Cinq évènements qui ont marqué l’année 2017 au Mali

2017 tend vers sa fin et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a été rythmée. L’occasion pour nous de revenir sur cette année riche en évènements. Avec cette liste, non exhaustive, le Journal du Mali vous retrace l’année 2017.

Sommet Afrique-France


Après 2005, Bamako abritait pour la seconde fois le sommet Afrique-France. Avec les nombreuses menaces d’attaques terroristes qui planaient, organiser ce forum était un immense défi. Réussi, durant les deux jours du forum (13 et 14 janvier), aucun incident n’a été déploré, en partie grâce à un important et dissuasif dispositif sécuritaire. Ce sommet était également l’occasion pour le président français, François Hollande de faire ses adieux à ses homologues africains, lui qui avait déclaré quelques semaines auparavant ne pas vouloir se représenter pour un second mandant. Un dernier baroud d’honneur donc qu’Hollande tenait absolument à ce que cela se fasse à Bamako, là où il avait déclaré « vivre la journée la plus importante de ma vie politique ». «De tous les chefs d’État français, François Hollande aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère et le plus loyal» assurait le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Placé sous le thème de la « paix, l’émergence et la sécurité » Hollande a réitéré l’engagement de la France à côté de l’Afrique. 23 milliards d’euros pour des projets de développement sur les cinq prochaines années, des formations pour les militaires sont entre autres quelques-unes des promesses faites lors de ce sommet.

Attentat du Camp MOC

2017 a été une année marquée par de nombreuses attaques, dans le Nord, le Centre et même au Sud du Mali. Mais l’attaque qui a causé le plus la psychose est celle perpétrée contre le camp du mécanisme opérationnel de coordination (MOC), le 18 janvier 2017. Un véhicule piégé aux couleurs du MOC, et conduit par un kamikaze du groupe djihadiste Al-Mourabitoune, force le barrage d’entrée du camp avant d’exploser . Une forte déflagration qui a laissé derrière elle un sinistre innommable. A chaud on dénombre, un bilan de 77 victimes, des corps déchiquetés, une centaine de blessés, et un traumatisme auprès des survivants. Un mois plus tard, le bilan est revu à la baisse, 54 morts selon la MINUSMA, mais dans la foulée l’AFP affirme qu’il y aurait eu 61 morts. Une chose est sure, c’est que cet attentat au modus operandi jusqu’alors inconnu au Mali est le plus meurtrier de l’histoire du pays.

Grève des médecins

Un front social en ébullition. Le Mali a connu plusieurs grèves cette année. Magistrats, secteur banquier, transporteurs, enseignement secondaire et supérieur, mais si une seule devait retenir l’attention, ce serait celle du secteur sanitaire. Entamée le 9 mars, la grève illimitée a duré en tout 38 jours. Une éternité pour les nombreux malades et leurs proches. En dépit du service minimum, et l’absence de chiffre concret sur les nombres de décès à cette période, on n’imagine sans mal que les conséquences ont été sinistres.

Plateforme An  a Bana

Elle est la personnification du combat contre la révision constitutionnelle voulue par le gouvernement cette année. Hommes politiques, activistes, artistes, et inconnus, tous se sont rassemblés sous cette bannière pour dire non à la révision de la constitution. Une véritable marée humaine a défilé dans les rues de Bamako le samedi 17 juin pour dire son refus à la réforme. Une mobilisation qui a fait reculer le gouvernement, qui le 21 juin a annoncé le report, avant d’annoncer deux mois plus tard surseoir à la réforme « dans l’intérêt supérieur de la Nation et de la préservation d’un climat social apaisé » selon les mots du président IBK.

Retour d’ATT

Cinq ans qu’il était à Dakar. L’ancien Président de la République, Amadou Toumani Touré, accompagné de sa famille a fait son retour à Bamako le 24 décembre. Un retour triomphal pour l’ex chef d’Etat, accueilli en véritable « rock star » par les Maliens. Nombreux d’entre eux ont réservé un accueil chaleureux à ATT, tout le long de sa parade triomphale de l’aéroport au domicile du Président IBK, où un déjeuner lui a été offert. 

Terrorisme : Arrestation de jihadistes qui planifiaient un attentat à Bamako

Deux individus maliens présumés jihadistes  ont été arrêtés en possession notamment de matériel de guidage GPS et de munitions, a appris vendredi l’AFP de sources sécuritaires. Ils sont soupçonnés d’avoir planifier un attentat suicide dans Bamako

« Lors de deux opérations distinctes à Bamako jeudi, les forces spéciales des services de renseignements maliens ont arrêté deux jihadistes qui s’apprêtaient à commettre un attentat de +grande envergure+ à Bamako contre des cibles étrangères », a affirmé à l’AFP une source de sécurité malienne.

« L’attentat était prévu pendant le sommet Afrique-France à Bamako des 13 et 14 janvier. Mais compte tenu des mesures prises pour le sommet, les jihadistes ont décidé de le reporter « en comptant sur l’absence d’un dispositif de sécurité rigoureux à Bamako », a indiqué la même source de sécurité.

L’information a été confirmée à l’AFP par une autre source de sécurité malienne.

Les deux personnes ont été arrêtées en possession d’un « matériel compromettant », ont indiqué les deux sources. Ce matériel comprend notamment un matériel de guidage « GPS, des munitions et du matériel d’explosion », a ajouté la deuxième source, sans donner plus de détail.

 Les deux suspects, de nationalité malienne, sont nés dans le nord , respectivement en 1988 à Gao, et autour de 1996 à Intillit, a précisé cette source de sécurité.

« Le premier est le logisticien qui a fait le repérage », tandis que le second devait être un « kamikaze », a indiqué la même source, affirmant qu’ils appartenaient au groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar.

Ce groupe, rallié à à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a notamment revendiqué l’attentat suicide du 18 janvier à Gao contre un camp de regroupement de formations armées signataires de l’accord de paix au Mali, qui a fait près de 80 morts.

Cette attaque s’est produite cinq jours après une visite du président François Hollande,en route pour le sommet Afrique-France, sur la base française de Gao.

Peu avant le sommet, plusieurs suspects soupçonnés de préparer des attentats visant la réunion avaient été arrêtés par les forces spéciales françaises, selon des sources de sécurité maliennes et occidentales.

Hollande, des adieux à l’Afrique entachés d’une polémique

Samedi 14 janvier, lors d’une conférence de presse animée avec la président IBK, François Hollande a fait ses adieux aux dirigeants africains en clôture de ce 27e sommet Afrique-France, qui s’est tenu à Bamako.

C’est sur l’initiative du président français que l’Élysée, avait proposé l’idée d’organiser cette 27e édition à Bamako. Un projet hautement symbolique, pour le chef d’État français, qui le 11 janvier 2013 avait lancé l’opération Serval pour libérer le Nord Mali des groupes djihadistes.

François Hollande, qui ne briguera pas un nouveau mandat en mai prochain, a donc fait ses adieux à ses homologues africains. Il en a aussi profité pour vanter son bilan sur le continent, et en particulier au Mali, pays hôte de ce sommet.

Ce 27e sommet de Bamako a permis de célébrer l’action française au Mali. Le Chef de lÉtat, Ibrahim Boubacar Keïta, a multiplié les gestes chaleureux et les compliments envers son « cher François », insistant sur tout ce que son pays « devait » à l’homme. « De tous les chefs d’État français, il aura été celui dont le rapport à l’Afrique a été le plus loyal et le plus sincère », a par exemple déclaré le président malien, tandis que son homologue a affirmé qu’ « il y a peu d’exemples au monde comme celui du Mali, qui a été capable de se redresser aussi vite » après une telle crise.

De son côté, Hollande a vanté son bilan au Mali, affirmant que « la démocratie a repris son cours » et que « les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire ». Un constat peu conforme à la réalité, de larges zones du nord et du centre du pays restant encore en dehors de tout contrôle de l’État et de nombreuses attaques meurtrières visant les militaires maliens comme les Casques bleus de la Minusma.

Malgré les amabilités et la chaleur réciproque entre le président IBK et le président français, une polémique est venu entacher la bonne tenue du sommet. Vendredi 13 janvier, quelques heures avant l’arrivée de Hollande dans la capitale malienne, l’hebdomadaire Jeune Afrique révélait, comme le Journal du Mali le faisait dans son numéro du jeudi, qu’un enfant de 10 ans avait été tué puis enterré en catimini par des soldats français lors d’une opération le 30 novembre près de Tessalit, dans le nord du Mali. Un communiqué du ministère de la Défense, le même jour, indiquait de des militaires de la force Barkhane avaient tué un individu  « un mineur » lors d’une opération visant un « réseau de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armé terroriste ».

