Ségou : saisie de 178 briques de cannabis par la Douane

La Section Recherches et Interventions (SRI) des Douanes maliennes à Ségou a saisi, le lundi 8 septembre, 178 briques de cannabis soigneusement dissimulées sous des bidons d’huile à bord d’un camion en provenance de Koutiala.

L’opération, menée en pleine journée, a permis de déjouer une tentative de contrebande sophistiquée. Le camouflage sous des bidons d’huile illustre la ruse grandissante des trafiquants qui cherchent à tromper la vigilance des contrôles douaniers.

Cette saisie intervient alors que le Mali est devenu un point clé du trafic régional de drogue. Entre juin 2024 et juin 2025, plus de 127 tonnes de drogues ont été saisies par les forces maliennes, parmi lesquelles une part importante de cannabis, principalement sur les routes stratégiques reliant les régions du sud. Avec plus de 262 interpellations au premier semestre 2025, les opérations de lutte contre le narcotrafic s’intensifient dans tout le pays.

Le trafic de cannabis cible particulièrement la jeunesse malienne, provoquant des problèmes de santé publique et fragilisant le tissu social. Le Directeur Général des Douanes a salué cette opération, rappelant que les services restent vigilants sur tous les fronts — routes, frontières, fleuves — pour protéger l’économie nationale.

Toutefois, la sophistication croissante des réseaux de trafiquants pose un défi majeur aux autorités maliennes, qui doivent renforcer leurs moyens humains et techniques pour faire face à ce fléau. La lutte contre le narcotrafic est également compliquée par l’implication de groupes armés non étatiques, qui tirent profit de l’insécurité pour faciliter leurs activités illégales.

Les autorités maliennes réaffirment leur engagement à combattre ces réseaux, en collaboration avec les partenaires internationaux, afin de préserver la stabilité et la sécurité du pays.

Deux ex-otages policiers reçus par le président de la transition à Koulouba

Le mardi 9 septembre 2025, le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, a reçu en audience une délégation conduite par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Daoud Aly Mohamedine.

Lors de cette rencontre, le ministre a présenté physiquement deux ex-otages policiers récemment libérés : le Sergent-Chef Abdrahamane Dembélé et le Sergent Boubacar Dabo. Ces agents de la Police nationale avaient été enlevés le 6 août 2025 à Bambara Maoudé, sur l’axe Tombouctou-Douentza, et sont restés captifs pendant un peu plus d’un mois.

La libération, réalisée le 8 septembre, est le fruit du professionnalisme des Forces armées et de sécurité maliennes (FAMa) et de la perspicacité des services de renseignement. Les deux ex-otages bénéficient actuellement d’un suivi médical et psychologique avant leur retour auprès de leurs familles.

Le ministre Daoud Aly Mohamedine a rappelé aux ex-otages que « le risque fait partie de la vie militaire », saluant leur courage face à cette épreuve.

Le général Assimi Goïta, lors de l’audience, a lui aussi rendu hommage au courage des policiers. Il a réaffirmé l’engagement ferme de l’État à protéger ses citoyens, tout en assurant la poursuite des efforts pour libérer toutes les personnes encore détenues par les groupes armés.

Besoins humanitaires : seulement 13 % couverts au Mali

Le dernier rapport régional de l’OCHA, daté du 8 septembre 2025, révèle que le financement humanitaire au Mali reste largement en deçà des besoins. Le Plan de réponse humanitaire du pays est évalué à 771,3 millions de dollars pour 2025. À ce jour, 100,8 millions ont été mobilisés à l’intérieur du plan, soit 13 % du total requis. S’y ajoutent 26,6 millions de financements extérieurs, portant l’enveloppe globale à 127,4 millions de dollars.

Le déficit atteint 671 millions de dollars. Cette situation place le Mali parmi les pays les moins financés de la région, en proportion de ses besoins. À titre de comparaison, le Tchad affiche une couverture de 20 % avec 291,7 millions mobilisés sur plus de 1,4 milliard requis, tandis que la République centrafricaine atteint 25 %.
L’analyse s’inscrit dans une vue d’ensemble de huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Les besoins régionaux s’élèvent à 7,7 milliards de dollars pour 2025, dont seulement 1,3 milliard a été financé dans le cadre des plans de réponse humanitaire, soit une couverture de 17 %. Plus de 6,4 milliards restent à mobiliser. Les financements extérieurs aux plans représentent 322,8 millions de dollars, soit 19 % du total global.
Pour le Mali, la part des financements hors plan représente 21 % des ressources mobilisées, un niveau similaire à celui du Burkina Faso et supérieur à celui du Nigeria, évalué à 14 %. Malgré ces apports complémentaires, la situation demeure critique au regard des besoins non couverts.
Les principaux bailleurs identifiés sont l’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui concentrent la majorité des financements régionaux. Ces contributions bénéficient surtout aux agences des Nations unies, aux ONG internationales et au Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
La faiblesse du financement au Mali intervient alors que le pays fait face à une aggravation des besoins humanitaires, dans un contexte de déplacements massifs et de vulnérabilités accrues. Le rapport souligne l’écart persistant entre les ressources disponibles et les besoins exprimés, limitant la capacité des acteurs humanitaires à répondre efficacement aux urgences.

Hausse des déplacements : plus de 220 000 réfugiés recensés

Au deuxième trimestre 2025, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a publié une mise à jour opérationnelle qui dresse un tableau chiffré des mouvements de populations et de l’assistance apportée dans le pays. Le rapport, couvrant la période d’avril à juin, révèle une progression marquée des arrivées et met en évidence l’ampleur des besoins.

