L’ex-chef des renseignements gambiens de Jammeh a été arrêté

Les autorités gambiennes ont arrêté, lundi 20 février, l’ancien chef de l’Agence nationale de renseignement, Yankuba Badgie, dont les services sont accusés par les ONG des droits humains d’avoir torturé et tué des opposants à l’ex-président Yahya Jammeh, parti en exil en janvier.

En plus de Yankuba Badgie, l’ancien directeur des opérations de renseignement, Cheikh Omar Jeng, a lui aussi été arrêté lundi, a déclaré mardi le porte-parole de la police, Foday Conta.

Réformes

Yahya Jammeh avait mis sur pied l’Agence de renseignement en 1994, année où il s’était emparé du pouvoir, et elle était vite devenue l’organisme étatique le plus redouté.

Le gouvernement du président Adama Barrow, qui a battu Jammeh à la présidentielle du 1er décembre 2016, a privé l’agence de son pouvoir d’arrêter des personnes, a changé son nom en Agence de renseignement d’Etat, et s’est engagé à continuer à la réformer.

Les arrestations menées lundi sont les premières à viser de hauts responsables gambiens depuis que Jammeh est parti en exil en Guinée équatoriale, sous la pression des dirigeants d’Afrique de l’Ouest qui avaient déployé des troupes afin de le contraindre à s’incliner devant le résultat du scrutin.

 

Gambie: arrivée du président Barrow à Banjul

Le nouveau président gambien Adama Barrow, accueilli au Sénégal voisin depuis le 15 janvier, est arrivé jeudi à Banjul vers 17H00 (locales et GMT), acclamé par une foule en liesse, ont constaté des journalistes de l’AFP.Parmi l’assistance venue attendre son arrivée, sous la surveillance de militaires sénégalais et nigérians cagoulés et lourdement armés, et d’un détachement de soldats gambiens, figurait la vice-présidente Fatoumata Jallow Tambajang.M. Barrow, en chéchia et tunique blanches, est descendu d’un avion militaire sénégalais portant l’emblème de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), accompagné par ses deux épouses et plusieurs de ses enfants.

A l’aéroport de Banjul, une foule était massée depuis le début de l’après-midi pour lui réserver un accueil triomphal, avec des groupes de danseurs et de joueurs de tambour.

Accueilli au Sénégal depuis le 15 janvier à la demande de la Cédéao, qui craignait pour lui tant que son prédécesseur Yahya Jammeh refusait de quitter le pouvoir, M. Barrow différait son retour, invoquant des inquiétudes pour sa sécurité.

Vainqueur de l’élection du 1er décembre face à Yahya Jammeh – qui avait initialement reconnu sa défaite avant de se raviser le 9 décembre – Adama Barrow a prêté serment le 19 janvier à l’ambassade de Gambie à Dakar.

Peu après, la Cédéao lançait une opération pour forcer au départ M. Jammeh, qui a finalement quitté le pays le soir du 21 janvier pour être accueilli par la Guinée équatoriale.

Depuis sa prestation de serment, M. Barrow n’était plus apparu en public.

Yahya Jammeh en l’asile politique en Guinée équatoriale

L’ex-président de la Gambie, Yahya Jammeh, a bien été accueilli en Guinée équatoriale après son départ samedi soir de Banjul pour l’exil sous la pression internationale, a confirmé pour la première fois Malabo ce mardi.

Le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo « a informé le conseil des ministres de la décision de l’Etat d’accueillir en tant qu’exilé politique l’ex-chef d’Etat de la République de Gambie Yahya Jammeh », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement Eugenio Nze Obiang.

Le président Obiang a convaincu son ex-homologue d’éviter « toute situation de confrontation armée », a ajouté le porte-parole.

M. Jammeh « a accepté de venir en République de Guinée équatoriale, pays-frère qui lui offre toutes les garanties de sécurité et d’un séjour pacifique », selon cette même source.

Après avoir refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Adama Barrow, M. Jammeh a finalement quitté Banjul samedi soir après 22 ans au pouvoir.

Après une étape de quelques heures à Conakry, il s’était envolé pour la Guinée équatoriale, selon le commandant de la mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Micega).

Malabo cependant n’avait pas confirmé jusqu’à présent sa présence dans ce petit pays pétrolier. Malgré l’absence de confirmation, l’opposition équato-guinéenne avait dénoncé dès dimanche l’accueil de l’ex « dictateur gambien ».

