Inde : un avion d’Air India s’écrase à Ahmedabad avec 242 personnes à bord

L’avion Boeing 787‑8 Dreamliner d’Air India assurant le vol AI171, en route vers Londres depuis Ahmedabad, s’est écrasé ce jeudi peu après décollage. Selon les autorités, l’appareil transportait 242 personnes à bord, dont 169 Indiens, 53 Britanniques, 7 Portugais, 1 Canadien, ainsi que 12 membres d’équipage, dont deux pilotes.

Alors qu’un mayday a été émis, le signal de l’avion a été perdu à une altitude d’environ 625 pieds (190 mètres), environ 30 à 50 secondes après le décollage.
Dans les instants suivant l’impact, la carcasse a pris feu en touchant le sol, provoquant une énorme boule de feu et une colonne de fumée épaisse, visibles à plusieurs kilomètres. Ce crash s’est produit dans un quartier résidentiel adjacent au BJ Medical College, percutant un bâtiment utilisé notamment comme internat pour étudiants en médecine. Parmi les victimes au sol figurent au moins cinq étudiants, selon des responsables universitaires.
À l’heure actuelle, les secours ont récupéré au minimum 204 corps sur le site du crash, et au moins 41 blessés ont été pris en charge localement. Le chiffre total des victimes pourrait s’élever à plus de 290, en incluant à la fois les passagers et les personnes restées au sol.
Dans un contexte exceptionnel, un seul passager a survécu à l’accident, identifié comme Vishwashkumar Ramesh, actuellement hospitalisé dans un état stable.
Réactions et enquête
Le gouvernement indien a réagi immédiatement. Le Premier ministre Modi a exprimé sa tristesse sur les réseaux sociaux, tandis que le ministre de l’Intérieur Amit Shah évoque des conditions extrêmes, avec un incendie alimenté par environ 125 000 litres de carburant, rendant les opérations de secours quasi impossibles malgré le déploiement d’au moins sept camions de pompiers et de nombreuses ambulances.
Air India a confirmé la mise en place d’une cellule de crise et une ligne d’assistance aux familles. Le constructeur Boeing, dont l’action a chuté de 4,7 % en Bourse, enverra un groupe d’experts pour soutenir l’enquête, conjointement avec les autorités américaines (NTSB) et britanniques.
Ce drame représente le premier accident mortel impliquant un Boeing 787 Dreamliner depuis son entrée en service en 2011. Il survient alors qu’Air India poursuit une profonde modernisation de sa flotte sous l’égide du groupe Tata, avec des enjeux importants de sécurité et de réputation.
Les investigations, menées selon le protocole international, devront identifier les causes – mécanique, humaine ou liée à la procédure de décollage, notamment la rétractation du train d’atterrissage – afin de prévenir de nouvelles tragédies.

Insécurité alimentaire : Le Royaume d’Espagne appuie le PAM pour l’assistance des personnes vulnérables au Mali

Le Commissariat à la sécurité alimentaire et le Programme Alimentaire mondial (PAM) au Mali ont organisé, ce jeudi 12 juin 2025, une cérémonie de remerciements à l’endroit du gouvernement du Royaume d’Espagne pour sa nouvelle contribution financière à l’exécution du programme alimentaire d’urgence du PAM en faveur des populations maliennes nécessiteuses.

Huit mois après sa dernière contribution, le Royaume d’Espagne octroie à nouveau une importante aide financière d’une valeur de 3 millions d’euros (1,9 milliard de FCFA) au PAM, en faveur des populations maliennes vulnérables.
La cérémonie de remerciements et de remise symbolique de ce nouveau financement s’est tenue au siège du Commissariat à la Sécurité alimentaire à Bamako, en présence du ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, de l’ambassadeur du Royaume d’Espagne au Mali et de la Directrice adjointe du PAM au Mali.
Grâce à ce geste de solidarité et d’amitié entre le Royaume d’Espagne et la République du Mali, le PAM, à travers son programme d’aide alimentaire d’urgence, disposera de moyens adéquats pour soutenir, pendant une année, plus de 65 000 personnes les plus touchées par l’insécurité alimentaire et les conflits dans les régions de Kayes, Ségou, Mopti, Tombouctou, Taoudéni, Kidal, Ménaka, Gao, Koulikoro et Sikasso.
« Cette contribution permettra de répondre aux besoins immédiats et de renforcer la résilience des populations touchées à travers une intervention intégrée couplant la réponse d’urgence et le renforcement de la résilience des communautés vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle », a indiqué Jacqueline Flentge, Directrice adjointe du PAM au Mali.
« Le soutien de nos partenaires est absolument vital pour apporter une réponse plus efficace et durable aux besoins des personnes qui comptent sur l’assistance alimentaire du PAM », a-t-elle rappelé.
En effet, selon Mme Flentge, le PAM a urgemment besoin de 91,4 millions de dollars, soit plus de 50 milliards de FCFA, d’ici la fin décembre 2025 afin de couvrir les besoins essentiels des communautés vulnérables au cours des six prochains mois.
Par ailleurs, près de 1,5 million de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë durant cette période de soudure agro-pastorale, a-t-elle indiqué.
Le ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, a pour sa part salué la nouvelle contribution financière du Royaume d’Espagne, qui, selon lui, témoigne de l’engagement du gouvernement espagnol à accompagner le Mali dans la préservation de sa souveraineté alimentaire, à travers le renforcement de la capacité de résilience des communautés vulnérables.
C’est la deuxième fois en moins d’un an que le Royaume d’Espagne appuie le PAM en faveur des populations maliennes. Grâce à sa contribution en 2024, le PAM a pu apporter une aide vitale à plus de 50 000 personnes vulnérables à travers le Mali.
Mohamed Kenouvi

Dengue au Mali : plus de 336 cas confirmés, le président appelle à la vigilance

Le Mali, confronté à une recrudescence inquiétante de la dengue, totalise 336 cas confirmés sur 2 406 suspicions recensées à la mi-avril. Les foyers les plus touchés se trouvent dans les régions de Bamako et Sikasso, d’après le rapport du 16 avril de l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique (AFRO‑WHO).

Dans un contexte marqué par la confusion persistante entre dengue et paludisme, le Président de la Transition a prié les citoyens de respecter rigoureusement les mesures de prévention : éliminer les eaux stagnantes, utiliser systématiquement moustiquaires imprégnées et répulsifs, et consulter rapidement un centre de santé en cas de fièvre.

Selon le dernier bulletin hebdomadaire de l’OMS couvrant la période du 1er janvier au 13 avril, 253 cas de dengue ont été confirmés dans quatre districts, avec huit décès, soit un taux de létalité de 3,2 % . Ces données confirment l’urgence de renforcer la surveillance et les soins médicaux spécialisés.

Le malentendu autour des symptômes de la dengue et du paludisme persiste. Les autorités sanitaires rapportent que cette confusion complique la prévention et retarde la prise en charge adaptée des patients. De plus, la circulation de conseils inappropriés sur les réseaux sociaux, incluant l’usage de remèdes traditionnels, accentue ce phénomène.

Dans la lutte contre cette épidémie, la mobilisation communautaire est jugée cruciale. Le ministère de la Santé a intensifié les campagnes publiques, multiplié les messages de sensibilisation sur les ondes et WhatsApp, et organisé des sessions d’information dans les écoles. Les citoyens sont sensibilisés à l’importance d’assainir leur environnement et de solliciter un diagnostic médical en présence de fièvre ou de douleurs inhabituelles .

Comparativement aux données de 2024, où l’Afrique subsaharienne avait enregistré plus de 14 000 cas et 505 décès entre janvier et avril, notamment au Mali (8 709 cas et 39 décès) , la situation de 2025 révèle une dynamique différente, mais reste préoccupante. L’épidémie actuelle s’inscrit dans une évolution globale de la fièvre denguée, particulièrement dans les grandes villes comme Bamako, épicentre de l’épidémie.