Entre juin 2024 et juin 2025, le nombre de réfugiés présents au Mali est passé de 96 000 à plus de 220 000. Parmi eux, 138 535 ont été enregistrés par la Commission nationale pour les réfugiés et plus de 89 000 sont encore en attente d’enregistrement, contre 64 315 trois mois plus tôt. Les nouveaux arrivants viennent principalement du Burkina Faso et du Niger, s’installant d’abord dans les régions centrales avant de poursuivre leur route vers le sud, notamment Bamako, Ségou et Sikasso.
Le rapport indique que 402 167 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, tandis que 194 236 ont pu rentrer chez elles. À l’étranger, 334 123 Maliens sont réfugiés dans des pays d’asile. Dans le même temps, 670 réfugiés maliens ont regagné leur pays depuis le début de l’année. Entre avril et juin, 267 retours volontaires ont été enregistrés, dont 156 depuis la Mauritanie, 77 depuis le Burkina Faso et 34 depuis le Niger.
Les autorités et le HCR signalent une intensification des mouvements mixtes aux frontières. Sur le deuxième trimestre, 7 729 individus ont été recensés, soit une hausse de 61 % par rapport au trimestre précédent. La majorité provient du Burkina Faso, avec 5 996 demandeurs d’asile identifiés. L’absence de documents d’identité est relevée chez 71 % des personnes enregistrées, dont plus de la moitié exposées au risque d’apatridie.
L’assistance a concerné plusieurs volets. En matière d’éducation, 400 élèves de Tombouctou ont reçu des kits scolaires et des équipements ont été fournis à sept écoles de Gao et Haoussa-Foulane. Sur le plan de la santé, trois malades ont été pris en charge à Koro et cinq autres ont été orientés vers Médecins sans frontières. Dix foyers ont reçu des kits pour bébés et dix victimes de violences ont bénéficié de kits de dignité à Douentza. Concernant l’hébergement, 221 abris semi-durables ont été construits à Gao pour 1 105 personnes touchées par des inondations et 100 maisons ont été remises à des familles vulnérables dans la Cité Naata. Des blocs de latrines ont également été installés pour améliorer l’hygiène et la sécurité.
Le soutien matériel s’est traduit par la distribution de couvertures à 3 760 réfugiés et 750 membres de communautés hôtes, ainsi que par la remise de kits de survie à plus de 1 100 réfugiés et 1 476 déplacés internes. Mille cent dix réfugiés ont reçu des moustiquaires pour se protéger du paludisme. Une aide en espèces a été distribuée à 44 foyers réfugiés à Mopti et à 133 ménages hôtes à Tombouctou. Le Conseil norvégien pour les réfugiés a apporté une assistance financière à 3 079 réfugiés dans la région de Koro pour couvrir un mois de besoins alimentaires.
La protection des victimes de violences a constitué un axe prioritaire. Entre avril et juin, plus de 110 survivantes, dont des enfants, ont reçu un appui médical et psychosocial dans les régions de Mopti, Gao, Ménaka, Ansongo et Koro. Le rapport mentionne aussi l’adoption en mai 2025 par le Comité national de Transition d’une loi sur l’apatridie, après un processus mené avec l’appui du HCR.
Le financement reste un défi majeur. Le HCR indique avoir besoin de 85 millions de dollars pour couvrir ses opérations en 2025, mais seulement 22 % de ce montant étaient disponibles au 30 juin.

Kayes : arrestation de suspects par les FAMa et démenti officiel du blocus terroriste

Le mardi 9 septembre 2025, une mission de reconnaissance des Forces Armées Maliennes (FAMa) a conduit à l’arrestation de quatre individus suspects à Lambatara, dans la région de Kayes. Les suspects étaient en possession de plusieurs dizaines de téléphones portables, ce qui a motivé leur interpellation immédiate.

Ils ont été remis aux autorités compétentes et font désormais l’objet d’une enquête visant à déterminer l’origine de ces téléphones et les motivations des personnes arrêtées.

Cette opération s’inscrit dans la continuité de l’engagement des FAMa dans la lutte contre le banditisme et la sécurisation des populations dans la zone de Kayes.

Par ailleurs, la région de Kayes fait face depuis plusieurs jours à des tentatives de blocus annoncées par le groupe terroriste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Ce groupe a diffusé une vidéo annonçant l’imposition d’un blocus sur les villes de Kayes et Nioro du Sahel, ainsi qu’une interdiction de transport de carburant via plusieurs pays voisins.

Cependant, la Direction des relations publiques des armées (DIRPA) a démenti formellement l’existence d’un tel blocus. Le colonel Souleymane Dembélé, porte-parole de la DIRPA, a qualifié ces informations de propagande visant à semer la psychose et a expliqué que toute incursion ou tentative de blocage des axes routiers par les terroristes est éphémère. Il a détaillé que les Forces armées maliennes procèdent à des opérations de ratissage rapides et efficaces qui permettent de rétablir la libre circulation sur ces tronçons stratégiques.

Les autorités militaires maliennes ont réaffirmé leur détermination à sécuriser la région de Kayes, notamment en neutralisant de nombreux éléments terroristes et en libérant des otages. La situation reste toutefois tendue, avec une menace persistante des groupes armés dans l’ouest du pays.

La CNDH préoccupée par la situation sécuritaire et humanitaire du pays

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Mali a publié un communiqué exprimant sa profonde préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays.

Se référant à la Constitution du 22 juillet 2023, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et aux Conventions de Genève, la CNDH condamne l’escalade des violences et appelle les autorités maliennes à respecter leurs obligations en matière de protection des droits humains.

La CNDH rappelle les devoirs de l’État concernant l’assistance humanitaire et exhorte à faciliter l’accès sans entraves des secours, notamment en direction des personnes déplacées internes et des réfugiés.

Le communiqué souligne l’urgence d’un dialogue inclusif et constructif entre toutes les parties, afin d’instaurer un climat de paix durable.

La Commission soutient les Forces armées et de sécurité maliennes (FAMa) dans leurs opérations, tout en recommandant une collaboration accrue entre ces forces et la population pour une meilleure efficacité.

Enfin, la CNDH rappelle que la protection des droits de l’homme est une responsabilité partagée et insiste que nul n’est à l’abri de la violation de ses droits.

AfroBasket U16 : le Mali confirme ses ambitions à Kigali

Les sélections U16 du Mali poursuivent leur parcours sans faute à Kigali, où garçons et filles ont validé leur ticket pour les quarts de finale. Leurs deuxièmes sorties, face au Libéria et à la Côte d’Ivoire, ont confirmé leur statut de favoris.

Au Petit Stade de Kigali, la deuxième sortie des Aiglonnets masculins s’est déroulée le 4 septembre 2025 à 16h30 contre le Libéria. Les Maliens se sont imposés 69–57 après avoir dominé les deux premiers quarts, maîtrisé les rebonds et maintenu leur intensité défensive jusqu’au bout. Avec ce succès, ajouté à leur victoire inaugurale face au Maroc (67–54), le Mali est assuré de disputer les quarts de finale et aborde son dernier match de poule avec confiance. Le rendez-vous contre l’Égypte, prévu le 10 septembre à 16h30, décidera de la première place du groupe C et donnera le ton avant les phases à élimination directe.