Le nouveau président Adama Barrow doit rentrer prochainement à Banjul après avoir prêté serment vendredi à l’ambassade de Gambie à Dakar. la date de son retour n’est pas encore confirmée pour des raison de sécurité

Gambie: état d’urgence à la veille de l’investiture de Barrow

La Gambie était en état d’urgence mercredi, à la veille de l’investiture prévue de son président élu, Adama Barrow, à qui le chef de l’Etat sortant Yahya Jammeh refuse de céder la place après 22 ans au pouvoir.

M. Jammeh a proclamé mardi l’état d’urgence et dénoncé à la télévision « un niveau d’ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent » dans le processus électoral et les affaires gambiennes, ainsi que « l’atmosphère hostile injustifiée qui menace la souveraineté, la paix et la stabilité du pays ».Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest enclavé dans le Sénégal, à l’exception de sa façade atlantique, est plongé dans une grave crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus les résultats de la présidentielle. Une semaine auparavant, il avait pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.

Yahya Jammeh, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 22 ans, affirme vouloir rester en place tant que la justice n’aura pas statué sur ses recours électoraux, malgré les pressions internationales pour qu’il cède le pouvoir jeudi après l’expiration de son mandat.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a notamment prévenu à plusieurs reprises qu’elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort.

A la demande de la Cédéao, le Sénégal accueille depuis dimanche le président élu en attendant son investiture, pour laquelle il a assuré qu’il serait en Gambie.

« Le président Jammeh rate l’occasion de respecter la parole du peuple gambien et celle d’une passation de pouvoir pacifique censée se dérouler jeudi avec le président élu », a déploré le département d’Etat américain, mettant en garde contre « un possible chaos ».

Le Nigeria, poids lourd régional et continental, a affirmé de son côté accélérer ses préparatifs militaires aériens.

« Nous allons très bientôt nous déployer à Dakar, au Sénégal », a indiqué à l’AFP une source au quartier général de la Défense nigériane, mentionnant l’envoi de « pilotes, de techniciens et de personnel d’entretien » des appareils. « Ce déploiement est lié aux événements en cours en Gambie ».

– Des touristes rapatriés –

Selon la Constitution, l’état d’urgence dure sept jours lorsqu’il est proclamé par le chef de l’Etat, mais peut être porté à 90 jours avec l’approbation de l’Assemblée nationale, qui l’a entériné mardi.

La proclamation, formulée en termes très généraux, « interdit de se livrer à des actes de désobéissance aux lois gambiennes, à l’incitation à la violence, ou troublant la paix et l’ordre public ».Yahya Jammeh a également ordonné aux forces de sécurité de maintenir l’ordre.La Grande-Bretagne et les Pays-Bas, les deux pays qui comptent le plus grand nombre de touristes en Gambie, ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter de s’y rendre ou d’en repartir s’ils s’y trouvaient, sauf raison impérative.

« Le risque d’intervention militaire et de désordre civil est élevé et pourrait conduire à la fermeture sans préavis de l’aéroport international de Banjul », a prévenu le gouvernement britannique dans un communiqué.

Le voyagiste britannique Thomas Cook a annoncé le rapatriement de 985 Britanniques en vacances en Gambie et va affréter quatre vols supplémentaires mercredi. Il a également contacté 2.500 autres clients pour leur proposer un retour anticipé vers la Grande-Bretagne.

Les Pays-Bas ont émis des recommandations similaires et plus de la moitié des quelque

1.600 Néerlandais séjournant actuellement en Gambie devraient être rapatriés dans les prochains jours.

Le géant du tourisme TUI compte rapatrier également « environ 800 » clients.

Auparavant, quatre autres ministres gambiens, ceux des Affaires étrangères, des Finances, du Commerce, et du Tourisme, ont démissionné, a indiqué une source proche du régime.

Les ministres de l’Information et des Sports avaient été remplacés la semaine dernière.

Des changements sont également intervenus dans l’armée: des officiers refusant de soutenir M. Jammeh contre M. Barrow, comme le leur demandaient des commandants de la Garde républicaine, chargée de la protection du président sortant, ont été arrêtés dimanche soir, selon une source de sécurité.

Face aux risques de guerre civile ou d’intervention militaire extérieure, le flot de Gambiens quittant le pays depuis le début de l’année grossissait sensiblement, à l’approche de l’échéance de jeudi, selon des témoins.

« Tout le monde est inquiet », a confié Bella, marchande sur une plage de Banjul, précisant qu’elle ne viendrait « pas travailler demain ni après-demain » (mercredi et jeudi).

