Paix et Réconciliation Nationale : Où en est l’avant-projet de Charte ?

La Commission de rédaction de l’avant-projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale avait été mise en place en juillet pour une durée de deux mois. Elle a achevé son travail début octobre. Selon nos informations, le document final de l’avant-projet a été remis au Président de la Transition, auquel il revient de décider de la suite du processus.

Le Président de la Transition avait prolongé jusqu’au 30 septembre dernier le mandat initial de la Commission pour élargir les consultations aux Institutions de la République ainsi qu’aux anciens Présidents et Premiers ministres.

« Ce travail a été fait. Nous avons ajouté à l’avant-projet à la fois les éléments nouveaux proposés par les Chefs des différentes institutions, les anciens Présidents et anciens Premiers ministres, mais aussi une synthèse des propositions des forces vives de la Nation », affirme Dr. Ely Bréhima Dicko, membre de la Commission. Il  affirme que le document finalisé a déjà été remis au Président de la Transition, même s’il n’y a pas eu de cérémonie solennelle pour l’occasion.

Concernant la suite du processus d’élaboration de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, plusieurs options s’offrent au Président de la Transition, selon Dr. Ely Bréhima Dicko. Comme pour l’élaboration de la Constitution du 22 juillet 2023, le Général d’armée Assimi Goïta peut mettre en place une Commission de finalisation de l’avant-projet élargie aux forces vives et aux institutions. Cette Commission aura un délai maximum d’un mois pour cette mission.

Le Président de la Transition pourrait aussi décider de faire passer le document final au Secrétariat général du gouvernement avant de le faire examiner et adopter par le Conseil des ministres. Par la suite, ce projet de loi pourrait être envoyé sur la table du Conseil national de transition (CNT), qui devra se prononcer sur son adoption finale pour en faire une loi.

Mais pour l’heure aucune information ne filtre sur le timing de la suite du processus. « Je pense que les autorités sont en train de se pencher sur ces différentes options afin de choisir la bonne approche. Et on sait également qu’il y a eu dernièrement des soubresauts politiques. Tout cela peut impacter l’agenda », confie Dr. Dicko.

Mohamed Kenouvi

 

Élan de solidarité : La Fondation Orange Mali soutient les victimes des inondations

Fidèle à son engagement et à ses valeurs de solidarité et de partage, Orange Mali, par le biais de sa fondation et en partenariat avec l’ONG Action contre la Faim, a procédé ce jeudi 28 novembre 2024 à une distribution de dons en faveur des victimes d’inondations dans le district de Bamako.

Au total, 400 ménages sinistrés des communes III et IV du district de Bamako ont bénéficié de cette donation de la Fondation Orange Mali, en réponse à l’état de catastrophe nationale déclaré par les autorités du pays en août dernier.
Cet appui aux populations sinistrées constitue la deuxième phase du soutien d’Orange Mali, après une première phase de don de vivres intervenue pendant le mois de la solidarité en octobre dernier, en partenariat avec la Direction nationale du développement social, pour un montant de plus de 10 millions FCFA.
Bien que la distribution des dons de cette deuxième phase ait débuté à Bamako, elle ne se limite pas qu’aux sinistrés de la capitale. L’aide de la Fondation Orange Mali couvre également 600 autres ménages sinistrés dans les villes de Ségou et Mopti, portant le nombre total de ménages bénéficiaires à 1 000, soit plus de 6 000 personnes.
L’appui aux ménages comprend des kits d’urgence, des vivres et des kits d’hygiène pour les femmes. Chaque kit est constitué d’une bâche pour s’abriter, d’un sac de riz de 25 kg, de 2 moustiquaires imprégnées, d’une natte de deux places, d’une couverture, d’un seau en plastique de 20 litres, d’une bouilloire, de 2,5 kg de savon liquide et d’un kit d’hygiène féminin.
À ce kit s’ajoutent, entre autres, des lots de vêtements, des tissus de draps et une enveloppe symbolique collectée par l’ensemble du personnel d’Orange Mali pour le bénéfice des familles sinistrées.
« Le coût total de cette opération s’élève à plus de 56 millions de FCFA, dont plus de 52 millions sont financés par la Fondation Orange Mali afin de renforcer la résilience de nos compatriotes touchés par ces inondations », a déclaré Aristide Fatogoma Sanou, Directeur général adjoint d’Orange Mali.
« À travers ce geste, la fondation exprime sa générosité et sa solidarité envers les populations maliennes en situation défavorable », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le représentant du gouverneur du district de Bamako, Moumouni Traoré, a salué un geste de solidarité qui « illustre les valeurs fondamentales d’humanité, de solidarité et d’engagement envers les plus démunis ».
Les bénéficiaires ont également exprimé leur gratitude à la Fondation Orange Mali et salué les efforts de l’État à leur égard depuis la survenue des inondations.
Depuis le début de l’année 2024, la Fondation Orange Mali a réalisé plusieurs initiatives dans le cadre de ses activités de mécénat pour un investissement global de plus d’un milliard de FCFA.

Parmi ces activités figurent, entre autres, le financement de la caravane du troisième âge, des consultations de chirurgie, la remise de médicaments et la prise en charge d’enfants malades du cœur, en collaboration avec l’ONG Chaine de l’Espoir.

Christophe Gomart : « Sécurité, économie et stabilité politique, trois piliers indissociables »

Ancien Général de corps d’armée et député européen élu en juin 2024 sur la liste des Républicains, Christophe Gomart est Vice-président de la Sous-commission Sécurité et Défense (SEDE) et membre de la Commission des Affaires étrangères au Parlement européen. En 2013, il a participé à l’Opération Serval au Mali. Dans cet entretien, il aborde les défis de la stabilisation du Sahel. Propos recueillis par Massiré Diop

Quelle est la clé pour stabiliser durablement le Sahel ?

La coopération régionale est indispensable. Les groupes terroristes exploitent les frontières pour se déplacer et opérer en toute impunité. Sans coordination entre les pays, cette lutte sera inefficace. L’exemple d’Europol en Europe montre l’importance d’une structure capable d’agir au-delà des frontières, une approche encore à construire dans le Sahel.

L’option militaire, à elle seule, peut-elle résoudre les problèmes ?

Non, l’option militaire est nécessaire mais insuffisante. Pour stabiliser le Sahel, il faut s’appuyer sur trois piliers : sécurité, économie et stabilité politique. Lors de l’Opération Serval, j’ai vu de jeunes Maliens rejoindre des groupes armés pour des raisons économiques. Si nous ne leur offrons pas d’alternatives, ces recrutements continueront. Sans institutions politiques solides pour soutenir un développement à long terme, aucun progrès ne sera durable. Une armée forte est essentielle, mais elle doit être accompagnée de gouvernements stables et non corrompus.

Quelle place pour l’environnement dans cette stratégie ?

L’environnement est une clé dans le pilier économique. La désertification, la raréfaction des ressources en eau et les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont des catalyseurs de l’instabilité. Reboiser, gérer durablement les terres et restaurer les écosystèmes sont nécessaires pour assurer des moyens de subsistance et éviter des migrations massives.

L’Europe joue-t-elle un rôle suffisant dans cette région ?

L’Union européenne fait beaucoup, mais il faut aller plus loin. La sécurité est importante, mais l’Europe doit également investir dans les infrastructures et encourager la création d’emplois pour éviter que les populations ne se tournent vers les groupes armés. L’engagement européen doit s’intensifier, car ce qui se passe au Sahel a des répercussions sur la sécurité en Europe.

Quels espoirs pour l’avenir ?

Si les trois piliers, à savoir la sécurité, l’économie et la stabilité politique sont renforcés de manière concertée, il est possible de stabiliser la région. Cela demandera un effort international soutenu, mais c’est la seule voie pour transformer le Sahel en un espace de paix et de prospérité.

Processus de Nouakchott : les pays sahélo-sahariens tentent de s’unir contre le terrorisme

Dakar, la capitale sénégalaise a accueilli une réunion décisive du Processus de Nouakchott, organisée par l’Union africaine du 25 au 27 novembre 2024. Les chefs des services de renseignement et de sécurité des pays sahélo-sahariens se sont retrouvés pour coordonner leurs efforts face à une menace grandissante : le terrorisme et l’extrémisme violent.

Ce rendez-vous s’inscrit dans une dynamique régionale lancée en 2013, destinée à renforcer la coopération sécuritaire dans une région en proie à des crises multiples.
La région sahélo-saharienne, vaste étendue englobant une dizaine de pays, est l’une des zones les plus instables du monde. Les conflits armés, les attaques terroristes et les tensions intercommunautaires y sont récurrents. Les groupes djihadistes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique et l’État islamique au Grand Sahara exploitent les faiblesses structurelles des États, exacerbant l’insécurité et ralentissant le développement économique. Les pays membres du Processus de Nouakchott, comprenant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Guinée et l’Algérie, travaillent depuis plus d’une décennie à harmoniser leurs efforts. Ces pays, unis par une géographie partagée et des défis communs, cherchent à endiguer une menace transnationale qui dépasse leurs frontières respectives.
Cette rencontre de trois jours, organisée en collaboration avec le Comité des Services de Renseignements et de Sécurité Africains et le gouvernement sénégalais, a permis de réaffirmer les priorités du Processus de Nouakchott. Il s’agit renforcer le partage de renseignements entre États membres pour mieux anticiper et neutraliser les menaces, adopter des approches intégrées mêlant interventions militaires, développement économique et dialogue communautaire, améliorer la gouvernance et renforcer le lien entre la sécurité d’État et la sécurité humaine. L’Union africaine a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne peut réussir qu’à travers une stratégie holistique intégrant des mesures sécuritaires et des politiques sociales. « Les armes seules ne suffisent pas. Nous devons gagner la confiance des populations et offrir des solutions aux jeunes qui, faute d’alternatives, se tournent vers des groupes armés, » a déclaré un haut responsable de l’Union africaine.
Lors de cette réunion, les délégués ont insisté sur la nécessité d’un équilibre entre approches militaires et initiatives sociales. Concrètement, des opérations coordonnées doivent cibler les bases terroristes dans les zones frontalières souvent non surveillées. Parallèlement, des investissements massifs sont nécessaires pour améliorer les infrastructures, créer des emplois et offrir des services de base, notamment dans les zones rurales marginalisées. L’engagement a également été pris de travailler avec les populations locales pour renforcer la résilience communautaire face aux discours extrémistes.
Malgré des avancées significatives, le Processus de Nouakchott est confronté à de nombreux obstacles. Les pays sahéliens dépendent largement des bailleurs internationaux pour soutenir leurs opérations de sécurité. Les divergences politiques entre certains pays membres freinent parfois l’efficacité des actions collectives. Certaines actions militaires ont conduit à des abus qui, loin de résoudre les problèmes, alimentent les tensions et favorisent les recrutements terroristes. Enfin, la désertification et la rareté des ressources exacerbent les tensions communautaires, favorisant les conflits armés.
Dans un communiqué final, les chefs des services de renseignement ont annoncé plusieurs mesures concrètes. Ces mesures incluent la création d’un centre régional d’analyse des données de renseignement basé à Bamako pour renforcer la surveillance et la coordination, une nouvelle feuille de route pour 2025 mettant l’accent sur des initiatives transfrontalières telles que la sécurisation des zones frontalières du Liptako-Gourma, ainsi qu’un calendrier de réunions semestrielles pour évaluer les progrès réalisés.
La réunion de Dakar marque une étape importante dans le processus de coopération régionale au Sahel. Les pays membres du Processus de Nouakchott semblent désormais déterminés à aller au-delà des déclarations de principe pour transformer leur vision en actions tangibles. Pourtant, le succès de ces efforts dépendra de leur capacité à mobiliser des ressources durables, à respecter les droits humains et à restaurer la confiance entre les États et leurs citoyens. Dans une région où la sécurité demeure un défi quotidien, la solidarité régionale et une approche intégrée restent la meilleure voie vers une stabilité durable.
Lancé en 2013, le processus de Nouakchott vise à renforcer la coopération en matière de sécurité et le partage de renseignements. Ses membres incluent la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, la Libye, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Guinée et l’Algérie. Ses partenaires principaux sont l’Union africaine, les Nations unies et divers bailleurs internationaux.

Nouveau gouvernement : Entre continuité et défis

Mis en place le 21 novembre 2024, suite au limogeage de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, le nouveau gouvernement fait face à des défis persistants dans divers domaines, tout en devant préserver la stabilité sociopolitique du pays. Dirigée par le Général de division Abdoulaye Maïga, cette nouvelle équipe a pour mission de conduire la Transition à son terme dans les prochains mois.

On ne change pas une équipe qui gagne. Cependant, un réajustement s’impose lorsque le capitaine de l’équipe n’est plus sur la même longueur d’onde que ses coéquipiers. C’est en somme la situation qui a prévalu la semaine dernière au sommet de la Transition, aboutissant à la nomination du Premier ministre Abdoulaye Maïga et à la formation d’un nouveau gouvernement.

Bien que l’équipe gouvernementale sortante, en place depuis mai 2021 avec un réaménagement intervenu le 1er juillet 2023, n’ait pas montré ses limites, sa dissolution a été directement causée par le limogeage de Choguel Maïga, dont les propos virulents à l’encontre des militaires, tenus le 16 novembre dernier, ont provoqué l’ire de nombreuses organisations de soutien à la Transition.

Cela explique le choix du nouveau Premier ministre et du Président de la Transition de conserver dans le nouveau gouvernement 21 ministres de l’ancienne équipe.

Ossature maintenue

Tout comme l’équipe sortante, le gouvernement d’Abdoulaye Maïga est composé de 28 ministres. Les ministres de la Défense et de la Réconciliation nationale, les Généraux de corps d’armée Sadio Camara et Ismaël Wagué, sont maintenus à leurs postes. C’est également le cas d’Abdoulaye Diop et d’Alousséni Sanou, reconduits respectivement aux Affaires étrangères et à l’Économie.

En plus de ces départements stratégiques, plusieurs ministres ont conservé leurs portefeuilles, notamment Mahamadou Kassogué à la Justice, le Général de division Daoud Aly Mohammedine à la Sécurité, le Colonel Assa Badiallo Touré à la Santé, Mme Dembélé Madina Sissoko aux Transports, Amadou Sy Savané à l’Éducation nationale et Fassoun Coulibaly au Travail, à la Fonction publique et au Dialogue social.