Face aux journalistes, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense a expliqué que « Cette opération a été initiée car nous avions tous les éléments qui nous permettaient de conclure au fait que des engins explosifs improvisés (des mines, NDLR) allaient être déclenchés au passage d’un convoi logistique français ». Il a ajouté qu’une enquête était ouverte pour faire la lumière sur cette affaire et que les résultats sont attendus pour février.

Durant le mandat de François Hollande, l’action de la France sur le continent fut avant tout sécuritaire, avec deux opérations militaires de grande envergure (Serval au Mali et Sangaris en République centrafricaine). Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, lors de son intervention, ce même samedi à Bamako, devant les chefs d’Etat et de gouvernement présents, a décoché une flèche en direction de la France, concernant son action d’abord militaire, en soulignant que « les conflits et les interventions étrangères en violation du droit international, sont source de chaos et de désordre propice au développement du terrorisme, l’absence de soutien conséquent aux efforts de développement et de lutte contre la pauvreté d’un grand nombre de pays africains, ainsi que l’exacerbation des contradictions internes et le non recours aux moyens pacifiques et au dialogue pour les résoudre et les dépasser».

Cette polémique n’a tout de même pas perturbé un sommet qui fut somme toute une réussite pour le Mali qui avait en charge son organisation. Le contexte sécuritaire fragile avait un moment fait douter de la viabilité d’organiser pareil sommet dans la capitale malienne. Cet essai transformé devrait sans nul doute permettre au pays de rehausser sa réputation sur le scène internationale.

IBK rend hommage au président Hollande au sommet de Bamako

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage samedi à François Hollande, « le plus sincère et le plus loyal » des chefs d’Etat français envers l’Afrique, au sommet Afrique-France à Bamako.

« De tous les chefs d’Etat français », François Hollande « aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère et le plus loyal », a déclaré le dirigeant malien, dans son discours d’ouverture du sommet. M. Keïta a rappelé la décision prise par le président français en janvier 2013 d’intervenir militairement dans le nord du Mali contre les groupes jihadistes.

 Cette intervention « a stoppé l’avancée des troupes terroristes et neutralisé la menace qui pesait sur l’existence même de l’Etat malien », a dit M. Keïta, en présence d’une trentaine de dirigeants africains. Il a appelé à la mise en oeuvre de l’accord de mai-juin 2015, pour le retour de la paix dans le nord du Mali, car en dehors de ce cadre, « il n’y a aucune perspective crédible pour le retour de notre pays à la normale », a-t-il ajouté.

 

Un forum économique en marge du sommet

Le forum économique en marge du 27e sommet Afrique France s’est tenu ce vendredi en présence de 300 chefs d’entreprises dont 60 venant de France avec à leur tête le président du Mouvement des entreprises de France MEDEF dirigé par Pierre Gattaz. Ce dernier a appelé à « mettre l’entreprise au coeur du village Afrique France ». Pour la délégation française,  la rencontre de Bamako est une occasion de se repositionner sur le continent et au Mali en particulier. Le président du patronat malien,  Mamadou Sinsy  Coulibaly,  a de son côté souligné que les entreprises de France comme d’Afrique ont besoin d’être sécurisées et protégées  par des politiques volontaristes.
La cérémonie d’ouverture qui a vu la participation, entre autres,  de la Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Michaelle Jean, a été l’occasion pour les différents intervenants de rappeler l’importance de l’entreprise créatrice de richesse pour l’atteinte de la paix et d’une stabilité durable. Le Président du medef,  Pierre Gattaz, sur la tribune du forum s’est appesanti sur les nombreuses initiatives en cours pour renforcer les relations économiques entre les pays. « Africa 2030 », Manifeste pour entreprendre ensemble l’avenir  » entre dans cette dynamique. Elle a été élaborée lors du Forum Jeunesse et Entreprenariat Afrique et France, organisé par le Medef en décembre dernier et sera portée aux chefs d’Etat lors du sommet politique de ce 14 janvier.

Au concret
Deux plénières sur l’entreprenariat jeune et les solutions innovantes pour le financement du développement en Afrique ont été de véritables laboratoires d’idées pour booster la croissance en France et en Afrique,  notamment à travers des partenariats plus équilibrés entre les milieux d’affaires. Plusieurs tables rondes ont egalement réunis acteurs du monde économique, décideurs et autres participants autour des thématiques comme la formation professionnelle , l’économie numérique, les énergies renouvelables,  l’agrobusiness…
Les prix Business Africa ont été décernés à trois entrepreneurs africains. L’un des temps forts a été la remise des prix Digital Africa,  compétition qui a mis en concurrence 500 start-up d’Afrique et de France. 10 innovations ont été retenues et primees grâce à cette initiative de l’AFD et de la Banque Publique D’investissement. Les lauréats ont eu l’opportunité de présenter leurs entreprises au parterre de partenaires potentiels présents et de repartir avec un package de formations et d’accompagnements professionnels d’une valeur de 40 000 euros chacun.
À noter que la délégation du MEDEF à quitté Bamako ce même vendredi, juste après la clôture du Forum économique qui aura été le premier à se tenir en marge d’un Sommet Afrique France en Afrique.

Sommet Afrique-France à Bamako, pour la paix, l’émergence et la sécurité

Le président français François Hollande et son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta coprésident samedi le sommet Afrique-France à Bamako, axé sur le renforcement de la sécurité et de la démocratie et le développement du continent.

Ce sommet, dernier déplacement prévu en Afrique du mandat de François Hollande, marquera donc ses adieux à un continent sur lequel il a engagé deux opérations militaires d’envergure, au Mali et en République centrafricaine en 2013.

Parmi les chefs d’États invités, le président tchadien Idriss Déby Itno, président en exercice de l’Union africaine (UA) et allié stratégique dans la lutte contre les jihadistes, le Zimbabwéen Robert Mugabe, ou encore le Rwandais Paul Kagame, qui entretient des relations particulièrement tendues avec la France.

Le chef d’Etat du Nigeria, poids lourd continental, Muhammadu Buhari, et la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), sont tous deux arrivés de Gambie, où ils ont conduit une nouvelle tentative de médiation infructueuse dans la crise post-électorale que traverse le pays depuis plus d’un mois.

Le président gambien élu Adama Barrow, auquel le sortant Yahya Jammeh, qui conteste en justice les résultats du scrutin du 1er décembre, refuse de céder le pouvoir le 19 janvier à l’expiration de son mandat, a accompagné la mission de la Cédéao à Bamako.

Objectifs en hausse

Les questions de respect des Constitutions – certains dirigeants africains sont tentés de se maintenir au pouvoir, même après avoir exercé le nombre maximal de mandats que leur accorde la loi fondamentale – et de la transparence des processus électoraux devraient dominer le sommet, avec celles des capacités de défense des pays africains.

Les préoccupations de sécurité ont d’ailleurs été largement au centre des discussions de la conférence des ministres des Affaires étrangères vendredi, conclue par un projet de déclaration qui sera soumis samedi pour approbation aux chefs d’Etat et de gouvernement.

« C’est un projet de déclaration qui met l’accent sur les problèmes africains et sur les solutions également africaines, qui insiste sur les questions de paix et de sécurité, qui insiste sur le partenariat franco-africain », a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye.

L’engagement pris par la France au sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, en décembre 2013, de former 20.000 militaires africains par an a été atteint et dépassé: leur nombre a atteint 65.000, soit plus de 21.500 par an en moyenne, selon Paris.

Au sommet de Bamako, la France compte passer à la vitesse supérieure, avec un objectif de 25.000 par an.

La question des migrants africains en Europe, source fréquente de tensions entre pays européens et africains, sera également à l’ordre du jour, mais il ne sera pas question de discuter d’éventuels accords de réadmission des migrants expulsés, selon des sources diplomatiques.

L’Union européenne cherche à négocier avec plusieurs pays africains à forte émigration des accords de renforcement de la coopération économique, en échange du rapatriement de leurs ressortissants.

Sur ce chapitre du développement, même ambition que sur le plan militaire: de quatre milliards d’euros par an, via l’Agence française de développement (AFD), sous forme de prêts et de dons, la France vaut rehausser son soutien à cinq milliards par an d’ici à 2019.

François Hollande lancera également un Fonds d’investissement franco-africain, d’une taille de 76 millions d’euros et d’une durée de vie de 10 ans, le premier fonds transfrontalier entre le continent africain et la France, selon Paris.

 

 

François Hollande à Gao avant le sommet Afrique-France

En route vendredi pour un sommet Afrique-France à Bamako, qui marquera ses adieux au continent, le président français François Hollande a effectué une visite éclair et symbolique dans le nord du Mali, quatre ans après avoir lancé l’opération Serval pour chasser les jihadistes qui menaçaient la région.

Sur l’immense base française de Gao posée au milieu d’une plaine de latérite s’étendant à perte de vue, François Hollande a lancé un message aux soldats de l’opération Barkhane: le combat contre les jihadistes au Sahel, en Irak et en Syrie comme en France, « c’est le même combat, c’est le même enjeu ».