Face à cette crise de santé publique, les efforts collectifs sont essentiels. Le Président a rappelé que chaque citoyen a un rôle à jouer : le moindre dépôt d’eau stagnante, la moindre négligence dans l’utilisation des protections individuelles peuvent contribuer à étendre l’épidémie.

Interview de Me Fatoumata Diatigui Diarra, conseil fiscal agréé 

Dans un contexte marqué par la recrudescence des saisies de devises à l’aéroport de Bamako, Me Fatoumata Diatigui Diarra, conseil fiscal agréé, décrypte pour nous le cadre juridique encadrant l’exportation physique de devises au Mali. Elle souligne le déficit d’information du public, rappelle les obligations déclaratives prévues par les textes communautaires, et appelle à une meilleure accessibilité des outils bancaires pour freiner les flux illicites.

1. Quel est le cadre juridique malien encadrant l’exportation de devises par voie physique ?

L’exportation de devises par voie physique est encadrée par un corpus de textes communautaires constitué du Règlement n°06/2024/CM/UEMOA relatif aux relations financières extérieures des États membres de l’UEMOA, de l’Ordonnance n°2024-011/PT-RM du 30 août 2024 portant lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive (BC/FT/FP), telle que modifiée, ainsi que de ses textes d’application, fixant le seuil pour la déclaration des transports physiques intracommunautaires et internationaux d’espèces et d’instruments négociables au porteur (instructions BCEAO n°231/07/2024 et n°002-02-2025).

Cette réglementation met notamment en place une obligation déclarative à la charge des personnes transportant des espèces ou des instruments négociables au porteur, à partir d’un certain seuil.

L’obligation déclarative est catégorisée parmi les mesures préventives relatives à l’utilisation des espèces. Il s’agit de s’assurer de l’origine et de la destination de ces espèces ou instruments au porteur, et ainsi, de lutter contre le BC/FT/FP.

2. Quels sont les montants soumis à déclaration et quelles sont les sanctions en cas de non-déclaration ?

Aux termes des instructions précitées, toute personne à destination ou en provenance d’un pays tiers de la Zone UEMOA est tenue d’effectuer une déclaration de transport physique d’espèces et d’instruments négociables au porteur auprès de l’Administration des Douanes, à partir d’un seuil de 5 millions de francs CFA.

Le seuil est relevé à 10 millions de francs CFA pour les transports intracommunautaires d’espèces et d’instruments négociables au porteur.

À l’issue de la déclaration, l’Administration des Douanes peut bloquer ou retenir, pour une période n’excédant pas soixante-douze heures, les espèces ou instruments susceptibles d’être liés au BC/FT/FP. Un récépissé est délivré à l’intéressé. Passé ce délai, les fonds sont restitués en l’absence d’infraction constatée.

En cas de non-déclaration, de fausse déclaration, de déclaration incomplète, ou s’il y a suspicion de blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme ou de prolifération, l’Administration des Douanes saisit la totalité des espèces retrouvées et dresse un procès-verbal.

Les espèces saisies et une copie du procès-verbal sont transmises au Trésor, à la structure nationale chargée de la gestion des avoirs criminels gelés, saisis ou confisqués, ou à l’organisme en tenant lieu. Le dossier est également envoyé à la Cellule nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), dans un délai de huit jours calendaires.

Il s’agit là de mesures conservatoires, avant toute procédure judiciaire.

3. À votre connaissance, ces règles sont-elles effectivement appliquées sur le terrain, ou souffrent-elles de failles ?

La presse a récemment fait état de saisies à plusieurs reprises, mais n’étant partie à aucune de ces procédures, je ne saurais dire si les dispositions mentionnées ci-dessus ont été rigoureusement suivies.

4. Peut-on considérer que ces flux de cash traduisent un affaiblissement de la fiscalisation et de la confiance dans le système bancaire ?

Ces flux me semblent plutôt refléter nos habitudes culturelles. Les difficultés de mobilisation des recettes fiscales, notamment du fait de l’importance de l’informel dans nos économies, ne sont plus à démontrer. De même, l’inclusion financière, dont un élément essentiel est la bancarisation, demeure au cœur des politiques de la BCEAO, qui consacre chaque année un rapport à ce sujet. C’est dire qu’il s’agit d’une problématique structurelle et toujours d’actualité.

À cela s’ajoute sans doute un déficit de communication autour des réglementations.

5. Quels dispositifs pourraient être renforcés pour lutter efficacement contre les sorties illégales de capitaux et la fraude fiscale transfrontalière ?

À mon avis, l’Administration des Douanes gagnerait à mener une vaste campagne de communication sur ce sujet, compte tenu de notre culture du voyage. Ces sorties illégales de capitaux sont manifestement, d’abord, le résultat de l’ignorance de la réglementation en la matière, et peut-être également du coût élevé des services bancaires.

La mise à disposition de cartes bancaires prépayées constitue une avancée notable, d’ailleurs largement prise en compte par le Règlement UEMOA. Celui-ci précise que les sommes excédant le plafond fixé par la BCEAO peuvent être emportées sous forme de cartes de retrait et de paiement, prépayées ou classiques.

Ces instruments gagneraient à être davantage utilisés, à condition d’être rendus plus accessibles.

Géopolitique : l’APA appelle à une réforme du système international depuis Lomé  

Réunis à Lomé le 2 juin 2025, les ministres de l’Alliance Politique Africaine ont appelé à un sursaut stratégique du continent. Dans une déclaration dense, ils demandent des réformes immédiates des institutions multilatérales, une autonomie accrue en matière de sécurité, et un partenariat renforcé avec les BRICS.

À l’abri des projecteurs internationaux mais dans une atmosphère studieuse, la capitale togolaise a accueilli la troisième conférence ministérielle de l’Alliance Politique Africaine (APA). L’événement s’est tenu sous le haut patronage du président Faure Essozimna Gnassingbé, président en exercice du Conseil de l’APA. Le thème retenu, « Place de l’Afrique dans un monde en mutation : enjeux d’un repositionnement stratégique et diplomatique », a donné le ton d’une déclaration ferme, fondée sur des faits et des objectifs politiques précis.
Les ministres présents ont dénoncé l’inaction de la communauté internationale face à la marginalisation persistante de l’Afrique dans les mécanismes de gouvernance mondiale. Ils ont exigé une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que des grandes institutions financières internationales, estimant que le continent ne peut plus rester spectateur des décisions qui engagent son avenir.
Sécurité collective, industries de défense, souveraineté technologique
Sur le plan sécuritaire, les participants ont défendu une vision d’autonomie stratégique, appelant à renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) et à créer un mécanisme opérationnel de défense collective. La déclaration exhorte à intégrer les dimensions maritime et spatiale, avec une insistance particulière sur l’entrée en vigueur effective de la Charte de Lomé sur la sécurité maritime, adoptée en 2016 mais encore peu appliquée.
Les États membres sont également encouragés à développer une industrie continentale de l’armement, à partir de technologies locales, afin de limiter les dépendances critiques. Le texte recommande de mutualiser les moyens militaires, de financer nationalement les efforts de défense, et d’adopter une approche holistique incluant les enjeux énergétiques, sociaux, et informationnels. Une telle posture, insistent les signataires, est un prérequis à toute stabilité durable.
En toile de fond, les bouleversements géopolitiques en cours, notamment la montée en puissance des BRICS, sont vus comme une opportunité. L’APA appelle à construire un agenda commun avec ce groupe, désormais élargi, pour faire avancer les réformes du système international. Les pays africains membres des BRICS sont invités à y défendre activement les positions stratégiques du continent.
Mémoire historique, justice globale et diplomatie panafricaine
Le communiqué salue également l’adoption par l’Union africaine, lors de sa 38e session ordinaire tenue le 16 février 2025 à Addis-Abeba, d’une décision historique reconnaissant l’esclavage, la colonisation et la traite négrière comme crimes contre l’humanité et génocide à l’encontre des peuples africains. Cette initiative, portée par le Togo, est présentée comme un moment décisif dans la reconnaissance des injustices historiques subies par l’Afrique.
Dans la continuité, les ministres ont lancé un appel aux Nations unies pour qu’elles intensifient la lutte contre les discriminations systémiques subies par les personnes d’origine africaine dans plusieurs régions du monde.
Deux événements à venir ont été annoncés comme priorités diplomatiques : la 2e édition du Lomé Peace and Security Forum, en octobre 2025, et le 9e Congrès panafricain, prévu pour décembre à Lomé. Ces rendez-vous visent à consolider la dynamique de concertation continentale et à construire une parole panafricaine forte, structurée et audible sur la scène mondiale.
À travers cette déclaration, l’APA entend marquer un tournant. Non par des effets d’annonce, mais par la formulation de revendications concrètes, stratégiques et coordonnées, à même de repositionner durablement l’Afrique dans le nouvel équilibre mondial en gestation.

