Auteur/autrice : massire Diop
AES : l’étendard remis à la Force unifiée
Le président de la Transition, chef de l’État et chef suprême des armées, le général d’armée Assimi Goïta, a présidé le samedi 20 décembre 2025 à Bamako la cérémonie solennelle de remise de l’Étendard à la Force unifiée de la Confédération des États du Sahel (FU-AES), présentée comme l’entrée en activité de ce dispositif multinational.
La cérémonie s’est tenue en présence du Premier ministre, du président du Conseil national de Transition, de responsables d’institutions, des ministres chargés de la Défense des pays membres, des chefs d’état-major, ainsi que de représentants diplomatiques et d’organisations internationales accrédités au Mali.
Dans son allocution, Assimi Goïta a présenté la remise de l’étendard comme une démarche politique et militaire, adossée à la dynamique engagée depuis la Déclaration de Niamey et le traité constitutif signé le 6 juillet 2024. Il a également mis en avant les opérations conjointes citées sous les noms Yéréko I et Yéréko II, attribuées à une planification commune, au partage du renseignement et à la mutualisation des moyens.
Sur le plan de l’architecture annoncée, le poste de commandement de la FU-AES est établi à Niamey, au sein de la base aérienne 101, site attenant à l’aéroport international Diori-Hamani. L’état-major intégré y est dirigé par un officier burkinabè, le colonel Éric Dabiré, cité comme premier responsable de cette structure.
À Bamako, la Présidence a aussi salué l’installation du commandement de la Force unifiée. Les communications relayées mentionnent également le général de brigade Daouda Traoré comme commandant de la FU-AES.
Le ministre malien de la Défense et des Anciens combattants, le général de corps d’armée Sadio Camara, a insisté sur une approche portée par la solidarité entre États membres, avec une doctrine affichée de prise en charge souveraine de la sécurité de l’espace AES.
La cérémonie a enfin donné lieu, à une présentation d’équipements associés à la Force unifiée, incluant notamment des blindés armés et des avions de combat.
Réforme de la Police nationale : adoption d’un projet d’ordonnance sur la Direction générale
Birahim Soumaré : « L’enfermement diplomatique n’est pas une option »
À l’approche du sommet de Bamako des 22 et 23 décembre 2025, Birahim Soumaré analyse les enjeux diplomatiques de l’Alliance des États du Sahel. L’ancien ambassadeur plaide pour une diplomatie unifiée, ouverte et fondée sur la coopération régionale et la sécurité des populations.
Le sommet de Bamako des 22 et 23 décembre 2025 est-il, selon vous, une étape de consolidation diplomatique de l’AES ou surtout un acte politique ?
Birahim Soumaré : Le sommet de Bamako va constituer une étape importante. Il peut être perçu comme une consolidation diplomatique, mais également comme un acte politique majeur pour les États de l’AES.
Il s’agira surtout de faire en sorte que les annonces politiques, la création d’institutions et le renforcement de la coopération militaire et économique puissent se traduire par une voie diplomatique unifiée. À certains moments, des nuances ont pu être observées dans les prises de position, notamment sur des dossiers régionaux sensibles. Ce sommet pourrait permettre d’harmoniser davantage le discours, compte tenu des enjeux sécuritaires et de développement.
Les experts et les ministres des Affaires étrangères ont travaillé sur des rapports et des textes préparatoires afin de donner une structuration durable à l’Alliance. Pour autant, cette structuration doit rester ouverte.
La rupture avec la CEDEAO est-elle tenable dans la durée, ou l’AES devra-t-elle recréer des canaux de dialogue régionaux ?
Birahim Soumaré : La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO a été actée en janvier 2025. À partir de cette date, l’organisation ouest-africaine a été reconfigurée par le départ de ces trois États.
Cependant, aussi bien la CEDEAO que l’AES ont intérêt à négocier des accords bilatéraux ou ad hoc, en particulier pour les États enclavés. Les défis sécuritaires dépassent les appartenances institutionnelles.
Les groupes armés opèrent selon leurs propres logiques stratégiques, indépendamment des cadres régionaux. Il est donc indispensable d’harmoniser la coopération, notamment en matière d’échange d’informations et d’opérations, afin de limiter l’impact sur les populations.
L’exemple des tensions sur l’approvisionnement en carburant au Mali illustre la nécessité de coopérer avec les États côtiers. Les trois pays de l’AES étant enclavés, l’isolement diplomatique ne constitue pas une option viable.
Comment les États voisins non membres de l’AES devraient-ils regarder cette alliance ?
Birahim Soumaré : Certains États perçoivent l’AES comme une rupture susceptible d’affecter la stabilité de la sous-région. Il s’agit néanmoins d’une initiative souverainiste affirmée. Sur le plan politique, cette dynamique peut apparaître ambivalente, car elle met parfois en tension souverainisme et intégration régionale.
L’essentiel est que l’AES se positionne comme un acteur de sa propre trajectoire, cherchant à s’autodéterminer, sans pour autant se fermer à des partenariats avec d’autres pays, y compris avec d’anciennes puissances, dès lors que les intérêts stratégiques et ceux des populations sont respectés.
La diversification des partenariats demeure essentielle. L’AES doit rester ouverte au monde.
Après le sommet de Bamako, quel sera selon vous l’enjeu diplomatique le plus urgent pour l’AES ?
Birahim Soumaré : L’enjeu principal réside dans le renforcement de l’intégration des forces de défense et de sécurité et dans la mise en place d’une diplomatie unifiée, sans confrontation directe avec la CEDEAO. Les trois États de l’AES constituent le Sahel central et sont confrontés à des défis sécuritaires, d’influence et de désinformation majeurs.
Il existe également des risques de frictions entre États de la sous-région, ce qui impose une vigilance accrue.
Sans coordination stratégique sécuritaire à l’échelle sous-régionale, il sera difficile de contenir durablement la menace armée. Ces dynamiques sont étroitement liées à des enjeux de contrôle et d’exploitation des ressources stratégiques, soutenues par des intérêts extérieurs.