Abdoul Kassim Fomba, Amadou Keita, Bouréma Kansaye, Mossa Ag Attaher et Alhamdou Ag Ilyène ont également été reconduits respectivement aux ministères de la Jeunesse et des Sports, des Mines, de l’Enseignement supérieur, des Maliens de l’Extérieur et de la Communication.

« Le nouvel attelage s’inscrit clairement dans une logique de continuité. Je pense qu’il n’y aura pas de changements majeurs dans la politique mise en place, d’autant plus que c’est le Président de la Transition qui continuera à donner les orientations stratégiques », estime l’analyste politique Oumar Sidibé.

Si la taille du gouvernement reste conforme à la loi fixant à 30 le nombre maximum de ses membres, la Loi 052, qui fixe le quota des femmes à 30% dans les postes nominatifs et électifs, n’a pas été respectée.

Changements mineurs

Seuls 7 anciens ministres ont quitté le gouvernement. Parmi eux, les proches du Premier ministre sortant Choguel Kokalla Maïga, comme on pouvait s’y attendre, Ibrahim Ikassa Maïga et Mme Sylla Fatouma Sékou Dicko, qui étaient respectivement en charge de la Refondation de l’État et des Réformes politiques et institutionnelles.

Bintou Camara a également été remerciée au ministère de l’Énergie et de l’Eau, tout comme Mariam Maiga et Aminata Traoré, qui ont perdu leurs portefeuilles à la Promotion de la Femme et à l’Entrepreneuriat national.

Andogoly Guindo et Mamadou Samaké, également débarqués des ministères de l’Artisanat et de l’Environnement, ne poursuivront pas l’aventure au sein de l’équipe gouvernementale.

Sept nouveaux ministres font donc leur entrée dans le gouvernement du Premier ministre Abdoulaye Maïga, qui conserve par ailleurs son ancien portefeuille de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

Le spécialiste en Décentralisation, déconcentration et élections Mamani Nassiré est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du soutien au processus électoral. Ce qui va dans le sens de faire de 2025 une année électorale, comme l’estiment de nombreux spécialistes.

Quant au département de la Refondation de l’État, il sera désormais piloté par le professeur d’Enseignement supérieur à la retraite Bakary Traoré. L’ancienne Maire de la Commune urbaine de Goundam et ex Ambassadrice du Mali en Allemagne Oumou Sall Seck, prend les commandes du ministère de l’Entrepreneuriat national, tandis que le département de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable est confié à Mme Doumbia Mariam Tangara, Ingénieur des eaux et forêts.

Nouveau visage également au ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, désormais dirigé par l’entrepreneur culturel et fondateur du Festival sur le Niger Mamou Daffé.

Mme Diarra Djénéba Sanogo est quant à elle nommée ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et le département de l’Énergie et de l’Eau, l’un des secteurs avec le plus d’attentes de la part de la population, est désormais dirigé par l’ancien Administrateur général du cabinet de consultation Consultaf, Boubacar Diané.

Nouveau cap ?

Depuis le début de la Transition, en 2020, le Général de division Abdoulaye Maïga est le troisième Premier ministre aux commandes du gouvernement.

Contrairement au changement intervenu en mai 2021, avec la rectification de la Transition et la nomination de Choguel Kokalla Maïga, l’arrivée du nouveau Premier ministre ne présage pas de changements majeurs pour la suite de la période transitoire. Le Général de division Abdoulaye Maïga l’a d’ailleurs indiqué aux membres du cabinet de la Primature lors de sa prise de contact, le lundi 25 novembre 2024.

« Notre engagement pour le Mali est le même. Il n’y aura pas de changement de cap, mais une réorientation technique. L’essentiel, c’est de maintenir la même vision pour atteindre les objectifs de réalisation de la vision du chef de l’État, celle du Mali Kura », a confié le Premier ministre.

Pour cette réorientation technique, le Général de division a déjà pris des mesures à la Primature. Les décrets de nomination de plusieurs conseillers spéciaux, ainsi que de nombreux conseillers techniques et chargés de mission proches de son prédécesseur, ont été abrogés le 25 novembre 2024. Le Chef du gouvernement, réputé pour sa rigueur et son pragmatisme dans la conduite des affaires, va s’entourer d’autres profils dans sa mission à la Primature.

Grands défis

Si la nouvelle équipe gouvernementale ne devrait pas amorcer de changements majeurs dans la conduite de la suite de la Transition, elle est tout de même attendue sur plusieurs fronts.

Dans ce contexte, aucun calendrier n’a encore été fixé, mais de plus en plus de voix s’élèvent au sein de la classe politique pour demander l’organisation de l’élection présidentielle qui mettra un terme à la Transition, pour amorcer un retour effectif à l’ordre constitutionnel.

Pour certains observateurs, la nomination d’un ministre délégué en soutien au processus électoral constitue un signal fort du nouveau gouvernement en faveur de la tenue prochaine de cette élection. Pour relever le défi de l’organisation d’un scrutin présidentiel apaisé, transparent et crédible, le Général de division Abdoulaye Maïga devra rassembler et impliquer l’ensemble des acteurs de la classe politique tout au long du processus.

Le nouveau gouvernement devra également poursuivre les efforts sur le plan sécuritaire en intensifiant la lutte contre le terrorisme sur l’ensemble du territoire. Malgré les succès engrangés par les Forces armées maliennes ces derniers mois, la menace terroriste demeure et nécessite une adaptation continue des stratégies sur le terrain.

La refondation de l’État enclenchée sous cette Transition devrait également se poursuivre sous la nouvelle équipe gouvernementale avec le parachèvement de nombreuses réformes politiques et institutionnelles en cours.

Le Premier ministre Abdoulaye Maïga et son gouvernement sont en outre très attendus sur la résolution de la grave crise énergétique que traverse le pays depuis plus de deux ans.

Le nouvel attelage aura également pour missions la relance économique, l’apaisement du climat social, la lutte contre la corruption et des efforts en matière de bonne gouvernance.

Sur le plan diplomatique, le Premier ministre et son gouvernement devront également faire face au défi de consolider le positionnement du Mali dans la sous-région, de poursuivre les chantiers de développement de la Confédération de l’AES et de préparer la sortie annoncée du Mali, avec le Burkina Faso et le Niger, de la CEDEAO, qui sera effective en janvier 2025.

Mohamed Kenouvi

Le multilatéralisme ou l’échec

 À 82 ans, j’ai vécu d’innombrables bouleversements politiques et sociaux, suffisamment pour m’habituer aux cycles récurrents de l’histoire. Mais les événements récents m’ont profondément ébranlé et effrayé. Les principes fondamentaux du droit international, établis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sont mis à mal de manière flagrante. L’interdiction d’acquérir des territoires par la force, l’obligation de protéger les civils pendant les conflits, les limites du droit à l’autodéfense et le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies de « maintenir la paix et la sécurité internationales » sont en train de s’effilocher, sans que l’on se préoccupe vraiment des conséquences.

 

En Ukraine et à Gaza, l’occupation a été transformée en arme pour régler les différends, les civils servant de chair à canon et le droit à l’autodéfense étant déformé pour justifier des actes de représailles et de vengeance – à Gaza, ces actions sont à la limite du génocide. Pendant ce temps, les États-Unis et la Russie abusent régulièrement de leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, le réduisant à un organe édenté incapable d’appeler à un cessez-le-feu dans l’un ou l’autre conflit. Au milieu de cette agitation géopolitique, les exécutions extrajudiciaires, autrefois universellement condamnées, sont célébrées comme des triomphes.

Cet effondrement reflète la transformation rapide du système de sécurité multilatéral en un ordre multipolaire dominé par trois grandes puissances, chacune se concentrant sur la protection de ses intérêts et l’expansion de sa sphère d’influence, laissant le reste du monde dans une situation d’insécurité croissante. Dans le paysage mondial actuel, la règle cardinale semble être la suivante : avec suffisamment de pouvoir, les gouvernements peuvent s’en tirer à bon compte.

L’érosion des règles et des normes internationales est aggravée par une politique flagrante de deux poids, deux mesures. Le soutien inconditionnel des puissances occidentales aux actions d’Israël à Gaza et au Liban – justifié à maintes reprises par le refrain « Israël a le droit de se défendre » – contraste fortement avec les sanctions économiques sévères imposées à la Russie. Certes, la Russie a déclenché la guerre en Ukraine, tout comme le Hamas l’a fait à Gaza, mais les violations du droit international par Israël ont été si nombreuses et si flagrantes qu’il a effectivement assumé le rôle d’agresseur.

Cette politique de deux poids deux mesures a été durement ressentie dans les pays en développement, où l’on pense généralement que l’engagement des grandes démocraties en faveur des droits de l’homme s’arrête à leurs propres frontières. Par conséquent, un profond sentiment d’injustice et d’hypocrisie a intensifié la méfiance qui règne depuis longtemps entre le Nord et le Sud.

Il est alarmant de constater que les tensions géopolitiques s’aggravent au moment même où l’humanité est aux prises avec trois menaces existentielles qui nécessitent une coopération internationale étroite : le changement climatique, la course aux armements nucléaires et l’essor de l’intelligence artificielle.

La crise climatique s’est déjà transformée en une véritable catastrophe environnementale, marquée par des tempêtes, des inondations, des sécheresses et des incendies de forêt de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. Sans réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement de la planète devrait dépasser le seuil de 2° Celsius fixé par l’accord de Paris de 2015 sur le climat et atteindre 3°C d’ici la fin du siècle. Pourtant, la communauté internationale n’arrive pas à se mettre d’accord sur les actions et les financements nécessaires pour éviter la catastrophe. Le président élu américain Donald Trump, qui s’est retiré de l’accord de Paris au cours de son premier mandat, est largement susceptible de le faire à nouveau, mettant en péril les progrès vers une action climatique efficace.

De même, les efforts visant à atténuer la menace nucléaire ont régressé en une course effrénée aux armements. Contrairement à l’affirmation de Ronald Reagan et de Mikhaïl Gorbatchev selon laquelle « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée », certains États dotés de l’arme nucléaire affichent aujourd’hui ouvertement leurs stocks. La Russie, par exemple, a menacé à plusieurs reprises de déployer des armes nucléaires tactiques en Ukraine. Pour ajouter à ces dangers, le nouveau traité START – le dernier accord régissant les arsenaux des deux plus grandes puissances nucléaires du monde – doit expirer au début de l’année 2026.

À l’instar de l’énergie nucléaire, la lutte contre les risques posés par l’IA nécessite une surveillance et une collaboration à l’échelle mondiale. Toutefois, dans le climat actuel de confrontation et d’hostilité, une coopération significative entre les États-Unis, la Chine et la Russie est hautement improbable.

L’augmentation des inégalités, tant à l’intérieur des pays qu’entre eux, est un autre facteur majeur d’instabilité mondiale. Les disparités économiques, associées à la méfiance croissante du public à l’égard des élites, ont alimenté la récente montée du populisme. Cette situation est particulièrement préoccupante, car l’histoire a montré qu’une inégalité non maîtrisée crée un terrain fertile pour la montée des dirigeants autoritaires et fascistes.

Il est urgent d’adopter un nouvel état d’esprit. En l’absence d’un ordre de sécurité efficace et inclusif, la course mondiale aux armements s’intensifiera, augmentant la probabilité d’une guerre nucléaire. L’isolationnisme et les guerres commerciales, qui étouffent la croissance économique et remplacent l’État de droit par l’État de force, ne sont pas la solution. Au contraire, les gouvernements doivent reconnaître que la seule voie à suivre est celle de la coopération et du compromis.

Il est également nécessaire de reconnaître que la mondialisation, même si elle n’est pas exempte de défauts, apporte des avantages considérables. Face aux défis monumentaux d’aujourd’hui, nous pouvons soit œuvrer pour garantir la liberté et la sécurité pour tous, soit regarder le monde sombrer dans le chaos. À ceux qui appelleraient cela de l’idéalisme de pacotille, voici un réalisme à toute épreuve : sans un engagement renouvelé en faveur de la liberté, de l’égalité, de la dignité humaine et de la solidarité, nous sommes confrontés à la perspective bien réelle d’une ruine collective.

 

Mohamed ElBaradei, directeur général émérite de l’Agence internationale de l’énergie atomique et ancien vice-président de l’Égypte, a reçu le prix Nobel de la paix en 2005, conjointement avec l’AIEA.

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

1er Conseil des ministres sous le nouveau Premier ministre : Le Président de la Transition fixe les priorités

Le mercredi 27 novembre 2024, le Président de la Transition a présidé le premier Conseil des ministres depuis la nomination du Général de division Abdoulaye Maïga en tant que Premier ministre. Cette rencontre a permis de tracer les grandes lignes des actions à venir pour le gouvernement de transition, dans un contexte marqué par des défis sécuritaires, politiques et sociaux.

Le Président a défini des priorités claires pour l’équipe gouvernementale. La défense et la sécurité figurent en tête des préoccupations, avec un accent mis sur le renforcement des forces armées et la protection des populations. Les réformes politiques et institutionnelles ont également été mises en avant pour stabiliser les institutions et rétablir la confiance des citoyens.
La satisfaction des besoins fondamentaux, comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux infrastructures de base, constitue un axe stratégique essentiel. L’amélioration de la couverture sanitaire est prévue pour garantir des soins accessibles à tous, en particulier dans les zones rurales, tandis que le système éducatif sera modernisé pour répondre aux enjeux de développement.
Dans un souci d’apaisement, le Président a appelé à des efforts concertés pour améliorer le climat social, notamment par un dialogue inclusif. La diplomatie malienne devra être renforcée pour consolider les partenariats internationaux et redorer l’image du Mali. Enfin, l’organisation d’élections transparentes et crédibles a été soulignée comme une étape importante pour assurer une transition réussie.
Le Chef de l’État a exhorté le gouvernement à agir avec rigueur et efficacité, tout en appelant à l’unité nationale pour relever les défis actuels. Ce Conseil des ministres marque une nouvelle étape dans la gestion de la transition pour les prochains mois.

 

Insécurité alimentaire : le PAM et le Royaume de Belgique soutiennent le Mali

Le gouvernement du Mali, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), a organisé, le 26 novembre 2024, une cérémonie de remerciement à l’endroit de l’ambassade de Belgique pour son soutien à l’assistance des personnes en situation d’insécurité alimentaire.

