première des priorités sur le chantier de la construction nationale et un préalable au bon fonctionnement de notre administration, de nos services publics et de l’Etat tout court. Pour relever ce défi, le candidat Mara préconise que l’administration, les services publics et les agents publics soient impartiaux à  l’égard de l’usager, de l’homme d’affaires, du parti politique ou du citoyen, par un traitement indépendant de son statut, de sa catégorie sociale ou des circonstances. Sécurité et justice Sans tabou, le candidat à  la prochaine élection présidentielle s’insurge contre les violations et atteintes faites à  l’autorité de l’Etat. Ces dernières années, l’on peut se tromper comprendre à  quel niveau l’autorité de l’Etat s’est perdue. D’aucun, sinon les plus caciques nieront tout simplement l’existence d’une quelconque autorité. En effet, le projet de société du candidat de Yelema à  la présidentielle de 2012, Moussa Mara, tourne autour de vingt axes majeurs. Dans son projet de société, Mara plaide pour un Etat qui assurera l’équilibre entre les régions, en termes d’infrastructures et d’accès aux services de base. l’Etat porté par Moussa Mara est celui o๠le mérite sera promu et o๠les fautes seront sanctionnées, indépendamment des personnes concernées. l’Etat de rêve que Yelema nous propose, C’’est celui dans lequel le train de vie de l’administration sera adapté à  la richesse du pays, avec une moralisation des dépenses. Concernant la justice, Yelema s’engage à  Âœuvrer pour la rendre plus efficace, avec comme qualités principales les probités morale et intellectuelle. Yelema estime aussi qu’il faut maintenir la peine de mort dans notre arsenal répressif. Autres mesures préconisées par Moussa Mara dans son projet de société, la suppression de la fonction publique des collectivités territoriales et l’augmentation de la rémunération des agents publics de 10%.   Pour Moussa Mara, les principes qui gouvernent sa politique de restauration de l’autorité de l’Etat tournent autour de deux missions essentielles, à  savoir la sécurité et la justice. Pour Moussa Mara, la question sécuritaire ne saurait connaitre une solution si, dans nos grandes villes, nos forces de défense et de sécurité ne sont pas mieux équipées. «Â  Il faut aussi une mobilité plus accrue des militaires et une discipline de rigueur ».

Mara : « Yéléma n’est pas un parti monolithique »