Chez les filles, la deuxième confrontation a eu lieu le 6 septembre 2025 à 13h30 face à la Côte d’Ivoire. Après un premier quart équilibré (11–11), les Maliennes ont pris l’ascendant grâce à une défense resserrée et une attaque portée par Awa Keita (24 points, 6 rebonds) et Mariya Diawara (19 points). La victoire 65–38 vient s’ajouter à leur entrée réussie contre l’Angola (52–44), confirmant une supériorité technique et physique dans le groupe B. Déjà qualifiées pour les quarts, elles joueront leur dernier match de poule face à la Guinée le 9 septembre à 9h00, avec pour objectif de consolider leur première place.

Les deux sélections incarnent une même dynamique : invaincues, déjà en quarts et concentrées sur la suite d’un tournoi qui a souvent souri au Mali dans les catégories jeunes. À Kigali, l’attente est désormais tournée vers leurs prochaines sorties décisives, où garçons comme filles auront l’occasion d’affirmer encore davantage la place du pays au sommet du basket continental.

Attaques contre des commissariats à Mopti et Bla : victimes et dégâts matériels signalés

Deux attaques armées ont visé des commissariats de police au centre du Mali au début du mois de septembre 2025. Si celle de Mopti a fait deux victimes parmi les gardiens, celle de Bla a causé d’importants dégâts matériels sans pertes en vies humaines.

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 2025, le commissariat de Mopti a été pris pour cible par des hommes armés. Des tirs nourris ont été entendus pendant une quinzaine de minutes. Des sources rapportent que deux gardiens se trouvant dans un bâtiment voisin ont été tués. Des dégâts matériels ont également été rapportés, mais leur ampleur exacte reste à confirmer. L’attaque n’a pas été revendiquée et l’identité des assaillants demeure inconnue.
Deux jours plus tôt, dans la nuit du 4 au 5 septembre, un autre commissariat avait été visé à Bla, dans la région de Ségou. Les assaillants ont emporté deux véhicules pick-up, incendié un troisième et détruit la Brigade de recherche. Vingt-cinq motos, dont certaines appartenaient aux policiers, ont été brûlées. Les bureaux ont été vandalisés, interrompant les activités administratives, mais aucune perte humaine n’a été signalée.
Ces deux attaques rapprochées dans le temps illustrent la persistance de l’insécurité dans le centre du pays. Les autorités locales se sont rendues sur les lieux pour constater les dégâts et annoncer un renforcement des dispositifs sécuritaires. Aucun groupe armé n’a, pour l’heure, revendiqué ces assauts et aucune attribution officielle n’a été établie. La katiba Macina, l’une des composantes les plus actives du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), opère largement dans la région, mais son implication n’a pas encore été confirmée.

Deux ans après l’attaque du bateau Tombouctou, l’enquête piétine  

Ce dimanche 7 septembre 2025 marque le deuxième anniversaire de l’attaque contre le bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation fluviale. L’embarcation avait été frappée par des roquettes le 7 septembre 2023 sur le fleuve Niger, entre Abokoira et Zorghoi, provoquant un incendie à bord. Le même jour, le camp militaire de Bamba, dans la région de Gao, avait également été visé.

 

Le bilan avait été lourd. Les autorités avaient annoncé 64 morts, dont 49 civils et 15 militaires. D’autres sources avaient fait état d’un nombre bien plus élevé de victimes civiles. L’UNICEF avait confirmé la mort de 24 enfants et indiqué que neuf autres avaient été hospitalisés.

 

Le 8 septembre 2023, le procureur du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier et poursuivre les auteurs. Deux ans plus tard, aucune avancée n’a été rendue publique. L’attaque n’a jamais été revendiquée. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, initialement soupçonné, avait nié toute implication, tout comme certains groupes rebelles évoqués parmi les premières pistes.

 

La Compagnie malienne de navigation fluviale n’a pas repris ses activités à plein régime. Ses employés ont dénoncé des arriérés de salaires et l’arrêt du trafic a entraîné de lourdes pertes économiques.

 

Deux ans après les faits, les auteurs de l’attaque n’ont toujours pas été formellement identifiés et les résultats de l’enquête judiciaire n’ont pas été rendus publics.

 

 

Sénégal : Un nouveau gouvernement pour accompagner le redressement économique

Le Sénégal a procédé le 6 septembre 2025 à un remaniement ministériel avec l’entrée de nouveaux visages et le départ de plusieurs responsables. Cette réorganisation répond à la démission d’un ministre, à une évaluation du gouvernement après 18 mois et aux impératifs du plan de redressement économique et social.

Le président Bassirou Diomaye Faye a pris cette décision après une période de stabilité gouvernementale inédite de 18 mois. Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui forme ainsi son deuxième gouvernement depuis sa nomination en 2024, a dévoilé une équipe de 25 ministres et 4 secrétaires d’État appelée à mettre en œuvre les priorités politiques, économiques et sociales.

La démission d’Abass Fall, ministre du Travail devenu maire de Dakar, a été l’un des éléments déclencheurs de cette recomposition. Elle s’inscrit aussi dans une logique de bilan sur le fonctionnement de l’équipe en place. Selon le Premier ministre, des ajustements étaient nécessaires pour renforcer la cohésion et améliorer l’efficacité de l’action gouvernementale.

Le contexte économique a également pesé dans cette décision. Le Sénégal vient d’adopter un Plan de redressement économique et social chiffré à 6 000 milliards de francs CFA sur 3 ans. Financé à près de 90 % par des ressources internes, ce programme vise à ramener le déficit budgétaire à 3 % et à stabiliser une dette publique estimée à plus de 110 % du produit intérieur brut. Ce plan constitue la feuille de route principale de l’exécutif pour la période 2025-2028.