« Nous le savons tous, les terroristes qui attaquent notre propre territoire, qui agissent sur notre propre sol, sont liés avec ceux qui sont au Levant, en Irak et en Syrie mais aussi ici, dans la bande sahélo-saharienne », a-t-il souligné.

Endossant son costume de chef des armées comme il l’avait fait dix jours plus tôt en Irak pour délivrer un message similaire, François Hollande a rendu un hommage appuyé aux 4.000 militaires de la force française Barkhane, déployée dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso).

« En contribuant à la protection du Mali comme, dans le cadre de l’opération Barkhane, de l’ensemble de la zone, vous assurez notre propre sécurité », la « sécurité des Français », a-t-il assuré devant plusieurs centaines d’entre eux.

Le chef de l’Etat français, qui entamait ainsi la dernière visite planifiée de son quinquennat sur le continent africain, était ainsi de retour sur le sol malien quatre ans presque jour pour jour après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier 2013.

Cette intervention internationale à l’initiative de la France avait mis un terme à la progression de groupes armés jihadistes liés à Al-Qaïda, partis du nord du Mali et qui menaçaient de déferler sur Bamako, la capitale.

Si cette menace a été écartée, l’insécurité demeure dans la région où, depuis août 2014, Barkhane a pris le relais de Serval, étendant son action à cinq pays.

Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, en dépit de la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler les jihadistes mais qui tarde à se concrétiser.

‘Emouvant’

Quatre soldats français sont morts au Mali en 2016 et 16 depuis le début de Serval. Et une humanitaire française, Sophie Pétronin, a été enlevée le 24 décembre à Gao.

Quatre ans après le déclenchement de l’opération Serval, « le Mali a retrouvé son intégrité territoriale, a pu effectuer sa transition politique, élire son président et choisir ses députés », s’est cependant félicité François Hollande.

Accueilli sur la base opérationnelle de Gao par le Premier ministre malien Modibo Keïta, le chef de l’Etat a passé deux petites heures auprès des troupes françaises et maliennes.

Principal point d’appui de la mission Barkhane au Mali, la « plateforme opérationnelle désert » (Pfod) de Gao soutient les unités qui agissent dans la boucle du fleuve Niger et dans le nord du pays.

Il est « émouvant » de venir à Gao où les forces françaises sont « là pour longtemps », a confié François Hollande à des journalistes, expliquant qu’il ne s’agissait jusque là pour lui que d’un « point sur une carte, un objectif ».

Il s’agit de sa troisième visite au Mali, où il s’était rendu une première fois le 2 février 2013, accueilli en libérateur à Tombouctou (nord-ouest), trois semaines après avoir ordonné l’opération Serval.

Hollande et l’Afrique: des guerres et la fin d’une certaine Françafrique

Il avait promis de rompre avec la « Françafrique ». Cinq ans après, François Hollande a mis fin à certaines dérives affairistes mais il a noué des alliances avec des régimes contestés, au fil des opérations militaires, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Vis-à-vis du continent, sa seule promesse de candidat est une rupture « avec la  » Françafrique « .

 Afrique-France : ce qu’en pensent des Maliens

Le Sommet de Bamako qui s’ouvre ce 13 janvier est très commenté au Mali, particulièrement dans la capitale. Cette grand-messe soulève un engouement plutôt mitigé.

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Mohamed Minta : Gestionnaire

Ce sommet Afrique-France est une très bonne chose pour notre pays, car il intervient à un moment crucial de notre histoire. C’est un signal fort que nous envoyons à toute l’Afrique et au reste du monde pour dire que le Mali est en train de se relever. Au-delà de ce signal, c’est aussi une très bonne opportunité pour booster le développement socio-économique du pays. Je suis sûr qu’au cours de ce sommet, beaucoup de partenariats nord-sud vont se nouer. C’est une aubaine pour notre pays pour engranger des contrats et soutenir notre économie. Les travaux monstres d’aménagement ont déjà permis de voir un autre visage de Bamako, notamment les opérations de déguerpissement des voies publiques, les travaux d’assainissement dans la ville, de rénovation et d’agrandissement de l’aéroport international Modibo Keïta-Senou. Enfin, je demande aux autorités la mise en place d’un comité de suivi après le sommet, qui se va charger de la mise en route des engagements qui seront pris.

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 Ousmane Diakité : Animateur d’ONG

Le climat dans lequel le Mali vit actuellement n’est pas propice à l’organisation d’un tel événement, alors que des foyers de tension sévissent partout. Il s’agit juste de masquer les réalités que vivent les Maliens et se faire de la publicité. Je pense sincèrement que les Maliens doivent investir leur énergie dans des choses plus concrètes qu’un pareil sommet. Une telle mobilisation pour la mise en œuvre rapide de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, serait aujourd’hui plus bénéfique aux populations maliennes, au sud comme au nord.

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Balkissa Cissé : responsable commerciale

Je me réjouis de l’organisation du sommet Afrique-France par le Mali, même si je déplore certains problèmes d’organisation, notamment du côté des médias qui n’avaient toujours pas reçu leur accréditation à J-5. Par ailleurs l’autre observation que l’on peut faire est que les autorités attendent de tels événements pour réaliser des travaux qui devraient s’inscrire dans l’ordre normal des choses. Le Mali n’a pas besoin d’un sommet Afrique-France pour avoir un aéroport digne de ce nom, pour rendre opérationnel l’éclairage public dans la capitale, ou même entretenir certaines voies. Cependant, je propose que les autorités maintiennent le cap dans le dispositif sécuritaire enclenché pour une plus grande quiétude des populations et le retour des investisseurs.

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Douro Ouologuem : Agent comptable

Contrairement au sommet de 2005 qui s’était tenu ici, avec un thème bien défini, « La jeunesse africaine : ses aspirations et ses attentes », cette année, on n’a pas vu grand chose. Le thème est très flou. Je pense que les autorités ont fait du forcing pour organiser ce sommet, sachant bien que les promesses tenues de 2005 n’ont pas été réalisées. Pour moi, le gouvernement, avec la complicité de la France, le fait pour nous faire oublier les priorités de l’heure : le retard dans la mise en œuvre de l’Accord, le présumé accord de réadmission signé avec l’Union européenne…

 

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Issa Traoré : commerçant

Ce sommet tant attendu peut constituer une grande opportunité d’affaires pour les commerçants maliens, dans la mesure où l’arrivée des hommes d’affaires français et d’autres pays est annoncée. Contrairement aux autres sommets, où l’accent était plutôt mis sur le volet politique, je pense que cette 27e édition sera un rendez-vous des hommes d’affaires des deux continents. Les opportunités sont partout, car le Mali est un pays en chantier.

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Rahabel Nantoumé : journaliste blogueuse

Je ne suis pas contre la tenue de ce sommet en tant que tel, mais d’octobre à maintenant, on a constaté que les autorités ont fait des réalisations (réfection des routes, de l’aéroport) qu’elles n’avaient pas pu faire pendant trois ans. Toute chose qui dénote l’incapacité de nos gouvernants à faire du développement du pays leur priorité. Ensuite, je ne sais pas ce que signifie le thème de ce sommet en parlant d’émergence. Est-ce le fait de déguerpir des chefs de famille qui cherchent leur pain quotidien ?

 

 

 

 

Un contre-sommet pour faire entendre la voix du peuple

Hier, à un jour du début du Sommet Afrique-France, plusieurs associations militantes ont organisé un « contre sommet » sous le nom ‘’Sommet du peuple’’. S’estimant lésés, ils entendent faire passer leur préoccupation au premier plan.

Après deux jours de travaux, et beaucoup d’atermoiements, la dizaine d’associations qui se sont regroupés ont fait une déclaration commune qui porte sur quatre principaux axes : défense des droits humains, souveraineté alimentaire, foncier, migration, jeunes et femmes. Dans le document de quatre pages, les signataires réclament entre autres la protection des droits humains, l’arrêt de l’accaparement des terres, la libre circulation des personnes, le respect de l’équité pour les femmes et les jeunes…

« Nous, maintenant, on veut participer au développement. Le peuple a trop longtemps été laissé en marge de ce développement » estime Massa Koné, porte-parole de la convergence malienne de lutte contre l’accaparement des terres à l’initiative de ce contre-sommet. Déplorant que ce sommet se fasse sans le peuple, les participants ont affirmé leur « volonté de se positionner par rapport à ce qui va se passer demain », explique Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des Expulsés (AME). Avant d’ajouter « Qui dit migration dit la paix et la sécurité, c’est entre les lignes et forcement ils vont débattre de la question migratoire. Mais nous ne voulons pas que nos dirigeants maliens et africains suivent la même voie que l’Union Européenne, parce que leurs directives ne prend pas en compte les aspirations du peuple africain » continue t-il.