Journaldumali.com : Pourquoi le choix de Kayes pour abriter le congrès d’investiture du candidat de Yelema ? Moussa Mara  : Il y a plus d’un an, le parti Yelema, lors de ses assises de lancement, a décidé à  l’unanimité, d’organiser toutes ses manifestations importantes à  l’intérieur du pays. Et pour cause, notre ambition est de faire en sorte que, partout sur le territoire national, le malien se sente chez lui, qu’il n’ait pas envie d’aller ailleurs pour y vivre et progresser, que l’on ait un pays équilibré et fortement décentralisé avec les mêmes services de base, les mêmes équipements, et pour que les maliens soient égaux devant la magnanimité de l’Etat. Pour ce faire, il nous a fallu jeter un éclairage sur l’ensemble du pays afin que l’intérieur du pays soit plus délaissé. La Mali n’est pas Bamako seulement. Voilà  pourquoi, l’instance dirigeante du parti a bien voulu que le congrès d’investiture se tienne à  Kayes. Journaldumali.com : Le clou de ce congrès était l’investiture d’un candidat à  la présidentielle. Votre désignation n’a visiblement pas surpris d’autant plus que vous êtes vu par certains comme le candidat naturel de Yelema. Qu’en dites-vous ? Moussa Mara  : Le fait que je sois retenu comme candidat n’a rien de suspect. C’’est à  l’issue du congrès que J’ai eu la chance d’avoir été désigné non seulement comme candidat au nom de Yelema, mais aussi au nom d’une dizaine de formations politiques. En fait, pour arriver à  l’investiture du candidat, le Bureau national du parti a eu une séance de travail pour designer le candidat. Il a été donc demandé aux uns et aux autres de faire acte de candidature. Il y a eu au total cinq candidatures. Mais au fil des débats, certains se sont désistés en ma faveur. Je tiens à  préciser que Yelema n’est pas une structure monolithique derrière un homme. Il y a beaucoup de responsables du parti qui n’ont rien à  devoir à  Mara eu égard à  leur carrière. Nous sommes un parti o๠tous demeurent et demeureront égaux. Ce n’est pas du tout une histoire de candidature naturelle. Et ce qu’il faut savoir C’’est que C’’est pas Moussa Mara seulement qui est candidat, C’’est l’ensemble des militants qui sont candidat aujourd’hui. Nous restons ouverts à  d’autres formations qui souhaiteraient nous rejoindre car C’’est ensemble que nous relèverons le défi de 2012. Journaldumali : Outre l’investiture du candidat, quels étaient les objectifs de ces assises ? Moussa Mara  : Le congrès s’est notamment penché sur la relecture des textes du parti pour les adapter toujours au contexte, et à  nos ambitions. Sur tout autre plan, il s’est agit de relever les insuffisances qui ont été constatées dans la pratique, et de la mise en place d’un nouveau comité exécutif central pour trois ans. Ce qui a été fait. Nous avons par ailleurs discutés de certains sujets importants se rapportant aux élections générales de 2012 ; à  savoir, la stratégie électorale et celle des alliances, les moyens de mobilisation des fonds, le plan de communication. Journaldumali: Qu’est-ce qui justifie votre départ de la coalition PUR ?  Moussa Mara  : Je crois que tout le monde est au courant que nous avons eu des difficultés pour choisir le candidat de la coalition. Dès lors nous avons choisi de nous séparer, que chacun aille de son côté, sans trop de bruits. Personnellement, J’aime pas trop parler de ça, car il n’est pas exclu que demain on ne puisse pas ne pas s’entendre et se retrouver à  nouveau sur d’autres aventures politiques. Car, vous savez, une carrière politique est jalonnée de haut et de bas, d’échecs et de succès. Dans ce cas, on va estimé que C’’est un échec qu’il faudra assumer, mais je suis sûr qu’il y aura bien d’autres occasions pour se mettre ensemble. Journaldumali : Doit-on comprendre que Yelema est fin prêt pour les élections ? Moussa Mara  : Je ne suis connu comme étant quelqu’un qui fait des effets d’annonce. Quand je me décide d’aller vers une direction, C’’est décidé, J’y vais jusqu’au bout. C’’est pour dire que Yelema est prêt, les partis qui nous soutiennent sont également prêts. Les forces de la société civile qui nous accompagnent sont également prêtes, nos compatriotes par centaines de milliers qui nous accompagnent sont aussi prêts. Il faut par ailleurs ajouter que Yelema poursuit son implantation à  travers le pays. Cela, nous le devons non seulement aux contacts que le parti a pu nouer, mais aussi aux organisations sur lesquelles nous nous sommes basés. Certes, nous ne sommes pas encore présent dans les 703 communes, mais nous sommes bien avancés. Notre objectif C’’est d’arriver à  présenter des candidats dans les 703 communes lors des communales à  venir. Nous sommes un parti jeune, mais aux idées justes. Journaldumali.com  : Compter-vous procéder à  la manière de la plupart des partis politiques, c’est-à -dire, «Â acheter » les électeurs ? Moussa Mara  : Yelema a une chance. Il est connu comme un parti de vertus, de programme et d’idées, mais pas comme un parti qui met l’argent en avant. Nous n’en avons même pas. Et si nous en avions, nous ne l’aurons pas dépensé comme on le voit malheureusement ailleurs. Nous ferons en sorte que nos idées, et nos convictions l’emportent. journaldumali.com : Que pensez-vous du calendrier électoral tel que défini mercredi dernier par le Conseil des ministres ? Moussa Mara  : C’’est un calendrier normal. Journaldumali.com  : Vous avez un appel à  l’endroit des électeurs ? Moussa Mara  : Vous savez, actuellement, nous sommes entrain d’actualiser les listes électorales. l’affluence à  Bamako est très timide. Je fais savoir aux électeurs qu’il ne leur reste que dix jours à  compter de ce 20 octobre 2011, pour aller vérifier, d’abord, s’ils sont inscrits, s’ils ne le sont pas, alors se faire inscrire. Les élections ne réussiront que si on enregistre une participation massive. Ce qui accroà®t la légitimité des leaders.