Il est important que le sommet mette en évidence ces réalités, notamment autour des ressources minières. Enfin, une évolution de la CEDEAO vers une organisation davantage centrée sur les peuples pourrait faciliter une coopération fonctionnelle avec l’AES. L’espace sous-régional ne doit pas devenir un terrain d’influence de puissances extérieures, mais un cadre de coopération équilibrée au service des populations.
Mouvement des populations : la pression humanitaire s’accentue au Mali
Entre juillet et septembre 2025, le Mali a connu une hausse marquée des déplacements internes et des arrivées de réfugiés, dans un contexte sécuritaire dégradé. Ces données sont issues de la mise à jour opérationnelle de l’UNHCR Mali pour le troisième trimestre 2025.
Au 30 septembre 2025, la situation des mouvements de populations au Mali demeure caractérisée par des niveaux élevés de déplacements internes et par une augmentation notable de la population réfugiée. Selon les données consolidées par les autorités nationales et l’UNHCR, 334 167 réfugiés maliens vivaient dans des pays d’asile tandis que 831 réfugiés maliens étaient rentrés au pays. À l’intérieur du territoire, le nombre de personnes déplacées internes s’élevait à 402 167, avec 194 236 personnes déplacées ayant regagné leur localité d’origine. Dans le même temps, le Mali accueillait 165 700 réfugiés enregistrés et 85 774 en attente d’enregistrement, portant la population réfugiée totale à plus de 251 000 personnes.
Cette évolution est étroitement liée à la persistance de l’insécurité dans certaines zones du pays et le long des frontières. Depuis le 5 août 2025, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, a enregistré des afflux significatifs de réfugiés burkinabè fuyant les violences. Ces arrivées ont contribué à plus que doubler la population réfugiée au Mali en un an, celle-ci étant estimée à environ 123 000 personnes en septembre 2024. Les nouveaux arrivants sont majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées, arrivant dans des conditions de grande vulnérabilité et présentant des besoins immédiats en abris, en alimentation, en eau potable, en hygiène, en assainissement et en articles ménagers essentiels.
Urgence niveau 1
Face à cette situation, l’UNHCR a déclaré une urgence de niveau 1 en septembre 2025 et a ouvert une nouvelle unité de terrain à Koro afin de renforcer la coordination et la réponse humanitaire. Au cours du trimestre, plus de 27 700 nouveaux arrivants ont bénéficié d’un enregistrement biométrique dans cette zone, dont près de 90% de ressortissants burkinabè. Les enfants représentaient 58% des personnes enregistrées. Par ailleurs, cinq réfugiés ont obtenu des titres de voyage délivrés par la Commission nationale chargée des réfugiés.
Les activités de protection ont également été renforcées durant la période. L’UNHCR a apporté un appui technique aux autorités nationales pour la finalisation de la feuille de route sur l’asile. Cent trois survivants de violences basées sur le genre ont bénéficié d’une assistance multisectorielle comprenant un accompagnement médical et psychosocial ainsi que des références vers des services spécialisés. Des kits de dignité ont été distribués à 327 femmes et 73 filles. Des actions de sensibilisation ont touché 2 753 réfugiés, personnes déplacées internes et membres des communautés d’accueil, tandis que 160 leaders communautaires ont participé à des sessions de renforcement des capacités.
Diverses assistances malgré des moyens limités
Dans le secteur de l’éducation, 14 000 kits scolaires ont été distribués à des élèves réfugiés, déplacés internes et issus des communautés d’accueil dans les régions de Tombouctou, Gao et Ménaka. À Bamako, dix étudiants réfugiés ont bénéficié d’une prise en charge de leurs frais de scolarité à travers le programme de bourses DAFI.
L’assistance en abris et en articles non alimentaires a concerné 1 458 ménages réfugiés, déplacés internes et familles vulnérables des communautés d’accueil. Les interventions ont porté sur la construction de 617 abris de transition, 250 abris d’urgence et 91 abris résilients au climat, ainsi que sur une assistance en espèces destinée à la réhabilitation ou à la reconstruction de 500 abris endommagés. En complément, 2 752 ménages ont reçu des kits d’articles essentiels comprenant notamment des nattes, des ustensiles de cuisine, des jerrycans et des couvertures.
Dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, un forage équipé d’un système solaire, d’un réservoir et de bornes-fontaines a été installé sur le site de Kenewe, dans le cercle de Koro, au bénéfice des réfugiés et des communautés d’accueil. Neuf blocs de latrines et une douche d’urgence ont également été construits sur le site.
Sur le plan des solutions durables, les autorités maliennes ont adopté une décision ministérielle instituant un comité d’orientation chargé de la stratégie nationale sur les solutions durables, au sein duquel l’UNHCR est membre. Durant le trimestre, 136 réfugiés maliens sont rentrés volontairement, principalement depuis le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. Quatre personnes ont quitté le Mali dans le cadre de programmes de réinstallation vers le Canada et la Nouvelle-Zélande.
Sur le plan financier, l’appel de fonds de l’UNHCR pour le Mali en 2025 s’élève à 85 millions de dollars. Au 30 septembre 2025, seuls 32% de ce montant étaient financés, laissant un déficit de 68%. L’UNHCR indique avoir engagé des mesures d’efficience visant à rationaliser les opérations et à limiter l’impact des contraintes budgétaires sur l’assistance aux populations concernées.
Femmes et leadership : Un mémorandum pour la citoyenneté
L’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD) a réuni les 12 et 13 décembre 2025 à Bamako des femmes de différentes générations autour d’un dialogue consacré au leadership et à la citoyenneté au féminin. Les échanges ont abouti à l’adoption d’un mémorandum final proposant des recommandations concrètes pour renforcer l’inclusion des femmes dans la vie publique et communautaire.
Organisé autour du thème « Leadership et citoyenneté au féminin : bâtir une société inclusive et paisible », ce dialogue intergénérationnel s’inscrit dans une dynamique de réinterrogation des stratégies en faveur de la participation des femmes.
