Départs de ressortissants : Aly Tounkara appelle au discernement

Alors que les États-Unis, l’Italie, l’Allemagne et l’Australie ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali, les autorités maliennes observent une prudente réserve. Ces appels interviennent dans un climat marqué par la pénurie de carburant, la multiplication des attaques contre les convois et une tension sécuritaire croissante autour de Bamako.

Les ambassades concernées évoquent une dégradation rapide de la sécurité et une imprévisibilité accrue des conditions de déplacement, notamment sur les grands axes. Les représentations américaine et italienne ont explicitement recommandé un départ « immédiat » par vols commerciaux, tandis que Berlin et Canberra déconseillent tout voyage vers le Mali, citant la menace terroriste, les enlèvements et la crise énergétique. Les alertes s’ajoutent à celles déjà émises par les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui classent le pays en zone rouge sur leurs portails de sécurité.

Dans une analyse publiée le 29 octobre 2025, le Dr Aly Tounkara, enseignant-chercheur et expert au Centre des Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S), estime ces appels « hâtifs » au regard du contexte malien. Selon lui, le Mali ne saurait être comparé à la Syrie, en raison de la différence des structures armées, de la sociologie du pouvoir et du maillage territorial assuré par les Forces armées maliennes. Il rappelle que l’armée bénéficie d’un équipement aérien renforcé, de formations diversifiées depuis 2012 et d’une forte résilience populaire face à la menace jihadiste.

L’expert souligne que, si chaque État a le devoir de protéger ses ressortissants, les véritables partenaires d’un pays se mesurent dans les périodes de crise aiguë. Il invite à relativiser la gravité du risque en soulignant la capacité de l’État malien à garantir une certaine continuité territoriale et la détermination des populations à défendre leur souveraineté.

Pour finir, Aly Tounkara interroge la portée politique et symbolique de ces retraits : que restera-t-il de la perception du Mali si « l’apocalypse prédite » ne se produit pas ? Et quelle légitimité accorder aux groupes armés dont la violence, loin d’inspirer la confiance, alimente le rejet populaire ?
Pour lui, la crise actuelle exige plus de discernement que d’alarmisme, dans un pays où la fragilité coexiste avec une résilience éprouvée.

Axe Ségou–Bamako : deux commerçants égyptiens enlevés, la piste jihadiste évoquée

Deux ressortissants égyptiens, présentés comme commerçants ambulants, ont été enlevés le mardi 28 octobre 2025 sur la route reliant Ségou à Bamako. Selon plusieurs sources locales et sécuritaires, l’incident s’est produit en pleine journée dans une zone régulièrement ciblée par des groupes armés.

Les victimes, identifiées par des sources non officielles sous les noms de Saleh Samir et Abdelazim Morsi, circulaient à bord d’un véhicule utilitaire lorsqu’elles auraient été interceptées par des hommes armés non identifiés. Un interprète malien, Houssam Diko, aurait également été enlevé au même moment. Si aucune revendication n’a été formulée, des sources de sécurité évoquent la possible implication du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), actif dans le centre du Mali et le long des grands axes commerciaux.
L’incident intervient dans un contexte de recrudescence des enlèvements visant des étrangers et des travailleurs expatriés. En juillet, trois ressortissants indiens avaient été enlevés lors d’une attaque contre l’usine Diamond Cement dans la région de Kayes. Quelques semaines plus tard, deux citoyens chinois avaient été kidnappés à Narena, dans le sud du pays, au cours d’une attaque contre un site minier. En septembre, des informations faisaient état de l’enlèvement de deux Émiratis et d’un Iranien dans les environs de Bamako. Ces incidents illustrent la montée des risques sécuritaires pour les travailleurs étrangers, en particulier sur les axes économiques stratégiques.
Depuis plusieurs mois, la route Bamako–Ségou est l’une des plus exposées du centre du Mali, avec des embuscades récurrentes, des poses d’engins explosifs et des enlèvements ciblés. Les forces armées maliennes ont renforcé leurs opérations de ratissage et de contrôle dans la zone, sans pour autant parvenir à neutraliser complètement les cellules mobiles qui y opèrent.
À ce stade, ni les autorités maliennes ni l’ambassade d’Égypte à Bamako n’ont confirmé officiellement les identités des victimes ni communiqué sur les recherches en cours. Les services de sécurité restent mobilisés pour tenter de localiser les otages et retrouver leurs ravisseurs. Cet enlèvement rappelle l’extrême vulnérabilité des civils et des travailleurs étrangers sur les principaux axes économiques du pays, où les groupes armés cherchent à exercer un contrôle territorial et financier.

Détenu depuis août : Moussa Mara écope de deux ans de prison

L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, a été condamné ce lundi à deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme et un an avec sursis, par le Tribunal du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité (PNLC).

Le parquet avait poursuivi M. Mara pour atteinte au crédit de l’État et opposition à l’autorité légitime, à la suite de publications effectuées sur le réseau social X (anciennement Twitter). Ces messages, diffusés au cours de l’été 2025, avaient suscité l’ouverture d’une enquête pour propos jugés contraires aux lois encadrant la communication en ligne.
L’audience s’est tenue à Bamako sous la présidence du juge du PNLC. Le tribunal a également condamné M. Mara à verser une amende de 500 000 francs CFA et à payer un franc symbolique à l’État, constitué partie civile.
L’ancien chef du gouvernement, en poste entre 2014 et 2015, avait été incarcéré le 1er août 2025, après son inculpation formelle. Ses avocats, dont Me Mountaga C. Tall, avaient déposé plusieurs demandes de mise en liberté provisoire, toutes rejetées par le juge d’instruction.
Le ministère public avait requis deux ans de prison à l’encontre de l’accusé, conformément aux dispositions du nouveau Code pénal adopté en 2024. La défense a annoncé son intention de faire appel du jugement dans les délais légaux prévus.
Moussa Mara demeure détenu dans l’attente de la procédure d’appel.

LCCP : Un levier de 100 milliards FCFA pour bâtir les champions miniers maliens

AFG Bank Mali a lancé ce lundi son Local Content Champion Program, dotant les sous-traitants locaux du secteur minier d’un outil de financement et d’accompagnement sans précédent. L’initiative, qui porte l’engagement total du groupe Atlantique, ambitionne de créer 2 000 emplois et de faire émerger trente entreprises nationales de classe mondiale.