Le mouvement ‘‘Tournons la page’’, qui aspire à de profonds changements sur la gouvernance en Afrique est plus critique à l’encontre du sommet. « Encore une fois, le président français va rencontrer les chefs d’États africains dans leur tour d’ivoire et prendre des décisions concernant l’avenir des peuples. Ces décisions sont prises dans une opacité totale, et certains des présidents présents sont illégitimes ». Après s’être vu notifié une fin de non-recevoir quant à leur participation au sommet, les organisateurs entendent faire passer leur message via la presse.

Mali : le sommet France-Afrique sous très haute surveillance

De mémoire de Maliens, jamais les forces de sécurité n’ont été aussi visibles sur le terrain. Selon le chef de la Cellule de coordination et de protection des hautes personnalités, Fodé Malick Sissoko, ce sont 700 agents qui ont été formés pour assurer pleinement la sécurité des hautes personnalités invitées à ce 27e sommet Afrique-France. Déjà, des éléments de la Brigade anti-criminalité (BAC) et du Groupement mobile de sécurité (GMS), lourdement armés pour parer à toute éventualité, sont visibles sur les axes stratégiques de la capitale, et ce ne sont pas moins de 10 000 agents des différents corps de défense et de sécurité qui seront mobilisés, selon le ministre de la Sécurité, le Général Salif Traoré. S’appuyant sur le Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN), le Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (PIGN) et les Forces spéciales de la garde nationale, l’initiative majeure est l’intervention de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), qui, selon le commissaire principal Bakoun Kanté, conseiller technique, chargé des opérations au ministère de la Sécurité et de la Protection civile, est « un mécanisme qui permettra une meilleure coopération entre les différentes forces de sécurité ». En outre, dans la perspective de cet événement, les forces de l’ordre ont été dotées de 169 véhicules, 26 ambulances médicalisées, de motos tout-terrain, de camions citernes, de bateaux, de pirogues et d’appareils de reconnaissance. À cela s’ajoute l’opérationnalisation du centre de vidéosurveillance de la ville de Bamako. Le dispositif en place concernera également l’intérieur du pays à travers un renforcement de l’axe Bamako-Sikasso et l’axe Bamako-Ségou notamment au niveau de la forêt classée du Faya, afin d’empêcher toute incursion terroriste.

L’économie au sommet

Alors que les ministres des Affaires étrangères seront en train de peaufiner les derniers documents à soumettre aux chefs d’État et de gouvernement, une autre rencontre d’importance se tiendra à Bamako, dans le cadre du sommet. Les patrons d’Afrique et de France se retrouvent en effet pour le Forum économique de Bamako.

Organisé par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) et le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), la rencontre regroupe le vendredi 13 janvier, 300 participants de haut niveau d’Afrique et de France, parmi lesquels des chefs de grandes entreprises, des dirigeants de banque, des représentants d’organisations patronales et d’ONG. Elle sera co-présidée par Pierre Gattaz, président du syndicat patronal français, accompagné d’une délégation de 60 patrons qui viendront échanger avec leurs pairs africains sur le partenariat et l’émergence sur le continent. Le Mali, quant à lui, sera représenté par environ 70 femmes et hommes d’affaires qui prendront part aux différentes activités de cette journée avec au programme deux séances plénières et des ateliers. « Plusieurs thématiques seront évoquées, telles que les énergies renouvelables, l’agriculture et l’agro-alimentaire, le financement de projets, le numérique et l’innovation, ou encore la diversification économique pour soutenir la croissance en Afrique », explique Mohamed Chérif Haïdara, chargé de communication du CNPM. « Ce sera une opportunité de défendre le secteur privé, vecteur de développement économique durable, sur le continent comme en France d’ailleurs », poursuit-il. Le président du MEDEF avait d’ailleurs déjà donné le ton en novembre 2016 en déclarant lors d’une conférence de presse à Paris, citée par le Monde.fr, que le « sommet Afrique-France de Bamako est d’abord un sommet politique […]. Mais nous allons en faire un sommet économique ». Au cœur de cette rencontre, la question de la création d’emploi et de richesse, en particulier pour la jeunesse d’Afrique et de France. Un temps fort de ce sommet sera d’ailleurs la rencontre des participants avec les jeunes. Le Forum de la jeunesse qui se tient au même moment recevra les patrons pour une plénière « Jeunesse, entreprenariat et entreprises ». Une occasion pour « discuter avec cette jeunesse africaine qui est positive, veut faire bouger les choses et parlera sans langue de bois. La question de l’égalité des chances entre les entrepreneurs africains et français sera par exemple évoquée », confie un jeune « startupper » malien, qui prendra part à la rencontre. Il y a déjà quelques semaines, le forum Jeunesse et entreprenariat à Paris avait été l’occasion de jetter les bases des échanges qui se poursuivront pendant ce sommet.

Opportunités Pour les patrons français, Bamako est un rendez-vous important pour repositionner la France des affaires sur le continent. En décembre dernier, se confiant au journal Le Monde, Pierre Gattaz évoquait la « raréfaction des entreprises françaises en Afrique ». « On ne les voit plus », déplorait celui dont l’organisation aurait préféré semble-t-il, aller en Côte d’Ivoire où les opportunités sont plus nombreuses mais aussi la sécurité moins problématique, comme le confiait dans le même article un haut responsable de l’organisation patronale, sous couvert d’anonymat.

Le forum économique est « surtout un espace d’échanges où nous allons nous retrouver », explique le Président du CNPM, Mamadou Sinsy Coulibaly. « On a beaucoup parlé des retombées économiques de ce sommet. Il ne faudra pas s’attendre à des signatures de contrats ou des choses de ce genre. Les gens n’investissent pas dans un pays parce qu’il y a eu un sommet. Ils viennent parce que les conditions sont réunies pour qu’ils puissent travailler,  faire des affaires et générer du profit », tempère le patron des patrons maliens, qui espère cependant que les échanges permettront de communiquer sur les opportunités du continent et du Mali en particulier.

 

Philippe Hugon : « Pour le Mali, organiser un tel sommet est une démonstration »

Directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) en charge de l’Afrique et auteur du livre « Afriques, entre puissance et vulnérabilité », Philippe Hugon décrypte certains des enjeux de ce 27e sommet.

Quelles sont les relations entre la France et la Mali à la veille sur Sommet Afrique-France qui se tient à Bamako ?

Les relations sont globalement plutôt bonnes. Il est évident que la France a joué un rôle central avec l’opération Serval et dans la mise en place du dispositif Barkhane. Ceci étant, il ne faut pas se cacher le fait que la situation du Mali n’est pas du tout sécurisée. Il y a de véritables problèmes au niveau politique avec un manque véritable de projet stratégique. Les accords d’Alger sont au ralenti et la situation d’un point de vue sécuritaire de la part des opérateurs français, n’est pas considérée comme étant suffisamment satisfaisante. C’est donc ça l’arrière-plan des relations entre la France et le Mali.

Pourquoi un énième sommet Afrique-France ?

Avec ce sommet, malgré un côté un peu désuet, il y a l’aspect communication, l’aspect présence des chefs de l’État. Le fait qu’un pays comme le Mali soit capable d’assurer la gestion d’un tel sommet, c’est en quelque sorte une démonstration. On est aussi dans la tradition des relations entre l’Afrique et la France, qui s’appelle Afrique-France aujourd’hui et plus France-Afrique. Ce sommet vient aussi en réponse aux sommets Afrique-Inde ou Chine-Afrique, même si ce devrait être plus une réponse Europe-Afrique. D’un point de vue économique, les relations entre la France et l’Afrique sont quand même fortement ralenties puisque globalement, la France a maintenu ses parts de marché en valeur depuis 2000 mais a perdu la moitié des parts de marché par rapport aux autres partenaires notamment émergents. En dehors des grands groupes français, il y a une assez grande réticence des PME à investir, une certaine frilosité des milieux économiques vis-à-vis de l’Afrique et des pays comme le Mali. Donc, ce sommet devrait servir à bâtir de nouvelles relations, étant entendu que pendant ce sommet sera aussi abordé l’aspect sécuritaire qui est très important. Le thème de ce 27e sommet c’est aussi le partenariat et derrière le partenariat tout l’aspect économique qui concoure à la paix et à l’émergence.

Ce sommet est donc très stratégique pour la France ?

La France se doit d’être présente en Afrique, ne serait-ce que dans une vision stratégique future puisque le devenir d’un pays comme la France et de l’Europe, dépend très largement du devenir de l’Afrique. Les questions migratoires, sécuritaires, environnementales, la pression démographique sont des questions communes. Elles ne peuvent être uniquement gérées par les Africains. Il est donc évident, dans cette optique, que les relations franco-africaines sont déterminantes. Dans le domaine de la coopération économique, le patronat français, le Medef, sera présent. On l’accuse beaucoup d’être en retrait vis-à-vis des opportunités en Afrique. Les Allemands par exemple sont beaucoup plus présents que la France. L’Afrique est un marché en croissance, avec une classe moyenne qui se constitue, la possibilité d’utiliser les nouvelles technologies dans les domaines énergétiques, dans le domaine du numérique ou de la science. Il y a une main-d’œuvre qui est jeune, disponible, plutôt optimiste, une jeunesse qui en veut.