L’objectif affiché était de renforcer le rôle des femmes et des jeunes filles comme actrices du changement, capables de porter des initiatives innovantes et solidaires au sein de leurs communautés.
La rencontre intervient dans la continuité du projet « L’école des élues », mis en œuvre par le NIMD, qui a permis la formation de 105 jeunes femmes et filles sur des thématiques clés telles que le leadership féminin, l’histoire des luttes des femmes, l’éducation aux médias, les techniques de négociation, l’entrepreneuriat, le dialogue et le plaidoyer. Ces acquis ont servi de socle aux discussions et aux propositions formulées durant le symposium.
Une centaine de participants ont pris part aux travaux, parmi lesquels des partenaires techniques et financiers, des personnes ressources, des bénéficiaires du projet, des représentants d’organisations de la société civile, ainsi que des partenaires du NIMD.
Les échanges se sont tenus en format hybride, associant des participantes de Bamako et celles connectées depuis Ségou, Koutiala, Mopti et Tombouctou, favorisant ainsi une diversité de points de vue et d’expériences.
Les travaux ont été structurés autour de deux panels de haut niveau : le premier sur le thème « Investir sur les femmes, bâtisseuses de paix », et le second consacré au « Leadership et engagement civique des femmes », mettant en lumière les leviers nécessaires pour renforcer l’inclusion sociale.
Ces panels ont été suivis de travaux de groupe thématiques, orientés vers l’identification de priorités de plaidoyer.
Un mémorandum final au cœur du plaidoyer
Point d’orgue de la rencontre, le mémorandum final constitue une synthèse des défis structurels auxquels les femmes sont confrontées et propose des solutions opérationnelles.
Cinq axes majeurs y sont développés : l’engagement socio-économique, l’engagement des communautés, l’engagement des femmes elles-mêmes, l’engagement des médias et l’engagement des institutions.
Sur le plan socio-économique, les participantes recommandent le renforcement des capacités techniques et émotionnelles des femmes, ainsi que la multiplication des opportunités de subvention et de mentorat.
Concernant les communautés, l’accent est mis sur la création de cadres de collaboration avec les acteurs d’influence, notamment les leaders coutumiers et religieux, et sur la mise en place de réseaux de plaidoyer au niveau politique.
Le mémorandum insiste également sur la nécessité pour les femmes de consolider leurs réseaux d’entraide et d’influence, en exploitant davantage les outils numériques pour informer, mobiliser et partager les ressources.
Dans le domaine des médias, il préconise le renforcement des partenariats entre les organisations féminines et les faîtières de médias, ainsi que l’organisation de sessions de formation médiatique dédiées aux femmes.
Enfin, au niveau institutionnel, il appelle à une meilleure vulgarisation et application des textes relatifs à la participation des femmes à la gestion publique, à travers l’implication de leaders identifiés.
Destiné aux femmes, à leurs organisations, aux leaders d’influence, aux institutions publiques et aux partenaires, ce mémorandum se veut un outil de plaidoyer stratégique. Comme l’a souligné Célia d’Almeida, Représentante pays du NIMD au Mali, les recommandations seront partagées avec des acteurs clés tels que le Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE), reconnu pour son influence sociale, ainsi qu’avec les ministères concernés et les partenaires techniques et financiers, entre autres.
Cette démarche confirme la volonté du NIMD de traduire les échanges du dialogue intergénérationnel en actions concrètes et durables en faveur du leadership féminin au Mali.
Mohamed Kenouvi
Cérémonie de montée des couleurs : « Éveil Mali » promeut le civisme en Commune V
L’Association « Éveil Mali » a organisé le 11 décembre 2025 à la mairie de la Commune V du district de Bamako une cérémonie de montée des couleurs, suivie d’une distribution de drapeaux nationaux. Cette initiative citoyenne vise à renforcer l’amour de la patrie et l’engagement des citoyens dans la gestion des affaires publiques.
68e sommet de la CEDEAO : un réveil sous pression
Réunis à Abuja le 14 décembre 2025, les dirigeants ouest-africains ont acté une série de décisions sécuritaires, politiques et économiques pour tenter de reprendre la main dans une région fracturée. Le communiqué final révèle une volonté de fermeté et d’accélération, sur fond de crises récentes au Bénin et en Guinée-Bissau et d’une CEDEAO désormais à douze États.
Le 68e sommet ordinaire de la CEDEAO s’est tenu à Abuja, sous la présidence du chef de l’État sierra-léonais Julius Maada Bio, avec un agenda officiellement centré sur l’avenir de la Communauté, la paix et la sécurité, l’intégration et la transformation économique et numérique.
Dans le communiqué final, l’axe sécuritaire prend une place dominante, au point de donner le ton politique de la rencontre. Les chefs d’État y réaffirment leur engagement à endiguer le terrorisme dans l’espace communautaire et condamnent la recrudescence des enlèvements, notamment d’écoliers dans le nord du Nigeria. Surtout, ils arrêtent une mesure chiffrée immédiatement lisible : la Commission est instruite de décaisser en urgence 2 850 000 dollars au profit de chacun des États membres “affectés”, à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Togo, via le Fonds régional de sécurité. Cette décision, inhabituelle par sa précision budgétaire dans un communiqué de sommet, vise à matérialiser un tournant opérationnel que l’organisation a longtemps peiné à afficher, alors même que la pression sécuritaire s’est déplacée du Sahel vers les pays côtiers.
Le communiqué s’inscrit aussi dans une logique de doctrine : l’épisode béninois est explicitement traité, avec une condamnation de la tentative de coup d’État et une mise en avant de la Force en attente. Les chefs d’État demandent en outre à la Commission de proposer des textes encadrant cette Force afin de permettre une intervention plus rapide en cas d’urgence. Cette séquence, replacée dans la chronologie des crises récentes, nourrit l’idée d’un “réveil” qui se veut désormais assumé, mais qui intervient après des années durant lesquelles la CEDEAO a été accusée de réagir tard et sous contrainte.