Presse malienne : un plaidoyer collectif pour refonder le cadre juridique

Les 14 et 15 mai 2025, la Maison de la Presse de Bamako a accueilli un atelier consultatif organisé par Search for Common Ground, en partenariat avec le Réseau Siguida Herema et l’URTEL, avec le soutien de la Coopération belge. L’objectif portait sur l’élaboration d’un répertoire des textes régissant la presse au Mali et la formulation d’un message de plaidoyer. L’atelier s’inscrit dans le projet Siguida Herema, centré sur la promotion d’un environnement médiatique plus favorable.

L’atelier s’est déroulé pendant deux jours, les 14 et 15 mai 2025, à la Maison de la Presse de Bamako. Il a réuni des représentants de la Haute Autorité de la Communication (HAC), de l’URTEL, de la société civile, ainsi qu’une vingtaine de médias publics et privés. L’initiative est portée par Search for Common Ground, avec le concours du Réseau Siguida Herema et de l’URTEL, dans le cadre du projet Siguida Herema financé par la Coopération belge au développement.

Le projet Siguida Herema, d’une durée de 30 mois, couvre les régions de Mopti, Gao et le district de Bamako. Il vise à renforcer la participation citoyenne et le dialogue démocratique, notamment par l’amélioration du cadre légal encadrant les médias. L’organisation de cet atelier consultatif répond à ce double objectif : dresser un inventaire des textes législatifs et réglementaires encadrant la presse malienne et initier un message de plaidoyer en vue de leur harmonisation.

Les travaux ont été introduits par plusieurs intervenants institutionnels, parmi lesquels des représentants de la Maison de la Presse, de l’Ambassade du Royaume de Belgique, du Gouvernorat du District de Bamako et de Search for Common Ground. Le modérateur Alexis Kalambry et l’expert Mahamane Hamèye Cissé ont ensuite animé les échanges, structurés autour de la présentation de l’arsenal juridique existant, de ses insuffisances, et des perspectives de réforme.

Le cadre juridique analysé repose essentiellement sur la loi n°00-046/AN-RM du 7 juillet 2000 sur le régime de la presse et les délits de presse, la loi n°2012-019 relative aux services privés de communication audiovisuelle, ainsi que divers décrets encadrant l’aide publique à la presse, la délivrance de la carte de presse ou encore les cahiers de charges des médias audiovisuels. À ces textes s’ajoutent la loi sur la protection des données personnelles et la loi sur la cybercriminalité.

Selon les participants, plusieurs dysfonctionnements ont été identifiés. Certains textes sont jugés obsolètes ou inadaptés aux évolutions récentes du secteur, notamment en ce qui concerne les nouveaux formats numériques et la multiplication des acteurs non traditionnels. Des dispositions spécifiques, comme le délit d’offense au chef de l’État ou l’absence de garanties judiciaires en matière de saisie administrative, ont été soulignées comme problématiques.

L’atelier a également mis en lumière les lenteurs du processus de relecture des textes, engagé depuis 2021 sans qu’aucune réforme ne soit encore adoptée. Plusieurs recommandations ont été formulées à l’issue des échanges. Parmi celles-ci figurent l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information, la réforme de la commission de la carte de presse, le renforcement de l’indépendance de la HAC, l’amélioration des mécanismes d’aide publique, ou encore l’intégration des nouveaux acteurs du paysage médiatique dans les textes.

Les participants ont insisté sur la nécessité d’établir un cadre de concertation formel entre les autorités compétentes et les faitières de la presse afin de faciliter l’adoption des réformes. Une déclaration de plaidoyer a été rédigée à la fin des travaux, avec l’intention de la présenter dans le cadre des discussions en cours sur le Plan d’action gouvernemental (PAG), dont l’examen est prévu au Conseil national de transition.

La clôture de l’atelier a confirmé l’engagement des parties prenantes à poursuivre ce travail collectif en vue d’une modernisation du cadre légal de la presse, considérée comme un levier de gouvernance démocratique.

« Mali Ko… » : Quand le Mali parle, chante et se raconte à sa jeunesse

Sous le sceau de l’Année de la Culture proclamée par les autorités maliennes, le lancement du projet « Mali Ko… (Le Mali dit…) » marque un tournant pour la scène culturelle nationale. Cette initiative ambitieuse, portée conjointement par Africa Scène et l’Espace Culturel Blonba, s’appuie sur une dynamique inédite de création, de diffusion et de mobilisation citoyenne.

Du mois de juin à celui de décembre, elle sillonne onze grandes villes du pays, avec pour ambition de réconcilier la jeunesse malienne avec son histoire, sa mémoire musicale et son avenir collectif.

Abdou Guitteye, directeur d’Africa Scène et coordonnateur général du projet, évoque une nécessité sociale autant qu’un devoir culturel. « Ce projet, nous l’avons pensé comme une grande conversation nationale entre les générations. Le Mali est riche d’une mémoire musicale que nos jeunes n’écoutent plus, parce qu’on ne la leur donne pas à entendre dans leur langue, dans leur époque. Il ne s’agit pas de nostalgie mais de transmission. Le Mali a beaucoup à dire, et il doit le dire avec les voix d’aujourd’hui. »

Pendant sept mois, de Tombouctou à Bamako en passant par Ségou, San, Bougouni, Sikasso ou Kita, chaque ville traversée sera symboliquement élevée au rang de capitale culturelle du Mali. Dans les stades, les quartiers, les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, la parole musicale se mêlera à l’image, au récit et au débat. Le projet mobilise un budget prévisionnel de 150 millions de francs CFA, avec le soutien du ministère de la Culture et du programme Donko ni Maaya, mis en œuvre par la GIZ.

Au cœur de Mali Ko…, dix-neuf chansons majeures du patrimoine musical national, des années 1960 aux années 2000, ont été sélectionnées. Des titres comme Mali Twist de Boubacar Traoré, Mali ba de Bazoumana Sissoko, Diadjiri de Fanta Damba, Tassidoni du Super Biton, Kulukutu de l’orchestre Kanaga de Mopti, Bi furu d’Oumou Sangaré, Nyama Toutou de Nahawa Doumbia, Chérie d’Ali Farka Touré, Mamaya d’Ami Koïta ou CAN 2002 de Nyeba Solo seront réinterprétés dans une forme nouvelle, à travers la voix de la jeune scène contemporaine.

Six artistes porteront ces relectures : Malakey, Young BG, Dr KEB, Black AD, Maimouna Soumounou et Mamou Fané. Tous ont été choisis pour leur singularité artistique, leur ancrage local et leur capacité à résonner avec les aspirations urbaines de la jeunesse malienne. Ces jeunes voix ne reprennent pas seulement des titres, elles les revisitent, les réécrivent parfois, pour leur donner une nouvelle vie sans trahir leur âme.