Plusieurs changements notables ont marqué ce remaniement. Cheikh Niang, diplomate de carrière qui a représenté le Sénégal auprès des Nations unies à New York et occupé plusieurs postes d’ambassadeur, prend désormais la tête des Affaires étrangères. Sa longue expérience internationale devrait renforcer la voix du pays sur les grandes questions régionales et multilatérales. Mouhamadou Bamba Cissé, avocat au barreau de Dakar depuis plus de vingt ans et lauréat d’un prix des Barreaux francophones d’Afrique, est nommé ministre de l’Intérieur. Proche du Premier ministre, il devra gérer les questions sécuritaires et l’organisation des prochaines échéances électorales. Déthié Fall, ingénieur polytechnicien et ancien député, devient ministre des Infrastructures. Son profil d’expert technique et son parcours d’ancien opposant reconverti au sein de l’exécutif devraient lui permettre de piloter des chantiers structurants pour l’économie nationale.

D’autres changements renforcent cette logique de renouvellement. À la Culture, Amadou Ba, ancien parlementaire, prend le relais de Mountaga Diao, avec la mission de dynamiser un secteur stratégique pour l’identité et le rayonnement du pays. Aux Forces armées, le général Birame Diop, ancien chef d’état-major et spécialiste des opérations de maintien de la paix, succède au général Jean-Baptiste Tine. À la Justice, Yassine Fall, avocate de formation et ancienne députée, remplace Ousmane Diagne avec pour mission de poursuivre les réformes de modernisation du système judiciaire.

Parmi les sortants figurent donc Abass Fall, Ousmane Diagne, Jean-Baptiste Tine et Mountaga Diao, rejoints par d’autres responsables qui n’ont pas été reconduits. Les nouveaux entrants, issus du Parlement, de la société civile ou de la diplomatie, incarnent une volonté d’ouverture et de rééquilibrage.

Ce remaniement, attendu après la présentation du plan de redressement, ouvre une nouvelle étape pour le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye. Les prochains mois permettront d’évaluer la capacité de cette équipe à relever les défis liés au coût de la vie, à l’emploi, à la sécurité et à la souveraineté alimentaire, tout en maintenant la stabilité du pays dans un environnement régional marqué par les tensions politiques et économiques.

CIJ : que peut espérer Bamako face à Alger ?

Le Mali a saisi la Cour internationale de justice le 4 septembre 2025 après la destruction d’un drone militaire près de Tinzaouaten. Cette démarche traduit un recours inédit au droit international dans un différend sensible avec l’Algérie. Mais elle soulève une question centrale : la Cour est-elle compétente pour trancher une telle affaire et que peut réellement espérer Bamako au terme de cette procédure ?

Les autorités maliennes accusent Alger d’un acte d’agression portant atteinte à leur souveraineté et en violation des principes de la Charte des Nations unies, notamment de l’interdiction du recours à la force. La requête s’appuie explicitement sur l’article 2, paragraphe 4, qui prohibe le recours à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance d’un État. Bamako invoque également la résolution 3314 de l’Assemblée générale des Nations unies de 1974, qui définit juridiquement la notion d’agression.
La compétence en question
Mais invoquer la Charte ne suffit pas à établir la compétence de la Cour. Selon l’article 24 de la Charte, c’est au Conseil de sécurité qu’incombe la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. La Cour internationale de justice, de son côté, joue un rôle strictement juridique et ne peut trancher que les différends pour lesquels les États acceptent sa juridiction, comme le prévoit l’article 36 de son Statut. Elle n’a pas de pouvoir automatique pour connaître des violations alléguées de la Charte, ni de moyens propres pour contraindre les États à exécuter ses arrêts. Or, l’Algérie n’a pas reconnu la juridiction obligatoire de la CIJ. En l’absence de traité applicable liant les deux pays ou d’un accord ad hoc, Alger pourra soulever une exception d’incompétence et empêcher l’examen du fond.
Ce choix procédural s’éclaire à la lumière du précédent de 2022, lorsque le Mali avait saisi le Conseil de sécurité pour dénoncer des « actes d’agression » attribués à la France, l’accusant de violations répétées de son espace aérien et même de soutien aux groupes jihadistes. Cette plainte, transmise dans une lettre officielle au président du Conseil alors dirigé par la Chine, n’avait pas donné de suite, illustrant la dimension éminemment politique de cet organe et les blocages liés aux vetos des membres permanents. C’est sans doute pour éviter une nouvelle impasse que Bamako a choisi de recourir à la CIJ, afin de déplacer le différend sur le terrain juridique et d’obliger Alger à se défendre devant une instance judiciaire mondiale.
Si la Cour accepte d’examiner la requête, la procédure suivra plusieurs étapes. Le Mali présentera ses arguments dans une phase écrite, l’Algérie pourra répondre et soulever des objections, puis des audiences publiques permettront aux juges d’entendre les deux parties. Dans l’intervalle, la Cour pourra ordonner des mesures conservatoires pour prévenir toute aggravation du différend, par exemple en demandant aux deux États de s’abstenir de tout acte de nature à intensifier le conflit. Le jugement final, qui pourrait intervenir dans plusieurs années, aurait une valeur obligatoire en droit international, mais son exécution dépendrait de la volonté des parties, la Cour n’ayant aucun moyen de coercition propre.
Des précédents instructifs
Les précédents confirment que la compétence est le nœud du problème. Dans l’affaire Nicaragua c. États-Unis (1984), la Cour s’était déclarée compétente mais Washington avait refusé d’exécuter le jugement. L’Ukraine a, en revanche, pu obtenir en 2019 que la CIJ examine ses plaintes contre la Russie en invoquant des conventions spécifiques ratifiées par les deux pays, sur le financement du terrorisme et la discrimination raciale. En Afrique, le Burkina Faso et le Mali avaient conjointement saisi la CIJ en 1986 pour un différend frontalier, ce qui avait permis un règlement pacifique. Plus récemment, en 2021, la Somalie et le Kenya ont vu la Cour trancher leur litige maritime. La Gambie a également porté plainte contre le Myanmar en 2019 pour violation de la Convention sur le génocide, démontrant qu’un État africain peut utiliser la CIJ pour défendre une cause au niveau mondial.
Des leviers envisageables
Si Bamako veut néanmoins donner toutes ses chances à cette requête, plusieurs leviers sont envisageables. Le premier est de fonder la compétence de la Cour sur un instrument juridique précis, qu’il s’agisse d’un traité multilatéral ratifié par les deux pays comportant une clause attributive, ou d’un compromis spécial conclu entre les parties, même si ce dernier paraît difficile dans le climat actuel. Le Mali pourrait aussi orienter sa démarche vers des demandes plus réalistes, comme l’obtention de mesures conservatoires visant à prévenir tout nouvel incident, plutôt que d’attendre immédiatement une condamnation au fond. Pour convaincre, il lui faudra présenter des preuves techniques et irréfutables de l’incident, notamment l’immatriculation et la trajectoire du drone, ainsi que le lieu exact où il a été détruit. Enfin, le succès de cette initiative dépendra aussi du soutien diplomatique que Bamako saura mobiliser, en particulier auprès de l’Union africaine, de la CEDEAO et des partenaires internationaux, afin que la portée de sa démarche dépasse le simple symbole.
Dans le cas malien, l’absence de reconnaissance de compétence par l’Algérie reste un obstacle majeur. Mais la portée symbolique et politique de la démarche est indéniable. Elle illustre la volonté de Bamako d’internationaliser son différend avec Alger après l’expérience infructueuse du Conseil de sécurité et de tester la capacité de la justice mondiale à arbitrer un conflit directement né sur le continent africain.