Face à la situation alarmante d’insécurité alimentaire touchant environ 1 400 000 personnes au Mali, selon le Cadre Harmonisé de mars 2024, le Royaume de Belgique a fait un don de 3 millions d’euros (près d’un milliard neuf cent cinquante mille FCFA) au PAM pour la prise en charge des personnes affectées.
Avec cette contribution, le PAM pourra apporter une assistance vitale à près de 47 000 personnes, notamment des déplacés internes dans les zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire, dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Ménaka, Gao, Tombouctou et Kidal pendant 4 mois, selon Ibrahima Diallo, directeur pays par intérim du PAM.
Cet appui financier du Royaume de Belgique permettra également au PAM de renforcer ses activités nutritionnelles en apportant une aide à près de 6 000 accompagnants (principalement des mères) d’enfants de moins de 5 ans malnutris, hospitalisés dans les unités de réhabilitation nutritionnelle intensives (URENI).
Une partie de la contribution belge, soit 500 000 euros, sera également utilisée pour l’aide au service aérien humanitaire des Nations Unies géré par le PAM. Cela consiste à fournir aux ONG, aux agences onusiennes, aux organisations donatrices et aux missions diplomatiques au Mali un accès sûr, efficace et rapide aux communautés dans le besoin, à acheminer des cargaisons humanitaires légères et à assurer une capacité adéquate pour les évacuations médicales et la sécurité du personnel humanitaire.
« L’aide humanitaire reste une priorité pour la Belgique. Au Mali, notre ambassade agit depuis plus d’un an comme chef de file des bailleurs humanitaires, d’abord aux côtés de l’Allemagne et aujourd’hui avec la Suisse », a souligné Patrick Deboeck, chargé d’affaires à l’ambassade du Royaume de Belgique au Mali.
Quant au ministre, commissaire à la sécurité alimentaire, Mohamed Ag Redwane Ali, il a souligné que cette bienfaisante donation du Royaume de Belgique est venue au moment opportun pour renforcer les multiples efforts déployés par les plus hautes autorités du Mali, qui placent la sécurité alimentaire au premier rang des priorités nationales.
Il a également exprimé la profonde gratitude de toutes les populations maliennes bénéficiaires de ce généreux soutien.

 

CAN 2025 : Le Mali brille sous Tom Saintfiet et termine les qualifications en apothéose

Le 19 novembre 2024 au Stade du 26 Mars de Bamako les Aigles du Mali ont conclu en beauté leur campagne de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 en infligeant une défaite cinglante à l’Eswatini, 6 buts à 0. Cette rencontre, bien que sans enjeu majeur pour le Mali, déjà qualifié, a permis de démontrer la puissance offensive retrouvée de l’équipe sous la houlette de Tom Saintfiet.

Le match a été marqué par un triplé de Néné Dorgeles, une performance individuelle remarquable. Kamory Doumbia, fidèle à sa réputation, a également trouvé le chemin des filets, confirmant son rôle-clé au sein de l’attaque malienne. Les autres buteurs de la rencontre ont contribué à cette victoire éclatante, illustrant la profondeur et la diversité des talents offensifs disponibles.

Cette démonstration offensive est d’autant plus significative que jusqu’à cette 6ème journée le Mali n’avait pas inscrit plus d’un but par match lors des éliminatoires. Cette performance offensive souligne une évolution notable sous la direction de Tom Saintfiet.

Nommé sélectionneur des Aigles le 28 août 2024 , le technicien belge a rapidement imprimé sa marque sur l’équipe nationale. Depuis sa prise de fonction, le Mali a disputé six matchs sans connaître la défaite, enregistrant quatre victoires et deux matchs nuls. Sous sa direction, l’équipe a marqué dix buts et n’en a concédé qu’un seul, témoignant d’une solidité défensive et d’une efficacité offensive accrues.

Cette qualification marque également la dixième participation consécutive du Mali à une phase finale de la CAN, un record qui témoigne de la constance et de la compétitivité de la sélection sur la scène continentale.

Avec une phase de qualifications conclue de manière aussi convaincante, les perspectives pour les Aigles du Mali sont prometteuses. Sous la direction de Tom Saintfiet, l’équipe semble avoir trouvé un équilibre entre solidité en défense et efficacité en attaque, augurant de belles performances lors de la CAN 2025. Les supporters maliens peuvent légitimement nourrir de grands espoirs pour la phase finale de la compétition, prévue au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

MD

Les bébés du monde entier ont besoin d’antibiotiques, pas seulement de vaccins

Au cours des cinquante dernières années, le nombre d’enfants qui meurent avant d’atteindre l’âge de cinq ans a chuté de façon spectaculaire, passant d’environ 20 millions en 1960 à 4,9 millions en 2022, en grande partie grâce au Programme élargi de vaccination (PEV). Créé par l’Organisation mondiale de la santé en 1974, le PEV a connu un succès extraordinaire en permettant aux plus jeunes d’accéder aux vaccins, sauvant ainsi plus de 150 millions de vies. Mais si ces progrès méritent d’être célébrés, il reste encore beaucoup à faire, car les nouveau-nés représentent chaque année la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans, dont beaucoup sont dus à des infections.

 

Les progrès en matière de réduction de la mortalité néonatale ont toujours été beaucoup plus lents que pour les enfants de moins de cinq ans. Ils ont commencé à s’essouffler au cours des dernières décennies, malgré des réductions significatives de la transmission du VIH, de la syphilis et de l’hépatite de la mère à l’enfant. Cela s’explique par le fait que bon nombre de ces décès sont dus à des infections bactériennes qui peuvent être traitées, mais qui ne le sont pas. Pour inverser cette tendance, la communauté internationale doit veiller à ce que tous les enfants – en particulier dans les pays africains où se produisent la plupart de ces décès – puissent avoir accès aux antibiotiques, comme le PEV l’a fait pour les vaccins.

Les nourrissons sont particulièrement sensibles aux infections au cours des 28 premiers jours de leur vie. En tant que pédiatre, j’ai pu le constater directement lorsque j’étais plus jeune et que je travaillais dans l’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital Chris Hani Baragwanath à Soweto. Il est possible d’éviter certains types de maladies grâce à la prévention et au contrôle des infections, à l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, ainsi qu’aux vaccins. Mais pour celles qui ne peuvent être évitées, des antibiotiques sont nécessaires pour éviter d’autres complications telles que la septicémie, qui touche jusqu’à trois millions de nouveau-nés par an.

Malheureusement, la plupart des pays africains n’ont pas accès aux antibiotiques, existants et nouveaux, ce qui expose les bébés déjà vulnérables à un risque beaucoup plus élevé de mourir d’infections traitables. La pénurie de versions génériques s’explique en grande partie par le fait que les sociétés pharmaceutiques se sont progressivement retirées du marché des antibiotiques au cours des dernières décennies, en raison de leur faible rentabilité. De même, les nouveaux antibiotiques ne sont souvent vendus que dans les pays les plus riches ou sont hors de portée de la plupart des gouvernements et des citoyens africains.

Par exemple, moins de la moitié des nouveaux antibiotiques approuvés entre 1999 et 2014 ont été enregistrés dans plus de dix pays. Pire encore, seuls quatre des 40 nouveaux antibiotiques approuvés depuis 2000 sont labellisés pour un usage pédiatrique. Lorsque le développement de médicaments est motivé principalement par la rentabilité plutôt que par les besoins en matière de santé publique, les nourrissons des pays les plus pauvres – l’une des populations les plus vulnérables au monde – sont les grands oubliés de l’histoire.

Si les cliniciens ne peuvent accéder aux bons antibiotiques de première intention ou les utiliser en raison d’une infection résistante, ils se tournent souvent vers ceux qui sont spécialisés ou gardés en réserve en dernier recours. Ces substituts peuvent être moins efficaces et leur utilisation augmente le risque de développement d’une résistance aux médicaments, ce qui rend les infections plus difficiles à traiter à long terme (bien que les pays africains soient souvent privés de ces antibiotiques de dernier recours).

En conséquence, les enfants de moins de cinq ans représentent un décès sur cinq causé par des infections résistantes aux médicaments, et 99,7 % d’entre eux vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans le même temps, l’absence de traitement de ces infections chez les nouveau-nés alimente l’augmentation et la propagation de la résistance aux antimicrobiens (RAM), qui est déjà associée à 4,7 millions de décès par an.

Aucun pays ne peut s’attaquer seul à ce problème. Pour que tous les nourrissons soient protégés contre les infections, il faut une initiative mondiale à l’échelle du PEV afin d’aider les pays en développement à renforcer leurs capacités et leur surveillance, à identifier les antibiotiques nécessaires et à consolider leurs systèmes de santé. Il est tout aussi important d’augmenter considérablement la disponibilité des antibiotiques existants et de stimuler le développement de nouveaux antibiotiques sûrs et efficaces pour les enfants. Ces deux impératifs exigent de donner la priorité à la santé publique plutôt qu’au profit.

La réunion de haut niveau des Nations unies sur la résistance aux antimicrobiens a récemment débouché sur une déclaration politique engageant les pays à réduire de 10 % par an les décès liés à la résistance aux antimicrobiens dans le monde jusqu’en 2030. Les gouvernements donateurs peuvent commencer à le faire – et à sauver la vie de nouveau-nés – en soutenant des organisations comme la mienne, le Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques, qui s’efforcent d’améliorer l’accès aux antibiotiques et d’encourager leur développement.

Les exercices d’optimisation des médicaments pédiatriques de l’OMS ont permis d’établir une liste restreinte d’antibiotiques qui devraient être prioritaires par rapport à tous les autres pour un usage pédiatrique. Mais les parties prenantes, notamment l’OMS, les organismes de réglementation, l’industrie pharmaceutique, les promoteurs à but non lucratif et les experts en pédiatrie, doivent collaborer pour mener ces traitements jusqu’au stade du développement et de l’approbation. Prévenir les décès de nourrissons dus à des infections traitables contribuerait grandement à stopper la propagation de la résistance aux antimicrobiens et à préserver notre avenir.

 

Glenda Gray est présidente du conseil d’administration du Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques.

Project Syndicate, 2024.
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Françoise Huguier : « Il faut une réorganisation complète du secteur de la photographie »

Françoise Huguier, photographe française née en 1942, débute sa carrière en photographie en 1975, principalement dans la presse. Nommée membre de l’Académie des Beaux-Arts en janvier 2023, elle est également auteure d’une dizaine d’ouvrages. En 1984, elle découvre le Mali lorsqu’elle s’y rend pour photographier Mory Kanté et Salif Keita dans le cadre d’une commande. En 1994, elle propose aux autorités de l’époque d’organiser une rencontre dédiée à la photographie africaine à Bamako. Depuis trente ans, ces Rencontres ont tracé leur chemin. Elle partage ici son parcours, son regard sur la photographie et ses projets. Propos recueillis par Fatoumata Maguiraga

Comment est née la Biennale africaine de la photographie de Bamako ?

À Dakar, des expositions d’art sont régulièrement organisées. À Ouagadougou, un festival de cinéma existe. Mais à Bamako, il n’y avait rien… Je suis donc allée rencontrer le Président de l’époque, Alpha Oumar Konaré, que j’ai convaincu d’organiser une Biennale dédiée à la photographie. J’ai rencontré plusieurs photographes africains, notamment les Maliens Seydou Keita et Malick Sidibé. Nous avons invité le public à découvrir les photographies et organisé des prises de vue dans les rues. Les photographes ont exposé leurs œuvres dans divers lieux de la ville : à l’INA, à la Maison des anciens combattants et au Palais de la culture. Ainsi, la première édition des Rencontres de Bamako a vu le jour en 1994.

Pourquoi avoir choisi la photographie comme mode d’expression ?

La photographie m’a toujours fascinée par sa capacité à capturer des instants uniques et à raconter des histoires. Quand j’ai commencé, je travaillais surtout pour la presse, ce qui m’a permis de parcourir le monde et de documenter des réalités variées. C’est un moyen d’expression immédiat et puissant, qui ne nécessite pas de longues explications.

Trente ans après, quel est votre regard sur la Biennale africaine de la photographie ?

Cette année, je suis assez catastrophée. La qualité des tirages est décevante, bien que les photographies elles-mêmes soient excellentes. À l’époque, les tirages étaient réalisés sur place grâce aux laboratoires disponibles. Aujourd’hui, ce qui manque souvent, ce sont les explications. Dans une exposition, il est crucial de mentionner le nom du photographe et de fournir des informations sur l’intention derrière chaque photographie.

Que diriez-vous aux jeunes qui veulent aller vers la photographie ?

À Bamako, il y a beaucoup de photographes talentueux. Cependant, des problèmes subsistent, comme en France. La photographie de presse, par exemple, fonctionne de moins en moins. Ce ne sont pas les expositions qui permettent de gagner de l’argent, ni les livres, même si ces derniers restent importants pour se faire connaître. Une réorganisation complète du secteur est nécessaire et cette initiative doit venir du ministère.

Diriez-vous que la photographie professionnelle souffre de la concurrence du numérique ?

Je ne pense pas que ce soit une vraie concurrence. Une photographie, c’est avant tout un style, une histoire. Bien sûr, de nombreuses personnes prennent des photos avec leurs téléphones, mais cela ne remplace pas le travail d’un photographe. La photographie continue de fonctionner, mais il faut une entente entre tous les acteurs du secteur. J’espère également que les Africains et la diaspora travailleront ensemble pour éviter que d’autres pays n’imitent ce que fait le Mali. Il est important de voyager et de découvrir les tendances photographiques dans différents pays.

Vous avez commencé par la photographie de mode ?

Non, je faisais des reportages pour Libération. Ce journal a ensuite décidé de s’investir dans la mode et j’ai travaillé dans ce domaine pendant vingt-cinq ans. Cependant, je ne faisais pas que cela. Je pense qu’il est important de ne pas se spécialiser. Certaines personnes le font, mais ce n’est pas mon cas. Mes photos de mode ont toujours eu une approche proche du reportage.

Quels sont vos projets après la Biennale ?

Je travaille actuellement sur une monographie consacrée à l’Afrique. Il s’agit d’un ouvrage de 460 pages, qui débute et se termine au Mali, l’un de mes pays préférés. Le livre s’intitulera L’Afriquemoi. Il inclut des photographies du Sénégal, du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, du Niger, du Nigeria, du Cameroun, de l’Éthiopie et de l’Afrique du Sud, entre autres. Parallèlement, j’ai plusieurs expositions en préparation.

Comment transmettez-vous votre passion ?

Chaque année, j’organise des stages pour transmettre mes connaissances. Cependant, je reste photographe avant tout, pas professeure.