Le Maroc mène actuellement une « médiation discrète et de la dernière chance » par l’entremise de son ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, et Yassine Mansouri, chef des services de renseignements extérieurs du royaume, pour obtenir le départ de Yahya Jammeh, a révélé mardi un site d’information en ligne marocain.

Janvier fatidique pour la Gambie 

Yaya Jammeh s’accroche au pouvoir. En face, Barrow et ses soutiens de plus en plus nombreux, ont bien l’intention de le faire plier. Le 19 janvier, date de la fin de son mandat, va-t-il marquer un tournant dans l’histoire de ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest.

Yaya Jammeh partira-t-il ? Depuis sa volte-face le 9 décembre, le président sortant réclame un nouveau scrutin, dont personne ne sait quand il pourrait se tenir. Pour le moment, les pressions exercées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), exigeant son départ du pouvoir le 19 janvier prochain, n’ont rien changer. Le Nigérian Muhamadu Buhari a revêtu le 2 janvier sa cape de médiateur au nom de l’organisation sous-régionale, qui joue sa crédibilité dans cette crise. Il tentera d’empêcher le pays de sombrer dans la violence que pourrait présager le cours actuel des événements. Jammeh refuse en effet de participer à toute négociation avec l’organisation à laquelle il reproche sa « partialité ». En décembre, le président de la commission de la CEDEAO, Marcel Alain de Souza, avait évoqué la possibilité de recourir à une intervention militaire si l’option diplomatique échouait, pour déloger l’occupant de la State House (palais présidentiel, ndlr). « C’est, en fait, une déclaration de guerre et une insulte à notre Constitution. C’est donc totalement inacceptable », a déclaré Yaya Jammeh, le samedi 31 décembre, au cours de son discours du Nouvel an.

Appel au calme Au pouvoir depuis 1994 à la suite du coup d’État contre Dawda Jawara, Jammeh a également déclaré qu’il resterait président jusqu’au 10 janvier, date à laquelle la Cour suprême examinera son recours, soit une semaine avant la fin de son mandat à la tête de la Gambie. Tout peut donc encore arriver, et l’inquiétude va grandissant. Difficile de dire comment passer de Jammeh à Barrow sans mettre la Gambie sens dessus dessous. Les efforts diplomatiques vont se multiplier les prochaines heures pour éviter « l’escalade de la violence », comme y a appelé Yahya Jammeh, et voir la Gambie entrer dans cette nouvelle année avec le président qu’elle s’est choisie.

 

Le président de la Commission électorale gambienne en fuite au Sénégal

Le président de la Commission électorale indépendante (IEC) gambienne, Alieu Momar Njie, s’est réfugié au Sénégal voisin par crainte pour sa sécurité, a affirmé mardi soir à l’AFP un membre de sa famille.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu de sources sénégalaises. L’AFP a tenté de joindre plusieurs membres de l’IEC jusque tard mardi soir, sans succès.

« Alieu Momar Njie a fui au Sénégal après avoir appris que les autorités gambiennes complotaient contre lui et son équipe », a déclaré ce membre de sa famille sous couvert d’anonymat. « Certains membres de son équipe sont

également partis pour le Sénégal », a-t-il ajouté, déclinant tout commentaire supplémentaire.

On ignorait quand M. Njie avait quitté la Gambie, avec qui, tout comme la nature des menaces à son encontre.

Selon des observateurs, cette fuite au Sénégal du chef de l’IEC pourrait constituer une pomme de discorde entre les deux pays, dont les relations ont toujours été compliquées. A l’exception d’une façade sur l’Atlantique, la

Gambie, ex-colonie britannique, est totalement enclavée dans le Sénégal francophone.

Cette annonce intervient alors que la Gambie est plongée dans une impasse politique après l’élection présidentielle du 1er décembre.

Le scrutin a été officiellement remporté par l’opposant Adama Barrow face à Yahya Jammeh, qui gouvernait sans partage depuis plus de 22 ans.

M. Jammeh avait d’abord reconnu le 2 décembre avoir été battu par M. Barrow, avant de rejeter le 9 décembre les résultats modifiés par l’IEC mais sans incidence sur l’issue du vote. Il a demandé l’annulation du scrutin à la

Cour suprême, qui doit examiner son recours le 10 janvier, soit neuf jours avant l’expiration de son mandat.