L’union sacrée autour de Moussa Mara

Avant sa prise de fonction qui n’attend plus que l’arrêté du Gouverneur, le leader du parti « Yelema » Moussa Mara, grand vainqueur des partielles en Commune IV tend la main aux autres formations politiques. En signant un accord de gestion concertée de la Commune IV, l’Adema, le Pdes, le Mpr et l’Urd s’allient à  Yelema pour réaliser ses ambitions en faveur de la commune. Dans son intervention, le futur maire de la commune IV du district de Bamako, Moussa Mara, dira qu’en votant pour ces différentes listes, les électeurs de la commune ont indiqué clairement leur volonté. Celle de voir ces partis se mettre ensemble afin de travailler pour le bien-être populations.  » Se mettre ensemble, c’est accepter de partager ; se mettre ensemble, c’est considérer l’autre comme un partenaire ; se mettre ensemble c’est accepter de dépasser les adversités stériles « , a-t-il déclaré. Il a alors appelé les uns et les autres à  une collaboration sincère tout en plaidaant pour que les conseillers se départissent des étiquettes partisanes pour se donner la main. Pour Moussa Mara, cette coalition n’est contre personne. Elle est pour le rassemblement et pour développement de la commune, pour le mieux-être des habitants. Le document a été signé par les élus des partis Yéléma, PDES, MPR et Adéma qui ont tous obtenus des conseillers aux élections partielles du 6 février 2011.C’’est une coalition de 33 conseillers qui a été créée pour s’occuper des affaires des populations de la Commune IV. Le RPM, avec ses 8 conseillers, se retrouve isolé. Les signataires du protocole d’accord se sont engagés à  le respecter jusqu’au bout donnant ainsi toutes les chances au président du parti Yéléma, Moussa Mara de retrouver son fauteuil perdu en 2010 par suite d’une décision judiciaire. Pour rappel, les élections communales partielles de la Commune IV du dimanche 6 février 2011 ont livré leur verdict le 8 février 2011. Sans grande surprise, C’’est le parti Yéléma de Moussa Mara qui a confirmé sa suprématie en enlevant 19 des 41 sièges à  pourvoir contre 14 en 2009. Il s’est ainsi imposé largement contre son rival le RPM d’IBK qui vient en seconde position avec seulement 8 conseillers contre 11 en 2009. l’Adéma réalise le même score que 2009 ; à  savoir 6 élus et se classe 3e de la compétition. Le MPR et le nouveau venu qu’est le PDES arrivent en 4e position avec chacun 3 conseillers. Le MPR de Choguel K. Maà¯ga réalise le même score qu’il y a deux ans alors que l’URD qui ferme la marche avec 2 conseillers est en régression puisqu’en 2009, le parti s’était octroyé 4 élus. C’’est Kaoural Renouveau qui a été le grand perdant puisque cette association a perdu les 3 conseillers qu’elle avait engrangés, il y a deux ans.