 

 

Retrait de la licence de Joliba TV : La chaîne dispose de trois jours pour contester la décision

La Haute Autorité de la Communication (HAC) a récemment décidé de retirer la licence de diffusion de la chaîne privée Joliba TV News. Cette décision fait suite à une plainte déposée le 12 novembre 2024 par le Conseil supérieur de la Communication du Burkina Faso, en réaction à des propos tenus par le politicien malien Issa Kaou N’Djim lors d’une émission diffusée sur Joliba TV News.

M. N’Djim aurait accusé les autorités burkinabè de mettre en scène une prétendue tentative de déstabilisation. Des déclarations jugées « gravissimes » par Ouagadougou. ​​
La HAC reproche à Joliba TV News des « manquements à l’éthique et à la déontologie journalistique, ainsi qu’une atteinte à l’honneur d’un chef d’État étranger ». La fermeture de la chaîne est prévue pour le 26 novembre 2024. ​​
Toutefois, Joliba TV News dispose d’un délai de trois jours pour contester cette décision devant une juridiction compétente. Si un recours est déposé, la mesure de retrait de licence pourrait être suspendue en attendant le verdict final. Il est donc possible que la situation évolue en fonction des actions entreprises par la chaîne et des décisions judiciaires à venir.
Il est important de noter que ce n’est pas la première fois que Joliba TV News fait l’objet de sanctions. En novembre 2022, la chaîne avait été suspendue pour deux mois par la HAC pour des propos jugés diffamatoires et des accusations infondées concernant l’instance de régulation et les autorités de la transition. ​

Le fonds de réponse aux pertes et dommages est-il en train de devenir une promesse creuse ?

Les inondations, vagues de chaleur, sécheresses, tempêtes et incendies de forêt ont jusqu’à présent provoqué cette année plusieurs milliers de décès, impacté la santé ainsi que les moyens de subsistance de millions de personnes, et causé des dommages à hauteur de dizaines de milliards de dollars – au moins 41 milliards $ au stade du mois de juin. En septembre et octobre, deux ouragans – Hélène et Milton – ont provoqué à eux seuls plus de 100 milliards $ de dégâts aux États-Unis. Les études récentes indiquent que les dommages climatiques pourraient coûter à l’économie mondiale entre 19 000 et 59 000 milliards $ par an d’ici l’année 2049. Le message est clair : nous devons mobiliser dès aujourd’hui d’importantes ressources financières pour le climat si nous entendons préserver notre avenir.

 

Tous les États ne partagent évidemment pas la même responsabilité dans la crise climatique. L’injustice fondamentale du changement climatique réside en ce que les pays qui ont le moins contribué au problème en subissent bien souvent les pires effets. En phase avec cette situation, l’accord de Paris 2015 sur le climat a énoncé que les économies développées devaient fournir des ressources financières en soutien des efforts d’atténuation et d’adaptation des pays en voie de développement.

Or, en l’état actuel des choses, les pays à revenu élevé ne consacrent qu’environ 100 milliards $ chaque année au financement public des efforts climatiques des économies en voie de développement, sachant par ailleurs que ce chiffre relativement faible est une nouveauté : alors que cet engagement a été formulé en 2009, il a été honoré pour la première fois en 2022 seulement – deux ans après la date initialement fixée. Cette situation est d’autant plus problématique que l’essentiel de ce soutien s’effectue sous la forme de prêts, notamment de financements non concessionnels.

La bonne nouvelle, c’est que durant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) qui se tient actuellement à Bakou, en Azerbaïdjan, il est prévu que les États s’entendent sur un objectif de financement actualisé : le « nouvel objectif collectif quantifié » (NOCQ) pour le financement climatique. La mauvaise, c’est qu’en dépit de près de trois ans de délibérations techniques et politiques – et leurs milliers de pages de soumissions officielles, d’études universitaires et de documents de plaidoyer – l’ampleur nécessaire du NOCQ demeure extrêmement débattue. À ce stade, il n’est absolument pas certain que les dirigeants mondiaux parviendront à un accord sur le NOCQ, et encore moins sur un objectif suffisamment ambitieux.

Les conséquences d’un tel échec seraient incalculables. Le NOCQ est en effet voué à jouer un rôle majeur dans la détermination de la prochaine phase de plans d’action climatique – les contributions déterminées au niveau national (CDN) – que les États soumettront en début d’année prochaine, conformément à l’accord de Paris. Si le NOCQ est insuffisant, les États se trouveront dans l’incapacité d’accomplir ce qui est nécessaire pour combler les lacunes mondiales en matière d’émissions et d’adaptation. Une partie seulement des CDN actuelles des pays en voie de développement représente entre 5 000 et 6 800 milliards $ d’ici 2030.

L’atténuation et l’adaptation ne constituent cependant qu’une partie du défi. Les économies en voie de développement sont en effet également confrontées à des pertes et dommages croissants – résultant non seulement d’événements climatiques extrêmes, mais également d’évolutions lentes telles que la fonte des glaciers, la désertification et l’élévation du niveau de la mer – qui pourraient leur coûter entre 447 et 894 milliards $ par an d’ici 2030. L’incapacité à convenir d’un NOCQ suffisamment robuste, notamment des financements de réponse aux pertes et dommages, affaiblirait un système international d’action climatique censé insister sur la solidarité et l’équité.

Cela ne semble toutefois pas préoccuper les pays développés : menés par les États-Unis, ils rejettent explicitement toute obligation de compenser les pertes et dommages des pays en voie de développement liés au changement climatique. Tout est d’ailleurs en place pour qu’ils se dérobent à leur responsabilité. En effet, alors que les pertes et dommages possèdent leur propre article dans l’accord de Paris (distinct de l’adaptation), ils ont été volontairement exclus des engagements financiers prévus par le pacte. Par ailleurs, les pays riches peuvent faire valoir l’idée selon laquelle cette question serait déjà couverte par le Fonds de réponse aux pertes et dommages (FRLD) créé l’an dernier lors de la COP28.

Or, cette affirmation n’est pas recevable, comme le démontre un examen plus attentif des dispositions du FRLD : toutes les contributions financières sont entièrement volontaires. Ces financements reposent sur « la coopération et la facilitation », et « n’impliquent ni responsabilité, ni compensation ».

De plus, les États-Unis ont anéanti la distinction entre pays riches et pays pauvres en tant que base des contributions au Fonds, avec des conséquences pour l’action collective dans le cadre du régime climatique international et de l’accord de Paris. Contrairement, par exemple, à la charte du Fonds vert pour le climat créé en 2010, le texte du FRLD ne désigne jamais explicitement les pays développés comme ceux qui doivent fournir le soutien financier.

Il n’est donc pas surprenant qu’un an après sa création, les promesses de dons au FRLD atteignent un total de seulement 702 millions $, et que peu d’engagements supplémentaires relatifs au fonds soient attendus à Bakou (un seul a été pris jusqu’à présent). Ce montant inclut un engagement dérisoire de 17,5 millions $ de la part des États-Unis – pays qui est de loin le plus grand émetteur de gaz à effet de serre de toute l’histoire. Ce chiffre est infiniment inférieur à la « juste part » de contribution que l’on attendrait des États-Unis, une part qui devrait en théorie s’élever d’après certaines estimations à 340 milliards $ par an (en soutien à la fois à l’adaptation et aux pertes et dommages).

Salué il y a un an comme un triomphe pour la justice climatique, le FRLD pourrait ainsi se révéler une victoire à la Pyrrhus, échouant non seulement à fournir le soutien dont les économies en voie de développement ont besoin pour faire face aux pertes et dommages liés au climat, mais servant également de prétexte à la non-inclusion de ce soutien dans le NOCQ. Il risque même de poser les bases d’une situation dans laquelle d’autres types de contributions financières climatiques deviendraient volontaires dans un avenir proche.

Les gouvernements et représentants de la société civile des pays en voie de développement présents à la COP29 doivent maintenir la pression sur les pays riches pour que ceux-ci formulent un NOCQ satisfaisant, contraignant les pays développés à fournir des financements climatiques, même si d’autres sont invités à y contribuer de manière volontaire. Les gouvernements des pays développés seront jugés sévèrement par l’opinion publique mondiale s’ils ne revoient pas leur approche insensible des négociations sur les financements climatiques, et s’ils ne fournissent pas les ressources suffisantes aux pays en voie de développement, qui souffrent d’une crise climatique qu’ils n’ont pas provoquée.

 

Liane Schalatek est directrice adjointe des bureaux de la Heinrich Böll Foundation à Washington DC.

Project Syndicate, 2024.
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Transition : Choguel K. Maïga remplacé par le Général Abdoulaye Maïga

Le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, a démis de ses fonctions le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, ainsi que l’ensemble de son gouvernement, le mercredi 20 novembre 2024. Cette décision, officialisée par un décret présidentiel, intervient dans un contexte politique marqué par de fortes tensions entre les autorités militaires et civiles. Elle ouvre une nouvelle étape pour la Transition avec la nomination du Général de division Abdoulaye Maïga à la Primature.

Lors d’un rassemblement du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) le 16 novembre dernier, Choguel Maïga avait exprimé son mécontentement quant à sa marginalisation dans les prises de décisions, notamment sur la prolongation de la transition politique. Il avait déclaré : « ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein du gouvernement ».

Cette prise de position a aggravé les tensions entre Choguel Maïga et les autorités militaires au pouvoir. Pour plusieurs observateurs, le Premier ministre, dont les relations avec les militaires étaient déjà tendues depuis plusieurs mois, a franchi la ligne rouge lors de cette sortie.

Pression populaire 

Les déclarations critiques de Choguel Maïga lors du meeting du 16 novembre ont provoqué des réactions vives de diverses associations et organisations de la société civile, qui ont réclamé son départ immédiat.

Menées par l’Alliance pour la refondation du Mali (AREMA), lors d’un meeting, le 19 novembre à l’occasion de l’An 1 de la reprise de Kidal, elles ont appelé le Président de la Transition à démettre le Chef du gouvernement de ses fonctions. Ces pressions ont sans doute contribué à la décision présidentielle de se séparer du locataire de la Primature.

Le jour même où la décision a été annoncée, le Conseil des ministres, habituellement programmé le mercredi, avait été reporté sans explication officielle. Bien que l’absence de plusieurs ministres ait pu justifier ce report, de nombreuses sources indiquaient que le Chef du gouvernement n’avait été informé qu’au dernier moment.

Des divergences étaient apparues depuis plusieurs mois entre Choguel Maïga et les militaires, qui étaient accusés de vouloir écarter le Premier ministre de ses fonctions. Un remaniement gouvernemental, en juillet 2023, avait déjà affaibli sa position, avec le départ de plusieurs de ses alliés proches perçu comme un avertissement à son encontre.

3 ans et 5 mois à la Primature

Nommé Premier ministre en juin 2021, Choguel Kokalla Maïga a joué un rôle-clé dans la transition politique au Mali. Initiateur de la rectification de la Transition, Il a été à la base des grandes réformes politiques et institutionnelles. Choguel Maïga a organisé les Assises nationales de la Refondation, dont les recommandations ont été déclinées en priorités gouvernementales, avec un calendrier de mise en œuvre et un plan de suivi-évaluation.

En 2022, il avait dû s’éloigner temporairement de ses fonctions pour des raisons de santé. Pendant son absence, le ministre de l’Administration territoriale et Porte-parole du gouvernement, le Général Abdoulaye Maïga, avait assuré l’intérim avant d’être nommé ministre d’État et Premier ministre « adjoint » lors du retour de Choguel Maïga.

Nouvelle phase

Le limogeage de Choguel Maïga et de son gouvernement ouvre une nouvelle phase d’incertitude politique au Mali, alors que le pays est toujours en quête de stabilité et de gouvernance démocratique. Cette décision reflète les tensions persistantes entre les autorités militaires et civiles concernant la gestion de la Transition et le calendrier électoral.

La prolongation de la Transition sans consultation préalable du gouvernement et le limogeage du Premier ministre pourraient être perçus comme les signes d’une concentration du pouvoir entre les mains des autorités militaires. Cette situation pourrait compromettre la crédibilité du processus de transition et de susciter des inquiétudes tant au niveau national qu’international.

En effet, très rapidement, en fin de matinée du jeudi 21 novembre 2024, a été désigné le nouveau Premier ministre pour le reste de la période transitoire. Il s’agit du Général de Division Abdoulaye Maïga, ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Ministre d’État, il joue un rôle central dans le gouvernement et a la confiance du Président de la Transition. Alors que l’élection présidentielle pourrait se tenir en 2025, sa nomination à la tête du gouvernement pourrait contribuer à rassurer la classe politique, avec laquelle il entretient de bons rapports.

Mohamed Kenouvi et Massiré Diop

Le G20 doit aider l’Afrique à combler le manque de financements climatiques

Dans un monde confronté à des défis climatiques sans précédent, l’attribution à l’Union africaine d’un siège permanent au G20 constitue une opportunité majeure. À l’heure où le continent subit des inondations, des sécheresses et des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et sévères – conséquences d’une crise dont il n’est pas à l’origine – l’Afrique a d’urgence besoin de soutien financier pour échapper à ce cycle de la dette et des catastrophes naturelles qui entrave sa résilience climatique et son développement durable.

La voie à suivre est claire : les riches économies du G20 doivent allier les actes à la parole, en fournissant des financements climatiques durables à long terme ainsi que des prêts concessionnels pour permettre à l’Afrique de combler l’actuel manque de financements. Les dirigeants du groupe se réuniront à Rio de Janeiro pour le sommet du G20 les 18 et 19 novembre, un événement qu’observeront attentivement les États du monde entier, et en particulier les pays africains.

L’attribution à l’Afrique d’un siège au G20 était attendue depuis longtemps. Elle illustre à la fois l’importance croissante et la gravité des crises auxquelles le continent est confronté. La simple représentation de l’Afrique au sein du groupe ne suffira pas néanmoins. Son inclusion doit se traduire par un soutien réel et par des bienfaits tangibles pour les communautés locales en proie à des défis économiques, environnementaux et énergétiques.

L’Afrique a trop longtemps été reléguée à la périphérie de l’économie mondiale. Maintenant qu’elle est représentée au G20, les plus grandes économies de la planète ont pour responsabilité de démanteler les structures enracinées qui maintiennent dans la pauvreté le continent et d’autres régions en voie de développement.