La question des migrants agite actuellement la société malienne, en plus d’être un dossier brûlant pour le France et l’Europe. Sera-t-elle un des enjeux de ce sommet ?

C’est en effet une question importante qui sera abordée. Il y a beaucoup de Maliens en France et de bi-nationaux qui sont au Mali, donc cette question est particulièrement importante pour les Maliens. Maintenant la question est de savoir comment ces flux vont être régulés et comment cela sera pris en compte dans des relations unilatérales. Le dossier migratoire ne concerne pas simplement les pays sahéliens mais concerne aussi les pays du Maghreb. Un sommet ad hoc pour régler les questions migratoires devrait réunir les pays de l’Europe du sud qui sont concernés, 5 pays du Maghreb et 5 pays sahéliens, donc un groupe 5+5+5. Là, on pourrait avoir véritablement une coopération efficace. Cette coopération ne me paraît pas possible quand il y a 53 États réunis dans un sommet dont certains ne sont pas du tout concernés par ces questions.

Ce sommet sera pour Hollande une vitrine en forme de bilan de sa politique africaine. Pensez-vous que le président IBK, en replaçant le Mali sur la scène internationale, pourra capitaliser là-dessus pour inverser sa côte de popularité ?

Ce sommet est symbolique car il sera le dernier rendez-vous africain du Président François Hollande qui a beaucoup investi sur le Mali, notamment avec l’opération Serval, qui est une réussite de son mandat. Ceci étant, la force Barkhane risque d’échouer. Les militaires français sont globalement bien perçus mais s’ils s’enracinent, ils risquent d’être finalement vus comme une force d’occupation. Il faut un relais par une armée malienne et ce relais n’est pas encore assuré et les défis sont considérables. Or, pour peu que la France reste trop longtemps en première ligne, on sait très bien ce qu’il va se passer. Il y aura des bavures, des viols de la part de militaires, on voit ça partout, donc le Mali n’y échappera pas. Pour le Président Ibrahim Boubacar Keïta, c’est vrai que sa popularité n’est pas très haute. Il a peut-être manqué d’une forte volonté politique. Si je compare, par exemple, au Burkina Faso, il y a plus de fatalisme, d’accommodements avec des situations de rente que véritablement un projet politique fort de réintégration ou de règlement de la question touarègue, qui a toujours été, depuis l’indépendance, une question qui n’a jamais été prise à bras-le-corps par les gouvernements successifs. Il y a une faillite du monde politique au Mali. Je suis très frappé par une absence de prise en compte des défis sociétaux par un projet collectif qui mobilise suffisamment les populations et il y a beaucoup de domaines où il n’y a pas eu suffisamment d’avancées significatives. Ce sommet pourrait rehausser son crédit mais il faut un volontarisme politique et une restructuration des fonctions régaliennes de l’État à tous les niveaux.

 

Abdullah Coulibaly : « Nous sommes prêts »

À la veille de l’ouverture du Sommet Afrique-France, le président du Comité national d’organisation (CNOSAF), Abdullah Coulibaly, dans les starting blocks, fait le point sur le travail abattu pour la réussite de cet événement politique et économique international.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques heures de l’ouverture du sommet ?

Je suis tendu car la dernière ligne droite est la plus difficile. Je suis un homme optimiste. Mais face à tout ce qui reste à faire, même si beaucoup a été déjà fait, je suis sous pression. En gros, je peux vous dire que j’ai le sentiment qu’on aura un beau sommet car nous avons fait des choses remarquables. Mais encore une fois, c’est maintenant que le plus difficile commence.

Le Mali est-il prêt ?

Oui le Mali est prêt parce que sur le plan hébergement et logistique, tout est fait. Sur le plan sécuritaire, avec nos partenaires, nous avons mis tout en œuvre pour que le sommet se passe dans les meilleures conditions. Même si dans certains domaines, le 100% n’est pas atteignable, nous parlons avec beaucoup d’humilité, mais nous sommes prêts.

Pourtant des hôtels sont encore en chantier…

C’est vrai que des hôtels sont en chantier mais beaucoup sont terminés. Ce qu’il est important de dire c’est que quand nous avons été appelés à assumer cette fonction, nous avons analysé la situation et nous nous sommes dit que compte tenu du temps, nous devions compter sur l’existant. Le Mali a accueilli le sommet de 2005 avec des infrastructures qui sont encore là. Nous avons donc demandé à nos partenaires français de faire avec ce que l’on a. Les infrastructures précédentes sont donc là, auxquelles de nouvelles se sont ajoutées. Si on fait le compte, nous avons aujourd’hui douze suites à l’Hôtel Salam et plus de 19 à l’Hôtel Laïco l’Amitié qui est totalement disponible. À cela s’ajoutent 14 nouvelles villas que nous avons construites. Nous attendons au maximum 40 chefs d’États, nous avons donc de la marge pour ces autorités. Nous avons également environ 1 900 chambres disponibles en termes d’infrastructures hôtelières. Donc si les 2 000 invités viennent, nous sommes prêts à les héberger. Le challenge, ce n’est donc pas l’hébergement mais plutôt au niveau de l’efficacité des dispositifs que nous avons mis en place afin que les choses se passent bien.

Beaucoup critiquent l’absence d’implication de la population.

C’est l’une des premières fois dans l’histoire que les Bamakois, mais plus généralement les Maliens, ont été associés à ce niveau à la tenue d’une rencontre internationale et à ses préparatifs. À travers notamment l’organisation d’un forum Jeunesse et entreprenariat et d’un forum Genre et développement, où les gens ont sillonné toutes les régions du pays pour aller recueillir l’avis des jeunes et des femmes. L’autre élément important à Bamako a été la mobilisation sociale, à l’image de la Coupe du sommet qui a amené les jeunes de toutes les communes de la capitale à compétir et à parler du sommet. Il y a eu aussi l’opération Sotrama, pour laquelle les chauffeurs et les apprentis sont mobilisés à l’assainissement de la cité. Donc on peut dire que la population est associée.

Quel est le message du Mali à travers ce sommet ?

C’est d’abord un message de remerciement car la France a fait preuve de solidarité à l’endroit du Mali en lui permettant d’abriter deux fois en moins de deux décennies ce grand sommet. Merci à l’Afrique, car c’est un nouveau Mali qui va sortir de ce sommet. Le message fort qui va être envoyé au monde entier c’est de dire, voilà, le Mali est une destination fréquentable.

 

 

 

Sommet Afrique-France : ce qu’il faut en attendre…

Le sommet Afrique-France mobilise pendant une semaine l’attention à Bamako, mais aussi du monde sur le Mali. S’il suscite beaucoup d’espoirs du côté des organisateurs, il n’en demeure pas moins l’objet de polémiques, voire de contestations. Bamako 2017, rencontre de plus ou Sommet du renouveau pour le Mali et les relations entre la France, ex-puissance coloniale en quête d’un renouveau de son influence, et l’Afrique, continent d’avenir avec des ressources immenses à exploiter ?

Douze ans après le sommet Afrique-France de 2005, Bamako accueille le 27e sommet les 13 et 14 janvier. Un grand rendez-vous international qui réunira, outre le président français, et le tout nouveau secrétaire général des Nations unies, Antonio Guittieres, près de quarante chefs d’État et de gouvernement africains. L’actualité sur le continent, marquée tout autant par les crises que par la problématique de l’immigration clandestine, sera au cœur de cette rencontre qui veut faire la part belle aux perspectives de partenariat pour le développement entre l’Hexagone et le continent africain.