C’est toutefois le dossier bissau-guinéen qui donne au sommet une gravité particulière. Le communiqué ne se contente pas d’un appel général au dialogue dans la mesure où il exige la libération immédiate des détenus politiques, demande la mise en place d’une transition courte dirigée par un gouvernement inclusif, et fixe clairement un levier coercitif, en prévoyant des sanctions ciblées contre les individus ou groupes qui feraient obstacle au retour à l’ordre constitutionnel. Le texte va plus loin en autorisant la mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau à assurer la protection des dirigeants politiques et des institutions nationales, tout en annonçant un renforcement de la mission d’appui à la stabilisation et l’envoi de démarches de haut niveau, y compris auprès des autorités militaires. À la lecture, la CEDEAO veut signifier que la “tolérance zéro” n’est plus seulement un slogan de circonstance mais un cadre d’action, même si la crédibilité se jouera, ensuite, dans l’exécution et la constance.
Au-delà des crises, le communiqué cherche à réinstaller la CEDEAO sur ses fondamentaux économiques et d’intégration, avec des messages politiques très concrets. Sur la monnaie unique ECO, les dirigeants constatent des retards et une convergence macroéconomique jugée insuffisante, et chargent la Commission de réactiver la task force présidentielle sur le programme de monnaie unique. Sur la libre circulation, ils saluent le Nigeria pour le déploiement de la carte d’identité biométrique CEDEAO, tout en relevant que sept États seulement l’ont déployée et en exhortant les autres à accélérer. Dans le commerce, la CEDEAO et l’UEMOA sont mandatées pour harmoniser les règles d’origine et traiter le dossier sensible de la taxe de solidarité communautaire.
Un autre marqueur, plus technique mais politiquement utile, concerne l’énergie : le communiqué relève la synchronisation “historique” des réseaux électriques ouest-africains interconnectés le 8 novembre 2025, tout en avertissant que les défauts de paiement des États menacent le fonctionnement du WAPP (Système d’échanges d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest) et le lancement du marché régional de l’électricité. Enfin, sur le transport aérien, la Commission est chargée de travailler avec les ministères compétents pour appliquer un acte additionnel prévoyant, à compter du 1er janvier 2026, une réduction de 25 % de certaines redevances passagers et de sécurité et la suppression de taxes sur les services de transport aérien.
Le sommet assume aussi une recomposition institutionnelle de la CEDEAO à douze, sans rompre tous les liens avec les pays de l’AES. Le communiqué acte en effet la poursuite de la participation du Burkina Faso, du Mali et du Niger à la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO comme membres non-régionaux, et leur accorde un statut de membres non-CEDEAO au GIABA. Dans la même logique de réagencement, le transfert du siège de l’OOAS (Organisation Ouest-Africaine de la Santé) en Côte d’Ivoire est également acté.
Mali Média Awards 2025 : La Fondation Tuwindi honore dix icônes de la presse malienne
A l’occasion de la célébration de ses 10 ans d’existence, la Fondation Tuwindi a initié une édition spéciale des Mali Média Awards pour distinguer dix icônes de la presse malienne. La cérémonie de remise des distinctions s’est tenue le 11 décembre 2025 à Bamako.
Baptisée « Le Panthéon », cette distinction exceptionnelle vise à saluer des parcours professionnels exemplaires ayant contribué, durant plusieurs décennies, à la construction et à la consolidation du paysage médiatique national.
La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités du monde institutionnel, diplomatique et médiatique. Elle était présidée par Mohamed Ag Albachar, chef de cabinet du ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.
Des représentants des ambassades, des institutions publiques, des partenaires de la Fondation Tuwindi, ainsi que des étudiants en journalisme et communication ont également pris part à l’événement.
Un panthéon pour célébrer des parcours d’exception
Dix journalistes, considérés comme des références et des pionniers de la presse malienne, ont été élevés au rang de dignitaires du Panthéon des Mali Média Awards.
Il s’agit de Gaoussou Drabo, ancien journaliste au quotidien national « L’Essor » ; Ramata Dia, fondatrice de la Radio Guintan ; Tiona Mathieu Koné, ancien journaliste à l’ORTM et ancien conseiller à la communication à la présidence de la République ; Baba Djourthé, ancien journaliste à Radio Mali ; Sadio Touré, ancienne journaliste à Radio Mali et à l’ORTM ; Tiégoum Boubeye Maïga, fondateur du journal « La Nouvelle République » ; Daouda N’diaye, ancien journaliste à Radio Mali ; Daouda Mariko, ancien directeur de la Radio Kénédougou ; Fily Keita, ancien directeur de la radio rurale de Kayes ; et Diomansi Bomboté, ancien journaliste à « L’Essor » et à Radio Mali.
Prenant la parole, Hawa Coulibaly Cissé, directrice des opérations de la Fondation Tuwindi, a souligné la portée symbolique de cette reconnaissance. Selon elle, l’entrée de ces journalistes dans le Panthéon rend hommage à « une vie entière consacrée au service de l’information, à l’intégrité professionnelle et à la construction de l’espace civique », saluant des carrières marquées par la rigueur, la constance et le sens du devoir.
Le fondateur et président de la Fondation Tuwindi, Tidiani Togola, a pour sa part rendu hommage aux lauréats, les qualifiant de « consciences vivantes du pays » et de repères dans les moments de doute. Il a insisté sur le fait que le Panthéon n’est pas destiné à figer le passé, mais à éclairer l’avenir et à servir de référence pour les jeunes générations de journalistes.
Dans son intervention, Mohamed Ag Albachar a rappelé que cette distinction engage désormais les récipiendaires à continuer d’incarner un journalisme professionnel, éthique et exigeant, les érigeant officiellement en modèles pour la jeunesse.
De son côté, Diomansi Bomboté, l’une des personnalités honorées, a exprimé sa gratitude, dédiant son prix à ses confrères, à ses formateurs et à toutes les générations de journalistes convaincues que « les mots et les images justes peuvent faire bouger les lignes ».
La cérémonie s’est achevée dans une ambiance festive par la coupure d’un gâteau marquant les dix ans d’existence de la Fondation Tuwindi.