Alioune Ifra Ndiaye, metteur en scène du projet et fondateur de l’Espace Blonba, précise l’intention esthétique et politique. « Il ne s’agissait pas de faire un spectacle patrimonial figé, mais un geste vivant, mobile, populaire. Nous avons voulu que chaque chanson redevienne ce qu’elle était à l’origine : un message, une mémoire, un outil de lien. Dans Mali Ko…, on ne chante pas pour plaire, on chante pour transmettre. Et on le fait avec rigueur, passion et exigence. »

Le projet s’exprime aussi à travers l’image. Une série télévisée de quarante épisodes, mêlant création documentaire, journal de bord et immersion dans les villes traversées, accompagnera la tournée. À cela s’ajouteront dix talk-shows de quatre-vingt-dix minutes, conçus comme des espaces de débat, de témoignage et d’expression populaire. La diffusion est prévue à la fois sur les chaînes publiques et via les réseaux sociaux, avec un objectif cumulé de trois millions de téléspectateurs et un million de vues numériques.

Mali Ko… vise une fréquentation directe de 150 000 spectateurs à travers ses spectacles-concerts. Mais au-delà des chiffres, c’est la portée symbolique qui importe : montrer que la culture malienne peut être à la fois savante et populaire, enracinée et innovante, locale et universelle.

Pour Abdou Guitteye, le choix de villes parfois éloignées des circuits habituels est un acte volontaire. « Ce n’est pas Bamako qui exporte son modèle. Ce sont les villes, les quartiers, les communautés qui deviennent les cœurs battants du projet. Chaque ville accueillera une création, une émission, un moment de partage. Nous voulons créer un effet de chaîne, une onde culturelle qui touche toutes les couches. »

Alioune Ifra Ndiaye insiste quant à lui sur la responsabilité des artistes dans le contexte actuel. « Le Mali traverse des moments complexes. Ce que nous disons avec Mali Ko…, c’est que l’art n’est pas un luxe. C’est un acte de souveraineté. Nous ne racontons pas le Mali pour en faire un folklore, mais pour en faire un projet. »

À travers cette initiative, Africa Scène et Blonba affirment une ligne claire : la culture est un levier de transformation, un facteur de cohésion, une force de projection collective. Mali Ko… n’est pas seulement un programme artistique, c’est un manifeste. Une invitation à dire, à écouter et à rêver un Mali debout, multiple et vivant.

Audiovisuel : Canal+ célèbre ses 30 ans de présence au Mali

Canal+ a célébré en grande pompe ses 30 ans de présence au Mali et les 10 ans de sa filiale locale, à travers un dîner gala organisé le 30 mai 2025 à Bamako. L’événement a réuni des personnalités du monde audiovisuel, des représentants du gouvernement, des partenaires et des collaborateurs de la chaîne.

Dans une ambiance conviviale et festive, la soirée a été marquée par plusieurs temps forts, notamment des prestations artistiques et humoristiques, une projection inédite retraçant l’histoire de Canal+ au Mali depuis 1995, ainsi que des remises de distinctions à des collaborateurs ayant marqué de leur empreinte le parcours de la chaîne dans le pays.

Le Directeur général de Canal+ Mali, M. Idrissa Diallo, a exprimé sa « fierté immense et une profonde gratitude » envers tous ceux qui ont contribué à bâtir cette success story. Il a tenu à saluer l’engagement historique de M. Ibrahima Sow, président du Conseil d’administration de Canal+ Mali, pour avoir introduit l’offre Canal+ au Mali il y a trois décennies, ainsi que M. Aziz Diallo, tout premier directeur général de la filiale, aujourd’hui Directeur Afrique francophone du groupe.

« Canal+, ce n’est pas seulement un opérateur audiovisuel. C’est un acteur culturel, social, économique et technologique profondément ancré dans la société malienne », a-t-il déclaré, avant de rappeler que Canal+ Mali, aujourd’hui forte de milliers d’abonnés à travers le territoire, innove constamment avec des outils comme le décodeur connecté et l’application mobile, qui permettent un accès fluide aux contenus, partout et à tout moment.

Fière de son ancrage local, Canal+ a lancé en 2024 les chaînes Mandeka et Puulagu, diffusant en mandingue et en peulh, deux langues majeures du pays. Une façon pour la chaîne de refléter « la richesse culturelle du Mali » et de renforcer la proximité avec son public. Canal+ Mali soutient aussi les industries créatives locales à travers la production et la diffusion de contenus africains, contribuant à l’émergence d’un vivier de talents maliens.

Au-delà de l’audiovisuel, Canal+ Mali s’illustre également par son engagement citoyen. À travers des initiatives comme l’opération Orphée, la chaîne accompagne les orphelinats par des dons de vivres, la rénovation d’infrastructures, ou encore la distribution de centaines de kits scolaires. Sur le plan économique, sa contribution se chiffre à plus de 5 000 emplois directs et indirects dans le pays.

Représentant le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, le Chef de Cabinet Mohamed Ag Albachar a, pour sa part, rendu hommage à Canal+ Mali pour sa contribution à la démocratisation de l’accès à l’information, à la culture et au divertissement.

Il a salué la création des chaînes en langues nationales, y voyant un acte fort pour la valorisation de la diversité culturelle malienne, tout en rappelant également les efforts de l’État dans la modernisation des infrastructures numériques et la mise en place d’un cadre réglementaire propice à l’innovation, en phase avec la vision du gouvernement de faire du numérique un levier de transformation économique et sociale.

Pour les prochaines années, Canal+ Mali entend poursuivre sur sa lancée. L’opérateur audiovisuel va renforcer son ancrage local en développant encore plus de contenus africains, en accompagnant les talents locaux et en investissant davantage dans la digitalisation de ses services.

Mohamed Kenouvi

Canal+ a célébré en grande pompe ses 30 ans de présence au Mali et les 10 ans de sa filiale locale, à travers un dîner gala organisé le 30 mai 2025 à Bamako. L’événement a réuni des personnalités du monde audiovisuel, des représentants du gouvernement, des partenaires et des collaborateurs de la chaîne.

Dans une ambiance conviviale et festive, la soirée a été marquée par plusieurs temps forts, notamment des prestations artistiques et humoristiques, une projection inédite retraçant l’histoire de Canal+ au Mali depuis 1995, ainsi que des remises de distinctions à des collaborateurs ayant marqué de leur empreinte le parcours de la chaîne dans le pays.

Le Directeur général de Canal+ Mali, M. Idrissa Diallo, a exprimé sa « fierté immense et une profonde gratitude » envers tous ceux qui ont contribué à bâtir cette success story. Il a tenu à saluer l’engagement historique de M. Ibrahima Sow, président du Conseil d’administration de Canal+ Mali, pour avoir introduit l’offre Canal+ au Mali il y a trois décennies, ainsi que M. Aziz Diallo, tout premier directeur général de la filiale, aujourd’hui Directeur Afrique francophone du groupe.

« Canal+, ce n’est pas seulement un opérateur audiovisuel. C’est un acteur culturel, social, économique et technologique profondément ancré dans la société malienne », a-t-il déclaré, avant de rappeler que Canal+ Mali, aujourd’hui forte de milliers d’abonnés à travers le territoire, innove constamment avec des outils comme le décodeur connecté et l’application mobile, qui permettent un accès fluide aux contenus, partout et à tout moment.

Fière de son ancrage local, Canal+ a lancé en 2024 les chaînes Mandeka et Puulagu, diffusant en mandingue et en peulh, deux langues majeures du pays. Une façon pour la chaîne de refléter « la richesse culturelle du Mali » et de renforcer la proximité avec son public. Canal+ Mali soutient aussi les industries créatives locales à travers la production et la diffusion de contenus africains, contribuant à l’émergence d’un vivier de talents maliens.