Le secteur de l’énergie en constitue l’une des illustrations frappantes. Malgré plusieurs décennies de promesses formulées par les dirigeants politiques, les énergies fossiles ont échoué à fournir de l’électricité à de vastes régions du continent. Quelque 600 millions d’Africains vivant encore aujourd’hui sans électricité, la « transition » énergétique de l’Afrique consiste moins à passer d’énergies polluantes à des énergies propres qu’à passer d’une absence d’énergie à des sources durables.

Les enjeux sont plus élevés que jamais. L’avenir de la croissance et de la prospérité de l’Afrique dépend de sa capacité à fournir un accès énergétique universel, abordable et fiable. Fort heureusement, le continent possède d’abondantes ressources d’énergies renouvelables, et, d’après les prévisions des experts, l’énergie solaire constituera d’ici 2030 la source d’électricité la moins coûteuse du continent.

Plus grand parc solaire au monde, le complexe solaire Noor Ouarzazate illustre ce que les pays africains sont capables d’accomplir lorsqu’ils bénéficient d’un soutien et de financements suffisants. De même, plusieurs projets tels que les centrales géothermiques Olkaria, situées au Kenya et financées par le gouvernement japonais, ou encore les parcs éoliens Adama en Éthiopie, soutenus par des prêts concessionnels chinois, démontrent que les objectifs énergétiques de l’Afrique sont tout à fait atteignables.

Pour libérer son immense potentiel en matière d’énergies renouvelables, l’Afrique a cependant besoin d’importants investissements financiers et soutiens techniques. Il est par conséquent nécessaire que le développement du continent s’inscrive au cœur de l’effort mondial visant à multiplier par trois la production d’énergies renouvelables d’ici 2030. La création d’opportunités économiques significatives pour les Africains impose d’enraciner cet effort dans des cadres fiables et autosuffisants répondant aux besoins des communautés locales, plutôt que de perpétuer le modèle d’exploitation des ressources qui caractérise les combustibles fossiles.

Si elle disposait d’une capacité énergétique élargie, l’Afrique pourrait développer des secteurs produisant des biens écologiques à valeur ajoutée, ce qui réduirait la dépendance du continent aux exportations de matières premières. Pour y parvenir, la sécurité énergétique ne suffit pas ; des réformes globales doivent être appliquées aux systèmes commerciaux mondiaux qui entravent la croissance économique et la compétitivité des pays en voie de développement. Le soutien du G20 est indispensable à cette transformation.

Le moment est venu de transformer les promesses en actions concrètes. Les conférences annuelles des Nations Unies sur les changements climatiques (COP), depuis longtemps caractérisées par des discours grandiloquents, ne peuvent plus constituer la simple tribune de gestes symboliques. Les pays du G20 doivent d’urgence formuler et honorer la promesse de fournir aux pays en développement 1 000 milliards $ par an de financements climatiques à long terme sous forme de subventions.

Ce chiffre n’est pas arbitraire ; pour les économies les moins développées de la planète, il correspond à la différence entre stagnation et progrès véritable. Le sommet du G20 au Brésil – qui coïncide avec la COP29 en Azerbaïdjan – peut contribuer à la sécurisation des fonds nécessaires, en créant des mécanismes de financement fiables et innovants, allant des taxes sur les ultra-riches jusqu’aux prélèvements sur les billets d’avion, les transactions financières ou encore la production fossile.

À mesure que s’intensifie la crise climatique, le système financier mondial doit évoluer pour soutenir ceux qui sont les plus touchés par ses effets dévastateurs. Pour rendre le financement du développement plus accessible et plus équitable, le G20 doit promouvoir des réformes essentielles, telles que l’augmentation des capitaux des banques multilatérales de développement et la simplification des procédures bureaucratiques.

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, fervent défenseur du Sud global, s’est exprimé cette année au sommet de l’Union africaine d’Addis-Abeba, et s’est engagé à tirer parti de la présidence brésilienne du G20 pour défendre les intérêts de l’Afrique. Cet acte de solidarité a préparé le terrain pour le sommet du G20, au cours duquel les dirigeants doivent répondre à l’urgence des financements climatiques. Pour les pays africains, ces fonds constituent bien plus qu’une aide financière ; ils représentent l’espoir d’un changement véritable, d’une résilience économique et d’un développement durable, dans un monde marqué par des inégalités, une fragilité environnementale et des crises sociales croissantes.

L’Afrique, le Brésil et le Sud global au sens large doivent tirer parti de leur influence au sein du G20 pour offrir des perspectives nouvelles et des stratégies pratiques de réponse aux crises mondiales actuelles. Ensemble, ces pays peuvent jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique, en promouvant des politiques et des partenariats visant à garantir un avenir durable.

Le siège permanent de l’Union africaine au sein du G20 constitue une étape historique, dont la véritable signification dépendra néanmoins de la manière dont elle utilisera ce siège pour créer un avenir dans lequel les pays africains pourront non seulement s’adapter aux crises, mais également les surmonter, en façonnant l’agenda climatique mondial aux côtés de leurs homologues plus fortunés.

 

Raila Amolo Odinga, ancien Premier ministre du Kenya (2008-2013), est candidat à la présidence de la Commission de l’Union africaine.

 

Project Syndicate, 2024.
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Travailleurs temporaires d’Orange Mali : L’audience reportée au 2 décembre

Plus d’une centaine de travailleurs temporaires réclament à Orange Mali, l’opérateur de téléphonie mobile, une régularisation de leur situation. Regroupés au sein du Comité syndical des Travailleurs temporaires d’Orange Mali (CSTTOM), ils ont assigné la société en justice. L’audience, prévue pour le 28 octobre 2024, a été reportée au 2 décembre 2024. En attendant les 151 travailleurs espèrent être régularisés, à défaut recevoir des réparations.

Hamet Doucouré est travailleur temporaire à Orange Mali depuis 6 ans. Il est lié à la société par un contrat signé via un cabinet de placement. Comme lui, plusieurs autres personnes sont dans la même situation, certaines depuis plus d’une dizaine d’années. Mis à la disposition d’Orange grâce à des contrats signés avec des cabinets de placement, ces travailleurs temporaires ont sollicité à plusieurs reprises la régularisation de leurs contrats. « Après plusieurs tentatives de dialogue restées vaines, nous avons décidé de saisir l’Inspection du Travail », explique M. Doucouré. Malgré cette saisine de l’Inspection nationale du Travail, la société n’a pas réagi, poursuit-il. À la suite de l’Inspection, la Direction nationale du Travail a émis une note technique le 24 janvier 2024. Dans celle-ci, elle relève que plusieurs indices indiquent qu’il s’agit d’un contrat de travail plutôt que d’un contrat de prestation de services.

Réparation ?

C’est depuis 2014 que ces travailleurs demandent une régularisation, expliquent-ils.  Les tentatives de dialogue n’ayant pas abouti, c’est en 2023 que ces derniers se sont constitués en syndicat. Ces employés sont constitués de deux groupes dont le premier, constitué de plus de 800 personnes, a été licencié sans préavis en 2023.  Ces dernières, selon les représentants des travailleurs, ont refusé le changement de contrat proposé par la direction alors même que leurs anciens contrats étaient en cours. Avec ceux restés en activité, environ une soixantaine, ils ont donc fini par porter l’affaire au niveau de la justice. Le 31 octobre, quelques jours après l’audience, ces derniers indiquent avoir reçu un mail  leur demandant de restituer les machines avec lesquels ils travaillaient et les informant d(être interdits d’accès aux bâtiments, sans notification. Une situation d’incertitude qui inquiète et plonge dans le désarroi ces travailleurs, qui déclarent avoir travaillé pour certains pendant 17 ans, sans « couverture sociale ». À défaut d’une régularisation, ces travailleurs, qui souhaitent « interpeller » sur leur situation, demandent une réparation pour « des soutiens de famille ».

Fatoumata Maguiraga

Législatives au Sénégal : La nouvelle majorité très attendue

Après sa victoire à la présidentielle de mars 2024, le parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) s’apprête à disposer d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale. La victoire de son parti à l’issue du scrutin anticipé du 17 novembre 2024 donne au Président Bassirou Diomaye Faye les moyens de mettre en œuvre sa politique de réforme.

Les Sénégalais viennent de donner un nouvel élan à l’envie de changement qu’ils avaient exprimée en élisant dès le premier tour l’actuel Président, Bassirou Diomaye Faye, lors du scrutin du 24 mars 2024.  Le Président et « son mentor », Ousmane Sonko, ont désormais « les mains libres » pour mener à bien leur programme, un plan de rupture annoncé à travers « Sénégal 2050 ». Le Pastef, selon les résultats provisoires, remporte 130 sièges de députés sur 165. Cette large victoire consacre l’arrivée d’une nouvelle génération, que de nombreux défis attendent déjà.

Défis majeurs

La nouvelle majorité fait face à plusieurs défis imminents, dont l’un des premiers est la programmation budgétaire. Retardée par la dissolution de l’Assemblée nationale, elle doit rapidement se faire pour avoir une visibilité sur le budget 2025. Avec la Déclaration de politique générale, que le Premier ministre Ousmane Sonko n’avait pas encore effectuée, les Sénégalais devraient mieux percevoir les chantiers promis par le duo Faye – Sonko. Dans la mise en œuvre concrète des mesures, la rationalisation et l’efficience budgétaire seront à l’ordre du jour, dit-il. La suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales et celle du Conseil économique et social, refusées par l’ancienne Assemblée Nationale, pourront désormais être actées. D’autres textes sur l’accès des entreprises à la commande publique ainsi que la révision des contrats miniers selon les intérêts du pays représentent d’autres enjeux importants.

Le nouveau régime a déclenché une lutte contre la corruption avec la mise en place d’un Pôle financier et judiciaire en septembre. Certaines personnalités sont dans le viseur et la lutte promet de s’intensifier avec la volonté des nouvelles autorités de renforcer l’arsenal juridique afin de poursuivre les anciens ministres et même l’ancien Président Macky Sall, a laissé entendre le Premier ministre Sonko. « Un exercice prioritaire », mais dont la mise en œuvre nécessite l’installation de la Haute cour de Justice, pour laquelle une majorité parlementaire est indispensable. Le coût de la vie, le chômage élevé et une population majoritairement jeune, dont de nombreux éléments continuent de partir à la recherche d’un meilleur avenir, sont aussi des défis auxquels sont confrontées les nouvelles autorités.

Fatoumata Maguiraga

Salon national de l’Emploi : Créer une synergie d’actions

Au Mali, le taux de chômage est estimé à 15,7% pour les 15 à 25 ans et à 10,04% pour les 15 à 35 ans. Cette situation est aggravée par la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis 2012. C’est dans ce cadre que les autorités en charge de l’Emploi ont initié la première édition du Salon national de l’Emploi du 21 au 22 novembre 2024. Un espace destiné à mettre en contact les promoteurs d’emplois, les financeurs et les demandeurs d’emplois afin de susciter une synergie d’actions.

L’une des conséquences de la crise qui perdure est sans doute « la destruction des moyens de production et la fermeture des entreprises créatrices d’emplois », qui constitue, selon les initiateurs, l’une des motivations de la tenue de ce salon. À cette raison s’ajoute l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché, qui constitue depuis plusieurs années l’un des défis du fort taux de chômage des jeunes. Des jeunes également confrontés au manque d’opportunités et au manque d’informations sur le marché du travail. Ce salon se tient également à un moment où le Mali est confronté à une crise énergétique inédite. Un facteur supplémentaire qui affecte les entreprises et occasionne des pertes d’emplois.

Cadre dynamique

En initiant le Salon de l’Emploi, les autorités en charge de la question entendent créer un cadre dynamique où promoteurs, demandeurs d’emplois, investisseurs et  intermédiaires agiront en synergie pour faciliter les échanges et répondre aux besoins de tous. Ces journées devront également se pencher sur la question spécifique des 859 travailleurs civils maliens dont les emplois ont pris fin avec la fin de la Mission multidimensionnelle de stabilisation du Mali (MINUSMA).

À l’issue du salon, les initiateurs visent à mobiliser et informer 400 acteurs de l’emploi et de la formation professionnelle. Il doit aussi permettre de faciliter les rencontres entre au moins 1 000 demandeurs d’emplois et porteurs de projets et des entreprises et des sources de financement. En associant les acteurs de la formation professionnelle, il s’agit de parvenir à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. Il s’agit d’un véritable défi, car chaque année ce sont environ 300 000 demandeurs d’emplois qui arrivent sur le marché. Pour atteindre son ambition des « Solutions nationales à l’emploi : Un avenir professionnel pour tous », en écho à son thème central, le salon devra aller au-delà des slogans.

Fatoumata Maguiraga

Chiffres :

Acteurs mobilisés : 400

Demandeurs d’emploi, entreprises, sources de financement : 1 000

HCIM : Le difficile compromis

Entamé en 2019, le mandat de l’actuel Bureau du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), dirigé par Chérif Ousmane Madani Haïdara, est arrivé à terme en octobre dernier. Contrairement au consensus qui avait prévalu il y a cinq ans, le renouvellement du Bureau de l’organisation musulmane nationale bute sur les divergences entre différents camps. Si des démarches sont en cours pour les rapprocher, un compromis semble encore loin d’être trouvé.

À deux reprises, le 4ème Congrès ordinaire qui devait renouveler les organes du Haut Conseil islamique du Mali a été reporté. Initialement prévu les 26 et 27 octobre 2024, le Congrès a d’abord été repoussé aux 9 et 10 novembre avant d’être reporté sine die.

Selon nos informations, recoupées auprès de sources internes au HCIM, ces reports répétés sont dus à plusieurs causes. Le premier est intervenu essentiellement en raison d’insuffisances techniques et financières sur le plan organisationnel. Les préparatifs matériels n’étaient en effet pas entièrement finalisés aux dates initiales prévues.

À cette situation s’est ajouté le manque de consensus autour du poste de Président de la structure, une divergence à l’origine du second report survenu le 9 novembre.

« Nous n’arrivions pas à trouver un consensus. En plus, il y avait quelques problèmes matériels. Nous avons donc décidé de reporter l’organisation du Congrès en attendant de pouvoir nous mettre d’accord », explique Habib Kane, Secrétaire à la Communication du HCIM. Il confie par ailleurs que l’objectif était de parvenir à un consensus autour du Bureau actuel, conformément aux textes du Haut Conseil islamique qui priorisent cette méthode.