​L’hôtel Radisson Collection de Bamako a accueilli ce lundi 27 octobre 2025 le lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative stratégique d’AFG Bank Mali. L’événement, présidé par le Professeur Amadou Keïta, Ministre des Mines, a réuni les figures importantes de l’écosystème minier et financier du Mali. Autour des dirigeants d’AFG Bank et d’AFG Assurances, les échanges se sont déroulés en présence de personnalités éminentes comme le Président de la Commission mine du CNT, le Ministre de l’Énergie et de l’Eau, un membre du Conseil d’Administration du Groupe Atlantique, le Secrétaire permanent du Contenu local et le Vice-Président du CNPM. Pour ne citer que celles-ci.
​C’est avec une immense fierté que Sayouba Ouédraogo, Directeur Général d’AFG Bank Mali, a ouvert la cérémonie. Il a souligné que le LCCP est né d’une conviction simple mais puissante : « Le développement du Mali passe par ses acteurs locaux et leur capacité à innover et à collaborer ».
Le DG a rappelé que ce programme, annoncé une première fois en février au Mining Indaba, est la traduction concrète de l’engagement de la banque à être proche du terrain, notamment en renforçant son réseau d’agences et en investissant dans le digital. Saluant la présence du Ministre des Mines, M. Ouédraogo y a vu la confirmation de « sa vision et son engagement en faveur d’un secteur minier plus inclusif ».
​L’impact potentiel du LCCP repose sur une enveloppe financière exceptionnelle de 100 milliards de francs CFA, dédiée à stimuler la participation des entreprises maliennes dans la chaîne de valeur minière. L’approche d’AFG Bank Mali va au-delà du simple crédit, proposant un appui structuré et combiné pour les sous-traitants et fournisseurs. Cet accompagnement inclut des financements sur mesure utilisant des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage et les solutions de capital-risque, ainsi que des sessions de renforcement de capacités techniques et managériales.
​Le programme se fixe des objectifs ambitieux pour les trois prochaines années. D’ici 2027, AFG Bank Mali s’engage à créer 2 000 emplois directs, à accompagner la structuration de 150 entreprises locales, et surtout, à faire émerger une trentaine de champions nationaux capables d’opérer aux standards mondiaux. Ce dispositif est conçu pour aider les entreprises à surmonter le défi principal identifié à savoir la difficulté d’accéder au financement et à la structuration nécessaire pour répondre aux exigences des opérations minières.
​L’ancrage panafricain au service du développement local
​Poursuivant les allocutions, Sionlé Yéo, Directeur Général d’AFG Holding, le pôle financier du Groupe Atlantique, a souligné la dimension stratégique du LCCP. Il a insisté sur le fait que l’initiative malienne s’inscrit parfaitement dans la vision globale du Groupe visant à  contribuer significativement au développement des économies africaines en soutenant l’émergence de champions. M. Yéo a rappelé que le Groupe Atlantique, présent dans 13 pays et couvrant la banque, l’assurance, l’industrie et l’agriculture, est par nature le partenaire du développement national.
​Le DG du Holding a félicité les équipes maliennes pour leur performance remarquable. Il a notamment souligné que depuis le rachat en 2020, AFG Bank Mali est passée de la 13e à la 8e position des banques du pays. Il a rendu hommage au travail de M. Sayouba Ouédraogo et de Madame Adam Cissé, Directrice Générale d’AFG Assurances Mali, saluant la convergence et les synergies entre les deux entités. Pour M. Yéo, le contenu local est une « source prodigieuse d’opportunités économiques » que le Groupe est déterminé à répliquer dans d’autres pays miniers comme la Côte d’Ivoire ou la Guinée.
​Un allié stratégique de la puissance publique
​Clôturant les prises de parole, le Ministre des Mines, le Professeur Amadou Keïta, a chaleureusement salué cette initiative. Il a rappelé que si le Mali a fait le « fort effort politique » d’adopter une loi sur le contenu local, l’efficacité de cette loi repose sur des outils concrets. Le LCCP apporte précisément cet élément de solution en répondant à la nécessité de financement et d’accompagnement des prestataires et fournisseurs locaux.
​Le Ministre a insisté sur le fait que ces « standards mondiaux » ne sont pas des contraintes, mais une « opportunité pour nos acteurs de s’aguerrir » avec l’objectif de conquérir les marchés régionaux et internationaux. Il a d’ailleurs cité plusieurs entreprises maliennes qui, par leur sérieux, « nous rendent fiers » en s’exportant déjà. Le Professeur Keïta a conclu en affirmant que le LCCP fait la preuve que le secteur privé est un allié stratégique de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques. Il a assuré les acteurs de l’engagement total des autorités : « L’État, je peux vous l’assurer, se tiendra aux côtés d’AFG Bank pour accompagner cette dynamique », dont l’objectif ultime est de créer plus d’emplois et d’opportunités pour la nation.

Coupes CAF : le football malien signe un doublé historique

Le Stade Malien de Bamako et le Djoliba AC se sont tous deux qualifiés pour la phase de groupes des compétitions africaines interclubs. Une performance pleine qui offre au pays un taux de réussite de 100 % à ce stade de la saison.

À l’issue des deux tours préliminaires des compétitions africaines interclubs 2025-2026, les clubs maliens ont réalisé un exploit retentissant. Le Stade Malien de Bamako, engagé en Ligue des champions de la CAF, a validé sa qualification historique pour la phase de groupes après sa victoire 2-0 face au FC Nouadhibou de Mauritanie, ce dimanche 26 octobre au Stade du 26-Mars. Ce succès, obtenu après un nul encourageant (1-1) à l’aller, permet aux « Blancs de Bamako » d’accéder pour la première fois de leur histoire à ce niveau de la compétition. Il s’agit également de la seconde présence d’un club malien à ce stade, après le Djoliba AC la saison passée.

En Coupe de la Confédération, le Djoliba AC a lui aussi confirmé sa solidité. Après avoir gagné 1-0 à Ouagadougou à l’aller, les « Rouges » ont récidivé à domicile en s’imposant 2-1 face à l’USAFA du Burkina Faso. Ce deuxième succès consécutif leur ouvre les portes de la phase de groupes et confirme leur statut parmi les équipes les plus régulières du continent.

Avec ces deux qualifications, le Mali réalise un parcours sans faute et conserve son indice continental en progression. Cette performance collective reflète la montée en puissance du football national, portée par une nouvelle génération ambitieuse et mieux préparée pour rivaliser sur la scène africaine. Les supporters espèrent désormais voir leurs clubs briller dans les phases de groupes et prolonger cet élan victorieux.