Mohamed Kenouvi
Réconciliation nationale : reprise du dialogue entre deux leaders communautaires
Ce vendredi 12 décembre 2025, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le général de corps d’armée Ismaël Wagué, a réuni deux chefs de communautés engagés dans le processus de paix. Cette rencontre intervient après le communiqué publié le 10 décembre annonçant la suspension de leur collaboration avec les autorités.
Le ministère avait auparavant reçu séparément, le jeudi 11 décembre, Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed, dit Nasser, et Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun. Ces entretiens individuels ont ouvert la voie à une séance de dialogue direct organisée le lendemain entre les deux personnalités et le ministre.
Selon les autorités, les échanges ont porté sur des questions essentielles liées à la paix, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble, dans le respect des principes de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation. À l’issue des discussions, les deux leaders communautaires ont exprimé leur volonté de dépasser leurs divergences et de travailler ensemble pour renforcer la cohésion sociale.
Le général Ismaël Wagué a salué l’esprit de dialogue et de responsabilité observé au cours de cette rencontre. Il a réaffirmé l’engagement de son département à accompagner toute initiative favorisant l’apaisement du climat social et le renforcement de l’unité nationale.
La suspension annoncée le 10 décembre faisait suite à des propos et échanges jugés incompatibles avec les principes de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation, cadre de référence des actions de réconciliation engagées par les autorités. Le ministère avait alors appelé les acteurs concernés à faire preuve de retenue et de responsabilité dans l’expression publique.
Les deux personnalités concernées occupent des positions influentes dans le paysage politique et social du Nord. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun est impliqué dans plusieurs initiatives liées aux processus de paix et siège au Conseil national de la Transition, tandis qu’Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed, dit Nasser, est chef général de la tribu Kel Ansar et également membre du CNT.
À travers cette médiation, le ministère de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale réaffirme le choix du dialogue comme levier central pour prévenir les tensions, consolider la paix et renforcer la cohésion entre les différentes composantes de la société.
Armées : le colonel Alpha Yaya Sangaré radié des effectifs
Un décret présidentiel publié au Journal officiel met fin au statut militaire du colonel Alpha Yaya Sangaré, officier de la Direction générale de la Gendarmerie nationale. La décision, signée le 12 décembre 2025, intervient à l’issue d’une procédure disciplinaire engagée au sein des Forces armées et de sécurité.
Lutte contre la désinformation : la riposte s’organise face à la guerre informationnelle
Réunis le 11 décembre 2025 à Bamako, responsables institutionnels, acteurs des médias publics et privés et experts ont débattu des réponses à apporter aux campagnes de désinformation visant le pays. Organisé par le Centre d’Information Gouvernementale du Mali, la Direction de l’Information et des Relations publiques des Armées et la Maison de la Presse, le panel a mis en avant le rôle stratégique de l’information dans un contexte de guerre asymétrique.
À l’Hôtel de l’Amitié, les échanges se sont ouverts sous la modération de Salif Sanogo, ancien directeur général de l’ORTM, qui a donné le ton en appelant à un dialogue direct et responsable entre institutions, forces de défense et professionnels des médias. Dès les premières interventions, la nécessité d’une réponse collective et structurée face aux narratifs hostiles s’est imposée comme fil conducteur des débats.
Prenant la parole au nom du CIGMA, Ibrahim Traoré a rappelé que la communication institutionnelle ne peut plus se limiter à la valorisation de l’action publique. Dans un environnement marqué par la manipulation de l’information, elle devient un instrument de défense et d’influence, fondé sur la rapidité, la transparence et la crédibilité des sources officielles. Il a souligné les efforts engagés pour renforcer la présence de l’État sur les plateformes numériques, du site gouvernemental aux réseaux sociaux, afin de toucher des publics diversifiés, y compris en langues nationales. Dire la vérité aux populations, même en période de crise, a-t-il insisté, reste une obligation pour préserver la confiance.
Présidant la rencontre, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, a replacé les échanges dans le cadre plus large de la guerre informationnelle. Il a dénoncé la diffusion massive de rumeurs, de montages et de fausses informations, souvent amplifiées sur les réseaux sociaux, qui cherchent à affaiblir l’opinion publique et à saper la confiance envers les Forces armées maliennes. Pour le ministre, une information rigoureuse et responsable constitue aujourd’hui un rempart stratégique, appelant les médias à mesurer l’impact de chaque contenu diffusé.
La voix des médias publics s’est également fait entendre. M. Traoré, directeur de la Radio rurale et représentant la direction générale de l’ORTM, a insisté sur le rôle de proximité joué par ce réseau à travers le pays. Il a mis en avant l’importance d’une information accessible, contextualisée et diffusée dans les langues nationales pour toucher les populations rurales, souvent exposées à la désinformation. Selon lui, renforcer les médias de proximité participe directement à la résilience informationnelle du pays.
Pour Alassane Souleymane, directeur général de l’Agence Malienne de Presse et de Publicité, la responsabilité des médias publics est d’autant plus grande dans un environnement saturé d’informations non vérifiées. Il a rappelé que le journalisme reste avant tout un travail de terrain, consistant à témoigner de la réalité quotidienne, à couvrir les faits de société et à fournir des éléments de compréhension face aux récits produits depuis l’extérieur par des acteurs éloignés du terrain.
Bandjougou Danté, président de la Maison de la Presse, a plaidé pour une union nationale des acteurs de l’information et de la communication. Revenant sur l’évolution du paysage médiatique et l’essor des réseaux sociaux, il a souligné la nécessité de dépasser les clivages entre médias publics, privés et acteurs numériques. Pour lui, seule une cohésion fondée sur le professionnalisme et la responsabilité permet de déconstruire les narratifs défavorables et de défendre une information ancrée dans les faits.
Intervenant au nom de la presse privée, Alexis Kalambry, directeur de publication du journal Mali Tribune, a insisté sur la place des médias indépendants dans ce combat informationnel. Il a rappelé que la crédibilité de la presse repose sur la vérification, la contextualisation et l’indépendance éditoriale, même dans un contexte de forte pression. Selon lui, la lutte contre la désinformation ne doit pas affaiblir l’exigence professionnelle, mais au contraire la renforcer.