Enthousiasme Une grand-messe de plus, fustigent les détracteurs, un rendez-vous important selon les organisateurs. Pour eux, l’impact d’une rencontre de ce type ne peut se voir que sur la durée. « En termes de résultats, les gens évaluent individuellement alors que si cela devait être le cas, les sommets ne se succéderaient pas. Il faut voir de façon globale, et il est difficile de dire que de 2005 à nos jours, les questions de jeunesse ne restent pas prioritaires », explique Madame Maïga Sina Damba, ancienne ministre et présidente du Forum genre et développement, organisé en décembre dernier en prélude au sommet, et dont les recommandations devraient être présentées aux chefs d’État à Bamako. Madame Maïga en est sûre, ce sommet sera « différent ». « Il y a eu des activités en amont qui sont inédites. Il n’y avait jamais eu de forum pour les jeunes, les femmes et les opérateurs économiques en prélude à un sommet. Les sommets se font pour discuter des aspirations des communautés et celui de Bamako en sera une belle illustration ». « Les nouvelles perspectives de la jeunesse africaine occuperont une large place dans les discussions des chefs d’État et de gouvernement, notamment aux plans des opportunités du marché du travail, de l’éducation, de la formation professionnelle d’excellence et d’évaluation des performances », explique Almaamoun Keïta, directeur de la coopération au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le sommet devrait mettre un accent particulier sur l’importance de la mobilité et de la circulation des compétences des entrepreneurs et des étudiants, notamment les jeunes, tout en insistant sur la qualité de l’accueil, ainsi que la délivrance de visas de circulation de plus longue durée. L’Afrique devra également se mobiliser pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique, l’intensification de la lutte contre la désertification et la déforestation, le développement des infrastructures, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et le tourisme. Grosse actualité pour le continent mais aussi pour la France, la question sécuritaire, et particulièrement la lutte contre le terrorisme, sera au menu des échanges entre les chefs d’État et de gouvernement. Seront entre autres évoquées les mesures permettant de contenir et d’éradiquer les phénomènes de radicalisation, d’extrémisme violent, et de traite des êtres humains, ainsi que les solutions innovantes aux défis de la jeunesse, notamment en matière de participation à la vie de la société. Autant de questions d’intérêts pour le Mali et les pays africains.

Contestations Sur le continent, tous ne sont cependant pas acquis en ce qui concerne la pertinence de cette rencontre, jugée « néocolonialiste », « anachronique », comme on peut l’entendre dans les débats suscités ces derniers jours sur la question. Les détracteurs de la « Françafrique » et de ce sommet, qui pour eux en est la parfaite illustration, soutiennent, comme Assoumane Sissoko, porte-parole de la Coalition internationale des « Sans-papiers », interrogé par Studio Tamani, que « depuis 1973, du temps de Georges Pompidou, ce sont les mêmes thèmes qu’aujourd’hui ». « Donc, cela veut dire qu’en 43 ans de France-Afrique, ça n’avance pas. La France avance, mais pas l’Afrique. Il est fondamental de manifester une autre France-Afrique » a-t-il ajouté. Son mouvement organise un sommet alternatif du 10 au 14 janvier à Bamako au cours duquel, les relations entre la France et les pays africains sont passées au crible de la critique. Quelques jours auparavant, c’est à Ouelessebougou (80 km de Bamako) que la Coalition des alternatives africaines dette et développement du Mali (CAD-Mali) a organisé du 7 au 8 janvier, la 12e édition du Forum des peuples en contrepoids au sommet Afrique-France, sous le thème « Les peuples du Sud exigent des alternatives pour un nouveau partenariat économique, social et sécuritaire entre la France et les États africains ». « Ce forum visait à bâtir des alternatives populaires, à faire des propositions concrètes sur l’ensemble des préoccupations, comme la question de la monnaie, le retrait des bases militaires, le pillage des ressources naturelles », explique Sabane Touré, membre de la commission scientifique de la rencontre.

Dans la rue bamakoise, cela fait des mois que « ce fameux sommet », comme l’appelle Oumar Coulibaly, enseignant, est au cœur des conversations. « Je ne vois pas à quoi cela sert de dépenser tout cet argent pour une rencontre qui ne va rien changer à la vie de la population », affirme-t-il, regrettant que « pour l’instant, ce sont surtout les désagréments que nous voyons ». L’opinion majoritaire rejoint en effet les critiques à l’endroit de cette manifestation internationale « qui accouche toujours d’une souris. Des déclarations et puis rien », écrit un internaute. La question de la transparence de la gestion des fonds alloués pour l’organisation revient également souvent, les appels à un audit rigoureux de celle-ci sont nombreux. Tous ont évidemment à l’esprit les poursuites judiciaires dont avait fait l’objet le comité d’organisation du dernier sommet accueilli par le Mali.

« Les retombées vont s’inscrire certainement dans le temps, notamment en ce qui concerne le changement de comportement des populations dans le domaine de l’assainissement et de l’hygiène », déclarait il y a trois mois, à 100 jours du sommet, le président du Comité national d’organisation (CNOSAF), Abdullah Coulibaly, pour inviter les Bamakois et les Maliens à adhérer à l’événement. Alors que Bamako s’est parée de ses plus belles couleurs, que le dispositif sécuritaire est déployé et que les hôtes arrivent dans la capitale malienne, le président du CNOSAF se réjouit d’avance du fait que ce 27e Sommet Afrique-France soit « la confirmation que le Mali est un pays où l’on peut venir, un pays que l’on doit visiter et un pays où l’on peut investir ».

 

 

« Un sommet Afrique-France ? Pourquoi pas, mais, de grâce, pas au Mali ! »

Le chroniqueur de Le Monde Afrique, déplore l’absence de vision politique de la France, engagée au Mali, et la faillite des responsables politiques maliens.

Le sommet Afrique-France se tiendra à Bamako les vendredi 13 et samedi 14 janvier. Si le débat sur l’utilité d’un tel sommet est légitime, ce qui me dérange le plus, c’est de le voir se tenir au Mali. Le Mali incarne à lui seul le mal qui ronge la sous-région : un pouvoir politique qui a fait de l’incurie sa marque de fabrique, une clique de kleptocrates qui ont mis en coupe réglée le pays et les logiques mafieuses qui sont désormais les seules qui prévalent dans tous les secteurs d’activité au Mali.

On pourrait qualifier le Mali de failed State, « Etat failli », mais je préfère parler de fake State, « un semblant d’Etat ». Le pouvoir malien a cultivé l’art de sauver les apparences, apparences au-delà desquelles la communauté internationale ne va pas. Le président Amadou Toumani Touré (ATT, 2002-2012) excellait dans cet art, bien servi il est vrai par les griots de la communauté internationale qui chantaient ses louanges. Aujourd’hui l’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), bénéficie des services d’un griot en chef prestigieux : François Hollande.

Essai non transformé

Le président français veut faire du Mali un exemple de la réussite de sa politique internationale. La décision d’intervenir militairement en janvier 2013 était sans nul doute une décision courageuse. Malheureusement, l’essai ne fut pas transformé à cause d’une absence totale de vision politique. Une opération militaire ne peut pas être un objectif en soi, une victoire militaire ne sert à rien si elle n’est pas le moyen d’atteindre un objectif politique.

Donc, une fois les djihadistes éparpillés, l’opération « Serval » a été rebaptisée, avec un mandat plus large, opération « Barkhane », les casques bleus ont débarqué au Mali et aujourd’hui le résultat est sans appel : le nord du pays est désormais hors contrôle.

Cette situation n’est pas que la conséquence d’une absence de vision politique de la part de la France. Elle est aussi et surtout de la responsabilité des autorités politiques à Bamako qui ont failli. Le peuple malien a confié en 2013 les rênes du pays à IBK dans le cadre d’une élection dont le résultat final ne peut être contesté. Aujourd’hui cette légitimité politique a disparu car le pouvoir politique a tout simplement renoncé à incarner l’intérêt national. Les « logiques patrimoniales », pour reprendre l’expression de Jean-François Bayart, ont pris le dessus sur toute autre considération, la kleptocratie érigée en mode de gouvernance.

Cette « gouvernance » n’est pas l’apanage du seul Mali. Le Niger et la Mauritanie, pays voisins du Mali, souffrent du même mal et, pour ce qui est du Niger, il bénéficie du même griot en chef, François Hollande. Le plus frappant, c’est le fossé qui existe entre la cécité du pouvoir politique français concernant la réalité de la situation politique dans la bande sahélienne et la perception qu’ont les opinions publiques africaines de leurs propres dirigeants.

Opinions publiques écœurées

Ces opinions publiques, écœurées, en particulier la jeunesse africaine, constatent que la France en particulier, la communauté internationale en général sont complices de ces pouvoirs kleptocrates. D’ailleurs, plus ces élites politiques faillissent, plus la générosité internationale déverse des milliards d’euros, une prime à l’incurie en somme. C’est ce qui a miné la légitimité de la coalition internationale qui a soutenu de manière indéfectible le régime outrancièrement corrompu d’Amid Karzaï en Afghanistan

Je me demande donc ce que pourra être le discours du président François Hollande lors de ce sommet : va-t-il continuer à faire le griot d’IBK et insulter l’intelligence des opinions publiques africaines ou va-t-il saisir cette opportunité pour un discours courageux ? La deuxième option ne consiste pas à juger ou à critiquer publiquement les autorités politiques du Mali. La France n’en a pas le mandat juridique ni le mandat moral. Il s’agit plutôt de rappeler que la France ne peut continuer à essayer de sauver un pays si ses dirigeants ne sont pas les premiers à mener ce combat. Il s’agit de rappeler aux peuples africains qu’ils sont les réels détenteurs du pouvoir et que ce sont eux, pour reprendre le programme du mouvement citoyen sénégalais Y en a marre, qui façonneront le NTA, le Nouveau Type d’Africain. La France et la communauté internationale n’ont pas ce pouvoir. Il leur revient juste de choisir leur camp. Si on me demande un avis, je leur recommanderai plutôt celui des peuples.