 

Éveil Mali lance les « Ateliers Citoyens II » : La jeunesse et les femmes, vecteurs de bonne gouvernance

Le lancement officiel de la Phase II du projet « Les Ateliers Citoyens » d’Éveil Mali, sous la direction de son Coordinateur national Hamma Cissé, s’est déroulé à Bamako le 25 octobre 2025. Ce projet, financé par le Fonds d’Appui aux Moteurs du Changement (FAMOC) du royaume du Danemark, vise à renforcer la participation citoyenne et le leadership des jeunes et des femmes maliennes dans la gestion des affaires publiques.

​L’événement a rassemblé de nombreuses personnalités, soulignant l’importance nationale du projet. On notait la présence de membres éminents du Conseil National de Transition (CNT), dont Amadou Diallo, ainsi que des guides religieux influents tels que Iba Haïdara, Bandjougou Doumbia, et Mohamed Cheick Oumar Coulibaly. Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako, le représentant du FAMOC, le Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali), et le représentant des étudiants maliens au Burkina Faso ont également pris part à la cérémonie.
​Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako a félicité Éveil Mali pour son engagement citoyen et a exhorté les autres organisations à suivre cet exemple pour un Mali plus prospère. Il a également adressé ses remerciements à M. Kaboré, représentant du FAMOC, pour son « engagement constant aux côtés de la jeunesse malienne ».
​« Ateliers Citoyens II » : Une feuille de route pour l’autonomisation
​Éveil Mali est une organisation citoyenne et patriotique, apolitique et inclusive, dont la mission centrale est de contribuer à la promotion de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne des jeunes et des femmes.
​Le Coordinateur national, Hamma Cissé, a présenté la Phase II, un projet de douze (12) mois, dont les objectifs spécifiques visent à renforcer le leadership des jeunes et des femmes, contribuer à l’appropriation par les populations des grandes réformes de la transition et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et consolider leur connaissance et leur respect des institutions et symboles de l’État.
​Le projet ciblera plus de 102 000 bénéficiaires finaux dans plusieurs zones, notamment l’ensemble du district de Bamako, et les communes de Niono (région de Ségou) et de Goundam (région de Tombouctou) pour les activités physiques.
​Le FAMOC : Un soutien structuré aux moteurs du changement
​M. Kaboré du FAMOC a rappelé que le Fonds, financé par le royaume du Danemark, a pour vocation de favoriser l’émergence d’une société malienne plus résiliente et respectueuse des droits humains par des actions focalisées sur la citoyenneté active, la lutte contre l’extrémisme violent et les droits humains.
​Le processus de sélection a été rigoureux, avec 89 projets retenus sur 124 candidatures soumises, dont celui d’Éveil Mali. Le FAMOC propose différents niveaux de subvention pour ses bénéficiaires : les Organisations à grande capacité peuvent obtenir un financement allant de 25 à 125 millions de FCFA pour des projets d’une durée de deux ans ; les Projets d’une année peuvent bénéficier d’un financement allant jusqu’à 80 millions de FCFA ; et les individus et structures informelles peuvent obtenir une subvention allant jusqu’à 20 millions de FCFA pour un projet d’un an.
​Pour finir, Hamma Cissé a lancé un appel vibrant à la responsabilité collective, insistant sur le fait que « Chacun compte » et que « il n’y a pas de petit effort » dans l’édification de la nation. Il a également réitéré la confiance et le soutien total d’Éveil Mali aux Forces Armées Maliennes (FAMA) pour leur rôle crucial.

AFG Bank Mali prépare le lancement du LCCP pour soutenir les entreprises locales

AFG Bank Mali procédera ce lundi 27 octobre 2025, à partir de 9h00, à l’hôtel Radisson Collection, au lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), sous la présidence du Ministre des Mines, le Professeur Keïta.

Cette initiative ambitieuse vise à renforcer la compétitivité des entreprises maliennes du secteur minier et à faire émerger de véritables champions nationaux grâce à un accompagnement financier structuré.

Plusieurs activités marqueront cette journée, notamment un panel sur “Financement et compétitivité locale : bâtir des champions du contenu local” et des rencontres B2B entre acteurs du secteur, institutions financières et entreprises locales.

À travers ce programme, AFG Bank Mali entend confirmer son rôle de catalyseur du développement économique, en mettant le financement au service du conteu local.

Niger : enlèvement d’un pilote humanitaire à Niamey et libération de l’ancien préfet d’un département du nord-est

Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2025, un ressortissant américain, pilote de l’ONG Serving In Mission (SIM) présent au Niger depuis 2010, a été enlevé à Niamey. Le lendemain, le 22 octobre, le commandant Amadou Torda, ancien préfet du département de Bilma, ainsi que quatre de ses compagnons (deux gendarmes, deux soldats de la Garde nationale) ont été libérés après plus d’un an de captivité.

Le pilote américain, âgé de 48 ans selon plusieurs sources, a été retiré de son domicile situé dans le quartier Château 1, un secteur sécurisé près de l’hôtel Bravia et du palais présidentiel. Trois hommes armés non identifiés l’ont emmené. Le Département d’État des États-Unis a indiqué que l’ambassade américaine à Niamey travaille avec les autorités nigériennes pour obtenir sa libération. Aucune revendication n’a encore été faite, et les forces de sécurité nigériennes ont engagé des recherches dès le mercredi 22 octobre. Il s’agit, selon les médias, du premier enlèvement d’un ressortissant étranger à Niamey depuis 2011.
Le pilote enlevé exerçait des missions de transport aérien d’urgence humanitaire pour SIM International, organisation active dans plusieurs pays du Sahel. SIM confirme sa présence au Niger, en soulignant les défis sécuritaires grandissants dans la région.

La seconde situation concerne la libération du commandant Amadou Torda et de ses quatre compagnons qui avaient été enlevés le 21 juin 2024 alors qu’ils revenaient vers Bilma, dans la région d’Agadez. L’enlèvement avait été attribué à un groupe armé non identifié. Des documents de l’époque mentionnaient la mort d’un membre de la délégation et la mise en œuvre d’une vaste opération de recherche par les forces de défense et de sécurité nigériennes. Leur libération, intervenue le 22 octobre 2025 après plus de 16 mois de détention, marque un soulagement dans la communauté locale mais s’inscrit dans un contexte d’insécurité récurrente dans cette zone du nord-est du pays.