Apportant un éclairage sécuritaire, le colonel-major Souleymane Dembélé, directeur de la DIRPA, a expliqué que dans une guerre asymétrique, l’adversaire mise autant sur l’impact psychologique que sur l’affrontement armé. La communication opérationnelle vise ainsi à accompagner les actions sur le terrain, à informer sans compromettre la sécurité et à contrer les récits hostiles par des faits vérifiés.
Au terme des échanges, un consensus s’est dégagé autour de la nécessité de faire bloc face à la désinformation. Dans un contexte où chaque mot, chaque image et chaque silence peuvent peser, les participants ont réaffirmé leur volonté de renforcer la coordination entre institutions et médias afin de défendre une information fondée sur la vérité, la pédagogie et la responsabilité, au service de la cohésion nationale.
Souveraineté sanitaire : les chantiers ouverts après le sommet africain de Dakhla
Organisé fin novembre à Dakhla, le premier sommet africain consacré à la souveraineté sanitaire a ouvert une séquence qui dépasse le cadre de l’événement. Les échanges ont surtout mis en lumière des chantiers structurants appelés à orienter les politiques de santé en Afrique dans les prochaines années.
La réduction de la dépendance extérieure des systèmes de santé figure au premier rang des priorités identifiées. Les débats ont rappelé la vulnérabilité persistante du continent face aux importations de médicaments, de vaccins et d’équipements médicaux, soulignant la nécessité pour les États africains de renforcer leurs capacités de conception, de production et de gouvernance en matière de santé publique.
Ces thématiques ont été portées par plusieurs experts africains impliqués dans les réflexions sur l’autonomie sanitaire. Parmi eux, le Dr Samir Kaddar, médecin et dirigeant dans le secteur de la santé, président fondateur du Réseau international des compétences médicales et scientifiques des Marocains du monde (C3M) et directeur du Centre médical de La Hulpe en Belgique. Actif sur les questions de gouvernance des systèmes de soins, de formation et d’innovation, il a contribué aux échanges portant sur la place du capital humain et du numérique dans la construction de politiques sanitaires durables en Afrique.
Le financement des systèmes de santé constitue un autre chantier central mis en avant. Les discussions ont souligné la nécessité de renforcer les mécanismes nationaux, d’améliorer la gouvernance budgétaire et d’articuler les appuis extérieurs avec des priorités définies localement, afin de garantir la pérennité des politiques publiques de santé.
La formation et la rétention des compétences apparaissent également comme des leviers déterminants. Le déficit de personnels qualifiés reste un obstacle majeur à l’accès équitable aux soins. Les participants ont plaidé pour des investissements accrus dans la formation médicale, la recherche appliquée et la valorisation des compétences africaines, tant sur le continent qu’au sein de la diaspora.
Le développement de la recherche et de l’innovation locales a enfin été identifié comme un axe structurant. Les échanges ont insisté sur la production de données adaptées aux réalités africaines et sur l’intégration des outils numériques pour améliorer la prévention, le diagnostic et la gestion des systèmes de santé.
Au-delà du sommet, l’enjeu réside désormais dans la traduction concrète de ces orientations, avec un horizon de travail fixé à 2030. Les chantiers ouverts à Dakhla posent les bases d’une réflexion de long terme, où experts, institutions et réseaux professionnels sont appelés à jouer un rôle d’appui aux politiques nationales et régionales de santé.
Mali : Saintfiet dévoile une liste de 28 joueurs pour la CAN au Maroc
La liste des Aigles du Mali dévoilée jeudi 11 décembre par le sélectionneur Tom Saintfiet confirme une orientation claire à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc. Le technicien belge a opté pour un groupe de 28 joueurs mêlant cadres expérimentés, profils en pleine progression et éléments capables d’apporter des solutions spécifiques dans une compétition qui s’annonce exigeante.
Dans les buts, le trio composé de Djigui Diarra, Ismaël Diawara et Mamadou Samassa offre des garanties en matière d’expérience et de connaissance du football africain. Djigui Diarra, longtemps titulaire lors des précédentes campagnes, conserve un statut de référence, tandis que Diawara et Samassa constituent des alternatives habituées aux contextes de pression.
La défense apparaît comme l’un des secteurs les plus fournis de la sélection. Autour du capitaine Hamari Traoré, Tom Saintfiet s’appuie sur des profils polyvalents tels que Sikou Niakaté, Abdoulaye Diaby, Fodé Doucouré ou encore Mamadou Fofana. Cette densité traduit une volonté de solidité et d’adaptabilité, un paramètre clé dans une compétition où la rigueur défensive condition souvent la longévité dans le tournoi.
Le milieu de terrain s’impose comme le véritable socle du groupe. Amadou Haidara, Lassana Coulibaly, Mohamed Camara, Aliou Dieng et Mahamadou Doumbia apportent impact, volume de jeu et discipline tactique. La présence d’Yves Bissouma, malgré une période récente marquée par une indisponibilité en club, illustre le poids accordé à l’expérience internationale et à la capacité à gérer les temps forts d’un match. Ce secteur constitue l’un des atouts majeurs du Mali dans la perspective de la CAN.
En attaque, la sélection privilégie la complémentarité plutôt que l’éclat individuel. El Bilal Touré demeure l’une des principales références offensives, tandis que Néné Dorgeles, Kamory Doumbia, Gaoussou Diakité ou Lassine Sinayoko apportent mobilité, pressing et variété dans les options. Ces profils offrent au sélectionneur plusieurs schémas possibles selon les adversaires.
Placés dans un groupe comprenant la Zambie, le Maroc, pays hôte, et les Comores, les Aigles entreront en lice le 22 décembre. Cette phase de groupes exigera une montée en régime rapide, notamment face au Maroc, dans un contexte marqué par la pression du public et l’enjeu symbolique du statut de favori à domicile.