Quand le Sommet Afrique France aurait pu avoir lieu en Côte d’Ivoire

Les 13 et 14 janvier prochain, le sommet Afrique France de Bamako réunira plus d’une quarantaine de chef d’État africains ainsi que des chefs d’entreprises africains et français. Ce grand rendez-vous qui devrait marquer le retour du Mali sur le scène internationale aurait pu se passer ailleurs, en Côte d’Ivoire, si la volonté du président français n’en avait pas décidé autrement.

L’opération Serval lancée en janvier 2013 et qui a permis de libérer le nord du Mali des groupes armés islamistes, est l’un des grands succès de la politique étrangère française du président Hollande. Depuis,  les relations entre les deux pays sont restées globalement bonnes, malgré quelques coups de canif, notamment concernant Kidal, la ville bastion du Nord Mali, et la relation étroite qu’entretient la France avec le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), organisation politico-militaire touarègue, indépendantiste.

Seulement voilà, malgré la mise en déroute des mouvements djihadistes, le pays a continué à être la cible d’attaques meurtrières, régulières, sur son sol, notamment contre les forces étrangères et les forces maliennes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues du Nord au Centre du pays voire au Sud ainsi qu’à d’autres territoires nationaux de la sous-région. La question de tenir un sommet international d’envergure dans un pays au contexte sécuritaire fragile, qui peine à imposer sa souveraineté sur le territoire, semblait très compliqué. L’attentat du 20 novembre 2015 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, a achevé de remettre en question la bonne tenue du sommet dans la capitale malienne.

D’autres regards se sont alors tournés vers Abidjan, la capitale idéale pour héberger le sommet Afrique France 2017. Le contexte sécuritaire intérieur y est meilleur qu’au Mali, le pays offre de très bonnes opportunités d’affaires et enregistre depuis ces 5 dernières années une croissance moyenne de 9 %. Différentes tentatives pour déplacer le sommet de Bamako vers la capitale ivoirienne ont donc été entreprises, soutenus par différents acteurs ivoiriens comme français. À l’instar du patronat français, le MEDEF, partisan d’un sommet en Côte d’ivoire ou au Sénégal, des pays jugés plus propices aux affaires et plus sécuritaire. Une délégation de 130 hommes d’affaires s’étaient d’ailleurs rendus, en avril dernier, à Abidjan pour conquérir des marchés dans ce pays porteur d’opportunités. Mais, la France et le Mali ont tenu bon, le président Hollande souhaitait que ce sommet, qui se tient à quelques mois de la fin de son mandat et qui est avant tout stratégique pour les deux pays, soit organisé dans ce « pré carré » françcais. Les lobbyistes et le Medef ont du s’y résoudre, à contre coeur.

Cette détermination du chef de l’État français à tenir le sommet Afrique-France 2017 à Bamako, lui permet de finir son mandat avec une belle vitrine qui honore le bilan de sa politique africaine, et dans le même temps, son choix, donne au Mali, pays qui peine à se relever, un sérieux coup de pouce.

2017, une année au pas de charge pour IBK

Du 27ème sommet Afrique-France à la Conférence d’entente nationale en passant par le programme d’urgences sociales et la promesse d’une nouvelle constitution, les objectifs fixés par le chef de l’État pour lannée 2017 sont nombreux et dénotent une accélération, à un an et demi des élections présidentielles.

« 2017 sera encore pour nous une année de challenges à relever », annonçait le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta, lors de ses traditionnels vœux à la nation. Des challenges que le chef de gouvernement classe en trois grandes priorités : « le rétablissement de la paix et de la sécurité, la préservation de la cohésion nationale et la prise en charge de la demande sociale », a-t-il précisé.

Par ailleurs le locataire de Koulouba (palais présidentiel) a également promis à son peuple une nouvelle constitution. Mieux, Ibrahim Boubacar Keïta a promis de donner suite aux nombreuses attentes et frustrations du peuple.

En s’adressant aux Maliens de l’extérieur, IBK laisse entendre : « j’ai entendu votre message ! J’ai pris la mesure de vos frustrations, j’en tirerais très bientôt toutes les conséquences ». Une déclaration qui, sans nul doute, est une réponse à l’endroit des Maliens de France dans leur revendication notament sur l’accord de réadmission que le Mali aurait signé avec l’Union Européenne.

Pour revenir aux défis de 2017, le chef de l’État semble montrer sa volonté de reprendre en main des grands dossiers qui permettrait au mali de sortir de l’ornière.

Le sommet Afrique France prévu du 13 au 14 janvier prochain à Bamako devrait en être le point de départ. Les défis pour le gouvernement notamment la diplomatie malienne sont grandes. C’est donc l’occasion pour celle-ci de marquer des avancées et de rectifier les erreurs du passé.

La conférence d’entente nationale prévue pour mars 2017 devrait être le point d’orgue des challenges 2017 qu’aura à relever la présidence. Ce sera l’occasion pour la classe politique malienne d’échanger sur les sujets brûlants de l’heure notamment les causes profondes de la crise du Nord. L’enjeu serait donc d’arriver à une solution commune issue d’un accord commun.

Enfin, le Programme d’Urgences Sociales 2017-2020, qui s’attaqua au secteur de l’eau , de l’éducation, de l’énergie, de la santé et des pistes rurales, pourrait aider à améliorer l’image du président aux yeux du peuple, s’il amène du mouvement.

Pour cette année 2017, les yeux des Maliens sont plus que jamais tournés vers Ibrahim Boubacar Keïta et son gouvernement dont le mandat est presque à son terme et l’on peut affirmer sans crainte de se tromper que de la gestion de ces dossiers pèsera fortement sur la présidentielle 2018 pour le président IBK qui semble d’ores et déjà candidat à sa succession.

 

 

Travaux routiers : à quand la fin du calvaire?

Depuis quelque temps la ville de Bamako est sujette à des embouteillages gigantesques récurrents. Se déplacer aujourd’hui à Bamako est devenu infernale à cause des travaux d’aménagements des voies routières entreprises par le ministère de l’Équipement et des transports, dans le cadre du renforcement de certaines sections dégradées des voies existantes et l’autre destiné au désenclavement c’est-à-dire à l’aménagement de nouvelles voies afin de démultiplier les dessertes et les accès vers les services sociaux comme les services de santé ,les écoles, les commissariats de police etc., mais aussi dans le cadre du sommet Afrique- France.

Ces travaux concernent toutes les communes de Bamako et devraient finir d’ici la fin de l’année selon l’AGEROUTE. Conséquences accident de la circulation ,embouteillage et retard au travail sont de nos jours le lot de tout bon bamakois .D’après le chef de département de communication de l’AGEROUTE, Mr Bocar Sada Touré, «nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés notamment l’indiscipline et le non-respect des panneaux de sécurité de la part de certains usagers », et d’après les estimations et les taux d’avancement présentés par l’AGEROUTE tout devrait finir avant même la fin des délais.

Pour certains usagers de la route, ces aménagements sont une excellente chose comme l‘explique Famory Keita, taximan : « c’est une bonne chose vu que les routes seront plus grandes et plus spacieuses », d’autres usagers de la route ne semble pas du même avis, à la question de savoir ce qu’il pense de l’aménagement des artères de Bamako, ils répondent : «  C’est vraiment pas le moment à quelque pas du sommet d’entreprendre des travaux routiers, ils auraient dus commencer un peu plus tôt, là ils vont travailler sous pression, eux ils souffrent, nous aussi on souffre vu qu’on arrive souvent en retard au travail, moi je quitte la maison à 6h et le temps de déposer mes enfants à l’école et d’arriver au boulot, il est 8h passé déjà c’est pas facile ». Reste à voir si les aménagements finiront avant le délai donné. En tout cas le programme du taux d avancement de l’AGEROUTE donne de l’espoir.

Au jour d’aujourd’hui le taux d’avancement des travaux de renforcement des routes varient entre 60 %et 90%, il y’a des artères qui sont même déjà finis.

Sommet Afrique France : quelles retombées pour le Mali ?

Alors que les préparatifs s’accélèrent à quelques mois du sommet, les Maliens se demandent quelles seront les retombées concrètes de cette rencontre dont les coûts d’organisation, qu’il demeure difficile d’évaluer avec précision, devraient se chiffrer en dizaines de milliards de nos francs.