Ces deux affaires reflètent la persistance des risques sécuritaires au Niger où les enlèvements – tant de ressortissants étrangers que de représentants de l’État – interviennent dans un contexte de dégradation de la sécurité, en particulier dans les régions du Sahel et du nord-est. L’enlèvement à Niamey d’un humanitaire opérant dans un quartier hautement sécurisé illustre notamment l’extension des menaces urbaines. De son côté, la libération des otages de Bilma souligne la lenteur du processus de réponse, mais aussi la capacité de l’État à conduire des opérations de recherche et de négociation.

L’ONG humanitaire concernée, active depuis des années au Niger, signale que le contexte opérationnel s’est durement complexifié ces dernières années, avec une multiplication d’attaques et d’enlèvements dans les zones rurales et frontalières. Les otages libérés de Bilma étaient détenus dans des conditions qui restaient obscures jusqu’à récemment, et leur retour pose la question de la prise en charge et de la réinsertion de personnels de sécurité confrontés à de tels conflits.

Enfin, la multiplication de ces opérations d’enlèvement met en lumière les défis de l’État nigérien en matière de sécurisation de ses frontières, de protection des humanitaires et de maintien de l’ordre dans des zones de faible densité administrative. Le retour à la normale pour les familles et les organisations concernées va nécessiter une gestion psychologique, matérielle et institutionnelle.

Étienne Fakaba Sissoko : “L’Eco ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous contrainte politique

Alors que la mise en circulation de la monnaie unique “Eco” est annoncée pour 2027, les incertitudes économiques et politiques fragilisent toujours le projet. L’économiste Étienne Fakaba Sissoko estime que cette transition ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous fortes contraintes régionales.

Où en est selon vous le projet de passage du franc CFA à la monnaie unique “Eco” annoncé pour 2027 ?

Le calendrier de 2027 reste celui inscrit dans la feuille de route officielle de la CEDEAO. Mais il faut reconnaître que cette échéance relève davantage de l’ambition politique que de la réalité économique.
La plupart des pays ne remplissent pas encore durablement les critères de convergence fixés — déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, inflation maîtrisée, réserves suffisantes pour trois mois d’importations.
La succession de chocs — pandémie, guerre en Ukraine, crise énergétique, insécurité régionale — a repoussé les ajustements nécessaires.

De plus, la recomposition géopolitique actuelle, marquée par la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, complexifie l’architecture du projet monétaire commun. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur arrimage politique à la CEDEAO est désormais suspendu, ce qui fragilise la gouvernance collective.

En réalité, 2027 sera sans doute une étape symbolique, marquant le lancement d’un noyau d’États “prêts” sur le plan macroéconomique et institutionnel, plutôt qu’un basculement simultané de l’ensemble de la région.

Quelles différences majeures distinguent le futur Eco du FCFA actuel, sur le plan technique et institutionnel ?

Il faut distinguer deux trajectoires : la réforme déjà engagée au sein de l’UEMOA et le projet d’Eco plus large porté par la CEDEAO.

La réforme UEMOA, amorcée en 2019, a été importante sur le plan institutionnel :
• suppression du compte d’opérations logé au Trésor français ;
• fin de l’obligation de dépôt de 50 % des réserves de change en France ;
• retrait des représentants français des instances de la BCEAO et de la Commission bancaire.

Cependant, cette réforme n’a pas modifié le cœur du régime monétaire : la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues, désormais sous la forme d’une ligne de crédit.

Le futur Eco de la CEDEAO, en revanche, suppose un changement d’échelle et de philosophie. Il devrait inclure des pays aux structures économiques très différentes — Nigeria, Ghana, Sierra Leone, Cap-Vert — ce qui nécessitera de repenser entièrement la gouvernance, les règles de convergence, et le régime de change.
C’est sur ce terrain institutionnel que se jouera la véritable rupture avec le modèle actuel.

L’arrimage à l’euro reste-t-il une garantie de stabilité ou un frein à la souveraineté monétaire ?

C’est à la fois une source de crédibilité et une contrainte systémique.
L’arrimage à l’euro a permis de préserver la stabilité des prix, de limiter les dérapages monétaires et de maintenir la confiance des investisseurs. En 2024, la BCEAO affichait l’une des inflations les plus faibles du continent et un niveau de réserves satisfaisant : c’est la face vertueuse du système.

Mais cette stabilité a un coût : la perte d’autonomie de décision. La BCEAO ne peut pas ajuster son taux de change pour soutenir ses exportations, ni utiliser pleinement la politique monétaire pour amortir les chocs.
Donc, l’arrimage protège contre l’instabilité, mais il verrouille la capacité d’adaptation.

L’enjeu aujourd’hui n’est pas de rompre brutalement avec le peg, mais de le redéfinir dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional, des marchés financiers intégrés et une coordination budgétaire renforcée.

Quelle place occupe aujourd’hui la France dans la gouvernance du système monétaire ouest-africain ?

Formellement, la France n’exerce plus de pouvoir décisionnel dans la gouvernance monétaire de l’UEMOA. Elle ne siège plus dans les conseils de la BCEAO ni dans les comités de politique monétaire.
Son rôle se concentre désormais sur la garantie de convertibilité, assurée par une ligne de crédit, et sur la parité fixe avec l’euro.

Autrement dit, l’influence directe a disparu, mais l’influence structurelle demeure.
Tant que la stabilité de la zone dépendra de l’ancrage à l’euro et du soutien de Paris en cas de crise de liquidité, la relation restera asymétrique.
C’est ce que j’appelle une indépendance encadrée : l’Afrique de l’Ouest a gagné en autonomie institutionnelle, mais pas encore en souveraineté stratégique.

Quels défis spécifiques le Mali devra-t-il affronter dans cette transition, notamment après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) ?

Le Mali se trouve aujourd’hui au carrefour de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture politique avec la CEDEAO et son adhésion à l’Alliance des États du Sahel.
Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire.

Techniquement, Bamako reste adossé à la BCEAO, donc au système du franc CFA, mais la sortie de la CEDEAO complique son intégration à la future monnaie Eco.
Politiquement, l’AES évoque la création d’une architecture économique autonome, voire de mécanismes de paiement intra-Sahel, mais sans cadre technique ou institutionnel concret à ce jour.

Le Mali devra donc préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Cela suppose de renforcer la discipline budgétaire, la transparence financière et la résilience économique interne, faute de quoi toute ambition de souveraineté monétaire resterait illusoire.

Selon vous, le débat sur le FCFA est-il avant tout économique, politique ou symbolique ?