Sur le plan des chances, le Mali aborde la CAN 2025 avec une ambition particulière. Malgré plusieurs campagnes solides et des parcours réguliers dans le dernier carré continental, la sélection nationale court toujours après un premier sacre en Coupe d’Afrique des Nations. Cette quête constitue un fil conducteur pour cette génération, qui dispose aujourd’hui d’un effectif équilibré, expérimenté et plus profond que lors de certaines éditions précédentes.
La capacité du groupe à transformer cette stabilité en efficacité offensive, à gérer les moments clés des rencontres et à maintenir une concentration défensive constante sera déterminante. Sans statut officiel de favori, le Mali se présente comme un candidat crédible, décidé à jouer pleinement sa chance dans un tournoi où l’objectif reste clair : enfin inscrire son nom au palmarès continental.
Mauritanie : l’Espagne accorde deux millions d’euros pour soutenir les réfugiés à M’Berra
Le Conseil des ministres espagnol a approuvé, mardi 9 décembre 2025, une contribution de deux millions d’euros au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), destinée à soutenir les réfugiés dans le camp de M’Berra, situé dans la région du Hodh Ech Chargui, en Mauritanie.
Cette enveloppe doit financer les programmes du HCR en matière de protection, de services essentiels et de développement local au profit des populations réfugiées et des communautés hôtes, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion gouvernementale.
Le Conseil a souligné que la stabilité de la Mauritanie, voisine directe de l’Espagne et de l’Union européenne, est désormais menacée par la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Sahel. Il a indiqué que la position géographique du pays en a fait un pays de transit, et de plus en plus un pays de destination, ce qui a provoqué un afflux important de réfugiés vers le Hodh Ech Chargui.
Selon les données du HCR, la Mauritanie accueille des centaines de milliers de réfugiés et demandeurs d’asile, majoritairement originaires du Mali. À la mi-2025, environ 309 000 réfugiés et demandeurs d’asile étaient présents sur le territoire mauritanien, dont près de 177 000 enregistrés par l’agence onusienne, la grande majorité en provenance du Mali.
Dans la région du Hodh Ech Chargui, d’importantes populations réfugiées sont installées dans et autour du camp de M’Berra, dont plus de 110 000 personnes dans le camp même selon les estimations disponibles, tandis que d’autres vivent dans des localités voisines sous diverses formes d’hébergement.
Ce contexte humanitaire est le résultat de plusieurs années d’instabilité au Sahel, qui ont conduit à des déplacements massifs de populations fuyant les conflits armés, l’insécurité et les violences prolongées. Le HCR signalait déjà, en septembre 2024, que la région du Hodh Ech Chargui hébergeait plus de 242 000 réfugiés maliens, dont une grande part autour de M’Berra.
La situation a généré une pression considérable sur les ressources locales, aggravée par les conditions climatiques difficiles et l’insuffisance des infrastructures de base. Dans ce contexte, de nombreux réfugiés vivent dans des conditions précaires, tandis que les populations hôtes font face à une demande accrue de services essentiels.
La contribution espagnole s’inscrit dans une logique de soutien renforcé à la réponse humanitaire dans la région, en s’ajoutant aux efforts d’autres partenaires internationaux engagés auprès du HCR et des autorités mauritaniennes. Elle intervient alors que les besoins en financement restent élevés pour garantir l’accès à l’eau, à l’alimentation, à la santé et à l’éducation pour les populations réfugiées et leurs communautés d’accueil.
CEDEAO : des mesures adoptées pour réduire le coût des billets d’avion à partir de 2026
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a arrêté une réforme destinée à alléger le coût du transport aérien dans l’espace communautaire. Adoptée par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet tenu à Abuja en décembre 2024, la décision entrera en application à compter du 1er janvier 2026.
La réforme prévoit l’abolition des taxes appliquées au transport aérien ainsi qu’une réduction de 25 % des redevances passagers et de sécurité. Ces dispositions sont encadrées par un Acte additionnel relatif aux redevances, taxes et frais aéronautiques, adopté au niveau communautaire. À l’approche de l’entrée en vigueur des mesures, la CEDEAO a procédé, en décembre 2025, à des communications et rappels institutionnels portant sur les modalités de mise en œuvre de la réforme.
Les charges concernées relèvent du cadre fiscal et parafiscal appliqué aux billets d’avion et aux services aéroportuaires. Elles se distinguent des tarifs commerciaux fixés par les compagnies aériennes, qui demeurent de leur ressort. La réforme vise à agir sur les composantes réglementaires du prix du billet, identifiées par les institutions communautaires comme un facteur de renchérissement des déplacements aériens dans la région.
La décision concerne les États membres de la CEDEAO au moment de l’entrée en vigueur de la réforme. Les pays ayant formellement quitté l’organisation, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ne sont pas concernés par l’application de ces mesures.
La Commission de la CEDEAO est chargée du suivi de la mise en œuvre à travers un mécanisme régional de surveillance économique du transport aérien. Ce dispositif a pour mission de vérifier l’application effective des mesures par les États concernés et d’en évaluer les effets sur le secteur aérien régional.
Les autorités communautaires indiquent que l’allègement des taxes et redevances devrait contribuer à une baisse des tarifs aériens, à une augmentation du trafic passagers et à un renforcement des compagnies opérant dans l’espace communautaire. La réforme s’inscrit dans les objectifs de facilitation de la mobilité et des échanges entre les États membres.
Ces mesures sont l’aboutissement de plusieurs années de travaux menés au sein des institutions de la CEDEAO, notamment au niveau des commissions techniques et du Parlement communautaire, qui avaient relevé le poids des charges fiscales dans le coût des billets d’avion. Leur entrée en vigueur en 2026 constituera une étape importante dans l’évolution du cadre réglementaire du transport aérien ouest-africain.
Mali/Niger : le Premier ministre nigérien à Bamako pour les préparatifs du sommet de l’AES
Le Premier ministre du Niger s’est rendu à Bamako le 11 décembre dans le cadre des préparatifs du deuxième sommet de l’Alliance des États du Sahel. La visite a porté sur les dossiers institutionnels de la Confédération, dont l’état d’avancement de la Banque confédérale pour l’investissement et le développement.