Difficile consensus

L’augmentation du nombre de candidatures pour le poste de Président du HCIM a rendu complexe la recherche d’un consensus au sein de la structure. Selon nos informations, au moins 11 candidats sont en lice. Cependant, aucune liste définitive officielle n’a encore été rendue publique par la Commission d’organisation du Congrès, qui n’a pas encore examiné les dossiers des différents prétendants.

Parmi ces 11 candidatures, 9 sont externes au Bureau sortant du HCIM et 2 en proviennent. Ces dernières incluent le Président sortant, Chérif Ousmane Madani Haïdara, candidat à sa propre succession, et Cheick Soufi Bilal Diallo, Président de la Commission de Contrôle du Bureau sortant. Ces 2 candidats sont les principaux protagonistes de l’élection à venir. Mais les 2 camps peinent à s’accorder par consensus sur le futur Président du HCIM pour les cinq prochaines années.

« Il n’y a pas d’entente pour l’élection du Président. Une tendance dit tout sauf le Président sortant tandis qu’une autre répond le Président sortant ou personne », résume Mohamed Kimbiri, 1er Secrétaire à l’Organisation du HCIM.

Soutenant la candidature de Cheick Soufi Bilal Diallo, le Rassemblement des Musulmans pour l’Union et la Paix (RMUP), un collectif créé en août 2024, critique la gestion de Chérif Ousmane Madani Haïdara lors de son mandat, désormais arrivé à terme.

Le RMUP souligne notamment ses « multiples absences enregistrées aux différentes réunions du Haut Conseil islamique du Mali », ses « divers propos controversés lors des actes de profanation des symboles de l’Islam » ainsi que sa méconnaissance des textes du Haut Conseil islamique, ayant conduit l’organisation faîtière des musulmans à poser des « actes de division » et à installer une « oligarchie déguisée ».

La composition de la Commission d’organisation du Congrès constitue un autre point de discorde. Selon le RMUP, cette commission, jugée proche du Président sortant, devrait être reconstituée pour garantir une équité entre les deux principaux prétendants à la présidence du HCIM.

« Ils ont demandé la dissolution de la Commission d’organisation au profit d’un Comité mixte plus inclusif. C’est une doléance qui reste posée et des démarches sont en cours pour que cela soit effectif », confirme Cheick Soufi Bilal Diallo.

De son côté, le Président sortant du HCIM n’a pas répondu à ces accusations. Cependant, selon nos sources, Chérif Ousmane Madani Haïdara bénéficie du soutien de plusieurs associations et membres influents du Bureau de l’organisation.

Quelle porte de sortie ?

Depuis le dernier report du Congrès, plusieurs démarches sont en cours pour rapprocher les positions des deux camps en vue d’installer un nouveau Bureau par voie de consensus.

« Plusieurs organisations de la société civile, notamment le Conseil national de la société civile, la Coordination des chefs de quartiers de Bamako, les légitimités traditionnelles, ou encore le Collectif des associations musulmanes du Mali, travaillent en coulisse pour qu’un compromis soit trouvé », assure Mohamed Kimbiri. « Il est important d’arriver à un compromis, car une telle situation est une honte pour l’Islam », ajoute-t-il.

Si le ton semble dur et la position tranchée au sein du RMUP, qui soutient la candidature de Cheick Soufi Bilal Diallo, ce dernier se montre néanmoins ouvert aux discussions.

« Avant tout, nous sommes des Musulmans. L’Islam est une religion de paix, d’amour et d’entente entre frères. Dans la situation où nous sommes, la priorité est de trouver un consensus nous permettant d’avoir une porte de sortie honorable. Les négociations et les rencontres continuent dans ce sens », affirme le guide spirituel de la communauté soufie.

Même si un compromis semble difficile à atteindre, les membres du Bureau national du HCIM restent déterminés à y parvenir, même si cela doit prendre du temps.

« Lors de notre dernière réunion, les deux camps avaient décidé d’aller aux élections. Mais la majorité a estimé qu’il fallait continuer le dialogue, car toutes les options n’avaient pas encore été explorées. Nous nous sommes donné un peu de temps pour réfléchir et les discussions reprendront bientôt », explique Habib Kane.

« Nous avons décidé de calmer le jeu et de nous accorder un moment pour que chacun puisse réfléchir avant de reprendre les négociations pour le consensus », poursuit le Secrétaire à la communication du HCIM.

Pour maximiser les chances de sortie de crise, une Commission interne a été créée au sein du Bureau pour trouver des solutions. Le Conseil des sages du HCIM, jusque-là peu impliqué, a également été mobilisé pour contribuer aux démarches.

Nouvelles dates ?

Pour l’instant, aucune nouvelle date n’a été annoncée pour la tenue du 4ème Congrès ordinaire. Les sources internes que nous avons contactées s’accordent sur la nécessité de trouver un compromis avant de fixer un calendrier. D’ailleurs, dans l’histoire du HCIM, comme le rappelle Mohamed Kimbiri, presque tous les mandats ont été prorogés d’une année supplémentaire.

« Ce ne sera pas une exception si le mandat du Président sortant s’étend à une année supplémentaire. Cela est déjà arrivé plusieurs fois au HCIM », glisse-t-il.

Mais s’achemine-t-on vers une nouvelle prorogation ? « Nous ne pouvons pas nous permettre de rester dans l’impasse. Une solution sera trouvée prochainement », conclut Habib Kane.

Mohamed Kenouvi

L’agriculture carbone ne sauvera pas la planète

Les sols sains sont indispensables à la vie sur Terre, assurant la subsistance d’environ 60 % des êtres vivants. Deuxième plus grand réservoir de carbone après les océans, les sols comptent également parmi les plus importants atouts naturels de notre planète dans la lutte contre le changement climatique.

Or, les sols mondiaux sont soumis à une pression considérable. Les sécheresses sont de plus en plus nombreuses à transformer des terres fertiles en déserts, de même que l’utilisation de pesticides réduit fortement la biodiversité des sols, ce qui menace notre capacité à produire des aliments sains. Les terres agricoles de qualité devenant de plus en plus rares, les conflits s’intensifient autour d’une couche arable indispensable à la croissance des cultures.

Le récent atlas des sols de la Heinrich Böll Foundation met en évidence les nombreuses manières dont nous malmenons la terre qui nous nourrit. L’actuel système agricole industriel constitue un facteur majeur de dégradation des sols, accélérant la perte de biodiversité et l’épuisement de réservoirs de carbone vitaux. Or, malgré l’impact qu’il exerce, le secteur agricole réalise peu d’avancées sur la voie des objectifs climatiques. Sur la période des dix dernières années, ses émissions mondiales de gaz à effet de serre sont globalement restées stables.

Tandis que les États du monde entier fixent actuellement de nouveaux objectifs de réduction des émissions en vertu de l’accord de Paris 2015 sur le climat, il apparaît évident que l’accomplissement de véritables réductions des émissions nécessitera d’élaborer des stratégies de diminution de l’empreinte carbone du secteur agricole.

L’une des approches présentées comme une solution potentielle réside dans « l’agriculture carbone », qui consiste à user de mécanismes de marché incitatifs pour récompenser les agriculteurs qui stockent du carbone dans leurs sols. En adoptant des pratiques telles que la plantation de cultures de couverture végétale, les agriculteurs peuvent obtenir des certificats liés à l’amélioration du stockage de carbone. Ces certificats peuvent ensuite être vendus en tant que crédits carbone sur les marchés volontaires ou réglementés, conférant ainsi aux agriculteurs une source de revenus supplémentaire.

Ce concept gagne du terrain à la fois dans le domaine des politiques publiques et dans le secteur privé. Plusieurs sociétés d’engrais et de pesticides, telles que Yara et Bayer, ont d’ores et déjà lancé leurs propres programmes de certification, et certains grands pays producteurs agricoles, dont le Canada et l’Australie, ont intégré ces crédits dans leurs marchés. L’Union européenne élabore également un programme de certification pour l’agriculture carbone, et cette tendance sera probablement suivie par les marchés mondiaux du carbone.

Malheureusement, cette nouvelle popularité de l’agriculture carbone risque de perpétuer l’idée fausse selon laquelle la réduction des émissions et le stockage de carbone dans les sols seraient interchangeables. Même si l’on admettait cette hypothèse, l’élaboration d’un système de compensation des émissions via le stockage de carbone demeurerait extrêmement difficile. Pour qu’un tel système soit efficace, le stockage devrait reposer sur un changement dans les pratiques agricoles, être mesurable, et rester en place pendant au moins un siècle.

Or, le carbone stocké dans les sols étant intrinsèquement instable, et facilement susceptible d’être à nouveau libéré dans l’atmosphère en cas de sécheresses, d’inondations ou de changements dans les pratiques agricoles, le stockage à long terme demeure extrêmement peu fiable.

Plusieurs tentatives précédentes de résolution de ce problème d’instabilité, au sein d’autres réservoirs naturels, ont échoué. À titre d’exemple, les crédits de stockage mis en place en Californie pour compenser les libérations accidentelles de carbone issu des forêts s’épuisent plus rapidement que prévu à l’issue de violents incendies de forêt dans cet État. De même, les crédits accompagnés de dates d’expiration, imposant aux acheteurs un renouvèlement périodique, suscitent peu d’intérêt.

Bien qu’il soit possible de mesurer le carbone stocké dans les sols, c’est à la fois difficile et coûteux. L’exactitude des mesures dépend par ailleurs de multiples facteurs, tels que la profondeur du prélèvement, sa localisation, ainsi que la période. Les méthodes alternatives, basées sur des échantillonnages limités ou sur des modèles mathématiques, échouent à résoudre ces difficultés liées aux mesures.

Les prix des crédits carbone liés aux sols étant trop peu élevés pour couvrir les coûts des changements dans les pratiques agricoles, les agriculteurs sont peu enclins à les adopter. Résultat, les régulateurs européens ont choisi de faciliter l’attribution de crédits, plutôt que de revoir les incitations financières, ce qui compromet en fin de compte l’intégrité du système.

Au-delà de ces défis méthodologiques, l’agriculture carbone sert parfois d’écran de fumée au secteur de l’élevage. Plusieurs groupes industriels prétendent que le stockage de carbone dans les pâturages permet de compenser les émissions de méthane et d’oxyde nitreux. C’est très peu probable, car cela nécessiterait d’immenses quantités de prairies. Il est aujourd’hui démontré que le moyen le plus efficace de réduire les émissions issues du bétail consiste à réduire les cheptels et la consommation de viande ainsi que de produits laitiers.

L’approche du marché carbone sous-entend la nécessité de faire un choix entre préserver la santé des sols et réduire les émissions. En réalité, les deux sont nécessaires, puisque la santé des sols est essentielle à la production alimentaire. Comme l’explique le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la séquestration du carbone dans les sols – ou ailleurs – ne saurait remplacer la réduction des émissions. Le fait d’œuvrer pour la réduction des émissions, plutôt que de recourir simplement aux crédits de stockage dans les sols, présenterait également l’avantage de limiter l’attrait pour des technologies controversées consistant à éliminer le carbone de l’atmosphère.

Autrement dit, une approche de stockage du carbone fondée sur le marché ne produira pas le changement radical dont nous avons besoin. Nous ne sortirons pas de la crise climatique par le truchement des compensations. Il nous faut davantage réorienter les fonds publics actuellement dépensés en subventions agricoles, en direction d’investissements qui améliorent la santé des sols, et qui soutiennent les agriculteurs dans leur transition vers un système alimentaire résilient face au climat.

 

Sophie Scherger est responsable des politiques relatives au climat et à l’agriculture au sein des bureaux européens de l’Institute for Agriculture and Trade Policy.

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

Les forces vives commémorent la libération de Kidal

Le 14 novembre 2023, l’armée malienne a repris le contrôle total de la ville de Kidal qui était depuis plusieurs années aux mains des groupes armés rebelles. Pour célébrer le premier anniversaire de cet évènement historique, une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, menées par l’Alliance pour la Refondation du Mali (AREMA) ont tenu mardi 19 novembre 2024, un grand meeting au CICB.

Ce meeting s’est déroulé dans la salle des 1000 places, pleine à craquer, plongée dans une ambiance festive des grands jours. Des centaines de jeunes ont répondu à l’appel des forces vives pour rendre un hommage mérité aux FAMa et leur réaffirmer le soutien du peuple malien ainsi qu’aux plus hautes autorités de la Transition.

Dans son adresse, Mohamed Ag Mohamedoun Haidara, Président de l’AREMA, qui s’exprimait au nom de tous les partis politiques et organisations de la société civile, initiateurs de la rencontre, a salué le sens du sacrifice des militaires au front qui se battent pour que le Mali soit.

« En ce jour de la commémoration de la liberté de Kidal, nous exprimons notre profonde gratitude et notre admiration envers nos soldats, ces héros invisibles qui se battent chaque jour loin de chez eux pour défendre nos valeurs face au terrorisme, à l’extrémisme et à l’obscurantisme », a-t-il souligné.

« Par l’intention courageuse et la présence sur le terrain de nos soldats,  ils assurent la préservation de notre intégrité territoriale et contribuent à rétablir la sécurité non seulement pour nous mais aussi pour les générations futures », a poursuivi M. Haidara.

Choguel Maiga décrié

En plus de la commémoration  de la libération de Kidal, le meeting du 19 novembre a été aussi l’occasion pour les partis politiques et organisations de la société civile, soutiens de la transition, de condamner les propos controversés de Choguel Kokalla Maiga sur la gestion de la transition  tenus le 16 novembre dernier dans cette même salle du CICB.

Pour le Président de l’AREMA, en raison de son discours qui fragilise davantage l’unité nationale, il est intolérable que Choguel Kokalla Maiga puisse rester à son poste de Premier ministre.

Plusieurs slogans et affiches avec des messages hostiles au président du Comité stratégique du M5-RFP étaient également visibles sur les lieux : « Choguel Kokalla Maiga, le peuple vous confirme la fin de votre mission », « Carton rouge pour Choguel Kokalla Maiga », « le PM a trahi le président » ou encore « Choguel tu fais quoi encore au gouvernement ? »

Ces messages ont visiblement été bien reçus par le Président de la transition puisque 24h après le meeting, le Premier ministre a été démis de ses fonctions et remplacé dans la foulée par le Général de division Abdoulaye Maiga.

Le meeting populaire du 19 novembre a été aussi marqué par la projection d’un film retraçant les plus grandes réalisations de la transition et la prestation de quelques artistes.