C’est un débat éminemment total : à la fois économique, politique et symbolique.

Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies.
Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ?
Et sur le plan symbolique, il touche à la mémoire postcoloniale, à la quête de dignité et à la légitimité des institutions héritées.

En vérité, le débat sur le franc CFA est le miroir des contradictions africaines : vouloir la souveraineté sans en assumer les disciplines internes.
Changer de monnaie n’aura de sens que si nous changeons notre rapport à la production, à la dépense publique et à la gouvernance.
Autrement, l’Eco ne serait qu’un rebranding monétaire, sans transformation économique réelle.

Finalement, le passage du franc CFA à l’Eco ne doit pas être vu comme un acte de rupture, mais comme un processus d’ajustement institutionnel vers une souveraineté monétaire effective.
Le véritable enjeu n’est pas de savoir quand l’Eco sera lancé, mais dans quelles conditions il sera viable.
Car sans discipline budgétaire, sans convergence macroéconomique et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine — fût-elle rebaptisée Eco.

Lutte contre l’extrémisme violent : l’ONG Think Peace lance le projet « PACTE »

L’ONG Think Peace a procédé, le 22 octobre 2025, à l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako, au lancement officiel du Projet d’Action Communautaire pour la Transformation et la lutte contre l’Extrémisme violent (PACTE). Financé par le Fonds canadien d’initiatives locales (FCIL), ce projet sera mise en œuvre pendant 7 mois à Bamako, Ségou et Ménaka.

La cérémonie de lancement présidée par le secrétaire permanent de la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, Djoubeirou Oumarou Diallo,  s’est déroulée en présence de nombreuses organisations de la société civile.

Dans son intervention, Abdou Kola Bocoum, coordonnateur national de Think Peace, a rappelé que le projet PACTE s’inscrit dans un contexte marqué par une crise malienne devenue plus complexe, affaiblissant la cohésion sociale et la confiance entre les communautés.

« Le projet PACTE permettra d’intégrer au sein des groupements de femmes et de jeunes, des acteurs et actrices religieux, des mécanismes d’alerte précoce et des actions communautaires comme la sensibilisation, la médiation, le partage d’informations fiables et d’expériences pour prévenir l’extrémisme violent », a-t-il expliqué.

Il a souligné que cette initiative entend transformer les communautés en véritables acteurs de changement, capables de résister aux discours de haine et de promouvoir des alternatives fondées sur la solidarité, l’inclusion et la citoyenneté.

La chargée d’affaires de l’ambassade du Canada, Lee-Anne Hermann, a, quant à elle,  salué l’engagement de Think Peace et la portée du projet. Elle a invité les bénéficiaires à s’approprier cette initiative, avant de réaffirmer le soutien du Canada à la population malienne. « Le Canada continue son accompagnement à la population malienne, en particulier aux femmes et aux jeunes, qui sont les premières victimes de la crise », a-t-elle indiqué.

Pour sa part, le secrétaire permanent de la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, Djoubeirou Oumarou Diallo, a souligné la complémentarité du projet PACTE avec la stratégie nationale. Selon lui, l’approche adoptée par Think Peace illustre parfaitement la vision du gouvernement, qui privilégie des actions de proximité, inclusives et participatives.

« En misant sur la mobilisation des acteurs locaux et le renforcement de la résilience communautaire, le projet PACTE contribuera à la mise en œuvre effective de notre stratégie nationale », a-t-il affirmé.

Le projet PACTE repose sur la mobilisation des acteurs locaux autour de mécanismes endogènes de prévention des conflits et de renforcement de la cohésion sociale. À travers des formations, des dialogues communautaires et des actions de proximité, il vise à renforcer la résilience des populations de Bamako, Ségou et Ménaka face aux idéologies extrémistes et à favoriser la participation citoyenne dans la consolidation de la paix.

Son objectif global est d’encourager un dialogue intergénérationnel et intercommunautaire, de promouvoir une gouvernance inclusive et d’installer une culture de paix durable.

Mohamed Kenouvi

AFG Bank Mali lance le LCCP pour soutenir les entreprises locales du secteur minier

AFG Bank Mali a annoncé le lancement du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative ambitieuse visant à renforcer la participation des sous-traitants et fournisseurs locaux dans le secteur minier malien.

​Doté d’une enveloppe de 100 milliards de FCFA, le programme vise à identifier, accompagner et valoriser des champions locaux à fort potentiel. Ces entreprises bénéficieront d’un appui structuré combinant financement sur mesure, renforcement des capacités et conseil en investissement. Les financements proposés incluent des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage, les garanties et des solutions de capital-risque.

​Le LCCP cible principalement les sous-traitants locaux opérant dans les services, la logistique, la sous-traitance ou la fourniture de biens liés aux opérations minières.

​À travers ce programme, AFG Bank Mali ambitionne de créer 2 000 emplois d’ici 2027 et de faire émerger une trentaine de champions nationaux.

​Le lancement officiel est prévu le 27 octobre 2025 à Bamako. Cette rencontre réunira les acteurs du secteur minier, les institutions publiques et les partenaires techniques.

Loulo-Gounkoto : la mine d’or redémarre après neuf mois d’arrêt

Suspendues depuis janvier 2025, les activités du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, dans la région de Kayes, ont officiellement repris à la mi-octobre. Ce redémarrage met fin à plus de neuf mois d’interruption provoquée par un différend fiscal et contractuel entre l’État malien et la société Barrick Gold Corporation, jusque-là opératrice principale du site.

Selon plusieurs sources industrielles, la production a redémarré progressivement sous la supervision d’une administration provisoire malienne nommée en juin. Les premières extractions de minerai ont déjà repris sur la mine de Loulo, tandis que les opérations de traitement sont en phase de montée en puissance. Le complexe, considéré comme le plus important du pays, avait produit près de 723 000 onces d’or en 2024 avant la suspension des activités.

La reprise marque un tournant pour le secteur minier national, dont les recettes avaient connu une forte contraction au premier semestre 2025. Les autorités maliennes, qui entendent renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles, affirment vouloir garantir la continuité de la production tout en renégociant les conditions d’exploitation pour mieux préserver les intérêts de l’État.

Barrick Gold, tout en réaffirmant sa volonté de dialogue, n’a pas encore annoncé de retour officiel à la gestion du site. Le complexe Loulo-Gounkoto emploie plusieurs milliers de travailleurs maliens et constitue l’un des piliers des exportations du pays. Sa relance devrait contribuer à stabiliser les revenus aurifères et à soutenir les réserves budgétaires dans un contexte économique tendu.