La coproduction de la sécurité au centre d’une conférence-débat

Le 30 août 2025, le Réseau Médias-RSS, en partenariat avec le DCAF, a tenu à l’Hôtel Maeva Palace une conférence-débat consacrée au rôle du citoyen dans la coproduction de la sécurité au Sahel. L’événement a rassemblé 109 participants, dont 37 femmes et 72 hommes, issus d’autorités administratives, de collectivités, de médias, de chefferies traditionnelles, de forces de sécurité, d’organisations de la société civile, de chercheurs et de partenaires internationaux.

Les travaux ont porté sur le thème : « L’État face à la recrudescence de la demande de sécurité par la population : quel rôle pour le citoyen dans la coproduction de la sécurité au Sahel ? ». Ce choix s’inscrit dans un contexte où les défis sécuritaires se multiplient et où l’implication des communautés apparaît comme un levier essentiel pour consolider la stabilité et la gouvernance.
Dans son allocution, la représentante du DCAF, Valérie Petitpierre, a rappelé que la sécurité n’est pas uniquement l’affaire de l’État mais se construit avec l’ensemble des composantes sociales. Elle a insisté sur la place des médias comme relais de confiance et sur les outils pratiques développés pour favoriser la participation citoyenne et l’intégration du genre dans le secteur de la sécurité. Les autorités coutumières et municipales présentes ont, elles aussi, insisté sur la nécessité d’un ancrage local fort pour rapprocher la gouvernance sécuritaire des populations.
La table ronde modérée par Coumba Bah a permis de confronter plusieurs points de vue. Le professeur Bakary Camara a évoqué l’héritage des mécanismes communautaires, en particulier les chasseurs traditionnels et les milices villageoises, tout en rappelant la contribution des femmes aux stratégies collectives. La journaliste Assétou Diarra a attiré l’attention sur la responsabilité des médias dans le traitement de l’information sécuritaire et proposé des cellules de veille citoyenne en lien avec les rédactions. Boubacar Théra, représentant du DCAF, a défendu une approche multidimensionnelle de la sécurité intégrant ses aspects militaire, alimentaire, sanitaire, économique et social.
Les échanges avec les participants ont porté sur la régulation de l’information, la place des citoyens dans la prévention des crises et les mécanismes de responsabilisation face aux dérives médiatiques. La Haute Autorité de la Communication a rappelé son rôle de régulation et encouragé une formation continue des journalistes sur l’éthique et la couverture des conflits.
La rencontre a aussi été marquée par la présentation des nouveaux organes du Réseau Médias-RSS. Massiré Diop succède à Coumba Bah au secrétariat exécutif, tandis que celle-ci prend la présidence du conseil d’administration. Le bureau est également composé d’Aminata Yattara, Bintou Coulibaly, Jiadata Maïga, Youba Doumbia et Hamady Sow. Le conseil d’administration dirigé par Coumba Bah compte plusieurs personnalités reconnues de la presse malienne et de la société civile, parmi lesquelles Bandjougou Danté, président de la Maison de la Presse, Alexis Kalambry, Ramata Diaouré, membre du CNT, Amadou Dagamaïssa, président du RECOTRAD, Aissatou Cissé et Ornella Modéran.
À l’issue des travaux, les participants ont recommandé de renforcer la formation des journalistes sur l’éthique, de mettre en place des espaces de concertation entre citoyens, autorités et médias, et d’intégrer la coproduction de la sécurité dans les politiques nationales. Le Réseau Médias-RSS a réaffirmé son engagement à suivre ces recommandations et à développer, avec le DCAF et d’autres partenaires, des initiatives conjointes pour renforcer une gouvernance sécuritaire inclusive au Sahel.

AfroBasket U16 : le Mali gagne mais reste sous le feu des soupçons

Le Mali a démarré fort son tournoi U16 à Kigali avec deux victoires, chez les filles face à l’Angola et chez les garçons face au Liberia. Derrière ces succès, des contrôles IRM ont toutefois révélé des exclusions qui réduisent l’effectif et alimentent la controverse.

À Kigali, les Maliennes ont assumé leur statut en battant l’Angola 52–44. Le match s’est joué sur la constance défensive et la gestion des moments clés, confirmant la suprématie d’une équipe qui vise un nouveau titre continental. Prochain rendez-vous, un duel attendu contre la Côte d’Ivoire samedi matin, déjà annoncé comme un test majeur pour la suite de la compétition.
Chez les garçons, le Mali a dominé le Liberia 69–57. Les Aiglonnets ont construit leur avance dès la première période grâce à Bakary Ballo, N’Dji Ibourahima Coulibaly et Mohamed Keita, avant de contrôler le rythme jusqu’au bout. Ce succès est d’autant plus remarquable qu’ils n’étaient que sept joueurs sur la feuille de match, une situation rare à ce niveau. Ils restent leaders du groupe C avant d’affronter le Maroc dimanche puis l’Égypte mercredi, deux échéances décisives qui mettront à l’épreuve leur endurance.
Le point sensible de ce tournoi reste les tests IRM imposés en amont. Plusieurs sources concordantes parlent de cinq joueurs maliens et quatre libériens déclarés inéligibles après ces contrôles, réduisant drastiquement les effectifs. Si FIBA n’a pas communiqué officiellement la liste des recalés, ses propres rapports confirment que le Mali s’est présenté diminué.
Ce dispositif médical, déjà utilisé dans d’autres disciplines, vise à contrôler l’âge réel des athlètes par l’examen de la maturation osseuse. Dans ce contexte, la situation malienne illustre la complexité d’un sport où l’éthique, la réglementation et la performance se croisent.
Les victoires inaugurales rappellent la qualité de la formation et la force du collectif, mais la profondeur réduite de l’effectif pourrait peser lourd à mesure que le tournoi avance. Pour l’heure, les Aiglonnets et leurs consœurs maintiennent le cap, entre ambitions sportives et climat de suspicion.