Au-delà de l’audiovisuel, Canal+ Mali s’illustre également par son engagement citoyen. À travers des initiatives comme l’opération Orphée, la chaîne accompagne les orphelinats par des dons de vivres, la rénovation d’infrastructures, ou encore la distribution de centaines de kits scolaires. Sur le plan économique, sa contribution se chiffre à plus de 5 000 emplois directs et indirects dans le pays.

Représentant le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, le Chef de Cabinet Mohamed Ag Albachar a, pour sa part, rendu hommage à Canal+ Mali pour sa contribution à la démocratisation de l’accès à l’information, à la culture et au divertissement.

Il a salué la création des chaînes en langues nationales, y voyant un acte fort pour la valorisation de la diversité culturelle malienne, tout en rappelant également les efforts de l’État dans la modernisation des infrastructures numériques et la mise en place d’un cadre réglementaire propice à l’innovation, en phase avec la vision du gouvernement de faire du numérique un levier de transformation économique et sociale.

Pour les prochaines années, Canal+ Mali entend poursuivre sur sa lancée. L’opérateur audiovisuel va renforcer son ancrage local en développant encore plus de contenus africains, en accompagnant les talents locaux et en investissant davantage dans la digitalisation de ses services.

Mohamed Kenouvi

Charte pour la paix : La Commission de rédaction fait le point sur ses travaux

La Commission de rédaction du projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale, présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, a animé une conférence de presse le 29 mai 2025 à la Maison de la presse de Bamako.

Cette rencontre avait pour objectif de présenter l’état d’avancement des travaux de la Commission, en prélude à la remise officielle du document au président de la Transition, le général Assimi Goïta, prévue pour la fin du mois de juin.

Le président de la Commission a expliqué que le projet de Charte est structuré en 16 titres, 39 chapitres et 105 articles. Ce texte fondateur repose sur des valeurs fondamentales propres à la société malienne, telles que le respect des parents, l’amour de la patrie, le travail bien fait, le pardon, la solidarité et le vivre-ensemble. Il vise à jeter les bases d’une paix durable, à renforcer la sécurité, à favoriser la cohésion nationale et à reconstruire le tissu social profondément affecté par plus d’une décennie de crise.

Ousmane Issoufi Maïga a insisté sur le caractère inclusif et participatif de l’élaboration de la Charte. Selon lui, la Commission a procédé à de larges consultations avec les forces vives de la nation, les institutions, les anciens chefs d’État, les anciens Premiers ministres, les universitaires, les leaders religieux et traditionnels, ainsi que les Maliens de l’intérieur et de la diaspora. Il a souligné que toutes ces contributions ont enrichi le contenu du texte, le rendant ainsi plus représentatif des attentes profondes du peuple malien.

Répondant aux interrogations de la presse sur la dissolution des partis politiques, Ousmane Issoufi Maïga a été catégorique : « La Commission n’a jamais eu pour mandat de traiter de la question des partis politiques ». Il a précisé que 92 partis ont été consultés au cours du processus et que leurs points de vue ont été intégrés dans la réflexion collective.

Le président de la Commission a lancé un appel solennel à l’unité nationale et au dialogue. Il a exhorté les Maliens à bannir l’individualisme, à combattre l’injustice, l’incivisme et à cultiver les valeurs de respect, de solidarité et de tolérance.

La mission de la Commission s’achèvera officiellement le 30 juin 2025. D’ici là, le document final de la Charte sera remis aux autorités de la Transition. La Maison de la presse, par la voix de son président Bandiougou Danté, a promis de soutenir la vulgarisation du texte auprès de la population, en mettant les médias au service de la paix et de la réconciliation.

Mohamed Kenouvi

Public-Privé au Mali : cap sur l’action concrète  

La sixième réunion mensuelle de concertation entre les secteurs public et privé s’est tenue ce jeudi dans la capitale malienne. Lancé en janvier 2025, ce cadre d’échange régulier vise à instaurer un dialogue stratégique entre l’État et les acteurs économiques autour des priorités nationales.

Au cœur des discussions de cette sixième session figuraient trois axes majeurs : la mise en œuvre d’un plan d’action à court terme pour la satisfaction des besoins fondamentaux de la population, l’adoption d’un plan de réformes structurelles pour l’économie nationale, et la meilleure prise en compte des doléances exprimées par le secteur privé.

Sur les 14 mesures identifiées dans le plan d’action immédiat en faveur des populations, sept ont déjà été mises en œuvre, quatre sont en cours d’exécution, et trois demeurent en attente. Ce tableau d’avancement, présenté à huis clos lors de la réunion, témoigne d’une volonté affichée de résultats, tout en révélant les marges de progrès à combler.

Les mesures exécutées concernent notamment l’accès aux produits de première nécessité à prix modérés dans plusieurs centres urbains, ainsi que la mise en place de mécanismes de distribution d’intrants agricoles à l’approche de l’hivernage. D’autres chantiers, comme la restructuration des mécanismes de soutien aux PME et la facilitation de la circulation des biens dans la région sahélienne, avancent plus lentement.

Dialogue direct avec les ministères sectoriels

Présidée par le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, la rencontre a permis un échange direct entre les ministres en charge des secteurs économiques (commerce, agriculture, transports, finances, etc.) et les représentants du secteur privé national. Ces derniers ont exposé les obstacles rencontrés dans leurs filières respectives, allant de la fiscalité à l’accès au crédit, en passant par les tracasseries administratives et les tensions logistiques internes.

« Aucun développement durable ne peut être envisagé sans une union forte au sein des structures représentatives du secteur privé », a déclaré le chef du gouvernement. Il a également exhorté les organisations patronales à renforcer leur cohésion pour mieux porter la voix des entrepreneurs maliens dans ce dialogue mensuel, qui tend à devenir une référence en matière de gouvernance participative.

AES, marchés, et souveraineté alimentaire

Parmi les dossiers jugés prioritaires : la disponibilité et la qualité des denrées alimentaires essentielles, la distribution efficace des engrais et semences agricoles, et la fluidité des échanges dans l’espace de la Confédération des États du Sahel (AES). Le Premier ministre a demandé que ces sujets fassent l’objet d’un suivi rigoureux, notamment en lien avec la campagne agricole qui s’ouvre.

La réunion a également permis de poser les jalons d’un plan de réformes structurelles attendu dans les prochaines semaines. Ce plan, en cours d’élaboration, ambitionne de moderniser l’économie malienne autour de trois piliers : simplification administrative, attractivité des investissements, et renforcement de la production nationale.

Le cadre mensuel de concertation public-privé s’inscrit dans une logique de co-construction des politiques économiques. Il a pour ambition d’assainir le climat des affaires tout en assurant une meilleure redistribution des fruits de la croissance.

Depuis janvier 2025, ces rencontres ont permis de réconcilier les priorités étatiques et les réalités du terrain. La sixième édition confirme que, malgré les lenteurs ou les divergences, un espace de négociation structuré permet de déboucher sur des solutions opérationnelles, si les engagements sont tenus de part et d’autre.

CEDEAO : 50e anniversaire sous le signe de la résilience  

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a célébré ce mercredi son cinquantième anniversaire à Lagos, au Nigeria. Fondée en 1975 par 15 États, l’organisation régionale traverse aujourd’hui l’une des périodes les plus sensibles de son histoire, marquée par le retrait officiel du Mali, du Burkina Faso et du Niger — désormais regroupés au sein de la Confédération AES.