Abstention monstre en Commune 4

Elections? Sans intérêt ! C’’est ainsi qu’on pouvait résumer l’attitude des populations de la commune 4 qui ont tranquillement vaqué leurs occupations habituelles alors que les bureaux de vote restaient désespérément vides. le scrutin avait pour objectif l’élection de 41 conseillers communaux et du maire suite à  l’annulation de l’élection en 2009 de l’indépendant Moussa Mara. Si on n’a noté aucun incident majeur, C’’est surtout l’abstention qui a retenu l’attention. Selon les premiers chiffres qui nous sont parvenus, il s’élèverait à  plus de 84%. Ce qui veut dire qu’à  peine un électeur sur 10 s’est déplacé pour aller voter. Et ce malgré les grands moyens mis en ouvres par les candidats pour mobiliser les foules. Durant deux semaines de campagne (du 22 janvier au 4 février), de nombreux meetings ont eu lieu o๠chacune des listes en lice à  présent son programme et ses ambitions pour la commune. Vu le peu d’engouement suscité pour ce scrutin, on est en droit de se demander si ces messages ont convaincu. Mara confirme avec Yéléma Autre grand enjeu majeur de ces partielles, C’’était l’arrivée de nouvelles forces politiques sur l’échiquier communal. Avec son parti Yéléma, Moussa Mara (maire en 2009) conclu l’essai de manière magistrale. En devançant le RPM avec plus de 20 points, 36,94%, contre 16,88% selon les premiers chiffres à  notre disposition. Il prouve ainsi que le capital-confiance dont il prétendait jouir dans sa circonscription en tant qu’indépendant est demeuré intact. Qu’il s’est même accru puisque de 27% il y a deux ans, il passe à  36%. Le parti Yéléma gagne ainsi en envergure mais aussi en confiance pour les échéances à  venir. Pour les autres nouveaux venus, la pilule est amère. Malgré ses gros moyens, le PDES d’Hamed Diané Séméga, a raté l’occasion de planter ses racines fragiles dans un sol fertile. Il s’en sort avec un petit 5,84%, devant l’URD, 5,78%. La CODEM réalise le score le plus faible (2,66%) derrière la liste indépendante Kaoural qui récolte 3,80% et le CNID (2,88%). l’Adema quant à  lui devra remettre à  plus tard son désir de faire rentrer cette commune, décidément rebelle, dans son giron. Si cette élection partielle devait représenter ce à  quoi on l’assimile depuis plusieurs semaines, à  savoir, un test pour 2012, il va sans dire que la paysage politique connait une mutation certaine. Les grands partis tels que l’ADEMA, le RPM ou encore l’URD se retrouvent distancés par un jeune parti porteur de projets dont le nom à  lui seul est un programme. Yéléma doit à  présent conclure l’essai. Il s’agira au cours des prochains mois, ce capitaliser ce succès pour tirer son épingle du jeu lors des élections de 2012 qui promettent d’être de véritables joutes romaines. Vol de cartes d’électeurs : La main dans le sac ! Au second cycle de Sébéninkoro, les gendarmes ont arrêté des individus avec des cartes d’électeurs et d’identités qui ne leur appartenaient pas. l’un avait sur lui plus d’une dizaine de cartes et de mandats à  des noms différents. Selon les gendarmes interrogés, ces électeurs ont été repérés dans la cour. C’’est en voulant les disperser qu’ils ont vu des cartes d’électeurs et des cartes d’identité d’autres personnes sur certains d’entre eux. Les gendarmes n’ont pas hésité à  les interpeller. Ces arrestations avaient fait l’objet de longues discutions.

Partielles en C IV : Moussa Mara à la reconquête de la mairie

Une foule composée en majorité de jeunes et de femmes a accueilli leur président dans la liesse populaire. Bien implanté en commune IV d’abord en indépendant, il appartient désormais à  Moussa Mara et à  ses amis de confirmer le capital précédemment acquis. Apres l’annulation de sa victoire, l’engouement de la population de la commune reste intact, comme on a pu le constaté avec la présence massive de la population à  ce meeting. La rencontre s’est déroulée ce mercredi 26 janvier sur le terrain de Kalabanbougou. Prenant la parole en premier, le secrétaire générale du parti Yelema a appelé les populations de la commune à  aller retirer leurs cartes d’électeurs afin de voter massivement pour la liste YELEMA. «Le changement est possible», a-t-il lancé comme slogan de campagne avant d’assurer que cette élection est une confirmation de l’engagement et la détermination du parti Yelema pour reconquérir son fauteuil maire. Pour sa part, le président du parti YELEMA, Moussa Mara a rappelé sa foi en la politique de transparence. Il a demandé aux militants, hommes, femmes et jeunes de se lever comme un seul homme pour sensibiliser les électeurs à  faire confiance aux candidats Yelema. Il n’a pas manqué de capitaliser son bref passage à  la mairie en rappelant que le peu temps que lui et son équipe avaient fait à  la tête de la commune IV était éloquent sur le plan de la transparence et des promesses tenues. « Nous avons posé beaucoup des jalons en commune 4, il reste aussi beaucoup de choses à  faire, précisément chez vous à  Kalanbabougou. Les gens disent que nous avons été éjectés de nos fauteuils maires à  cause de vous, je vous lance aussi le défi de sortir massivement pour reconquérir le même fauteuil ». Par ailleurs, il a salué les efforts déployés par la population de Kalanbougou lors des élections passées. M. Mara a salué également le rôle joué et celui à  jouer encore par les chefs de quartiers, les notabilités religieuses, les cadres et les militants de tout bord pour que le YELEMA gagne l’élection communale du 6 février prochain. Pour lui, la mobilisation, le courage et la détermination des jeunes ne doivent point faiblir. Les prochains jours, le parti tiendra des meetings dans les différents quartiers de la commune avant l’apothéose eu terrain communal le 3 février prochain.