Alors que de nombreux pays et institutions le pressent à céder le pouvoir, M. Jammeh soutient que tant que la Cour n’a pas rendu sa décision, il demeurera à la tête du pays. Adama Barrow, lui, a indiqué qu’il se considèrera

président à compter du 19 janvier.

Selon les résultats révisés, Adama Barrow est élu avec 43,2% des voix (contre 45,5% initialement), Yahya Jammeh se classe deuxième avec 39,6% des voix (initialement 36,6%), le troisième et dernier candidat, Mama Kandeh,

étant crédité de 17% (initialement 17,8%).

Le 13 décembre, le siège de la commission électorale avait été fermé par les forces de sécurité et son personnel s’en était vu interdire l’accès, sans explications.

Dans un décret pris le 28 décembre, le président Jammeh a ordonné la réouverture de l’IEC, expliquant que la commission avait été fermée sur la base d’informations selon lesquelles ses locaux seraient incendiés.

Gambie : Yaya Jammeh ne cède pas

Malgré les pressions internationales, Yaya Jammeh se cramponne au pouvoir qu’il devrait quitter en janvier prochain. La médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest est pour le moment un échec.

En Gambie, Yaya Jammeh reste imperméable à l’appel de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de revenir sur sa décision de ne pas reconnaître les résultats des élections du 1er décembre, pour cause d’ « erreurs inacceptables ». « Autant j’ai accepté les résultats car j’ai cru que la commission était indépendante et honnête, désormais je rejette les résultats en totalité. Laissez-moi répéter : je n’accepterai pas les résultats », avait annoncé M. Jammeh le vendredi 9 décembre dernier. Une annonce qui a eu l’effet d’une douche froide sur la démocratie en Gambie, alors que la victoire du candidat de l’opposition, Adama Barrow, avec 43,2% contre 39,6% pour Jammeh, augurait une nouvelle ère dans ce pays d’une main de fer pendant 22 ans.

Médiation : un échec ?

Malgré les appels du président démocratiquement élu à respecter le verdict des urnes, Yaya Jammeh a fait preuve d‘obstination dans son envie de ne pas céder le pouvoir. Même les menaces de son grand voisin sénégalais n’y ont rien fait. Alors, la machine de la médiation de la Cédeao s’est mise en branle. Hier mardi 13 décembre, en attendant l’arrivée à Banjul des chefs d’Etat de la Cédeao avec à leur tête Ellen Johnson Sirleaf, la présidente, le parti présidentiel (APRC), a déposé un recours devant la Cour suprême laquelle, grand paradoxe, compte quatre juges manquants et n’a pas siégé depuis un an, selon le barreau gambien.

« Un accord ne pourra pas être trouvé en un jour », a prévenu hier Ellen Johnson Sirleaf, accompagnée du nigérian Mahammadu Buhari, John Dramani Mahama(qui vient de reconnaître sa défaite à la présidentielle au Ghana), et le sierra-léonais Ernest Bai Koroma, avant le début des discussions avec M. Jammeh. À l’issue de la rencontre avec M. Jammeh, et ensuite avec le président élu, Adama Barrow, aucun accord n’a été trouvé. La volonté de Yaya Jammeh de rester au pouvoir est manifeste. « Nous ne sommes pas venus pour un accord, nous venons aider les Gambiens à organiser la transition. Ce n’est pas quelque chose qui peut aboutir en un seul jour, il faut y travailler », a déclaré Mme Johnson Sirleaf. Elle a fait savoir que la délégation rendra compte des discussions avec Yaya Jammeh lors du sommet prévu samedi à Abuja. Interrogé par RFI, Marcel Alain de Souza, président de la commission de la Cédeao, a évoqué la possibilité d’un recours à « des décisions draconiennes », y compris l’intervention militaire, au cas où l’option diplomatique échouera.

 

Départs des pays africains de la CPI : faut-il craindre l’effet de contagion ?