La cérémonie, tenue à l’Eko Hotel & Suites en présence de onze chefs d’État, a été présidée par Bola Ahmed Tinubu, président du Nigeria et président en exercice de la CEDEAO. Dans un discours volontariste, il a rappelé que l’intégration régionale restait « une nécessité vitale pour relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux ». Avec un PIB cumulé estimé à 761 milliards de dollars et une population dépassant les 400 millions d’habitants, l’espace CEDEAO représente le plus vaste marché régional du continent après la SADC.
Pourtant, l’absence des trois États sahéliens a conféré à l’événement un ton nettement moins consensuel. Le départ formalisé en janvier 2024 par Bamako, Ouagadougou et Niamey a réduit le nombre d’États membres à douze, rompant l’unité politique que l’organisation s’était efforcée de préserver depuis les années 1990.
Le poids croissant de l’AES
Créée officiellement en septembre 2023, puis transformée en Confédération en juillet 2024, l’AES regroupe plus de 70 millions d’habitants sur une superficie équivalente à 2,4 millions de km². L’AES a revendiqué son droit à une intégration alternative, fondée sur « la souveraineté assumée, la coopération de sécurité horizontale et le développement endogène ». Les trois États membres justifient leur départ de la CEDEAO par une série de sanctions jugées injustes, un manque de concertation et un éloignement des priorités sahéliennes.
Depuis leur retrait, l’AES travaille à la mise en place de son propre tarif extérieur commun, d’un passeport confédéral et d’un mécanisme de défense mutuelle. Autant d’initiatives qui résonnent comme une rupture avec les normes communautaires portées par Abuja.
Des signes de dialogue à Bamako
Le 22 mai 2025, dans un geste d’apaisement, le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray, a entamé à Bamako une série de consultations discrètes avec les ministres des Affaires étrangères des pays de l’AES. Cette première réunion « historique », visait à définir un cadre de dialogue sur les conséquences juridiques et techniques du retrait de la CEDEAO.
Reçu le lendemain par le général Assimi Goïta, président de la Transition malienne et président en exercice de la Confédération, le chef de la Commission a exprimé son attachement à la stabilité régionale et à la préservation des acquis communs, notamment en matière de libre circulation, d’électricité et d’infrastructures transfrontalières.
Malgré ces signaux d’ouverture, le fossé reste profond. La CEDEAO continue de plaider pour la réintégration à terme des pays sahéliens dans son giron. Mais les capitales de l’AES, elles, semblent vouloir construire une architecture propre, fondée sur une lecture réaliste des alliances militaires et économiques.
Alors que l’organisation célèbre un demi-siècle d’existence, la question de son avenir reste ouverte. Peut-elle encore incarner l’unité ouest-africaine sans ses membres sahéliens historiques ? Ou doit-elle accepter une coexistence institutionnelle, marquée par des pôles d’influence différenciés ?
Une chose est sûre, l’anniversaire des 50 ans de la CEDEAO restera comme celui d’un tournant. Moins festif, plus géopolitique.

Élevage : une nouvelle vision pour sécuriser les troupeaux

Face aux effets conjugués du changement climatique, de la pression foncière et des tensions récurrentes autour des ressources pastorales, le gouvernement malien a validé une nouvelle Stratégie nationale de stabilisation et de sécurisation du bétail. Le texte, pris en compte lors du Conseil des ministres du 28 mai 2025, est accompagné d’un premier plan quinquennal couvrant la période 2025–2029.

Le cheptel national compte environ 12 millions de bovins, 25 millions d’ovins, 26 millions de caprins, 1,3 million de camelins et plus de 35 millions de volailles. L’élevage représente environ 19 % du PIB agricole et mobilise plus de 30 % de la population active. Pourtant, ce socle économique et social est de plus en plus fragilisé. Dans plusieurs zones, les déplacements des éleveurs sont perturbés par l’insécurité, les conflits fonciers ou encore la dégradation des parcours de transhumance. La stratégie adoptée vise à organiser durablement le secteur sur des zones aménagées, tout en assurant la cohabitation pacifique avec les autres usagers des terres.
Structurée autour de quatre axes principaux, cette politique prévoit l’aménagement et la gestion des ressources pastorales, la promotion des cultures fourragères, la valorisation du potentiel économique du cheptel, ainsi que le renforcement du suivi technique et institutionnel. Elle s’inscrit dans les orientations stratégiques du pays, notamment la vision Mali Kura Ɲɛtaasira Ka Bɛn 2063 Ma, la SNEDD 2024–2033 et le Cadre stratégique de la Refondation de l’État.
Parmi les actions prévues figurent la sécurisation des couloirs de transhumance, la création de banques de fourrage, le développement de partenariats public-privé pour les infrastructures pastorales et le renforcement des capacités des éleveurs. L’enjeu est à la fois économique et social : améliorer la productivité, prévenir les conflits, garantir un accès équitable aux ressources et renforcer la résilience des communautés rurales.
Chaque année, les exportations de bétail malien, vivantes ou transformées, génèrent plusieurs dizaines de milliards de FCFA, notamment à destination des marchés ouest-africains comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Sénégal. En sécurisant les circuits de production, le Mali entend consolider sa position régionale dans le commerce pastoral tout en créant plus d’emplois dans les zones rurales.

220 000 réfugiés : le Mali en première ligne d’une aide de 100 millions $

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu en audience, le mercredi 28 mai 2025, Abdouraouf Gnon-Kondé, Directeur du Bureau régional du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), en visite à Bamako depuis le 26 mai. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de coopération renforcée visant à soutenir les réfugiés et les communautés hôtes au Mali, dans une approche inclusive et durable saluée par les partenaires internationaux.

Le Mali accueille aujourd’hui plus de 220 000 réfugiés, principalement en provenance de pays de la sous-région confrontés à des crises sécuritaires persistantes. Contrairement aux modèles classiques, ces réfugiés ne sont pas regroupés dans des camps mais vivent au sein même des communautés locales maliennes, un choix d’intégration sociale qui témoigne d’une hospitalité remarquable mais qui engendre aussi des pressions importantes sur les ressources et les services de base. C’est dans ce cadre qu’Abdouraouf Gnon-Kondé a tenu à souligner l’importance d’un appui ciblé aux populations hôtes à travers des dispositifs nationaux coordonnés, notamment la Commission nationale chargée des réfugiés.

Au cœur de ces discussions figure une opportunité majeure : un financement de 100 millions de dollars, soit près de 58 milliards de francs CFA, mobilisé par la Banque mondiale au bénéfice conjoint des réfugiés et des communautés qui les accueillent. Le Mali, en raison du nombre de réfugiés présents sur son sol et des efforts déjà entrepris, est éligible à ce mécanisme de soutien. Ce financement vise à consolider les infrastructures, renforcer la résilience des territoires d’accueil et appuyer la mise en œuvre de solutions durables fondées sur le développement local.

Lors de l’audience, le Directeur du Bureau régional du HCR a salué les progrès enregistrés par le Mali en matière de sécurité, un facteur crucial pour envisager des politiques de réinstallation ou d’intégration à long terme. Il a également tenu à féliciter le Premier ministre pour l’adoption de documents stratégiques ambitieux comme la vision « Mali Kura Ɲɛtaasira Ka Bɛn San 2063 Ma » et la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD 2024-2033), perçus comme des cadres cohérents et prometteurs face aux attentes des partenaires au développement et aux acteurs humanitaires.

Le Premier ministre Abdoulaye Maïga, pour sa part, s’est félicité de cette dynamique de coopération avec le HCR, qui vient conforter les orientations politiques de la Transition en matière de développement humain, de cohésion sociale et de souveraineté nationale. Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à poursuivre la mise en œuvre de solutions novatrices, adaptées au contexte malien et fondées sur la solidarité, la dignité et le respect des droits fondamentaux des réfugiés.

Par cette audience, le Mali affirme une fois de plus sa capacité à conjuguer impératifs de sécurité, priorités de développement et exigences humanitaires, dans un esprit de responsabilité partagée. Le partenariat avec le HCR s’annonce ainsi comme un levier stratégique dans la construction d’un avenir commun pour les réfugiés et les communautés hôtes, dans un pays qui, malgré les défis, continue de faire le choix de l’humain.