Moussa Mara : « C’est notre spécificité qui dérange »

Journaldumali : Vous venez de remporter une petite victoire, avec cette décision de la justice en votre faveur… Moussa Mara : Je ne parlerai pas de victoire. C’’est plutôt un sentiment de justice .Justice simplement parce que nous avions estimé que C’’était injuste que la liste que nous avons présentée soit invalidée pour des raisons que nous avons développées et présentées. Nous n’avons pas été écoutés par le tribunal de 1ère instance mais la Cour d’Appel, comme la dernière fois, vient de nous donner raison. Donc, pour nous la justice a joué son rôle et a mis tous les candidats sur un pied d’égalité et qui a dit « allez devant vos électeurs et que ces derniers choisissent ». Ce n’était pas gagné d’avance. Nous sommes déjà  passés par des étapes d’élimination. Notre histoire est une histoire de justice malheureusement, depuis 7 ans que ça dure. Des fois nous sommes passés, des fois nous avons été éliminés. Forcément, cette fois ci aussi, beaucoup de gens ont craint pour nous mais grâce à  Dieu, les choses se sont bien passées. Journaldumali : On se souvient que vous occupiez déjà  le fauteuil de maire de la commune 4, il y a quelques mois. Vous voici de retour pour récupérer votre siège. Quel sera votre plan de bataille ? Moussa Mara : Nous allons partir humblement et simplement devant les électeurs pour leur présenter un bilan. Nous avons la chance qu’en 8 mois de mandat nous avons pu réaliser des choses palpables, concrètes. Donc, nous allons dire à  nos électeurs de nous renouveler la confiance qu’ils nous avaient accordée il y a 18 mois. Parce que ce que nous avions promis, nous avons commencé à  le mettre en œuvre avec des résultats et nous avons l’intention de continue pour le bonheur de la commune. Le bilan de nos réalisations va être notre premier outil de campagne. Ensuite, nous avons des personnes de confiance, des organisations avec lesquelles nous travaillons. Nous entendons nous basé sur eux pour ratisser le maximum de suffrages possibles afin que la victoire cette fois-ci soit beaucoup plus éclatante, inchAllahou. Journaldumali : Votre aviez été élu en tant qu’indépendant. Aujourd’hui, C’’est en tant que chef de parti que vous vous présentez. Quelle sera la différence ? Moussa Mara : C’’est toujours la même personne. àŠtre un parti, C’’est déjà  un signal, une volonté de rassembler, de travailler ensemble. La candidature indépendante repose essentiellement sur une personne. Nous voulons dépersonnaliser le débat, faire en sorte que ce soient les idées, les programmes, les organisations qui puissent véritablement l’emporter. Je pense que, sur ce plan-là , on peut qu’une candidature partisane est une candidature qui est plus solide, qui est plus durable. Et C’’est ce que nous souhaitons montré à  nos électeurs en disant que C’’est toujours nous, nous sommes là  avec les mêmes idées, les mêmes programmes qu’avant mais cette fois-ci, nous sommes dans un cadre plus solide, plus organisé, plus pérenne au bénéfice de la commune. Journaldumali : Verra-t-on Moussa Mara en lice pour 2012 ? Moussa Mara : Voir Yelema, je pense que C’’est quasi sur. Puisque le parti soit directement ou dans le cadre de rassemblements auquel Yelema est en train d’œuvrer, nous entendons participer aux débats nationaux. Parce que nous avons des idées, des convictions que nous entendons faire prévaloir. Simplement, ce qu’il faut savoir, C’’est que le parti a un plan de marche et C’’est le Congrès du parti qui aura lieu en Juillet prochain qui va donner la position de Yelema pour les élections générales, est-ce que le parti aura un candidat, est-ce qu’il va aller dans des alliances ? Nous en saurons un peu plus sur ce que le parti entend faire. Pur l’instant, nous sommes absolument et totalement mobilisés pour les partielles dans la commune 4. Journaldumali: Après l’invalidation de votre liste par le tribunal de 1ère instance, les critiques ont été nombreuses. D’aucuns disent carrément que Mara et son parti ne sont pas prêts pour la politique au Mali. Qu’en pensez-vous ? Moussa Mara : Certains disent que nous sommes un peu trop en avance par rapport à  ce qui se fait actuellement, d’autres que nous sommes trop seuls, chacun est libre de ses opinions. Ce que je constate, C’’est que nos difficultés sont dues en partie à  notre spécificité. C’’est-à -dire des convictions qui sont là , connues de tous, une démarche et une trajectoire qui sont cohérentes avec ces convictions et des réalisations concrètes au bénéfice du plus grand nombre. Peut-être que C’’est ça qui dérange. Peut-être que beaucoup de personnes n’ont pas envie que les choses de ce genre soient visibles sur le paysage politique. Mais nous parce que nous croyons que C’’est comme ça que la politique doit être menée et nous entendons poursuivre dans cette voie, malgré les difficultés, inchAllahou.