Hiérarchie militaire : Des changements au sommet pour une nouvelle dynamique

Trois officiers supérieurs prennent désormais la tête de postes stratégiques au sein des Forces armées. Cette réorganisation, décidée en Conseil des ministres, intervient dans un contexte sécuritaire tendu et traduit une volonté d’adaptation du commandement.

Le Conseil des ministres du 22 octobre 2025 a procédé à d’importants changements au sein de la hiérarchie militaire. Trois nouvelles figures ont été nommées à des postes clés de l’appareil de défense nationale. Le Général Élisée Jean Dao devient Chef d’état-major général adjoint des Armées, en remplacement du Général Kéba Sangaré. Le Général Toumani Koné prend la tête de l’Armée de Terre, succédant au Général Harouna Samaké, tandis que le Général Sambou Minkoro Diakité est désormais Directeur de la Sécurité militaire, en lieu et place du Général Nouhoum Ouattara.

Cette recomposition intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques armées, notamment contre les convois de ravitaillement et les infrastructures stratégiques. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement opérationnel visant à renforcer la discipline, le renseignement et la coordination sur le terrain. Selon plusieurs sources militaires, les profils choisis reflètent la priorité accordée à l’expérience du combat et à la maîtrise des réalités opérationnelles.

Le Général Élisée Jean Dao, ancien ambassadeur au Gabon et officier reconnu pour son rôle dans la bataille de Konna en 2013, est rappelé pour mettre son expérience au service du commandement central. Le Général Toumani Koné, ancien commandant de région militaire, est réputé pour sa connaissance du terrain et son approche tactique. Quant au Général Sambou Minkoro Diakité, ancien directeur de la Gendarmerie nationale, il hérite d’une direction sensible, celle du renseignement et de la sécurité militaire, pivot de la lutte contre les infiltrations et les défaillances internes.

Cette réorganisation du haut commandement marque une étape importante dans la stratégie de défense nationale. Elle intervient à un moment où l’armée concentre ses efforts sur la sécurisation des grands axes économiques et sur la stabilisation des zones en proie à l’insécurité. En confiant la direction des forces à des officiers de terrain, les autorités entendent renforcer la réactivité et la cohésion au sein des structures militaires, dans un contexte de guerre asymétrique où l’adaptation reste la clé de l’efficacité opérationnelle.

Innovation agricole : MITA 2025 mise sur la durabilité

Bamako accueille la 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA), centrée sur la gestion intégrée des sols. La rencontre, présidée par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, met l’accent sur la modernisation et la résilience du secteur agricole face aux changements climatiques.

La 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA) s’est ouverte lundi 20 octobre 2025 à Bamako. La cérémonie d’inauguration, placée sous la présidence du Premier ministre Abdoulaye Maïga, marque également le lancement de la 2ᵉ édition du Prix d’Innovation Agricole Abdoulaye Touré. L’événement est organisé par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) autour du thème « Technologies et innovations agricoles pour la gestion intégrée des sols », selon les informations publiées par le CORAF.
Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé l’importance stratégique du secteur agricole, qui contribue à 40 % du Produit Intérieur Brut, emploie plus de 70 % de la population active et représente la principale source de revenus pour 80 % des populations rurales. L’agriculture génère également près de 30 % des recettes d’exportation. Le Mali dispose, selon les chiffres officiels, de 43,7 millions d’hectares de terres agricoles utilisables dont 4,5 % seulement sont cultivés, et de 2,2 millions d’hectares aménageables exploités à 23,5 %. Le pays compte un cheptel estimé à 14 millions de bovins, 58 millions d’ovins et de caprins, 1,3 million de camelins et 63 millions de volailles, ainsi qu’un potentiel hydrique évalué à 70 milliards de mètres cubes d’eaux de surface et 2 720 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines.
Le projet structurant « Farafinna Jiginɛ » — « Nourrir le Mali et la Sous-région » — a également été cité parmi les priorités du gouvernement. Inscrit dans la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) sur la période 2024-2033, il vise à renforcer la sécurité alimentaire nationale et régionale grâce à une production agricole accrue et durable.
Selon le CORAF, le MITA 2025 constitue une plateforme régionale destinée à promouvoir les pratiques écologiques et les innovations agricoles adaptées aux conditions sahéliennes. L’événement réunit durant cinq jours chercheurs, producteurs et entrepreneurs venus notamment du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. Plus de cent technologies sont présentées, parmi lesquelles des biofertilisants, des systèmes de compostage rapide, du biochar et des capteurs intelligents destinés à améliorer la gestion des sols et la productivité agricole.
Le ministre de l’Agriculture, plusieurs membres du gouvernement, des représentants du secteur privé et des organisations paysannes ont pris part à la cérémonie. Les discussions s’articulent autour de panels techniques et de sessions de partenariat visant à renforcer la coopération scientifique et commerciale entre les pays de la sous-région. Selon les organisateurs, cette édition s’inscrit dans la continuité des efforts régionaux pour promouvoir des innovations capables de répondre aux défis conjoints de la dégradation des terres, de la sécurité alimentaire et du changement climatique en Afrique de l’Ouest.

Soudan : la guerre relance le trafic d’armes et redessine les routes du Sahel

La guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide bouleverse les équilibres sécuritaires régionaux. Un rapport de la Global Initiative, publié le 19 octobre 2025, révèle comment ce conflit a ravivé un vaste commerce d’armes, reliant désormais le Soudan à tout le Sahel.

La guerre au Soudan ne se limite plus à Khartoum ou au Darfour. Depuis plus de deux ans, le fracas des combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) résonne bien au-delà des frontières. Selon un rapport publié le 19 octobre 2025 par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), le conflit a profondément réorganisé le trafic d’armes sur le continent africain.

L’étude décrit deux circuits parallèles d’approvisionnement. Le premier, officiel, repose sur des transferts soutenus par certains États alliés du gouvernement soudanais. Des convois militaires, des avions cargos et la redistribution d’arsenaux existants alimentent directement les forces en présence. Le second réseau, informel, se nourrit des routes anciennes du commerce saharien, animées par des trafiquants, des familles transfrontalières et des groupes criminels. Ces filières, réactivées par la guerre, passent par le Darfour, l’est du Tchad et le sud de la Libye, avant d’atteindre le Niger et parfois le Mali.