Kayes sous pression : les djihadistes frappent COVEC et paralysent un axe stratégique

Ce samedi 24 mai dans l’après-midi, un groupe armé a attaqué les travaux de réhabilitation de la RN1 à Tirena‑Marena, exploités par la société chinoise COVEC. Les assaillants, visiblement coordonnés, ont incendié grues, camions-citernes, entrepôts et matériaux avant de disparaître. Cet événement met un coup d’arrêt brutal à un projet crucial visant à relier Kayes à la frontière sénégalaise.

Loin d’être un acte isolé, cette attaque s’inscrit dans un schéma d’agressions successives contre des intérêts étrangers dans l’ouest malien. Le 4 mai, une société chinoise liée à l’orpaillage à Laghamané a été visée, puis le 17 mai un convoi logistique entre Diéma et Sandaré a été attaqué, causant la destruction de deux camions, d’un excavateur et la mort de plusieurs soldats selon des sources locales. Deux pick‑ups et du matériel militaire ont également été saisis.
Cette montée en puissance des attaques, notamment dans des zones périphériques jusqu’alors relativement épargnées comme Kayes, illustre un déplacement stratégique des groupes djihadistes affiliés au JNIM. Selon un rapport de l’Africa Center, les incidents violents dans la région de Koulikoro et Kayes ont presque triplé depuis le coup d’État de 2020. En 2023, près de 924 civils ont été tués dans tout le Mali dans le cadre d’opérations militaires et djihadistes, contre 84 en 2019, avec une progression particulièrement forte dans le sud-ouest .
ACLED relève quant à lui que le JNIM a étendu ses actions vers l’ouest malien au début de 2025, multipliant les attaques visant routes et sites économiques étrangers, notamment dans la région de Kayes .
Du point de vue socio-économique, le contexte local est particulièrement fragile : le PIB par habitant du Mali est d’environ 912 USD en 2023, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le chômage des jeunes reste endémique. La région de Kayes souffre aussi de discriminations persistantes, y compris l’esclavage par ascendance touchant environ 12 à 15 % de la population, qui alimente l’exclusion et la radicalisation latente .
L’arrêt des travaux de COVEC, financés à hauteur de 50 à 80 millions USD par la Banque africaine de développement et la Coopération chinoise, pourrait isoler davantage la région, fragiliser les perspectives économiques et détourner les investisseurs étrangers. Par ailleurs, l’armée malienne, concentrée sur les zones du centre (Ségou, Mopti) et du nord (Tombouctou, Gao), peine à sécuriser Kayes et ses axes stratégiques, laissant des poches urbaines et rurales sans couverture militaire suffisante. D’où la nécessité de revoir la stratégie.

 

Mali : Lancement de la BCID-AES lors de la rencontre consacrée au développement

Le 23 mai 2025 au Centre international de conférences de Bamako (CICB), la première réunion ministérielle de la Confédération des États du Sahel (AES) dédiée au pilier « Développement » a acté la création de la Banque confédérale pour l’investissement et le développement (BCID-AES).

À l’ouverture, les chefs de gouvernement du Mali et du Niger, ainsi que le ministre burkinabè des Finances, ont posé les premiers jalons de cette institution régionale.

La BCID-AES vise à mobiliser des financements autonomes pour financer des infrastructures clés dans les domaines de l’énergie, du transport, de l’agriculture et de l’éducation. Elle devrait disposer d’un capital initial estimé à 10 milliards de dollars, selon les annonces régionales récentes.
La Confédération AES, qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger et compte environ 78 millions d’habitants, entend ainsi s’affranchir des bailleurs traditionnels et développer une intégration économique fondée sur sa propre capacité de financement.
La rencontre s’est inscrite autour de quatre priorités : sécurité collective, intégration économique, souveraineté financière et promotion de l’identité culturelle et éducative. Elle vise à asseoir le financement des infrastructures communes et à traduire les orientations politiques des chefs d’État en actions concrètes.
La Confédération prévoit d’alimenter la BCID-AES via plusieurs mécanismes, notamment un prélèvement confédéral de 0,5 % sur les importations non-AES mis en place en mars 2025. Elle prévoit également une réforme des cadres réglementaires miniers afin de capter jusqu’à 50 % des revenus extractifs d’entreprises étrangères sur son sol.
Les dirigeants ont reconnu que la réussite de la BCID-AES dépendra de la mise en place d’une gouvernance transparente et d’une coopération étroite entre les trois pays. Le ministre malien Alousseni Sanou a insisté sur l’importance de structurer les institutions dès cette phase initiale.
Parmi les défis estimés figurent la capacité à lever les ressources suffisantes dans un contexte marqué par une faible intégration financière et des retombées économiques encore limitées, ainsi que la nécessité d’un cadre juridique unifié. La BCEAO et d’autres institutions régionales et multilatérales (BOAD, FSA) ne sont pas directement associées pour le moment, ce qui limite l’accès à des garanties ou cofinancements externes.
La Banque confédérale doit devenir opérationnelle dans les prochains mois, après adoption finale des statuts et nomination d’un conseil d’administration interétatique. Aucun calendrier précis n’a été encore publié.

Mali–CEDEAO : Bamako relance le dialogue ouest-africain dans un esprit de responsabilité

Bamako a été le théâtre, le 22 mai 2025, d’une rencontre diplomatique d’une portée exceptionnelle. Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso, regroupés au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), ont tenu des consultations directes avec le président de la Commission de la CEDEAO, le Dr Omar Alieu Touray.

Cette initiative intervient à un moment charnière, quelques mois après le retrait officiel des trois États de l’organisation sous-régionale. Elle marque une tentative sérieuse de renouer les fils du dialogue entre deux blocs que tout semblait opposer jusqu’ici.

Les entretiens ont permis l’adoption d’un relevé de conclusions servant de base au lancement de futures négociations. Dans une atmosphère jugée constructive par toutes les parties, les représentants ont convenu de préserver les droits fondamentaux acquis au fil de l’intégration régionale. La libre circulation des personnes et des biens reste garantie jusqu’à la mise en place de nouveaux accords. Loin des déclarations symboliques, ce cadre de discussions pose les fondations d’un mécanisme de coopération qui pourrait s’avérer décisif pour les millions de citoyens concernés.

Le climat sécuritaire a largement orienté les débats. La situation dans le Sahel est critique. Selon le rapport 2024 de l’Index mondial du terrorisme, le Burkina Faso est désormais classé premier pays le plus touché au monde, avec près de deux mille morts et 258 attaques enregistrées en une année. Le Niger connaît une dégradation brutale avec une hausse de 94 % du nombre de décès liés au terrorisme, atteignant 930 victimes. Le Mali occupe la troisième place mondiale du classement, consolidant le triste constat selon lequel les trois pays de l’AES cumulent à eux seuls plus de 4 700 morts liés au terrorisme en 2024. Ces chiffres sont glaçants. Ils confirment que le Sahel central concentre aujourd’hui plus de la moitié des victimes du terrorisme dans le monde. Dans ce contexte, la relance du dialogue initiée à Bamako dépasse le cadre diplomatique pour devenir une nécessité humanitaire et stratégique.

Au-delà de la sécurité, l’économie constitue un autre défi majeur. En 2024, le PIB réel du Mali est estimé à 18,3 milliards de dollars, avec une croissance de 4 % portée par les performances agricoles, malgré des ralentissements dans le secteur industriel. Le Niger a enregistré une croissance remarquable de 9,9 %, grâce à la reprise minière et à la hausse des investissements publics. Le Burkina Faso a, pour sa part, maintenu une croissance de 5,5 %, malgré la pression sécuritaire persistante. L’ensemble de l’espace AES, fort de plus de soixante-dix millions d’habitants, génère un PIB cumulé supérieur à 62 milliards de dollars. Pourtant, les besoins restent immenses et les déséquilibres flagrants. La vulnérabilité alimentaire, la dépendance énergétique et l’accès limité aux services sociaux de base aggravent les fractures.