Election partielle en commune 4 : Yéléma hors course ?

Un come-back compromis Moussa Mara pourra-t-il à  nouveau occuper son fauteuil de maire en commune 4 du district de Bamako ? Difficile de répondre par l’affirmative, au regard des nouvelles donnes. En effet, le tribunal de première instance de la Commune 4 a annoncé hier l’invalidation de la liste Yéléma conduite par Amadou Aya. Cette invalidation est consécutive à  une plainte du RPM contre trois candidatures de sa liste pour défaut d’inscription sur la liste électorale. Il est en quelques mots reprochés à  la liste YELEMA, conduite par Amadou Aya, entre autres, l’éligibilité du sieur Seydou Coulibaly. Ce dernier est «un fonctionnaire des collectivités territoriales émargeant au budget communal». Un argument confirmé par une correspondance de la mairie du District de Bamako, sur demande des conseils du RPM. Par ailleurs, la requête du parti Yéléma contre un candidat de la liste RPM pour présentation de deux pièces d’identités a été rejetée comme mal fondée. Dans le même après-midi du mardi 4 janvier, tard dans la soirée, le tribunal a jugé une plainte du RPM contre quatre candidats de la liste RPM pour défaut d’inscription sur la liste électorale. Le parti d’Ibrahim Boubacar Kéita a été débouté et sa requête jugée mal fondée. Ce jugement en première instance n’étant pas définitif, le sort de la liste Yéléma est entre les mains de la section administrative de la Cour suprême. D’ores et déjà , Yelema, à  travers ses avocats Mes Alassane Diop et Wally Diawara, a annoncé avoir interjeté appel. Mais la bataille promet d’être rude pour le jeune loup et ses camarades qui étaient surs de leurs atouts pour remporter ce scrutin. Peut et doit mieux faire! Tous les moyens sont bons pour écarter Moussa Mara de la course, C’’est ce que prétendent ses partisans qui voient derrière cette invalidation la main des adversaires politiques, prêts à  tout pour barrer la route à  leur leader. Si à  l’issue de l’appel, la liste Yéléma est définitivement écartée, ce sera un coup dur pour la jeune formation, mais surtout pour Mara. Déjà  en juillet dernier, son élection, en tant qu’indépendant, à  la tête de la commune avait été annulée. Un candidat élu dans sa circonscription n’était tout simplement pas inscrit sur la liste électorale. C’’est donc à  nouveau une erreur (si on peut le dire ainsi) du même genre qui risque de lui couter cher dans cette élection. Est-ce là  une preuve d’immaturité en politique ? Mara doit-il revoir sa copie, mieux s’entourer et planifier son retour ? Bref, doit-il renoncer et « attendre son heure » ? De nombreux observateurs de la scène politique pensent en effet que Mara «n’est pas encore mûr» pour faire de la politique au Mali. En tant qu’indépendant, « il a fait ses preuves » reconnait un confrère. Mais, faire cavalier seul et diriger un parti, ce n’est pas la même chose, ajoute-t-il en conseillant au président de Yéléma de travailler à  asseoir les bases de sa formation tant en commune 4 qu’ailleurs dans le pays et de revenir en force, mieux armé « pourquoi pas pour les législatives?». Il y a quelques années, il apparaissait comme l’incarnation de la jeune générationde politiques maliens, soucieux du devenir des populations. Celles-ci lui avaient témoigné leur soutien en le portant à  la tête de leur municipalité. Yéléma a grand intérêt à  redresser la barre pour ne pas perdre le capital confiance ainsi acquis.