Des pays africains ont décidé de se retirer de la Cour pénale internationale. Après le Burundi, l’Afrique du Sud, les autorités gambiennes, par la voix du ministre de l’information, Sheriff Bojang, ont annoncé mardi le 25 octobre le retrait de la Gambie de la CPI qu’elles accusent de « persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants ». D’autres pays tels que le Kenya, l’Ouganda et la Namibie ont évoqué la possibilité de se retirer. Une sorte de prolongement du processus de retrait collectif débattu il y a quelques années à l’Union africaine. Alors, est-ce le début de la fin pour la CPI ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. De nombreux experts sont d’avis que ces départs ne sauraient sonner le glas pour la Cour. Interrogé par AFP, Alex Whiting, Professeur de droit à l’Université d’Harvard, estime que « La justice internationale, tout comme la CPI, a toujours eu des hauts et des bas : elle ne va pas disparaître ». « Mais au final, la CPI existe pour les victimes et non pour ceux au pouvoir qui décident de ratifier ou non un traité. », précise Aaron Matta, chercheur au sein de l’Institut de La Haye pour une justice mondiale. A ceux qui craignent un départ en vague de la CPI sur le continent, d’autres experts estiment que cela est improbable, en raison du fait que la juridiction bénéficie du soutien de certains pays comme le Mali, qui a ratifié le statut de la CPI le 16 août 2000, et le Botswana, la République démocratique du Congo.

Créée en 1998 mais devenue effective en 2002, la Cour pénale internationale continue de susciter les débats. Il repose sur le statut de Rome, que seulement  139 pays ont signé alors que 23 autres n’en sont pas membres. Parmi ces non-membres il y a les Etats-Unis, l’Inde, l’Israël, la Russie et Cuba. Le rôle de la CPI contribue à mettre fin à l’impunité pour les crimes contre l’humanité, le génocide et les crimes d’agression. Aujourd’hui, l’une des inévitables questions est de savoir si la CPI contribue vraiment à une « justice globale ». Mais il est surprenant qu’une  cour qui a une dimension internationale ne puisse pas réunir tous les pays membres des Nations unies, et, grand paradoxe, trois des cinq pays ayant le droit de véto, les Etats-Unis en tête, n’en sont pas membres. Il est impossible de ne pas dire que le retrait des Etats-Unis en 2002, sous l’administration Bush, a ainsi contribué davantage à la faiblesse de la Cour. Et il apparaît clairement que tous les pays ne peuvent pas être pesés à la même balance de la justice au niveau international. Parfois, c’est à se demander si la CPI n’a pas été un projet « mort-né » à partir du moment où elle n’est pas capable de poursuivre les crimes commis par les citoyens de tous les pays du monde.

C’est pourquoi, en Afrique, nombreux sont ceux qui pensent que c’est une justice à deux vitesse. Par exemple, lorsqu’un mandat d’arrêt été émis contre le président soudanais, Omar Hassan El Béchir, les pays africains ont décidé ensemble de ne pas l’exécuter. Pourquoi ? Parce que, selon Jean Ping, à l’époque président de la Commission de l’Union Africaine, « la justice internationale lutte contre l’impunité seulement en Afrique, comme si rien ne se passait ailleurs ». Ce qui n’est ni tout fait faux ni tout à fait vrai. Le fait est que de 2003 à nos jours, les poursuites engagées ont concerné des crimes commis en Afrique. Les cas les plus récents qui ont fait beaucoup de bruit sont ceux d’Omar El Béchir, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Mais ce qu’il est important de relever, c’est que le Soudan n’est pas membre de la CPI, et on se demande pourquoi la juridiction s’acharne à le poursuivre. Même si l’on sait que le cas d’El Béchir a été transmis à la Cour par les Nations unies. Il se trouve aussi que ce sont des pays africains eux-mêmes qui ont fait appel à la Cour à cause de l’incapacité de leur justice à poursuivre ces crimes.

Ces retraits, disons-le, sont tout sauf une bonne nouvelle pour le continent africain où règnent encore des autocrates qui piétinent les libertés politiques et individuelles, offensent les dignités. Le plus grave, c’est qu’ils risquent d’avoir quartier libre.

 