Nouvelle ère

Les autorités présentes à Bamako ont reconnu l’urgence d’ouvrir une nouvelle ère de coopération, dans le respect des choix souverains et des intérêts des populations. L’idée d’une rupture brutale est désormais dépassée. Le ton, désormais, est à la réinvention. L’avenir dira si cette rencontre constitue une simple trêve diplomatique ou l’amorce d’une nouvelle architecture régionale plus souple, plus réaliste, et centrée sur les besoins concrets des citoyens.

La tenue des consultations du 22 mai 2025 introduit une nouvelle phase dans les relations entre les parties concernées. Dans un environnement régional traversé par des ruptures et des incertitudes, le choix d’un échange direct et structuré témoigne d’un repositionnement stratégique. À mesure que les tensions institutionnelles se recomposent, la mise en place d’un canal de discussion offre une base de travail susceptible de faire évoluer les équilibres. La suite dépendra de la capacité des acteurs à ancrer ce dialogue dans des mécanismes concrets, visibles et durables, au bénéfice des populations sahéliennes.

Fin de mandat au BVG : Samba Alhamdou Baby dresse son bilan

Le Président de la Transition a reçu à Koulouba, le jeudi 22 mai 2025, le Vérificateur général sortant, Samba Alhamdou Baby, pour la remise officielle du rapport d’activité couvrant son mandat de 2018 à 2025. Cette rencontre marque la fin d’un cycle de sept années à la tête du Bureau du Vérificateur général (BVG), une institution clef du contrôle des finances publiques au Mali.

Selon les chiffres présentés, le BVG a mené 232 missions de vérification et d’évaluation au cours de cette période. Parmi elles, 140 ont porté sur la conformité et la gestion financière, 29 ont évalué la performance des structures publiques, 56 ont consisté à suivre l’application des recommandations précédentes, et 7 ont ciblé l’évaluation de secteurs spécifiques. Près de 80 % de ces missions, soit 183 au total, ont été conduites pendant la Transition, ce qui traduit un effort accentué de redevabilité sous l’actuel régime.

Le rapport remis au chef de l’État met également en lumière les résultats sur le plan judiciaire. Au total, 158 dossiers ont été transmis aux Procureurs des pôles économiques et financiers de Kayes, Mopti, Bamako ainsi qu’au parquet économique national. À ces dénonciations s’ajoutent 147 dossiers adressés à la Section des comptes de la Cour suprême pour suspicion d’irrégularités budgétaires ou financières.

Ces missions ont permis à l’État de recouvrer ou de régulariser près de 12 milliards de francs CFA, souvent avant même la fin des opérations de vérification. Par ailleurs, les suites judiciaires engagées ont conduit à des récupérations additionnelles estimées à environ 600 millions de F CFA au niveau du Pôle national économique et financier.

Au-delà des chiffres, Samba Alhamdou Baby a insisté sur la portée symbolique de ce rapport. Il a salué la collaboration avec les autorités de la Transition, affirmant que les résultats obtenus témoignent d’une volonté politique de promouvoir la bonne gouvernance et la transparence.

Sous son mandat, le BVG a également renforcé sa communication institutionnelle. Des rapports sectoriels ont été publiés pour la première fois sur son site web, et plusieurs évaluations du secteur public ont été menées afin d’élargir le périmètre du contrôle citoyen.

Le passage de témoin a déjà eu lieu. Le décret présidentiel du 16 mai 2025 a nommé Abdoul Aziz Aguissa au poste de Vérificateur général. Administrateur civil, ancien secrétaire général du BVG, il est titulaire d’un doctorat en droit public obtenu à Grenoble. Sa nomination intervient dans un contexte où les attentes sont élevées en matière de moralisation de la gestion publique et de résultats concrets dans la lutte contre la corruption.

Avec ce changement à la tête de l’institution, la continuité des missions de contrôle est attendue, de même qu’une intensification des efforts pour renforcer la confiance des citoyens dans l’utilisation des ressources publiques.

Sécurité régionale : Le Mali s’engage dans une nouvelle dynamique

Le 22 mai 2025, Bamako a accueilli le lancement de la phase nationale du Programme des États du Sahel, une initiative coordonnée par la Coalition Islamique Militaire Contre le Terrorisme (CIMCT).

Ce programme, financé à hauteur de 100 millions de riyals saoudiens (environ 26,7 millions de dollars), vise à renforcer la coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme.
Le programme s’étend sur la période 2024-2029 et concerne plusieurs pays du Sahel, dont le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. Il repose sur quatre axes principaux : militaire, intellectuel, médiatique et financier. À Bamako, la cérémonie de lancement a réuni des représentants des forces de sécurité maliennes et des membres de la CIMCT, marquant le début d’une série d’ateliers et de formations destinés aux forces armées, aux services de renseignement et aux cellules de lutte contre le blanchiment de capitaux.
Un accent particulier est mis sur la prévention de la radicalisation, avec des sessions de sensibilisation prévues pour les jeunes, les leaders religieux et les médias. Cette approche communautaire, déjà expérimentée en Mauritanie et au Niger, vise à contrer les discours extrémistes et à renforcer l’adhésion des populations aux efforts de stabilisation.
Le Mali, confronté depuis plus d’une décennie à l’expansion des groupes armés, voit dans cette initiative une opportunité de diversifier ses partenariats sécuritaires tout en préservant sa souveraineté. Le pays, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), entend conjuguer indépendance stratégique et coopération régionale

Énergie : 30 milliards FCFA pour renforcer l’alimentation électrique autour de Bamako

Le Conseil des ministres du mercredi 21 mai 2025 a adopté des projets de textes relatifs à la ratification d’un accord de prêt entre le gouvernement du Mali et la Banque Ouest-africaine de Développement (BOAD), signé à Lomé le 10 mars 2025.

Cet accord porte sur un financement de 30 milliards de francs CFA, destiné à appuyer la construction du tronçon nord de la boucle Nord de 225 kilovolts autour de Bamako, ainsi que l’extension de plusieurs postes électriques stratégiques.

Les travaux prévus concernent la construction d’une ligne haute tension 225 kV en double circuit, reliant les localités de Kodialani, Kambila, Safo et Dialakorobougou, la création de nouveaux postes de transformation à Safo et Kénié, ainsi que le renforcement des postes existants de Kodialani, Kambila et Dialakorobougou. Il est également prévu l’extension du réseau haute tension pour l’électrification de nouveaux quartiers dans ces zones périurbaines.

Ce projet s’inscrit dans la politique de renforcement des infrastructures énergétiques autour de la capitale, face à une demande en électricité en hausse constante. Selon des données de l’EDM-SA, la région de Bamako concentre près de 40 % de la consommation nationale d’électricité, avec une croissance annuelle moyenne de la demande estimée entre 7 et 10 %. La boucle Nord, qui constitue un maillon du réseau interconnecté national, vise à sécuriser l’alimentation de la capitale et à réduire les coupures récurrentes.

En plus de soulager la pression sur les installations actuelles, le projet permettra de soutenir le développement des zones industrielles autour de Bamako et de faciliter l’électrification de nouveaux quartiers résidentiels, notamment dans les communes rurales limitrophes confrontées à une urbanisation rapide. Il pourrait également permettre une meilleure intégration des projets d’énergies renouvelables à venir, en augmentant la capacité d’évacuation du réseau haute tension.

L’accord de financement conclu avec la BOAD prévoit une contribution de l’État malien, avec un cofinancement possible par d’autres partenaires techniques. Le calendrier d’exécution précis du projet sera arrêté à l’issue des études techniques en cours.