Moussa Mara lance en grandes pompes son parti « Yelema »  

Malgré la pluie torrentielle, les jeunes acquis à  la cause de l’ancien maire de la commune IV, Moussa Mara, sont venus en masse au lancement officiel du parti « Yéléma », qui signifie le changement en langue bambara. Lancement qui a eu lieu Vendredi 23 juillet au Palais de la culture de Bamako. Engagement national Ces jeunes sont venus de Kidal, Kayes, Koulikoro, Ségou, Kolondièba, Keniéba, et de France pour témoigner leur détermination à  travers ce premier congrès du parti Yelema. Tous, aux couleurs du parti, ils brandissaient des pancartes et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire . Les représentants des partis invités à  ce congrès n’ont pas tari d’éloges sur l’ancien maire fondateur du parti Yelema. Yelema peut–il tenir tête aux grosses pointures ? Voilà  un événement qui survient quelques jours après la mise sur orbite du PDES, parti des amis du Président ATT. En effet, dans cette forêt de formations partisanes, qui donne le tournis à  plus d’un militant, difficile de marquer sa singularité. Que peut bien faire Moussa Mara face aux grosses pointures que sont l’Adema, l’Urd, le Rpm, l’Um-Rda, le Parena, le Cnid, plus une myriade de partis politiques ? Prenant la parole devant une jeunesse avide de changement dans la gestion du pays, Moussa Mara affirme : « Yelema est un idéal du changement, le parti doit être de la base et non tiré du sommet ». Allusion au PDES ?. Sous les ovations, Mara poursuit son intervention en évoquant que le changement est possible dans ce pays, il faut seulement des hommes déterminés et engagés comme les jeunes de Yelema. Il a conclu son intervention en souhaitant une bonne pluviométrie cette année. Le congrès prévoit un atelier qui regroupera près de 400 délégués afin d’ élaborer les textes fondamentaux du Parti. « Au-delà  de ce congrès, nous allons descendre dans le pays profond pour implanter le parti », a ajouté Mara. Mara à  la hauteur de son ambition ? En tant qu’indépendant, Mara a posé des actions concrètes pendant huit mois à  la tête de commune IV avant d’être éjecté de son fauteuil suite à  un contentieux électoral. Aujourd’hui il se jette dans la mare aux diables pour créer son parti en tentant l’expérience partisane. « Tant que nous sommes avec la population et que la population est avec nous, nous finirons par réussir ce que nous voulons ». A travers cette déclaration , on peut penser que sa détermination est à  la hauteur des défis qu’il aura à  affronter.