Les marchés tchadiens et libyens regorgent aujourd’hui d’armes plus modernes et plus puissantes qu’avant le conflit. Le rapport cite notamment la mitrailleuse DShKM, version modernisée d’un modèle soviétique, vendue jusqu’à 11 400 dollars dans la zone frontalière entre l’Algérie, la Libye et le Niger. Trois villes du Tchad — Tiné, Abéché et Adré — sont devenues des plaques tournantes du commerce illégal. De là, les cargaisons prennent la direction de l’ouest, rejoignant les routes du désert qui traversent le Niger avant d’alimenter les marchés du Sahel.

Pour la Global Initiative, ces flux ne se limitent pas à une logique de contrebande. Ils traduisent la naissance d’une économie de guerre continentale, où acteurs étatiques et réseaux criminels se croisent et se complètent. La guerre du Soudan agit comme un catalyseur, réactivant des circuits anciens et en ouvrant de nouveaux.

Le phénomène inquiète les observateurs régionaux. Les armes issues du conflit soudanais se retrouvent déjà entre les mains de groupes armés opérant au Mali et au Niger, deux pays fragilisés par la multiplication des insurrections et des zones échappant au contrôle de l’État. Cette circulation transfrontalière complexifie la lutte contre le terrorisme et renforce les économies parallèles dans un espace déjà saturé de trafics.

Derrière ces flux invisibles, c’est une autre géographie du pouvoir qui se dessine. Le Soudan devient le point d’origine d’un système où chaque cargaison nourrit un nouvel affrontement. Dans ce vaste marché de la survie et des armes, le Sahel n’est plus une destination finale, mais une extension naturelle d’un conflit devenu continental.

Mali–Sahel, la paix sous écoute : quand les populations reprennent la parole

Un rapport d’Oxfam révèle la réalité vécue par les civils du Mali et du Sahel face à la violence persistante. Derrière les bilans diplomatiques, une parole s’élève pour réclamer une paix adaptée aux réalités locales, plus humaine et plus inclusive.

Les civils du Mali, comme ceux du Sahel en général, vivent au cœur d’une insécurité chronique où les armes dictent souvent la loi. Le rapport Seen but Not Heard, publié par Oxfam en octobre 2025, plonge dans leur quotidien. Il s’appuie sur les témoignages de 1 601 personnes réparties entre le Mali, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, dont 765 femmes et 836 hommes. L’enquête, menée entre juillet 2024 et mars 2025, restitue leurs expériences face aux acteurs censés les protéger.

Au Mali, les récits recueillis montrent à quel point la population reste prise entre plusieurs forces. Toutes jouent un rôle, mais la confiance qu’on leur accorde varie d’un village à l’autre. Beaucoup de Maliens disent avoir perdu foi dans un système qui promet la paix sans la livrer.

L’exemple de la MINUSMA, déployée de 2013 à 2023, illustre cette ambivalence. Dans le nord, notamment à Gao, plusieurs habitants reconnaissent que la mission a contribué à stabiliser certaines zones et à créer de l’emploi. Plus au centre, dans les régions de Mopti et de Ségou, la perception est tout autre : les habitants se disent déçus d’une présence jugée distante et trop bureaucratique. Certains estiment que les casques bleus n’ont pas su écouter les besoins des populations ni s’adapter à leurs priorités.

Depuis son départ, les Maliens oscillent entre fierté et inquiétude. Fierté, parce que la fin de la mission est perçue par une partie de l’opinion comme un acte de souveraineté retrouvée. Inquiétude, parce que l’État reste fragile et que la protection des civils repose souvent sur des initiatives locales. Dans plusieurs localités, Oxfam a observé la montée de comités de veille, de groupes de médiation et de collectifs de femmes qui préviennent les tensions ou réparent les liens entre communautés. Ces structures, parfois soutenues par des ONG, s’imposent comme des relais essentiels de la cohésion sociale.

Le rapport situe ce phénomène dans un contexte régional plus large. À travers tout le Sahel, la confiance envers les forces internationales s’est érodée. Les missions onusiennes, tout en ayant contribué à contenir la violence, ont fini par se heurter aux attentes de populations qui veulent désormais construire leur propre sécurité. Dans le même temps, les États revendiquent un contrôle total de leurs territoires, préférant miser sur des partenariats bilatéraux ou sur des forces régionales.

Oxfam conclut que le modèle actuel du maintien de la paix est à bout de souffle. Les populations ne rejettent pas l’idée d’une présence internationale, mais elles réclament d’être entendues. Pour beaucoup de Maliens, la paix ne viendra pas d’un mandat ni d’une base militaire, mais d’une écoute plus attentive et d’un soutien réel aux initiatives communautaires.

Au-delà des institutions, ce sont donc les habitants du Sahel qui, malgré la fatigue et les blessures, réinventent la paix à leur manière — avec les moyens du bord, et la volonté farouche de continuer à vivre.

UFOA A U17 : le Sénégal reprend la couronne

Les jeunes Lionceaux du Sénégal ont battu le Mali en finale du tournoi de la zone Ouest A U17, renouant avec le titre. Cette victoire confirme leur domination régionale.

La grande finale du tournoi U17 de la zone Ouest A (UFOA A), disputée samedi 18 octobre 2025 à Bamako, a opposé le Mali, pays hôte, à son voisin sénégalais. Le Sénégal est reparti vainqueur sur le score de 2-0. L’affiche, attendue depuis la phase de groupes, a tenu toutes ses promesses sur le plan de l’engagement et de l’intensité. Le Mali avait su éliminer la Guinée en demi-finale, ce qui lui avait ouvert la voie vers cette finale.
Le Sénégal, quant à lui, avait assuré sa présence en finale et obtenu son ticket pour la phase finale de la CAN U17.
Dès l’entame, les Sénégalais ont affiché une volonté ferme d’imposer leur rythme, et ils ont pris l’avantage avant la pause. En seconde période, gardant un bloc compact et profitant d’espaces dans la défense malienne, ils ont su creuser l’écart. Le public malien, venu nombreux, a senti filer l’occasion d’un sacre à domicile. Cette victoire marque un retour au sommet pour le Sénégal dans cette catégorie, qui avait déjà pris le trophée l’an dernier. L’édition 2024 avait vu, en effet, le Sénégal s’imposer face au Mali après prolongation et tirs au but.
Pour le Mali, cette finale perdue reste un coup d’arrêt après une compétition solide. Le fait d’accueillir l’évènement et de se hisser jusqu’à la finale laisse entrevoir un potentiel qu’il faudra traduire en victoire prochaine. Le Sénégal, de son côté, confirme que son travail de formation produit déjà des résultats tangibles à l’échelle régionale.