Mondial 2026 : le Mali se relance

Le Mali a dompté les Comores 3–0 jeudi 4 septembre, tandis que le Ghana a été tenu en échec 1–1 par le Tchad à N’Djamena. À trois journées de la fin, les Aigles reviennent à un point de Madagascar et restent dans le sillage du leader ghanéen.

La soirée a basculé au Stade Municipal de Berkane, au Maroc, sur un but de Nene Dorgelès avant l’heure de jeu. Kamory Doumbia a doublé la mise sur penalty puis Lassana Coulibaly a scellé le score, offrant au Mali une victoire nette et un précieux bonus au goal-average. La feuille de match et la chronologie des buts confirment un succès maîtrisé de bout en bout.
Dans le même temps, le Ghana a lâché deux points à N’Djamena. Les Black Stars restent leaders du groupe I, mais ce nul 1–1 redonne de l’oxygène à leurs poursuivants et resserre la hiérarchie avant un mois d’octobre qui s’annonce décisif. Le résumé officiel de la journée parle d’un « égaliseur tardif » du Tchad qui a refroidi les ambitions ghanéennes.
Le classement actualisé situe le Ghana à 16 points, Madagascar à 13 et le Mali à 12, à égalité avec les Comores mais devant au différentiel (+7). Cette situation replace clairement les Aigles dans la course : un souffle derrière Madagascar et à portée de tir du leader si les résultats s’enchaînent.
La suite du calendrier nourrit cet espoir. Lundi 8 septembre à Accra, le Mali se déplace chez le Ghana pour un choc à six points puisque gagner, c’est revenir à une longueur du premier avec l’ascendant psychologique, perdre, c’est voir l’horizon se boucher. La fenêtre d’octobre offrira ensuite deux marches à négocier avec sérieux et efficacité : déplacement au Tchad le 6, puis réception capitale de Madagascar le 13. Ces dates et lieux sont confirmés par les programmations officielles.
Au-delà de l’arithmétique, plusieurs signaux plaident pour la confiance. Le 3–0 face aux Comores valide une montée en régime offensive et une solidité retrouvée, deux ingrédients indispensables pour voyager à Accra puis verrouiller en octobre. L’autre levier est structurel. En effet, dans ce format CAF, les neuf premiers vont au Mondial et les quatre meilleurs deuxièmes disputent un barrage continental pour l’ultime billet intercontinental. Autrement dit, même sans coiffer le Ghana, une deuxième place robuste — points et différence de buts — maintient une route crédible vers 2026.
Tout se jouera désormais sur la capacité à répéter l’intensité et la justesse vues contre les Comores, à convertir les temps forts et surtout à rester lucide dans les moments faibles. Avec un rendez-vous immédiat face au leader, puis un tête-à-tête à Bamako contre Madagascar, le Mali n’a pas seulement encore des chance, il tient son destin à bout de crampons.

Bamako choisit la voie judiciaire face à l’Algérie

Le gouvernement malien saisit aujourd’hui la Cour internationale de Justice contre Alger après la destruction d’un drone de reconnaissance dans la zone frontalière de Tinzaouatène. La démarche accentue une crise diplomatique déjà vive entre les deux pays.

Le gouvernement de transition annonce ce jeudi 4 septembre avoir introduit une requête devant la Cour internationale de Justice. La procédure fait suite à l’abattage, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, d’un drone de reconnaissance malien immatriculé TZ-98D dans la localité de Tinzaouatène, au nord du pays.

Bamako accuse Alger d’avoir agi de manière préméditée et qualifie l’incident d’agression contraire au droit international. Les autorités rappellent qu’elles avaient demandé dès le 6 avril aux responsables algériens de fournir des preuves de la prétendue intrusion de l’appareil dans leur espace aérien, une requête restée sans réponse.

Selon le gouvernement malien, la destruction du drone visait à entraver les opérations militaires contre les groupes armés actifs dans la région. Il va plus loin en dénonçant une collusion entre Alger et certains mouvements terroristes, accusation réitérée depuis plusieurs mois.

L’Algérie défend une version différente. Ses autorités affirment que l’appareil a franchi la frontière de plusieurs kilomètres et justifient son interception par des impératifs de sécurité nationale.

L’affaire provoque déjà des retombées diplomatiques. Le Mali a rappelé son ambassadeur à Alger et fermé son espace aérien aux avions algériens. L’Algérie a répliqué en rappelant son propre représentant et en prenant les mêmes mesures. Ces tensions prolongent la dégradation des relations bilatérales, amorcée depuis le retrait du Mali de l’accord de paix signé à Alger en 2015.

En saisissant la Cour internationale de Justice, Bamako entend replacer le contentieux sur le terrain du droit. La juridiction devra d’abord se prononcer sur la recevabilité de la plainte avant d’examiner le fond du dossier, une procédure qui pourrait s’étaler sur plusieurs mois.