La Gambie coupe les ponts avec le Sénégal

Les frontières gambiennes à  Farafegny, Keur Ayib et à  Hamdallaye-Karang sont fermées. l’information a été donnée sous couvert d’anonymat par un membre de l’Agence nationale du renseignement (NIA). « Il a pris cette décision lors de sa tournée en province », a ajouté cette source, en précisant ignorer les motifs de cette mesure. Elle n’a pas souhaité s’exprimer davantage. Les quatre points de passage sont fermés Selon la présidence gambienne, M. Jammeh a entamé le 17 avril une tournée dite de « dialogue avec les populations », qui doit durer trois semaines, jusqu’au 7 mai. Il entend ainsi évaluer le niveau des productions agricoles, dans la perspective d’une auto-suffisance alimentaire du pays à  l’horizon 2016.Aucune source officielle ne s’est prononcée pour l’instant sur ce sujet qui n’a fait l’objet d’aucune communication gouvernementale. Des habitants des zones frontalières et des voyageurs entre les deux pays, ainsi que plusieurs médias sénégalais ont cependant fait état de cette fermeture. Elle est en vigueur depuis samedi, d’après plusieurs témoignages recueillis à  Banjul, la capitale gambienne, mais aussi depuis Kolda, une des villes de la Casamance (sud du Sénégal). « Jusqu’à  présent, il n’y a pas d’évolution de la situation », a indiqué à  l’AFP Baba Gallé, un responsable de transporteurs de Casamance. Selon lui, la fermeture concerne tous les quatre points de passage entre le Sénégal et la Gambie, comprenant celui de Sénoba. Enclavée dans le Sénégal à  l’exception de sa façade Atlantique, la Gambie sépare en grande partie la région naturelle de la Casamance du reste du territoire sénégalais. Elle est le principal point de passage des transporteurs sénégalais qui relient le nord et le sud de leur pays, notamment par Farafegny, o๠un bac leur permet de traverser le fleuve Gambie. Selon divers témoignages, la fermeture des frontières terrestres entre la Gambie et le Sénégal est intervenue moins d’une semaine après un accord entre transporteurs sénégalais et gambiens sur la levée d’un blocus du transport transfrontalier. Depuis le début de l’année, les routiers sénégalais boycottaient la traversée de la Gambie par les camions de marchandises et les transports en communs pour protester contre une hausse des droits de trafic décidée unilatéralement selon eux par les Gambie.

Peine de mort pour deux Maliens en Gambie

Le compte à  rebours a commencé pour les 47 geôliers de la Gambie. Le pays va, selon son Président, exécuter au mois de septembre prochain tous les détenus condamnés à  mort. Dans son message diffusé dimanche à  la télévision nationale gambienne, Yaya Jammeh semblait être formel. Connu pour ses discours musclés et ses pratiques qu’il n’a rien à  envier à  un dictateur, l’indécrottable Président gambien avait fait une déclaration qui, pour certains, frise le ridicule. «Vers le milieu du mois de septembre, toutes les condamnations à  mort seront exécutées. Il n’est pas question que le gouvernement permette que 99 % de la population soit prise en otage par des criminels. Le banditisme, le trafic de drogue ou sa consommation illicite, l’homosexualité, le terrorisme, entre autres ne seront pas tolérés», s’est-il exprimé. En annonçant, le bourreau des 47 détenus prend au contre pied la justice de son pays qui avait récemment ordonné la condamnation à  des peines lourdes allant de cinquante ans à  une amende de plus d’un million d’euros. Vives réactions Comme on pouvait s’y attendre, cette déclaration du Président Gambien a suscité des réactions du côté de la Communauté internationale. La France et des organisations de défense des droits de l’Hommes ont fermement condamné cette décision prise par le Président Jammeh. Ce serait sans doute un véritable carnage que d’exécuter toutes ces personnes. à‡’eût été ailleurs, en Europe par exemple, l’Union européenne aurait intimé l’ordre au bourreau de Banjul d’arrêter sa folie, mais étant donné que bien des présidents en Afrique sont à  l’image de Jammeh, il est difficile d’espérer une mesure coercitive de la part de l’Union africaine du reste connue pour son impéritie. Condamnation ultime Parmi ces prisonniers condamnés à  mort figurent des étrangers : Il s’agit de trois sénégalais, d’un Bissau-guinéen, deux Maliens et deux Nigérians. Quant aux Gambiens (39), onze parmi eux sont des prisonniers politiques qui ont été arrêtés pour certains en 1997 et jugés le 28 octobre 1998 pour attaque contre le camp militaire de Kar-tong et pour d’autres au mois de novembre 2008 et jugés le 15 juillet 2010 pour trahison et tentative de coup d’Etat. Sur les 47 détenus visés par la mesure de Yaya Jammeh, figurent 2 maliens. Si certains Etats tel le Nigéria, ont fait des déclarations pour réclamer la vie sauve à  leurs ressortissants, ce n’est pas le cas pour le Mali qui semble cautionner l’exécution de ses deux ressortissants. Aucun pays d’Afrique de l’Ouest n’a procédé à  des exécutions récemment et, au cours des cinq dernières années. Mieux, la peine de mort a été abolie pour tous les crimes dans certains pays comme le Togo, le Burundi, le Gabon et le Rwanda.