Coupes CAF : Stade Malien accroche le nul en Mauritanie, Djoliba s’impose à Ouagadougou

Le week-end du 18–19 octobre 2025 a souri aux représentants maliens sur la scène africaine, avec un nul obtenu par le Stade Malien chez le FC Nouadhibou et une victoire de Djoliba AC sur la pelouse de l’USFA. Les deux confrontations ne sont qu’à mi-parcours et ouvrent la voie à des retours brûlants à Bamako pour la qualification en phase de groupes.

En Ligue des champions CAF, le Stade Malien a ramené un résultat de parité de son déplacement à Nouadhibou, en Mauritanie. La première manche s’est jouée le dimanche 19 octobre 2025 en nocturne et s’est terminée sur le score de 1–1, un résultat qui laisse l’issue totalement ouverte avant le match retour à Bamako. La CAF a fixé la fenêtre des deuxièmes manches du deuxième tour préliminaire entre le 24 et le 26 octobre 2025 ; la programmation indique un retour Stade Malien – FC Nouadhibou au stade du 26 Mars le dimanche 26 octobre 2025. Le vainqueur de cette double confrontation accédera à la phase de groupes de la Ligue des champions.

En Coupe de la Confédération, Djoliba AC a pris une option en s’imposant 1–0 à Ouagadougou face à l’US Forces Armées le dimanche 19 octobre 2025. Comme pour la C1, la CAF encadre les retours du deuxième tour préliminaire du 24 au 26 octobre ; la feuille de route prévoit un Djoliba AC – USFA au stade Mamadou-Konaté le vendredi 24 octobre 2025. Là encore, l’enjeu est limpide : la qualification offrira une place en phase de groupes de la compétition.

Concours de reportage humanitaire : la Croix-Rouge malienne récompense les lauréats de la première édition  

La Croix-Rouge malienne a distingué le 16 octobre 2025 les lauréats de la première édition du Concours de reportage humanitaire, organisé à l’occasion du soixantième anniversaire de l’institution. La cérémonie s’est tenue au siège de la Croix-Rouge à Bamako, sous le haut parrainage du ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.

Ce concours avait pour objectif de promouvoir un journalisme engagé au service de l’humanité. Il portait sur des thématiques essentielles telles que la réponse aux urgences humanitaires, la santé communautaire et les premiers secours, le volontariat, l’engagement des communautés et l’adaptation aux effets du changement climatique.

À travers cette initiative, la Croix-Rouge malienne souhaite mettre en lumière les réalités du terrain, donner la parole à ceux que l’on entend peu et valoriser le rôle déterminant des médias dans la construction d’une société plus solidaire.

Quatre journalistes se sont distingués dans leurs domaines respectifs : Jessica Dembélé de *L’Essor* pour la presse écrite, Imirana Maïga de *Studio Tamani* pour la radio, Cheick Oumar Mariko de *Joliba TV* pour la télévision et Amadou Kodio d’*Afrikinfos* pour la presse en ligne. Chacun a reçu en récompense un ordinateur portable et un trophée symbolisant son engagement.

« Ce prix, au-delà de la distinction, est une véritable source de motivation, a confié Imirana Maïga, porte-parole des lauréats. Il nous encourage à continuer à produire des contenus de qualité capables de sensibiliser les populations et d’interpeller les décideurs sur les grands défis humanitaires et environnementaux de notre pays ».

La présidente de la Croix-Rouge malienne, Assitan Traoré, a félicité les lauréats pour leur travail et leur engagement. Selon elle, leurs productions rendent compte avec fidélité des réalités vécues sur le terrain et contribuent à renforcer la conscience collective.

« Vos récits sont des ponts entre les réalités du terrain et la conscience collective. Vous êtes, à votre manière, des humanitaires de l’information », a-t-elle souligné.

Le chef de cabinet du ministère de la Communication, Mohamed Ag Albachar, a pour sa part salué l’engagement de la Croix-Rouge malienne en faveur d’une information plus responsable et plus proche des citoyens. Il a rappelé que son département attache une attention particulière à toute initiative visant à élever la qualité de l’information et à encourager une parole libre, professionnelle et porteuse de sens, avant de féliciter les lauréats et les membres du jury.

Mohamed Kenouvi

Projets sanitaires : l’Union européenne appuie la préparation du Mali face aux urgences

Le ministère de la Santé et du Développement social, la Délégation de l’Union européenne au Mali et l’Organisation mondiale de la Santé ont lancé, ce mercredi, une nouvelle initiative destinée à renforcer les capacités nationales de préparation et de réponse aux urgences sanitaires.

Ce projet, financé par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (DG ECHO), s’inscrit dans le cadre du programme SURGE de renforcement de la résilience des systèmes de santé. Il prévoit la création d’une Équipe médicale d’urgence nationale (EMU) capable d’intervenir dans un délai maximal de 72 heures en cas de catastrophe ou d’épidémie.

La Chargée d’affaires de l’Union européenne au Mali, Bettina Muscheidt, a rappelé que cette initiative illustre une priorité humanitaire de l’UE : « accompagner nos partenaires dans la transition entre réponse d’urgence et préparation, afin d’anticiper les crises ». Elle a souligné que ce projet intervient dans un contexte marqué par des défis persistants — insécurité, déplacements de population, épidémies et effets du changement climatique — et qu’il contribuera à une réponse nationale rapide, efficace et coordonnée au bénéfice des populations les plus vulnérables.

La ministre de la Santé et du Développement social, le médecin colonel-major Assa Badiallo Touré, a salué l’appui constant de l’Union européenne et de l’OMS dans le renforcement du système sanitaire malien. Elle a indiqué que cette initiative permettra de mieux structurer les interventions d’urgence, d’assurer la disponibilité des ressources médicales essentielles et de consolider la coordination entre les acteurs de santé publique.

Le projet EMU – Équipes médicales d’urgence couvrira l’ensemble des régions sanitaires du Mali, ainsi que les points d’entrée frontaliers. Sa mise en œuvre, prévue de juin 2025 à juin 2027, vise à renforcer la formation, l’équipement et la préparation opérationnelle des équipes nationales et régionales.

La Mauritanie, le Mali et plusieurs autres pays de la région bénéficient de ce programme dans le cadre d’une approche sous-régionale soutenue par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la Santé.