UNICEF alerte : six millions d’enfants menacés de déscolarisation d’ici 2026

Dans un rapport publié le 2 septembre 2025, l’UNICEF tire la sonnette d’alarme sur la baisse drastique des financements mondiaux pour l’éducation. L’organisation prévient que six millions d’enfants supplémentaires pourraient être privés d’école, portant à 278 millions le nombre d’élèves non scolarisés à travers le monde.
Selon l’agence onusienne, l’aide publique au développement destinée à l’éducation devrait reculer de 3,2 milliards de dollars d’ici 2026, soit une réduction de 24 % par rapport à 2023. Une contraction budgétaire qui, selon les projections, touchera en priorité les pays les plus fragiles. En Afrique de l’Ouest et du Centre, 1,9 million d’enfants sont menacés de déscolarisation. Le Mali figure parmi les pays les plus exposés, avec près de 180 000 élèves à risque de quitter les bancs de l’école dès cette rentrée, soit une baisse estimée à 4 % des effectifs.
Le rapport insiste sur l’impact particulier au niveau du primaire, où un tiers des financements pourraient disparaître. Cette perte se traduirait par un déficit d’apprentissage généralisé et par une chute estimée à 164 milliards de dollars en revenus futurs pour cette génération d’enfants. Même ceux qui resteront scolarisés ne seront pas épargnés.
L’UNICEF estime que 290 millions d’élèves risquent de voir la qualité de leur enseignement fortement dégradée, faute d’enseignants formés et de moyens pédagogiques suffisants.
Les contextes humanitaires apparaissent comme les plus vulnérables. Dans certaines situations, les coupes budgétaires pourraient atteindre 10 % du financement national de l’éducation. L’exemple le plus marquant cité par l’UNICEF est celui des Rohingyas, dont 350 000 enfants réfugiés pourraient perdre définitivement l’accès à l’école.
Au-delà des chiffres, l’organisation insiste sur la fonction vitale de l’éducation. L’école, rappelle l’UNICEF, n’est pas seulement un lieu d’apprentissage, mais un espace qui protège les enfants, leur assure un accès à la nutrition et à la santé, et leur ouvre des perspectives de stabilité. Sa directrice exécutive résume ainsi l’urgence de la situation : « Chaque dollar coupé dans l’éducation n’est pas juste une décision budgétaire ; c’est l’avenir d’un enfant qui s’éteint ».
Massiré Diop

Violences basées sur le genre : 901 cas recensés entre avril et juin 2025

Dans son rapport trimestriel publié le 2 septembre, l’UNFPA à travers le mécanisme GBVIMS rend compte de la situation des violences basées sur le genre pour la période d’avril à juin 2025. L’étude indique une baisse par rapport au trimestre précédent mais souligne des chiffres qui demeurent préoccupants.

Au total, 901 cas de violences basées sur le genre ont été documentés contre 1 237 au premier trimestre, soit une diminution de 27 %. Les femmes constituent 97 % des survivantes, dont 77 % sont des adultes et 20 % des filles mineures. Les violences physiques et psychologiques représentent plus de la moitié des cas, suivies des violences sexuelles qui comptent pour 20 %, dont 8 % de viols et 12 % d’agressions sexuelles. Les mariages forcés représentent également une part importante, dont 60 % sont des mariages précoces.
Le rapport note que 63 % des viols concernent des filles de moins de 18 ans, confirmant la forte exposition des adolescentes aux violences sexuelles. Les femmes adultes âgées de 18 à 59 ans comptabilisent 2 186 cas de violations toutes catégories confondues, soit deux fois plus que les hommes, tandis que les adolescentes représentent 583 cas. Les personnes déplacées internes constituent 8 % des survivantes et 2 % sont des réfugiées, des chiffres probablement sous-estimés en raison du faible signalement.
Concernant les auteurs, 87 % sont des hommes et plus de la moitié sont des partenaires intimes ou d’anciens conjoints. Les porteurs d’armes, qu’il s’agisse de groupes armés non étatiques ou d’individus armés non identifiés, sont responsables de 95 % des violations signalées et 6 % des cas de viols leur sont attribués.
Le rapport insiste aussi sur les limites dans la prise en charge. 22 % des survivantes qui avaient besoin de soins médicaux n’y ont pas eu accès. L’absence est encore plus marquée pour l’assistance sécuritaire, non fournie dans 76 % des cas et pour le soutien juridique, inaccessible dans 80 % des cas. Enfin, 69 % des survivantes nécessitant une aide pour la réinsertion socio-économique n’ont pas reçu d’appui. Dans certaines régions comme Tombouctou et Diré, les centres de prise en charge spécialisés sont restés fermés tout au long du trimestre faute de financement.
Ces données confirment que les violences basées sur le genre demeurent une réalité alarmante, malgré une baisse apparente des cas signalés. L’UNFPA rappelle que l’accès à des services de qualité reste essentiel pour accompagner les survivantes et répondre à une situation qui continue de fragiliser des milliers de femmes et de filles.
Massiré Diop

Rentrée scolaire 2025-2026 : le Mali fixe la date du 1er octobre malgré les défis

Le ministère de l’Éducation nationale confirme l’ouverture des classes le 1er octobre 2025 sur tout le territoire. Mais entre les pluies encore présentes, les milliers d’écoles fermées et la suspension des subventions aux établissements catholiques, l’année scolaire s’annonce fragile.

Le ministère de l’Éducation nationale a publié le 3 septembre 2025 un communiqué rappelant que la rentrée scolaire 2025-2026 aura lieu le mercredi 1er octobre. Tous les acteurs de la communauté éducative, des élèves aux enseignants en passant par les parents et les responsables administratifs, sont invités à prendre les dispositions nécessaires pour la reprise des cours.
Cette annonce intervient alors que l’expérience de l’année dernière reste dans les mémoires. La rentrée 2024-2025, prévue elle aussi le 1er octobre, avait été reportée au 4 novembre à cause d’intempéries exceptionnelles. Plusieurs écoles avaient alors été réquisitionnées pour abriter des sinistrés des inondations, retardant le retour en classe de milliers d’élèves.
Pour cette année, la saison des pluies n’est pas encore terminée. Si les précipitations s’intensifient, la question d’un report pourrait à nouveau se poser, même si aucune décision officielle n’a encore été envisagée dans ce sens.
La situation de l’éducation au Mali reste par ailleurs préoccupante. Le dernier rapport du Cluster Éducation fait état de plus de 2 000 écoles fermées, privant plus de 600 000 enfants d’accès à l’enseignement et laissant plus d’un millier d’enseignants sans poste effectif. Ces fermetures sont liées à l’insécurité, aux catastrophes naturelles et aux faiblesses structurelles du système éducatif.
À ces difficultés s’ajoute la récente fermeture des écoles catholiques, conséquence directe de l’arrêt de la subvention de l’État. Selon les données disponibles, cette mesure touche plus de 40 000 élèves, entraîne la mise en veille d’une centaine d’établissements et plonge près d’un millier d’enseignants dans l’incertitude professionnelle.
Le Mali compte plusieurs millions d’élèves et des dizaines de milliers d’établissements scolaires, mais les disparités régionales et les aléas sécuritaires compliquent l’accès universel à l’éducation. Dans ce contexte, la confirmation officielle d’une rentrée au 1er octobre se heurte à une réalité instable où la moindre crise climatique ou financière peut remettre en cause le calendrier annoncé.