Mohamed Kenouvi

 

Tension politique: Le Premier ministre et son gouvernement limogés

L’annonce a été faite, ce mercredi 20 novembre suite à un décret présidentiel lu à télévision nationale. Le président de la Transition, le Général Assimi Goïta a mis fin aux fonctions du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et de son gouvernement.

Cette décision intervient après des tensions persistantes au sein de l’exécutif.

On se souvient que lors d’un meeting le 16 novembre 2024, Choguel Maïga avait critiqué sa mise à l’écart des décisions importantes, notamment sur la prolongation de la transition qui devait initialement prendre fin en mars dernier. Le conseil des ministres, prévu ce mercredi 20 novembre, a été reporté sans explications officielles.
Nommé Premier ministre en juin 2021, Choguel Maïga a vu son mandat marqué par des divergences avec les autorités militaires et un remaniement en 2023 ayant affaibli sa position. Aucun successeur n’a encore été annoncé.

Les problèmes se cachent sous la surface de la conservation des océans

 L’océan est notre plus grande ressource naturelle. Il fournit la moitié de l’oxygène de la planète, contribue à nourrir la moitié de la population mondiale et, en tant que plus grand puits de carbone du monde, constitue l’une de nos meilleures défenses contre le changement climatique. Mais elle est attaquée comme jamais auparavant.

Les températures de surface de la mer sont plus élevées que jamais, ce qui tue la vie marine et renforce les ouragans. De nombreuses populations de gros poissons ont été décimées. La moitié des récifs coralliens, qui servent d’habitats essentiels à la vie marine et de défenses côtières vitales, ont été détruits. Cette dégradation durable des océans menace la vie humaine dans le monde entier. Il est essentiel d’y mettre un terme, et la bonne nouvelle est qu’un cadre a déjà été mis en place à cet effet.

Il y a deux ans, le monde a adopté le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, qui fixe comme objectif la protection et la conservation d’au moins 30 % des terres et des océans de la planète d’ici à 2030. Le mois dernier, lors de la COP16, la conférence des Nations unies sur la biodiversité qui s’est tenue à Cali, en Colombie, les représentants des gouvernements du monde entier ont fait le point sur les progrès accomplis jusqu’à présent. Ce qui ressort, c’est que le pays hôte est un exemple à la fois de ce qui est possible et du travail qu’il reste à accomplir.

Au cours de la dernière décennie, la Colombie s’est imposée comme un leader mondial en matière de conservation, et ce pour de bonnes raisons. La Colombie est l’un des pays où la biodiversité est la plus riche au monde. C’est l’un des deux seuls pays d’Amérique du Sud à posséder des côtes pacifique et atlantique et son avenir est inextricablement lié aux masses d’eau qui l’entourent. En 2022, le gouvernement a annoncé qu’il avait protégé 30 % de sa zone océanique. La Colombie a été le premier pays de l’hémisphère occidental à le faire, incitant d’autres pays d’Amérique latine à suivre son exemple.

Un nouveau rapport, commandé par Bloomberg Philanthropies par l’intermédiaire du Bloomberg Ocean Fund et élaboré en partenariat avec d’autres grandes organisations de conservation marine, montre que l’Amérique latine est désormais à la pointe de la protection marine mondiale. Environ 26 % de la zone maritime entourant l’Amérique latine et les Caraïbes fait désormais l’objet d’une forme ou d’une autre de protection marine, ce qui est plus élevé que dans n’importe quelle autre région du monde.

Cependant, cette statistique ne reflète que la couverture des zones marines protégées officielles. Elle ne nous dit pas ce qui se passe sous l’eau. Malheureusement, les données sont beaucoup moins prometteuses. Seuls 2,5 % des océans de la région, et à peine 1,5 % de la zone maritime de la Colombie, semblent bénéficier du niveau de protection nécessaire à la conservation de la vie marine.

Le tableau est encore plus sombre dans le reste du monde. Le Royaume-Uni, par exemple, a désigné 47 % de ses eaux intérieures (à l’exclusion des territoires d’outre-mer) comme zones marines protégées, mais moins de 1 % d’entre elles ont été évaluées comme étant effectivement protégées. Le Japon, quant à lui, a désigné 7,3 % de ses eaux intérieures comme zones marines protégées, dont 0 % a été évalué comme étant effectivement protégé.

Reconnaissant la nécessité d’un changement de cap urgent, le rapport du Fonds Bloomberg pour les océans présente une série d’étapes cruciales pour aider les gouvernements à protéger efficacement 30 % de leurs zones océaniques d’ici à 2030. Mais, comme Mike Bloomberg aime à le dire : Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pouvez pas le gérer.

Il est donc essentiel d’améliorer la collecte de données. En disposant de plus d’informations exploitables, les pays peuvent mieux suivre leurs progrès. Les principales parties prenantes – notamment les communautés côtières locales – peuvent participer plus pleinement aux efforts de conservation. Pour ce faire, nous devons mettre à la disposition d’un plus grand nombre de personnes des outils qui se sont révélés inestimables pour favoriser la transparence et la responsabilité, tels que le 30×30 Progress Tracker de SkyTruth.

Le rapport exhorte également les pays riches à tenir leurs promesses. En 2022, les gouvernements des pays du Nord se sont engagés à augmenter le financement des pays en développement pour atteindre au moins 20 milliards de dollars par an d’ici 2025 et 30 milliards de dollars d’ici 2030. Cependant, peu de ces fonds ont été versés. Bien que les 163 millions de dollars de nouvelles promesses annoncées récemment par les pays donateurs soient les bienvenus, ces sommes ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan. Un financement bien plus important est désespérément nécessaire pour soutenir les efforts de conservation en Amérique latine et dans d’autres régions, en particulier dans les pays du Sud. Et il va sans dire que les financements promis doivent être versés en temps voulu.

Les négociations de la COP16 ayant été suspendues jusqu’à une date ultérieure, l’enjeu de la réussite ne pourrait être plus important. Des milliards de vies dépendent d’une action mondiale urgente pour protéger les océans. Il est impératif qu’un plus grand nombre de pays prennent des mesures énergiques pour adopter des engagements ambitieux, ainsi que les politiques et pratiques concrètes nécessaires à leur mise en œuvre.

César Gaviria, ancien président de la Colombie, est membre du conseil d’administration d’Oceana. Patti Harris est directrice générale de Bloomberg Philanthropies.

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

Nouveau RSUE : João Cravinho nommé pour un nouveau chapitre dans les relations UE-Sahel

Désigné ce lundi 18 novembre 2024, João Cravinho, ancien ministre des Affaires étrangères du Portugal, prendra ses fonctions le 1er décembre prochain, en tant que représentant spécial de l’Union européenne (RSUE) pour le Sahel.

 

Cette nomination intervient à un moment critique, alors que les relations entre l’UE et les pays sahéliens tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont marquées par des tensions liées aux transitions politiques en cours.

Le mandat de João Cravinho s’étendra sur 21 mois, jusqu’en août 2026. Il succède à Emanuela Claudia Del Re, qui occupait ce poste depuis juillet 2021. En tant que quatrième RSUE pour le Sahel, après Michel Dominique Reveyrand-De Menthon (2013-2015), Ángel Losada Fernández (2015-2021) et Emanuela Claudia Del Re (2021-2024), M. Cravinho aura pour mission de renforcer la coopération entre l’UE et les pays du Sahel, en mettant l’accent sur la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable.
La région du Sahel est confrontée à des défis majeurs, notamment l’instabilité politique, le terrorisme et la criminalité transfrontalière. Avec les transitions politiques au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les relations avec l’UE sont au point mort, nécessitant une approche diplomatique nuancée. João Cravinho apportera son expérience en matière de politique étrangère et de défense pour naviguer dans ce paysage complexe.
Priorités du mandat
Parmi les priorités de M. Cravinho figure le renforcement de la coopération sécuritaire en collaborant avec les gouvernements locaux et les organisations régionales pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée. Il y a aussi le soutien aux transitions politiques à travers l’accompagner des processus de transition vers des gouvernements civils stables et démocratiques. Aussi, il s’agira pour lui de promouvoir le développement durable en encourageant des initiatives économiques et sociales visant à améliorer les conditions de vie des populations sahéliennes.
La nomination de João Cravinho reflète la volonté de l’UE de renouveler son engagement envers le Sahel. Son expertise et sa connaissance des dynamiques internationales seront des atouts pour renforcer les relations entre l’UE et les pays sahéliens, en favorisant une approche intégrée des défis régionaux.
L’arrivée de João Cravinho en tant que RSUE pour le Sahel marque une étape importante dans les efforts de l’UE pour promouvoir la stabilité et le développement dans cette région stratégique.​​

L’action climatique multilatérale est la seule voie possible

Notre monde se situe à une croisée des chemins. Les effets dévastateurs du réchauffement climatique sont de plus en plus évidents, et la crise s’aggrave. Pour l’atténuer, il est impératif de réduire d’urgence les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si nous n’agissons pas maintenant, le tribut humain et économique s’alourdira.

 

La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, offre l’opportunité unique d’une action collective efficace. Dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et d’incertitude mondiale, la COP29 constituera la mise à l’épreuve du système multilatéral sur lequel repose la capacité de l’humanité à surmonter cette menace existentielle.

Les bases de l’action coordonnée ont été posées à Rio de Janeiro en 1992, avec la création de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui a instauré la Conférence des Parties (COP) annuelle afin de promouvoir des solutions basées sur le consensus. La philosophie était simple : le changement climatique étant un problème mondial, sa résolution nécessite une approche collaborative.

La CCNUCC favorise la coopération entre les petits pays et les superpuissances, permet aux organisations de la société civile de dialoguer directement avec les gouvernements, et facilite les transferts de technologie transfrontaliers. Peut-être plus important encore, elle fournit un cadre pour l’action collective, dans lequel les efforts de chaque pays encouragent les autres à intensifier leurs propres actions.

Bien que le Protocole de Kyoto de 1997 ait fixé des objectifs de réduction des émissions pour les économies développées, il est rapidement devenu évident qu’il fallait accomplir davantage. C’est la raison pour laquelle les pays développés se sont engagés en 2009 à mobiliser 100 milliards $ chaque année jusqu’en 2020 pour soutenir les politiques climatiques des pays en voie de développement.

L’accord sur le climat conclu à Paris en 2015 a marqué un tournant, en fixant l’objectif consistant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, et à faire en sorte qu’il demeure bien inférieur à 2°C. Pour qu’un suivi des avancées soit possible, l’accord a mis en place un système de contributions déterminées au niveau national (CDN), dans lequel chaque pays définit ses plans de réduction des émissions. Des audits mondiaux ont lieu périodiquement afin d’évaluer si les pays sont en bonne voie pour honorer leurs engagements climatiques.

Malheureusement, le premier audit mondial, publié avant la COP28 de Dubaï l’an dernier, a révélé que nous étions encore loin de respecter ces objectifs climatiques. L’audit a également fourni une feuille de route complète, appelant tous les pays à aligner leurs CDN sur l’objectif de 1,5°C, ainsi qu’à fixer des étapes et des délais clairs – y compris concernant la sortie des énergies fossiles – permettant de rendre atteignables les objectifs de l’accord de Paris.

La COP29 constitue l’étape suivante de l’approche multilatérale, les dirigeants devant s’entendre sur un renforcement significatif de l’objectif de financement climatique de 100 milliards $, baptisé Nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ). Par ailleurs, chaque pays devra présenter ses CDN actualisées d’ici le mois de février 2025.

La transparence est indispensable à ce processus. Si les objectifs de l’accord de Paris constituent la destination, et les CDN la feuille de route, le NOCQ fournit le carburant pour y parvenir. Il est essentiel de bâtir la confiance dans l’engagement des pays à mener une action climatique audacieuse ainsi qu’à fournir les financements nécessaires.

À la présidence de la COP29, l’Azerbaïdjan appelle tous les pays à soumettre au plus vite leurs CDN alignées sur l’objectif de 1,5°C. Nous fournissons également tous les efforts pour parvenir à un nouvel objectif juste et ambitieux sur le plan des financements climatiques, qui réponde aux besoins des pays en voie de développement, et qui corresponde à l’ampleur ainsi qu’à l’urgence de la crise.

Échouer dans cette démarche signifierait devoir faire face à des questions difficiles : Sommes-nous prêts à accepter l’échec de l’accord de Paris ? Et quelles sont les alternatives ? Une chose est sûre : même sans plan de secours viable, nous devons tout faire pour atteindre l’objectif de 1,5°C. Le somnambulisme vers la catastrophe climatique n’est pas une option.

Le système multilatéral présente certes des défauts, mais il demeure le meilleur cadre pour surmonter ce défi de taille. Depuis une trentaine d’années, il permet une coopération internationale dans la durée, une compréhension partagée de la science, ainsi qu’un solide consensus s’agissant des objectifs climatiques mondiaux.

L’alternative au multilatéralisme serait une réponse fragmentée, consistant pour chaque État à poursuivre son propre agenda, sans coordination ni coopération. Cette approche signifierait des progrès plus lents, des coûts plus élevés et des résultats moins équitables. Sans un objectif fédérateur, le sentiment d’objectif commun risquerait de disparaître.

Prenons l’exemple de l’objectif de la COP29 consistant à finaliser les négociations relatives à l’article 6 de l’accord de Paris, qui vise à standardiser les marchés du carbone. En canalisant les ressources vers les projets d’atténuation les plus efficaces, ce cadre pourrait permettre d’économiser chaque année 250 milliards $ d’ici 2030 – un apport considérable à une époque de ressources limitées.

Compte tenu des alternatives, nous n’avons pas d’autre choix que de faire en sorte que le système actuel fonctionne. La présidence de la COP29 ne négligera aucune piste pour atteindre un consensus international. Poursuivant un agenda axé sur les progrès d’une action climatique transformatrice, l’Azerbaïdjan peut contribuer à réconcilier les divisions géopolitiques. Notre succès dépendra toutefois de la volonté des pays de s’investir pleinement et de manière constructive dans le processus multilatéral.

Les constats scientifiques sont sans équivoque, les cadres propices à une action coordonnée sont en place, et le plan a été élaboré. Il ne nous reste plus qu’à trouver la volonté de mettre en œuvre ces outils. La COP29 constitue l’opportunité de prouver que le multilatéralisme peut fonctionner.

 

Mukhtar Babayev, président désigné de la COP29, est ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles de l’Azerbaïdjan.