Reçu à l’aéroport Modibo Keïta-Sénou par le général Abdoulaye Maïga, le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine a rejoint Bamako.
Il a pris part à des échanges de travail avec les responsables économiques de l’Alliance des États du Sahel..
Ce déplacement ne constitue pas une première pour le chef du gouvernement nigérien à Bamako. Depuis la création de l’Alliance, Ali Mahaman Lamine Zeine a déjà effectué plusieurs visites de travail dans la capitale malienne. La séquence d’hier intervient toutefois à un moment particulier, à l’approche du deuxième sommet des chefs d’État de l’AES prévu les 22 et 23 décembre, et s’inscrit dans une phase de consolidation des dossiers appelés à être examinés à ce niveau.
Les discussions ont principalement porté sur la Banque confédérale pour l’investissement et le développement, conçue comme l’instrument financier commun de la Confédération. Selon les informations communiquées à l’issue des échanges, les statuts de la banque ont été validés et signés, ouvrant la voie à la mise en place des organes de gouvernance et à la désignation des responsables chargés de conduire l’institution. Ces avancées s’inscrivent dans la continuité des travaux menés ces derniers mois par les ministres des Finances de l’AES.
La question du capital de la banque demeure toutefois peu détaillée dans les communications officielles. Lors de l’annonce de sa création, un capital initial de 500 milliards de francs CFA avait été évoqué, ce qui a parfois nourri des interprétations divergentes. À ce stade, les autorités indiquent qu’un capital est validé et partiellement libéré, sans précision publique sur les montants effectivement mobilisés ni sur le calendrier exact de démarrage des activités opérationnelles.
La visite s’inscrit enfin dans un agenda institutionnel plus large, marqué par une série de réunions techniques et ministérielles organisées en amont du sommet. Ces rencontres visent à examiner les textes confédéraux, les mécanismes de coordination et les projets communs appelés à être consolidés avant leur présentation aux chefs d’État.
Ali Mahaman Lamine Zeine a quitté Bamako à l’issue de cette mission de travail. Cette étape s’ajoute aux consultations engagées par les États membres de l’Alliance dans la phase préparatoire du sommet, appelé à marquer une nouvelle étape dans la structuration institutionnelle et économique de la Confédération des États du Sahel.
Élan de solidarité : Corsair offre 600 kits aux centres de dialyse de Bamako
La compagnie aérienne française Corsair, en collaboration avec le ministère de la Santé et du Développement social, a remis, le 9 décembre 2025, un lot de 600 kits de dialyse destinés aux centres de dialyse de Bamako.
Réconciliation nationale : deux membres du CNT suspendus
Le ministère de la Réconciliation a annoncé, ce 10 décembre, la suspension de sa collaboration avec deux membres du CNT après des échanges jugés contraires à la Charte nationale pour la paix. Cette décision intervient alors que la Transition met officiellement en avant le rôle des chefferies et légitimités traditionnelles dans la mise en œuvre de cette Charte.
Ségou : couvre-feu reconduit sur fond d’insécurité persistante
Décidée le 8 décembre 2025, l’autorité régionale de Ségou a prorogé pour trente jours le couvre-feu instauré en juin dernier. La mesure s’applique chaque nuit de 23 h à 5 h du matin sur l’ensemble de la région.
Par la décision n° 2025-505/GRS-CAB en date du 8 décembre 2025, le gouverneur de la région de Ségou a prorogé le couvre-feu institué par la décision n° 2025-233/GRS-CAB du 4 juin 2025. Le texte prévoit une nouvelle période de trente jours, reconductible, allant du lundi 8 décembre 2025 au mardi 6 janvier 2026, de 23 h à 5 h, sur tout le territoire régional.
La décision rappelle que, pendant la durée du couvre-feu, la liberté de circulation des personnes et de tous les engins de transport est restreinte. Seuls les véhicules et autres engins des forces de défense et de sécurité, ainsi que les ambulances bénéficiant d’un ordre de mission, ne sont pas concernés par la mesure. Le document précise que le couvre-feu prend effet à compter de sa date de signature et qu’il doit être publié et communiqué partout où le besoin se fait sentir.
L’acte énumère les autorités chargées de l’application de la mesure : le commandant de la zone de Défense n° 2, le commandant de la région de Gendarmerie n° 5, le commandant de la quatrième région de la Garde nationale, ainsi que les directeurs régionaux de la Police nationale et de la Protection civile. Chacun est mandaté, dans son domaine de compétence, pour veiller à l’exécution du couvre-feu. La décision est signée au nom du gouverneur par le directeur de cabinet, membre du corps préfectoral.
Cette prorogation intervient après plusieurs mois de restrictions nocturnes. Une première décision de couvre-feu avait été prise début juin 2025, pour une durée initiale de trente jours, renouvelable, avec des limitations de circulation visant les personnes, les motos et les véhicules sur l’ensemble de la région. Les reconductions successives traduisent la volonté des autorités d’encadrer les déplacements nocturnes dans un contexte que les services de sécurité décrivent comme marqué par la multiplication d’incidents dans plusieurs zones de la région.
Les données collectées sur le premier semestre 2025 illustrent ce climat sous tension. Une note du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) consacrée aux restrictions sécuritaires et de mouvement au Mali, arrêtée au 30 juin 2025, indique que la région de Ségou a enregistré 323 incidents sécuritaires et 736 victimes civiles entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 juin 2025. Le même document précise qu’un couvre-feu y a été instauré à partir du 4 juin 2025, avec des restrictions de circulation pour les personnes, les motos et les véhicules, assorties d’exceptions pour les forces de défense et de sécurité et les ambulances, et la possibilité d’autorisations spéciales.
En reconduisant le couvre-feu jusqu’au début du mois de janvier 2026, les autorités régionales de Ségou maintiennent ainsi un dispositif qui combine limitation des mouvements nocturnes et mobilisation des forces de défense et de sécurité, dans une région où les indicateurs de sécurité du premier semestre ont mis en évidence un nombre élevé d’incidents et de victimes civiles.