Immatriculation systématique des parcelles de terrain : Le ministère de l’Urbanisme fait le point

Un an après le démarrage de la phase pilote de l’opération d’immatriculation systématique des parcelles de terrain, la commission technique a dressé un état des lieux lors d’un point de presse tenu le 2 septembre 2025 à la Direction nationale de l’Urbanisme et de l’Habitat.

La phase pilote de l’opération, menée en partenariat avec l’Ordre des Géomètres Experts du Mali, a concerné les quartiers de Yirimadio-Zerny, Kalaban Coura sud-extension, Medina Coura dans le district de Bamako, et Kalaban Coro-plateau dans la commune rurale de Kalaban Coro, dans le cercle de Kati.
Selon la commission technique, la situation au 29 août 2025 fait état de 3 262 titres fonciers créés au total, dont 2 045 pour Kalaban Coura sud-extension et 1 217 pour Yirimadio-Zerny. À Kalaban Coro-plateau, la copie du titre foncier mère couvrant le secteur a déjà été transmise au Bureau des Domaines du Cadastre de Kati pour la création du titre foncier, tandis que dans le quartier de Medina Coura, l’évolution de l’opération est « confrontée au règlement de certains détails techniques et administratifs ».
Appel au retrait des titres fonciers disponibles
La commission technique a appelé les propriétaires des parcelles situées dans les quartiers de Kalaban Coura sud-extension et Yirimadio-Zerny à obtenir les titres fonciers créés en formulant une demande au directeur régional des Domaines et du Cadastre du district de Bamako et en payant les frais de cession, lesquels comprennent le prix de cession conformément au Décret N°2025-028/PT-RM du 24 janvier 2025, ainsi que les droits et taxes connexes.
La demande doit énoncer les noms, prénoms, qualité, nationalité et domicile du demandeur, et doit être accompagnée d’une photocopie de la pièce d’identité en cours de validité, de deux photos d’identité, d’une copie légalisée du titre provisoire, d’un certificat de réponse à la réquisition de renseignements délivré par le Bureau spécialisé des Domaines et du Cadastre compétent et d’un extrait de plan de situation de la parcelle de terrain concernée.
« Au cas où le requérant ne dispose d’aucun document d’attribution de la parcelle de terrain, cela donne lieu à une cession directe. Dans ce cas, la demande doit être accompagnée d’une photocopie de la pièce d’identité en cours de validité, de deux photos d’identité et d’un extrait de plan de situation de la parcelle de terrain concernée », a expliqué Youssouf Alhousseini, conseiller technique chargé de la gestion domaniale et foncière au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Opération élargie
Suite au bon déroulement de la phase pilote, l’opération a été élargie à tous les quartiers du district de Bamako ainsi qu’à toutes les régions administratives du pays.
Pour cette nouvelle étape couvrant l’ensemble du territoire national, des commissions de coordination et de pilotage, ainsi que la délivrance des réquisitions aux géomètres experts, sont en cours.
« Ces opérations vont dans le sens de la formalisation de la propriété foncière, de la sécurité foncière, de la réduction des litiges fonciers et de l’amélioration des recettes transactionnelles provenant du foncier. De ce point de vue, elles sont à encourager et à poursuivre », a souligné Hammadoun Maiga, directeur général des Domaines et du Cadastre.
L’opération d’immatriculation systématique des parcelles de terrain a été initiée dans le cadre de la mise en œuvre de la loi domaniale et foncière de 2021, qui, non seulement a retenu le titre foncier comme seul document juridique attestant la propriété foncière, mais a aussi donné un délai de 10 ans aux détenteurs de documents provisoires pour transformer ces documents en titre foncier.
Elle vise, entre autres, à soulager les citoyens de certains efforts dans le cadre de la procédure d’immatriculation, à créer les données nécessaires à la mise en place du cadastre et à minimiser les risques de litige et de contentieux fonciers.
Mohamed Kenouvi

Soirée Boubou Dior : une fête qui défie les mœurs

La nouvelle tendance festive très en vogue parmi les jeunes femmes de Guinée, du Sénégal et de Côte d’Ivoire, dénommée « soirée Boubou Dior », a émergé au Mali. Depuis, ce phénomène, dont la moralité interroge, suscite une vive polémique au sein de la société.

La soirée Boubou Dior, encore appelée « boubou party », n’a pratiquement rien à voir avec la célèbre marque française Dior. Il s’agit de fêtes exclusivement féminines, organisées à l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage ou simplement pour se divertir. Les participantes se parent de tissus traditionnels raffinés et multicolores, appelés « Boubou Dior » en raison de leur qualité, et se retrouvent dans des appartements soigneusement décorés autour d’un buffet à volonté. Elles se filment en musique, exécutent des danses jugées « obscènes », s’applaudissent mutuellement avec effervescence, puis publient ces séquences sur TikTok.
Tel est le scénario de cette soirée désormais célèbre, accusée de porter atteinte aux valeurs morales, d’où la controverse. Importée principalement de la sous-région par les réseaux sociaux, cette pratique prend de l’ampleur chez les jeunes filles à Bamako, notamment dans des appartements de location.
Alerte
Récemment, l’appel d’une influenceuse sur TikTok à participer à une soirée qu’elle organisait a suscité de vives réactions et ouvert un débat sur les réseaux sociaux et dans les rues de la capitale. Pour beaucoup de jeunes femmes, il s’agit d’une manière d’affirmer une identité culturelle et de profiter de moments de détente entre elles. Pour d’autres observateurs, ces fêtes éveillent des soupçons sur ce qui se passe réellement derrière les portes closes, dans un contexte où les débats autour du phénomène LGBT alimentent déjà les inquiétudes.
Le fils du guide religieux Ançar Dine, Ibrahim Haïdara, a publié une vidéo relayée en ligne, appelant les autorités à réagir face à ce qu’il qualifie de phénomène pernicieux, compromettant l’éducation de la jeunesse. En Guinée, la commune urbaine de Siguiri a pris un arrêté interdisant la « danse Dior » dans tout lieu public, au motif de son caractère « sensuel », jugé contraire à la pudeur. Le texte prévoit des sanctions en cas de non-respect.