 

Project Syndicate, 2024.
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La fin de la démocratie américaine n’était que par trop prévisible

Comme bien d’autres, depuis la fin de la nuit de mardi à mercredi, mon téléphone croule sous les SMS me demandant comment cela a pu se produire (comme certains de mes amis, collègues et connaissances le savent, j’étais totalement convaincu que Donald Trump remporterait cette élection haut la main). Au lieu de répondre en détail à chaque message, je vais donner mon explication ici.

 

Depuis 2 300 ans, au moins depuis la République de Platon, les philosophes savent comment les démagogues et les aspirants tyrans gagnent les élections démocratiques. Le processus est simple et nous venons de le voir se dérouler.

Dans une démocratie, tout le monde est libre de se présenter aux élections, y compris les personnes qui ne sont absolument pas aptes à diriger ou à présider les institutions gouvernementales. L’un des signes révélateurs de cette inaptitude est la capacité à mentir sans retenue, notamment en se présentant comme le défenseur contre les ennemis perçus par le peuple, qu’ils soient extérieurs ou intérieurs. Platon considérait que les gens ordinaires étaient facilement contrôlés par leurs émotions et donc sensibles à ce type de messages – un argument qui constitue le véritable fondement de la philosophie politique démocratique (comme je l’ai soutenu dans des travaux antérieurs).

Les philosophes ont toujours su que ce type de politique n’était pas nécessairement voué au succès. Comme l’a affirmé Jean-Jacques Rousseau, la démocratie est la plus vulnérable lorsque l’inégalité dans une société s’est enracinée et qu’elle est devenue trop flagrante. De profondes disparités sociales et économiques créent les conditions nécessaires pour que les démagogues exploitent le ressentiment de la population et que la démocratie finisse par s’effondrer de la manière décrite par Platon. Rousseau a donc conclu que la démocratie exigeait une égalité généralisée ; ce n’est qu’à cette condition que le ressentiment des citoyens ne peuvent pas être exploités aussi facilement.

Dans mon propre travail, j’ai essayé de décrire, dans les moindres détails, pourquoi et comment les personnes qui se sentent lésées (matériellement ou socialement) en viennent à accepter des pathologies – racisme, homophobie, misogynie, nationalisme ethnique et bigoterie religieuse – qu’elles rejetteraient dans des conditions de plus grande égalité.

Ce sont précisément ces conditions matérielles d’une démocratie saine et stable qui font défaut aux États-Unis aujourd’hui. Au contraire, l’Amérique se définit aujourd’hui singulièrement par ses inégalités massives, un phénomène qui ne peut que saper la cohésion sociale et susciter le ressentiment. Alors que 2 300 ans de philosophie politique démocratique suggèrent que la démocratie n’est pas viable dans de telles conditions, personne ne devrait être surpris par le résultat de l’élection de 2024.

Pourquoi cependant, pourrait-on se demander, cela ne s’est-il pas déjà produit aux États-Unis ? La raison principale est qu’il existait un accord tacite entre les hommes politiques pour ne pas s’engager dans une forme de politique aussi extraordinairement clivante et violente. Rappelez-vous les élections de 2008. John McCain, le républicain, aurait pu faire appel à des stéréotypes racistes ou à des théories du complot sur la naissance de Barack Obama, mais il a refusé de s’engager dans cette voie, corrigeant d’un mot devenu célèbre l’une de ses propres partisanes, lorsqu’elle a suggéré que le candidat démocrate était un « Arabe » né à l’étranger. McCain a perdu, mais on se souvient de lui comme d’un homme d’État américain d’une intégrité irréprochable.

Bien sûr, les hommes politiques américains font régulièrement appel, de manière plus subtile, au racisme et à l’homophobie pour gagner les élections. C’est, après tout, une stratégie qui a fait ses preuves. Mais l’accord tacite de ne pas mener explicitement une telle politique – ce que le théoricien politique Tali Mendelberg appelle la norme d’égalité – excluait de faire appel trop ouvertement au racisme. Au lieu de cela, il fallait passer par des messages cachés, des appels du pied et des stéréotypes (par exemple en parlant de « paresse et de criminalité dans les quartiers défavorisés »).

Dans des conditions d’inégalité profonde, cette sorte de politique codée finit par devenir moins efficace que sa version plus explicite. Ce que Trump a fait depuis 2016, c’est jeter aux orties l’ancien accord tacite, en qualifiant les immigrés de vermine et ses opposants politiques « d’ennemis de l’intérieur ». Une telle politique explicite du « nous contre eux », comme les philosophes l’ont toujours su, peut être très efficace.

La philosophie politique démocratique, donc, propose une bonne analyse du phénomène Trump. Tragiquement, elle offre également une prédiction claire de ce qui va suivre. Selon Platon, le genre de personne qui fait campagne de cette manière gouvernera comme un tyran.

D’après tout ce que Trump a dit et fait au cours de cette campagne et de son premier mandat, nous pouvons nous attendre à ce que Platon ait, une fois de plus, raison. La domination du parti républicain sur toutes les branches du gouvernement ferait des États-Unis un État à parti unique. L’avenir offrira peut-être des occasions épisodiques pour que d’autres leur disputent le pouvoir, mais quelles que soient les joutes politiques à venir, elles ne seront probablement pas des élections libres et équitables.

 

Jason Stanley, professeur de philosophie à l’université de Yale, est l’auteur de Erasing History: How Fascists Rewrite the Past to Control the Future (Atria/One Signal Publishers, 2024).

 

Project Syndicate, 2024.
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Un an après Kidal: Le Premier ministre alerte sur les divisions et défend les acquis de la Transition

Le Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a abrité, ce samedi 16 novembre, un meeting organisé par les partisans du Premier ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga, à l’occasion du premier anniversaire de la libération de Kidal.

L’événement a également servi de cadre pour aborder des sujets relatifs à la situation politique du Mali et aux perspectives de la Transition.
Le Premier ministre a ouvert son discours en rappelant la reconquête de Kidal par les Forces Armées Maliennes (FAMa) le 14 novembre 2023. Ce succès militaire, selon lui, marque un tournant décisif dans la restauration de l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale du Mali. Il a salué les efforts des FAMa, évoquant leur montée en puissance grâce à de nouveaux partenariats stratégiques et des réformes militaires adaptées.
Le Premier ministre a profité de ce meeting pour présenter un bilan des réalisations de la Transition. C’est ainsi qu’il a  cité l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution, accompagnées de réformes dans les domaines de la justice, de l’éducation, de la santé et de l’économie. Au titre de ces acquis figure également la sécurisation de plusieurs localités du nord du pays à la faveur de la reconquête de kidal. Il a aussi souligné l’expulsion des troupes étrangères, notamment celles de la MINUSMA, et la fin de l’opération Barkhane en août 2022. De plus, il a ajouté que le Mali a dénoncé le double langage de certaines puissances étrangères se livrant à des ingérences dans les affaires internes du pays.
Clarification de la transition
Le discours a également relevé les défis internes liés à la gestion de la Transition. Le Premier ministre a exprimé son inquiétude quant à l’absence de clarté sur la durée restante de la Transition, initialement fixée à 24 mois à compter de mars 2022, mais prolongée sans concertation officielle.
Il a évoqué un manque de communication entre les différentes institutions, critiquant l’opacité entourant le programme de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE). Cette situation, selon lui, nuit à la cohésion nationale et pourrait compromettre les acquis de la Transition.
Dr. Maïga a exhorté les Maliens à préserver l’unité nationale face aux menaces internes et externes. Il a insisté sur la nécessité de soutenir les Forces Armées Maliennes et de respecter les institutions de la Transition. Il a également mis en garde contre les divisions politiques, qu’il a qualifiées de « risques de graves reculs pour le Mali ».

CAN 2025: Les Aigles du Mali s’envolent vers le Maroc

Les Aigles du Mali ont validé leur billet pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 en s’imposant 1-0 face au Mozambique lors de la cinquième journée des éliminatoires disputée ce vendredi 15 novembre. Cette victoire porte leur total à 11 points, assurant leur qualification avant la dernière journée prévue le 19 novembre.

Le match, disputé au Stade National de Maputo, a vu le Mali prendre l’avantage dès la 19e minute grâce à une réalisation de Kamory Doumbia. Ce but est le fruit d’une action collective initiée par Yves Bissouma, qui a délivré une passe décisive millimétrée à Doumbia, permettant à ce dernier de conclure avec sang-froid. ​​
Cette performance solide reflète la détermination des Aigles à se qualifier pour la phase finale de la CAN 2025, qui se tiendra au Maroc. Avec 11 points au compteur, le Mali occupe la première place du groupe I, devançant le Mozambique et la Guinée-Bissau. Cette avance confortable leur permet d’aborder sereinement la dernière journée des éliminatoires.
Le sélectionneur Tom Saintfiet, récemment nommé à la tête de l’équipe, a exprimé sa satisfaction : « Cette victoire est le résultat du travail acharné de nos joueurs et du staff technique. Nous avons montré du caractère et de la discipline sur le terrain. Maintenant, nous devons rester concentrés pour le dernier match et préparer la phase finale avec sérieux. »
Les Aigles du Mali affronteront l’Eswatini le 19 novembre à Bamako pour la dernière journée des éliminatoires. Bien que la qualification soit déjà acquise, ce match sera l’occasion de peaufiner les automatismes et de renforcer la cohésion de l’équipe en vue de la compétition continentale.
C’est la 10e fois consécutive que le Mali se qualifie à une phase finale de CAN.
La CAN 2025, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc, réunira les meilleures sélections africaines. Le Mali, fort de cette qualification anticipée, ambitionne de réaliser un parcours remarquable et de viser les sommets du football africain.

Sahel : Quel rôle pour les jeunes dans la gouvernance ?

L’engagement civique, citoyen et politique des jeunes au Sahel a connu un déclin ces vingt dernières années. Ce désengagement est la conséquence d’un mécontentement généralisé lié à la gouvernance. Face à ce constat, des initiatives sont en cours pour replacer la jeunesse du Sahel au cœur de la gouvernance et de la stabilité de la région.

Les jeunes ont joué un rôle important dans le basculement des régimes politiques au Sahel ces dernières années. Que ce soit à travers des manifestations de rue ou des espaces d’échanges sur les réseaux sociaux, la voix de la jeunesse a impacté l’évolution de la situation politique.

Pour fournir aux jeunes un cadre de dialogue, de réflexion, d’apprentissage et d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques, afin de proposer de nouvelles perspectives, et améliorer leur participation à la citoyenneté et aux processus de paix en Afrique et au Sahel, la 5ème édition du Forum régional des jeunes s’est tenue du 12 au 13 novembre 2024 à Bamako, sur le thème « Rôle et engagement des jeunes dans la gouvernance, la citoyenneté et la paix au Sahel : aller au-delà de la contestation ».

Organisé par le Gorée Institute et l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye de Bamako, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne de la République du Mali et avec l’appui financier du Royaume des Pays-Bas, l’évènement a rassemblé plus de 150 jeunes acteurs de la société civile, des partis politiques, des organisations internationales et des institutions étatiques et non étatiques venant du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso et du Niger.

Nouvelle force citoyenne

Dans sa note conceptuelle, l’Institut Gorée soutient que l’expérience des révoltes citoyennes victorieuses au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et au Maghreb, majoritairement conduites par des jeunes, devrait « pousser les élites politiques traditionnelles à se rendre à l’évidence ». Il a aussi été convenu d’appeler ces mouvements « Nouvelle force citoyenne ».

Nous sommes en face d’une nouvelle conscience citoyenne appelée à demeurer dans le paysage politique par la contestation et la dénonciation fréquentes de la « gouvernance scandaleuse », souligne le document.

Néanmoins, les jeunes doivent aller au-delà de cette forme d’expression et s’affirmer sur le plan politique. Il est temps pour eux de se convertir en force de proposition au bénéfice des gouvernants, qu’ils soient militaires ou civils, poursuit la note.

Pour propulser ce changement auprès de la jeunesse, le forum visait à créer un espace pour un échange intergénérationnel de connaissances, d’enseignements et d’expériences et à recueillir les perspectives des jeunes, ainsi que leurs propositions de solutions, face à l’exacerbation de la conflictualité, à l’instabilité politique et à l’instabilité institutionnelle dans l’espace Sahel.

Jeunesse outillée

Ce rendez-vous régional des jeunes avait également pour objectifs de leur donner l’opportunité d’échanger sur le concept de citoyenneté en vue de le repenser dans le contexte africain ainsi que de mettre en place des mécanismes pour réduire l’impact de l’instabilité chronique dans l’espace Sahel. Il leur a permis également d’interagir avec les autorités étatiques, notamment maliennes, et les représentants des institutions internationales et sous-régionales.

Pendant deux jours, lors de divers panels, ils ont été sensibilisés sur plusieurs thèmes tels que leurs rôles et responsabilités dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent au Sahel, leurs réponses pour des transitions réussies dans les crises politiques et institutionnelles de la région, ainsi que leur leadership et leur engagement civique et politique comme moyens de contribution à la reconstruction de nos États.

Les échanges ont également porté sur la place d’Internet dans la contestation et la construction d’idées innovantes pour un meilleur changement, ainsi que sur le positionnement des jeunes femmes comme partenaires stratégiques dans les processus politiques et de paix au Sahel.

Mohamed Kenouvi

Navigation aérienne : le CNT valide la création de Mali Airlines

Le 14 novembre 2024, le Conseil National de Transition (CNT) du Mali a adopté le projet de loi portant création de Mali Airlines, une nouvelle compagnie aérienne nationale. Cette décision fait suite à l’approbation initiale du gouvernement lors du Conseil des ministres du 31 juillet 2024. ​​
La création de Mali Airlines vise à renforcer la connectivité aérienne du pays, en facilitant la mobilité des populations entre les capitales régionales. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des États généraux des transports de 2023, soulignant l’importance de développer les infrastructures de transport pour soutenir l’émergence économique du Mali. ​​
Le gouvernement malien a souligné que le Mali, vaste pays enclavé partageant 7 420 km de frontières avec sept pays, nécessite une compagnie nationale pour assurer des services aériens réguliers et désenclaver le pays tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. ​​
Les détails financiers relatifs à la création de Mali Airlines n’ont pas été divulgués publiquement. Les informations disponibles se concentrent principalement sur les objectifs stratégiques et les motivations de la création de la compagnie, sans mentionner les aspects financiers spécifiques. ​​
La mise en place de Mali Airlines représente une étape significative vers la modernisation des infrastructures de transport du Mali. ​​​​