Au Comité national d’organisation de la grand-messe de janvier prochain, c’est la prudence quant aux chiffres. Aucune information sur ce que coûtera ce sommet, mais l’on a une idée précise de ce que l’on en attend pour le pays. Le premier effet sera sans nul doute le coup de projecteur sur le Mali, qui sera au cœur de l’actualité africaine et française pendant au moins 48 heures et pour une circonstance constructive. 53 chefs d’État et de gouvernement et autant de délégations seront présents à Bamako, et selon les estimations des organisateurs, 2 500 à 3 000 personnes séjourneront dans la capitale malienne. Ce qui représente des revenus pour toutes sortes de prestataires dans l’hôtellerie, la restauration, mais aussi les services comme les transports et les télécommunications, pour ne citer que ceux-la.

Un nouveau visage L’une des conséquences positives de l’organisation de ce sommet que le Mali accueille pour la deuxième fois après celui de 2005, ce sont les infrastructures. De nouvelles routes, de nouveaux hôtels sortent de terre mais aussi la rénovation d’anciens ouvrages pour permettre d’accueillir les hôtes comme il se doit. Ce sont ainsi plusieurs dizaines de milliards qui sont investis par l’État et par les privés, de quoi faire tourner l’économie pendant plusieurs mois et créer des centaines d’emplois. D’emplois il est également question puisque avant, pendant et après le sommet, des dizaines de prestataires travailleront avec le Comité d’organisation, les marchés en ont d’ailleurs été récemment attribués. Enfin, et c’est un point qui tient particulièrement à cœur au président du CNOSAF, Abdullah Coulibaly, les retombées à long terme comme celle du changement de comportement des populations espéré dans le domaine de l’assainissement et de l’hygiène. De nombreuses actions de sensibilisation sont prévues pour que le Bamakois garde sa capitale propre pendant et après le sommet. Aux Maliens, plutôt sceptiques quand à l’opportunité d’un tel rassemblement, Frédéric Clavier, co-organisateur coté français de l’événement, promettait déjà en avril dernier que « la fête sera belle »…

Organisation du 27ème Sommet Afrique-France : Où en est-on ?

Initié en 1973, le sommet Afrique-France est un « nouveau cadre de dialogue » dans lequel la France et les pays africains peuvent débattre des questions d’intérêt commun. Après le 23ème sommet qui s’y est tenu à Paris en décembre 2005, Bamako s’apprête à accueillir la 27ème édition de cette grand-messe, les 13 et 14 janvier 2017. « Pour le partenariat, la paix et l’émergence », en sera le thème en phase avec l’actualité du Mali et d’ailleurs. À six mois de l’échéance, on est loin de sentir dans la ville hôte l’effervescence des préparatifs. Sécurité, hébergement, assainissement, mobilisations des fonds : le Comité d’organisation du Sommet Afrique-France (CNOSAF) assure cependant que tout sera fin prêt et que le défi sera relevé. État des lieux à 182 jours du début du sommet.

Les 13 et 14 janvier 2017, pendant 48 heures, Bamako accueillera 53 chefs d’État et de gouvernement africains, le secrétaire général des Nations unies, les présidents des commissions de l’Union africaine et de l’Union européenne, le président du Conseil européen, le Président François Hollande, le secrétaire exécutif de la l’Organisation internationale de la francophonie. « Toutes ces personnes seront réunies autour de plusieurs sujets, notamment les questions de sécurité internationale, la problématique de la jeunesse, les questions de diplomatie », déclarait en février dernier, le co-président du comité d’organisation, l’ambassadeur français Fréderic Clavier, venu à Bamako pour évaluer le niveau de préparation de la rencontre. Il reste que ce sont le Mali et la France, coorganisateurs de ce 27ème sommet Afrique-France, qui décideront par voie diplomatique, selon le comité d’organisation, de la liste des pays invités. Cela fait plus de deux ans que le Comité est à pied d’œuvre, mais il a pâtit de l’instabilité à sa tête. Son premier président, l’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra, nommé en avril 2014, avait été débarqué au profit de l’ancien ministre Modibo Kadjoké, désigné en mai 2015 et démissionnaire en août, qui fut remplacé par Abdullah Coulibaly, désormais rattaché à la présidence de la république.

Focus sur les infrastructures Les préparatifs d’un sommet commencent le plus souvent par l’aéroport. Et celui de Bamako n’a pas failli à la règle. En effet, les travaux de rénovation et d’harmonisation des façades des bâtiments commerciaux de l’aéroport, qui coûteront 1,2 milliards de francs CFA, ont été lancés en mars dernier. Par ailleurs, la nouvelle aérogare, en chantier depuis 2010, d’une capacité d’accueil de 1,5 million de passagers par an contre 800 000 pour l’ancienne, est en cours de finalisation mais ne devrait pas être opérationnelle d’ici janvier.

C’est la capitale toute entière qui aura droit à un coup de neuf,  afin de lui donner un peu de lustre. Les rues, les espaces verts seront rafraîchis mais l’accent sera surtout mis sur l’assainissement du cadre de vie des populations. Curage de caniveaux, goudronnage de voies secondaires et embellissement des axes principaux, entre autres travaux qui n’ont pas encore commencé et pour lesquels une enveloppe de plus de trois milliards de francs est prévue, financée grâce à l’emprunt obligataire réalisé par l’Etat malien en avril dernier. Selon Mahamane Touré, chargé des relations extérieures à la mairie du district de Bamako, la mairie est chargée de l’assainissement, de la mobilité des hôtes, de l’éclairage public et de la signalétique urbaine. Le maire de Bamako, Adama Sangaré, et une forte délégation se sont d’ailleurs rendus à Angers (du 25 au 29 juin) et à Lyon (du 29 au 3 juillet) pour solliciter leur appui. Ces villes françaises, qui ont des partenariats avec la mairie, ont, selon M. Touré, donné des « accords de principe pour l’équipement de la voirie » afin d’assainir Bamako. « Pour le moment, nous travaillons sur un programme de sensibilisation des populations pour un changement de comportement. C’est le plus important, car l’assainissement est un problème de comportement », explique Oumar Konaté, directeur des services urbains, qui parle aussi de la formation du personnel qui sera lancée dans deux mois. Il y a aussi l’acquisition des logistiques pour rendre la ville propre. Les autorités municipales ont par ailleurs promis d’appuyer Ozone Mali pour enlever les dépôts d’ordures, notamment ceux de la Commune 6 et 4, que la société marocaine peine à faire disparaitre. En ce qui concerne la mobilité, plusieurs projets ont été validés par la mairie : éclairage public intelligent, illumination des ponts, réhabilitation des feux tricolores, décoration lumineuse de la porte d’entrée de Bamako (sur la route de l’aéroport), marquage des chaussées et les panneaux de signalisation. Pour un coût de réalisation estimé à 2 milliards de francs CFA, selon Djibril Sidibé, chargé de la mobilité au niveau de la mairie.

Du côté des hôtels, on s’active pour mettre à niveau les capacités d’accueil. L’Hôtel de l’Amitié devrait être libéré par la MINUSMA, et s’agrandir avec des villas construites sur l’ancien golf. À l’Azalaï Hôtel Salam, des travaux sont en cours, avec à la clef une augmentation sensible de la capacité d’accueil de l’établissement. Quand à l’hôtel Sheraton, il ne sera visiblement pas achevé en janvier prochain. Toujours en phase de gros œuvre, « trois étages seront livrés et opérationnels pour le sommet », assure-t-on cependant du côté du promoteur.

Sécurité garantie L’une des grandes questions en ce qui concerne l’organisation de ce sommet est à coup sûr celle de la sécurité. Le Mali, pays organisateur est de fait le premier responsable de la sécurité des personnalités et des invités. « Les questions de sécurité sont prises en charge par des corps de professionnels, et cela concerne toutes les forces de sécurité et de défense, compte tenu par ailleurs du contexte dans lequel est organisé le présent sommet », affirme-t-on du côté du comité d’organisation. Le directeur national de la police, Moussa Ag Infahi, se dit en effet confiant et assure que « les dispositions sont en train d’être prises » pour le sommet.

La grand-messe du partenariat Afrique France sera certainement l’occasion pour le Mali de prouver son retour sur le devant de la scène, mais aussi sa capacité à accueillir à nouveau des événements d’envergure, avec tous les défis que cela comporte. Si à six mois de la rencontre, en dehors des infrastructures hôtelières privées, rien n’est encore réellement perceptible dans la capitale, au CNOSAF, on rassure quand au respect des engagements pris. Il faut rappeler que le Comité a une fonction de coordination de nombreux acteurs qui interviennent dans la mise en œuvre du programme de préparation du sommet, et travaille avec une partie française, dirigée elle par Frédéric Clavier. La question du financement de la rencontre en elle-même reste pour le moment tabou. Le précédent sommet qu’avait accueilli le Mali en 2005 avait couté presque 10 milliards de francs CFA, avec une contribution française d’un milliard et demi…